Où il est question de justice
Mar
Traînant Caratroc à travers la ville, Mar se dirigea jusqu'à la prison, où il le fit enfermer à double tour et interroger. Suite à quoi, réfléchissant à son rapport, le Mercenaire se prépara à demander des réponses au Roi. Durant le trajet et l'interrogatoire, qui avait révélé l'existence d'un autre réseau, ses doutes n'avaient fait qu'augmenter. Et si le Roi a vraiment embauché cette ordure ? pensait-il. Si il engageait vraiment des espions ? Mais pourquoi ? Qu'est ce qu'un Maître Espion au final ? Mar, en tant que Mercenaire, incarnait une force de la loi du Royaume et il le savait. Son devoir était donc de la faire respecter. Or, Caratroc était sans nul doute un espion, et l'espionnage n'était condamné que par la mort. L’exécution en place publique par le Bourreau serait alors son seul destin. Alors, qu'est ce qui me fait douter ? "Je suis au service du Royaume !" a-t-il dit. Quelle raison ai-je de le croire ?
Non. Ma raison et mon devoir me dictent de le condamner. Caratroc est un espion, alors il sera exécuté. Je n'ai pas à douter.
Alors qu'il cogitait devant la cellule de Caratroc, qui avait repris conscience, des pas se firent entendre dans le couloir. Tournant la tête, le Mercenaire aperçut un Garde Elekable s’approcher, un trousseau de clés en main. Dépassant le Mercenaire, il se dirigea vers la porte de la cellule.
- Le Roi veut vous voir. dit-il au passage, s'adressant au Lucario.
Puis, usant de ses clés, il ouvrit la porte avant de reprendre la parole :
- Quant à vous, vous êtes libre. Veuillez nous pardonner pour l'affront qui vous a été fait. dit-il, une expression neutre néanmoins tentée de dégoût peinte sur le visage.
Puis il partit sans rajouter un mot. Le Mercenaire était stupéfait. Médusé, il regarda Caratroc sortir de prison en arborant un air narquois.
- Je t'avais bien dit que je n’étais pas n'importe qui, Mar. Je suis le Maître-Espion du Roi et, en tant que tel, je contribue à la sécurité de la ville. Ma fonction me permet bien entendu de bénéficier de sa protection. On ne peut pas en dire autant de toi ! Bonne chance, mon ami ! fit Caratroc en s’éloignant et en éclatant de rire.
Mar se dit qu'il allait sans doute en avoir besoin... Au final, le Maître Espion semblait être une personne haut gradée, et s'attaquer à un haut gradé était sévèrement puni. Sans doute allait-il écoper d'un châtiment douloureux.
Résolu, il se dirigea néanmoins vers la salle du trône. Pas question de fuir. Il affronterait sa punition avec dignité. Passé les gardes, le Mercenaire s'inclina devant le Roi, attendant qu'il prenne la parole. Un fait cependant ne lui échappa pas : le Commandant de l'ordre des Mercenaires, Exagide, se tenait aux cotés de sa Majesté.
- Tu as de la chance, Mar. dit alors le Roi
Surpris, le Lucario releva la tête
- Ton Commandant a prit ta défense et m'a tout expliqué. Je peux comprendre que tes soupçons se soient porté en priorité sur Caratroc. J’espère qu'au moins tu as récolté de bonnes informations ?
Soulagé, Mar laissa s'évaporer sa tension avant de déclarer d'une voix sûre :
- Oui, votre Majesté. Je sais à présent où se trouve notre ennemi.
- Alors je serai magnanime pour cette fois. Tu ne subiras pas le châtiment prévu, mais à une condition : réussis ta mission, et ne te trompe pas d'ennemi. L'un de mes propres agents était sur place quand tu as attaqué l’établissement de Caratroc. Heureusement pour toi, j'ai appris à l'instant qu'il n'a rien. Va, à présent. Concentre toi sur ton objectif et ne laisse pas notre ennemi te leurrer.
S'inclinant une dernière fois et le remerciant humblement, Mar sortit de la salle.
Le lendemain, alors que les premiers rayons du soleil illuminaient la ville, le Mercenaire se remit en chasse. L'interrogatoire de Caratroc avait révélé l'existence d'un autre endroit susceptible d'abriter des espions. Ses informations étant à présent sûres, le Maître Espion étant innocenté, Mar savait que sa mission allait rapidement se terminer, du moins l'espérait-il. Bientôt, il se retrouva devant un autre établissement, une banale auberge à l'aspect vétuste. A la réflexion, l'endroit était on ne peut plus approprié pour rester discret : située dans les tréfonds des Bas-Quartiers, ne payant pas de mine, l'auberge devait attirer peu de clients. Peu de clients, donc peu de témoins potentiels. Un lieu parfait pour ourdir de sombres plans et cacher de précieuses informations.
Choisissant d'agir avec prudence, Mar entra tel un simple client et alla s'asseoir à une table. Les lieux étaient effectivement peu peuplés : deux clients esseulés étaient attablé dans des coins déserts de la salle, une serveuse, semblant dépérir par ennui, était assise au comptoir, et la gérante, une Mélodelfe, se concentrait sur le nettoyage de son plan de travail. Tout semblait tranquille. Mais Mar constata cependant un fait étrange : alors que la serveuse, semblant retrouver un peu de motivation du fait de la présence du Mercenaire, se dirigeait vers lui pour prendre sa commande, il constata des mouvements furtifs dans un couloir peu éclairé et "réservé au personnel". Passant d'un air distrait sa commande, il observa le plus discrètement possible les allers-venues qui se produisaient dans ce couloir. Sous un masque d'ennui, il se mit à réfléchir à ce qu'il pouvait se tramer là bas. Deux options : soit cette auberge abrite plus de personnel qu'elle ne le laisse croire, soit il s'agit d'un réapprovisionnement des stocks. pensait-il. Mais l'auberge n'a pas l'air d'avoir besoin d'autant de personnes... combien y en a-t-il, là derrière ? Quatre ? Cinq ? Peut être six ? Le nombre de clients ne laisse pas supposer un tel besoin, une serveuse, maximum deux en de meilleures périodes, et la patronne sont amplement suffisantes à la gestion de l'établissement. Et ce même nombre ne requiert pas non plus un réapprovisionnement aussi important. Conclusion, il se passe quelque chose ici qui n'est pas normal. Ses doutes furent balayés lorsque, l’ouïe affutée, il entendit un léger claquement de porte provenant de ce couloir. Quelqu'un, ou plusieurs personnes, était sorti.
Profitant d'un instant d'inattention du personnel, il se leva et alla inspecter par lui même. Dans le couloir se trouvait deux portes, l'une menait vers l'extérieur, sur une arrière-cour vide, l'autre sur un placard à balais tout ce qu'il y avait de plus banal. Se cachant dans le placard et le fouillant, Mar ne tarda pas à trouver une trappe secrète, dissimulée sous le plancher. En l'ouvrant il découvrit une échelle, menant à une petite pièce creusée dans le sol. Une inspection rapide de la cache secrète lui permit alors immédiatement d'identifier le réseau d'espion qu'il cherchait. Mar sourit. Il touchait au but.
Dans cette pièce secrète, se trouvait nombre de documents compromettants : plans détaillés des égouts, liste des différents capitaines de la Garde, de la police fluviale et terrestre, même de l'Ordre des Mercenaires ! Il y avait même un plan du palais. A se demander comment un tel établissement pouvait se retrouver en possession de documents pareils...
Sa décision prise, Mar remonta et se dirigea d'un pas résolu vers le comptoir. Il n’était plus temps de se cacher.
Prenant alors ses adversaire par surprise, le Mercenaire se jucha sur le comptoir et décocha deux puissants coups de pieds qui envoyèrent immédiatement à terre la serveuse et la patronne. Voyant la Mélodelfe essayer de se relever, le Lucario sauta et tenta de lui porter un coup qui l'empêcherait de bouger davantage. Mais l'espionne roula de côté, esquivant le coup. De toute évidence rompue au combat, elle se prépara immédiatement à riposter. Quelque chose de surprenant se passa alors : s'interposant, un Pokémon gracieux dont les ailes ressemblaient à des nuages fit barrage entre les deux adversaires.
- Arrêtez ! s'exclama-t-elle d'une voix claire et désespérée. Pourquoi faites-vous ça ? Cessez cette folie je vous en prie !
Mar ouvrit de grands yeux devant cette apparition. Il ne s'agissait ni plus ni moins de Dame Altaria, compagne du Roi. Sentant cependant une autre présence, le Mercenaire se retourna vivement... pour apercevoir une Mysdibule qui, d'un bond impressionnant, traversa la salle jusqu'à lui et, le narguant, sauta sur sa tête avant de rebondir et se diriger à toute vitesse vers l'issue à l'arrière du bâtiment. Sentant qu'elle serait déjà loin, Mar ne prit pas la peine de lui donner la chasse.
- Vous allez devoir vous expliquer, Dame Altaria. déclara-t-il posément, fixant la porte par laquelle Mysdibule était sortie. Je suis Mercenaire et ai pour mission d'arrêter les espions qui infestent cet établissement. Que vous interveniez dans ce combat dont vous ignorez tout, soit, mais que vous soyez accompagnée d'une des criminelles les plus recherchées du pays... vous vaudra un interrogatoire auprès du Roi.
Sur ces mots, il administra un dernier coup à Mélodelfe qui la fit sombrer dans l'inconscience, puis la chargea sur son épaule, invitant Altaria à le suivre.
Igameprac
Le soleil se levait, lentement, timidement, illuminant la ville. Quelques rayons s'introduisirent doucement par la fenêtre de la chambre d'Igameprac, tombant sur son visage et finissant par le réveiller. Ouvrant les yeux, il s'aperçut qu'une patte noire était délicatement posée sur son torse. Sa propriétaire, une sublime Noctali, dormait encore paisiblement à ses côtés. La nuit fut on ne peut plus douce. Le patron avait été décidément fort généreux en lui octroyant une telle récompense pour sa victoire. Le Dracaufeu décida de se souvenir de l'endroit.
Mais il savait qu'il n'avait pas le temps de s'attarder ici plus longtemps. La compagnie fut elle excellente, le Roi avait confié une mission au Garde, qu'il lui fallait impérativement remplir. Se levant presque à regret, Igameprac reprit ses affaires et descendit en bas,tout en espérant qu'il n’était pas le dernier de son équipe à être debout.
La première chose qu'il remarqua, une fois en bas, fut... cette table... qui gisait sur le coté, brisée, pile devant l'escalier. La deuxième chose fut l’état général de la salle principale, chaotique. La troisième fut l’état du patron, qui lentement, s'approchait du Garde.
- Bien le bonjour ! lui dit-il, comme si tout était normal. J’espère que vous avez passé une bonne nuit ?
Une lueur malicieuse scintillait dans les yeux au beurre noir du Caratroc.
- Eh bien, quel réveil ! Vous devriez faire quelque chose pour la poussière, ce n'est guère accueillant pour les clients, vous savez. commenta le Dracaufeu, sarcastique. Blague à part, que s'est il passé ici ?
- Oh rien de bien grave... disons simplement qu'un de tes... collègues... est passé ici hier soir, peu après ta visite. C'est lui le responsable. Mais je crois qu'en ce moment, il doit recevoir quelque coups de fouets bien placé. Il s'agissait d'un Mercenaire, son nom était Mar.
Mar... oui bien sûr...
Ne s’inquiétant pas outre mesure, le Garde prit congé du tenancier. Bientôt, son équipe au grand complet le rejoignit dans la salle. Tout le monde était prêt. Il était temps de partir.
Ils prirent la décision de se diriger vers le QG des mercenaires. L'une des pistes menant à eux, il était parfaitement probable qu'ils aient vu le criminel. Igameprac connaissait suffisamment les Mercenaires de réputation pour l'affirmer. Rien n’échappait à cet Ordre d’élite. Sûr d'eux, les Gardes arrivèrent de bonne heure à l’entrée du fameux QG. Le Dracaufeu frappa poliment, trois fois... et à sa grande surprise, sous sa propre poussée, la porte s'entrouvrit.
Prudemment, il passa la tête à l'entrée et examina les alentours. La pièce, sombre, ne laissait entrevoir sous la lumière du jour que quelques meubles renversés, brisés, rappelant au Garde le bâtiment qu'il venait de quitter. Chaotique, l'endroit laissait présumer qu'un violent combat venait d'avoir lieu. Ils ne tardèrent d'ailleurs pas à trouver diverses taches de sang, avant de tomber sur un premier cadavre. Un Mercenaire était étendu sous un banc, sans vie, le torse barré d'une plaie béante. Plus loin, ils trouvèrent d'autres corps, dans le même état. Consterné, les Gardes se regardèrent, se demandant ce qu'il avait bien pu se passer. Mais il n'eurent pas le temps d'en faire plus : soudainement, des ombres surgirent des coins reculés de la salle et passèrent à l'attaque !
La bataille fut terrible. Les six compagnons se défendirent ardemment, mais leurs adversaires semblaient être de vrais professionnels. Tout à coup, Igameprac perçut l’éclat caractéristique d'une lame, ça et là. Il sursauta : ces éclats, cette manière de se battre, tout correspondait ! Leurs adversaires n’étaient autres que les Mercenaires qu'ils recherchaient !
Décontenancé, le Dracaufeu cria de cesser le combat, avant de se faire percuter par la lame d'Exagide, dont le plat s’abattit sur sa tête. Igameprac sombra dans l'inconscience...