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La ligne de l'Entre-Vie de Kazumari



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Informations

» Auteur : Kazumari - Voir le profil
» Créé le 08/10/2019 à 06:42
» Dernière mise à jour le 29/12/2020 à 22:10

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Fantastique   Mythologie   Région inventée

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Chapitre 5 : Retrouvailles
- Dis, tu ne veux pas me détacher pour que je puisse boire un peu de cidre moi aussi ? Vous êtes pas sympas à vous amuser devant moi sans me laisser participer…

- Tu as la langue bien pendue pour une prisonnière, Iscamord.

Les mercenaires du groupe des Crânes Noirs faisaient une pause bien méritée au sein d’une clairière. Le temps pour eux de décompresser autour d’un feu de camp avec un bon stock d’alcool. Ces derniers jours furent particulièrement productifs pour eux. Entre cette mission fraichement payée consistant à récupérer Arithmédia et la capture d'une guerrière réputée, tout allait dans leur sens. Taranis Helbator remerciait Arceus pour la chance qu'il lui délivrait en ce moment.

Les brigands étaient à présent en route pour le royaume de Sindrélia afin d’effectuer un marché avec le roi. Comme les Crânes Noirs avaient capturé Britrith Iscamord, connue comme un élément important de l’armée royale en dehors des Paladins, ils avaient l’intention de forcer la royauté à leur délivrer de fortes sommes d’argent en échange de la demoiselle. Sur le trajet, ils devaient rencontrer l'homme étrange qui les avait engagé pour déjouer les pièges du sanctuaire et en extraire l'épée divine.

Taranis était avide de combats mortels pour la gloire plutôt que de récupérer des trésors perdus dans des coins reculés, mais il ne refusait jamais une opération où on lui promettait des fortes sommes d'argent. Comme l’un de ses sous-fifres disposait des Yeux Sacrés de l’Entre-Vie, la raison principale pour laquelle le commanditaire avait fait appel à leurs services plutôt que de récupérer Arithmédia lui-même, la traversée des lieux fut un véritable jeu d’enfant. Même le Palarticho local, bien décidé à les affronter pour protéger l’arme, avait préféré se rétracter devant l’impressionnante carrure du chef des crapules.

La première chose que l’on remarquait avec Taranis Helbator restait sa stature. Il était bien plus grand que la moyenne, particulièrement musclé et paraissait presque deux fois plus large que n’importe qui. Ses cheveux blonds hérissés étaient soutenus par un bandana rouge et blanc tandis que son visage de quadragénaire présentait quelques rides dues à l’âge. Il avait constamment un sourire sincère sur les lèvres, ce qui était d’autant plus vrai lorsqu’il se battait pour sa survie.

- Prisonnière, c’est vite dit. Vous m’offrez un voyage gratuit pour rentrer à Aralon, je ne vais pas me priver de vos services, soupira Britfrith Iscamord, un peu peinée que la corde attachée autour de son corps soit aussi serrée au niveau de la poitrine.

- Tu aimes jouer les dures, je vois. J’aime ça chez les femmes, admit Taranis en buvant une longue gorgée de sa choppe de cidre.

- Je pourrais clairement tous vous péter la gueule dans mon sommeil mais ça coûte moins cher de me faire transporter que de payer moi-même pour rentrer à domicile, affirma la guerrière du royaume de Sindrélia, parfaitement sérieuse.

Les Crânes Noirs éclatèrent de rire suite aux déclarations de Britfrith, jugeant qu’une pauvre gamine comme elle ne pouvait pas rivaliser avec une cinquantaine d’adultes expérimentés dans les combats de masse. Seul Taranis se contenta de sourire en observant la prisonnière. Il savait qu’elle ne plaisantait pas. Chez les guerriers, le regard représentait tout. Et celui de Britfrith était clairement honnête dans ses intentions de profiter de la situation.

Elle était ce qu’on l’on appelait un génie du champ de bataille. Malgré le fait qu’elle ait tout juste atteint la majorité, elle s’était déjà constituée une grande réputation qui avait traversé les frontières. Elle avait rejoint l’armée royale dès ses six ans parce qu’elle se mélangeait pas bien avec les autres enfants de son âge. En l’absence d’une arme divine, elle n’avait toutefois pas pu devenir l’un des Paladins. En revanche, elle s’était fait un malin plaisir de vaincre chacun d’entre eux après avoir rejoint les rangs.

Taranis s’en était bien rendu compte lorsque sa bande l’avait capturée, alors qu’elle s’était évanouie sur le sentier avec une bouteille d’alcool à la main. Britfrith voyageait en transportant huit types d’armes en parallèle, de la petite dague à la lance en passant par l’arbalète. Et si le guerrier aux quarante printemps n’avait pas eu l’occasion de la voir à l’œuvre, il se doutait bien qu’elle maîtrisait l’utilisation de chacune d’entre elles à la perfection.

Pourtant, Britfrith ne payait pas de mine aux premiers abords. Si elle n’était pas spécialement petite pour une fille de son âge, elle n’avait pas une carrure imposante pour autant. Ses longs cheveux blancs mêlés à quelques mèches noires étaient suffisamment longs pour atteindre le bas de son dos, ce qui n’était pas le plus optimal lors des affrontements. Lors de sa capture, elle ne portait même pas un casque afin de se protéger le visage.

- Au pire, tu me détaches et on se bat, t’en penses quoi ? suggéra Britfrith, très désinvolte. Si je découpe ta tête, ton second me laissera boire un coup. Promis, je ne vais pas en profiter pour m’enfuir. Je te laisse même choisir mon arme si tu veux. De toute façon, j’en ai plein. Juste pas l’arbalète s’il te plaît, je sais pas viser avec.

- C’est pas l’envie qui m’en manque d’affronter à mort la grande Britfrith Iscamord, surtout quand on raconte qu’elle est invaincue sur le champ de bataille. Mais je dois penser au futur de mes frères et si je t’amoches trop, le roi refusera peut-être de te récupérer contre de l’argent. Mais quand la transaction sera faite, ce sera avec plaisir.

- Y a vraiment que l’argent qui vous intéresse ? soupira-t-elle, profondément déçue. Moi qui pensais avoir affaire à des guerriers, pardon. Normalement, c’est la gloire du champ de bataille qui nous procure l’euphorie, pas les pièces d’or. Ça et l’alcool.

Taranis savait que Britfrith cherchait simplement à le provoquer en tirant sur la corde sensible. Les Crânes Noirs étaient composés d’aventuriers aux personnalités diverses mais la passion de l’argent les soudait. Leur chef se fichait toutefois éperdument de la fortune. S’il continuait à piller les villages, c’était simplement pour l’exaltation que lui procurait les affrontements. Il ne se sentait vivant qu’avec sa fidèle hache entre les mains, prêt à découper ses opposants aussi puissants puissent-il être.

Pour Taranis, transporter une guerrière maniant l’épée depuis qu’elle pouvait marcher, au point de multiplier les victoires sur le terrain jusqu’à mettre à mal des possesseurs d’armes légendaires bénies par les dieux, et ne pas pouvoir l’affronter se révélait être un supplice de plus en plus difficile à gérer. Pour ne pas céder à ses pulsions, il décida de cesser de l’écouter davantage et lui jeta une choppe qui se vida à moitié avant d’atterrir aux pieds de la prisonnière, qui fit remarquer qu’elle aurait du mal à boire en étant attachée.



***


Aléandre n’en revenait toujours pas. Mais pourtant, la dure vérité venait bel et bien de le rattraper. Le groupe avait fini par atteindre la salle tant convoitée où devait reposer l’épée légendaire Arithmédia, une roche se trouvait même sur le sol, avec une fente de taille suffisante pour y insérer l’arme. Il n’y avait plus rien. L’arme sacrée avait quitté les lieux avant même que l’explorateur trentenaire ne puisse avoir la chance de poser son regard dessus.

Kallan lui-même se montra surpris. Cela ne faisait qu’un mois qu’il avait posé les pieds dans cette pièce où sa femme avait perdu la vie. Arithmédia, qui n’avait pas bougé d’un millimètre depuis des décennies, avait disparu en l’espace de quelques semaines. De plus, aucun indice ne permettrait de déterminer qui avait devancé la troupe dans leur quête. Retrouver la trace de la lame divine, une tâche qui avait pris des années à Aléandre, venait de se complexifier de façon alarmante.

Si Ylliana ne partageait pas la déception de son mentor, elle se sentait néanmoins mal pour lui. Elle savait le mal qu’il s’était donné pendant la décennie passée pour tenter de localiser Arithmédia, tous ses rêves venant de s’écraser en l’espace d’une seconde. Si ses yeux spéciaux avaient la capacité de voir à travers les murs plutôt que d’entrevoir les phénomènes paranormaux, ils auraient pu éviter une excursion pénible et dangereuse à travers le sanctuaire.

- Rose avait laissé tomber Arithmédia sur le sol après s’être transpercée avec… se rappela Kallan, perplexe. Peut-être que l’épée est toujours dans le sanctuaire, on ne peut pas abandonner aussi vite.

- J’en doute… les fantômes locaux ne peuvent pas la toucher. Quelqu’un nous a battu à ce jeu tout simplement. Les Yeux Sacrés d’Ylliana aussi rares soient-ils ne sont pas uniques. Toute personne qui échappe à un accident mortel de peu a une chance de les obtenir, même très faible. Ma bonne étoile a décidé de m’abandonner au pire des moments…

Rose, toujours déterminée à ne pas observer son propre cadavre, se tenait de l’autre côté du mur et attendait que son époux et les autres reviennent. N’ayant même pas tenté de jeter un œil dans la pièce, elle n’aurait jamais pu devenir que les squelettes s’entassaient dans la zone, le sien compris, et qu’elle n’aurait même pas pu le reconnaître. Ses souvenirs aux alentours de son suicide forcé se révélaient un peu flous et elle ne comptait que sur ce que Kallan lui avait raconté.

Le Palarticho vaincu par Aléandre s’était assis dans un coin afin de reprendre des forces. Il montrait des signes de vieillesse et ce genre d’affrontements le fatiguait de plus en plus rapidement. Il était le dernier survivants des Pokémon qui s’étaient vus recevoir la mission de protéger l’artefact de Shalkidalia. Bien sûr, il savait que l’épée avait été récupérée par un groupe de mercenaires quelques jours auparavant mais son honneur lui indiquait de protéger l’antre d’Arithmédia, même vide, en toutes circonstances.

- Aléandre… c’est bien toi ?

Ylliana sentit ses yeux commencer à lui piquer, signe qu’un autre fantôme que Rose, dont elle avait fini par s’habituer à la présence, venait d’apparaître à proximité. Elle posa sa main sur le manche de son épée sans dire un mot, prête à frapper dès l’instant où l’ennemi tentera de s’approcher de trop près afin d’altérer le jugement de l’un d’entre eux pour le pousser au suicide. Après plusieurs dizaines de minutes passées sans rencontrer de spectres, elle aurait dû se douter que partir du sanctuaire ne serait pas aussi aisé.

Le concerné ne tarda pas à faire son entrée, passant à travers l’une des parois. L’adolescente, qui était sur le point de dégainer, se stoppa subitement dans son élan. Ses compagnons de route, occupés à inspecter les alentours, n’avaient pas fait attention à elle. Ylliana avait une impression de déjà-vu en observant ce fantôme. Un homme blond avec un début de calvitie, probablement dans la cinquantaine et portant une barbe identique à celle d’Aléandre.

- Est-ce que tu es capable de me voir, jeune fille ? demanda-t-il calmement en tournant la tête vers Ylliana.

La concernée se contenta d’acquiescer lentement, sans toutefois baisser sa garde. Elle avait l’impression de faire face à une version plus âgée d’Aléandre, qui allait bientôt sur ses quarante-ans. Le menton un peu pointu de son mentor se retrouvait sur cette personne. Si Ylliana n’était pas nécessairement une personne que l’on pouvait qualifier d’intelligente, elle était suffisamment futée pour deviner l’identité de ce défunt qui avait engagé la conversation.

- Vous… vous êtes monsieur Nertiloni ? Le père d’Aléandre ? balbutia-t-elle à voix haute sans se soucier que son mentor ou Kallan n’étaient même pas conscients de l’arrivée soudaine du fantôme.

- Qu’est-ce que tu racontes, Ylliana ? questionna aussitôt l’explorateur en cessant immédiatement ses fouilles des squelettes environnants. Père est ici ?

Au cours de la décennie passée en compagnie d’Aléandre, la jeune fille avait pu l’entendre parler de temps à autre de son paternel. Theriss Nertiloni fut par le passé un explorateur similaire à celui que son fils était devenu dans le futur. Un homme passionné par les découvertes et ayant toujours soif de rallier des terres inconnues pour y découvrir de nouveaux trésors. Et son rêve le plus cher fut de mettre la main sur l’épée sacrée Arithmédia.

Aléandre ne l’avait pas beaucoup connu, Theriss ne rentrant au domicile qu’une fois par an en moyenne le temps de quelques jours. Mais il revenait toujours avec de nouvelles histoires passionnantes que son fils appréciait grandement. Lorsqu’Aléandre avait atteint ses quinze ans, son père n’était plus jamais revenu à la maison. Il en avait rapidement conclu que Theriss avait passé l’arme à gauche avant de pouvoir poser la main sur Arithmédia.

Mais le trentenaire n’avait toutefois jamais su comment son père avait perdu la vie. S’il se trouvait ici en ce moment-même, entre les parois du sanctuaire, alors cela signifiait qu’il était parvenu à localiser le fruit de ses convoitises avant de succomber aux malices des spectres locaux. Peut-être avait-il même pu apercevoir Arithmédia de son vivant avant d’être poussé au suicide. Sentant son cœur accélérer le rythme, Aléandre tenait toutefois à obtenir une confirmation, ne possédant pas lui-même la capacité de voir l’Entre-Vie.

- Apparemment, tu es tombé dans la rivière à côté de ta maison quand tu avais sept ans, raconta Ylliana, en retenant un éclatement de rire.

-Père ! Tu aurais pu choisir une anecdote qui me met davantage en valeur ! protesta Aléandre, comprenant que sa petite protégée disait la vérité.

Jamais il ne serait allé raconté cette vieille histoire où il avait failli se noyer parce qu’il était grimpé à un arbre pour y attraper des pommes, avant de perdre l’équilibre sur la branche fragile et de s’effondrer dans l’étendue d’eau. A un âge aussi jeune, il n’aurait pas pu lutter contre le courant. Par chance, le voisin l’avait aperçu et s’était empressé d’aller lui porter secours en catastrophe. Aléandre faisait de son mieux pour oublier cet événement.

Comprenant qu’il s’agissait d’une réunion de famille, Kallan décida de poursuivre seul la fouille pour laisser un instant de solitude à Aléandre en compagnie de son paternel, bien qu’Ylliana soit contrainte de servir de messagère pour transmettre les propos de fantôme à son fils mortel. Ixon parvenait à sentir la présence de son ancien propriétaire et appréciait de le retrouver de cette bien étrange manière. Quant à Rose, elle était bien trop occupée à siffloter en comptant les dalles sur le sol pour se soucier du contenu de la conversation.

- Tu as tellement grandi… souffla Theriss Nertiloni avec émotion.

Aléandre se retrouvait dans une situation pour le moins particulière où il ne pouvait pas apercevoir son interlocuteur ni l’entendre. S’il faisait entièrement confiance à Ylliana pour ne pas déformer les propos de son paternel, cela lui donnait l’impression de converser dans le vide. Il ne tarda pas à s’y habituer, même s’il regrettait l’absence d’intimité de la scène. Il aurait adoré discuter avec son père seul à seul mais ne se sentait pas prêt à mourir pour le rejoindre afin de le faire en toute discrétion.

Le trentenaire lui raconta qu’il était lui-même devenu un explorateur en compagnie d’Ixon afin de terminer ce que le défunt avait commencé de son vivant, trouver Arithmédia en son honneur. Il parla même de sa rencontre imprévue avec Ylliana et de la décennie passée en sa compagnie. Theriss Nertiloni écouta attentivement sans en perdre une miette, regrettant de ne pas avoir vécu suffisamment longtemps pour observer tout ces événements de ces propres yeux.

- Il dit quand même qu’il aurait préféré que tu accomplisses tes propres rêves plutôt que de poursuivre les siens, répéta Ylliana, d’un ton neutre.

- Allons père, ton rêve est aussi devenu le mien, c’est aussi simple que ça. Mais dans l’état actuel des choses, je doute de mettre la main sur Arithmédia un jour… vu que tu es là depuis longtemps, tu as peut-être pu voir qui est venu la récupérer avant nous, non ?

- Bien sûr mais je te conseille fortement de ne pas te frotter à eux, ils sont dangereux. Au vu de l’emblème sur leurs casques, ça m’a tout l’air d’être le groupe des Crânes Noirs. Ces maudites canailles qui pillent les villages, assassinant sans vergogne juste pour s’enrichir… malgré toutes ces années, ils sont toujours là !

La jeune fille sentit son cœur manquer un battement, une sueur froide traversant rapidement tout son organisme. Les Crânes Noirs. Ceux qui avaient ruiné sa vie en détruisant son lieu natal et en prenant la vie de ses proches. Si elle parvenait à contenir ses envies de vengeance en ne pensant pas trop à eux, elle avait du mal à se contenir quand le sujet revenait sur la table. Si ces bandits avaient volé Arithmédia il y a seulement quelques jours, alors ils ne se trouvaient pas trop loin du sanctuaire.

En allant jusqu’à oublier de reporter les propos de Theriss à son fils, Ylliana perdit l’équilibre suite au choc de la révélation et tomba à genoux. Inquiet pour sa fille adoptive, Aléandre s’approcha aussitôt d’elle en lui demandant ce qui n’allait pas. Lors de son récit, l’explorateur avait simplement mentionné un groupe de brigands sans les nommer lorsqu’il avait parlé de sa rencontre avec la propriétaire des Yeux Sacrés. Theriss comprit immédiatement qu’il avait commis un impair en parlant des Crânes Noirs directement.

- Rose, tu ne peux pas venir par ici ? On aurait besoin de tes services ! s’exclama Aléandre en aidant sa protégée à marcher jusqu’au mur le plus proche pour qu’elle puisse s’asseoir un peu plus confortablement.

- Va crever le chauve, je viens pas rencontrer mon propre cadavre ! répliqua instantanément la concernée, sèche. Pense à mes sentiments un peu.

- Tu es déjà retournée à l’état de squelette Rose, intervint tranquillement Kallan en arrêtant sa fouille. A l’heure qu’il est, tes os se sont mélangés à ceux de nombreux aventuriers qui ont perdu la vie de la même façon que toi. Tu peux venir sans craintes.

Faisant une de ses habituelles grimaces, la demoiselle entra dans la pièce à contrecœur pour rapporter les propos de Theriss aux vivants. Aléandre comprit aussitôt la réaction d’Ylliana en apprenant que les Crânes Noirs étaient impliqués dans l’histoire. Il savait pertinemment, même si elle ne lui en parlait pas, que l’adolescente mourrait d’envie de se venger des brigands qui lui avait pris son enfance. C’était sûrement pour cette raison qu’elle redoublait d’efforts lors des entraînements à l’épée.

C’était regrettable mais le trentenaire n’avait aucune intention de rattraper les Crânes Noirs pour leur dérober Arithmédia. Ils étaient arrivés les premiers, c’était tout à leur honneur. Aléandre savait que leur groupe ne pouvait pas faire le poids face à des guerriers avides de combat. Ixon lui-même, qui ne disait jamais non à une confrontation directe, ne se sentait pas vraiment d’attaque pour entreprendre une expédition aussi périlleuse. Il devenait bien trop vieux pour ce type d’aventures.

- Il te dit de vivre longtemps et heureux, et surtout de ne pas chercher à combattre les Crânes Noirs, souffla Rose, ennuyée. Dommage que vous n’ayez pas décidé de vous empaler sur Arithmédia comme moi, monsieur. Cela aurait peut-être permis de vous rendre visible aux gens vivants, c’est agaçant de devoir répéter tout le temps...

Se rendant bien compte que la femme fantôme ne comptait certainement pas servir de messagère très longtemps, Aléandre fit de son mieux pour abréger la conversation avec son paternel. Il lui assura qu’à partir de maintenant, il allait voyager pour son propre compte et continuer à prendre soin d’Ylliana comme il avait pu le faire jusqu’ici. Arithmédia n’était qu’un trésor parmi tant d’autres que ce monde renfermait et il avait hâte d’en découvrir de nouveaux.

- Aléandre, je crois bien que nous avons un problème de taille… intervint subitement Kallan.

L’explorateur se tourna vers lui pour l’interroger ce qui n’allait pas mais ne tarda pas à comprendre la nature du souci. Bien sûr, il fallait s’y attendre. Aléandre n’aurait jamais dû détourner le regard une seule seconde de sa protégée. Si Ylliana avait semblé affaiblie la minute précédente, cela ne l’avait certainement pas empêchée de se faire la malle dès que tous ses compagnons de route cessèrent de faire attention à elle. La détentrice des Yeux Sacrés de l’Entre-Vie avait quitté la zone.