Amadis
La lumière matinale, pénétrant au travers des larges fenêtres du laboratoire, caressait la fourrure soyeuse de Cosmiroo, projetant des reflets chatoyants sur sa peau indigo. Ses yeux, grands et lumineux, reflétaient une curiosité insatiable, et Sélène, penchée sur lui, l’observait avec ravissement, sous le regard bienveillant du Professeur Orion qui exprimait à travers son mutisme une approbation tranquille. Un silence doux enveloppait la pièce, ponctué seulement par le murmure des appareils électroniques en veille. Les pensées de Sélène emplissaient l’espace, cherchant une connexion invisible avec son nouveau compagnon à l’aura espiègle. Elle sentait l’énergie du Pokémon palpitante et vivante, comme une douce mélodie s’harmonisant parfaitement avec sa propre vibration intérieure. Cosmiroo, avec une élégance mystérieuse, fit quelque pas timides en direction de Sélène, ses oreilles délicates tressaillant de curiosité, comme si elles captaient les frémissements émotionnels de la jeune étudiante. Les yeux de Sélène, éclairés par une lueur teintée d’émerveillement, absorbaient la splendeur de l’instant, créant un lien instantané et inextricable avec le petit Pokémon.
Orion, tel une figure sage et attentive, se tenait en retrait, laissant le dialogue non-verbal se tisser entre Sélène et Cosmiroo. Son regard scrutateur, empreint d’une profondeur insondable, semblait projeter un avenir de possibilités infinies, bien au-delà de cette simple rencontre. Il avait, d’un geste solennel, tendu son bras vers les deux Pokéball reposées soigneusement sur leurs piédestaux initiaux, afin de rappeler les Pokémon qui n’avaient pas été choisis, son mouvement chargé d’une aura de respect, signifiant un adieu temporaire, une séparation pour des retrouvailles futures. D’une manipulation experte, il avait libéré un éclat de lumière chatoyante, ramenant les créatures à l’intérieur des sphères. Solylume et Sonikatt, irradiant d’énergies singulières, s’étaient laissés glisser dans les recoins chaleureux de leurs résidences respectives. Une atmosphère chargée d’une énergie retenue, mêlée de respect et de gratitude, s’était alors installée. Chaque Pokémon semblait avoir compris la signification de cet instant. Le professeur, apportant un calme rassurant, avait laisser planer une aura de destinées futures, prêtes à s’unir à d’autres voyages et à d’autres rencontres. Les Pokéball refermées semblaient avoir symbolisé un au revoir, l’expression silencieuse de l’espoir que les chemins des Pokémon rencontreraient ceux d’autres dresseurs, apportant leur lumière singulière à d’autres voyages à venir.
« Je t’attends dehors. » Souffla doucement Amadis à l’oreille de Sélène. « Rejoins-moi quand t’es prête à partir. »
Elle hocha doucement la tête en signe d’approbation tandis que ses lèvres esquissaient un mince sourire, puis reporta toute son attention sur Cosmiroo. Son cœur battait plus fort, dans une danse mêlée d’excitation et de contemplation. Mais alors qu’Amadis refermait doucement la porte derrière lui, Orion, le regard préoccupé, s’avança vers Sélène.
« Je suis désolé de couper court à votre belle rencontre, Sélène, mais je dois te parler. »
Sa voix, teintée d’une certaine urgence, tranchait avec la quiétude de l’instant précédent, rompant le cocon de calme et d’émerveillement dans lequel elle s’était réfugiée. Dans un souffle, elle acquiesça sobrement. Ses doigts glissèrent délicatement sur la sphère rouge et blanche qui lui avait été offerte et un rayon lumineux jaillit de l’orbe étincelant, enveloppant Cosmiroo qui, d’un battement léger, réintégra la Pokéball, laissant place à un silence pesant. Sélène se tint là, prête à entendre ce que le professeur tenait à lui dire.
« Il est important que tu saches, Sélène, qu’il est parfois crucial d’observer les gens sans se laisser aveugler par la première impression. » Commença Orion avec gravité. « Ton ami, par exemple, n’est pas tout à fait ce qu’il prétend être.
- Vous voulez dire… Amadis ? Pourquoi je devrais… je devrais me méfier de lui ? »
Orion soupira et sembla choisir ses mots avec prudence.
« Oh, je n’insinue pas qu’il est mauvais, mais il y a eu… des situations quelque peu controversées dans lesquelles il s’est retrouvé impliqué, des circonstances un peu troubles, tu vois ?
- Je… Je ne sais pas, il a toujours été gentil avec moi. J’ai du mal à imaginer qu’il ait pu… être impliqué dans des… des problèmes.
- Je comprends ta position, Sélène. Mais parfois, même les personnes les plus attentionnées se retrouvent dans des situations difficiles, tu sais ? J’aimerais que tu sois prudente.
- Je… je ferai attention. Merci de m’avoir prévenue, Professeur. Je vais… je vais réfléchir à tout ça. »
Orion lui sourit amicalement.
« Très bien. N’hésite pas à m’en parler si tu as des inquiétudes. Je suis là pour t’aider et te conseiller au mieux. »
Sélène quitta le laboratoire, les paroles du professeur résonnant en elle comme un écho. À peine franchit-elle le seuil que ses yeux se posèrent sur Amadis, qui l’attendait patiemment, son regard bienveillant exprimant une curiosité teintée de préoccupation. Un sourire timide se dessina sur les lèvres de Sélène, cherchant le réconfort dans la présence de son ami fidèle. Elle s’approcha, espérant de tout cœur que le bavardage et la joie d’être ensemble pourraient chasser les nuages d’incertitude qui assombrissaient ses pensées.
Amadis lui rendit son sourire et lui prit la main. Elle eut alors l’impression qu’un feu d’artifice magistral éclatait dans tout son être. Pendant un bref instant, le monde autour d’elle sembla s’évanouir, ne laissant que l’intensité qui s’emparait de ses sens. La douceur du sourire d’Amadis et la chaleur de sa main dans la sienne semblaient déclencher une douce cacophonie d’émotions. Mais, à travers ce kaléidoscope de sensations réconfortantes, un écho lointain d’inquiétudes persistait, semant le doute au sein de cet éclat soudain. Les mots d’Orion résonnaient encore dans son esprit, agissant comme une ombre sur cet instant privilégié. Des tourbillons de questionnements surgissaient, créant une symphonie discordante parmi les notes harmonieuses de son bonheur naissant. Les contradictions entre ses sentiments et les avertissements du professeur s’entremêlaient, semant un doute insidieux au sein de ses pensées florissantes. Sélène chercha des réponses, se débattant dans le tumulte des ces émotions naissantes, sans parvenir à dissiper les ombres qui planaient.
« Sélène, Sélène ! Alors ? C’est oui ? »
En proie à ses pensées contradictoires, elle se trouvait dans un état d’abstraction presque total, perdue dans un labyrinthe de questionnements. Le timbre doux de la voix d’Amadis, coupant le silence ambiant, la ramena brusquement à la réalité, tel un sursaut d’éveil la sortant d’une profonde torpeur.
« Que… quoi ? » Répondit-elle d’une voix presque muette.
« Je t’ai d’mandé si tu voulais venir manger sur le toit du centre commercial. Ils ont aménagé une p’tite terrasse là-haut, et la vue est sympa.
- Da… D’accord ! »
Ils quittèrent la propriété du Professeur Orion, laissant derrière eux cette enclave de civilisation au cœur de la nature environnante. Autour d’eux, les hautes herbes ondulaient sous la caresse légère du vent, d’éclatants jasmins s’épanouissaient sans discipline, et les buissons remuaient sous l’assaut des quelques Pokémon insectes. Appréciant cette beauté sauvage et que certains considéreraient négligée, Sélène inspira profondément, profitant du souffle chaud de la brise de midi. Alors qu’ils s’avançaient à travers ce microcosme splendide, elle fit sortir Cosmiroo de sa Pokéball afin qu’il puisse aussi en profiter. Le Pokémon, ravi, trotta à travers ce chaos végétal, découvrant avec enthousiasme la magie désordonnée de la vallée, et arrachant un sourire à sa nouvelle dresseuse.
« Il est déjà très attaché à toi. » Souligna Amadis.
« Mhmm. »
Mais bientôt, ils en vinrent à laisser derrière eux cette immensité sauvage pour embrasser le tumulte prévisible de la vie urbaine, et sans qu’elle ne sut trop comment, ils se retrouvèrent très vite en ville. Les quartiers résidentiels qu’ils avaient traversé en sens inverse se dessinaient déjà devant eux, comme un portail vers un monde plus civilisé. Un peu plus loin, l’effervescence de la cité s’insinuait progressivement dans l’air, remplaçant l’ode champêtre par le bourdonnement constant de l’activité humaine, et au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient du centre-ville se dévoilait une palette éclectique de bâtiments ordonnés et prospères qui donnaient l’impression d’acquérir une personnalité propre tandis que la paix des quartiers périphériques laissaient place à l’agitation citadine. Les façades austères furent remplacées par des enseignes lumineuses, par des vitrines animées et par l’éclat des publicités holographiques. Les rues, d’abord calmes et bordées d’arbres soigneusement alignées, se transformèrent en artères pulsantes d’une cité en ébullition. Le vrombissement des voitures autonomes ajoutaient une cacophonie mécanique à l’atmosphère exaltante et dynamique. Des piétons pressés arpentaient les trottoirs, se perdant dans un océan de visages divers et éparses, et les gratte-ciel majestueux perçaient le ciel comme des totems modernes de l’ingéniosité humaine.
Leur pas les guidèrent à travers un labyrinthe urbain, où chaque coin de rue dévoilait un nouvel aspect de la cité tentaculaire. Des odeurs de junk food provenant des étals de rue se mêlaient aux parfums artificiels des enseignes dont la climatisation s’infiltrait au dehors. Le tumulte provoqué par les réclames et la rumeur des conversations passantes résonnaient en un tintamarre rythmé, tandis que les lumières éblouissantes des publicités projetaient des éclats éphémères sur les visages anonymes empreints d’une mosaïque d’émotions, des rires aux regards précipités. Le centre commercial se profilait à l’horizon, son architecture imposante émergeant comme un phare au milieu du flux de vie qui grouillait tout autour et bientôt, ses portes automatiques, avides de visiteurs, s’ouvrirent devant eux, les accueillant dans un univers de lumières étincelantes et de sons feutrés.
Un flot continu de visiteurs s’entremêlait dans une danse rythmée de pas pressés et d’éclats de voix. Les hauts plafonds diffusaient une lumière artificielle d’une blancheur immaculée, baignant les lieux d’une clarté uniforme. Sélène sentait l’animation du lieu, un bourdonnement presque palpable d’activité continue. Les enseignes lumineuses des boutiques clignotaient telles des étoiles contrefaites. Ses yeux curieux balayèrent les façades des magasins, capturant l’essence variée des marchandises exposées. Les vitrines étalaient un assortiment chatoyant de vêtements, de gadgets et d’objets qu’elle ne connaissait pas, créant une mosaïque éblouissante de consommation moderne. Cet environnement capitaliste et exacerbé lui semblait si éloigné de son univers connu, de par son opposition au mode de vie de Bourg-du-Vallombreux, son village natal au rues modestes et aux rivières murmurantes, et plus que jamais, elle se sentit loin de chez elle.
Autour d’eux, des familles, des amis et des solitaires se croisaient, se frôlaient, se bousculaient et s’ignoraient dans une harmonie chaotique, accompagnés pour certains de leurs Pokémon domestique. L’air vibrant du centre commercial était empreint d’une énergie électrique, une fusion de désirs, de conversations étouffées et d’ambitions consuméristes. Sur le plancher uniformément carrelé, le cœur de la galerie palpitait, symbolisant l’essence économique de la civilisation urbaine. Les escalators mécaniques, comme des artères animées, transportaient les visiteurs d’un niveau à l’autre, un incessant flux vertical alimentant la machine commerciale. Sélène percevait l’effet hypnotique de cette circulation, une pulsation constante qui semblait guider les pas de chacun. Elle se laissa emporter par le flot, captivée par l’ambiance de cette ruche foisonnante de vie, de ce microcosme citadin. Ils se dirigèrent vers une double-porte vitrée devant laquelle attendaient déjà un groupe de personnes à l’air extatique ou pressé. Le portail s’ouvrit et ils pénétrèrent dans une grande cabine ronde et translucide. Amadis appuya sur le bouton le plus haut et l’ascenseur de verre s’éleva au dessus du tumulte urbain.
Les parois transparentes dévoilaient une fourmilière humaine s’activant dans les étages inférieurs. Des visages étrangers se pressaient autour d’eux, un kaléidoscope de vies empruntant toutes des trajectoires distinctes au sein du gigantesque établissement. Parmi les passagers de la cabine, des hommes et des femmes en costumes d’affaires, absorbés dans leurs conversations téléphoniques, dégageaient un énervement professionnel. D’autres, arborant des tenues plus décontractées, débordaient de jeunesse et d’énergie. Sélène, dans ce ballet humain, ressentait une légère oscillation sous ses pieds, une danse vertigineuse qui la faisait hésiter entre fascination et appréhension. Les étages défilaient, le centre commercial se déployait sous leur pieds comme une œuvre d’art sublime en perpétuelle évolution. Les bruits de la rue montaient à travers le puits de l’ascenseur, des murmures étouffés, le rugissement lointain des véhicules, et le froufrou régulier du monde. Lorsqu’ils arrivèrent là-haut, la cabine s’était vidée de la plupart de ses occupants, déversant son contenu de visiteurs à travers les différents étages.
« Belvédère. » Indiqua une voix de femme provenant de l’ascenseur lui-même. « Accès : Cafétéria Améthyste, Boutique R-Cut, Poké-crédit, Centre d’échange Global »
Ils sortirent et Amadis la guida vers la cafétéria, une oasis suspendue qui se dessinait devant eux, entourée par l’immensité des gratte-ciel. Les tables étaient disposées avec stratégie, offrant une vue panoramique magistrale sur la ville tentaculaire. Un serveur, impassible et vêtu d’une livrée d’un violet profond, les accueillit avec une inclinaison de tête calculée, exprimant à la fois formalité et une pointe d’efficacité robotique. Ornées de nappes immaculées, les tables capturaient la lumière du rayonnement solaire qui jouait sur les verres, créant un spectacle captivant de reflets éphémères. Des hologrammes légers, diffuseurs d’une douce ambiance musicale, flottaient au-dessus des espaces de restauration. Les convives attablés, immergés dans leurs discussions, semblaient insouciants de l’agitation urbaine qui se déployait au-delà des vitres. Sélène, subjuguée par l’horizon infini de tours d’acier et de verre, se laissa installer à une table qui promettait une vue imprenable sur la skyline. Le serveur, déployant une habileté quasi mécanique, leur remit des menus holographiques sur lesquels les plats se matérialisaient en images tridimensionnelles. Une délicatesse automatisée s’opérait dans la danse des serveurs, orchestrée comme une chorégraphie millimétrée au sein de cet écrin cristallin suspendu entre ciel et ville.
Une fois qu’ils eurent commandé, Amadis brisa le silence d’un air décontracté.
« Eh, Sélène, tout va bien ?
- Je… Je sais pas trop. C’est que… le Professeur Orion m’a parlé de toi et de choses… des trucs bizarres à ton sujet, des histoires compliquées auxquelles tu serais mêlé. Ça me perturbe.
- Ah oui j’comprends. Je... Si tu veux, j’peux t’expliquer. Il m’est arrivé quelque chose. Quelque chose d’affreux. » Une ombre passa sur son visage. « Et certaines personnes pensent que j’ai fait ce quelque chose… Mais je t’assure qu’ils se trompent. »
Avec un sourire compatissant et sincère, il lui prit doucement la main. Rassurée par son geste, elle baissa les yeux d’un air un peu coupable, cherchant ses mots.
« C’est juste que… Je veux te faire confiance Amadis, mais Orion avait l’air vraiment préoccupé.
- Les adultes sont souvent trop prudents, et peuvent voir les événements… différemment. Le professeur est quelqu’un de super, et j’suis sûr qu’il veut ton bien, mais il a tort de s’inquiéter. Et je n’veux pas laisser un malentendu, ce malentendu, ternir le début d’notre amitié. Je veux… J’ai besoin de ta confiance.
- D’accord, raconte-moi. »
Il prit une profonde inspiration et ses yeux, d’habitude pétillants de malice, se voilèrent légèrement d’un obscurcissement de tristesse.
« Il y a quelques années, il y a eu un accident. Mon ex-petite-amie, elle… elle est décédée dans des circonstances étranges. Les autorités ont mené l’enquête, et je me suis r’trouvé au centre de toutes les suspicions. Les gens pensaient que j’étais impliqué d’une manière ou d’une autre. J’ai été interrogé, encore et encore, mis sous surveillance constante, mais finalement, ils ont conclu que je n’étais pas responsable. »
Il baissa le regard et fixa la table avec amertume, comme si le poids du passé reposait sur ses épaules.
« C’était une période sombre. Perdre celle que j’avais de plus proche dans de telles circonstances… c’était horrible. Plus personne ne m’adressait la parole. Pour eux, c’est comme si je l’avais tué… Mais je te jure que je n’y étais pour rien. Je n’aurais jamais… ce n’était pas moi. »
Sa voix était crispée, et sa gorge paraissait sèche. Il releva ses yeux rougis vers elle, cherchant son regard, comme s’il espérait y trouver compréhension et soutien.
« Les gens peuvent dire beaucoup d’choses, mais parfois la vérité se perd dans les ombres du doute.
- Oh Amadis… Je… je ne savais pas. Je suis désolée. »
Il esquissa un sourire triste, touché par l’attendrissement sincère de Sélène.
« Merci. C’est difficile d’en parler, mais je suis content que tu saches… Mais je n’veux pas que ça change quoi que ce soit entre nous. Tu… T’as l’air d’être une fille super et j’aimerais vraiment qu’on soit amis.
- Moi aussi. » Répondit-elle d’un souffle. « Je… Je te crois, Amadis.
- Merci beaucoup Sélène. Par contre, quand je suis arrivé ici, à Astralia, j’ai travaillé dur pour laisser cette histoire derrière moi et devenir… normal pour les autres. Si tu pouvais éviter d’en parler, à l’académie… Mais si tu as des questions et des doutes, viens m’en parler, d’accord ?
- C’est promis. »
Le serveur s’approcha d’une démarche discrète, déposant devant eux des plats aussi délicieusement agencés que les saveurs qui promettaient de les ravir. Une murmure d’approbation spontané s’échappa des lèvres de Sélène, tandis qu’elle contemplait le festin qui s’offrait à eux. Les arômes délicats enveloppèrent leurs sens, et la vue panoramique de la ville en contrebas ajouta un touche magique à l’atmosphère. Une pause s’imposa dans la conversation, remplacée par le doux tintement des couverts rencontrant les assiettes et des chuchotements de vie urbaine s’élevant depuis les rues lointaines. Lorsqu’ils eurent terminé de manger, Amadis s’essuya les lèvres d’un coin de sa serviette de table.
« Quel est ton programme, cet après-midi ? » Questionna-t-il d’un ton doux.
« Comme on a pas cours, je pensais aller au Cube, pour plancher un peu sur nos devoirs de maths et rattraper nos cours de ce matin. Et il faut que j’aménage une petite couche pour Cosmiroo. »
Comme si le petit chat cosmique l’avait entendu, elle sentit sa Pokéball remuer dans sa poche, et ne put s’empêcher de ressentir un élan d’euphorie à l’idée de le savoir si près d’elle, prêt à être câliné et chouchouté.
« Oh, ne t’embête pas ! » Susurra Amadis avec gaieté. « J’ai une pote qui nous passera ses notes, et pour les maths, tu as toute la semaine ! J’ai autre chose à te proposer : on va faire les boutiques pour te trouver une tenue pour ce soir, et on en profitera pour dégotter un panier pour ton Pokémon. Ça te va ?
- Euh… c’est que…
- Allez ! Et je t’invite ! »
Sans qu’elle ne put protester, il appela un serveur afin de régler l’addition. Un jeune homme s’approcha d’une démarche assurée, une tablette électronique en main, ses yeux lunettes reflétant l’éclat des néons ambiants. Amadis, toujours charmant, adressa un sourire au serveur et lui tendit sa carte bancaire. Sélène, légèrement mal à l’aise par sa générosité apparente, baissa les yeux, mais ne put s’empêcher de remarquer le regard complice échangé entre l’homme et son ami.
Une fois l’addition réglée, ce dernier se leva avec grâce et lui tendit la main pour l’inciter à faire de même. Le soleil de l’après-midi inondait le toit du centre commercial, créant des jeux d’ombres et de lumières qui dansaient sur les contours modernes des structures avoisinantes. Les pas les guidèrent vers la sortie du belvédère, et Sélène ressentit un mélange complexe d’émotions. D’un côté, elle se sentait un peu contrainte par la rapidité des événements et par l’influence d’Amadis qui la guidait dans ce tourbillon. D’un autre côté, la fascination pour ce monde nouveau, vibrant et stimulant, l’emplissait d’une excitation contagieuse. À mesure qu’ils descendaient les escaliers mécaniques vers les étages inférieurs, elle observa la foule grouillante, chaque individu perdu dans ses propres tâches. Les boutiques aux enseignes lumineuses clignotaient, chacune tentant d’attirer l’attention des passants. Amadis, comme habitué à cet embrasement social, menait Sélène à travers ce labyrinthe de tentations et, alors qu’ils s’aventuraient plus profondément dans le cœur palpitant de l’établissement, elle finit par se laisser emporter par cette vague tumultueuse, et se surprit à succomber à l’enthousiasme de son ami, oubliant momentanément ses réserves pour se laisser enchanter par la magie de cette journée hors du commun. Cependant, malgré ce flot d’excitation qui bouillonnait en elle, une petite voix intérieure murmurait des questions, semant des graines de doute dans le jardin de son esprit. Elle tentait de les ignorer, de se plonger dans l’instant présent, mais la réalité des avertissements du Professeur Orion persistait, une ombre légère au milieu de cette lumière éclatante du centre commercial, une ombre renforcée par la prudence qui tentait de s’exprimer depuis les profondeurs de sa conscience.
Arrivés au rez-de-chaussée, le tumulte de la vie commerciale redoubla de plus belle, d’une intensité nouvelle, et Amadis l’entraîna à travers la foule vers une boutique de vêtements chics aux vitrines étincelantes de tenues allurées et tendance. La boutique respirait l’élégance, avec des mannequins vêtus des dernière créations, figés dans des poses qui semblaient évoquer un monde de glamour inatteignable. Ils pénétrèrent dans l’antre de la mode, où les étoffes délicates flottaient dans l’air, emplissant l’espace d’une mélodie silencieuse de matières luxueuses. Les étagères exposaient des articles impeccables, organisés avec une précision mathématique. Amadis, à l’aise dans cet univers raffiné, se dirigea vers une section où les robes élégantes et les costumes sophistiqués étaient soigneusement alignés.
« J’ai pensé qu’on pourrait te trouver une jolie robe pour ce soir. » Annonça-t-il, ses yeux pétillants de détermination.
Mal à l’aise dans ce sanctuaire de la mode, elle hocha néanmoins timidement la tête, se demandant comment elle allait naviguer dans cet océan de choix vestimentaires auquel elle ne connaissait rien. Son ami, tel un maître de cérémonie, dénicha quelques ensembles qui semblaient avoir été conçus pour éblouir. Il tenait devant elle chaque tenue, évaluant leur effet potentiel sur elle.
« Qu’est-ce que tu penses de celle-ci ? » Suggéra-t-il en désignant une robe d’un bleu profond, contrastant avec le ton de ses yeux.
Elle se sentit prise dans le tourbillon des étoffes , l’éclat des couleurs et la douce caresse des tissus laissant une empreinte floue dans son esprit.
« Ou peut-être quelque-chose de plus… »
Il scruta les rayons, cherchant le style parfait.
« …audacieux ? » Ajouta-t-il en déployant un ensemble qui semblait défier les conventions, une cascade d’étoffes et de motifs qui évoquait l’extravagance. « Mhmm, non, ça ne va pas. »
Sélène, décontenancée par cette immersion soudaine dans le monde du shopping sophistiqué, se contenta de sourire et acquiesça devant chaque proposition. Elle décida de se laisser guider par le flair de son ami, qui de toute façon s’était immergé complètement dans la mission qu’il s’était donnée, et paraissait avoir oublié sa présence. La cabine d’essayage devint leur scène, et elle se retrouva à essayer une série de tenues sous l’œil expert d’Amadis, qui orchestrait chaque éclat de tissu, chaque ajustement, et qui s’était déjà mis à dos les vendeuses qui avaient proposé leur aide en les ignorant nonchalamment. La jeune étudiante, habituée à des choix vestimentaires bien plus simples, se sentait comme une actrice dans un monde qui ne lui était pas du tout familier. Les miroirs reflétaient des images d’une Sélène transformée, à la fois captivée et déconcertée par cette plongée éphémère dans l’opulence vestimentaire. La question de savoir si cette transformation était véritablement en accord avec sa nature restait en suspendue dans l’atmosphère délicate de la boutique, où l’ombre du doute se fondait dans les éclats de lumière des projecteurs étincelants.
Après avoir exploré une gamme étourdissante de tenues, ils optèrent finalement pour une robe d’un bleu ciel délicat dont l’étoffe paraissait flotter comme un nuage léger, caressant la silhouette de Sélène avec une élégance aérienne. Les broderies délicates capturaient la lumière d’une manière enchanteresse, ajoutant une touche surnaturelle à la robe. Avec un sourire satisfait, Amadis la présenta à Sélène.
« Celle-ci me semble parfaite. » Murmura-t-il, ses yeux cherchant son approbation.
Captivée par la grâce simple de la robe, Sélène hocha la tête avec un léger sourire. Le bleu ciel évoquait les cieux paisibles d’un après-midi ensoleillé, créant une harmonie visuelle avec la douceur de ses yeux. Les détails du tissus se calquaient parfaitement sur sa personnalité douce et réservée, comme si elle avait été conçue pour elle. Les manches courtes dévoilaient délicatement ses bras fins, et la coupe fluide s’adaptait à sa silhouette sans trop de fioritures. Elle se sentait enveloppée dans une aura de légèreté, comme si la robe était une extension naturelle de son être. Amadis, la mine réjouie, était visiblement très satisfait de son choix.
« Oui. Ça te va à ravir ! » Déclara-t-il avec une assurance charismatique.
Émue par le compliment, elle accepta avec gratitude le sentiment grandissant de confiance qui l’envahissait et ils se dirigèrent tous deux vers les caisses. Les échos de leurs pas résonnaient légèrement dans l’espace feutré, créant une mélodie discrète. Arrivés au comptoir, Amadis prit délicatement la robe bleu ciel et la posa avec une assurance décontractée devant la vendeuse.
« Je m’occupe de ça. » Sourit-il, anticipant la réaction de Sélène.
Surprise par ce nouveau geste généreux, elle bafouilla quelques mots de gratitude, sentant ses joues rosir légèrement. La gêne ajoutait une touche charmante à son expression, témoignant de sa nature réservée face à une telle attention. Jouant avec aisance son rôle de gentilhomme, son ami s’acquitta du paiement avec un léger signe de tête en direction de la caissière. Sélène, reconnaissante, mais un peu désemparée, lui adressa un sourire timide, auquel il répondit de bon cœur, scellant avec elle la promesse silencieuse d’une complicité affectueuse.
Le duo quitta la boutique pour se diriger à présent vers les magasins de soins pour Pokémon. Là-bas, entre des étagères regorgeant de divers produits colorés, ils cherchèrent un panier confortable pour Cosmiroo. Les éclats de rire fusèrent alors débattaient des options, partageant ce moment complice au milieu des effluves apaisantes des articles destinés aux Pokémon. Sous la lumière tamisée de l’intérieur du magasin, le choix final fut fait. Le panier, douillet et assorti d’une touche de couleurs harmonieuses, était prêt à accueillir le chat cosmique, un nouveau jalon ajouté à cette journée qui prenait des allures de parenthèse enchantée.