Analyse de fanfic : "Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !" de FaNhistoria

"Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !" est une fanfiction de FaNhistoria débutée en septembre 2018 et publiée de façon hebdomadaire jusqu’en janvier 2019, où la parution des chapitres s’espace davantage. Elle compte actuellement une trentaine de chapitres.

Notons d’emblée que le titre est quelque peu mensonger, il ne sera pas question de méga-évolution dans la fic. En effet, FaNhistoria choisit surtout de prendre pour protagonistes les personnages apparus dans la mini-série animée "Méga-Évolution", Alain et Martine. Cette dernière est d’ailleurs renommée Manon d’après la version originale, sans doute parce que le prénom ne colle pas trop à un personnage aussi jeune (les Martine de moins de quinze ans ont le droit de s’insurger dans les commentaires). En outre, nous avons été plusieurs parmi les membres de la rédaction du Journal à avoir été rebuté par ce choix de titre qui évoque l’animé dans ce qu’il a de plus fade ; bonne nouvelle, FaNhistoria ne tarde pas à vous faire oublier cette première impression pour vous emporter dans un récit haletant et bien mené !

L’intrigue prend place à la croisée de deux canons. Il y a donc d’une part l’animé des épisodes Méga-Évolutions et des saisons XYZ pour tout ce qui concerne le background d’Alain et Manon, et d’autre part les jeux de la 7g pour ce qui touche à Alola, malgré une allusion discrète à Sacha en début de fic. Plus précisément, l’auteure pioche dans le contenu post-ligue de Soleil/Lune ET de Ultra Soleil/Ultra Lune. Le rendu à l’écrit est très intéressant, FaNhistoria parvient à mêler avec brio les différents éléments du canon pour former un cadre cohérent à son récit, en prenant le soin d’éviter de mentionner les détails qui coincent, d’où l’absence d’Elsa-Mina et de Lillie.

Dans un premier temps, la fic raconte l’excursion d’Alain et Manon, venus de Kalos, dans la région d’Alola afin d’y accomplir une course simple pour le Professeur Platane. Cette mission ne leur demandant pas d’intenses déploiements d’énergie, la plus jeune compte bien profiter de son séjour comme de vacances avec son coéquipier dans une région qui s’y prête bien : cela donne donc le ton des premiers chapitres, peut-être une quinzaine à compter du début.

Et effectivement, toute la fic est empreinte d’un côté rafraîchissant vraiment bienvenu dans la lecture : celle-ci devient alors un véritable moment de détente. Cela tient tout d’abord au style qui accompagne chaque pas de l’histoire, clair, simple et fluide, facile à suivre ; et également aux interactions entre les personnages, souvent spontanées et toujours sympathiques. Que ce soit grâce à un perso en particulier dédié à la bonne humeur (comme Vicky de la Fondation Æther) ou une relation matérialisée par des dialogues de manière récurrente (par exemple celle de Tili et Gladio), FaNhistoria sait toujours distiller dans son texte des sentiments agréables.

La relation la plus notable sera tout de même évidemment celle d’Alain et Manon, au centre du récit — si l’histoire se concentre parfois sur l’un ou l’autre pendant quelques chapitres, aucun des deux n’est davantage "le" personnage principal. Les dialogues de ces deux protagonistes, fidèles à ceux auxquels on peut assister dans l’animé, sont aussi amusants dans les phases joyeuses que réconfortants dans les moments plus sombres. Quoi qu’il arrive autour, leur amitié et leur confiance mutuelle sait maintenir chez le lecteur un sourire perpétuel.

En tout cela, les personnages sont indéniablement un point fort de cette fanfic : nombreux, ce sont eux qui l’animent sans cesse. Puisque FaNhistoria a choisi de reprendre strictement les personnages introduits par le canon, on peut noter la façon dont elle les adapte à son récit : qu’ils viennent de l’animé (Alain et Manon) ou des jeux SL/USUL (les Capitaines, membres du Conseil 4 et de la Fondation Æther surtout), tous leurs caractères sont parfaitement retranscrits à partir du matériau de base.

Cela tient d’une part à leurs paroles : on voit que l’auteure a bien étudié son terrain, et l’on retrouve chez les personnages la façon de parler qui leur est propre dans le canon, jusqu’au détail de leurs tics de langages ou autres fantaisies (tout joueur notera avec amusement les "Trop bieeeeen" de Tili ou les petits cœurs qui ponctuent occasionnellement les phrases de Vicky). D’autre part, leurs attitudes, qui cette fois ne sont pas vraiment données dans les jeux, relèvent plutôt de l’interprétation de l’auteure… et une bonne interprétation, puisqu’on y retrouve aisément le prolongement logique de la personnalité de chacun. Tous les personnages réagissent ainsi conformément à ce à quoi l’on pourrait s’attendre en ayant joué aux opus de la 7g, et en même temps, ces nouvelles actions leur donnent de l’épaisseur. Avant que l’on ait pu s’en rendre compte, on se retrouve loin des coquilles creuses que nous laissent souvent les jeux Pokémon, avec des personnages vivants, colorés et touchants.

La région d’Alola en elle-même s’adapte aussi au climat de douceur de la fic, et elle est bien mise en valeur au travers de nombreuses descriptions toujours servies par la plume reposante de l’auteure. Celle-ci prend le soin de ne pas partir du principe que son lecteur connaîtra déjà les lieux de l’action, et s’applique donc à réintroduire chaque décor. Cela lui permet aussi d’y appliquer des ambiances particulières, très évocatrices en fonction de la scène narrée ; ces ambiances sont souvent agréables au début de la fic, mais même lorsque les choses commenceront à s’assombrir, elles viendront au service de l’histoire pour se faire plus oppressantes. On peut toutefois remarquer que la description se raréfie un peu à compter d’un certain point de la fic, où on se met à lui préférer davantage d’action.

Tous ces éléments se placent enfin dans une histoire posée, avec un début qui prend son temps et nous laisse profiter de tableaux de vacances drôles et ensoleillés. Les premiers chapitres, voués à mettre en scène le duo d’Alain et Manon, ont même quelques longueurs, mais ce n’est pas nécessairement un mal. Malgré tout, l’auteure prend soin de distiller petit à petit quelques éléments inquiétants concernant les Ultra-Chimères, qui se retrouvent à la place d’honneur dans un second temps de la fic afin de lui donner une ambiance plus sérieuse.

Si ces éléments ne sont pas cruciaux durant la première partie, ils vont le devenir au fur et à mesure que le récit progresse. Cela tient au fait que les personnages semblent ignorer, consciemment ou non, la gravité de certains événements, dont par exemple le rêve inquiétant de Manon, qui, dans le dernier chapitre publié, laisse pourtant présager de gros ennuis à venir. Le rythme de la fic, qui jusque-là alternait entre péripéties courtes et phases de repos, s’accélère alors et ne manque pas de tenir les lecteurs en haleine pour la quinzaine de chapitres suivants, grâce à un récit prenant et une bonne maîtrise du suspense.

Cette "seconde" partie riche en action se concentre sur l’attaque massive d’une armée d’Ultra-Chimères sur l’île de Poni et les raisons de cette soudaine apparition. Les premières révélations commencent à tomber tout en apportant leur lot de nouvelles questions et l’insertion de personnages totalement inédits. L’action se focalise davantage sur Alain, sans délaisser Manon pour autant. Les deux personnages étant séparés, FaNhistoria fait le choix judicieux d’enchaîner plusieurs chapitres centrés sur l’un ou l’autre afin de ne pas perdre les lecteurs en alternant trop rapidement. Leurs mésaventures respectives offrent des pistes très intéressantes pour entrevoir la suite de la fanfic, à condition de bien connaître les jeux de septième génération.

En séparant ses deux protagonistes principaux, l’auteure nous prouve qu’elle arrive à gérer de nombreux personnages et événements sans se perdre, ni perdre les lecteurs. En outre, cela lui permet de casser en partie quelques schémas narratifs répétitifs qui formaient la base de la relation entre Alain et Manon jusque-là, à savoir le premier qui cherche à éloigner son amie du danger, mais cette dernière n’en fait qu’à sa tête, obligeant Alain à venir la sauver. À présent, on s’attend presque à ce que ce soit Manon qui sauve son camarade, quoique les deux soient plutôt en mauvaise posture pour le moment.

On pourrait quand même reprocher à cette fic de se montrer un peu trop obscure pour ceux qui n’auraient pas joué à Pokémon US/UL. En effet, la présence d’une certaine équipe arc-en-ciel pourrait a priori surprendre certains lecteurs, d’autant que ses membres sont des têtes à la fois familières et étrangères. En outre, l’auteure intègre des personnages de l’animé à cette bande de gais lurons, ce qui pourra en désarçonner plus d’un. Les autres ne devraient avoir aucun problème à comprendre l’intrigue, d’autant que FaNhistoria parvient toujours à suggérer l’identité de ses personnages avec peu de détails.

L’efficacité de la narration et des interactions entre les personnages passe par une manière d’écrire qui a fait ses preuves. FaNhistoria ne néglige pas son style d’écriture et l’exploite au mieux afin de le faire correspondre à l’esprit de sa fanfic, qui rejoint dans un premier temps celui de l’animé avant de s’en éloigner quelque peu dans les derniers chapitres en date.

La maîtrise de l’auteure se dévoile notamment dans sa capacité à écrire différents types de scènes, sans se restreindre à un seul. On peut donc passer d’un dialogue très posé, voire amusant, à une scène d’action trépidante ou un moment de tension. L’écriture s’adapte toujours au contenu narratif pour y correspondre au mieux et favoriser l’immersion du lecteur dans l’histoire.

L’on note également une certaine fluidité du style : il n’y a pas de difficultés à comprendre le propos et les phrases s’enchaînent logiquement et aisément. Par ailleurs, puisque la fanfic est en ligne depuis plusieurs mois, une amélioration logique de l’écriture se profile avec les derniers chapitres publiés.

Il faut enfin souligner un nombre de fautes très restreint, ce qui contribue à mettre le lecteur dans de bonnes dispositions dès le départ. Néanmoins, le style n’est pas irréprochable et exempt de maladresses pour autant. On a ainsi parfois affaire à quelques excentricités comme des virgules mal placées ou absentes là où il en faudrait, ou bien des répliques de dialogue comprenant plusieurs incises, ce qui tend à les rendre un peu chaotiques. Le problème de l’aération du texte se pose également de temps à autre : si les paragraphes sont essentiellement courts et entrecoupés de nombreux dialogues, il arrive que certains soient très compacts et ne facilitent pas la lecture sur un écran.

Ces quelques désagréments s’avèrent néanmoins minimes et ne nuisent pas à une bonne expérience de l’histoire, qui bénéficie d’une expression plus que correcte et très accessible à un large public. Grande force de cette fanfic, qui s’adresse aussi bien aux fans de l’animé qu’aux amateurs de lectures plus sombres.

Pour conclure, Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !est une fanfic qui nous a surpris de par sa maîtrise efficace du récit et son style très agréable, et ce malgré un titre peu alléchant à première vue. Une fois les différents éléments de suspense distillés, la fic de FaNhistoria parvient à captiver ses lecteurs dans une intrigue qui n’a sûrement pas fini de nous étonner. En attendant que l’auteure poste de nouveaux chapitres, nous vous invitons chaleureusement à lire et commenter sa fanfic !



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