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L'Aube et le Crépuscule de AdwelSil'Gaard



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Informations

» Auteur : AdwelSil'Gaard - Voir le profil
» Créé le 23/06/2024 à 11:22
» Dernière mise à jour le 23/06/2024 à 11:22

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Organisation criminelle   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Dans l’Antre des Ténèbres
ATTENTION
Ce chapitre contient des scènes susceptibles de heurter la sensibilité de certains lecteurs.



Au cœur des ténèbres, dans une forteresse isolée au fin fond de l’Abîme, les parois rocheuses de la gorge aux montagnes abruptes résonnaient les murmures abyssaux de l’Entité. Les contours de la forteresse, taillés dans la pierre noire, absorbaient la lumière, créant une obscurité oppressante. Les couloirs labyrinthiques, éclairés par des torches éthérées, vibraient d’une atmosphère lugubre, où chaque pas semblaient réveiller des forces cosmiques ancestrales issues des légendes les plus cauchemardesques. Malachar opérait, plongé dans ses sinistres expérimentations, entouré de parchemins cryptiques, d’artefacts ésotériques, de membres humains et de fioles aux nuances verdâtres. Des voiles d’ombre dansaient autour de lui, témoignant de la présence de l’Entité qui partageait son existence. Les étagères remplies de grimoires antiques s’étiraient jusqu’au plafond, renfermant des connaissances occultes et interdites.

Au sein de cette salle des horreurs, Malachar procédait à ses expérimentations macabres sur un pauvre homme étendu sur une table d’acier glacé. Les chaînes magiques enserraient le corps supplicié, immobilisant chaque membre de cet incapable sbire dans une symphonie de métal délicieusement cruelle. Des runes sanglantes, gravées sur la peau du sujet, révélaient l’emprise qu’il avait sur lui. Un superbe assortiment d’instruments chirurgicaux ensanglantés étaient disposés avec précision sur une table à côté, prêts à être utilisés dans cette danse morbide. Malachar s’approcha lentement, ses yeux luisants à travers son masque d’une illumination démente. Puis il entama son rituel, indifférent aux cris déchirants de son sujet, chaque incision révélant des visions sublimes. Il commença à psalmodier, invoquant des énergies profanes qui se matérialisaient sous formes de ténèbres tourbillonnantes.

Le cobaye, prisonnier de l’autel, gémissait sous le poids insoutenable de la douleur et de l’horreur, les plaintes discordantes des Pokémon emprisonnées autour de lui accompagnant son râle désespéré. Les ténèbres invoquées par Malachar s’insinuaient dans les plaies béantes de sa victime, dévorant peu à peu son essence même alors qu’il se tordait dans une agonie abominable. Les ombres tournoyantes se nourrissaient de la douleur, se mêlant à l’essence de l’Entité. Les regards vitreux de la victime témoignaient du supplice infligé, tandis que Malachar explorait avec ferveur les frontières interdites de la magie noire, sacrifiant jusqu’à sa propre chair pour révéler les secrets occultes qui se dissimulaient dans l’obscurité. Son chant ténébreux résonnant d’un écho lugubre sur les parois de pierre. Ses doigts agiles dansaient avec précision, traçant des symboles interdits dans l’air éthéré alors que les mots s’échappaient de ses lèvres, imprégnant l’espace de leur sinistre mélodie.

Les incantations déchirantes semblaient donner vie aux ombres tourbillonnantes qui se tordaient et se contorsionnaient autour de lui. L’Entité, affamée et vorace, savourait cette harmonie démoniaque, amplifiant son influence dans la salle. Le corps du supplicié, toujours enserré par les chaînes magiques sur la table sacrificielle, réagissait à présent aux ondes émanant du rituel, les runes sanglantes gravées sur sa peau vibrant en réponse, s’illuminant d’une lueur rougeâtre. La victime gémissait encore, incapable de résister à l’emprise des forces occultes qui rongeaient son être.

« Oui… OUIIIIIII ! »

Le sorcier, tel un chef d’orchestre infernal, poursuivit sa litanie avec un passion croissante. Des ombres spectrales, comme des reptiles de ténèbres, serpentèrent autour de la table, se glissant dans chaque interstice, absorbant toujours plus l’essence du sacrifié. L’aura de Malachar se confondait à présent à celle de l’Entité, créant une symbiose parfaite entre le sorcier et le démon. La salle vibrait, résonnant de murmures inhumains, comme si l’Abysse lui-même chuchotait ses secrets interdits à travers les chants de Malachar. La magie noire, tissée avec une habileté macabre, atteignait son apogée, alors qu’une nouvelle vision apparut, une vision atroce où l’art et l’obscurité se confondaient en un feu d’artifice abominable.

Puis tout s’arrêta.

« Que ? Non… Non, NOOOOOON ! »

La brusque interruption du rituel plongea la pièce dans une atmosphère délétère au silence oppressant. Les ombres tourbillonnantes qui avaient dansé avec fureur, s’étaient évanouies, laissant place à un vide pesant. Les murmures se dissipèrent dans l’air, laissant un écho déçu résonner dans l’enceinte des ténèbres. Malachar, immobile devant l’autel, éprouva une déception cuisante. Ses yeux reflétaient à présent la frustration, et ses doigts se crispèrent malgré lui. L’Entité, qui partageait son être, émettait des vibrations de colère à travers chaque pore de son enveloppe charnelle. Une décharge de magie noire fit frissonner l’air, signe manifeste de Sa fureur. Les chaînes magiques qui enserraient le supplicié se desserrèrent, et le corps inanimé glissa de la table sacrificielle dans un amas de membres flasques. La victime, presque oubliée dans le tumulte obscur, gisait là, témoin muet de l’échec cuisant du rituel. Un rire féroce résonna dans l’esprit de Malachar, un rire empreint de sarcasme et de moquerie, émanant de l’Entité qui n’était pas disposée à tolérer ce nouvel échec.

Fou de rage, Malachar saisit une boule de verre qui traînait là, parmi les fioles, et l’envoya s’écraser sur l’autel, avant de s’attaquer à tous les objets qui passaient à sa portée, brisant tout sur son passage. Les parchemins déchirés, les artefacts ébréchés, tout devint victime de sa colère. L’Entité, quant à elle, murmurait des paroles mordantes à son hôte, accentuant davantage la déroute. La salle vibrait d’une énergie instable, teintée de la fureur combinée de Malachar et de l’Entité. Les éclats de frustration imprégnaient l’air, l’électrisant d’une atmosphère d’hostilité palpable. Le sorcier, le visage tordu par l’indignation, jeta un regard furieux au sbire inerte, comme s’il était responsable de son échec. Dans un silence réprobateur, la forteresse de l’Abîme retomba dans l’ombre, laissant Malachar et l’Entité ressasser leur échec dans l’obscurité oppressante qui les entourait.

~*~

Nocturna renonça à passer le seuil de la porte. Le murmure des ténèbres qui s’échappaient du laboratoire de son maître lui parvenait, glaçant et pernicieux, l’incitant à une danse lugubre. Cependant, la colère de Malachar, résonnant comme le tonnerre dans la pièce, l’avait fait capituler. Les murs semblaient vibrer de la rage de l’Entité des Abysses qui s’agitait à l’intérieur. Les yeux carmins de l’agente, habitués à scruter l’obscurité, fixèrent intensément la porte, comme si elle pouvait discerner les ombres des tourments qui se jouaient de l’autre côté. La puissance démoniaque qui en émanait l’avertissait du danger. Elle avait beau être plutôt intrépide, elle n’en devenait pas complètement stupide, et savait que la rage de son maître n’épargnerait personne. La froide lueur d’un éclat de magie perça de sous la porte, créant des reflets éthérés dans les yeux de Nocturna. Un frisson glacial parcouru son échine et elle ressentit le vent malsain, porteur de murmures infernaux, émanant de la salle maudite. La décision fut immédiate : Nocturna allait temporiser, laissant Malachar exorciser sa rage. Les plans de la Team Obscuria devaient progresser sans heurt, et défier la puissance de l’Entité n’était pas une option. Elle décida de se retirer, ne souhaitant pas se tenir là plus longtemps, silencieuse dans l’ombre, observant les caprices démoniaques qui se jouaient dans la chambre des horreurs de Malachar.

Errant dans les corridors labyrinthiques de la forteresse, elle perçut un murmure indicible, un écho persistant de tourments révolus. Les couloirs, ornés de vestiges délabrés et de torches déclinantes, semblaient retenir les secrets d’une époque antédiluvienne. Soudainement, l’agente, guidée par une quelconque force obscure, dévia de son chemin, attirée par l’appel évocateur du Cellier des Âmes. À l’approche de la porte, des soupirs feutrés se mêlèrent à la brise froide des corridors déserts. Nocturna envisagea le Cellier avec une curiosité empreinte de révérence, une intrigue éveillée par des murmures indistincts. Dans cette enceinte lugubre, l’essence des âmes captives paraissait flotter comme des ombres impalpables, rappelant des récits inachevés ou des chroniques oubliées.

Elle poussa délicatement la porte entrouverte, révélant l’intimité obscure du Cellier. Les jarres alignées exsudaient une lueur diffuse, un reflet pâle de leur contenu mystique. Plutôt que de dévoiler une cruauté délibérée à l’instar de son maître, le regard de Nocturna témoignait d’une compréhension profonde, d’une sensibilité envers ces fragments d’existences capturées. Les âmes, jadis pleines de vie, étaient maintenant des vestiges muets, des échos d’une époque dont elle se sentait irrésistiblement attirée. Sa décision de s’aventurer dans ce sanctuaire souterrain, bien que tissée de la soif de pouvoir, portait les nuances d’une innocence énigmatique. Les jarres, comme des reliques d’une histoire inscrite dans l’obscurité, semblaient contenir une tristesse ancestrale, tristesse capturée par les yeux de l’agente avec une émotion voilée. Là, dans les entrailles de la forteresse, les méandres de l’âme humaine étaient dévoilés, façonnant une réalité où la cruauté et la compassion, bien que contradictoires, coexistaient dans une harmonie éthérée.

À présent, Nocturna se tenait devant les rangées de jarres soigneusement alignées, sa silhouette, drapée de ténèbres, émanant une aura à la fois mystique et délicate. Ses doigts longs effleuraient avec une grâce infinie les parois froides des réceptacles, comme si elle cherchait à établir un lien intime avec chaque âme capturée. Des chuchotements invisibles se faufilaient dans les plis de son manteau sombre, des lamentations silencieuses des défunts résonnant dans sa conscience. Elle caressait les jarres du bout des doigts, ses gestes empreints d’une tendresse presque maternelle. Un sourire léger dansait sur ses lèvres, témoignant d’une connexion secrète avec ces fragments d’existence captive. Les visages figés sur les étiquettes de chaque récipient semblaient s’animer à son toucher, exprimant une palette d’émotions que seuls les yeux aiguisés de Nocturna pouvaient déceler. Au plus profond de son être, elle ressentaient la pulsation des vies passées, une symphonie d’expériences et de souvenirs qui fusionnaient dans le silence sépulcral du Cellier. Les âmes, enchaînées dans leur prison de verre, paraissaient reconnaître la présence bienveillante de l’agente, laissant émaner des éclats fugaces d’une lueur spectrale. C’était un ballet étrange et enchanteur, un échange entre la gardienne des ombres et les vestiges du passé. Nocturna se perdait dans cette danse intemporelle, où le voile entre la vie et la mort s’estompait, révélant une beauté ténébreuse que seuls les initiés pouvaient apprécier. La délicatesse de ses gestes trahissait une relation complexe entre elle et les fragments emprisonnés, un lien entre deux mondes s’entremêlant dans les ténèbres insondables de la forteresse.

~*~

Lorian se tenait seul dans sa cellule froide, des lambeaux du lumière s’infiltrant à travers les barreaux, dessinant des reflets fantomatiques sur les murs décrépits. L’air stagnant était chargé d’une lourde mélancolie, une ombre silencieuse qui dansait autour de lui. Béladonis somnolait dans un coin, émettant des ronflements dignes d’un Ronflex après un bon repas, rendant d’autant plus désagréable sa situation de claustration. Ses pensées s’enchevêtraient, tandis que l’absence de Cryptéro à ses côtés pesait lourdement sur ses épaules. Les échos de leurs aventures passées résonnaient dans sa mémoire, faisant naître un sentiment de nostalgie mêlée à la tristesse et à l’angoisse. La séparation forcée avec son Pokémon créait un vide palpable, comme si une partie essentielle de son être avait été arrachée. Les barreaux, froids sous ses mains, semblaient emprisonner non seulement son corps, mais aussi ses espoirs et ses aspirations. Il imaginait Cryptéro, libre et vaquant à ses propres aventures, loin de l’ombre menaçante de la Team Obscuria, une lueur d’espoir perçant l’obscurité de ses pensées, une promesse silencieuse qu’il formait mentalement. Mais il n’était dupe. Il se doutait que l’agente qui l’avait capturé n’aurait pas laisser filer Cryptéro. Une angoisse sourde s’immisçait en lui, il imaginait les épreuves que son compagnon pouvait subir. Les murs froids de sa cellule résonnaient des échos de ses préoccupations, soulignant son impuissance et les barreaux de sa prison devenaient le reflet physique de son inquiétude, une cage métaphorique dans laquelle ses pensées tournoyaient, cherchant un moyen de conjurer les menaces qui pesaient sur son Pokémon.

Soudain, il perçut un tumulte croissant provenant de l’extérieur. Des bruits précipités et étouffés se faufilaient à travers la lourde porte de sa geôle, créant une cacophonie indistincte. Ses sens aiguisés captèrent chuchotements effrénés, le cliquetis d’équipements et les pas hâtifs des sbires de la Team Obscuria. Un frisson d’anticipation parcourut sa colonne vertébrale, une interrogation éclairant son esprit confiné. Se tenant immobile dans l’obscurité, il écouta attentivement, cherchant à déchiffrer les indices sonores qui s’infiltraient jusque dans sa cellule. Le bruit grandissant évoquait une agitation inhabituelle, comme si quelque chose d’extraordinaire se déroulait au sein de l’avant-poste où il devait se trouver. Lorian, bien que prisonnier dans l’ombre, percevait l’urgence dans chaque pas précipité et la tension palpable dans l’air. Ses pensées s’emballèrent dans une série d’hypothèses, envisageant des scénarios possibles, chacun plus rocambolesque que le précédent. Un sentiment d’expectative s’empara de lui, alimentant son désir de comprendre l’origine de cette agitation soudaine. La porte de sa cellule, bien que silencieuse, semblait vibrer légèrement sous l’impact des événement extérieurs. Tendant l’oreille, il discernait des fragments de conversations étouffées et le bourdonnement distant de machines en action. Son esprit curieux s’efforçait de démêler l’intrigue complexe qui se jouait au-delà de la porte close, suscitant un mélange d’appréhension et de fascination.

Puis l’éclat métallique de la porte grinça, coupant net son introspection et amenant le tumulte du dehors à l’intérieur de la geôle, et l’agente qui l’avait capturé fit irruption dans l’espace confiné. Son visage arborait une expression furieuse, les traits ombragés par un mécontentement manifeste. D’un geste impératif presque théâtral, elle pointa un doigt accusateur sur Lorian, rompant l’immobilité pesante de la geôle.

« Toi ! »

Le mot s’était échappé des lèvres de l’agente, vociféré comme le feulement d’un Chaglam dont on aurait piétiné la queue. Elle fit sauter les gonds de la porte métallique de la cellule d’un coup de pied magistral, puis pénétra dans l’antre où Lorian l’attendait, silencieux et impassible. Leur regard se croisa brièvement, un échange muet de défiance et de détermination. L’atmosphère se chargea d’une énergie électrique, une confrontation inéluctable entre deux forces opposées, contrastant fortement avec le ronflement de Béladonis qui dormait toujours, tapis dans l’obscurité.

« Tu vas m’aider, Lorian. » Déclara l’agente d’une voix glaciale, laissant planer l’ombre de ses intentions insondables alors que l’intéressé se demandait comment elle connaissait son nom. « Tu vas m’aider, ou je te garantis que je plongerai ton destin dans des ténèbres éternelles, où l’obscurité elle-même craindrait de s’aventurer ! »

Les contours de la cellule semblaient se rétrécir, créant un espace clos où le destin de Lorian se nouait sous la poigne implacable de l’agente. Le lueur froide des néons éclairait faiblement le visage tendu de cette dernière, dessinant des ombres éthérées qui dansaient dans l’obscurité. Confronté à ce faciès terrifiant, il ne put qu’acquiescer en balbutiant une suite de syllabes sans queue ni tête.

Sans la moindre hésitation, elle enserra son bras musclé autour du poignet de Lorian, le contraignant à la suivre. La pression de sa poigne était implacable, comme les griffes d’un Farfuret sauvage fermement ancrées dans sa proie, le condamnant à suivre le sillon obscur de leur marche précipitée. Les pierres, rugueuses et froides, paraissaient murmurer des secrets millénaires tandis qu’ils avançaient, et les flambeaux, clignotant dans l’air moite, projetaient des ombres grotesques, comme des spectres inquiets guettant le passage des captifs. L’agente, silencieuse et résolue, n’épargnait pas un regard à Lorian, dont l’anxiété se reflétait, chaque pas gauche et hésitant. La tension, palpable dans l’air étouffant, faisait écho au malaise grandissant qui pesait sur lui. Les battements sourds de son cœur semblaient résonner avec les battements funèbres de cet endroit lugubre, comme un fardeau insoutenable le rapprochant funestement d’un sort dont il n’osait imaginer la teneur.

Au détour d’un corridor sombre, après avoir gravis un véritable labyrinthe de couloirs glacials, ils débouchèrent dans une salle austère, éclairée par une lumière blafarde. Une table métallique trônait en son centre, tandis que les instruments sinistres témoins muets d’interrogatoires passés, garnissaient les étagères murales. Lorian sentit un frisson lui parcourir l’échine, face à l’atmosphère morbide du lieu. Le regard perçant de l’agente, réfléchi dans l’acier froid des outils, le fixait avec une intensité presque surnaturelle, comme si elle cherchait à sonder les recoins les plus obscurs de son âme.

« Assis-toi ! » Lui ordonna-t-elle en désignant un tabouret en acier situé de l’autre côté de la table, avant de claquer derrière eux la porte d’un autre coup de pied.

Il déglutit et obéit, l’acier froid du tabouret pareil à une extension glacée de la froideur qui émanait de l’agente. La pièce étriquée résonna longtemps du claquement métallique de la porte qui les isolait du reste du monde, ajoutant une note sinistre à l’atmosphère tendue et il se retrouva face à elle, assis sur ce siège inconfortable, écrasé sous son regard perçant. Le silence s’installa, uniquement rompu par le grondement sourd des fondations de l’avant-poste. Les secondes s’étiraient, épaississant davantage encore l’air oppressant. Les yeux de l’agente, pareils à deux lames acérées, le scrutaient avec une intensité inhumaine.

« J’adore les silences éloquents, mais peut-être devrions-nous essayer de nous exprimer verbalement, qu’en dites-vous ? »

Le claquement sec de la gifle résonna dans la pièce comme un éclat de tonnerre. La main de l’agente, d’un mouvement vif, avait tracé une trajectoire foudroyante, s’abattant avec une précision meurtrière sur la joue de Lorian. La force du coup tourna sa tête sur le côté, ses cheveux auburn volant dans l’air comme des ombres tourmentées. La douleur s’étendit sur sa joue avec une intensité inattendue, propageant une brûlure vive qui irradia jusqu’au plus profond de son être. Ses yeux, momentanément clos, s’ouvrirent pour révéler un mélange d’incrédulité et de douleur. Les mots insolents, proférés malgré la terreur qui nouait son estomac, résonnaient dans sa tête, avec force et ironie. Où avait-il trouvé le courage, non, l’inconscience, de provoquer l’agente ? D’un côté, une part de lui regrettait ces mots insensés, fruits d’une audace imprudente, de l’autre, une part qu’il ne connaissait pas était intriguée, voire fière de cette effraction verbale, une sorte de défi lancé aux ténèbres qui l’entouraient. Alors que la douleur s’estompait peu à peu sur sa joue, la confusion persistait dans son regard. Un mélange d’effroi et de rébellion flottait dans ses prunelles, créant une danse incertaine entre la soumission et la bravade. Il releva la tête, ses yeux cherchant ceux de l’agente, qui l’observait avec une intensité glaciale, son regard perçant sondant chaque parcelle de son être. Puis d’une voix douce, presque mélodieuse, elle rompit enfin le silence oppressant.

« Tu es archéologue, n’est-ce pas ? »

Ce n’était pas une question. Lorian conserva une expression impassible, soucieux de ne laisser paraître la moindre émotion. Elle poursuivit, d’une précision troublante.

« Ton parcours est remarquable. Un baccalauréat scientifique à treize ans, des études brillantes à l’université de Méanville, et tu as sacrément enrichi le musée de Maillard de tes découvertes. Un cerveau comme le tien serait le bienvenu dans notre unité scientifique. »

Lorian ouvrit la bouche, mais elle le coupa d’une voix froide et familière.

« Je sais que c’est peine perdue, je ne te convaincrai pas. Tu as des principes, des valeurs qui te retiennent. Mais comprends-tu, notre cause dépasse ces considérations, et je ne les laisserai pas entraver notre… collaboration. Si tu refuses de m’aider, je suis prête à être plus persuasive. Je n’ai pas le temps pour des hésitations d’ordre moral. »

À ces mots, sans cesser de le fixer de son regard d’acier, elle s’empara d’un des instruments entreposé sur la table, un sublime mais non moins mortel fouet électrique. Un sourire en coin se dessina sur son visage alors qu’elle activait l’engin, créant un halo lumineux autour des lames énergétiques. Lorian, crispé, leva instinctivement les mains en un geste de défense. Le bourdonnement sinistre de l’arme crépitait dans l’air électrifié, illuminant brièvement la pièce. Les étincelles dansaient, éclairant l’agente au visage impassible.

« C’est inutile ! » Haleta-t-il, le souffle coupé par l’angoisse. « Je… Je vais coopérer. »

L’agente arqua un sourcil, dévoilant une légère surprise face à la rapidité avec laquelle il avait cédé. Une lueur de déception passa furtivement dans ses yeux, mais elle resta stoïque. L’atmosphère de la pièce semblait suspendue entre deux mondes, figée sous la menace tangible de l’arme énergétique. Dans l’obscurité parsemée d’éclairs intermittents du fouet, l’esprit de Lorian l’assura que, pour l’instant, son choix demeurait le plus judicieux, mais il restait résolu, sachant pertinemment que cette entente temporaire lui permettait de gagner du temps, d’appréhender la complexe situation dans laquelle il se trouvait, et peut-être d’en savoir plus sur ce qu’il était advenu de son Pokémon.

« C’est parfait. » Annonça l’agente en reposant l’instrument sur la table. « Permets-moi de t’exposer notre petit problème. Nous avons entre nos mains une tablette ancienne, un artefact couvert d’inscriptions sur lesquelles nos meilleurs linguistes se sont cassés les dents. C’est là que tu interviens. La traduction de ce texte antique est notre priorité, et maintenant ta responsabilité. Et sache une chose : les enjeux de cette mission te dépassent, de très loin. Échoue, et tu le regrettas amèrement. »

Sur ces mots, elle rouvrit la porte de la salle et l’entraîna dans le labyrinthe de couloirs sombres et glacials, laissant derrière eux un silence pesant, comme un présage aux épreuves à venir.