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Pourquoi demande-t-on aux dragons de garder les trésors? de SupraEnergy



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» Auteur : SupraEnergy - Voir le profil
» Créé le 25/09/2023 à 22:41
» Dernière mise à jour le 25/09/2023 à 22:41

» Mots-clés :   Drame   Fantastique   Présence de personnages du manga   Romance   Suspense

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- Leava ?

J’ouvrai les yeux.

Nabil était en train d'avaler une gorgée de son gobelet de café.

- On arrive dans quinze minutes ! T’as quasi dormi tout le voyage !

Le galop étouffé du train fit doucement vibrer mes sens : je m’étirai un peu en baillant profondément.

Petit à petit, mes souvenirs se réactivèrent : en un instant, je repassai les objectifs qui m’attendaient à Motorby. Mais entre parler à Roy puis à Tarak, lui demander la lettre de recommandation et surtout, faire en sorte qu’ils ne devinent pas nos véritables intentions, tout ça me semblait impossible à réaliser en une seule journée.

- J’avais écrit au frangin hier soir mais pas de réponse… Enfin, la première chose à faire est d’aller poser les bagages à l’hôtel du Rozbouton d’or, souligna alors Nabil en observant son Motismart.
- J’espère quand même qu’il donnera signe de vie, continuai-je, soucieuse.
- T’inquiète ! Il n’a peut-être pas le sens de l’orientation mais il a celui des priorités !
- Mouaip…

Voltia s’était tournée vers l’œuf, le poussant légèrement avec son museau.

- Toi aussi, t’as hâte de connaître notre coéquipier, riai-je doucement.

Elle me répondit dans un jappement affirmé avant de venir s’engouffrer dans mes bras.

- Tu sais, après m’avoir dit que tu as entendu cet œuf t’appeler, je suis allé lire des articles scientifiques au sujet des œufs de Pokémon hier soir et je suis tombé sur des informations assez dingues, raconta Nabil en prenant l’air plus sérieux.

Je levai la tête, intriguée.

- Il paraitrait que des dresseurs à qui l’ont a confié un certain œuf de Pokémon disent avoir senti un genre d’appel, comme si le bébé leur parlait… selon les cas déjà observés, il existerait une sorte de synergie qui permettrait à ceux qui en sont capable, d’entrer naturellement en télépathie avec un Pokémon !

Je jetai un œil vers mon mystérieux futur partenaire, restant tout ouïe.

- Mais il n’existe aucune explication rationnelle. On déduit seulement que les Pokémons seraient capables de percevoir le monde dans leur œuf et donc, pourraient communiquer concrètement avec lui, continua-t-il en fronçant les sourcils.

Je me raidis un peu.

- Ça pourrait déjà éclaircir pourquoi j'ai entendu sa voix. j’avais l’impression qu’il savait ce qu’il se passait autour de lui… Je me demande ce qu’il a pu voir au sein de la Monochrome… Soufflai-je, préoccupée.

Je contemplais l’œuf : ces grandes taches rougeâtres me semblaient étrangement plus vivifiantes. Nabil se pencha alors légèrement sur le petit comptoir qui séparait nos deux places assises.

- N’empêche… ça me fait flipper de savoir qu’il vient peut-être d’un laboratoire pas très réglo…

Le wagon était heureusement peu occupé malgré l’heure avancée de la matinée. Je me penchai aussi, murmurant.

- Je sais bien mais c’était trop dangereux de le laisser chez toi… Imagine si la Monochrome le recherche et débarque à Paddoxton.
- Tu crois toujours que tout ça leur appartient ?
- Le nom était écrit en grand sur l’épave, il te faut quoi de plus ?
- J’sais pas… voir des espions de cette société débarquer dans le train et nous arrêter en flagrant délit de tentative de dénonciation, d’accusation d’usurpation et de vol d’œuf ?

Soudain, la voix du chef de train fit sursauter mon ami d’enfance !

Un Wimessir, un Pokémon touffu ressemblant à un petit faune violet et qui accompagnait le contrôleur fronça ses grands yeux mauves droit sur lui. Il sembla lui sommer dans un grognement nerveux de ne pas faire trop de bruit.

Son maître en revanche, jeta un œil amusé vers Nabil, à moitié tordu sur son siège.

- Ma grosse voix vous a-t-elle effrayé, jeune homme ?
- OUI… Euh, pas du tout monsieur !

J’avais toutes les peines du monde à dissimuler un rire nerveux. Le chef de train me regarda ensuite d’un air étrange. Et soudain, son visage s’illumina.

- Tiens, je vous reconnais : Vous êtes la dresseuse avec le Voltali dans la vidéo de combat qui tourne à plein régime, là ! Mes petits-enfants n’ont pas arrêté de me parler de vous ! ils ont intégré votre fan-club d’ailleurs, c’est qu’ils sont au moins une petite dizaine là-dedans !

Le Wimessir semblait lui aussi poser un regard familier sur moi. Voltia le salua alors avec un jappement prononcé. Quant à moi, j’étais paralysée de gêne.

- Ça va envoyer du lourd cette année, c’est clair ! Soutint alors Nabil tout sourire pour ne rien arranger.
- Vous êtes adorables mais il y aura de la concurrence, rappelai-je d’une voix torturée.
- C’est certain, ma petite ! C’est le vingtième anniversaire cette année et qu’est-ce que j’en entend des dresseurs rêver de détrôner notre grand héros national, Tarak ! Mais si ça se trouve, je m’adresse à la prochaine Maître de Galar ? Déblatéra le chef de train.

Mon rire maladroit me fit probablement sourire de travers.

Le contrôleur prit ensuite congé de nous en poursuivant son appel à tickets de train dans le wagon, imité aussitôt par son Wimessir. Voltia grogna légèrement, probablement interpellée par notre anxiété commune.

- La peur de ma vie ! Heureusement qu’il ne nous a pas entendu, soupira ami d'enfance, accoudé à la petite table.
- Et moi j’avais oublié cette vidéo, génial !
- Hey, t'a géré un robot tueur, quand même ! T’auras aucun problème à gérer ton statut de superstar !
- Tes comparaisons n'ont aucun sens, Nabil.

Je jetai alors un œil autour de moi avant de sortir de mon sac, un document en carton brunâtre. Je le posai ensuite délicatement sur la table de notre compartiment.

- Parlons sérieusement... J’ai rassemblé un maximum de choses qui pourraient nous être utiles, expliquai-je brièvement d’une voix chuchotée.

Je n’eus aucune peine à lire cette appréhension curieuse sur le visage de mon voisin.

- En plus des rapports universitaires de Winscor et des documents immobiliers de la Ludester Flat, il y a un troisième endroit que papa mentionne dans ses recherches… Il se situe à Skifford.

Je sortis avec précaution une feuille lourdement annotée du dossier, accompagnée d'une photo : sur le cliché, l’on voyait un curieux village mercantile où d'apparents stands, restaurants et autres magasins exprimaient une intense activité touristique. En arrière-plan, parmi les lumières colorées et les décorations criardes, l'on devinait des parois rocheuses tandis que le village en question semblait plongée dans une étrange pénombre.

- Damcen Market… C’est visiblement un gigantesque marché qui a été construit dans une grotte à Skifford. Il a ouvert il y a quatre ans.
- Hey ! Je connais ! Mes grands-parents étaient allés à l'inauguration ! Ils m'ont dit que c'était si grand qu'ils n'ont pas réussi à en voir le bout !

J'hochais la tête.

- Selon les notes de mon père, il soupçonne la Monochrome de s’y procurer de la marchandise non déclarée.
- Quelle sorte de marchandise ? Du matos pour fabriquer leurs robots, tu penses ?
- Papa le précise pas mais regarde la photo...

Nabil attrapa le cliché et plissa les yeux.

- Il y a un bar qui s'appelle le "Théphlosion" ... et à côté, une épicerie en mauvais état...
- Si les notes disent juste, il s'agirait de l'entrée de leur base secrète.
- A la vue de tous ? C'est pas un peu chelou ?
- Les meilleures cachettes sont celles qui crèvent les yeux, je suppose.

Il reposa la photo sur la table.

- En tout cas, ça fait trois lieux à visiter pour trouver toutes les preuves sur l’accident que la Monobidule veut provoquer : Damcen Market, la Ludester Flat et l’université de Winscor, souligna Nabil en se frottant le menton.
- C’est ça ! Et le premier endroit pour nous sera…

Une annonce interrompit notre conversation. Je vis alors mon voisin jeter un œil à la fenêtre, avant que ce dernier ne se pare d’un éclat enthousiaste.

- On arrive à Motorby ! Tu vas adorer cette ville, Leava !


***


La gare pleine de touristes était aisément associable à l’imminence du Défi des Arènes puisque la cérémonie d’ouverture avait lieu demain. Ça me laissait à la fois songeuse et happée par une incommensurable nervosité.

Après que Nabil et moi eûmes réussi à sortir non sans difficulté de la zone, je découvris la ville d’un peu plus près : d’une majesté industrielle, elle me fascina directement par son architecture à la fois ancienne et profondément contemporaine, faites de briques rouges et de rouages en contraste avec le style rural de Brasswick. De colossales roues métalliques à vapeur tournaient à plein régime non loin de l'espace public entourant la gare, peignant la cité ancienne d’une étrange couleur d’usine mystérieuse contrôlant la mécanisation calculée du temps. Nabil m’expliqua aussi que la ville était construite en hauteur pour s’harmoniser avec un canal artificiel qui alimentaient les rouages à vapeur de la cité : " nos énergies sont produites écologiquement à Galar et Macro-cosmos s’est même attelé à travailler davantage avec les énergies renouvelables depuis maintenant dix ans », ajoutait-il.Je me rappelai alors de notre conversation au café de Brasswick, hochant énergiquement la tête.

Sur le chemin de dalles menant à notre hôtel, de grands lampadaires étaient surmontés d'affiches représentant essentiellement des Pokémons dynamaxés "parmi les plus populaires" signalait mon voisin. Enfin, Tarak n’était pas en reste puisque son image abondait aussi sur la plupart d’entre elles, accompagné toujours de son pokémon-signature, Dracaufeu.

Soudain, le Motismart de Nabil s’envola devant lui en sonnant de secs ronronnements.

- Ha ! L’frangin m’a répondu ! Il est au stade de Motorby, parfait ! L’hôtel est juste à côté !

Je sentis mon cœur s’accélérer et pour cause : je n’avais jamais réellement pris le temps de réfléchir à la forme que prendraient mes explications. Sur le chemin menant à l’hôtel, je me sentais d’ailleurs de moins en moins à l’aise : à dire vrai, depuis tout à l’heure, j’avais la sensation que les gens m’observaient du coin de l’œil à mesure que j’évoluais dans la cité sidérurgique. Voltia y’était un peu trop sensible d’ailleurs : elle grogna légèrement, la fourrure ébouriffée, tout en accélérant ses petits pas à mes côtés.


***


Le hall d’entrée de l'hôtel faisait aussi honneur au style galarien régionale avec ses escaliers de marbre, ses fauteuils de cuirs et sa statue d’or représentant les héros de jadis. Nabil m’avait même proposé de lire le livre de Sonya sur les légendes et contes de Galar qu’elle avait fait publier il y a dix ans, afin d’en apprendre davantage sur Zacian et Zamazenta. J’hochai la tête en répondant que ce serait sans doute un bon moyen de me refamiliariser avec mes racines.

Contrairement à ce que je craignais, le réceptionniste ne fit pas le difficile.

- Woah ! Vous êtes la dresseuse avec le Voltali dans la vidéo ! On parle que de vous, ici !
- Mais non ?

Un Rozbouton piailla alors sur le comptoir, décontenancé, peut-être en réaction à mon extrême enthousiasme. Le réceptionniste déblatéra aussitôt toute son admiration en évoquant même ma « rivale attitrée », Dusk, qui s’était enregistrée quelques heures avant nous. J’hochai la tête en souriant nerveusement, évitant d’avouer qu’elle était actuellement le cadet de mes soucis.

- On doit encore procéder à l’inscription mais… Souligna rapidement Nabil.
- C’est fait ! Vos deux noms apparaissent dans mon fichier !

Nous nous regardâmes.

- Vous êtes surs ? Fis-je par précaution.
- Mais oui ! Leava Truegold et vous, Nabil Dandelion, êtes son helper, n’est-ce-pas ? Vous avez été inscrits et confirmés hier soir pour le Défi des Arènes ! Ça va être grandiose cette année !
- Je parie que vous dites ça à chaque édition ! Plaisantai-je, gênée.
- Attendez, ce sont les vingt ans quand même ! Plein d’événements surprises sont prévus et…

Un autre réceptionniste, probablement son supérieur, vint le sermonner sur sa tendance à bavarder inutilement avec les clients. Nous nous fixâmes, Nabil et moi, à la fois piqués par la curiosité et l’inquiétude.

Nous leur tournâmes ensuite le dos.

- Ton frère aurait vraiment le sens des priorités ? M’étonnai-je.
- Tu en doutais ? C’est sûrement grâce à mon texto !
- Mouaip… n’oublies pas que si je ne participais pas, la Ligue de Galar passait pour une grosse menteuse… il ne m’avait pas tellement proposé de devenir challenger, non ?
- Leava, t’es vraiment convaincue qu’il ne t’apprécie pas plus que ça mais tu te fais des idées, je te jure ! Il ne ferait même pas de mal à un Bombydou !

Je crus discerner une légère gêne dans le ton de sa voix.

- Pardon, je suis un peu stressée. Au moins, on n’aura pas à le courser à travers Motorby.

Nous jetâmes ensuite un œil averti vers les réceptionnistes en pleine discussion.

- Tu as entendu ? Avec leurs événements-surprises, ça ne nous facilitera pas l’enquête… J’espère que la Ligue n’a pas vu les choses en grand… Soupira silencieusement mon voisin en croisant les bras.

- Au contraire, ça voudrait dire que La Monochrome pourrait viser l’événement le plus marquant !

Nabil sembla soucieux.

- Ouaip… Mais ils annonceront probablement les festivités au compte-goutte !

Je trouvais toujours remarquable la manière dont Nabil arrivait à contrôler son anxiété en croisant les bras, le menton levé, les lèvres fermes et les sourcils froncés. Voltia jappa un peu et je baissai les yeux sur elle. Cette dernière était en train de remuer ses oreilles en scrutant le hall. Je venais enfin de réaliser qu’elle écoutait les conversations alentours : je les entendais maintenant, tous ces dresseurs alentours, probablement des challengers, souffler des commentaires sur moi. Peut-être étaient-ils étonnés de constater que j’existais vraiment. Ils continuaient d’ailleurs de jeter de brefs regards vers nous, se demandant peut-être si j’étais approchable.

Soudain, alors que nous nous étions tournés un peu hasardeusement vers les ascenseurs, l’un d’eux s’ouvrit en harmonie avec un petit son de clochette.
Une jeune femme au style punk en sortit, le cheveu noir admirablement coiffée en belles et longues couettes, une petite robe moulante et rose sombre contrastée dans les tons ténébreux d’une large veste en cuir parcourue de fioritures en métal, les doigts parcourus de bagues criardes, des colliers luisant d’argent autour du cou et un petit sac en forme de tête de Léopardus (En tout cas, ça ressemblait bien à ce grand Pokémon panthère longiligne et élancé, à l’air sournois et au pelage couleur poison à cette distance). Ses petites chaussures à talons néanmoins dessinées comme celle d’une poupée épousaient joliment ses collants en résille tandis qu’une ceinturette habillait le bas de sa cuisse droite. Un Morpeko, Pokémon électrique et ténèbres ressemblant à un gros hamster gambadait à ses côtés.

Nabil s’illumina.

- Mais c’est Rosemary !

La concernée tourna directement la tête vers nous : son œil turquoise pétilla instantanément.

- Professeur Nabil en personne ! J’pensais pas te croiser ici, tu nous refais le Défi des Arènes ?

Elle avait cette petite voix douce et fluide qui se mariait bien mal avec son style à la fois élégant et affirmé. Mais je supposais que ça faisait partie de son charme. Je remarquais au passage et discrètement, que certains dresseurs du hall semblaient soudainement ébahis par la présence de la jeune femme.

- Ha ! Cette année je suis assistant, ma chère amie !

Il se dégagea un peu avant de tendre ses bras et ses mains bien ouvertes sur moi.

- Je te présente Leava Truegold ! Elle va faire partie des challengers de cette année ! Leava, voici Rosemary la championne de Smashings !

Je rougis, soudainement incapable d’utiliser mes lèvres. Et pour ne rien arranger, Rosemary sembla brutalement interpellée : elle écarquilla ses yeux turquoise en s’approchant un peu trop vivement de moi.

- C’est pas vrai ?! On parlait de toi avec les autres champions, y’a même pas une heure ! Comment Ils vont être jaloux !

Je me figeai un peu plus.

- Euh… Il ne leur faut pas grand-chose ?
- Tu rigoles !? Crois-moi que j’ai hâte de t’affronter à Smashings ! T’as pas du tout l’air de faire semblant sur le terrain, ça va être grisant !

Voltia jappa de joyeux appels vers Morpeko. Ce dernier sembla alors à son tour, ravie de rencontrer une star en couinant de solides réponses à son encontre.

- En fait, on ne s’y attendait pas mais le frangin a fait l’inscription à la place de Leava ! Fit remarquer Nabil.

A ma grande surprise, elle leva un sourcil.

- Bah, c’est pas Tarak ! Tu sais pas qui te recommande ou quoi ?
- Euh… Concrètement…
- Lui, il doit déjà gérer cette Dusk Lockon avec son caractère terrible ! Ça m’a rappelé Travis quand je l’ai vue au verre de bienvenu ! J’parie qu’ils vont bien s’entendre à Corrifey !

Je continuais de pencher la tête, aussi indécise dans mes mots que dans mon attitude.

- En tout cas, on était tous surpris quand il nous a dit qu’il t’avait inscrit de son plein gré ! Il n’recommande jamais aucun challenger ! Termina Rosemary.
- Mais qui ça, « il » ?

C’était pour la voir se placer subitement à mes côtés, tandis que son propre Motismart à la coque d’ébène voltigea devant nous.

- Dis Pikachu !

Un flash de lumière marqua éternellement cette drôle de complicité. Puis reprenant son téléphone volant en main, elle se mit à pianoter dessus.

- C’est peut-être pas moi qui te recommande pour le Défi des Arènes mais j’suis la première à faire un selfie avec toi ! Plaisanta alors la championne de Smashings.

J’entendais son Morpeko gesticuler à ses pieds, en chœur avec les jappements de Voltia. Nabil (qui était aussi dans le selfie mais je n’avais pas fait attention sur le moment) sortait à la championne de Smashings un rapide « tague-moi aussi, j’veux voir la photo ! ». Moi, j’étais au bord du gouffre de la gêne : si cet événement sportif appliquait d’assumer l’exposition médiatique, je n’appréhendais toujours pas cette facette du monde des starlettes malgré elles.

- D’ailleurs, tu pourrais me passer ton compte Pokégram, Leava ? Comme ça, j’pourrais suivre ton avancée ! S’exclama ensuite Rosemary en se tournant vers moi.

Je restai interdite.

- Euh… c’est que je n’ai pas de…

Nabil se décida enfin à venir à ma rescousse.

- Rosemary ! Mon frangin va s’inquiéter si on débarque pas au stade et j’connais pas trop son emploi du temps…
- Déso, je vous accapare un peu ! Mais à mon avis, il n’va pas sortir du hall avant un moment ! Il a été kidnappé par ses groupies. Une vraie starlette à chaque édition ! Se moqua gentiment la jeune femme aux yeux turquoise.

Elle plongea ensuite son regard turquoise dans les cendres de mes yeux alourdis par mille questions.

- En tout cas, je suis bien contente de t’avoir rencontrée ! J’espère qu’on se recroisera avant Smashings !

Ses yeux continuaient de pétiller avec cette maturité mariée à de la malice d’éternelle adolescente. Je me surprenais à admirer son apparent esprit plein de convictions. Moi, je tentais juste de colmater les fissures du mien en ce moment.


***


L’entrée du stade aurait pu laisser entendre qu’un match avait lieu actuellement : elle était noire de monde, autant occupée par de futurs challengers accompagnés pour la plupart de leurs Pokémons que par des touristes.

Nous avions couru sur le macadam, slalomant entre les passants pour accélérer notre allure. J’étais un peu moins rapide avec le poids de l’œuf de Pokémon sur mon dos, ayant refusé de le laisser à l’hôtel.

Une nouvelle fois, je sentais tous ces regards alourdir mes épaules : je n’aurais pourtant pas dû être aussi surprise qu’on me reconnaisse. Mais moi, je ne savais pas comment les personnes célèbres devaient se comporter : personne ne vous apprend pas à être connu, même dans le meilleur des mondes.
Voltia était en revanche excitée par le monde environnant : elle aimait l’animation urbaine et Motorby devait peut-être lui rappeler l’effervescence de Céladopole, une cité où elle adorait se rendre avec moi à l’époque.

Le bâtiment qui accueillait le terrain de combat ressemblait à s’y méprendre à une vieille et colossale usine d’où semblait s’enfuir l’essentiel de la vapeur de Motorby.

- Au moins, je suis officiellement un challenger… Soupirai-je devant les larges portes vitrées de l’entrée.
- J’me demande quand même qui a pu t’inscrire ? C’est bien la première fois que ça arrive ! Faudra penser à le remercier avec une bière de Motorby ! S’exclama Nabil en souriant.
- Certes…

Puis, un Pokémon quadrupède relativement grand me dépassa.

Il marchait d’un pas lent mais affirmé, semblant faire fi de tout ce qui l’entourait. Il jeta alors son étrange regard couleur sang vers moi : son pelage blanc enneigé contrasté avec sa tête sombre coiffée de cette étrange lame rattachée à sa tempe me fit l’effet d’une apparition fantomatique.
Ses grosses griffes épousaient avec une grâce cinglante le sol de goudron, étouffant à elles seules tous les univers du bruit. L’étrange Pokémon avait d’ailleurs nargué Voltia en grognant un son glauque dans sa direction, avant de disparaître derrière les portes coulissantes.
J’étais restée interdite.

- Ça alors… Un Absol ! Ils sont très rares à Galar, réagit Nabil derrière son ton passionné digne d’un chercheur Pokémon.
- Mais tu as vu comment il nous regardait ?

Pour certaines raisons qui m’échappèrent, ce pressentiment m’avait happé les tempes : j’avais alors la sensation que d’une minute à l’autre, quelque chose me ferait perdre le contrôle. Bien trop effrayée, j’évinçai ce picotement dans le dos d’un revers de pensée.

Le hall n’était pas moins peuplé : des tables avaient été dressées sur les côtés, offrant des boissons et quelques snacks à grignoter. Certains challengers portaient déjà leur tenue de sport officiel de la ligue, sans doute étaient-ils en plein essayage et qu’il était plaisant de se pavaner un peu avec. L’on voyait aussi la plupart des Pokémons se régaler de la nourriture qui avait été spécialement amenée sur place pour eux.

Nous eûmes évidemment aucun mal à repérer Tarak, discutant activement avec des concurrents. Nabil leva aussitôt la main dans sa direction. Ce dernier esquissa un grand sourire en posant le regard sur nous. Son Dracaufeu n’était pas loin d’ailleurs, admiré par un petit attroupement de dresseurs, leurs Pokémons en pleine admiration devant le dragon de feu qui sembla s’en amuser dans ses grands mouvements de têtes ainsi que ses yeux bleu d’azure brûlants de fierté.
Soudain, alors que mon voisin s’était déjà élancé en direction de son frère, je m’arrêtai, surprise.

Puis je me frottai les mains : des fourmillements venaient de remonter mes phalanges, échauffant mes mains.

« Qu’est-ce que… »

Je sentis brutalement Voltia se renfrogner, le grognement atterré. Je me retournai vers elle, continuant de malaxer mes poignets. Puis je m’agenouillai lentement.

- Bah ? Qu’est-ce que tu as ?

Je soulignais alors que ses grands yeux sombres s’étaient froissés d’appréhension sur Tarak.

- Content de te revoir en pleine forme, Leava !

Je me redressai un peu trop vite, manquant de perdre l’équilibre sur le Maître de Galar. Et en reprenant une vague contenance, je remarquai toute cette perplexité saccager son regard ambré. Ça commençait mal.

Voltia continuait de fixer Tarak en fronçant le museau, hostile. Je lui murmurais de se calmer un peu mais c’était peine perdue : elle avait clairement saisi l’étrange bourrasque qui bousculait mon esprit depuis mon entrée dans le stade. Nabil était à côté de son frère, tout sourire. Il n’avait pas fait attention à mon état, heureusement.

- Alors, prêt pour la cérémonie de demain, frangin ?
- Ouaip, ça va être grandiose ! Les challengers cette année promettent du lourd ! S’exclamait joyeusement Tarak.
- Paraît aussi que vous avez discuté de Leava ! On a croisé Rosemary tout à l’heure !

Il sembla hésiter à répondre.

- … Ouaip ! Y’a pas à dire, t’as fait ton petit effet, toi ! T’es déjà au centre des discussions dans la team !
Je croyais toujours entendre cette pointe d’appréhension dans sa voix mais son ton joyeux me rassurait un peu. Enfin, peut-être.
- D’ailleurs, on nous a dit à l’hôtel qu’un champion avait déjà inscrit Leava, on a cru que c’était toi ! Commença subitement Nabil.

Tarak prit soudainement cet air réjoui.

- J’étais moi-même surpris la première fois que je l’ai su ! Il ne recommande jamais personne d’habitude !
- Oui mais qui est-ce ? Demandai-je hâtivement.
- Ha ! C’est vrai qu’on voulait te le dire à Paddoxton, c’est…

Brutalement, Voltia bondit sur mes jambes !

- HEY !?

Je perdis l’équilibre sur Tarak qui me rattrapa maladroitement, coupant tous ses mots au passage. Je me redressai aussitôt pour me tourner vers mon Pokémon, abasourdie.

- Mais Voltia !? Ça va pas !?

Elle secoua alors la tête en grognant frénétiquement vers le Maître de Galar.

- Elle a peut-être faim ? Il y a de la nourriture Pokémon sur les tables, ça lui fera sûrement plaisir ! Dédramatisa Tarak.
- Mais tu as mangé dans le train !
- C’est simplement la foule qui doit l’impressionner ! D’ailleurs, vous devez être assoiffés, le voyage depuis Brasswick est assez long, rassurait toujours le Maître de Galar avec ses grands sourires en papier glacé.

Il se dirigeait déjà vers les tables. Des challengers le saluaient au passage dans l’engouement général du hall, évinçant heureusement le léger accident de tout à l’heure. Je veillais sur Voltia du coin de l’œil : elle jetait des regards inquiets vers moi.

Après nous avoir tendu nos breuvages de bienvenu, je piaffai d’impatience en tentant à nouveau de lui demander le nom de mon toujours mystérieux recommandeur. Mais il se désintéressa de notre présence, fixant des mouvements qui s’étaient amoncelés vers les portes des grands couloirs du stade. Il fit alors tonner sa voix claire et affirmée en passant entre Nabil et moi.

- Chers amis ! C’est avec une immense joie que je souhaite la bienvenue à tous les challengers à notre verre de bienvenu organisé par la vingtième édition du Défi des Arènes ! Pour l’occasion, la Ligue vous offre un t-shirt décoré du logo anniversaire, et signé par tous les champions de Galar !

Des employés du stade s’étaient activés en silence au fond du hall, apportant de grands cartons portés par de solides Mackogneurs. Tarak avait rapidement rejoint les employés de la ligue pour aider sans doute à la distribution. Dracaufeu avait rugi joyeusement pour soutenir l’effervescence générale tandis que j’entendais certains challengers tomber en extase devant ce cadeau banal. Nabil souffla même un « génial » très appuyé par les étoiles qui ornèrent ses yeux dorés même si je ne l’avais écouté que d’une oreille. Ces picotements chauds et secs venaient de reparcourir mes phalanges, me forçant à balayer minutieusement la foule environnante. Voltia explora, elle aussi, tout ce qui l’entourait d’un œil très averti, humant l’air et remuant les oreilles.

Nous nous sentîmes observées toutes les deux.

- Là !

Mon voisin faillit renverser sa limonade. Au même moment, ma guerrière électrique poussa quelques solides jappements en fixant un point précis.

Absol venait d’apparaitre dans la foule, zigzaguant entre les challengers et les touristes. Il ne daigna pas détourner son regard couleur sang.

- C’est drôle, il a l’air d’appartenir à personne ?
- Oui, c’est curieux... NON, VOLTIA !?

Mais ma voix sèche ne suffit visiblement pas à calmer son ardeur : elle était déjà devant lui.

Absol la toisa alors avec un silence singulier, lorsque je m’approchai vivement de cette dernière. Il leva lentement son regard sang pour le plonger dans les cendres du mien en grognant doucement.

Je regardais discrètement autour de moi, perplexe : personne d’autre ne semblait faire attention à lui depuis tout à l’heure. Mais Voltia s’acharna à communiquer, aboyant d’un ton ferme sur le Pokémon ténébreux. Elle avait l’air de lui demander pourquoi il s’attelait autant à nous dévisager.

Brutalement, il jappa à son tour vers mon sac en bandoulière en secouant légèrement la lame qui ornait sa tempe gauche. Mes picotements redoublèrent. Légèrement désorientée par un vertige, j’essayai de questionner le Pokémon ténébreux en fronçant les sourcils. Mais soudain, il se déplaça légèrement sur la gauche pour lever son museau sur une grande paroi entièrement couverte par une large banderole.

Je l’imitai : c’était pour voir un Dracaufeu Gigamaxé, entouré de flammes orangées sous un ciel orageux parcouru de foudre violacée. Je posais instinctivement la main sur mon sac où se trouvait l’étoile vœu de mon père.

- Tu le fascines drôlement, on dirait ! S’amusa Nabil en croisant ses bras au-dessus de sa tête.

Absol restait étonnamment calme malgré les jappements intempestifs de Voltia. Mais ce marteau ne cessait plus de frapper mes tempes. Mon ami d’enfance attrapa alors quelques granulés noirâtres sur la table avant de s’agenouiller vers le Pokémon ténébreux.

- Ça va te plaire ! C’est pour les Pokémons de ton type !
- Tu ne devrais pas…

A ma grande surprise, il lapa la nourriture en grognant presque affectueusement. Nabil caressa ensuite Absol sans aucune crainte en lui susurrant des mots gâteux.

Subitement, Voltia poussa un aboiement provocateur. Nabil jeta un œil derrière lui, surpris. Le Pokémon ténébreux se raidit alors dans un son rauque angoissant, répondant à la menace de Voltia.

Mon cœur fit le saut de l’ange.

- Fais gaffe, il va… !

Et il bondit au-dessus de mon voisin, utilisant les épaules de ce dernier comme tremplin avant d’atterrir élégamment derrière lui. Je vis Nabil perdre l’équilibre et s’étaler sur le parquet, quelques secondes avant que le Pokémon ténébreux ne se jette sur moi pour m’arracher furieusement mon sac en bandoulière !
Déséquilibrée par sa force (et Voltia qui s’était collée contre mes jambes aussi) je trébuchai contre les tables, manquant d’envoyer tout son étalage à la renverse !

Je relevai la tête, vérifiant déjà si l’œuf que je portais toujours dans le dos avait survécu au choc.
Puis je tournai la tête.

Absol me refixait à nouveau, le muscle tendu et l’œil brillant de malice.

Quelque chose luisait entre ses dents pointues.

La boite en bois vernie de mon père gisait en deux morceaux sur le sol.

Puis il fila brutalement dans la foule, virevoltant sur ses pattes agiles.

Voltia sauta en avant sous mon cri de surprise. Nabil se releva maladroitement, alarmé.

- Ho merde ! Lâcha-t-il instantanément.
- L’’étoile vœu ! Il l’a pris, cet enfoiré !
- C’est malin, tu l’as laissé faire !
- Et toi, tu as eu l’idée géniale de lui donner à manger !

Nous étions maintenant deux énergumènes à poursuivre un Pokémon que personne d’autre ne semblait remarquer dans notre débandade, slalomant entre les challengers, manquant d’en bousculer et se cognant sur d’autres aussi. Actuellement, je ne gérais pas spécialement bien ma notoriété.

Nous le vîmes soudainement à quelques mètres de nous, et dans le dos de Tarak : c’était évidemment la zone la plus peuplée pour ne rien arranger.

Le Maître de Galar continuait visiblement sa distribution de t-shirts avec minutie. Et Absol nous toisait en fronçant les yeux, tout en mordant fermement dans la comète. J’aurais même pu jurer l’entendre ricaner entre ses crocs recourbés.

Voltia gesticula, ressentant sensiblement la tornade qui retournait mes ventricules : j’avais la sensation de percevoir les yeux du Pokémon ténébreux se délecter de l’absurdité de cette situation dans un rire glaçant.

M’approchant le plus prudemment possible, je lui murmurai de garder son calme.

Et puis je me jetai sur lui, dans l’espoir naïf que j’allais arracher très facilement la comète de sa gueule !

Seulement, une esquive prodigieuse de ce dernier me fit atterrir sur Tarak.

Nabil cria dans la foule en vain.

Le Maître de Galar tomba en avant et je l’entendis assez maladroitement se rattraper dans les cartons de t-shirts et sous le regard épouvanté des Mackogneurs. Des voix surprises s’élevèrent tout autour de moi.

Je ne perdis alors pas de temps à me figer devant le regard perplexe (et un peu agacé) de ce dernier lorsqu’il me toisa de toute ma personne.

- Leava ?! Quel Ectoplasma t’a possédé ?!

Je devins rouge comme une baie Tamato.

- C’était pas toi que je…

Soudain, j’aperçus Absol s’approcher des portes menant aux grands corridors du stade. Je criai dans sa direction. Tarak se retourna temporairement mais ne sembla pas s’alarmer de la présence du Pokémon ténébreux. Au contraire, il exprima un grand rire franc qui tenta toute à son honneur d’effacer la gêne de cette situation rocambolesque.

- Hey ! Si c’est un t-shirt que tu veux, pas de problème ! Il y’en a pour tous les challengers !

Il enfonça un exemplaire dans mes bras puis me tapota un peu trop amicalement les épaules. Brutalement, j’entendis la foule se questionner tout autour de nous.

- Hey, c’est pas la fille de la vidéo ?
- Je la reconnais, c’est son Voltali !
- Elle s’appelle pas Leava Truegold ?
- Quoi ? C’est une des favorites !

Pour mon plus grand malheur, les challengers se mirent à s’intéresser à moi. Tarak maintenait sa main sur mon épaule, me retenant un peu plus prisonnière, et faisant sonner sa voix claire que je n’avais aucune envie de le comprendre.

Mon salut arriva en Voltia : elle aboya furieusement dans la foule en scrutant particulièrement Tarak, sa fourrure flagellée d’éclats électrifiés ! Les challengers et leurs Pokémons reculèrent, surpris. Le maître de Galar ne se laissa évidemment pas décontenancer. Mais moi, j’avais ressenti ces ondes marteler les sens de ma guerrière électrique, et ça ne contribua pas vraiment à me tranquilliser.

- Pas de panique ! Voltali est simplement effrayée, Il suffit de lui montrer qu’elle ne risque rien ! Nous sommes tous des amis, ici !
Il se pencha légèrement vers moi.

- Elle aime les bonbons Pokémons ? Ça devrait la calmer un peu.
- Bah oui mais…

Il me fit une petite tape amicale, lâcha enfin mon épaule puis s’approcha de Voltia. Il s’agenouilla à son niveau, et sortit en même temps un petit paquet de nourriture Pokémon de la poche de son short.

Autour de nous, les murmures étaient percutés de questionnements et d’affirmations excitées, autant sur le Maître de Galar que sur moi. Dracaufeu s’était également approché de son dresseur, grognant avec curiosité. Seulement, Voltia fronçait outrageusement le museau en plaquant hostilement ses oreilles : le grand sourire de Tarak et sa tentative de sympathiser avec elle semblaient juste agacer cette dernière.

- Tiens, une petite friandise ! C’est le maître invaincu qui te l’offre ! Fit joyeusement ce dernier.

Voltia répondit en lui mordant la main, avant de balancer un jet électrifié sortit violemment de sa fourrure hérissée.

Sous le choc, Tarak hurla de douleur en reculant brutalement ! Son pied rencontra alors joyeusement la queue d’un Raichu et je vis une décharge aveuglante sortir du corps tout entier de la gerbille électrique. L’attaque imprévue toucha alors un Herbizarre qui se délectait innocemment de ses croquettes Pokémon juste à côté. Fortement humilié, il sortit aussitôt ses lianes en poussant des rugissements vexés et frappa le pauvre Raichu qui ne comprit pas spécialement ce qui lui arrivait. Et moi non plus.

Les deux Pokémons commencèrent à se battre au milieu du hall, sous les cris de surprises et de panique des challengers, tandis que Nabil perdit tous ses moyens en tentant de venir au secours de son frère. Moi, je constatais juste que l’atmosphère bon enfant était devenue en quelques instants, un capharnaüm de situations gênantes.

Alors, Voltia poussa un aboiement sec et sonnant !

Absol était toujours là, à quelques mètres de nous : il nous toisait toujours avec son regard lugubre, le rictus amusé, et secouant l’étoile vœu qui luisait fébrilement dans sa gueule.

Puis, en faisant des allers-retours oculaires entre nous et le corridor, il bondit sur le côté !

- Espèce de sale petit… !?

Je n’avais plus aucun respect pour le t-shirt spécial anniversaire dans mes bras et le jetai sur un autre challenger avant de m’élancer à ses trousses.

Je bousculai aussitôt l’employé de stade qui n’avait clairement pas réussi à stopper Absol, ce dernier l’ayant pratiquement envoyé valser contre le mur. Les acclamations hâtives de ce dernier ne me forcèrent même pas à faire marche arrière, voyant le grand Pokémon ténébreux s’engouffrer dans les larges couloirs aux tons bordeaux.

L’élan prodigieux d’Absol rendit notre course-poursuite insoutenable à travers les couloirs vertigineux. Il disparut alors brièvement au détour d’une intersection de corridor.

Enfin, nous le coinçâmes dans un cul-de-sac !

Absol se retourna vers nous, gardant étrangement son calme.

- Maintenant… Tu… vas me rendre… mon étoile vœu !

Voltia parsema sa fourrure hérissée de jets électrifiés, aboyant hostilement contre le Pokémon ténébreux. En guise de réponse, ce dernier glapit furieusement.
Et subitement, une puissante lame de vent trancha mon ouïe.

- Hein !?

Une autre rafale me frôla de plein fouet. Et soudain, Absol bondit puissamment en hauteur, traversant avec une aisance effrayante la fenêtre grande ouverte à quelques mètres au-dessus du mur.

Mon Pokémon s’élança sur le côté, galvanisée : elle avait remarqué avant moi cette porte située non loin de nous. Le cœur battant, je me jetai sur la poignée pour découvrir qu’elle était solidement verrouillée.

- COUD’KRANE !

Dans la force de son attaque, la serrure éclata en mille morceaux et la porte manqua de se faire disloquer !

Je ne me préoccupai pas des dégâts matériels ou de mon nouveau statut de délinquante et nous sortîmes du couloir, talonnées par la rage.

Nous arrivâmes alors dans une petite rue de macadam qui faisait l’apparente jonction entre le stade et un autre grand bâtiment qui était peut-être important.
Cela dit, je venais surtout de remarquer ce jeune homme vers qui notre voleur trottinait tranquillement : une grande veste noire en cuir, le cheveu sombre coiffé en arrière et l’œil brumeux, Il m’inspira immédiatement la même angoisse que son Pokémon ténébreux.

Ce dernier lui donna alors l’étoile vœu : je sortis de mes gonds.

- HEY, TOI !

Il leva lentement ses yeux perçants vers moi. C’était pour m’afficher ce léger sourire condescendant. Voltia gronda vers lui, sa fourrure couverte de filaments électrisés.

- Rend-moi ça…

Le jeune homme passa une main dans ses cheveux.

- Ho… Je t’en prie, pardonnes à Soundra ce petit tour de passe-passe. Il aime bien embêter les simples d’esprit, se moqua-t-il avec une certaine allégresse.

Mes nerfs se raidirent.

- Au moins, je n’apprends pas à mes Pokémons à voler.

Il sembla réagir, esquissant un rictus perplexe.

Voltia avança de quelques pas, continuant ses grognements hostiles. Le dresseur à l’Absol la regarda avec un certain mépris tandis que son Pokémon toisa ma guerrière électrique en grondant, son regard sang vibrant de menace.

- Tu es Leava Truegold, non ? La fille dans la vidéo et son Voltali caractériel ? Lâcha-t-il en guise de première morsure.
- A qui ai-je l’honneur ? Plantai-je avec les mêmes crocs.

Il étouffa un ricanement insupportable.

- Fall Embersky, recommandé par le Maître de Galar lui-même ! J’ai cru comprendre que tu aurais pu être sa protégée mais il a dû se rendre compte qu’il jouerait une mauvaise carte !

Je m’étonnais brièvement non sans afficher clairement mon dégoût pour cette nouvelle : certes, Tarak était libre de recommander n’importe qui mais cette année il avait un penchant pour les divas.

- La mauvaise carte a été recommandée par un autre champion qui m’a inscrit de son plein gré, on n’doit pas avoir la même notion de la médiocrité…

Il étouffa un autre rire moqueur tiré de sa panoplie du parfait orgueilleux. Absol sembla adopter le même état d’esprit, grognant avec un certain mépris.

- J’ai bien regardé ton match. Tu comptes vraiment continuer à te battre comme ça ? Enfin, pourquoi pas après tout ? Tu seras plus facile à disqualifier… Remarque, ta pseudo-rivale n’était pas plus dégourdie mais ça faisait sûrement un bon divertissement de patelin perdu…

- Parce qu’il faut que l’on soit tous mauvais pour que tu aies une chance ?!

Je le vis se raidir. Mais son ton condescendant reprit le dessus.

- Garde ton calme, Truegold… on pourrait penser que tu n’as pas confiance en toi, siffla-t-il en faisant bondir la comète dans sa main.

Soudain, Voltia lança plusieurs jets électrifiés depuis sa fourrure hérissée ! Ces derniers zébrèrent les airs avant de s’éclater sur le sol de béton, jusqu’à subitement atteindre les pattes d’Absol. Je le vis alors reculer tout en gémissant, malaisé.

- Hey ! Maitrise ton Pokémon !
- C’est à moi de te dire ça ! Rend-moi l’étoile vœu !

Nos deux Pokémons se confrontèrent, Voltia générant d’élancées étincelles autour d’elle, Absol manifestant une profonde aura malsaine couleur nuit autour de son pelage blanc.

Un couinement calma nos ardeurs.

J’aperçus alors sur le macadam, ce jouet en forme d’os.

Il venait d’atterrir entre Fall et moi.

Nous nous tournâmes en même temps vers le bâtiment annexe.

Un Fulgudog, Pokémon électrique ressemblant à un grand lévrier à la fourrure rasée et teintée de jaune métallique, de noir et de blanc jappait actuellement sur le seuil d’une grande porte coulissante que je n’avais pas pris la peine de remarquer.

Une jeune femme à peine plus grande que moi, les cheveux roux attachés en queue de Ponyta et décorés de petites barrettes en forme de cœur, l’accompagnait. Elle portait en outre une grande veste de scientifique, voilant légèrement son style urbain raffinée. Son œil était d’un bleu teinté de vert et se posait actuellement avec délicatesse sur ma petite personne.

- Ho, excuse-moi ! Je pensais qu’il n’y avait personne dans la rue ! Fulgudog avait envie de jouer ! S’exclama-t-elle d’une voix à la fois affirmée et fluette.

Son Pokémon aboya avec insistance vers son jouet bruyant.

Fall se tourna calmement vers l’inconnue, se passant une main dans les cheveux.

- Il n’y a pas de mal, professeure Sonya Magnolia ! Je faisais simplement connaissance avec Leava Truegold, fit poliment mon opposant en chassant la moindre animosité sur son visage.

J’avais légèrement grimacé en silence, estomaquée par la quantité ahurissante de mauvaise foi qui débordait dans son attitude de garçon de bonne famille.
Sonya me balaya de haut en bas puis me salua avec un grand sourire : elle venait de descendre les escaliers d’un pas détendu.

Cela dit, elle se tourna d’abord vers le challenger à l’Absol, les bras croisés et le ton enjoué.

- Tu es encore là, Fall ? Tu vas rater le verre de bienvenu au hall du stade ! Tu n’y es pas encore allé, n’est-ce-pas ?

Ce dernier hocha légèrement la tête.

- Je pensais rentrer à l’hôtel afin de me reposer un peu mais vous avez raison, je devrais y faire un tour. C’est important de rencontrer ses opposants je suppose.

- C’est plutôt chouette d’apprendre à connaître ses rivaux, oui ! Vous êtes tous si différents à chaque édition.

Les yeux de la scientifique se posèrent alors sur la comète.

- Tiens, tu avais une étoile voeu ?
- Ho, elle est à Truegold. J’allais lui rendre ! Répondit-il le plus sereinement du monde, jouant encore avec ma pierre céleste.

Il me dévisagea avec des lueurs narquoises tranchant ses iris claires. Au même moment, je rattrapai de justesse l’étoile vœu qu’il venait de me lancer, sans décocher mes yeux de sa personne dégoulinante d’orgueil.

Son geste dévoila alors un grand bracelet technologique qu’il portait à son poignet. Je ne voyais pas bien à cette distance mais elle semblait être ornée d’un petit écran à la surface noire mais scintillant sèchement sous les lueurs diurnes. Ça ressemblait peut-être à des cristaux.

- Ne la perd plus, d’accord ?

Son ton purifié d’arrogance empoisonna un peu plus mes nerfs : il se tourna ensuite vers Sonia, prenant une voix bien trop polie pour son visage.

- On se voit demain, professeure ! Merci encore pour votre travail, j’ai vraiment hâte d’utiliser le Dynamax !
- De rien, de rien ! N’oublie pas que Dynamaxer ses Pokémons relève d’un important travail relationnel avec tes partenaires, sinon tu n’arriveras à rien !

Il haussa les épaules.

- Mes Pokémons et moi on se comprend parfaitement ! Attendez-vous à des matchs d’excellence, cette année.

Il me jeta un dernier regard condescendant puis me tourna le dos pour disparaître quelques secondes plus tard au coin de la ruelle. Absol fit de même avant de se volatiliser, lui aussi.

Voltia vint se frotter contre mes jambes, ronronnant. Et moi je laissais mon regard se perdre momentanément dans le vide, estomaquée par cette rencontre mais soulagée d’avoir récupérée la comète.

- Leava Truegold ! Je t’attendais !

Je sursautai.

- Hein ? Pourquoi !?

Sonya me scruta soudainement avec une profonde analyse, l’air réjouie. Je rougis maladroitement tandis que Voltia jouait déjà avec Fulgudog, tentant de lui voler l’os en caoutchouc au passage.

- Bah, ton poignet Dynamax ne va pas tomber du ciel comme ta petite comète ! J’entends ton nom partout mais si tu ne dynamaxes pas durant le Défi des Arènes, tu vas faire des malheureux !

Son expression me faisait alors demander quelle sorte de magie était capable de produire autant de chaleur avec un simple sourire.


***


J’avais suivi très machinalement La professeure Magnolia dans le laboratoire de Motorby : ce dernier semblait bien plus grand et équipé que celui de Brasswick.
Une certaine effervescence y battait son plein d’ailleurs : des scientifiques étaient en plein travail intense dans les différentes salles que j’avais deviné tout au long du grand couloir blanc que nous avions traversé. Je croisais aussi certains challengers, se montrant mutuellement leur poignet Dynamax tout en s’émerveillant. J’avais même évité de justesse un Crapustule poussant un chariot plein à craquer de babioles scientifiques, m’ayant même carrément enguirlandé de me trouver dans le passage.

Ayant prétexté que je m’étais perdue en cherchant le laboratoire, je réfléchissais nerveusement à comment j’allais gérer la suite : revenir au hall du stade me paraissait être la pire idée possible pour le moment. J’étais de toute façon trop obnubilée par ma rencontre avec ce vaniteux de Fall Embersky pour me poser plus de questions sur l’attitude de Voltia face à Tarak.

Je repensais alors à Roy : il n’était pas dans le hall tout à l’heure. Donc, mon objectif principal était encore impossible à atteindre.

Nous entrâmes dans une large pièce remplie de machines que je ne cherchai pas trop à comprendre. Sonia s’adressa d’abord à des personnes en blouse blanche, probablement ses assistants, ceci avant de s’installer à une table jonchée d’un tas de machins de recherches et autres trucs scientifiques.
Je jetais un œil rapide dans les environs : la pièce était aussi dotée de fauteuils moelleux, d’une télé à écran plasma et de plusieurs distributeurs à boissons énergisantes. Le sol était habillé d’un parquet reluisant parfaitement propre. Un Nucléos, espèce de boule verte pale coincée dans une bulle gélatineuse flottait vers une chercheuse en plein travail. On l’entendait tout juste couiner dans la salle de recherche.

Malaisée, je pris lentement place sur une chaise. Voltia s’assied à côté de moi et se mit aussi à observer Sonya en pleine action : cette dernière avait déjà commencé à creuser l’étoile vœu.

Je réajustai ma veste de cuir blanche sur moi, tentant de reprendre le contrôle sur ma respiration abimée. Je dévisageai alors la jeune femme rousse en silence, perplexe.

Dans la rue de macadam, j’avais entendu le couinement du jouet au moment même où je m’étais adressé au dresseur à l’Absol voleur.

Je toussotai.

- Euh… Merci pour tout à l’heure.

Elle leva ses yeux turquoise scintillants de malice.

- Je t’en prie ! J’ai entendu un gros bruit de porte qui claque et puis j’ai remarqué votre petite discussion pour le moins tendue ! Sourit-elle.
Je fronçais maladroitement les sourcils en soupirant.
- Moi qui croyais qu’on ne pourrait pas trouver pire que Dusk…
- Ta rivale ? Elle est venue pour son poignet Dynamax, avant ! J’avoue, elle se comporte un peu comme une starlette mais elle n’arrive pas à la cheville de ce jeune homme, crois-moi !

J’étais soulagée de constater que Sonya n’était pas tombée dans le piège de la politesse obséquieuse du dresseur à l’Absol.

- Recevoir deux divas à quelques heures d’intervalle ? Ça n’a pas dû être une partie de plaisir, rigolai-je nerveusement.

Sonya hocha la tête, le rictus amusé.

- Ce Fall Embersky ne sera facile, il a l’air de se plaire sur son piédestal ! Par-contre, même si Dusk peut sembler orgueilleuse, je ne crois pas qu’elle soit une mauvaise personne !

Je levai un sourcil.

- Si tu l’avais vu à Brasswick… Elle n’avait qu’une idée en tête : nous brûler vives, Voltia et moi !

La concernée jappa dans ma direction en plissant son museau.

- Certains dresseurs déploient une rage impressionnante sur le terrain, c’est le cas de ta rivale… Et de toi aussi, accessoirement !
- Qu’est-ce que tu veux dire ?

Elle se redressa légèrement, jetant sa queue de cheval sur le côté.

- Tu sembles bien différente de la dresseuse que l’on voit dans la vidéo, comme si tu ne savais pas très pourquoi tu étais là. C’est peut-être ça qui a plu à Dusk ?

Je la regardais travailler la petite météorite, extrayant un étrange cristal luisant d’un éclat fuchsia qu’elle sculpta ensuite de manière à l’incorporer à un bracelet identique à celui que j’avais vu au poignet de Fall. Maintenant qu’il était plus proche de moi, je pouvais constater que l’étrange bijou était à la fois fait de tissu et de surfaces solides, parcouru de tout un système électronique qui semblait sophistiqué.

- Et alors, quoi ? Je devrais sympathiser avec elle parce que j’ai l’air aussi enragée ? Ironisai-je.

- Les rivaux, c’est galvanisant dans le monde des dresseurs pokémons. Mais quand cette rivalité se base sur une amitié réelle, tu pourrais en tirer quelque chose de magnifique, Leava ! Essaye et tu verras !

Je repensai subitement à ce que me disait Nabil à Brasswick : Roy et Tarak étaient eux-mêmes des rivaux pour le moins sérieux. Mais du peu que j’avais vu, je reconnaissais que tout en eux existait peut-être cette bienveillance que partageaient deux amis. Je m’en étais particulièrement rendu compte lorsque le Maître de Galar s’était occupé du champion draconien en larmes face à la maladie de Libégon.

Cette pensée me laissait en proie à un ressenti nouveau : moi qui avais pris l’habitude de me déshabiller de la parure fragile de l’honnêteté, je me renfrognai sous le bruit silencieux des murmures qui discutaient soudainement avec ma carapace de verre : quelque chose que je ne pouvais jadis nullement concevoir en moi se laissait soudainement le loisir de m’adresser plus gentiment la parole.

Sonya sembla deviner la tempête qui soufflait dans ma tête, l’éclat de son sourire dissimulant mal toute l’interrogation qui en résultait. Mais elle n’en dit pas plus, s’attelant aux finitions du bracelet. Si j’étais tendue à l’idée de voir Tarak débarquer pour me passer un savon sur l’importance de maitriser ses Pokémons, regarder Sonya construire le bijou m’apaisait curieusement.

Puis, je repensais aux picotements chauds dans mes phalanges tout à l’heure. Soucieuse d’en connaître les raisons, je réfléchissais à ce qui s’était passé dans le hall pour tenter de remonter le chemin vers eux. Mais malgré tous mes efforts, rien de bien concret ne voulut répondre à mes questions. Je savais seulement deux choses : ces fourmillements avaient coïncidé avec le changement d’attitude de Voltia. Et surtout, je les avais aussi ressentis à Paddoxton.

Après peut-être vingt minutes de temps où nous conversâmes avec le silence, Sonia me tendit le bijou sophistiqué dont le petit écran translucide sembla déjà se connecter au cristal parmi tous les scintillements qui réfléchirent les lumières de la salle.

- Voilà ! C’est ton bracelet Dynamax attitré ! L’éclat de ton étoile vœu est particulièrement belle !

J’enfilai le précieux sésame, happée par une énergie particulière.

- Woah ! On distingue bien la petite pierre !

- C’est la première fois que tu vois ce type d’appareillage, d’ailleurs ? S’interrogea Sonya non sans afficher son amusement devant mes yeux probablement pétillants.

- Euh… Plus ou moins, je crois en avoir entendu parler à la télévision, une fois. Tu fabriques aussi le bracelet ?

- Ho non, moi je creuse juste les étoiles vœu ! Les poignets sortent des labos de Macro-Cosmos mais j’ai participé à leur amélioration ! Ils sont beaucoup plus réactifs aujourd’hui ! C’est ma grand-mère qui a découvert le phénomène Dynamax il y a des années et depuis que j’ai repris les affaires, j’ai pas arrêté de plancher à l’innovation de ces petites choses !

Je fixai aveuglement le poignet Dynamax : son éclat redoubla à l’instant même où quelque chose remua frénétiquement dans mon dos : c’était l’œuf.

- Hey ?

Je le ramenai instantanément sur mes genoux, surprise. Voltia leva hâtivement la tête, les oreilles en avant. J’entendis ensuite de la curiosité dans l’éclat de voix de la jeune professeure.

- On dirait qu’il va sortir tout bientôt, ton nouveau Pokémon !

Mais l’œuf se calma aussi vite qu’il s’était manifesté. Néanmoins, il était toujours chaud. De plus, et c’était abstrait, mais les picotements chauds avaient brièvement recommencé dans mes doigts : alors, je croyais détecter une sensation d’apaisement parcourir la surface de la coquille.

- Ben justement, c’est bizarre qu’il n’ait pas encore éclot ?

- Tu sais, les Pokémons choisissent eux-mêmes quand il est temps de sortir de leur petit nid ! Ça arrive souvent au moment où on s’y attend le moins ! Sourit Sonya dans un clin d’œil complice.

Le cristal du poignet Dynamax clignota par petits scintillements furtifs. Je me demandais un vif instant si l’occupant de mon œuf mystère n’avait pas senti la présence de l’étoile vœu de la même manière qu’il m’avait appelé dans la forêt de Sleepwood. Les images de cette nuit écorchée de questions inquiétantes revinrent alors marteler mes yeux et j’aperçus brièvement le regard criblé de douleurs de Libégon. Un pincement tordit les battements de ma poitrine : anxieuse, je me levai un peu précipitamment de ma chaise après avoir enfilé le sac à dos portant l’oeuf.

- Euh… Merci beaucoup pour le bracelet. Je devrais peut-être y aller ou Nabil va s’inquiéter ! On est venu ensemble depuis Brasswick et…

Sonya avait, semble-t-il, déjà planifié la suite.

- Ho, il peut attendre encore un peu ! J’ai fini ma journée alors, je vais t’emmener en ville pour une petite balade touristique ! On n’aura pas du tout le temps demain avec la cérémonie d’ouverture et tout le tatsouin ! Maintenant que j’ai Leava Truegold sous la main, je vais profiter un peu ! Hop !

Je bégayai des choses incompréhensibles pendant qu’elle m’entrainait hors du laboratoire avec une énergie surnaturelle. Voltia et Fulgudog gambadèrent joyeusement avec nous. Elle me déblatéra la liste des merveilles de Motorby tout en affirmant qu’un peu de tourisme me ferait le plus grand bien.

En réalité, l’idée d’éviter encore un peu le regard accusateur de Tarak m’allait mieux que ça.


***