Pikachu
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Le chemin d'un Dresseur de Pikali



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» Auteur : Pikali - Voir le profil
» Créé le 10/04/2016 à 12:58
» Dernière mise à jour le 10/04/2016 à 12:58

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Fantastique   Présence de personnages de l'animé

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Chapitre 3 : Un petit nouveau dans l'équipe
Quelques jours plus tard, alors que Sacha s'était arrêté pour déjeuner, il entendit un léger choc près de lui. Se tournant vers le bruit, il s'aperçut que la boîte contenant l'œuf de Capidextre venait de se renverser, manquant de laisser échapper son précieux contenu. Il se précipita vers lui, affolé en voyant l'œuf rouler doucement hors de la boîte ; le garçon le ramassa en vitesse, espérant qu'il ne se soit pas abîmé avec le choc contre le sol. Il l'examina rapidement, avant de soupirer de soulagement en voyant qu'il n'avait rien, et reposa l'œuf dans sa boîte.
Mais soudain, le fragile objet se mit à bouger, basculant sur le côté de la boîte. En même temps, l'œuf se mit à luire doucement sous les yeux du jeune homme. Le visage de Sacha s'éclaira un immense sourire : le grand moment était arrivé, l'œuf allait enfin éclore. Le dresseur s'assit par terre, prenant dans ses bras ce qui allait bientôt devenir un Pokémon nouveau-né. Il le garda au chaud pendant plusieurs minutes, avant de le sentir à nouveau bouger et faire un peu de bruit. Le garçon se sentit très drôle, partagé entre un sentiment d'impatience et de bonheur intense, comme à chaque fois qu'il avait vu un œuf de Pokémon éclore sous ses yeux. Comme à chaque fois, il se demanda quel Pokémon allait sortir de cet œuf, bien qu'il ait cette fois une petite idée sur la question.

Enfin, il vit sur la coquille qui luisait de plus en plus fort se former des fêlures, tandis qu'un craquement se fit entendre. Et soudain, alors que l'œuf brillait intensément, Sacha le sentit bouger une dernière fois, et la coquille disparu en milliers d'étincelles, laissant apparaître un petit Pokémon violet et beige sur ses genoux. Un petit Capumain.
Le jeune homme sentit ses larmes monter aux yeux en voyant le Pokémon nouveau-né. Ce dernier, roulé en boule sur lui-même, commença doucement à bouger ses petites pattes, puis ouvrit les yeux pour la première fois. Encore un peu ensommeillé, il leva le regard vers le garçon qui lui sourit :
- Bonjour toi !
Capumain pencha la tête sur le côté, observant curieusement le dresseur, puis se dressa sur ses pattes et sauta dans ses bras pour lui faire un câlin, le faisant rire. Alors que le Pokémon grimpait un peu maladroitement sur ses épaules, il se présenta :
- Je m'appelle Sacha, et…
Il s'interrompit brusquement. Il venait de se souvenir que son meilleur ami, son Pikachu, n'était plus avec lui. Sacha sentit un grand vide dans son cœur. Ces derniers jours, il n'avait pensé qu'à cet œuf, oubliant presque la mission qu'il s'était fixée. Son regard s'assombrit ; comment avait-il pu oublier une chose aussi importante ?

Capumain remarqua que le garçon avait changé d'attitude. À peine deux secondes plus tôt, il semblait si heureux, et maintenant il faisait une tête d'enterrement. Essayant de le faire changer d'humeur, le petit Pokémon descendit juste dans ses bras pour demander un autre câlin. Sans succès. Le jeune homme avait les yeux perdus dans le vide, comme parti très loin dans ses pensées. Le nouveau-né tenta alors autre chose : se plaçant devant lui, il se mit à lui tirer la langue et à faire des tas de grimaces. Toujours rien. Capumain finit par s'asseoir par terre, regardant Sacha d'un air triste, déçu de ne pas pouvoir lui redonner le sourire qu'il avait eut au moment de sa naissance.
Un Roucool passa au dessus d'eux, attirant l'attention du Pokémon Longqueue qui le suivit du regard un instant, avant de se mettre à l'imiter en battant des bras et en essayant de se propulser en l'air avec sa queue. Son dresseur leva le regard, observant le jeune Pokémon mimant le Pokémon Vol. Un petit sourire se forma sur son visage, alors qu'il regardait le nouveau-né essayer de s'envoler en sautant sur sa queue. Même s'il ne volait absolument pas, il imitait très bien le Roucool qui venait de passer. Il l'imitait aussi bien que l'aurait fait Pikachu.
Capumain se retourna vers le jeune homme et vit qu'il souriait de nouveau. Ce n'était pas le même sourire, mais il souriait quand même. Sacha tendit ses bras, l'invitant à se blottir contre lui ; le petit ne se fit pas prier et sauta dans ses bras, tandis que le garçon le serrait très fort contre son cœur en laissait échapper une larme de joie et de peine.

Un peu plus tard, le Dresseur avait reprit la route, son bébé Pokémon perché sur ses épaules. Le petit Capumain regardait tout autour de lui, découvrant le monde avec celui qu'il prenait pour son parent. Il s'étonnait de tout, faisant sourire le jeune homme alors qu'il voyait des Roucoups ou des Papilusion voler dans le ciel au dessus d'eux. Le garçon regardait amusé ce petit s'émerveiller à chaque nouvelle chose qu'il voyait, heureux d'avoir à nouveau un compagnon de voyage.
Soudain, des bribes de voix attirèrent l'attention de Sacha. Il se dirigea vers celles-ci, allant en dehors du sentier ; les voix se firent plus nettes, lui permettant de comprendre quelques phrases :
- Alors, tu trouve ?
- Non, toujours rien "XY0 35".
- C'est pas vrai ! Pourquoi c'est à nous de devoir trouver un gosse ? Ils avaient pas d'autres mission au QG ?
Le jeune homme se figea. Ce n'était quand même pas…?
- Pourquoi on doit chercher un môme ? Qu'est-ce qu'il a de spécial ?
- C'est pas le môme qui intéresse les Commanders, c'est ce qu'il a avec lui…
- Son œuf ? C'est qu'un œuf de Pokémon comme les autres, qu'est-ce qu'on en a faire ? On peut s'en passer, c'est pas ça qui pourrait nous manquer !
- T'oublie que son dresseur est spécial, quand cet œuf éclora ça ne sera pas n'importe quel Pokémon qui en sortira…
- Me dit pas que c'est parce que ce gosse est son dresseur qu'il va être plus spécial que les autres !
- C'est pas l'avis des Commanders, "XY0 35", et je te rappelle que tu a des ordres ! Quand on te donne une mission, tu doit…
- Je sais ! Je la ferme et c'est tout. Bon, où est ce gamin, à la fin ? Je vais pas passer ma journée à le chercher !
Alors qu'il écoutait ces dernières paroles, le jeune garçon s'était doucement rapproché de l'endroit d'où elles provenaient. Caché derrière un arbre, il jeta un coup d'œil prudent aux alentours. Et là, il vit deux silhouettes d'homme, vêtus de longues capes grises…
D'un seul mouvement, le dresseur se plaqua dos contre le tronc de l'arbre et attrapa dans ses bras son Capumain qui faillit crier de surprise.
- Capumain, surtout ne fait aucun bruit ! Lui chuchota brusquement le jeune homme, un doigt sur les lèvres.
Surprit par son attitude et plus encore par l'expression tendue de son parent adoptif, le Pokémon n'osa pas désobéir. Le garçon jeta encore un regard vers les hommes en gris, espérant qu'ils s'en aillent sans le voir. Ils continuaient de chercher aux alentours, l'un maugréant contre leur mission, l'autre réprimant son complice et lui demandant de faire moins de bruit pour ne pas se faire repérer.
Heureusement, aucun des deux ne semblait avoir remarqué qu'ils étaient d'ores et déjà grillés par leur propre cible. Profitant du fait qu'il n'était pas encore découvert, Sacha opta pour une sortie discrète vers le sentier qu'il venait de quitter. Regardant bien où il mettait les pieds, il s'éloigna prudemment, gardant dans ses bras son Capumain chéri. Il n'allait pas laisser ces hommes prendre un seul autre Pokémon, et surtout pas celui-là. Ce n'était encore qu'un bébé de quelques heures à peine, qui avait besoin d'amour et de protection. Il ne les laisserait pas lui faire du mal.

- Hé, toi là ! S'écria une voix dans son dos.
Le garçon se figea une seconde. Puis sans réfléchir, il se mit à courir, courir de toute la force de ses jambes. Il devait fuir, il n'avait plus le choix. Il ne serait pas de taille, tout seul contre ces hommes. Et il ne comptait pas impliquer son bébé Capumain dans la bagarre. Ce combat n'était pas le sien, ça ne le regardait pas. Il ne devait pas être impliqué, pour rien au monde.
Il entendit l'homme jurer et se mettre à le poursuivre. Le jeune homme courut encore plus vite, poussé par l'adrénaline. Il ignorait sa propre fatigue qui commençait déjà à le ralentir, usant de toutes ses ressources pour se mettre à l'abri de ses poursuivants. Il sentit soudain son Capumain se dégager de ses bras et grimper sur ses épaules. Le bébé Pokémon se mit à gesticuler contre l'homme qui leur courrait après, lui criant dessus comme s'il était en colère. L'inconnu se remit à jurer en poursuivant de plus belle le garçon et son jeune compagnon. Sacha eut juste le temps de reprendre son protégé dans ses bras et de puiser dans ses dernières forces pour piquer un sprint à travers la forêt.
Évitant comme il pouvait branches et racines, le jeune homme traversa les bois à toute vitesse, espérant semer ses poursuivants. Il finit par arriver dans une clairière, où un vieux bâtiment se dressait, abandonné. C'était une bâtisse en ruine, à la façade à demi écroulée ; des plantes grimpantes sortaient des fenêtres brisées, courant le long du mur effondré, et le toit était en partie tombé sur le deuxième étage de l'ancienne habitation.
Tout le bâtiment semblait être sur le point de s'écrouler sur lui-même, il était dangereux d'y entrer. Mais les bruits de pas derrière le dresseur sonnaient encore plus dangereux ; après une hésitation, il s'engouffra à l'intérieur par la porte à moitié sortie de ses gonds. Cherchant une cachette dans les décombres où se mêlaient morceaux de murs et meubles cassés, le garçon tourna dans tout les sens avant de monter à l'étage supérieur par un escalier de béton à demi effondré. Arrivé en haut, il vit par l'encadrement d'une porte un très grand tas de gravas dans une pièce ; sans hésiter, il s'y dirigea et se fraya un chemin entre les débris afin de s'y cacher autant que possible.

Quelques instants plus tard, alors qu'il se tenait accroupi dans les décombres, le jeune garçon entendit une voix furieuse provenant de l'extérieur :
- Et merde ! Il s'est quand même pas caché là-dedans !
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Fit une deuxième voix masculine. Où est partit le garçon ?
- Je crois qu'il est là-dedans, ce sale gosse ! Jura la première voix.
- T'es sûr ? C'est un vieux bâtiment en ruine, il est quand même assez intelligent pour ne pas se fourrer dans des endroits aussi dangereux…
- Il a été assez idiot pour venir dans l'une des bases essayer de prendre nos marchandises, je te rappelle.
Ces mots rallumèrent une colère immense dans le cœur de Sacha : ces types osaient parler de ses Pokémon comme s'il s'agissait d'objets dénués de pensées ou d'émotions !
- Il n'est pas encore assez stupide pour risquer sa vie aussi bêtement, dit la seconde voix.
- Il faut quand même regarder qu'il ne soit pas dans le coin, argua la première voix. Viens, on va jeter un coup d'œil là-dedans.
Le garçon entendit des pas à l'étage en dessous, puis des bruits de gravas qu'on déplace. Les deux hommes continuaient de parler doucement entre eux, pensant éviter de se faire repérer de leur cible. Le jeune homme pria pour qu'ils restent au rez-de-chaussée, se sentant plus que jamais coincé dans une impasse. Subitement, son Capumain qu'il tenait toujours dans ses bras essaya de s'en aller, visiblement décidé à attaquer les deux intrus. Il parvint à le retenir alors qu'il sortait du tas de décombres et le tira vers lui ; le Pokémon Longqueue se débattit pour repartir en faisant tomber quelques débris. Le dresseur le ramena à lui, tentant de le calmer :
- Capumain, arrête ça tout de suite ! Arrête, je t'en prie !
- Qu'es-ce que c'était ? Fit l'une des voix en bas.
Sacha se figea. Ils étaient repérés.
Capumain essaya encore de sortir des débris, mais son dresseur le retint fermement. Il commença à s'énerver, à tel point que son maître fut obligé de le faire taire pour que leurs poursuivants ne devine pas leur cachette. Les bruits de pas se rapprochèrent. Le garçon osait à peine respirer tant il craignait de se faire repérer. Il entendit les deux hommes chuchoter entre eux et fouiller les pièces. L'un d'eux entra dans celle où il se cachait. Le jeune homme retint sa respiration.
Soudain, un bruit de grava retentit. L'homme s'approcha de la cachette. Sacha se mit à trembler. Il était repéré. Il ne pourrait jamais se défendre tout seul contre deux hommes adultes. C'était fini.
Mais subitement, il entendit l'inconnu pester :
- Pff, c'était juste un Rattata…
- Tu trouve quelque chose ? Fit son complice plus loin.
- Non, il est pas ici…
Les pas s'éloignèrent. Les deux hommes fouillèrent encore dans les quelques pièces encore debout, puis finirent par partir en fulminant contre leur cible qui leur avait échapper. Sacha entendit encore leurs voix à l'extérieur, puis plus rien. Le silence était revenu.
Le garçon soupira de soulagement. Ils avaient échappé au pire, cette fois. Il s'extirpa des décombres, encore tremblant de peur. Son Capumain sauta immédiatement de ses bras et commença à lui crier dessus, comme énervé.
- Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? Fit le jeune homme, partagé entre la surprise et la colère.
Le jeune Pokémon lui fit comprendre qu'il aurait pu s'occuper de leurs poursuivants et que ça aurait réglé leurs problèmes. Son dresseur n'en revenait pas : il était littéralement en train de se faire gronder par son protégé pour l'avoir empêché de commettre une erreur qui leur aurait coûté cher !
- Mais tu ne comprends pas Capumain ? S'écria-t-il alors que la colère le gagnait. Ces gens sont très dangereux ! Je ne peux pas te laisser courir un risque pareil !
Le type Normal s'énerva encore plus, visiblement non convaincu par son maître. Comprenant l'inconscience de son bébé Pokémon, Sacha le prit par les bras en criant presque :
- Ces gens auraient pu te faire beaucoup de mal ! Est-ce que tu t'en rends compte ? Il auraient pu te blesser ou faire pire !
Le petit Capumain resta un instant muet, surpris par les mots de son dresseur, mais finit par se dégager de son étreinte et recula, toujours en colère.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Tu crois que tu peux être plus fort qu'eux ? Tu viens à peine de naître ! S'ils avaient envoyé leurs Pokémon, tu n'aurais rien pu faire contre eux ! Cria Sacha, hors de lui.
Le jeune Pokémon ignora le garçon et monta sur une armoire encore debout, faisant la tête :
- Alors c'est ça ? Tu t'en fiche de ce que je te dis ? Vas-y, boude-moi, je m'en fiche moi aussi ! S'écria le jeune homme, à présent très en colère contre lui. T'as qu'à t'en aller, tiens !
Le Pokémon Longqueue se contenta de lui tourner le dos, visiblement aussi fâché que son dresseur. Ce dernier l'imita, les nerfs maintenant à vif après la poursuite et la dispute.

Aucun des deux n'avaient bougé de la pièce quand la nuit tomba. Et aucun n'avait envie de s'excuser envers l'autre. Ils finirent tous les deux par s'endormir dans le bâtiment en ruine, épuisés par cette journée remplie de tensions.
Au milieu de la nuit, Capumain se réveilla, dérangé par le froid de la soirée. Le premier contact avec l'air frais lui était peu agréable, lui qui était encore habitué à la chaleur de son œuf. Le jeune Pokémon essaya de se réchauffer en se roulant en boule, sans grands succès. C'est alors qu'il entendit un bruit bizarre. Dressant l'oreille, le type Normal tenta de se repérer dans l'obscurité à peine éclairée par les rayons lunaires. Le bruit revint ; étrangement, le bébé Pokémon sentit son cœur se serrer en l'entendant à nouveau. C'était un son qu'il n'avait jamais entendu avant, mais qui lui donnait une douloureuse impression de malaise.
Écoutant attentivement, il s'aperçut que ce bruit venait du côté de son maître. Capumain descendit de son perchoir et s'approcha doucement de lui. Son dresseur ne bougeait pas, couché sur le côté en lui tournant le dos. Il semblait dormir ; pourtant son corps était parcouru de tremblements. Avait-il froid lui aussi ?
Le jeune Pokémon s'approcha encore de lui, le contournant pour le voir de face. Ce qu'il aperçut lui serra le cœur : Sacha pleurait dans son sommeil. Capumain se sentit mal ; il n'avait encore jamais vu quelqu'un pleurer, mais il avait tout de suite comprit que ce n'était pas normal. Son dresseur avait la même expression de souffrance qu'il avait eut quelques heures plus tôt, alors qu'il venait de sortir de son œuf. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Le jeune Pokémon s'approcha encore de lui ; il l'entendit alors murmurer un mot, un seul mot :
- Pikachu.
Puis il se remit à sangloter.
Capumain était mal à l'aise de voir son dresseur pleurer encore. Il voulait le soulager, mais il ne savait pas quoi faire. Alors, presque sans y penser, il vint se blottir contre Sacha, et le serra très fort dans ses petits bras. Il sentit son maître le serrer lui aussi doucement dans ses bras, comme s'il ressentait son geste même dans son sommeil. Les deux amis restèrent ainsi toute la nuit, essayant de se rassurer, se protéger l'un et l'autre.
Il resteraient soudés jusqu'au bout.

Le lendemain matin, Sacha se réveilla doucement, encore fatigué du stress de la veille. Encore un peu endormi, il chercha machinalement son Capumain d'une main hasardeuse, avant de se souvenir qu'il était allé se percher sur une armoire. Levant les yeux vers ladite armoire, il se figea de peur : son Pokémon n'y était pas. Affolé, le garçon se mit à regarder partout dans la pièce, espérant retrouver son cher protégé. Heureusement, un bruit à la fenêtre attira son attention vers Capumain qui revenait de son excursion au dehors. Le dresseur le prit aussitôt dans ses bras, soulagé qu'il ne soit pas partit ou ait disparu durant la nuit. Le petit Pokémon, un peu surprit de ce geste, serra lui aussi son maître dans ses petites pattes, content qu'il ne soit plus fâché après leur dispute d'hier.
Cependant, le jeune homme se sépara rapidement de son protégé, prêt à le gronder pour être partit tout seul et sans le prévenir ; mais il eut à peine le temps d'entrouvrir la bouche que Capumain lui montra ce qu'il lui avait ramené : une jolie pomme bien appétissante. Sacha resta sans rien dire, partagé entre cette envie de sermonner son Pokémon pour son comportement inconscient et un sentiment de reconnaissance pour lui avoir donné le fruit. Finalement la gratitude l'emporta sur la colère :
- Merci Capumain, c'est très gentil d'avoir été cherché cette pomme, le remercia-t-il d'une voix douce. Mais je ne veux plus que tu parte tout seul, d'accord ? Ajouta-t-il sur un ton plus ferme.
Le bébé fit un peu la tête, mais acquiesça. Le jeune homme croqua dans le fruit ; il était délicieusement juteux et bien sucré. Il ne put s'empêcher de sourire de plaisir, sous le regard heureux de son protégé.
- C'est trop bon ! Tu veux goûter ? Fit-il en tendant la pomme à son Pokémon.
Capumain ne se fit pas prier et mordit goulûment dans le fruit, avant de sourire à son tour de plaisir. Sacha lui caressa la tête, l'air attendri ; son jeune protégé était certes un peu inconscient des dangers de ce monde, mais il était aussi et surtout déjà très attaché à son dresseur. Et c'était un sentiment totalement réciproque.
Le petit Pokémon rendit la pomme au garçon, qui préféra la séparer en deux, une moitié pour lui et une pour Capumain. Alors qu'ils mangeaient le fruit, le jeune homme s'arrêta un instant, soucieux : il s'excusa auprès de son Pokémon pour l'avoir grondé hier, et lui expliqua que ces gens qu'ils avaient croisés étaient très dangereux et qu'il voulait juste les empêcher qu'il lui fasse du mal. Capumain sauta aussitôt dans ses bras et lui fit un gros câlin, montrant qu'il ne lui en voulait pas du tout.
Les deux amis quittèrent bientôt la maison en ruine, repartant vers la ville la plus proche ; le dresseur pensait retourner à Carmin-sur-mer, afin de retrouver Aurore et Capidextre, et ainsi présenter son bébé Pokémon à sa mère. Une camionnette qui passait accepta de les prendre sur le chemin, leur permettant d'arriver à la ville portuaire le soir même.
Alors qu'ils y parvenaient, Sacha eut comme l'impression d'être observé ; il se tourna vers la forêt derrière lui. L'impression était partie aussi vite qu'elle s'était faite ressentir, et le garçon mit ça sur le compte du stress accumulé durant les dernière heures.
Mais tandis qu'il pénétrait dans la cité, une ombre le regarda s'éloigner, avant de partir rageusement dans la direction opposée.
Ils avaient échoués à leur mission.

Sacha se rendit directement au Centre Pokémon, fatigué par sa journée et espérant y retrouver Aurore. Il juste le temps de jeter un coup d'œil aux alentours pour la rechercher que son amie apparut avec son Tiplouf et Capidextre ; cette dernière, en apercevant son ancien dresseur – et surtout le jeune Capumain sur ses épaules – se précipita à leur rencontre. Sa maîtresse lui emboîta le pas :
- Sacha ! Tu es déjà de retour ? Dit-elle.
- Oui, et j'ai quelqu'un avec moi, répondit le jeune homme avec un sourire, se tournant vers son nouveau Pokémon.
- Un Capumain…Alors il a éclot ? Fit la coordinatrice émerveillée tandis que Capidextre prenait dans ses pattes son bébé.
- Il est né hier, ajouta son ami avant de se tourner à nouveau vers son bébé Pokémon, à présent dans les bras de sa mère. Capumain, je te présente ta maman.
Le petit sembla un peu étonné un instant, mais sourit et se blotti contre sa mère, qui était folle de joie de voir son bébé enfin éclot. Les deux Dresseurs les laissèrent ensembles, préférant ne pas interrompre cet instant entre mère et enfant. La Pokémon Longqueue alla jouer avec son petit et Tiplouf dehors, tandis que leurs maîtres restaient discuter à l'intérieur. Aurore demanda à Sacha de tout lui raconter sur le moment de l'éclosion sans rien oublier, ce qu'il fit en omettant toutefois l'épisode de la poursuite en forêt avec les hommes en gris. Le jeune garçon estimait qu'il valait mieux éviter d'effrayer son amie avec ces événements, tout en se promettant d'aller tout de même en parler à la police dès que possible. La jeune fille lui résuma à son tour les quelques derniers jours, qui se réduisaient à son entraînement de coordinatrice Pokémon et à l'attente de la nouvelle de la naissance du bébé de Capidextre.
Une fois qu'ils eurent finit de tout se raconter, Sacha jeta un regard à la fenêtre, vers leurs trois Pokémon partis jouer. Il vit alors une scène touchante ; Capidextre tenait son bébé dans ses deux longues queues, et le berçait doucement tandis que le tout-petit se recroquevillait sur lui-même, blotti contre sa mère. Le garçon se sentit attendri par cette vision. Il trouva alors que le moment était venu de faire part à son amie de sa décision sur Capumain, une décision qui lui serrait le cœur.
- Aurore…
- Oui Sacha ?
- Il faut que je te dise quelque chose à propos de Capumain…Je sais que toi et Capidextre me faites confiance pour m'occuper de lui, mais…Je crois que le mieux pour lui est de rester avec vous.
- Quoi ? Fit-elle, étonnée.
- Regarde-les, ajouta aussitôt le jeune homme en se tournant vers les deux Pokémon Longqueue. Tu ne trouve pas qu'ils devraient rester ensembles tous les deux ? Et puis, je crois que Capumain voudrait rester avec sa maman…
- C'est vrai, répondit son amie, mais il est quand même déjà très attaché à toi, Sacha. C'est toi la toute première personne qu'il a vu quand il a éclot.
- Je sais, répliqua aussitôt le garçon, mais ça reste un bébé. Il a besoin de sa mère…
- Et il a besoin de toi aussi, le coupa Aurore. Tu reste un parent pour lui !
Son ami sembla réfléchir un moment, mais secoua la tête :
- Non. Sa place est avec toi et Capidextre. J'ai prit ma décision, conclut-il en se levant.
La jeune fille voulut essayer de le faire changer d'avis, mais quelque chose dans ses yeux lui fit comprendre que ça ne servait à rien. Elle le regarda tristement s'éloigner vers les chambres, avant de se tourner vers la fenêtre d'où elle voyait Capidextre bercer son bébé avec amour. Sacha avait plus que raison cette fois, il valait mieux laisser mère et enfant ensembles.

Plus tard, dans la nuit, le jeune homme tournait dans son lit, incapable de trouver le sommeil. L'idée de laisser Capumain avec Aurore et Capidextre l'empêchait de dormir ; il était sûr et certain que c'était la meilleure chose à faire pour le bébé, mais savoir qu'il serait à nouveau tout seul lui brisait le cœur. Il avait attendu l'éclosion avec impatience, comme le retour d'un ami qu'on a pas vu depuis longtemps. Il avait été si heureux de voir naître ce bébé Pokémon, l'enfant de sa Capidextre ! Mais maintenant il allait le laisser avec sa mère et repartir, seul. Sa décision était dure et lui serrait le cœur, mais il ne changerai pas d'avis. C'était pour le mieux.
Alors qu'il fermait les yeux, tentant sans succès de trouver le sommeil, il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir. Il se redressa aussitôt, se demandant qui pouvait vouloir entrer ici à cette heure. Regardant vers l'entrée de la pièce, il se figea en voyant la petite silhouette qui pénétrait dans la chambre.
C'était Capumain.
Le petit Pokémon s'avança vers son parent adoptif qui restait sans bouger, trop surpris pour dire quoi que ce soit. Le bébé sauta sur le lit de Sacha, qui réussit finalement à parler :
- C…Capumain ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
Le Pokémon Longqueue lui fit comprendre qu'il était inquiet pour lui. Le garçon était étonné que son Capumain se fasse du souci pour lui ; le petit put lui expliquer qu'après s'être endormi dans les bras de sa mère, il s'était réveillé dans une chambre avec elle, Tiplouf et Aurore, mais sans Sacha. Ça l'avait inquiété de ne pas le voir, et il était parti le chercher avant de le retrouver dans cette chambre. De plus en plus intrigué, le jeune homme le rassura, disant qu'il allait bien et qu'il n'avait pas de raisons pour s'inquiéter autant pour lui. Le bébé baissa la tête, comme réfléchissant à ses paroles, puis tourna les yeux vers son parent adoptif et lui demanda si ça l'embêtait qu'il reste dormir avec lui. Surpris, le dresseur accepta cependant sa requête et se rallongea dans son lit, laissant le petit s'installer à ses côtés. Capumain monta sur son torse, posa sa tête contre son cœur et ferma les yeux.

Le garçon regarda le petit être dans ses bras. Il semblait tellement paisible…Sacha le caressa doucement, faisant attention de ne pas le déranger dans son sommeil, et tourna les yeux vers la fenêtre de sa chambre. Il contempla les étoiles quelques instants, puis ferma les paupières à son tour, et commença à se laisser glisser dans les bras de Morphée. Il repensa une dernière fois à sa décision de rendre le bébé Pokémon à Aurore. Il se demanda s'il ne pouvait pas le garder avec lui, mais chassa très vite cette idée de sa tête. Capumain devait rester avec sa mère. C'était le mieux pour lui. Lentement, le jeune homme tomba dans le royaume des rêves…

"Je serai toujours avec toi."

Brusquement tiré du sommeil, Sacha ouvrit les yeux et regarda autour de lui. Personne. Pourtant il avait bel et bien entendu une voix…Son regard se porta sur le petit Pokémon endormit sur son cœur. Il ne s'était pas réveillé. L'espace d'un instant, le garçon se demanda si ce n'était pas lui qui lui aurait parlé dans ses rêves. Si c'était le cas, alors…Voulait-il réellement rester avec lui ? Même si c'était le séparer de sa mère ?
Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire. Il avait toujours respecté les choix de ses Pokémon. Il ne les avait jamais forcés à évoluer ou à rester avec lui si c'était leur souhait, même si ça lui brisait parfois le cœur ; le plus important était leur bonheur, pas le sien. Il venait de se rendre compte qu'il avait prit sa décision sans en parler à Capumain. Or c'était plutôt à lui de choisir avec qui rester. Le dresseur s'endormit tranquillement, se promettant de lui poser la question demain matin en présence d'Aurore et Capidextre. Ce serait à lui de décider où aller, de trouver sa voie.

Il choisit celle de Sacha. Il avait prit celle de l'aventure, de l'inconnu et du hasard. Quand le dresseur lui avait reposé la question, insistant pour qu'il soit bien sûr de sa décision, Capumain était monté sur ses épaules, lui chipant sa casquette au passage. Ça ne laissait aucun doute.
Le petit fit un grand sourire à Sacha, puis redescendit et se dirigea vers sa mère, l'air hésitant et triste. Il était sûr de son choix, mais il était aussi conscient que ça allait la chagriner et ne savait pas quoi dire pour s'excuser et la consoler. Il n'eut pas besoin de chercher ; Capidextre le prit dans ses bras et lui demanda de faire bien attention à lui et à Sacha. Elle acceptait sa décision.
Le jeune homme et son nouvel ami de voyage firent leurs derniers aux revoirs à Aurore, Tiplouf et Capidextre, et quittèrent de nouveau Carmin-sur-mer. Ils continuèrent d'agiter leurs mains en signe de revoyure, jusqu'à ce que la ville disparaisse derrière la forêt. Ensembles, il prirent le chemin de Safrania. Ensembles, revenant sur leurs pas, allant vers l'avenir ; un avenir inconnu, mais qu'ils verraient à deux.
Ils étaient arrivés à Safrania, avant d'en partir aussi vite qu'ils étaient venus.

Et puis c'était arrivé, quelques jours plus tard.
Sacha était sur la route de Jadielle, ce jour-là, son Capumain perché sur ses épaules. Ils ne le savaient pas encore, mais bientôt ils allaient retrouver un personne qui allait devenir pour eux un précieux allié et un grand ami.
Un bruit de feuille dans les arbres les surpris. Ils virent du mouvement dans un arbre. Par réflexe, Sacha leva une main vers Capumain pour le protéger et demanda à voix haute qui était là. Il entendit juste des bruissements et des bribes de voix ; il s'est alors approché de l'arbre et entendit :
- Attends je descends !
Sacha leva le nez vers les branches qui bruissaient et vit une forme bouger là-haut. Des branches craquèrent, la voix cria et quelqu'un surgit des hauteurs juste en face de lui.
Il recula en sursaut, et vit alors qu'un garçon plus jeune que lui lui faisait face, un pied coincé dans les branches et la tête en bas. Un petit garçon avec des cheveux bruns, des yeux verts , en short marron et T-shirt blanc.
Ce garçon, c'était moi.
Il me regardait bizarrement. C'est vrai que j'avais encore fait une drôle d'entrée.
- Qui es-tu ? Dit Sacha.
- Toi tu es Sacha, répondit le garçon.
Il était encore plus surpris. Il ne se souvenait pas de sa rencontre avec ce garçon, mais lui s'en souvenait très bien.
- Tu connais mon nom ?
- Ben oui ! Reprit le garçon aux cheveux chocolat au lait. Tu peux wait a sec' s'il te plaît ?
Sous l'air étonné du jeune homme, le garçon se redressa puis disparut dans les branches et réapparut un instant plus tard sur ses deux jambes. Sacha pouvait mieux le détailler à présent : à peine 10 ans, une frimousse ronde, des cheveux très courts dans tous les sens, des baskets blanches aux pieds et trois sacs différents sur le dos. Il y avait une étincelle qui pétillait comme du Coca dans ses yeux couleur vert pomme. Il souriait en regardant Sacha comme s'il était content de le revoir.
- Tu te souviens pas ?
- Je ne vois pas de quoi tu parle…
- Moi je m'en souviens très bien ! Je me souviens même que cette petite n'était pas avec toi quand je t'ai vu ! Ajouta le garçon en désignant Capumain.
- Euh…
- D'ailleurs elle a vraiment l'air de te faire confiance pour déjà monter sur tes épaules à son âge, tu dois être l'une des premières personnes qu'elle a vu à sa naissance !
- Attends, attends ! Fit subitement Sacha. Comment tu peux dire ça de Capumain, et…et puis qui es-tu ?
Le garçon soupira, visiblement déçu, puis regarda à nouveau Sacha et dit :
- Je m'appelle Amaël, Amaël Kugawa, mais on m'appelle aussi Amai. Je te dis quelque chose maintenant ?
Devant la tête non convaincue du garçon, ledit Amaël fit la moue :
- Mais come on ! Tu te souviens pas, c'était moi le garçon qui est venu te voir au Centre Pokémon de Villedargent le soir avant que tu parte !
Sacha se mit à réfléchir un instant…Un garçon au Centre Pokémon de Villedargent…Est-ce que…?!
Il se souvenait maintenant de quelque chose.

Il n'y avait pas prêté attention sur le moment. Il était assit seul ce soir-là, perdu dans ses pensées. Il ne l'avait pas entendu tout de suite. Une voix de garçon l'avait appelé :
- Excuse-moi…
Il avait un peu levé la tête pour voir un garçon assez jeune avec un plateau-repas dans les mains.
- Je peux m'asseoir ? Dit-il en désignant la place en face de Sacha.
Le Dresseur avait fait un vague signe de tête affirmatif, laissant le garçon se mettre en face de lui. Le jeune inconnu avait commencé son assiette un moment, avant de demander :
- Est-ce que ça va ?
Trop occupé par ses pensées, le jeune homme avait hoché la tête sans rien dire de plus. Il n'avait réellement pas envie de parler à quelqu'un maintenant. Ce qui n'était visiblement pas l'avis de son voisin en face :
- Comment t'appelles-tu ? Moi c'est Amaël Kugawa ! Fit-il en tendant une main amicale.
Sacha leva un œil vers la main tendue, puis vers ledit Amaël qui lui faisait un petit sourire sympathique. Le Dresseur baissa de nouveau la tête dans son assiette, lâchant juste une petite réponse :
- Sacha.
Le garçon eut un air étonné, surpris de la distance que le jeune homme mettait entre eux. D'une voix très douce, il redemanda :
- Eh ! Est-ce que ça va ?
Cette fois-ci, le garçon aux cheveux noirs secoua la tête négativement ; il avait répondu instinctivement. L'enfant continua prudemment sur sa lancée :
- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ?
- Rien, répondit Sacha.
- S'il te plaît, me dit pas ça, répliqua son interlocuteur. Je sens bien qu'il s'est passé quelque chose avec tes Pokémon.
Le Dresseur releva la tête, le regard sombre :
- Qu'est-ce que t'en sais ?
- Je t'ai vu arriver ici. Tous les gens qui arrivent vont tout de suite faire soigner leurs Pokémon. Toi, t'y es même pas allé. T'es directement parti dans ton coin, tout seul. Tu ne parle à personne. T'as même pas fait sortir tes Pokémon pour qu'il prennent l'air.
- Qui te dis que j'ai des Pokémon ? Répliqua le jeune homme, la gorge serrée.
- Il n'y a que les Dresseurs qui vont à un Centre Pokémon, les autres vont plutôt dans les hôtels, ajouta le garçon. Et puis, je ne sais pas si tu a remarqué, mais tu as quelques poils de Pokémon sur tes vêtements.
Le Dresseur baissa les yeux sur sa veste ; quelques poils couleur or contrastait avec le bleu du tissu. Cet enfant avait raison. Sacha sentit sa gorge se serrer encore plus, et les larmes lui montaient aux yeux.
- Est-ce que tu peux me dire ce qu'il s'est passé ? Demanda à nouveau le garçon.
Le jeune homme avala avec difficulté sa salive, se mordant la lèvre. Il ne voulait pas dire quoi que ce soit à cet enfant. Il était trop jeune pour l'impliquer dans une affaire si grave.
Il ne pouvait pas faire ça.
- J'ai pas envie d'en parler, dit-il au garçon en se levant de table.
Il partit, laissant l'enfant derrière lui sans un dernier regard. Personne ne devait savoir quoi que ce soit, et surtout pas quelqu'un d'aussi jeune que lui.

Était-ce réellement le même garçon qu'il avait croisé ce soir-là, et qui voulait savoir ses problèmes ? Était-ce le même Amaël ? Le doute était peu probable.
- C'était toi ? Le garçon qui est venu me voir ? Demanda-t-il.
- Ah ben voilà ! S'écria le garçon aux cheveux bruns. Oui, c'était moi, Amaël Kugawa. Et toi, tu es Sacha et tu es reparti le lendemain avant que j'ai pu te revoir ! T'aurais pu me dire que tu t'en allais si vite !
- Désolé, j'avais un peu mes raisons, s'excusa le jeune homme avant de compléter les présentations. Je suis Sacha Ketchum, je viens du Bourg-Palette. Et lui c'est Capumain, ajouta-t-il en désignant le jeune Pokémon qui salua amicalement le nouveau venu.
- Tu veux dire elle, rectifia simplement Amaël.
- Je veux dire…Attend un peu, fit soudain le dresseur…Capumain, tu es une femelle ?
L'intéressée se gratta la tête, l'air un peu embarrassée. Son maître resta bouche bée un instant, avant de se tourner vers son nouvel ami :
- Comment tu as fait ?
- J'apprends depuis toujours, expliqua le garçon en mettant ses mains derrière la tête. J'ai peut-être que onze ans, mais sans mentir ça doit faire autant de temps que je voyage et que j'étudie le monde et les Pokémon !
- Tu es vraiment très doué ! Avoua Sacha.
- Merci ! Mais c'est presque naturel pour moi, ajouta le jeune garçon. Tu sais…
Un bruissement l'interrompit. Alors que le dresseur levait à nouveau la main vers Capumain pour la protéger, son ami jetait un regard vers les buissons, d'un air à moitié lassé et inquiet. Soudain une créature quadrupède aux couleurs fauves surgit de la forêt et poussa un grognement à l'encontre de Sacha. Amaël se jeta aussitôt entre lui et le Pokémon de type Feu qui venait de jaillir des buissons :
- Stop ! Couché, ça suffit ! Cria-t-il à l'Arcanin en face de lui. Je t'ai dit stop !
Le Pokémon Légendaire arrêta ses aboiements, tout en gardant un œil méfiant sur le Dresseur. Le jeune garçon se tourna vers lui :
- T'inquiète pas, c'est juste Arcanin ! Fit-il en souriant un peu nerveusement. Elle est pas méchante, juste un peu méfiante avec les inconnus.
- Ah…Dit Sacha encore un peu crispé par l'arrivée surprise du Pokémon, tandis qu'Amaël faisait revenir la femelle dans sa Pokéball.
- Oui, je sais que ça fait plutôt peur, mais elle attaquera jamais vraiment quelqu'un à moins qu'on m'agresse. Elle se prend un peu pour ma mère, tu sais…
- Oh, je vois…
- Ouais. Désolé qu'elle vous ai fait peur, s'excusa le garçon. Bon, reprit-il plus doucement, sans vouloir te faire de mal, est-ce que tu peux me dire ce qu'il s'est passé ?

À ces mots, le jeune Dresseur sentit de nouveau les larmes monter aux yeux. Il reposait la même question qu'à leur rencontre. Et de nouveau, il hésitait à lui répondre. Capumain vit le changement d'attitude de son maître et lui demanda s'il allait bien. Amaël ne répéta pas sa question, mais le regarda dans les yeux ; et dans ses iris verts brillait une lueur douce mais insistante. Il voulait savoir ce qu'il s'était passé, ce qui avait mit le jeune homme dans cet état, ce qui était la cause de cet éloignement montré dès le départ.
Sacha abaissa la visière de sa casquette sur ses yeux, se mordant la lèvre, et ses épaules furent secouées d'un bref spasme. Il dépassa Amaël, comme s'il partait :
- Je peux pas…je peux pas…se contenta-t-il de murmurer d'une voix brisée.
Il n'arrivait plus à raconter ce qu'il s'était passé. Il avait put garder son calme quand il avait expliqué cette histoire à Aurore, mais là, il ne pouvait plus. C'était trop pour lui. Il ne voulait plus pleurer, il ne devait plus pleurer.
- Hé ! Attends ! L'appela le jeune garçon. Part pas comme ça !
- Je peux pas…continua son ami.
- Hé ! Fit Amaël en le prenant par l'épaule. Je vois bien que ça te fait mal, mais je pourrais pas t'aider si tu me dis pas ce qu'il s'est passé ! Et je veux t'aider ! S'il te plaît…Laisse-moi t'aider.
L'enfant avait prononcé ces mots avec une douceur et une force qu'on n'aurait pas soupçonné de sa part. Le jeune homme se défit de son étreinte et alla s'asseoir sur un rocher en bordure du chemin, répétant encore "Je peux pas…". Sa Capumain sauta de ses épaules et alla sur ses genoux, regardant avec inquiétude son parent adoptif. Le garçon aux cheveux bruns s'approcha de lui, s'installant à ses côtés ; il entendit la respiration du jeune homme trembler, comme s'il était frigorifié. Avec une douceur infinie, il posa sa main sur son épaule, essayant de rassurer son ami. Le dresseur releva un peu la tête, le regard dans le vide et les yeux remplit de larmes ; il ouvrit et ferma la bouche, sans faire un son. Sacha tenta à nouveau de parler, mais ses mots se changèrent en gémissements.
Et la douleur l'emporta à nouveau sur lui.
Il se mit à crier, pleurant toute sa douleur. Il n'en pouvait plus de garder son histoire pour lui, pour essayer de protéger les autres. Il en avait assez de se forcer à ne pas craquer. Il faiblissait. Il n'était qu'un faible.

- Vas-y, tu peux pleurer.
Le jeune homme se retourna vers Amaël qui venait de lui parler. Regardant avec force et compassion son ami, le garçon poursuivit :
- Vas-y, pleure ! Pleure autant que tu veux ! Je ne sais pas ce qu'il t'es arrivé, mais je comprend que c'est bien assez important pour te faire autant de mal. Alors pleure ! Ne garde pas ça pour toi, pleure tout ce que tu peux ! Pleurer, ça ne veut pas dire que tu es faible ! Ça prouve que tu as des sentiments et que tu peux parfois craquer, comme tout le monde ! Tu as le droit de pleurer, peut importe ce que les autres disent. Tu as le droit d'être humain et de pleurer, Sacha. Tu as le droit de montrer que ça te faire mal !
Le dresseur ne savait pas quoi dire à ces paroles ; sa gorge était trop serrée et ses yeux trop pleins de larmes, retenant avec peine les sanglots. Il avala très péniblement sa salive, alors que l'enfant continuait de le fixer avec ces yeux brillants de détermination et de douceur. Lui aussi avait des larmes dans les yeux.
- Sacha. Tu as le droit d'avoir mal. Tu as le droit de craquer. Alors n'essaye pas de le cacher. Tout le monde pleure, un jour, pour n'importe quelle raison. Ne te mens pas à toi-même. Tout le monde peux pleurer, même pour les autres. Pleure si tu en a besoin. Pleure tout ce que tu veux, pleure tout ce que tu as. Et n'aie pas peur de pleurer. On va même pleurer ensembles, si tu veux. D'accord ?
Sacha sentit la boule dans sa gorge le serrer encore plus, comme pour l'étouffer. Le visage déformé par la douleur, il finit par se laisser aller, lâchant les larmes qui coulèrent sur ses joues alors qu'il pleurait toute sa souffrance. Sa Capumain le prit dans ses bras, le rejoignant dans les sanglots, tout comme Amaël qui écrasa plusieurs larmes, tenant toujours son ami par les épaules pour le réconforter.
Après de longues minutes, les pleurs du garçon s'apaisèrent, le laissant retrouver une respiration calme et régulière. Le dresseur d'Arcanin lâcha un instant son ami, prit une carte dans sa poche et la consulta une seconde avant de se retourner vers lui :
- Écoute Sacha, voilà ce que je te propose : on va au premier Centre Pokémon, on se pose et tu me raconte tranquillement ton histoire là-bas. D'accord ?
Le jeune homme hocha la tête, encore muet par l'émotion, et suivit doucement l'enfant qui le prit par la main pour le guider sur la route vers leur nouvelle destination.

Amaël déposa ses sacs sur un lit et se tourna vers Sacha assit sur une chaise, les bras croisés sur le bureau. Le garçon prit une autre chaise et se mit à côté de son ami, qui restait là à regarder dans le vide. Capumain, assise sur le bureau, observait avec inquiétude son maître, alors que l'enfant posait doucement sa main sur son épaule :
- Sacha…Tu te sens prêt ? Demanda-t-il gentiment.
Le jeune homme prit une inspiration et se prépara à parler ; mais quand il ouvrit la bouche, les mots lui manquèrent encore et sa voix s'éteignit dans sa gorge. Il trembla encore, ses yeux s'humidifièrent à nouveau et la douleur le submergea une fois de plus. Il s'effondra sur la table, le visage caché dans les bras, le corps secoué de spasmes de tristesse. Sa Capumain se précipita vers lui, prenant sa tête dans ses petites pattes pour le consoler.
Amaël, en voyant l'état de son ami, le laissa avec sa Pokémon et partit dans la pièce à côté. Sacha se calma bientôt, épuisé d'avoir tant pleuré. Se redressant, il essuya ses larmes qui continuaient de couler de ses yeux et renifla une dernière fois, essayant de garder son sang-froid. Il vit le garçon aux cheveux bruns poser une tasse devant lui et se rasseoir à ses côtés.
- C'est du chocolat, dit-il. Tu sais ça fait beaucoup de bien quand on a le moral dans les chaussettes !
Le dresseur voulut le remercier, mais put juste dire un tout petit "Merci…" au jeune enfant et prendre le récipient chaud dans ses mains, alors que son ami le regardait encore avec ces yeux emplis d'une forte douceur :
- Sacha, commença-t-il à nouveau. Maintenant, tu me dis ce qu'il s'est passé. Tu me raconte ce que tu veux, que ce soit précis ou pas. Les détails, je m'en fiche que tu veuilles les dire ou non, mais dis-moi juste ce qu'il s'est passé. Surtout, tu prends ton temps, tu ne t'affole pas à tout dire trop vite, tu vas à ton rythme, j'ai encore toute la journée pour t'écouter. Je suis là pour t'écouter. Je suis là pour t'aider. Dis-moi ce qui est arrivé.
Le jeune homme se mordit la lèvre une seconde, prit quelques inspirations, et put enfin commencer son histoire. Il raconta l'accident, les attaques, la base, les combats, les défaites, les humiliations, les douleurs, et le peu de joie qu'il avait put retrouver les derniers jours. Amaël ne fit aucune interruption. Il écoutait juste avec un silence presque religieux les mots de son ami, respectant complètement son récit. Alors que le garçon aux cheveux noirs essuyait ses dernières larmes, Capumain dans ses bras, l'enfant posa sa main sur ses épaules dans un geste amical. Il baissa les yeux un instant, l'air de réfléchir, et lui dit :
- Sacha, je suis vraiment très triste pour tout ce qu'il s'est passé. Je suis vraiment super triste que ça te soit arrivé. J'aurai voulut être là pour t'aider…
- C'est pas ta faute, murmura le jeune homme, c'est moi qui…
- Dis pas ça ! Ça c'est tout sauf ta faute ! C'est tout ce que tu veux SAUF ta faute ! Tu as compris ?
Sacha hocha la tête faiblement, encore sous le choc des émotions. Amaël reprit, avec une hésitation dans sa voix :
- Maintenant, j'ai une question à te poser : est-ce que ça t'embête si je reste sur les routes avec toi un moment ?
Le jeune homme le regarda, quelque peu surpris :
- Pourquoi…Toi aussi tu vas vers Jadielle…?
- Ah non, pas du tout ! C'est même à l'opposé en fait…
- Alors, demanda son ami de plus en plus étonné, pourquoi tu…
- Hé ! Tu crois quand même pas que j'allais te laisser tout seul ? S'écria le garçon aux cheveux bruns.
- Tu fait un aussi grand détour…juste pour moi ?
- Mais oui bon sang ! Il pourrait arriver un truc super géant qui viendrai qu'une fois tout les cent mille ans et que tout le monde va voir, je préférerai encore le louper que pas pouvoir venir avec toi !
Sous le regard de plus en plus perdu de Sacha, le jeune garçon continua :
- Écoute, j'ai un principe dans la vie : "Aide ceux qui en on besoin même si ce n'est pas grand chose". J'ai toujours fait ça, à plein de gens avant toi. Mais même en les prenant tous ensembles, leurs besoin d'aide est vraiment ridicule par rapport au tien. T'es vraiment la personne qui a le plus besoin de soutien parmi toutes celles que j'ai rencontrées ! Si je te laisse tout seul, je m'en voudrais toute ma pauvre vie ! T'as plus que besoin d'aide, Sacha. T'as pas que besoin d'aide, t'a besoin d'un ami. Alors laisse-moi être cet ami. Laisse-moi t'accompagner, même pour pas longtemps. Laisse-moi juste rester à tes côtés, juste un jour. S'il te plaît…tu veux bien que je reste ?

Le jeune homme regarda l'enfant une seule seconde. Puis hocha affirmativement la tête en disant oui, faisant difficilement un tout petit sourire d'acquiescement. Il avait voulut le laisser en retrait, pour ne pas l'impliquer dans cette affaire, mais Amaël avait montré une capacité d'écoute, de compassion et de détermination si forte que même avec toute sa plus puissante volonté, Sacha aurait cédé à sa demande. Il avait raison. Il avait besoin d'un ami à ses côtés.
Capumain alla dans les bras de son parent adoptif, heureuse qu'il arrive à retrouver le sourire, et également contente d'avoir un nouveau compagnon de route avec son maître. Elle alla d'ailleurs sur les épaules de ce dernier en signe d'acceptation de sa présence à leurs côtés pour la suite de leurs aventures. Le jeune garçon lui caressa brièvement la tête pour la remercier, puis se tourna encore vers son ami :
- Euh…Sacha ?
- Qu'est-ce qu'il y a, Amaël ?
- J'ai une dernière petite question, fit avec hésitation l'enfant…
- Oui ?
- Eh bien, bafouilla-t-il nerveusement…est-ce que je peux…c'est…Oh et puis zut !
Et sur ces mots, le garçon aux cheveux bruns prit dans ses bras le jeune homme et le serra très fort contre lui. Sacha resta un instant figé, surpris par ce geste d'amitié de la part du garçon : tout les deux ne se connaissaient qu'à peine, et il avait déjà envers lui un attachement semblable à celui entre deux amis d'enfance ! Mais devant ce geste d'affection, le dresseur ne put qu'y répondre par la même attitude. Serrant à son tour le petit garçon dans ses bras, le jeune homme aux cheveux noirs rejoignit son étreinte, ne pouvant s'empêcher de verser encore quelques larmes de reconnaissance envers cet enfant qui donnait tellement sans demander de retour. Capumain vint à son tour se blottir contre eux, prolongeant ce tendre moment d'amitié.
Tous trois restèrent ainsi durant longtemps. Chacun d'entre eux avait à cet instant besoin des autres, tous à leurs manières. Ce fut ensembles qu'ils rompirent l'enlacement, ayant trouvé assez de réconfort dans ce moment d'affection. Et ce fut également ensembles qu'ils reprirent la route le lendemain.
Il partaient à trois sur les chemins de l'avenir.