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» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 26/01/2017 à 17:28
» Dernière mise à jour le 27/01/2017 à 05:52

» Mots-clés :   Action   Présence d'armes   Région inventée

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Chapitre 8
« Comme je te l'ai déjà appris, j'ai eu mon fils unique très tôt. Nous venions de nous marier avec Enéor que je tombais déjà enceinte. En quelques mois ma vie se transforma : je devins reine et mère.
Mes parents et ceux d'Enéor furent les premiers à conclure une alliance entre les deux peuples venant du ciel : celui de la Foudre et du Vent. J'étais issue de la seconde branche tandis que mon époux, le roi, suivait l'autre lignée. Cette union donna naissance au pays de Voudre.

Nous fûmes, je le crois, de bons souverains. Les deux communautés n'avaient rien à envier l'une à l'autre ; nous étions égalitaires et ne favorisions personne. Notre règne fut celui de la paix, malgré des crises passagères. Nous n'avions pas l'ambition d'étendre notre territoire ni de faire la guerre aux pays voisins. Nous nous entendions même très bien avec eux.

Flump a été un enfant choyé et gâté. Il adorait les Pokémon. Cela lui arrivait de passer des heures dans la salle des Légendaires en compagnie de Lugia et de Fulguris.
Très vite, en leur présence, il développa une faculty. Nous avions cru que Fulguris l'avait choisi.

Il me faut te préciser qu'Enéor n'avait pas de faculty contrairement à moi, qui savais déjà maîtriser les vents. Flump suivit mon chemin en développant des dons.
Il s'entraîna dur pour réussir à les exploiter. C'était un garçon vivant et démonstratif : il me prenait à témoin de ses progrès.

« Regarde maman, j'arrive à soulever cet épouvantail par la force de mes mains ! Le vent est en moi ! »

Il disait cela en même temps qu'il réveillait une rafale qui avait tôt fait de balayer l'humanoïde de paille qu'il avait construit pour exercer son pouvoir. Il songeait déjà à notre succession : le jour où il gouvernerait le pays. Il en avait les capacités et les qualités.

Ce n'était pas le même qu'aujourd'hui. L'explication remonte plus tard, durant son adolescence.

Il avait quinze ans à cette époque. Son père et moi étions partis à Méanville pour assister à un événement sportif. Nous l'avions laissé seul à Volucité -qui était déjà la capitale de Voudre-. Il ne supportait pas le sport et préférait rester en compagnie de son nouvel ami, un Dynavolt. Le Pokémon électrique lui avait été offert à Noël par son père. Ils étaient -et sont toujours d'ailleurs- inséparables.

Nous avions pris l'avion le matin. Il nous assura être capable de gérer la demeure, nous ayant observé pendant des années. C'était une sorte d'exercice qui visait à l'habiller dans son prochain rôle de souverain. Il prenait la tâche très au sérieux et nous lui fîmes confiance.

L'événement devait nous retenir trois jours. Nous voulûmes avoir de ses nouvelles mais lui préférait que nous le laissions gérer. Cela lui tenait à cœur de ne pas devoir nous rendre des comptes.
Nous devions rentrer le troisième jour comme prévu mais l'appel d'un de nos gouverneurs nous alarma.

« Le château est dévasté, madame. Il ne reste plus rien. »

Tu peux imaginer mon incompréhension et ma surprise d'apprendre une telle nouvelle. Je m'enquis en premier lieu de l'état de mon fils.

« Il va bien mais... il est dans un grave état.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? »


Nous embarquâmes à bord du premier avion mis à notre disposition. La réponse que m'avait donné le gouverneur m'avait sonnée autant que d'apprendre l'état déplorable dans lequel était plongé mon petit garçon.
Lorsque nous arrivâmes sur les lieux, il ne restait plus rien. Quelques débris ; aussi bien les jardins que le châteaux, ainsi que les environs de la ville, tout ce paysage qui m'était familier avait été le théâtre d'une terrible catastrophe naturelle.

Un cyclone phénoménal. Il avait détruit la moitié de la ville et la vie de mon fils.
Un des gardes l'avait retrouvé au milieu d'un espace enneigé. On était en janvier, il neigeait encore beaucoup. Flump avait perdu connaissance ainsi qu'une grosse quantité de sang.

Au moment de sa découverte, un tout petit Manglouton sauvage avait été retrouvé auprès de lui. Il avait veillé sur lui. Le Pokémon avait suivi le garde jusqu'à un des hôpitaux épargné par le cataclysme. Bien sûr, là-bas, une foule de personnes attendaient leur tour pour se faire soigner ou pour prendre des nouvelles des proches restés au bloc.

Le garde n'eut pas le temps de dire qu'il portait dans ses bras le prince qu'on lui céda la place. Certains, malgré l'épreuve qui venait d'avoir lieu, reconnurent Flump. Il leur était plus important d'avoir un futur roi en bonne santé pour les générations futures. Celui qui avait offert son tour était un habitant d'Arabelle, ville encore très peuplée de personnes du Vent. Ironie du sort.

Le soulagement de le savoir sain et sauf fut l'occasion de retrouvailles remplies d'effusions. Mais Flump n'avait pas envie de se réjouir. Avant de nous voir, on lui avait annoncé une terrible nouvelle qui changea notre vie comme celle de tout un royaume : il n'aurait jamais d'enfant.
Il nous l'avait annoncé comme on annonce qu'on a perdu une chaussette. Cela lui semblait à la fois abstrait mais en même temps terrible. Il ne se rendait pas encore compte que le retournement s'opérait en lui.

Il nous avait conté le drame. Cela s'était passé la nuit. Des vents violents avaient fracassé ses volets. Tiré de son lit, il avait regardé par la fenêtre venir l'apocalypse. Un immense corps nuageux avalait les toitures, dévorait les voitures, les arbres n'avaient plus aucune racines, aspirés eux aussi dans un tumulte saisissant.

Flump avait dévalé les marches, avertissant tous ceux qui pouvaient l'écouter à cette heure. Il réveilla tout le château ; il était trop tard. La tornade était déjà aux portes de la ville et progressait si vite, rongeant les obstacles qui se dressaient entre elle et l'autre morceau de la ville.
On n'eut pas le temps d'évacuer le bâtiment royal. Flump était parti à la recherche de son Dynavolt qui s'était, comme souvent, égaré dans les innombrables couloirs.

La tornade grignota le jardin puis la façade du château. Ce fut une terrible vision qui s'offrit à lui : il venait de rattraper son Pokémon, qui s'était retrouvé seul devant ce monstre des vents qui l'engloutit aussi sec.
Le monstre le recracha plus loin, sur le manteau de neige qui s'étendait à perte de vue, dans cette nature dévastée. Le choc avait été si rude lors de sa chute qu'il avait d'abord atterri sur la branche du seul arbre encore debout à des kilomètres.

Puis, lorsqu'il tomba à terre, l'entre-jambe en sang, il attendit de longues heures avant d'être enfin recueilli par un garde qui passait par là. On n'avait pas retrouvé Dynavolt mais un étrange Pokémon avait veillé sur lui. Sa toison brune et dorée était recouverte d'une fine particule blanche, témoignant du long temps passé auprès de mon fils.

En même temps que Flump m'avait raconté ce qui s'était passé, il caressait affectueusement l'encolure de ce Pokémon aux dents crochues.

Il fallut reconstruire toute une partie de la ville et soigner le traumatisme de toute une population en plus de la notre. Cela prit du temps. Et Flump réalisa enfin, comme un électrochoc, ce qu'on lui enlevait.
Lorsqu'il fréquenta des femmes, il fut victime de railleries. Une colère contre le monde entier l'anima : même contre nous.

Il devenait insupportable, insultant. Il exécrait son pouvoir qu'il liait à l'accident. Mais il n'eut pas le temps de haïr son don bien longtemps. On se rendit compte que sa faculty n'était en rien liée à celle d'un Pokémon Légendaire. Elle disparut du jour au lendemain, prouvant qu'il n'avait pas été l'élu
d'un Légendaire.

Il parut soulagé d'avoir perdu ce pouvoir. Il chercha ailleurs l'accès à un don. Son père lui offrit un sceptre doré pour ses vingt-ans. Il se promenait partout en ville avec, esquissant déjà ses premiers pas en temps que roi.
Il jetait un regard sévère, lors de ses visites, aux habitants dont les villes étaient peuplées majoritairement des gens du Vent. Grondait en lui une rancune qu'il reportait sur eux.

Un jour, il avait amené aux Légendaires son sceptre. Il y eut un nouvel accident -moins grave celui-là-. Fulguris, alors le seul Pokémon électrique en possession de la royauté de Voudre, fit passer une puissant courant dans le bâton doré. Du même coup, Flump reçut lui aussi le coup de jus.
Il se rendit très vite compte que grâce à Fulguris et à son sceptre, il pouvait contrôler les éclairs.

Cette faculty, comme je vous l'ai révélé, a ses limites : elle ne déploie sa toute puissance qu'en présence du sceptre qui décuple son don.

« Je vais tous les griller, ces sales pigeons ! m'avait-il dit un jour en parlant du peuple du Vent. »

Son extrémisme me fit peur et me fit réagir trop brutalement. A cause de moi, sa haine s'était accentuée.
Un jour que son discours me parut encore plus insupportable que d'habitude, je m'emportais. Nous étions dans le jardin ; il parlait d'exterminer ceux qui avait appelé le cyclone pour lui voler sa couronne. Flump voyait un complot de gens de l'est pour s'emparer de son héritage. Il m'avait révélé une de ses solutions : dresser un mur pour ensuite, sans scrupules, griller ces "pigeons" par la force de son pouvoir.

« Ils deviendront des pigeons rôtis ! »

Il était emporté, faisait de grands gestes ; je ne l'avais jamais vu aussi haineux. Mon coup partit tout seul : je l'avais projeté à une dizaine de mètres de moi par une violente rafale. Il avait atterri comme ce soir d'hiver : sur l'entre-jambes. Cela me fit tout de suite regretter ma colère.
Après s'être relevé, il m'avait dit ces mots :

« Toi aussi tu es l'un des leurs. Tout ceux qui ont un quelconque lien avec le vent sont responsables de ma stérilité.
- Tu ne peux pas dire ça !
- Alors pourquoi la partie du pays où vivent ces pigeons a été épargnée par le cyclone ?!
- C'est une coïncidence.. »


Je n'avais pas d'autres explications. Il était malheureusement vrai que la partie de l'est avait été plus ou moins épargnée par la catastrophe.

« Si tu continues à les défendre...
- C'est mon pays, comme le tien !
- Non, le mien est celui des Foudre. »


Tout ce que nos parents et tout ce que nous avions nous-même construits risquait de s'effondrer. Des années de paix entre deux peuples allaient être balayées.

« Tu n'auras rien à dire lorsque je serai sur le trône. Si tu les défends encore, je te chasserai ! »

Enéor mourut quelques années après. J'espérais qu'il ne mettrait pas ses menaces à exécution mais, hélas, malgré mon investissement dans la défense d'une population qui commençait tout juste à être opprimée, il me chassa. Il avait convaincu l'armée de le suivre, étant majoritairement composée des gens de la Foudre, eux-aussi animés d'une rancœur pour ce qui s'était passé cette nuit de janvier. Il fit un coup d'Etat et je n'eus plus le choix que de songer à ma survie.

Néanmoins, j'étais restée ici malgré les risques de me faire prendre. Ce pays est le mien, il fallait que je le regarde aller de mal en pis. Il sombre chaque jour un peu plus. J'avais plusieurs fois tenté de reprendre contact avec lui mais à chaque fois la peur qu'il ne m'attache sur la chaise électrique me faisait rebrousser chemin. Il est capable de beaucoup de choses. »

Léok suspendit son récit, n'ayant plus matière à raconter. Hénéas s'était levé et regardait devant lui.

« Pourquoi vous me dites tout ça ?
- Je veux que tu réalises à quel point il a souffert. Je ne lui trouve pas d'excuses. Si tu poursuis ton plan de rébellion, le royaume va souffrir. Tu n'y arriveras pas tout seul. Il te faut des alliés. »

Des alliés ? Hénéas avait le peuple du Vent derrière lui. Il considérait cette vague humaine comme suffisante. Léok lut dans ses pensées.

« Les quelques enragés qui écoutaient ton discours de tout à l'heure ne suffiront pas. Il te faut un appui politique. »

Elle semblait vouloir lui révéler une information mais s'abstint. Elle le laissa debout sur les marches de l'escalier. Il ne se rendit pas compte de son départ. Il fixait l'horizon, démêlant les nœuds d'un passé qu'il ne soupçonnait pas.

« Flump... Même si j'ai appris ce qui t'est arrivé, je ne renoncerai pas. Quitte à détruire le royaume entier, je ne laisserai plus un seul peuple en pâtir.
Nous nous battrons à armes égales. »

La colère s'atténuait, laissant place à une forme confuse de mépris envers ce roi qui verrait bientôt son trône renversé.