Ecrire sa légende de Torrak

C'était un vendredi habituel dans les alentours de Safrania. Sur la route 7, les jeunes Roucools volaient d'arbres en arbres pendant que les Goupix et Caninos se couraient après dans les hautes herbes. On pourrait croire que tout est tranquille, que rien ne pourrait troubler la tranquillité de cette route. Et pourtant, les Goupix et Caninos s'arrêtèrent de jouer pour tendre l'oreille. La terre tremblait, les secousses parvenaient jusqu'à la cime des arbres. Tous les pokémons fuirent l'origine des tremblements. Soudain, au milieu d'un champ herbeux jaillit une forme élancée de plusieurs mètres de long. Une deuxième forme plus petite et plus vive la suivit. Les deux pokémons se faisaient face. Un Minidraco et un Onix. Le pokémon Serpenroc semblait plus affaibli que le pokémon Dragon.

- Minidraco, utilise Draco-Rage !
- Esquive et contre avec Queue de fer !

Les deux dresseurs sortaient tant bien que mal du trou fait par Onix pour suivre le combat de leurs pokémons. L'un des deux portait un uniforme reconnaissable entre mille par à peu près tous les habitants de Kanto et Johto. Un pantalon et un T-shirt noir floqué d'un R rouge, le sbire Rocket était plutôt mal tombé. Son adversaire ne lui laissait aucune chance pour trouver une parade. Malgré la différence de niveau, il savait que les sbires Rocket n'étaient pas réputés pour être de bons dresseurs. Ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il fasse une erreur fatale pour son pokémon.

- On en finit avec Vibraqua !

Le Serpenroc était déjà coincé dans une attaque Ouragan lancée quelques secondes plus tôt qui brisa la sphère d'eau et la fit cingler le pokémon Roche/Sol. Le sbire Rocket n'eut pas le temps de crier un ordre à son pokémon qu'il était K.O. Puis l'Ouragan prit fin et l'Onix tomba sur son propriétaire et le bloqua

- Ça t'apprendra à vouloir racketter des enfants.

Léopold venait de l'assommer avec un bout de bois. Il attrapa la pokéball du Onix, lui fit rentrer dans sa pokéball qui remit à la ceinture du sbire Rocket avant d'en décrocher d'autres qu'il rangea dans sa propre poche après les avoir examinés. Il fit rentrer son propre pokémon puis se mit à traîner le corps inconscient de son adversaire vers Safrania. Rapidement, il n'eut plus assez de force pour le tirer et appela son Tygnon qui l'aida à le porter jusqu'au commissariat.

- Bonjour, agent Jenny. J'ai vu ce Rocket racketter des enfants dans le souterrain reliant la route 7 et la route 8. J'ai voulu l'en dissuader mais il a voulu s'enfuir. Je l'ai poursuivi et assommé. Je vous laisse aussi les pokéballs qu'il a volé aux enfants. Si jamais vous les retrouvez, ça leur fera plaisir je pense.
- Tu sais que ce n'est pas ton travail d'arrêter les criminels. Je pourrais t'arrêter pour coups et blessures volontaires.
- Je sais, votre collègue me l'a déjà dit la dernière fois mais je veux aider.
- Alors passe le concours. Enfin, tu fais ce que tu veux.

Léopold sortit du commissariat et se dirigea sa maison près de la sortie Ouest de la ville.

Il vivait encore avec ses parents malgré ses vingt ans. Faisant encore des études, il ne voulait pas ''perdre du temps'' avec un travail alimentaire. Il était en deuxième année à l'université car il n'arrivait pas à faire un choix parmi les différentes choses qu'il l'intéressait.

Il s'était découvert une passion pour le dressage et les combats pokémon assez tardivement. Dans la région, la plupart des enfants partent en voyage initiatique l'année de leur dixième anniversaire. Léopold n'était pas intéressé par ça à l'époque. Il avait bien des pokémons : un Caninos et un Tygnon que ses parents lui avaient offert respectivement pour son entrée au collège et pour la réussite de son bac mais il les considérait plus comme des amis, des membres de sa famille plutôt que comme des animaux. Mais lorsqu'il avait vu en rediffusion la finale de la Ligue Pokemon de Kanto, il y a quelques années, il avait compris l'enthousiasme, l'adrénaline, l'effet grisant de gagner contre toute attente qu'on éprouvait pendant les combats pokémons. Il s'était alors fixé comme objectif de devenir le meilleur dresseur du monde, à l'image de Blue et Red, les deux finalistes.

A côté de ça, il voulait aussi aider les autres. Comment ? Léopold ne savait pas trop. Il avait déjà pensé à passer le concours pour devenir agent de police. Il s'était renseigné sur les épreuves écrites comme sportives incluant les pokémons ou non, sur le salaire qu'il allait percevoir la première année puis l'évolution qu'il pouvait avoir. Finalement, il s'était dit que ce n'était peut-être pas la bonne solution ; beaucoup d'efforts pour peu de résultats. Surtout que la Team Rocket semblait avoir autant de têtes dirigeantes que l'Hydre en avait pendant son combat contre Héraclès. Cela décourageait encore plus sur l'efficacité des forces de l'ordre à mettre un terme à leurs trafics.

De plus, il était curieux de tout et cherchait tout à comprendre les choses autour de lui, quitte à être maladroit et paraître naïf. Même si sa passion pour le combat pokémon était plutôt récente, il avait beaucoup lu de livres et d'études sur la nature des pokémons et leurs talents, qui pouvaient faire varier le développement d'un pokémon et par conséquent l'entraînement suivi dans le cas d'un dressage. Il regrettait qu'il n'existe pas des parcours scolaires puis universitaires centrés sur les métiers en lien avec les pokémons comme dresseur, coordinateur, éleveur, parmi les plus connus mais aussi médecin, stratégiste, commentateur sportif etc...

Du coup, faute de savoir dans quoi il voulait s'engager après son bac, il a intégré un cursus général à l'université. Grâce à cela, il avait le plus grand choix possible de matières et avait composé son emploi du temps et son parcours en fonction de ce qui l'intéressait. Globalement ça tournait autour du dressage avec des matières comme stratégie et techniques de combat, physiologie des pokémons, apprentissage des attaques, combat direct.

C'était le soir, lorsqu'on tapa à la porte de sa chambre. Il alla ouvrir et une furie rousse le fit tomber au sol avant même qu'il ait pu dire un mot.

- Je suis tellement contente de te voir !
- Moi aussi Océane mais j'avoue que j'aurai préféré rester sur mes jambes.
- Quoi ?! Je t'ai pas manqué ?
- Pas cette partie-là en tout cas, répondit-il en se redressant.
- Mouais je sais que tu m'adores. Bref, tu as vu les affiches en ville ?
- Quelles affiches ?
- Celle du Tournoi d'Arts Martiaux. Il va avoir lieu dans le Dojo à côté de l'arène de Morgane.

Léopold connaissait bien le Dojo. Il y allait régulièrement pour s'entraîner avec son Tygnon. C'est là-bas que son pokémon avait appris auprès d'autres Tygnons et d'autres dresseurs des attaques très diverses comme les trois poings élémentaires.

- Tu veux plus être le meilleur dresseur ? Demanda Océane
- Si mais je veux être le meilleur du monde, pas juste le vainqueur d'un tournoi pour pokémon Combat.
- Ouais mais c'est en forgeant qu'on devient forgeron. Si tu n'entraînes pas tes pokémons, ils ne seront jamais assez forts. Si on fait le compte, tu as deux pokémons. Caninos que tu as depuis le collège et qui n'a toujours pas évolué, Tygnon que tu as depuis un peu plus d'un an.
- J'ai un Minidraco aussi après un semestre à m'en être occupé pour un cours à l'université.
- Ouais donc autant dire que tu as deux pokémons. Bref, tu veux vraiment être le meilleur dresseur. On sort et on va t'y inscrire.

Léopold sourit devant la candeur de sa meilleure amie. Depuis qu'il la connaissait, autant dire depuis toujours, elle avait cette chaleur, cette joie de vivre illimitée qu'elle arrivait toujours à communiquer aux autres.

- Tu souris, ça veut dire que j'ai gagné. On y va !

Océane se leva et le tira par les bras pour qu'il se lève aussi.

- Eh ! Attends que je m'habille au moins.
- Arrête ! Il fait pas si froid que ça.
- Je prends quand même une veste.

Ils marchèrent une vingtaine de minutes alors que le jour finissait de tomber. Ils arrivèrent devant le Dojo une dizaine de minutes avant qu'il ne ferme. Ils entrèrent rapidement et suivirent les panneaux fléchés indiquant le stand pour les inscriptions pour le tournoi. Sur le chemin, ils croisèrent quelques dresseurs ayant une carte entre les mains indiquant leurs numéros de participants. Dans le couloir des inscriptions, il y avait plusieurs tables avec des dresseurs et dresseuses remplissant des papiers. Lorsqu'ils arrivèrent devant l'homme recevant les candidats, Léopold fut surpris de voir son mentor.

- Hideki, qu'est-ce que tu fais là ?
- Salut Léopold, c'est le Maître qui m'a ''demandé'' de faire les inscriptions pour le tournoi. Tu es venu t'inscrire ?
- J'ai un peu été obligé, en désignant de la tête Océane.
- Je vois. J'imagine que tu vas inscrire Tygnon.
- C'est ça. Il faut que je remplisse quelque chose ?
- Oui, là tu as le formulaire où tu vas mettre tes informations et celles de ton Pokémon. Je vais te donner aussi le livret des règles du tournoi. Je te laisse aller sur la table derrière toi. Quand tu as fini, tu reviens me voir et je te file ta carte de participant.

Léopold emprunta un stylo à son mentor et alla s'installer sur une table vide. Océane prit le livret des règles et commença à le consulter. Elle lut les règles à Léopold pendant qu'il remplissait son formulaire. Le tournoi était réservé aux pokémons de type Combat et n'excluait pas les doubles types. Les attaques spéciales étaient interdites, de même que les attaques aléatoires comme Métronome. Les objets étaient également interdits.

- Et voilà ta carte de participant. Ne la perds pas, sinon tu ne pourras pas passer les premières épreuves de sélection.
- T'inquiètes pas. Merci et à la prochaine.

Sur le chemin de retour chez Léopold, Océane lui fit faire un détour.

- Tu m'emmènes où comme ça ?
- Je t'ai préparé une surprise.
- Tu sais que j'apprécie pas les surprises.
- Ouais mais celle-là elle va me plaire.
- Comment ça, elle va TE plaire ?!
- J'ai réservé une table pour deux dans un petit restaurant dans le centre-ville.

Léopold souffla mais ne dit rien. Il savait qu'une fois l'idée en tête Océane arrivait toujours à ses fins. Il réussit néanmoins à la convaincre de passer d'abord par chez lui pour récupérer une veste plus chaude pour le retour.

Ils s'étaient rencontrés quand ils étaient petits à l'école élémentaire. Léopold était le petit garçon tout sage, tout tranquille qui restait dans son coin, à n'embêter personne. Au contraire d’Océane qui était une pile électrique et qui venait taquiner tous les enfants, parfois méchamment ce qui fut le cas avec Léopold. Au début, leur relation était très antipathique voire carrément hostile. Puis un jour, alors qu'ils marchaient sur la même route après le collège, chacun rentrant chez soi, Océane fut attaquée par un pokémon sauvage, une Rattatac. Elle cria et Léopold se retourna pour voir que la Rattatac s'apprêtait à lui sauter dessus. Il sortit alors son Caninos de sa pokéball et lui ordonna une attaque Hurlement qui fit fuir la pokémon Souris. A partir de ce jour, Océane fut plus gentille avec Léopold et au fur et à mesure des années, ils devinrent meilleurs amis.

A la sortie du restaurant, la nuit était tombée. Léopold avait donné sa veste à Océane qui évidemment, n'avait pas pensé à en prendre une et maintenant avait froid.

- Comment se passent tes cours ? Demanda Léopold lorsqu'ils eurent rejoint la grande avenue de Safrania bordée de lampadaires.
- Plutôt bien. J'ai des cours très poussés sur la biologie des pokémons Plante ou l'utilisation de poisons dans les soins. C'est plutôt cool de comprendre certaines applications pratiques pour les humains.
- Tu pourras me montrer ? Ce sont des trucs qui m'intéressaient aussi mais j'ai dû faire des choix pour ne pas être trop chargé
- Bien sûr.
- Cool, ça pourra m'être utile pour mes combats.
- Tu penses toujours à ça ! T'es monomaniaque ou quoi ?
- Mono-quoi ?
- Monomaniaque ! Tu ne peux pas penser à plusieurs choses et tu es toujours concentrée sur une seule et unique chose. Pour toi, visiblement, c'est le combat pokémon.
- Excuse-moi d'avoir une passion !
- Tu n'es pas obligée d'en faire l'étalage à chaque coin de rue.
- Tu sais quoi ? Oublie ce que je t'ai demandé !

Léopold reprit sa veste des épaules de son amie et commença à marcher plus vite pour la semer. Océane se retrouva rapidement seule dans l'avenue. Elle ne s'en offusqua pas mais elle rageait intérieurement. Ce n’était pas comme ça qu'elle avait prévu que ça se finisse. En même temps, elle connaissait Léopold. Océane ne savait pas trop ce qu'elle voulait.