Salut.
Parfois j'fais des machins, et parfois il s'passe des choses. Et parfois non, ça dépend.
The fire has been lit

Thank you once again for the invitation...Ça va, vous ? Pour une fois j'ai vraiment l'impression d'
aller. C'est plutôt cool. Un week-end prolongé la semaine passée pour me reposer et jouer à Legends, et un week-end cette semaine chez un copain à boire des coups et à raconter des konneries. J'avais besoin de ça, je crois. En vérité, je pense que c'est pas encore suffisant et que je vais continuer à me taper une sale dette de sommeil et de repos pendant encore quelques temps, mais j'ai au moins le mérite d'avoir retrouvé un peu de ma motivation pour faire des trucs.
Niveau écriture ça avance. Pas beaucoup, pas tant que ce que je souhaiterais, mais ça avance, et c'est déjà pas mal. Une page c'est mieux que vingt mots. Et même vingt mots c'est mieux que rien du tout, alors j'vais pas m'en plaindre. Surtout que ce qui sort de mes doigts depuis deux semaines me plait plutôt bien, pour une fois (cf. les extraits que j'ai posté dans les quelques articles en dessous). J'ai toujours l'impression d'être salement rouillée, et j'ai pas envie de mettre ça sur le dos de mon taf' qui me force à travestir ma plume pour l'adapter à un cahier des charges et des considérations plus mercantiles. Y'a de ça, hein, sans aucun doute, mais c'est aussi quoi qu'il arrive un exercice intéressant, et la vérité c'est que j'écris aussi pas mal pour moi entre deux commandes, pour éviter de m'encrouter. Oh, d'ailleurs, hier soir au bar un pote m'a dit qu'il aimait beaucoup même mon style aseptisé pour le travail et que ça lui avait donné envie d'essayer d'apprendre à écrire à son tour. C'est con mais ça me fait hyper plaisir et j'ai ride cette high toute la soirée. Good vibes.
Autrement, je continue de dessiner un p'tit peu quand l'envie me prend. Je continue de produire des assets de stream, des concepts et des pages de ref pour ensuite aller contacter des artistes et commissionner des artworks qui font plaisir. Ce qui est rigolo avec ça, c'est que même si c'est un hobby que j'apprécie beaucoup, c'est encore rien d'autre que ça, un hobby. Et du coup, ça réussi à toujours me mettre la banane quand j'me pose pour sketch des conneries et que j'essaye de come up avec des idées de design. Et y'a des copains que ça fait sourire autant que moi et qui m'encouragent, alors ça aussi ça fait plaiz'.
Et puis voila. La routine continue d'essayer de s'insinuer jours après jours et c'est une mission du quotidien de pas la laisser faire. Avec ce week-end et ce qu'il y a de prévu pour la semaine prochaine, je suis en bonne voie, en tout cas. Avec un peu de chance je devrais pouvoir poster un autre texte soon. On verra. D'ici là, j'vais continuer de faire de mon mieux.
Des bisous.
Article ajouté le Lundi 07 Février 2022 à 00h24 |
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Légendes Pokémon Arceus point com
Comment ça se prononce ? Art-ces-usse ? Art-ké-usse ? Art-keuse ? Art-sus ? Tout pété comme titre.
Mais franchement c'est bien.
Article ajouté le Lundi 31 Janvier 2022 à 12h52 |
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The thirty-four inside me...

I can hear their voices now...
***
Les longues journées d’une fin d’été laissaient doucement leur place aux soirées orangées à l’aube de l’automne. Il y faisait encore bon sous les frondaisons, comme les feuilles tapissaient d’en bas le ciel en camaïeux ajouré et protégeaient les yeux des éclats d’or couchant. C’est dans ces terres que venaient au creux de l’année nicher les voyageurs à becs, sur le chemin de leurs détours natals. On croyait, par delà les mers, là où aucun bateau ne pouvait mener quelqu’yeux dans ces recoins, qu’ils mourraient à l’approche des premières chaleurs et que d’autres profitaient du sol fertile pour pousser entre les racines et monter au jour, plus tard, à travers un tapis de feuilles mortes. Et quand les nobles de là-bas paradaient avec orgueil leurs oiseaux en pot, prêts à montrer le bout de leurs plumes apparaître avec les perce-neiges, les n’importe-qui d’ici se réjouissaient seulement du retour des chanteurs colorés.
L’un de ces vagabonds volatiles s’en trouvait de retour, à l’aube du départ de ses compères, porté sans instincts. Plutôt, perché sur l’épaule de l’ermite façon gargouille, il les voyait préparer leur envol d’un œil amusé. Le sien, de voyage, venait de prendre fin. La rouquine sous ses serres pestait déjà, comme à son habitude, que les ailes du corbeau pouvaient le porter et qu’il n’avait rien à faire là. Noir s’en amusait bien, et ne prenait son envol que pour éviter les éventuels efforts de Rêve pour l’attraper, entre soupirs agacés et rires sincères. Pas besoin de voler toute l’année derrière le soleil pour cet oiseau là.
C’est sur les conseils de quelques autres bourlingueurs que Rêve avait trouvé le chemin. Comme elle s’y attendait, le secret du village caché était bien gardé. Ceux de retour de cet endroit, comme terrassés par la fascination, s’accrochaient à leur savoir comme un dragon des livres pour enfants à son trésor. Ils montraient avec fierté les tableaux, les parures et cartes glanés là, mais devenaient presque mutiques à la moindre question. Sur les routes, on refusait même d’échanger des semaines de vivres pour un simple indice, préférant plutôt à la survie d’autres curiosités de valeur équivalente. Alors, pour satisfaire l’avarice dévorante de ces reptiles à peau d’Homme, Rêve donna de ses propres trésors et Noir de ses précieuses plumes. Un perle de pluie d’un pays où il ne pleut pas, le souffle d’un poisson, un morceau de racine d’une montagne, une poignée de cheveux d’un marais. Rien d'irremplaçable, rien d’inestimable. Vraiment, Rêve et Noir aussi gardaient précieusement leur fortune. Des dragons de conte, sûrement étaient-ils les Rois.
On leur indiqua, les dents serrées et le regard fuyant, la direction des arbres mauves et l’odeur de pain chaud. Plus loin, alors que le son des foyers et des fours s’en venait se perdre dans les fourrés couleur lavande, on intima aux voyageurs le pic en forme de serre et la porte couverte de mousse. Branlante, rongée par les insectes, à la peinture écaillée et remplacée par les courses de vert du lichen, la porte se tenait en effet bien là, à l’entrée d’un sentier invisible serpentant entre les rocs et les chaos. D’ici on pouvait déjà goûter les brioches et le levain tant les sens s’en rendaient en éveil. Noir claquait du bec et l’eau montait à la bouche de Rêve.
Si proche, enfin, si proche.
Quelques enjambées pour passer au-delà des précipices, de longues secondes d’hésitation avant de franchir les gouffres les plus acérés, la peur au ventre quand un pied glisse sur la pierre mouillée et menace d’emporter le corps entier en contrebas. Rêve passa un bras sur son visage pour le dégager de la sueur, soufflant soulagée à pleins poumons que ses vieilles jambes la portaient encore.
De sa flegme habituelle, la jeune femme se posa doucement au bord de l’abime juste en dessous. Solidement vissée sur une corniche bien trop étroite, le dos droit comme un i contre la paroi de la falaise, et les pieds balancés candides dans le vide. La destination n’était plus très loin, sans aucun doute, mais Rêve appréciait toujours, au pas de ses expéditions, s’arrêter pour penser, déjà, à sa destination suivante.
“Hé, t’aimerais voir quoi, après ? demanda la rêveuse, les yeux dans les hauteurs.
- Un coin plus plat, avec d’autres trucs que des feuilles et des cailloux à becqueter, répondit Noir perché sur une racine grimpante.
- T’inquiète, on arrive bientôt. J’vais nous trouver d’quoi manger.
- J’espère bien !”
Les deux compères échangèrent un rire sincère. Noir n’était pas du genre bavard, d’habitude. Alors, s’il daignait parler, c’est que la faim devait vraiment le tirailler, songea Rêve un sourire aux lèvres.
“J’aime bien quand tu parles, reprit-elle en observant toujours les cieux.
- C’est si rare que ça ? s’interrogea le corbeau.
- Non…enfin, si, mais…Rêve baissa la tête pour perdre son regard dans le vide en dessous.
- Mais ? s’enquit Noir.
- Tu lui ressemble beaucoup, tu sais ?”
***C'est le week-end. Trop bien. Mes cernes ont des cernes, il est tard. Faut faire dodo.
Des bisous.
Article ajouté le Samedi 22 Janvier 2022 à 01h23 |
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By the time the sun sets in the west...

The lost king is nowhere to be seen
***
Des millénaires de poussière continuaient de s’agglutiner sur les paupières du dormeur. Entre chaque tic d’un longue main, la plus courte rebroussait chemin façon marathon, pour s’arrêter au même endroit une poignée d’années plus tôt. Une nappe de temps, de plus en plus épaisse, de plus en plus lourde, tissée par l’ambition de l’un et portée par la robustesse de l’autre. Ils passaient ces éternités à se regarder, cherchant dans les yeux de l’adversaire la faille tant convoitée. Une seconde de plus abandonnée à l’infini, innocente, paisible, dessinée d’un pas par un inconnu bien loin, inconscient de ce que font les sauvages de son présent.
L’un d’eux n’à que faire de tout cela, il n’a besoin de marcher pour faire se lever les astres, seulement de parler pour les rendre à l’horizon. Il brillait si magnifique, en ce temps-là, à l’époque d’avant Rêves Étranges et des Prudents Cauchemars, quand Corbeaux et Renards ne faisaient qu’un. On y dansait sans crainte des êtres tapis dans l’obscurité, on y chantait sans rendre victime les choses du vrai, sans les tordre, sans les dévorer.
Et de tous les aujourd’huis que le nostalgique s’inventait, de tous ceux qu’il fantasmait, aucun, pourtant, n’avait les couleurs de ceux piégés à jamais dans sa mémoire. Des couleurs en palettes tantôt azurs ou grenats, tantôt ors ou améthystes, toujours aux odeurs chaudes du ciel d’été et des arbres rougis par l’automne. On y entendait les mélodies envoûtantes des vies et du reste, le doux fourmillement d’une ombre contre la pierre, le sifflement des nuages en vol, chaque vibration sans doute s’en allait peindre le concert de l’existence. Qu’il était beau, ce temps-là, rêvait l’homme au pas du monstre.
***P'tit extrait de pas grand chose que j'ai écris ce midi entre deux parties de smash. Je sais pas vraiment où je veux aller avec ça, mais ça fait longtemps que je devais écrire quelque chose là-dessus. On verra bien où ça nous mène. C'est important, de se laisser surprendre aussi.
Des bisous.
Article ajouté le Mercredi 19 Janvier 2022 à 23h17 |
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The Dog is Friendship

The Tiger is Pride...Faudrait que je fasse une compil de ces mangas que j'ai toujours en intro. C'est pas toujours des chefs d'œuvres, mais sans aucun doute des p'tits morceaux d'existence sans qui je serais pas qui je suis aujourd'hui. C'est un média que j'aime énormément, en vérité. J'en consomme depuis que j'ai genre 6 ans, et j'me suis jamais arrêtée. Toujours une série dans la tête et un volume dans le sac, à côté des chaînes de vélo, de la bombe de peinture et du reste. Ça me fait toujours sourire quand ça va pas fort, et ça me rappelle qu'il y a encore beaucoup à rêver. C'est con, mais c'est important, je crois.
Bref, ouais. Salut. Pas grand chose ce soir. P'tit update à la con. J'me suis laissée piéger par le monstre planqué sous l'évier, heureusement il est vite parti. Il a surement eu peur du Rat sur mon épaule. Il est revenu, lui aussi. J'ai ouvert sa cage et ça m'a laissé relancer un peu d'air frais dans tout ce que je fais. J'avais besoin de ça. Dépoussiérer tous les vestiges qui traînaient de l'époque du monde d'avant, balancer ceux qui pourrissaient là comme de vieilles cicatrices mal soignées au bord du col. C'est pas facile, mais il faut arrêter de regarder en arrière. Les souvenirs, aussi heureux soient-ils, n'existent plus que dans un monde qui s'est teint de mort et de mensonges, et j'ai ni le temps ni l'énergie de faire semblant de m'y attacher. L'important, maintenant, c'est le Rêve Étrange qui va naître après ma douche, au fond des couvertures, et le Prudent Cauchemar qui s'écrira au réveil.
J'ai toujours eu peur de l'infiniment grand. Mais plus ça avance, et plus j'me dis que l'infiniment petit d'avant le "maintenant" est encore plus terrifiant. Parce qu'il s'accroche et refuse de laisser les pousses grandir. J'suis une vieille peau, j'ai plus besoin d'un tuteur pour me dire dans quel sens pousser.
Pfouah, c'est vachement plus sombre que ce que je voulais écrire en ouvrant la page, dit donc. Boaf, pas grave, ça arrive. Bref, ouais. Salut. En vérité, je voulais seulement dire comme je suis contente de réussir à écrire quelques lignes et quelques concepts entre mes journées de taf. Rien de grandiose, comme d'hab, mais j'aime la forme que ça prend. Ça me redonne envie de faire vivre tout ça. L'objectif c'est de boucler le bouquin de jeu de rôle et le recueil de nouvelles avant la fin de l'année, c'est en bonne voie. Idéalement il faudrait que je playtest les quelques derniers systèmes encore un peu branlants qui traînent ça et là. Du coup si y'a des gens qui veulent faire du jeu de rôle un coup de temps en temps, d'une part je serais ravie de vous faire découvrir mon taf, et d'autre part ça m'aiderait pas mal.
Et puis voila. J'vais m'en retourner faire c'que je fais de mieux. Je sais pas ce que c'est, mais je compte bien le découvrir, demain ou le jour d'après.
Des bisous.
Article ajouté le Vendredi 14 Janvier 2022 à 00h29 |
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All the things you collect

Then go ahead and try!J'aimerais bien continuer toute l'année sur ce mindset, en vérité. C'est pas facile, j'ai commencé fort. Traîner toute la nuit dans les rues et les jardins, se promener avec un pavé porte-bonheur arraché à la voirie, souhaiter la bonne année ivre aux gens aux balcons, monter à cheval sur un sphinx et dégrader le mobilier urbain. Bah dit donc, c'est pas très républicain tout ça. En effet. Ça m'a fait du bien de retrouver mes racines de vieille punk et passer une nuit dans les mêmes vieux quartiers, avec des têtes un peu plus neuves mais beaucoup plus vraies et beaucoup plus chaleureuses qu'à l'époque.
Je me suis faites une promesse il y a quelques semaines. Réussir à aller plus loin, cette année. Ça sonne comme une résolution à la con et j'aime pas ça, mais jusqu'ici j'touche du singe, j'ai toujours réussi à les tenir, alors pourquoi pas. Rester fidèle à moi même c'est ce que je fais de mieux, et même si j'ai toujours du mal à faire confiance à cette konn, j'ai envie d'espérer qu'elle sait ce qu'elle fait. Elle sait pas où elle va, ça c'est sur. Mais c'est pour ça que le chemin des flammes est beau, nan ? Parce qu'il rend les ténèbres chaudes, qu'il nous laisse mettre la valeur que l'on souhaite sur toutes les choses que l'on trouve. Ouais, j'aime bien ça. J'vais prendre exemple là-dessus.
Autrement, fin d'année calme. Passée moitié chez les parents, moitié chez la famille dans le cœur, bien plus sympa d'un côté que de l'autre. J'espère néanmoins que c'était funky de votre côté. Je voulais écrire un truc intelligent ce soir, mais il s'est passé plus de trois heures entre le début de l'écriture de l'article et maintenant, alors j'ai oublié. Ah, c'est pas bien grave, ça me reviendra sûrement dans quelques minutes sous la douche.
Quoi qu'il en soit, je vous souhaite à tous une année. Qu'elle soit pleine de malédictions et de bienveillances, que vous y trouviez chacun ce qui s'y cache d'inestimable, que vous avanciez chacun sur votre propre chemin des flammes. C'est important, je crois.
Des bisous.
Article ajouté le Mardi 04 Janvier 2022 à 00h38 |
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My favorite Ocelot
Au zénith, Reah s’installa à la terrasse de l’un de ces nouveaux restaurants, qui fleurissaient depuis quelques années dans toutes les grandes villes des Provinces Frontalières. L’endroit était entièrement consacré à la nourriture, le partage, la découverte et l’appréciation de cette dernière. Contrairement aux auberges, qui ne laissaient à leur cuisine qu’une place secondaire et attiraient surtout les voyageurs en mal d’un lit où dormir, ces restaurants se destinaient tout particulièrement aux habitants des villes en question, en leur proposant une coupure du quotidien le temps d’un repas, l’opportunité d’être servis à la manière des nobles et des rois, et un rapport plus récréatif à la nourriture.
Assise à une petite table de marbre, Reah lisait avec attention la liste des plats proposés, inscrits soigneusement à la craie sur un tableau d’ardoise, installé devant l’entrée du bâtiment. Tourte à la viande, pot-au-feu, onglet de bœuf, salade de noix, il y en avait pour tous les goûts, et pour toutes les bourses. A côté, une carte des vins et des spiritueux ainsi que leurs prix au verre. C’était la première fois que la sorcière tentait ce genre d’expérience, bien plus habituée aux tavernes et autres troquets réservés aux voyageurs et aux soiffards. L’ambiance, en tout cas, n’avait rien de déplaisante.
L’Autre Duchesse, c’était le nom de l’endroit, était caché au détour de quelques ruelles étroites, sur l’une des petites places hautes qui faisaient la fierté d’Atria. Celle-là, peu fréquentée est bien souvent réservée aux riverains, aux curieux et à ceux qui se perdent dans le dédale de rues et d’escaliers de la ville, donnait une magnifique vue sur le fleuve un peu plus loin, sur le Musée Ducal des beaux-arts et sur la Place des Princes, où étaient regroupés tous les bâtiments administratifs, ainsi que les appartements des notables de la cité. Les toits de pierre blanche et d’ardoise, quand ils accueillaient aussi d’autres places hautes, grouillaient d’activité et donnaient à Atria toute entière cette aura de fourmilière toujours en plein effervescence. D’ici, on voyait aussi le haut des grandes arches de lierre et de rose qui couvraient quelques passages du soleil, qui tombaient des balcons et des places en cascades d’un vert apaisant.
Et le restaurant lui-même, aussi, se tenait dans la plus pure tradition Atrienne, avec ses hauts murs blancs ouverts en fenêtres arquées, tenues de gonds et de liens en laiton. Une porte dans le même matériel restait toujours ouverte vers un intérieur mêlant bois massif et cuivre que l’on aurait volontairement oxydé, rappelant sans choquer le vert qui inondait l’extérieur. Les tables étaient agencées de manière à accueillir autant des personnes seules que de grands groupes, et voyaient leur numéro frappé à même le cuivre à leur bord. Le personnel, attentifs à l’entrée et à la sortie de tous les clients, portait un ensemble noir et blanc de bonne facture, qui servait surement à imiter les tenues sobres des majordomes des bonnes familles, certainement dans cette idée de faire se sentir n’importe qui comme un noble.
Vraiment, Reah n’avait que faire de cela. La seule chose qui lui important, à l’instant présent, c’était que le plat qu’on devait lui apporter soit bon, et que l'alcool pour l’accompagner soit fort. Elle était aussi soiffarde, après tout.
Le vœux de la sorcière fût rapidement exaucé, quand l’une des serveuses apparût à sa table, portant au bras un plateau sur lequel trônaient fièrement quelques assiettes fumantes et autant de chopes de bière bien remplies.
La jeune femme qui apporta son plat à l’immortelle, une Epreas comme elle, portait le même genre d’uniforme cintré, un veston noir au dessus d’une chemise d’un blanc immaculé, un pantalon du même noir, et une paire de mocassins en cuir. Ses cheveux, du même vert que celui du vieux cuivre à l’intérieur, étaient attachés maladroitement à l’arrière en un chignon ébouriffé, laissant une frange longue et des pattes encadrer son visage. Ses yeux jaunes et les lourdes cernes en dessous trahissaient sans mal toute la fatigue du monde, mais la jeune serveuse s’efforçait toujours de sourire, sûrement par ordre de son supérieur.
Reah lui rendit son sourire, attrapant délicatement ce qu’on lui servait. La sorcière ne pouvait s’empêcher de saliver, alors que les odeurs des plats se mélangeaient juste sous son nez en un ballet enivrant.
“Un onglet de bœuf, un service de pommes de terres et de carottes, et une pinte d’Atricore pour vous. Et…, la serveuse marqua une pause comme elle cherchait à se remémorer la commande de la sorcière.
- Et c’est tout, je crois bien ! répondit Reah en souriant.
- Ah ! Euuh…Pourtant… J’ai deux plats pour cette table… Vous attendez quelqu’un ?
- Pas que je sache. Excusez-moi, c’est probablement une err-...”
Reah est interrompue par l’arrivée d’une troisième personne. Une forme pâle, plus blanche encore que la peau cadavérique de la sorcière, s’avançait vers les deux jeunes femmes calmement.
“Ah, c’est pour moi !”
L’homme se tenait embêté au bord de la table. Une main dans ses cheveux noirs en bataille, il gardait les yeux fermés et riait moitié sincère moitié gêné.
“Oui j’ai…j’ai commandé en même temps que mademoiselle alors il y a certainement eu confusion, vous comprenez.”
Reah s’attarda un instant sur l’étrange inconnu. Sa voix lui paraissait étonnamment familière, comme si elle l’avait déjà entendue ailleurs. Son apparence, par contre, ne lui évoquait aucun souvenir. A première vue, l’homme devait être un Epreas aussi, d’après sa peau blafarde et ses yeux jaunes. Pourtant, deux cornes légèrement courbées lui fendaient le front, et de longues canines donnaient à son sourire un air singulier. Même ses vêtements lui donnaient une allure particulière. Un chemise de lin, blanche également, aux manches retroussées qui révèlent deux bras couverts de tatouages. Un pantalon de toile noir à longs ourlets pour cacher des bords salement déchirés par l’usure, et une paire de bottes de voyage en cuir couvertes de boue.
Reah leva un sourcil, elle ne se souvenait même pas avoir commandé, en vérité. La serveuse se confondit en excuse encore une fois, et s’empressa de poser sa nourriture sur la table de l’inconnu avant de retourner à toute vitesse à l’intérieur du restaurant pour servir d’autres patrons.
***
Encore la suite du petit texte sur Reah de l'autre fois. J'aime bien, ça repose d'écrire ce genre de bêtises. Plutôt tranquille la vie de sorcière, hein ? Il s'passe des trucs bizarres on dirait bien, mais bon, rien de grave. Pour l'instant, en tout cas.
Article ajouté le Lundi 20 Décembre 2021 à 23h19 |
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Lumière
Les falotiers apparurent bientôt aux quatre coins du parc pour éteindre les réverbères. Leur échelle sous le bras, leur casquette sur la tête, ils se séparaient à chaque carrefour des allées pour trouver d'autres flammes, laissant l’un d’eux derrière monter et souffler la lumière.
Du bout de leurs gants de cuir, ils ouvraient doucement les cages de fer, s’assurant de ne pas brusquer les gonds, glissaient un doigt à l’intérieur pour caresser les volutes incandescentes et, par un éclair dans le regard, jusqu’au creux de la main, laissaient gentiment la flamme danser et rejoindre leur paume. Un mouvement du poignet délicat pour sortir la lumière de sa prison et la ranger, avec le plus de précaution du monde, dans une autre minuscule lanterne à la ceinture de l’allumeur.
De jour, les lumières étaient ramenées pour faire fonctionner les feux et les foyers des bâtiments publics de la ville, ou renvoyées chez leurs artisans pour être entretenues.
Reah souriait. Ces moments lui manquaient. Elle s’était levée, et déambulait le long du chemin de gravier, continuait d’observer les allumeurs et les passants. Il y avait une gamine, là, qui regardait une falotière encore perchée sur son échelle. La petite portait une casquette de marin bien trop grande pour sa tête, cachant une tignasse d’un roux délavé. Deux grandes oreilles, couvertes de fourrure de la même couleur, rabattues par son couvre-chef, tombaient en flèche sur les côtés de son visage. Un visage fin, à la peau d’albâtre, un nez légèrement retroussé, une bouche en large sourire révélant de belles canines, et deux yeux à l’iris d’un jaune profond, couleur de soleil au crépuscule d’été. A vue de nez, elle ne devait pas avoir plus de dix ans. Reah s’approcha d’elle, fascinée par la curiosité de l’enfant. Elle s’accroupit à ses côtés, capable de voir d’ici ses petites mains griffues dépasser timidement des larges manches de sa robe de toile.
“T’es toute seule ? demanda sans préambule la sorcière.
- Hmhm, marmonna sans la regarder la petite fille.
- Ils sont où tes parents ? Ils savent qui tu es ici ?
- Nan… balbutia-t-elle, sans vraiment avoir écouté la question.
- Tu veux qu’on aille les chercher ? essaya Reah sans grande conviction.
- Qui ?
- Tes parents.
- Pourquoi ?
- T’es toute seule.
- Nan.
- Ah.”
Décidément, Reah ne savait vraiment pas y faire avec les gosses. Ou avec qui que ce soit, vraiment. Dans un souffle de défaite, l’immortelle se redressa sur ses pattes. La petite n’avait pas tourné la tête. Elle continuait d’observer avec la plus grande attention les mouvements de la falotière, la manière dont le feu virevoltait le long de son gant, la façon dont il obéissait sans faillir aux enroulées de chacun de ses doigts, pour aller se reposer, comme un petit animal, au fond de la lanterne de ceinture. Ses yeux s’illuminaient en étoiles de passion, alors que la jeune femme en charge de l’éclairage descendait doucement de son échelle. C’était une tharian, à priori dans la vingtaine, les cheveux noirs attachés en deux nattes sous sa coiffe, les yeux bleus et le sourire communicatif. Elle lança seulement un regard attentionné à la petite, salua Reah en ôtant son chapeau d’un mouvement de poignet et reprit sa route, échelle sous le bras. L’enfant suivit son idole jusqu’à un autre réverbère, où elle profita à nouveau du spectacle. Reah haussa les épaules. De toute façon, elle ne savait vraiment pas y faire.
***
J'avais pas la foi de commencer un nouveau truc au bureau ce soir, alors j'ai continué le petit extrait de l'autre jour à la place, et maintenant c'est le week-end. Voila.
Article ajouté le Vendredi 10 Décembre 2021 à 18h13 |
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Narehate
***
Reah regardait à ses côtés. N’y avait-il pas quelqu’un, juste là, il y a une seconde encore ? L'immortelle jeta les yeux au ciel, un sourire en coin au bord des lèvres. Les minutes et les heures volées à sa mémoire laissaient derrière elles l’odeur douce-amère d’une passion éphémère. La jeune femme leva les bras haut au-dessus d’elle en poussant un dernier soupire de fatigue, il était temps de reprendre la route.
Sans un mot, elle attrapa à ses côtés le manteau qu’elle n’avait jamais retiré, vissa sur sa tête le chapeau qu’elle n’avait jamais ôté. La lumière des réverbères commençait doucement à se perdre dans les couleurs du matin, alors que le soleil pointait, reprenant sa place contre les ombres. Les insectes et les bêtes s’en retournaient dans leurs cachettes boisées, pleurant la mort de leurs lumineux amours, espérant secrètement leur retour à l’avènement du soir.
Avec le jour, une autre vie. Quelques passants se dessinaient derrière les buissons et au détour des chemins, promenant chiens et chats avant que le bruit ne les effraie. D’autres peuplaient bientôt les quelques bancs pour lire en paix les nouvelles fraîches, imprimées toute la nuit par des ouvriers rendus aveugles par la fumée et sourds par le hurlement des machines. Entre eux, jeunes gens et adultes terrifiés par l’âge s’en venaient courir et transpirer un temps avant de se mettre au travail.
La sorcière lança un regard las à ses bras émaciés, souleva mollement son haut dans l’espoir de trouver dessous des muscles bien définis. Un petit soupir ponctué d’un souffle amusé, elle-même ne savait pas à quoi d’autre elle s’attendait.
***
Je crois que j'ai trouvé. J'ai pris quelques jours pour me reposer après avoir cassé la gueule d'un crackhead et perdu 40 balles. J'ai recommencé à lire et à voir, ça m'a fait du bien. Je sais pas vraiment ce que j'ai trouvé, mais ça s'approche de ces ténèbres chaleureuses, ce désir insatiable pour le monde froid et accueillant que je veux bâtir. Ça va aller, ça va aller.
Article ajouté le Dimanche 05 Décembre 2021 à 18h41 |
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Joshua Tree

If a sigle grain of barley falls to the ground and doesn't die...J'ai demandé à un ami grec, il m'a confirmé que ça veut rien dire. Dommage. Ça fait partie d'ces p'tits trucs que je comprends pas et qui deviennent irrésistibles dans le mystère. J'ai une réponse, je préférerais pas en avoir. Enfin, ça arrive. C'est pas grave.
Pas vraiment dans le mood pour écrire en ce moment. J'suis sur un gros gros morceau au taf et ça me sape toute mon énergie une fois rentrée chez moi. C'est dommage, ça aussi, comme j'avais réussi à me remotiver pour faire des trucs stylés. En fait, c'est surtout l'entretient de la motivation qui me fait défaut. J'adore ce que je fais et j'adore le faire, y'a aucun soucis avec ça. C'est dans l'air, j'imagine. Mon article de l'autre jour à propos d'Aedrelon m'avait foutu un vrai bon coup de boost au moral, faudrait que je continue, que j'en fasse d'autres ou plus souvent, ou juste que je trouve des gens qui voudraient en discuter juste de manière casual, sans que j'ai besoin de présenter ça et essayer de le faire passer pour un truc intelligent. Parce qu'en vrai, je pense qu'il est là aussi l'intérêt de ce truc, dans le partage et dans la découverte collective. Puis, plus égoïstement, ça me fait du bien parce que ça me fait me hyper tout seul, et j'pense que j'ai besoin de ça, de temps en temps.
Entre temps j'essaye de composer avec le quotidien. C'est pas facile non plus. Des merdes qui arrivent un peu nulle part et qui s'accumulent l'air de rien. Mauvaises nouvelles sur nouvelles incertaines, stress sur anxiété, et peut-êtres sur jamais. Je devrais y voir plus clair bientôt, d'ici là j'retourne m'enfoncer dans ces albums de punks à chien qui parlent de demain, ou ceux de ces sauvages qui écrivent avec un crayon titi. Il paraît que ça donne du courage, et que ça donne envie de tous les niquer. Franchement, je crois que ça marche. C'est tout ce qui compte, pour l'instant.
Pour le reste, comme d'habitude. Des images pleins la tête, pas assez d'énergie pour toutes les mettre sur le papier, mais suffisamment pour ranger les bombes de peintures dans le sac tous les matins. On sait jamais, s'agirait pas de laisser une affiche intacte par inadvertance. Y'a des manifs ce week-end, pour cracher sur l'autre gobelin de ses morts, j'vais sûrement y aller.
C'est tout pour ce soir. C'est pas grave, il y en aura d'autres. Je crois même qu'il y en aura un demain, tiens, avec un peu de chance.
Des bisous.
Article ajouté le Mardi 30 Novembre 2021 à 23h28 |
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