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Shadows Avenged de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 13/06/2021 à 10:27
» Dernière mise à jour le 13/06/2021 à 10:27

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Policier   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 9 : Monde sauvage
Cela faisait quatre jours que Kalie se cachait dans le 9ème district. Des autorités bien sûr, mais plus généralement de tous les gens. Elle avait suffisamment entendu d'histoires sur le 9ème pour savoir que c'était plus ou moins l'enfer sur Terre, et elle avait beau posséder désormais des pouvoirs prodigieux, elle se sentait comme une gamine sans défense dans ces rues mal famées, à la merci du premier psychopathe venu, fut-il un simple humain armé d'un couteau.

Toutefois, le souvenir de son séjour dans les sous-sols de la Tour Powergate, où les scientifiques du Bureau Analyse l'avaient charcutée chaque jours, était encore cuisant. Et la colère aussi. La colère envers Clovis et son administration, qui pratiquaient des choses innommables sur les Rejetés en le cachant aux citoyens. La colère envers sa vieille amie Laureen et son unité de Désignés, qui l'avaient pourchassé comme un animal dangereux. Et la colère envers elle-même, pour avoir laissé Juan mourir, pour avoir été si faible...

Elle ne savait toujours pas quoi faire d'elle en ce moment, mais une chose était sûre : elle ne voulait pas être recapturée par les autorités. Et pour cela, la première chose qu'elle avait faite en arrivant au 9ème district fut de couper négligemment ses longs cheveux platines, de se dégoter des habits dépenaillés pendus à un étendoir la nuit, et de s'enduire le corps et le visage de saletés et de terre. Sa longue semaine captive au Bureau Analyse l'avait déjà pas mal transformé, mais désormais, plus personne ne reconnaîtrait Kalie Warcelos en cette jeune pouilleuse sale et misérable.

Jusqu'à présent, ça avait marché. Bien sûr, Kalie restait toujours en périphérie du district, non en plein centre-ville. L'idée aurait été de rester plus ou moins à la frontière du 3ème district au nord, mais pour le moment, entre les Désignés et les hypothétiques Rejetés du 9ème, elle préférait les Rejetés. Donc, elle avait fait le choix inverse : tout au sud, vers le Mur. Ici au 9ème, elle savait que son accès était contrôlé par la pègre. C'était Purple Knife qui choisissait qui devait passer sa Désignation ou non, et qui le plus généralement raflait la loyauté du Désigné – ou même du Réprouvé – qui en naissait.

Personne ne vivait trop près du Mur. À cause de la chaleur bien sûr, mais aussi de la lumière permanente trop vive. Au 9ème district, on aimait bien se faire discret dans l'ombre. Kalie s'était donc trouvé un petit coin tranquille dans ce qui semblait être une ancienne décharge automobile, à deux kilomètres seulement du Mur. Elle avait déniché une des rares carcasses de voiture qui avait toujours une banquette arrière, et en avait fait son lit de fortune. Pas très confortable, mais largement mieux que la première nuit qu'elle avait passé dehors dans un abri bus qui avait connu des jours meilleurs, à dormir sur une seule oreille en sursautant à la moindre personne qui passait un peu trop près.

Le jour par contre, elle sortait pour s’aventurer un peu au nord, ceci dans un seul but : trouver à manger et à boire. Kalie n'ayant pas encore perdu toute son ancienne fierté, elle ne s'était pas résolue à la mendicité. Elle avait plutôt préféré fouiller dans les poubelles, même si c'était peu ragoutant. Voler quelque chose dans une épicerie aurait été mieux, et surtout assez facile avec ses pouvoirs, mais ça aurait attiré l'attention sur elle.

Mais aujourd'hui, elle avait fait choux blanc dans sa quête de nourriture. L'eau, c'était facile. Il y avait toujours quelques Pokemon Eau publics dans les rues pour fournir la population. C'était comme ça depuis la fermeture des stations d'épuration de la ville, peu après l'apparition du Mur, faute d'avoir un acheminement d'eau depuis l'extérieur d'Ortris. Comme elle pouvait survivre un moment sans manger si elle restait hydratée, elle décida de se passer de repas aujourd'hui... si tant est qu'on puisse appeler de la sorte des restes de pâtes froides au fond d'un sac d'immondices.

Parfois, elle croisait des gens, mais ne s'adressait à personne, et gardait toujours la tête basse. C'était de toute façon la meilleure façon de se tenir ici dans le 9ème pour les gens normaux. De toute façon, dans le coin où elle avait élu son domicile provisoire, la grande majorité des personnes qui y vivaient étaient des indigents comme elle. Des sans-domiciles fixe, des gens qui se cachaient de la police ou de Purple Knife. Ils vivaient au jour le jour, avec une seule règle : chacun pour soi. Kalie en voyait parfois avec des sandwichs bon marchés, ou tout autre nourriture fraîche qui n'avait pas été trouvé dans une benne à ordure. Et même si la tentation était forte, elle ne demanda jamais rien.

Mais plus les jours passèrent, plus son estomac protestait contre ce traitement. En comptant son séjour au Bureau Analyse, où on ne la nourrissait exclusivement que de cette bouillie infâme, Kalie n'avait plus eu de vrai repas depuis deux semaines. La nuit, dans sa voiture défoncée, elle repensait aux merveilleux plats que lui préparait son majordome Willian chez elle. Mais ça ne faisait qu'intensifier ses gargouillements d'estomac, en plus de lui faire verser quelques larmes en songeant à ses parents, et à sa vie d'avant la Désignation. Une vie perdue à tout jamais...

Le lendemain, elle se força, malgré sa faiblesse, à repartir à la chasse à la nourriture. Elle n'avait pas réchappé à la sécurité de la Tour Powergate puis au Black Shield pour se laisser mourir de faim dans cette décharge. Elle se dit que si elle ne trouvait rien aujourd'hui, elle se résoudrait à voler. Mais elle n'eut pas à le faire. Elle devait avoir l'air tellement misérable qu'un des vagabonds du coin, un habitué à la longue barbe rousse avec un bonnet, la prit en pitié.

- Viens là petiote ! T'as pas mangé depuis quand ? On dirait qu'il suffirait d'une brise pour que tu t'envoles...

En premier lieu, Kalie se méfia naturellement. Cet homme pouvait être n'importe qui. Du violeur d'enfant jusqu'au Désigné dissimulé pour la retrouver. Mais au final, ce fut plus le besoin de contact humain que la faim elle-même qui la fit d'avancer. L'homme lui fit un sourire édenté derrière sa barbe entremêlée et sale à souhait. Auparavant, Kalie aurait fuit ce genre d'individu comme la peste, mais aujourd'hui, ce seul sourire sincère lui réchauffa le cœur.

- Allons bon, regarde comme t'es toute mignonnette ! Ça me fend l'cœur de voir des gamines si jeunes comme toi dehors et sans rien... Foutue époque. Foutu Mur. Foutu district.

Il la trouvait « mignonnette » ? Alors que Kalie ne s'était jamais sentie aussi sale et horrible à voir ?

- Pardonnez-moi monsieur, commença-t-elle. Mais c'est vrai, je n'ai rien mangé depuis des jours. Si vous aviez quelque chose, n'importe quoi... je vous promet de vous rembourser quand j'aurai de l'argent.

L’hirsute au bonnet la regarda d'un drôle d'air.

- De l'argent ? Qu'est-ce que je pourrai bien en fiche, de l'argent ? Ça ne se mange pas.

Kalie fronça les sourcils d'incompréhension.

- Euh... non, mais vous pouvez acheter des trucs qui se mangent avec.

- On achète rien ici. On prend. Ou on crève. C'est la règle pour tous ceux qui ont choisi de vivre en marge du district et de ces foutus Purple Knife. L'argent, les combines, ce sont leurs trucs. Nous autres humains, nous vivions seulement de chasse et de cueillette autrefois. Et nous vivions bien alors. C'n'est que quand nous avons commencé à vouloir produire, à construire des villes, à commercer, et tout et tout, que tout est parti en couille...

Il maugréa ensuite plusieurs choses inintelligibles tout en farfouillant dans les poches de son grand manteau, pour en sortir enfin une tranche de viande séchée qui avait visiblement connu des jours meilleurs. L'ancienne Kalie n'aurait mangé ça pour rien au monde, surtout venu de la poche d'un clochard, mais quand l'homme le lui tendit, la nouvelle Kalie ne se fit pas prier et mordit dedans avant même de remercier son bienfaiteur. Elle faillit au passage perdre une ou deux dents tant la viande était dure et sèche. Et ça lui fit l'effet d'un plat divin.

- On se la fabrique nous-même, moi et mes potes, affirma l'homme avec une fierté évidente. On prend un peu de tout ce qu'on trouve, en viande. Ça en a pas l'air, mais le Rattata, s'il est bien cuit, c'est foutrement bon.

Kalie faillit recracher ce qu'elle avait en bouche après avoir entendu ça, mais elle ne vit là qu'une réaction de son cerveau d'avant, celui de la petite bourgeoise pour qui manger du Rattata était inimaginable. Ses papilles gustatives, et surtout son estomac, lui disaient au contraire que c'était tout à fait comestible et appréciable.

- Merci... fit-elle quand elle eut fini sa première bouchée. Merci beaucoup !

- Pas de quoi, voyons ! Il faut se serrer les coudes ici, entre gens civilisés. Y'a plein de gus infréquentables ici à qui j'offrirai même pas de la mauvaise herbe, mais toi, tu m'as l'air d'une bonne fille, et bien éduquée.

Kalie hocha la tête, en se demandant vaguement qu'elle serait la réaction de ce type si elle lui apprenait qu'elle était une Rejetée.

- J'm'appelle Alister, se présenta-t-il.

- Et moi Ka...

Kalie s'arrêta d'un coup. Lui donner son prénom, même sans son nom, serait un bien mauvais calcul. Probablement que Clovis avait déjà commencé à diffuser son avis de recherche partout en ville.

- Kate, finit-elle.

- Comment tu t'es retrouvée à la rue, ma jeune Kate ? Demanda Alister. Je t'avais jamais vu encore y'a quelques jours. T'es arrivée récemment hein ?

- On peut dire ça, oui... Disons que... je suis devenue infréquentable pour ma famille, et que j'ai dû partir.

En disant cela, Kalie trouva que ça sonnait comme si une fille de bonne famille avait fréquenté un mauvais garçon et était tombée enceinte de lui, forçant les siens à la répudier, ou un truc du genre. Mais valait mieux qu'Alister pense cela plutôt que la vérité.

- On a tous nos raisons, fit l'homme en haussant les épaules. La vie en ville était devenue tellement merdique même avant le Mur, alors quand il est arrivé, lui et ses bêtes de foire qu'il produit... Le monde court à l'Apocalypse, voilà c'que j'en dis. Ce mur de feu n'en est qu'un signal. Ça fait six ans qu'on est coupé du monde extérieur, mais j'suis sûr que c'est pas joyeux, ce qui s'y passe. Ptet bien au final que le Mur nous protège ? Va savoir ? En tout cas, j'continuerai à vivre au jour le jour, sans rien demander à personne, en me tenant à l'écart de tous ces tarés en ville.

- Vous parlez de Purple Knife ?

Alister cracha avec mépris.

- Purple Knife... la municipalité... les Rejetés... les Désignés... tout ça c'est pareil. Ils ont beau se faire la guerre entre eux, ils raisonnent de la même façon : le contrôle absolu, la force brute, la soumission des autres. Voilà pourquoi on se tient à l'écart. On veut vivre libre, quitte à vivre une vie de merde pour ça.

- Je comprends...

Oui, pour ceux qui n'avaient rien, ou qui voulaient vivre en marge de toute cette folie, les conflits entre gouvernement et mafia ou entre Désignés et Rejetés devaient sembler bien lointain.

- Si t'as rien à faire, viens donc avec moi, lui proposa Alister. J'ai un petit refuge pas loin, que je partage avec deux potes. On y fait notre viande séchée et salée. Tu pourras t'en prendre un peu, ça te fera tenir une semaine.

Kalie n'avait pas vraiment loisir de refuser, dans la situation qui était la sienne. Même si elle voulait le plus possible éviter de se rapprocher des gens, autant pour sa sécurité que pour la leur, elle devait saisir tout ce qui lui était offert pour survivre. Pour l'instant, elle n'avait que deux objectifs : une planque viable, et de la nourriture. Une fois qu'elle aurait ces deux choses, elle pourrait penser à ce qu'elle allait faire ensuite. Une chose à la fois.

Elle accepta donc son offre et suivit le grand barbu à travers les petits chemins désertés de la périphérie, toujours en longeant le Mur de Feu, mais sans trop s'approcher : selon Alister, toute la longueur du Mur du 9ème district était surveillée par les hommes de Purple Knife. Et ils n'étaient pas du genre à poser des questions : si quelqu'un franchissait les limites, il était abattu séance tenante. Personne n'avait le droit de toucher le Mur sans l'autorisation expresse de la mafia.

Clovis lui en avait parlé autrefois ; la municipalité avait renoncé à l'idée de reprendre cette section du mur, sauf à vouloir provoquer un véritable massacre des deux côtés. Purple Knife gérait donc les Désignations, et si un Désigné apparaissait, elle en prenait vite possession, au lieu de le donner au gouvernement pour qu'il en fasse un de ses soldats. On appelait communément ainsi les Désignés Déchus tous ceux qui faisaient autre chose que servir dans une des bridages officielles de la municipalité.

Alister l'amena jusqu'à une sorte d'atelier désaffecté collé à l'immense barrière de barbelée qui séparait la périphérie de la zone du Mur. Un jeune homme quasiment chauve coupait des rondins de bois avec un hache devant. Il y avait un Grahyena avec lui, un Pokemon à l'air canin avec un pelage sombre. Le Grahyena remua la queue de joie en voyant Alister arriver, mais se figea et se mit à grogner quand il vit la jeune inconnue qui se trouvait avec lui.

- Couché, sale clébard ! Ordonna Alister. T'en fais pas Kate, il grogne beaucoup mais mord rarement. C'est notre gardien pour éloigner les indésirables. Ah, et lui c'est Pick.

Il désigna le jeune chauve, qui arrêta de hacher ses rondins en regardant Kalie avec des yeux plissés et calculateurs qui ne plurent pas trop à la jeune femme.

- Kate est nouvelle dans le coin, expliqua Alister à son ami. Je lui ai conseillé de passer pour... faire des réserves de viande.

Pick hocha la tête avec un curieux sourire et salua Kate sans rien dire. Dans l'atelier en question, il y avait une autre personne. Une femme au visage décharné et aux yeux tellement enfoncés dans ses orbites qu'on aurait dit une mort-vivante. Elle se nommait Eva, et elle, contrairement à Pick, elle salua Kate chaudement. Même un peu trop pour elle, en la serrant dans ses bras avec gratitude, comme si le simple fait de venir la voir lui avait sauvé la vie.

L'intérieur était simple mais désordonnés, avec trois couchettes au sol et un peu de tout qui traînait par terre. Il y avait une autre pièce au fond, plus grande. Alister l'y amena, et Kalie put en effet voir une espèce de boucherie improvisée. Il y avait des morceaux de viandes pendus à des fils ci et là en train de sécher, des couteaux ensanglantés et autres ustensiles dispersés sur les diverses tables, et de la viande plus fraîche, encore saignante, dans des grands pots.

- La vache, souffla Kalie. Vous en avez pour une année au moins !

- Oui, plus le temps passe, et plus on trouve de quoi chasser dans le coin, admit Alister. Je crois qu'on doit remercier Purple Knife pour ça.

Tout qu'elle était à l'admiration de ces stocks de viande,Kalie ne fit pas attention à Pick qui venait de refermer la vieille porte en acier derrière eux, et qui avait pris un des couteaux sur une table avec un air mauvais. Tout comme elle ne fit pas attention à Eva qui s'était placée discrètement derrière elle.

- Pourquoi Purple Knife ? Demanda distraitement Kalie.

- Plus l'organisation gagne du pouvoir, plus les gens du 9ème qui ne veulent rien à faire avec eux ont tendance à s'éloigner du centre ville pour venir ici, en périphérie.

- Et quel rapport ? Les Pokemon suivraient donc les humains ?

- Oh, ptet bien. Mais ce ne sont pas les Pokemon qui nous intéressent.

Kalie ne fit pas le lien sur le coup, car quelque chose attira son regard dans l'un des pots, et ses yeux s'écarquillèrent d'horreur. C'était un pied. Et un pied clairement d'origine humaine. Et ce n'était pas tout. Maintenant qu'elle regardait mieux, elle vit des bras, des torses entiers, et des organes... tous humains. La bile lui monta à la gorge, et elle dut faire un effort pour ne pas vomir sur place. Pendant ce temps, Alister et ses deux camarades avaient encerclé Kalie. Ce dernier se tenait à un mètre d'elle, une hachette à la main, avec un sourire bien différent de ceux, aimables, d'avant.

- Oui, ma petite Kate. Je crains que le morceau de viande que je t'ai donné tout à l'heure, ce n'était pas vraiment du Rattata. Mais on te remercie beaucoup d'être venue. Vois-tu, plus l'individu est âgé, plus la viande est rance. Toi, tu seras douce et fraîche sous le palais, j'en suis sûr...

Kalie abandonna momentanément son horreur et sa peur pour laisser son instinct prendre le dessus. Son instinct... et sa colère. À moins que les deux soient liés, à présent ? Dans tous les cas, ça fit ressortir naturellement ses pouvoirs, et elle arrêta à main nue la hachette qu'Alister abattit sur elle, avec ses doigts soudainement devenus des lames. Les trois cannibales n'eurent pas le temps d'êtres stupéfaits, car tout de suite après, ils furent d'un coup projetés à travers la pièce suite à une onde psychique. Alister s'écroula en renversant une table d'outils, et quand il se redressa, il était blême. Il ne regardait plus Kalie comme son dîner du soir, mais comme un prédateur encore plus dangereux que lui.

- C'est une putain de Rejetée ! S'écria-t-il. Tirez-vous !

Sauf que Kalie ne l'entendait pas de cette manière. Elle aurait pu les laisser partir et ne pas faire de vague, oui, mais ils auraient été au courant de son existence, et auraient sans doute passé le mot. Sauf que ce n'était pas cet argument logique qui fit utiliser son attaque Psyko à Kalie pour attirer Alister jusqu'à elle. La logique n'avait plus court en ce moment dans l'esprit de la jeune femme. Il ne restait que la colère, le dégoût, et l'envie de meurtre.

Kalie fit écarter les bras au grand barbu, le gardant en l'air tel un crucifié, tandis qu'il hurlait de terreur et de douleur. Mais il trouva quand même la force de supplier, de dire qu'il était désolé, qu'il ne savait pas, qu'il se mettrait à son service... Autant de gémissements de déchet inférieur qui laissèrent Kalie de marbre. Elle invoqua des flammes de sa main gauche, et avec ses pouvoirs psychiques, elle attisa ce feu jusqu'à en faire un brasier, qu'elle envoya ensuite sur Alister.

Elle le laissa brûler vif tout en continuant de l'entraver psychiquement, se délectant de ses cris et de l'odeur de sa chair brûlée, alors que ce genre de spectacle aurait rendu Kalie folle d'horreur en temps normal. Mais là, actuellement, elle ne voyait pas le mal. Pire, elle estimait que c'était là son droit le plus total de tuer cet homme ignoble, et d'en tirer plaisir.

Pick était en train d'essayer d'ouvrir la porte pour prendre la fuite, mais il ignorait que Kalie l'avait bloquée avec ses pouvoirs psychiques. La Rejetée tendit négligemment la main vers lui, et utilisa son attaque attitré Acier : Bombe Aimant. Des dizaines de particules lumineuses filèrent vers Pick et le transpercèrent de part en part, certaines explosant dans son corps. Au final, il devint à l'image de la viande humaine découpée qu'il conservait dans son grand pot.

Eva, elle, n'avait pas bougé. Durant tout ce temps, elle était resté dans son coin, accroupie et tremblante. Kalie laissa tomber le corps d'Alister carbonisé qui avait cessé de hurler pour se diriger vers elle. Le feu commença à se propager dans l'atelier, et dehors, on pouvait entendre les aboiement du Grahyena. Il avait sans doute senti que quelque chose se passait à l'intérieur, mais ne pouvait pas rentrer. Quand Kalie fut devant elle, Eva se prostra à ses pieds. Elle n'osa même pas la regarder dans les yeux, tant la vision était terrifiante. Kalie ne pouvait pas se voir, mais avec ses mains aux doigts d'acier enflammées et son aura violette qui entourait son corps, elle était naturellement une vision de terreur pour les humains normaux.

- Pitié ma dame ! De grâce ! Nous n'avons jamais rien fait contre Purple Knife !

Évidemment, elle devait la prendre pour une employée de la mafia. Seul Purple Knife était susceptible d'avoir des Rejetés dans ses rangs. Kalie ne chercha même pas à rectifier. Elle n'avait rien à lui dire, et les hurlements de douleurs et les corps déchiquetés l'avaient laissé. Comme lors de son face à face avec les Désignés du Black Shield, elle ferma les valves de ses deux autres pouvoirs pour se concentrer sur celui de Brûleuse. Et alors, elle invoqua Vortex Magma.

Tout l'atelier fut consumé par un tourbillon de feu en quelques instants. Eva n'eut même pas le temps de crier. Il ne resta rien d'elle, ni de ses deux camarades, pas même leurs squelettes. Kalie émergea des ruines en flammes, toute nue, ses habits brûlés, mais elle-même sans aucune blessure d'aucune sorte. Dehors, le Grahyena ne demanda pas son reste et prit la fuite en gémissant. Kalie tendit la main pour lui envoyer ses Bombe Aimant dessus, avant de s'interrompre. Le Pokemon était innocent des crimes de ses maîtres.

Ce fut cet acte de clémence qui fit recouvrer à la jeune fille ses esprits. Elle relégua vite ses pouvoirs au fond d'elle-même, et quand elle se tourna, elle fut proprement horrifiée par ce qu'elle avait laissé derrière elle. Puis elle se souvint alors du meurtre des trois cannibales, et du plaisir qu'elle en avait ressentit. Elle ne put se retenir plus longtemps, et vomi le maigre contenu de son estomac au sol.

Elle avait tué trois êtres humains. De sang-froid, alors qu'ils imploraient pitié ou cherchaient à fuir. Des monstres, sans aucun doute, qui le méritaient probablement. Mais ce n'était pas à Kalie de faire justice et de jouer les bourreaux. Ce n'était pas elle. Elle n'aurait jamais pu, dans son état normal, commettre des actes aussi atroces.

- Ce n'était pas moi... répéta-t-elle comme pour se convaincre. Ce n'était pas moi...

Ce fut comme si elle avait assisté à ce massacre en spectatrice de son propre corps. Comme si quelqu'un d'autre avait les commandes. Ses pouvaient avaient-ils pris le dessus sur son esprit ? Était-elle en train de sombrer dans la démence et la malfaisance, comme ce qu'on disait des Rejetés ?

Kalie avait cru pouvoir rester maîtresse d'elle-même. Elle s'était même convaincu que Clovis et son gouvernement s'étaient trompés sur les Rejetés, qu'ils n'étaient pas tous forcément mauvais. Après tout, elle n'avait noté aucun changement en elle, aucune envie de destruction et de meurtre. Mais après ce qu'elle venait de faire, ses illusions s'étaient envolées.

Elle se remit debout difficilement, et se dépêcha de quitter cet endroit. Le feu n'allait pas rester inaperçu longtemps, même dans ce coin délaissé du district. Elle devait à nouveau se cacher, et de préférence trouver des vêtements. Et surtout, elle ne devait plus utiliser ses pouvoirs. Elle ne pensait pas que les Rejetés l'étaient devenus car ils étaient naturellement mauvais, mais une chose semblait certaine : c'était l'utilisation de leurs pouvoirs qui les faisaient devenir malveillant. Là, elle s'en était servi par instinct pour se protéger, mais elle était allée trop loin ensuite, elle n'avait pas su y mettre fin.

Kalie Warcelos se remit à courir, évitant de croiser quiconque. Elle ne pouvait faire confiance à personne ici. Ce 9ème district était bien un enfer. Il rendait les gens fous, les faisaient régresser vers la plus primaire nature animale. Et elle se demanda avec terreur combien de temps il lui faudrait pour en faire de même avec elle si elle restait ici...