Prologue : Un assaut pour ORigine
Notre histoire commence…quelque part.
Ah ! Vous vous attendiez à ce que je dise "Dans une contrée lointaine, très lointaine" ou un truc du genre, hein ? Et ben non !
Bon bref, où donc notre histoire commence ? Ou peut-être nos histoires, en fait ? Et oui, ce n'est pas tout à fait qu'une seule et unique histoire que je vais vous raconter… Pourquoi pas qu'une seule ? Ah parce que pour vous, quand on raconte l'histoire d'un héros, d'un méchant ou même juste d'un personnage, on ne raconte que son histoire à lui tout seul sans toucher à celle des autres ? Ah… d'accord, c'est comme ça que vous voyez les histoires vous… Hé ben, vous êtes de drôles de types, alors…
Mais bref, revenons à ces Wattouat… Eh bien, l'histoire que je vais vous raconter, ou plutôt le chemin que je vais vous raconter… oui je vais vous expliquer ce que je veux dire par "chemin", une minute… donc notre chemin commence… À plusieurs endroits. Oui, ce chemin commence à plusieurs endroits différents ; tout dépend en fait de quel point de vue vous souhaitez vous placer pour la commencer.
Pour certains, elle commença dans des moments de perte douloureuse et de création mauvaise, vingts ou cinquante ans en arrière. Pour d'autres, elle vint à la naissance de plusieurs êtres, dont rien ne pouvait réellement présager de quels fabuleux évènements ils seraient les témoins – ou acteurs ! Pour d'autres encore, elle arriva lors des rencontres – désagréable pour l'un et "électrisante" pour l'autre – de deux personnes qui ne pensaient pas voir leurs vies se croiser un jour.
Mais pour moi, comme pour beaucoup d'autres personnes, ce chemin a débuté lors d'une certaine rencontre, bien plus non désirée que les deux autres. Ce chemin déjà commencé qui bifurqua sans prévenir, sans crier "GARE AU TOURNAAAAAAANT !" en arrivant. Ce nouveau chemin qu'il n'oublia…
Pardon, que tu n'oublias jamais, Sacha.
Oui, je n'oublierais jamais.
Je n'oublierais jamais ce jour. Même si je luttais de toutes mes forces pour l'enterrer, l'effacer pour toujours de mon esprit, je ne l'oublierais jamais. Et je ne pense pas, malgré tout, avoir envie de l'oublier vraiment. Car je m'en souviens encore comme si c'était juste hier…
J'avais quatorze ans à ce moment-là, presque quinze ; c'était pendant mon tout premier voyage à Kalos, en Février 2114. Depuis mon arrivée en Janvier, beaucoup de choses m'étaient arrivées : j'avais rencontré Lem et Clem, le Champion Électrique d'Illumis et sa petite sœur, et m'étais lié d'amitié avec eux. J'avais aussi retrouvé Serena, une jeune fille que j'avais rencontré quand j'étais petit pendant un Camp d'Été au Bourg-Palette.
Et bien sûr, j'étais toujours accompagné de mon vieux copain Pikachu, en plus de mes trois nouveaux Pokémon de Kalos ; Grenousse, Braisillon et Brutalibré. Trois nouveaux amis et trois nouveaux Pokémon. Et trois nouveaux Badges aussi.
J'avais remporté mes premiers Badges de la Ligue Kalos, à savoir les Badges Coléoptère, Mur et Lutte. J'étais donc en route pour mon quatrième, le Badge Végétal de Port Tempères. Et d'après la carte de Serena, nous n'étions plus qu'à quelques jours de la ville. À quelques jours de ce Badge…
Si on m'avait dit que je devrais attendre plus d'un mois pour espérer l'obtenir, je n'en aurais pas cru un mot. Et pourtant, c'est ce qui arriva. Et bien pire encore.
Nous marchions tous tranquillement sur la route. C'était le milieu de l'après-midi, tout était calme. À peine quelques bruits de Pokémon ici et là, et de temps en temps un Passerouge qui volait au dessus de nous. Tout était calme, paisible.
Puis tout se passa en un clin d'œil.
Quelque chose explosa devant nous, nous forçant à reculer en nous protégeant de la poussière. Juste au même instant, je sentis mes épaules s'alléger brusquement, comme si on m'enlevait un poids d'un coup. Un rapide coup d'œil me fis comprendre que ce poids était Pikachu, qui s'était soudainement volatilisé.
- Pikachu ? Pikachu ! Où es-tu ?
Mon cri désespéré attira l'attention de mes amis, qui se mirent à chercher tout comme moi mon compagnon Pokémon. Mais j'eus beau tourner mon regard fébrile partout où je le pouvais, je ne vis aucune trace de mon vieux copain.
- Lem attention !
Le cri détourna mon regard vers Clem qui se jetai subitement sur son frère. À peine une seconde plus tard, un fil blanchâtre surgit de nulle part et les enserra l'un à l'autre dans une toile de soie. Alors qu'ils essayaient de se dégager sans succès, Serena fit sortir Feunnec pour les aider à se libérer ; mais un autre fil attrapa la Pokémon Feu au vol et l'entraîna vers les buissons. J'eus tout juste le temps d'y entrevoir deux yeux brillants, et une main gantée de noir qui s'empara de Feunnec avant de disparaître.
Tout cela confirma mes craintes ; quelqu'un cherchait à enlever nos Pokémon.
Sans plus attendre, je lançais immédiatement Braisillon et Brutalibré à l'attaque, l'un pour aider Lem et Clem, l'autre pour récupérer Feunnec et Pikachu. Comme je m'y attendais, deux autres fils surgirent des mêmes buissons pour les saisir, mais mes Pokémon évitèrent facilement l'assaut d'une habile pirouette aérienne.
- Braisillon, va délivrer Lem et Clem avec Nitrocharge, et toi Brutalibré utilise Poing Karaté sur ces buissons ! Ordonnais-je aussitôt après.
Les deux oiseaux s'élancèrent sans plus attendre vers leurs objectifs. Un second fil faillit attraper mon Pokémon Combat, mais il l'esquiva d'un simple détour et fonça dans les fourrés le poing en avant. Une ombre surgit aussitôt des broussailles, évitant le coup et se révélant être un Migalos au regard hargneux.
- Attaque Flying Press ! Criais-je au Pokémon Catcheur.
Brutalibré prit immédiatement son envol en tournoyant et fondit droit sur l'arachnide. Juste avant l'impact, une voix rauque et menaçant venue de nulle part tonna :
- Toxic.
Le Pokémon Long-Patte cracha un jet de Poison sur Brutalibré qui dû faire une manœuvre d'urgence et atterrit brutalement au sol, manquant de peu l'insecte. Sa corne commença à briller alors qu'il se retournait vers mon Pokémon, prêt à faire feu. Je m'apprêtait à m'élancer pour tenter de le pousser hors de la trajectoire du tir quand Braisillon fondit droit sur lui et ôta son compagnon du chemin, juste au moment où une Rafale Psy explosa à l'endroit même où ils se trouvaient un instant plus tôt.
- Braisillon, Nitrocharge ! Lui criais-je aussitôt.
L'oiseau de feu reposa son camarade un peu plus loin et fonça de nouveau sur le Pokémon Poison, les ailes embrassées. Le Migalos esquiva son coup avec une facilité déconcertante et prépara une nouvelle attaque Sécrétion ; mais Brutalibré lui porta un violent Poing Karaté, qui dévia la trajectoire du fil vers les buissons. La soie accrocha quelque chose qui fut entraîné hors des broussailles par le mouvement involontaire de l'insecte.
Un homme à cape grise et tout de noir vêtu, tenant fermement dans ses bras un Pokémon solidement emmailloté dans un fil de soie, et qu'il essayait de faire taire. Un Pikachu.
Mon Pikachu.
Sans même attendre un ordre de ma part, Braisillon et Brutalibré foncèrent sur l'inconnu avec Ailes d'Acier et Poing Karaté, l'obligeant à lâcher son fardeau. Je fondis aussitôt au sol pour rattraper mon meilleur ami avant que l'homme ou son Migalos ne me le reprenne, et reculais tout en le débarrassant de la soie qui l'entravait étroitement. Je vis le Pokémon Poison essayer d'attraper une nouvelle fois mes Pokémon Vol sans succès, alors que mes amis se regroupaient près de moi pour s'assurer que je n'avais rien. Mes deux Pokémon Vol se posèrent près de moi, prêts à intervenir à nouveau.
À ce moment précis, l'inconnu souffla dans un sifflet, émettant un son strident qui fit grincer mes oreilles. Et aussitôt, une dizaine d'individus vêtus des mêmes capes grises et de masques ternes inexpressifs nous encerclèrent.
L'arrivée soudaine de ces hommes en gris me fis frissonner d'angoisse ; d'où sortaient tous ces inconnus ? Et qu'allaient-ils faire de nous ?
Instinctivement, je serrai Pikachu un peu plus fort contre moi ; il était aussi inquiet que moi, vu à quel point lui-même se blottissait dans mes bras. L'homme au Migalos nous regarda, l'air mauvais ; je remarquai qu'au contraire des autres, il n'avait pas sa capuche sur la tête, mais portait un foulard noir qui cachait ses cheveux, et n'avait qu'un demi-masque qui dissimulait juste le haut de son visage. Mais cet inconnu n'essayait même pas de cacher le sourire méprisant qu'il nous adressait, les bras croisés comme s'il nous jaugeaient.
Le cercle d'hommes se resserra, me forçant moi et mes amis à nous regrouper les uns contre les autres. Je vis Lem prendre dans ses bras Clem terrifiée, et Serena reculer jusqu'à buter contre moi-même en essayant de se protéger des inconnus. Braisillon et Brutalibré poussèrent des cris menaçants, essayant sans succès d'éloigner ces individus de nous.
Alors que je cherchais une issue quelconque du regard parmi cette foule sans visage, je remarquai un point flamboyant au milieu de la nuée grise ; un des hommes gardait fermement sous son bras Feunnec, lui aussi solidement ligoté dans le même fil de soie qui avait retenu Pikachu. La pauvre Pokémon n'arrêtait pas de se débattre pour se dépêtrer des liens qui entravaient ses pattes et son museau et l'empêchait de souffler une bonne gerbe de braise sur ses kidnappeurs.
- Feunnec !
Le cri de Serena détourna mon attention vers elle. Elle semblait sur le point de se jeter sur sa Pokémon pour la récupérer, malgré l'inconnu menaçant qui la retenait prisonnière. Instinctivement, je plaçais mon bras devant elle pour la protéger, et je déclarai en même temps aux hommes :
- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous nous voulez ?
L'homme au Migalos braqua son regard sur moi. Une peur soudaine me tordit l'estomac, comme si j'avais dit le mot de trop. Un rictus malfaisant se dessina sur ses lèvres, comme un sourire sadique qui me laissait présager le pire.
- Écoutez, les gosses !
Sa voix claqua comme un fouet, nous faisant trembler comme s'il allait nous frapper à tout instant.
- On va faire un marché, OK ? Fit-il d'une voix presque mielleuse. Vous nous donnez vos Pokémon, et on vous laisse tranquille, ni plus ni moins. Pigé ?
Les derniers mots de l'inconnu me figèrent d'effroi. Il nous demandait de leur donner nos Pokémon, comme ça ? Mais pour qui se prenaient-ils ?
- Jamais ! Rendez-nous Feunnec et laissez-nous tranquilles ! On ne…
- La ferme sale gamin !
Sa réplique cinglante coupa court à ma réponse. L'homme me fixa, l'air enragé par ce que je venais de dire. Sa voix menaçante retentit à nouveau :
- Ici c'est moi qui commande et vous qui obéissez, que vous le vouliez ou non.
L'inconnu nous regarda d'un œil malsain. Sa voix et son sourire se muèrent en un murmure sadique :
- Je vous ai laissé une chance… et vous l'avez perdue.
À cet instant précis, les hommes appelèrent des dizaines de Pokémon au combat. Les créatures se jetèrent sur nous, toutes griffes dehors.
Prêts à nous déchiqueter.