Ecrire sa légende de Torrak

Le lendemain soir, tout le groupe était arrivé à Irisia mais était resté séparé en petits groupes pour éviter d'attirer l'attention. Silver était très méfiant concernant les ressources de la Team Rocket. S'ils avaient pu construire un complexe scientifique en plein milieu de nulle part, ils pouvaient avoir des agents en civil partout.

Léopold, Aurore et Océane avaient demandé une chambre au Centre Pokémon faisant croire qu'ils étaient des dresseurs itinérants. Régis avait loué une chambre chez l'habitant et Red et Silver comme à leurs habitudes visiblement, dormiraient à la belle étoile, chacun de son côté.

Au matin suivant, ils partirent tous à des heures différentes. Certains sortirent leurs pokémons volants et prirent la voie des airs, d'autres leurs pokémons aquatiques pour celle de la mer. En milieu de journée, ils se retrouvèrent tous au Nord-Est d'Irisia sur le plateau montagneux qui bordait la ville. Sans se parler, ils rappelèrent tous leurs pokémons dans leurs sphères rouges et blanches avant de se diriger encore plus à l'Est, vers l'intérieur des terres des Îles Solitaires.

Jusqu'au soir, ils marchèrent droit devant eux. Red et Régis étaient à l'avant du groupe et rattrapaient le temps perdu en disant à l'autre les dernières nouvelles de leurs vies. Silver marchait droit devant, en silence. Océane semblait l'imiter mais était visiblement mal à l'aise de n'avoir rien à dire. Léopold et Aurore fermaient la marche.

- Tu crois qu'on va y arriver ? Demanda Aurore, brisant le silence entre eux depuis ce fameux soir.
- Arriver à quoi ? Questionna en retour Léopold.
- A mettre un terme au plan de la Team Rocket.
- Il faut bien sinon je pense que le monde disparaîtra, enfin tel qu'on le connaît.
- Parfois je me surprends à penser que peut être ça serait pas plus mal. Avoua la jeune femme.
- Admettons qu'on laisse faire, qu'est ce que tu penserais de ton toi d'aujourd'hui dans cinq ou dix ans ?
- Je comprends pas.
-Quand j'ai perdu contre Luc, j'ai pensé à abandonner mon rêve. C'est même la première chose à laquelle j'ai pensé quand j'ai vu Evoli K.O ce jour là. Ma vie aurait été tellement plus simple. Plus besoin de m'entraîner ou d'entraîner mes pokémons, de rester informé des innovations dans le dressage. J'aurai pu sortir tous les soirs, faire la fête. Le pire c'est que je suis sûr que ça m'aurait plu. Mais je me suis imaginé dans dix ans regardant en arrière et repensant aux choix que j'aurai fait. Sans doute, j'aurai été heureux mais avec un énorme regret et une volonté de revenir ce jour-là et ne pas abandonner, même si à la fin j'échouais.

Aurore comprit où voulait en venir son ami. Elle non plus ne souhaitait pas abandonner si c'était pour regretter plus tard. Mais l'envie d'être simplement spectatrice des événements était très tentante. Elle pourrait dire que c'était pas de sa faute, ou hypocrite dire qu'elle aurait fait mieux pour que ça n'arrive pas.

Elle secoua sa tête pour chasser cette idée. Si elle voulait éviter le pire, le plus efficace était de se confronter aux événements, en l’occurrence à la Team Rocket. L'angoisse restait tout de même présente car elle savait que l'organisation criminelle disposait de moyens financiers, humains et pokémons quasi illimitée. Pendant le stage sur l'île 5, elle avait pu constater à quel point il était facile pour elle d'obtenir des choses extrêmement difficiles à se procurer. Il suffisait de demander et quelques jours parfois quelques semaines plus tard, l'objet de son désir était devant elle, aussi rare et difficile à obtenir soit-il.

Lorsque le soleil commençait à se rapprocher de l'horizon, Silver leur demanda d'accélérer le pas pour ne pas se retrouver au milieu de nulle part pour la nuit. A une dizaine de kilomètres plus à l'Ouest se trouvait une forêt. S'ils y arrivaient avant la nuit, ils pourraient monter un camp de fortune et faire du feu pour éloigner les pokémons sauvages un peu trop curieux.

Effectivement, en accélérant l'allure, une demie heure plus tard, ils se trouvaient en lisière d'une forêt dense qui semblaient grouiller de pokémons Insecte à en croire les bruissements incessants.

Rapidement, les tâches pour monter le camp furent répartis. Océane et Aurore allèrent chercher du bois pendant que Red et Silver faisaient les premiers un tour de ronde pour s'assurer qu'il n'y avait aucun pokémon ou humain à moins de cinq mètres autour d'eux. Léopold et Régis déployèrent les tentes et autres sacs de couchage, puis sortirent les rations de nourriture qu'ils avaient emporter.

Le repas fut pris assez rapidement pendant que Red et Silver racontaient aux autres certaines de leurs aventures. Parfois Régis intervenait pour rectifier certains détails quand il avait été présent lors des événements racontés. Rapidement, Silver décréta qu'il était temps de dormir pour partir au plus tôt le lendemain. Ils avaient encore une longue route à faire.

La traversée de la forêt ne fut pas de tout repos. Léopold remarqua des traces de vie pokémon : des empreintes de pas, des baies à moitié mangées, des griffures sur des troncs. Ce qui le troubla le plus était la taille des empreintes et celles des griffures. Il reconnaissait le passage d'un Mangriff, mais la taille des empreintes comme celles de griffures ne coïncidait pas avec la taille du pokémon. D'ordinaire, elles se trouvaient à hauteur de buste car le pokémon était plus petit d'environ une tête et demie par rapport à un humain. Léopold le voyait à hauteur de ses yeux. Cela laissait supposer que le pokémon était plus grand que lui.

Le dresseur garda pour lui cette information et continua à marcher à l'arrière du groupe. Il nota d'autres signes de vies hors du commun : des marques de dents trop profondes, des mues de Séviper et d'Arbok beaucoup plus grandes que la moyenne, de longues traces d'acides sur certains troncs et branches d'arbres. Léopold prit conscience qu'ils étaient totalement en territoire inconnu et à la merci des pokémons sauvages. Il se remémora malgré lui certains passages de documentaires qu'il avait vu en cours au lycée. Il décida de ne jamais regarder en l'air tant qu'ils ne seraient pas sorti de la forêt. Heureusement pour eux, ils purent sortir de la forêt sans encombre.

Ils entamaient maintenant une deuxième marche dans une plaine herbeuse dont les herbes arrivaient à mi-cuisse. Par précaution, Léopold sortit Arcanin imité rapidement par Silver avec son Aligatueur et Régis avec son Cizayox. Ils n'étaient pas à l'abri d'être attaqué aux jambes par des petits pokémons comme des Rattatacs ou des Linéons.

La nuit fut plus mouvementée que la précédente car s'ils les avaient épargné la journée, des Rattatas firent leurs apparitions au milieu de la nuit pour emporter toute la nourriture présente. Heureusement les dresseurs réagirent vite et la horde de petits pokémons déguerpit aussi vite qu'elle était apparue quand les premières attaques Feu enflammèrent les hautes herbes environnantes. Une fois les flammes éteintes, Léopold proposa de monter la garde et de se relayer jusqu'au matin pour n'avoir aucune autre surprise. Le groupe accepta et retourna dans les bras de Morphée.

Au matin, Léopold n'avait que peu dormi. Il aurait voulu profiter d'une heure ou deux de sommeil supplémentaire mais il savait que c'était impossible. Plus ils perdaient du temps ici, plus Giovanni et ses sbires avaient de temps pour mettre en place leur plan.

- Dans la forêt, on a dû trop allé vers le Sud et quand nous sommes sortis, je n'ai pas vérifié mon pokénav. Malgré tout, il y a une bonne nouvelle. Ce soir, on devrait être sur l'île centrale, là où le complexe est construit, déclara Silver
- C'est quoi la mauvaise nouvelle ? Demanda Régis
- Il va falloir passer par le Désert Éreintant pour atteindre l'autre côté de cette île avant de prendre la mer et rejoindre l'île centrale.
- Je suis sûr qu'il est pas très grand. Fit Léopold
- C'est pas sa taille qui m'inquiète mais les pokémons qui y vivent. La dernière fois que j'y suis passé, j'ai vu deux Tyranocifs s'affrontaient et malgré la distance, le sol vibrait de leurs coups. Et je ne vous parle pas des Kraknoix, Sabellettes, Sablaireaux, et autres petits pokémons qui vivent en souterrain.
- On peut pas le survoler ? Proposa Océane.
- La dernière fois que j'ai compté, nous n'avions que deux pokémons pouvant voler et nous sommes six. On va y aller à pied mais faites attention où vous marchez. Dans la mesure du possible, marchez dans les pas de la personne devant vous. répondit Silver.

Sur ces mots, Silver ouvrit la marche pour le reste du groupe. Deux heures plus tard, ils avaient les pieds dans le sable. Red sortit son Carchacrok pour palier à toute attaque surprise venue du sable. Ils marchèrent ainsi deux bonnes heures, faisant un maximum de pause pour se reposer et boire en rationnant l'eau.

Lorsqu'ils s'arrêtèrent pour manger, Régis fit sortit son Akwakwak et lui demanda d'utiliser Danse Pluie. L'attaque n'eut pas l'effet escompté mais apporta tout de même un peu de répit face à la chaleur accablante du désert. Des nuages apparurent devant le soleil et firent de l'ombre le temps du repas.

Plus tard dans l'après midi, malgré les rondes de Carchacrok pour prévenir d'un danger, le groupe se retrouva face, enfin plus dos à une horde de Sablaireau. Ils s'arrêtèrent avant d'essayer de les contourner. Mais le pokémon Dragon mit un de ses bras en barrière pour leur intimer de ne pas bouger.

Face aux Sablaireau se tenait un énorme et long Séviper. Cependant, il n'était pas comme ceux qu'on trouvait à Hoenn. Il semblait être spécialement adapté à la vie dans le désert. De couleur proche du sable et ses écailles dorsales de celle de la pierre blanchie par le soleil, ses crochets étaient plus longs et semblaient particulièrement résistants aux chocs.

Le serpent se dressait sur le bout de sa queue, toisa ses proies puis, en un clin d’œil, fondit sur un des Sablaireau. Il fut si rapide que les autres n'osèrent pas bouger quand ils se rendirent compte que l'un des leurs était en train de suffoquer entre les anneaux du serpent. Un de Sablaireau se rua alors vers son prédateur. Le Séviper planta ses crochets dans le cou du Sablaireau prisonnier avant de le lâcher et fouettait avec sa queue celui qui venait sur lui.

Le combat dura quelques instants. Le groupe d'humains assistait au spectacle qui tournait en faveur du serpent venimeux. Mais alors que les Sablaireau se rassemblaient, une forme jaillit de sous le sable et empala le Séviper. Un Mangriff venait d'apparaître, également de la couleur du sable, son unique griffe au bras droit dégoulinante du sang de son ennemi juré. Le corps du serpent fut parcouru de spasmes qui firent peur aux Sablaireau qui s'enfuirent en creusant dans le sable. Le Mangriff remarqua alors la présence des humains mais ne s'en soucia pas plus que du serpent qui gisait sur sa griffe. Il se retourna et partit.

Le groupe de dresseurs resta immobile encore quelques minutes par précaution puis continua sa marche en direction de la sortie du désert. Comme l'avait prévu Silver, avant la fin de journée, ils étaient sur le littoral à l'Ouest de l'île où se trouvait Irisia. Il ne restait plus qu'à traverser la mer pour rejoindre l'île qu'ils distinguaient un peu plus au nord. Silver et Léopold sortirent leurs Léviators qui partirent avec leurs dresseurs, Red, Océane et Aurore sur leurs dos. Régis préféra la voie des airs avec son Dracaufeu..

Une heure plus tard, ils débarquèrent sur la plage qui étaient déjà fourmillante de monde. Les agents du Shield étaient en train de s'installer pour la nuit. De loin, les nouveaux arrivants virent Annabelle donner des ordres. Ils rappelèrent leurs pokémons et se dirigèrent vers elle.

- Ravie de voir qu'on est synchro. Je crois que j'ai déjà vu tout le monde.
- Non, il y a Régis qui était pas là sur l'île 5, fit Océane.
- Ça ne va pas dire que je ne l'ai jamais rencontré, répondit Annabelle avec un clin d'oeil.
- Euh, ça voulait dire quoi ce clin d’œil ? Demanda Léopold à son mentor.
- Simplement qu'on se connaît. Mais c'est une longue histoire. Éluda l'intéressé. Qu'est ce qu'on peut faire maintenant qu'on est là ?
- Mes hommes ont déjà commencé une opération de reconnaissance. Ils sont partis avec des pokémons Psy qui transmettent en temps réel toutes les informations de terrain. Nous en seront plus dans quelques heures. Pour l'instant, installez vos tentes et reposez vous.

Lorsque la nuit commença à tomber, les agents du Shield se regroupèrent autour de plusieurs feux de camp pour ne pas trop attirer l'attention. Annabelle vint voir Silver et les autres pour leur parler du plan d'attaque du lendemain.

Sous la tente de commandement, ils étaient sept. Annabelle présidait la réunion. A sa gauche, Red, Régis et Léopold attendaient qu'elle prennent la parole. Océane, Aurore et Silver regardaient le plan de bataille détaillé sur une grande carte étalée sur la table.

- Grâce aux dizaines d'agents encore sur place, nous avons pu matérialiser ce que vous voyez sur la carte. Le complexe se trouve au milieu d'une caldeira. Toutes les zones colorées sont des constructions humaines. Tout ce qui est hachuré est le milieu naturel. Donc vous constatez qu'ils ont construits au milieu d'une forêt qu'ils ont certainement détruit pour pouvoir construire. Les zones grises foncées sont les bâtiments en dur, les grises claires sont les entrepôts, les hangars. Ils ont construit de façon stratégique les hangars sur l'extérieur pour qu'en cas d'attaque frontale se soient les premiers bâtiments exposés. Ce qui suggère qu'ils ont placé un système de surveillance pour détecter toute approche de ces hangars, expliqua longuement Annabelle.
- Tu peux aller un peu plus vite, s'il te plaît ? On a pas besoin de toutes les informations, seulement des plus importantes, l'interrompit Régis.
- Tu ne viendras pas te plaindre de ne pas une vision globale, avertit la commandante en chef.
- Dans la nuit, on va déployer plusieurs équipes au plus proche du complexe dans la forêt pour placer des relais de Téléport. A chacun de ses points, il y aura plusieurs Xatu et un dresseur pour assurer le transport des blessés et des prisonniers vers notre localisation. D'ailleurs Océane, tu resteras ici avec le médecin en chef pour administrer les soins aux blessés quand ils arriveront. La stratégie d'attaque est simple, entourer et diviser.

Annabelle continua de présenter les prévisions pour l'assaut du lendemain. Cela dura plusieurs dizaines de minutes pendant lesquelles tout le monde se tut et écouta. A la fin, personne n'eut de questions, tous comprenant les missions qui leur avait été confiées.

- Allez vous coucher demain sera une dure journée, conclut Annabelle.