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Informations

» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 25/02/2017 à 11:24
» Dernière mise à jour le 01/03/2017 à 07:14

» Mots-clés :   Action   Présence d'armes   Région inventée

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Chapitre 10
Un tout jeune adolescent fuyait son domicile en pleine nuit. Il faisait froid, la lune se retrouvait masquée par d'épais nuages annonciateurs d'une pluie glaciale.
Les rues pavées et glissantes l'empêchaient de courir comme il l'aurait voulu. Mis à part ses chaussures frappant le sol, le silence de l'hiver enveloppait la ville isolée d'Arpentières. A aucun moment le jeune garçon ne jeta un regard en arrière. Il était sûr que les hommes n'allaient pas partir à sa poursuite. Il voulait surtout fuir la scène qui avait eu lieu sous ses yeux quelques minutes auparavant.

Comment s'était-il retrouvé à devoir sauter par la fenêtre en pleine nuit alors qu'il faisait froid à déplumer un Canarticho ?
L'adolescent aux cheveux bruns prit la première rue qui le mena à l'hôtel de ville. Il se figea, plié en deux, reprenant ses forces. La place centrale de la ville lui parut aussi obscure que ses souvenirs qui s'évanouissaient. Tout était noir devant lui, aucun lampadaire n'éclairait son chemin vers la sortie de cet enfer. Il n'avait que son cœur qui continuait de tambouriner dans sa poitrine.

Un rayon lunaire se posa sur lui, l'éblouissant presque. Il eut l'impression d'être réchauffé, consolé. En même temps qu'un hurlement déchirait l'obscurité, la lumière disparut, le plongeant de nouveau dans les ténèbres. Malgré la distance qui le séparait de chez lui, il était sûr d'avoir reconnu la voix de sa mère.

L'éclat revint, le frappant dans les yeux. Il était sur le point de pleurer ; la lune l'en empêcha. Il tremblait de froid et d'indignation. Qu'est-ce qu'il aurait aimé être fort à cet instant ! Pourquoi avait-il fui devant ces soldats éméchés ? Même si ses parents lui avaient ordonné de partir sur-le-champ, il n'aurait pas dû les écouter.

La lune glissa sur le sol gelé, traçant un chemin auréolé vers une sortie prochaine. Il fit d'abord un pas. Puis, les yeux en avant, il continua mécaniquement à suivre la lumière qui glissait, qui s'échappait. Il aurait voulu la saisir pour connaître ses motivations. En même temps qu'il avançait, il redécouvrait la paix. Un passant qui l'aurait vu ainsi déambuler aurait été persuadé qu'il apprenait à marcher. Ses pas, de plus en plus hésitants et désordonnés, faisaient peine à voir. Il tâchait d'intercepter cet éclat fuyant sans y parvenir. Cependant, il n'abandonnait pas et persistait.

Alors qu'il continuait d'avancer, la lumière vint à disparaître. Il heurta du pied un objet long qu'il ramassa. Ce n'était pas du métal malgré le froid qui frappait la paume de ses mains. Les doigts circulèrent de bas en haut ; à mesure que l'examen se déroulait dans le noir le plus complet, il vint à douter de sa perception. Qu'était-ce donc que cet objet ?

Une nouvelle fois, la lune se dégagea de l'emprise nuageuse qui tentait de la faire disparaître. L'adolescent regarda autour de lui. Toute la ville était baignée des rayons éclatants. Si éclatants qu'il crut être exposé en plein jour. Il mit sa main en visière mais l'horloge de l'hôtel de ville affichait une heure tardive du soir.

Il réalisa enfin qu'il tenait un poireau dans ses mains.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? Je... dois me mettre au régime ? Être végétarien ? »

Il n'attendait pas vraiment de réponse. Ces mots qui se voulaient légers lui parurent affreusement amers. Pourtant il se sentit mieux après les avoir prononcés. L'adolescent brandit le légume le plus haut possible puis la lune finit par se faire engloutir pour de bon.


*****
Hénéas cherchait un point de repère qui lui permettrait de recouvrer son calme. Il avait sauté par la fenêtre, mué par un instinct de survie qu'il n'avait pas soupçonné. Cette action lui rappela une autre échappée.
Le ciel lisse n'avait aucun nuage barrant son front ; le soleil commençait son ascension sans interruption. Hénéas essayait d'en faire autant, admiratif de ces choses qui ne changeraient jamais comme le lever du jour.

Il n'aurait su l'expliquer mais ses pas le menèrent sur la place d'Arabelle. Elle n'était pas silencieuse, comme il l'aurait cru : des voix signalaient le réveil d'une population proche. Les fenêtres s'ouvraient largement, les voitures circulaient quelques rues plus loin. Cette place n'avait rien à voir avec celle d'Arpentières.
Il reprit son souffle, fixa le trajet qu'il venait de faire. Aucun soldat n'avait réagi assez vite. Hénéas prit conscience que le scénario se répétait. A quoi cela aurait-il servi qu'il se fasse prendre, sinon à déclarer forfait aux yeux de tous ces gens qui lui faisaient confiance ?

Ne souhaitant pas attirer l'attention d'autres milices, il fit les cent pas, bien décidé à quitter la ville jugée trop dangereuse pour lui. Où irait-il à présent ? Et s'il rejoignait Yell à Janusia ? Il en eut terriblement envie. Bien décidé à s'établir loin des persécutions que menait Flump dans la partie est de Voudre, Hénéas prit la route de la gare.

*****
« Mais voyons ! Laissez-moi passer ! Ai-je l'air d'une femme dangereuse ? aboya une vielle dame. »

Un groupe d'agents de sécurité s'était rassemblé et l'encerclait sur un des quais. Cela ne l'intimida pas ; la dame âgée donna de vigoureux coups de sac à main sur les visages des hommes osant l'agresser. Ceux-ci, étonnés de constater qu'une femme aussi vieille avait encore de la vitalité à revendre, reculèrent puis s'armèrent de matraques.

« Allez-y, brutalisez une dame de mon âge et vous allez voir ! J'ai un train à prendre pour Acajou et je ne compte pas le rater ! »

Hénéas n'en crut pas ses yeux : les hommes allaient la battre à dix contre un. Il était sur le point d'intervenir quand il songea qu'il avait une chance de ne pas se faire remarquer.
Il se rendit au guichet pour acheter un billet quand il entendit les hommes crier. Lorsqu'il se retourna, cinq d'entre eux étaient à terre, leurs armes éparpillées sur le sol. Ils appelèrent des renforts tandis que la dame jonglait avec sa canne.

Hénéas plissa les yeux puis comprit à qui il avait à faire. Cette doyenne n'était pas n'importe qui.
Les agents, pour la plupart apeurés d'être ainsi pris au dépourvu, se tinrent à distance pendant que d'autres arrivaient pour la maîtriser.

« C'est une sorcière !
- On a bien fait de la contrôler, elle aurait faire du mal aux passagers !
- Pire qu'une terroriste ! »

Hénéas avait envie de lui parler. Il avait besoin d'elle pour quitter les terres du royaume. Elle parlait l'autre fois de soutien politique. Elle n'en avait pas assez dit. Persuadé qu'elle en savait plus qu'elle n'en avait dit, il s'approcha. Léok le reconnut.
Il fit mine de vouloir se mesurer à elle. Malgré les invectives des agents de sécurité, il ne se laissa pas intimider.

« Que me veux-tu, mon garçon ? »

Il s'approcha d'elle, faisant mine de vouloir la frapper. Il s'approcha si près qu'il n'eut qu'à murmurer quelques mots pour expliquer sa situation. Elle répondit en le repoussant avec sa canne. A les voir se rapprocher puis s'éloigner, les gardes crurent assister à une danse grotesque. Ils n'avaient plus vu cela depuis l'abolition des spectacles de rue.

Ils n'avaient pas trouvé d'autre moyen pour parler sans éveiller de soupçons. Les vigiles l'auraient arrêté s'ils avaient compris qu'il était lié à cette vieille femme.

« Dites-moi où je peux trouver ces appuis dont vous m'avez parlé.
- Pourquoi devrais-je t'aider ? Tu détruiras le royaume avec ta révolution. »

De nouveau elle le fit reculer ; il fit mine de la frapper.

« Vous n'en avez pas assez de voir que notre peuple souffre ? Au moins avec une révolution, il n'y aura plus de jalousie ni d'inégalités dans les souffrances. Et elle ne durera pas longtemps puisque j'amènerai la paix ensuite, une fois sur le trône.
- Laisse-moi rire. »

Tous ceux qui la regardèrent à ce moment furent étonnés de la voir sourire aussi franchement. Hénéas perdit ses moyens.

« De quoi ils parlent ? demanda un garde.
- Peut-être qu'il essaye de la persuader de se rendre sans faire d'histoires.
- Ce que je veux de toi c'est une promesse : je ne veux pas de vengeance.
- De vengeance ?
- Oui. Ne fais pas souffrir le peuple de la Foudre qui n'a rien à voir avec le passé. Il n'y est pour rien. Ne créé pas toi aussi des inégalités lorsque la paix sera revenue. »

Les renforts arrivèrent, armée marchant en rangs d'oignons. Ils ne furent pas nécessaires.
Un train venait d'entrer en gare. Un grincement résonnait, tout proche. Hénéas et Léok se fixèrent, puis il hocha la tête. Seule Léok pouvait comprendre le sens de cet assentiment. Puis, pour ne pas rater le train qui devait l'amener à la destination que lui avait soufflée la doyenne, il usa de son pouvoir pour l'écarter de son passage. Léok se retrouva à terre, bientôt encerclée par une nuée d'agents. Elle se laissa faire, regardant s'éloigner Hénéas. Il ne lui restait que la promesse faite par un révolutionnaire. Ce dernier, soulagé de ne pas avoir subi de contrôle, fut salué par les gardes à son entrée dans un des wagons qui ne le firent pas payer son billet pour le service rendu.

Le train quitta la gare d'Arabelle. Il fit un arrêt à Renouet puis passa la frontière. Il entra dans le territoire voisin de Rolcheu. Son terminus était Acajou et Sa Majesté le roi David.