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L'Aube et le Crépuscule de AdwelSil'Gaard



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Informations

» Auteur : AdwelSil'Gaard - Voir le profil
» Créé le 20/10/2023 à 21:48
» Dernière mise à jour le 20/10/2023 à 21:48

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Organisation criminelle   Présence de Pokémon inventés   Région inventée

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Le Professeur et le Captif
Les premières lueurs de l'aube se frayaient un chemin à travers les rideaux de soie beige de la chambre à coucher du Professeur Orion. Là, au pied de son lit antique, reposait un carnet de cuir usé, son journal astronomique. Orion avait l’habitude de noter ses observations nocturnes chaque soir avant de se glisser dans son lit douillet. Vêtu d’une robe de chambre en laine légèrement usée, il se dirigea vers la fenêtre à double battant. Les rideaux s’ouvrirent, révélant la vue exceptionnelle de sa maison néo-victorienne nichée sur le flanc d’une colline verdoyante. En contrebas, la cité d’Astralia s’éveillait paisiblement, tandis qu’à l’horizon s’étendait la forêt dense d’Eternaube, canopée verdoyante s’étendant à perte de vue, aux arbres percés par les rayons dorés du levant. De la ville s’élevait le chant de la cloche de l’académie, accompagné par le froufrou du passage du train magnétique et des gammes laborieuses des élèves du conservatoire.

Orion prit une bonne bouffée d’air frais avant de se tourner vers l’intérieur. La vieille bibliothèque avait lentement évolué au fil des décennies pour refléter l’érudition profonde de son propriétaire. Les murs, faits d’un bois ancien dont l’âge était difficile à déterminer étaient tapissés d’étagères massives en chêne, leurs surfaces polies pour laisser apparaître les détails complexes des veines du bois. Elles étaient remplies à ras-bord de traités, d’encyclopédies, de parchemins et de volumes reliés à la main rédigés par ses pairs, le tout créant un labyrinthe de connaissances qui défiait la simple description. Les livres étaient classés d’une manière qui évoquait l’ordre apparent des étoiles elles-mêmes. Les ouvrages sur les constellations occupaient une section, rangés par leur position dans le ciel nocturne, des confins lointains du nord aux constellations les plus familières et accessibles. Les tomes sur les Pokémon liés aux étoiles se trouvaient dans une section spéciale, protégés par une vitrine en verre, comme des joyaux précieux. Chaque livre portait la patine du temps, des couvertures de cuir ornées d’emblèmes astrologiques, détaillant des informations précieuses sur la science des étoiles et les relations entre l’espace et les Pokémon. Les pages, vieillies par les années, étaient pleines d’annotations en marge, de croquis d’observations célestes et de notes soigneusement prises lors d’expéditions nocturnes. Chaque ouvrage était une fenêtre ouverte sur le cosmos.

Dans une toute autre section, les étagères de bois massif, dans leur lourde majesté, abritaient également des manuscrits oubliés et des grimoires centenaires détaillant les pratiques agricoles de jadis, des recueils dont Orion partageait régulièrement le contenu, pour permettre aux générations actuelles de comprendre et de préserver les traditions agricoles qui avaient permis à Cosmolhéra de prospérer pendant des siècles. Ces volumes, aux pages jaunies par le temps, contenaient des schémas de culture, des calendriers de plantations et des observations méticuleuses sur les récoltes passées. Au-delà des étagères, des cartes et des parchemins racontaient l’histoire des civilisations qui avaient prospéré et décliné dans la région. Les archéologues, passionnés par les ruines disséminées à travers Cosmolhéra, avaient documenté chaque pierre, chaque poterie, et chaque signe du passage du temps, qu’ils avaient déterré. Les rouleaux de parchemins évoquaient les coutumes de ces peuples anciens, décrivant des rituels liés aux étoiles et aux Pokémon, tout en offrant un précieux contexte historique.

Enfin, dernier pilier du sanctuaire du savoir pour tous les dresseurs et chercheurs en quête de compréhension, la dernière section de la bibliothèque était entièrement dédiée aux Pokemon. C’était un espace énigmatique où le temps semblait se dissoudre, vêtu de mystères et de merveilles. Ses étagères étaient chargées de grimoires et de tablettes ancestrales qui décrivaient en détail la relation millénaire entre les Pokémon et les civilisations passées. Les textes racontaient des légendes anciennes, des histoires de héros qui avaient tissé des liens avec des créatures légendaires et mystérieuses. Au centre de la section, une vitrine impressionnante abritait des reliques antiques, des objets qui avaient traversé les âges. Il y avait des bijoux étincelants que l’on disait créés par des Pokémon stellaires, des sceptres ornés de symboles, de vieilles Pokeball en noigrume, et des œuvres d’art anciennes représentant des Pokémon légendaires. Ces artefacts suscitaient l’admiration, rappelant au vieux professeur l’importance de l’harmonie et de l’équilibre entre les mondes terrestre et céleste chaque fois qu’il les regardait. C’était également dans cette vitrine que reposaient le vieux télescope qu’il avait hérité de son grand-père, instrument de précision, soigneusement poli et entretenu, et un vieil exemplaire du tout premier Pokédex électronique que lui avait envoyé son ex-homologue de Kanto il y avait de cela trente ans.

La vue de l’appareil rouge le replongea soudain des années en arrière, alors qu’il était un jeune étudiant avide de connaissances, à l’Université de Safrania. Dans le calme de sa bibliothèque, il se laissa emporter par ses souvenirs. Il songea avec nostalgie au Professeur Chen, son propre mentor et son guide dans le vaste univers des Pokémon. Son visage surgit dans l’esprit d’Orion, un visage sage et bienveillant, aux yeux pétillants d’enthousiasme pour les créatures qui peuplaient leur monde. Le Professeur Chen avait été la clé qui avait ouvert la porte du savoir à Orion, l’initiant aux merveilles des Pokémon et laissant une empreinte indélébile dans son cœur. Il se rappela des longues heures passées à observer les différentes créatures dans leur milieu naturel, des découvertes fascinantes qu’il avait faites avec sa promotion et des précieuses connaissances que Chen leur avait transmises. Orion se remémora avec amusement le jour où il avait joué un tour à ses amis en échangeant les Pokeball de leurs Pokémon, provoquant des réactions hilares au moment de la révélation. Et puis il y avait eu ce moment où le jeune Orion avait décidé d’explorer une forêt dense, à la recherche d’un Pokémon rare, sans avertir personne. Lorsque le Professeur Chen l’avait finalement retrouvé, couvert de boue et entouré de créatures curieuses, il l’avait sévèrement réprimandé de son imprudence et envoyé nettoyer son équipement. Mais ce n’était rien comparé à la sanction que le Professeur Sorbier, son principal, lui avait infligée : un sermon abrupt suivit d’un magistral coup de pied dans le derrière ! Orion éclata de rire en repensant à cette journée qui s’était heureusement bien terminée. Le Professeur Chen l’avait raccompagné à son dortoir en lui racontant les quatre-cent coups qu’il avait fait lui-même dans sa propre jeunesse.

Mais à présent Chen et Sorbier étaient morts, et leurs enseignements étaient désormais les siens à transmettre. Orion savait que son travail en tant que professeur lui permettait de perpétuer l’héritage de son mentor et de guider de nouveaux esprits curieux vers les Pokémon et les étoiles. La nostalgie se mêlait à la détermination dans son cœur, lui rappelant l’importance de l’enseignement et de l’amour pour les Pokémon. C’est avec cette pensée qu’il s’en alla à ses devoirs, déterminé à transmettre la passion et la sagesse qui lui avaient été inculquées, afin de préserver la tradition et le lien intemporel entre les étoiles, les Pokémon et les humains de Cosmolhéra.

En descendant à la cuisine, la bouilloire en cuivre platiné était déjà prête. Les herbes qu’il avait cueillies la veille infusèrent dans l’eau chaude, créant une fragrance apaisante. Il s’assit à la table en chêne massif, savourant son thé et méditant sur sa journée à venir. La première tâche de la journée était de répondre aux correspondances. Il avait reçu des lettres d’universitaires, d’amateurs passionnés, et de jeunes enfants curieux. Soucieux du détail, il écrivit ses réponses telles de véritables essais scientifiques, décrivant avec précision les caractéristiques des Pokémon qu’il élevait, partageant avec ferveur son savoir sur les étoiles et sur la nature. Alors qu’il écrivait, la lumière du soleil inondait la pièce, l’encadrant d’une aura presque mystique. Sa plume glissait sur le papier avec une aisance remarquable, ses mots de déployant tels les constellations dans le ciel nocturne. Dans cette atmosphère imprégnée de connaissance, il pouvait presque sentir auprès de lui la présence bienvenue de son vieux mentor. Pour les universitaires, il partageait ses dernières découvertes sur les influences stellaires sur les Pokémon de Cosmolhéra, accompagnées de graphiques et de références détaillées. Pour les amateurs passionnés, il racontait des anecdotes sur ses observations nocturnes mémorables et donnait des conseils avisés, avec occasionnellement une pointe d’humour, rendant ses lettres accessibles à tous. Quant aux lettres aux jeunes enfants, il les traitait avec une patience infinie. Il accompagnait ses réponses d’illustrations de Pokémon dessinées à la main et d’histoires sur les aventures cosmiques des créatures, cherchant à stimuler la curiosité des enfants et à les encourager à l’exploitation des merveilles du monde. Chaque lettre était une œuvre d’amour, et à mesure qu’il les rédigeait, il ne pouvait s’empêcher de sourire en pensant à l’impact que sa passion pourrait avoir sur les autres, tout comme le Professeur Chen l’avait inspiré dans sa jeunesse.

Après avoir achevé la ses réponses méticuleuses aux lettres, le Professeur Orion se sentit immergé dans une aura d’accomplissement. La table en chêne massif, autrefois constamment couverte de parchemins anciens, témoignait désormais de sa mission éducative. Dans ce sanctuaire du savoir, il percevait l’écho des générations passées, de tous ceux qui avaient transmis le flambeau du savoir et de la sagesse. Un léger soupir lui échappa alors qu’il contemplait la pièce baignée dans la lumière du jour et repensa à une ancienne citation qu’il avait naguère entendue et à laquelle il se sentait, de par sa passion de l’enseignement et de la préservation des connaissances, intrinsèquement lié : L’avenir ne peut être compris sans savoir ce qu’il y a derrière nous. Toutefois, un devoir plus immédiat le ramena à la réalité. Un doux murmure venu de l’extérieur lui rappela que ses Pokémon avaient eux aussi besoin d’attention. Il se leva de sa chaise, se dirigeant vers la porte, et, le temps n’étant plus à l’avitaillement de l’esprit, résolu à nourrir et soigner ses précieuses créatures.

Il poussa la lourde porte, révélant le monde extérieur imprégné dans la lumière de l’aube. La douce lueur de l’astre solaire enveloppait sa vieille maison, la faisant paraître presque intemporelle, comme un monument au savoir niché sur le flanc de sa colline. Il fit quelques pas hors de chez lui, sur le gravier croustillant du chemin qui serpentait à travers son pré. L’air matinal était frais et revigorant, comme une symphonie vivifiante qui effleurait sa peau. Il inspira profondément, laissant les arômes de sa colline envahir ses sens. Le chant des Pokémon oiseaux, mélodique et apaisant, faisait écho dans l’atmosphère paisible. C’était un instant magique où le lien entre l’observateur solitaire et l’obscurité scintillante de l’horizon semblait se renforcer. Ici, dans cet environnement serein, il se sentait en osmose avec la nature. La vaste étendue du ciel, le passage des nuages et le frémissement du vent à travers l’herbe fraîche étaient autant de pages dans un livre ouvert aux yeux du professeur, un livre où il pouvait se plonger, à travers les histoires des astres et des Pokémon, passées et à venir. Là, debout sur le seuil de son sanctuaire, le Professeur Orion était prêt à poursuivre sa routine matinale et pensa à une autre citation : Les vérités que l’on découvre au bout d’un chemin sont encore plus riches que celles qui étaient visibles depuis le départ. Chaque pas qu’il faisait dans ses champs, chaque observation des Pokémon qui peuplaient sa propriété, apporterait un nouvel éclat à ces vérités cachées. Et ainsi, il descendit la colline, vers le pré, guidé par le désir de comprendre le monde qui s’étendait à perte de vue devant lui, prêt à dévoiler ses secrets à celui qui était prêt à les découvrir.

Il s’approcha du premier enclos, où paissaient ses Pokémon herbivores, en harmonie avec la nature environnante : Tauros, Frison, Domphan, Chevroum, des Vivaldaim, des Wattouat, et quelques Cocotine et Cériflor. Ils étaient un peu les gardiens de ses terres, prenant soin de l’équilibre fragile de l’écosystème qu’il chérissait. Chacun de ses gestes, chaque interaction avec ces créatures, reflétait un respect profond pour le monde qui l’entourait. Orion avait une routine bien établie. Il portait un tablier de toile, taché par d’innombrables saisons passées à nourrir ses amis Pokémon. Dans un seau, il avait rassemblé avec soin un mélange de légumes, de fruits et de baies, soigneusement selectionnés pour répondre aux besoins nutritifs de chaque espèce. Il avait passé des années à étudier leurs préférences, à observer leurs habitudes alimentaires, à découvrir ce qui favorisait leur bien-être. S’il consacrait sa vie à l’étude du cosmos et de l’histoire, il n’avait jamais perdu contact avec le monde tangible sous ses pieds. Pour lui, il n’y avait pas de dissonance entre la science des étoiles, l’analyse du passé et le soin des Pokémon. C’était les trois mouvements d’un même concerto, la partition de la vie elle-même.

Il ouvrit la porte de l’enclos. Ses amis Pokémon, reconnaissant sa silhouette familière, s’approchèrent, émettant des gazouillements et de petits cris amicaux. Il les connaissait tous par leur nom, leurs caractéristiques et leur histoire. Il parlait avec eux, leur murmurant des mots apaisants, partageant des moments de tendresse. Orion distribua avec précaution les mets qu’il avait préparés. Chaque Pokémon s’avança pour recevoir sa part. Il observa leur comportement, veilla à ce que chacun ait accès à la nourriture. Dans ses yeux brillait une émotion sincère, une profonde connexion avec ces créatures. Il n’y avait rien de superflu, rien de gaspillé dans cette routine. Il était au service des ces êtres qui lui avaient tant appris, des leçons de vie que lui seul pouvait comprendre. Chaque instant passé dans cet enclos n’était pas seulement un acte de soin, mais un acte d’humilité face à la splendeur de la nature. Lorsque le dernier Pokémon eut reçu sa portion, Orion prit le temps de les observer. Il nota les détails subtils dans leur comportement, des signes de santé, des signaux d’harmonie. Il connaissait les signes avant-coureurs de problèmes potentiels, et il était déterminé à intervenir si nécessaire. Ce qui était réellement remarquable, c’était le calme qui régnait. Le Professeur Orion n’avait pas besoin de cris, de claquements de fouet ou de gestes brusques. Les Pokémon ressentaient son amour et sa bienveillance, et cela suffisait à les guider.

Lorsque tout fut terminé, Orion leur adressa un sourire et une dernière caresse. Puis il quitta l’enclos, refermant la porte derrière lui. Son âme était en paix, ses amis herbivores nourris et chéris. Il savait que dans ce coin du monde, l’harmonie régnait, et que cela était en grande partie grâce à son dévouement à la fois envers les étoiles et envers la terre sous ses pieds. C’est avec cette pensée réconfortante qu’il se dirigea à présent vers l’enclos des carnivores et la volière.


~*~


Lorian s’éveilla, le corps endolori, dans une cellule sombre et étroite. La lueur d’une faible ampoule vacillante révélait les murs en pierre brute et le sol en béton dur. Tâtonnant dans l’obscurité, il chercha désespérément des repères pour comprendre où il se trouvait. La froideur du sol sous ses doigts, l’humidité dans l’air, le bourdonnement constant des néons au dessus de lui. Tout lui semblait étranger, menaçant. Une angoisse grandissante l’envahit alors qu’il réalisa qu’il était enfermé dans cet endroit hostile, sans aucun souvenir de la façon dont il y avait atterri. Groggy, il ferma les yeux un instant, tentant de rassembler ses souvenirs brumeux, cherchant des indices sur ce qui s’était passé. Les souvenirs commencèrent à s’assembler peu à peu, comme des fragments de verre brisé. Une douleur lancinante résonnait dans sa tête, mais lentement, comme des images se formant à l’horizon, il commença à revivre le combat.

Il se souvint d’abord de la fraîcheur du jour, du sentier escarpé. Le parfum envoûtant des fleurs de montagnes, mêlé aux effluves de la douceur des pins. La montagne, les sommets majestueux qui le surplombaient, laissant échapper des échos de leur grandeur immémoriale. Le féroce rugissement. Puis les ombres qui se mouvaient, dévoilant des formes furtives et menaçantes. Un bruit sourd de bottes claquant sur les rochers résonnait dans ses oreilles. Il se rappela de son propre souffle, régulier malgré le danger, et du poids de son sac à dos sur ses épaules. C’est alors qu’il vit le Persian, ce Pokémon élégant et mystérieux, qui se tenait face à lui, menaçant, ses yeux étincelants reflétant les lueurs de l’aube. À côté du Persian, cet autre Pokémon. Solylume. Il se souvint des mots de l’agente mystérieuse qui l’avait défié avec ses deux créatures redoutables. Le cri de son Cryptéro lui revint brusquement, son fidèle compagnon tombé au combat. La panique s’empara de lui, alors qu’il se demandait ce que son Pokémon était devenu. Cryptéro avait été son ami et son allié depuis tant d’années, et l’idée qu’il ait pu être en danger le plongea dans un abîme d’inquiétude.

Lorian secoua la tête pour se débarrasser de ses pensées tourbillonnantes. Il devait se concentrer sur le moment présent et tenter de comprendre où il était et ce qui se passait. Son esprit était une toile de Statitik complexe de souvenirs fragmentés et d’incertitudes. Il savait qu’il devait démêler ce mystère pour retrouver son Pokémon et découvrir les intention de cette terrible organisation, mais à présent, il se sentait juste impuissant. Saisi par ce sentiment oppressant, il se mit à scruter le murs de sa cellule. Les pierres froides semblaient étrangement hostiles, témoins muets de son confinement. Son cœur battait violemment dans sa poitrine alors qu’il tentait de comprendre sa situation. Lentement, la réalité s’installa, implacable et inquiétante. Il était prisonnier, isolé, sans contact avec le monde extérieur. Et la crainte de ne plus jamais revoir son fidèle Cryptéro était une douleur insoutenable. La frustration monta en lui comme un raz-de-marée, et il se sentit submergé par un mélange de colère et de désespoir. Dans un acte impulsif, il se rua vers les barreaux de la cellule, ses mains s’agrippant aux barres de fer froides. Son cri retentit dans le silence de la prison, résonnant comme un défi lancé à l’inconnu.

« Où suis-je ? » Hurla-t-il, sa voix vibrante d’une émotion qu’il ne se connaissait pas. « Que voulez-vous de moi ? Et qu’avez-vous fait de mon Cryptéro ? Répondez ! »

Sa voix, mêlée à la frustration et à la peur, était un cri d’impuissance face à l’obscurité qui l’entourait. Au-delà des barreaux, l’énigmatique agente qui l’avait capturé détenait les réponses à ses questions, il le savait.

« Cesse donc de t’égosiller, gamin ! Personne ne viendra te répondre. Et tu m’empêches de dormir ! »

Dans les ténèbres de la cellule, les yeux de Lorian, habitués à l’obscurité relative, finirent par distinguer une silhouette qui se détachait à peine du mur de pierre. C’était un homme vêtu de haillons, ses vêtements autrefois élégants maintenant réduits en l’état de vulgaires guenilles. Une barbe hirsute, longue et touffue, masquait partiellement son visage fatigué et marqué par les années. Ses cheveux bruns parsemés de touffes argentées tombaient en mèches désordonnées sur son front ridé. Sa posture était celle d’un homme usé par la vie, mais ses yeux brillaient d’une lueur vive et observatrice, malgré l’obscurité. Il portait un long manteau brun, jadis élégant, mais maintenant taché de boue et de crasse. Les pans du manteau semblaient raclés par de multiples confrontations, et il était difficile de dire si les taches sombres étaient dues à la saleté, à la sueur ou à quelque chose de plus sinistre. Ses bottes usées et crottées semblaient avoir parcouru des kilomètres de paysages hostiles, et les coutures de cuir qui les maintenaient ensemble montraient des signes évidents d’usure. Tout en lui paraissait délibérément négligé, comme si les luxes et les conventions sociales lui étaient devenus étrangers. Pourtant, malgré son apparence misérable et fatiguée, la figure de l’homme exsudait une aura mystérieuse et un calme profond, comme s’il portait le fardeau du monde sur ses épaules. Ses yeux, d’un brun assez terne, semblaient capables de percer les secrets les plus sombres. En observant le vieil homme, Lorian eut l’impression d’être confronté à une énigme complexe et fascinante, une énigme à laquelle il était désormais lié malgré lui.

Quelque peu désorienté par la situation, il brisa le silence de la cellule, sa voix trahissant à la fois la confusion et l’angoisse.

« Qui êtes-vous ? Où sommes-nous ? Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Le vieil homme, visiblement agacé d’être ainsi tiré de sa courte sieste, se redressa et répondit d’une voix rauque et empreinte d’une pointe d’irritation.

« Beladonis, c’est mon nom, du moins le pseudo que je peux te révéler. On est au sous-sol d’un poste avancé de la Team Obscuria. Et je dirais que t’as trouvé ton chemin jusqu’ici d’une manière quelque peu… inconventionnelle.
- La Team Obscuria ? »

Beladonis émit un rire gras qui évoquait vaguement le cri d’un Groret.

« Un peu, mon n’veu ! C’est une organisation qui sévit dans la région. Je travaille aux FPI, et ma boss m’a envoyé ici pour enquêter. Mais il semblerait que ma couverture ait été compromise. J’me demande bien ou j’ai pu merder… »

Lorian se garda bien de répondre, mais la tenue quelque peu excentrique de l’homme qui se tenait face à lui parlait d’elle-même. Effectivement, tout indiquait qu’il était en fait un agent sous couverture, et son caractère baroque ne devait pas non plus aider à la discrétion. Lorian se tut cependant et garda ses réflexions pour lui, préférant écouter ce que Beladonis avait à dire sur la situation. Ce dernier, un sourire légèrement sarcastique au coin des lèvres, reprit de plus belle.

« La Team Obscuria, comme je l’ai dit. Oh, j’en ai vu, d’ces sectes qui voulaient contrôler l’univers ou libérer les Pokémon ! Mais là, j’dois bien admettre que cette organisation est bien plus dangereuse qu’elle le laisse paraître. J’ai été envoyé ici pour enquêter sur leurs activités, mais je n’ai pas trop réussi à tromper leurs sbires et ils m’ont grillé assez vite. C’est comme si j’avais frappé à leur porte en criant ‘Salut, les méchants ! Je suis là pour vous surveiller !’. P’t-être pas une si mauvaise tactique ça, faudrait que je la note. »

Puis il secoua la tête avec un mélange d’agacement et d’amertume, alors que Lorian s’adossait au mur de la cellule, l’exaspération et l’inquiétude s’emparant de lui. Coincé ici, seul avec ce drôle d’énergumène, il médita sur la délicatesse de sa situation. Les barreaux, les murs froids, et le mystère de cette organisation, se resserrèrent autour de lui comme un piège inextricable. Il fixa un regard las sur le détective aux vêtements délirants, se demandant comment diable il s’était retrouvé dans cette situation absurde. Le lourd silence reprit ses droits, et Lorian, réfléchissant à la folie de tout cela, soupira et se laissa tomber à même le sol.