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Recueil de trucs
de Konn

                   


Salut.

Parfois j'fais des machins, et parfois il s'passe des choses. Et parfois non, ça dépend.

Bisous.

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Tourner en dérision des sujets sérieux et tabous.
"Ahah, tous ces jeunes faibles et fragiles qui se plaignent sans arrêt qu'on remette en question leur existence, franchement si vous voulez mon avis éclairé sur la question, ils ont qu'à arrêter de jouer les victimes. Nan parce que bon, hein, quand même, là ils demandent qu'on arrête de les tabasser, et puis ça va être quoi la suite ? Ils vont demander des droits ? Nan mais n'importe quoi... En plus à cause d'eux on peut vraiment plus rire de rien ! Que dirait Desproges !? Il se retournerait dans sa tombe, moi j'vous l'dit."

Trop marrant. Hilarant, même. Que des bonnes vibes, et évidement une généreuse dose de "bienveillance", hein ? Malheureusement pour les proto-fasho et les joyeuses merdes assumées (qui représentent quand même un sacré pourcentage de la population si on en croit les dernières élections), les pauvres attardés mentaux qui ont quelque chose à faire de ces misérables histoires de racisme, de handicap, de sexualité de l'individu et de tous ces joyeux sujets qui font monter au créneau ont de la gueule, l'ont déjà prouvés maintes et maintes fois, et sont là pour rester.

Voyez, ce magnifique mois de Juin que Allah nous offre chaque année est, dans ce qu'on appelle dans la langue de Jay-Z, le "pride month" (ou "Mois des fiertés", dans la langue de Jean-Chrysostome Dolto qui vous est si chère). Qu'est-ce que ça veut dire ? Pas grand chose, en vérité. C'est surtout une technique commerciale pour que le grand capital puisse s'adresser à une frange marginalisée de la population sous couvert d'ouverture. Et ça, c'est pas bien. Mais, y'a un effet de bord qui ne manque jamais de me faire mourir de rire, c'est que dans leurs pitoyables tentatives de paraître "bienveillantes" en s'adressant directement à nous, pauvres rebus de la société, les marques et entreprises qui surfent sur cette vague aliènent en même temps leur cœur de cible : les quadras bedonnants qui refusent de ne pas être le centre de l'attention pendant ne serait-ce que quelques jours par ans. Et ça, c'est très rigolo.

Enfin, voir des hommes qui n'ont jamais appris à partager ou exprimer des émotions plus complexes que "ahah le cul" être colère colère parce que deux autres hommes se tiennent la main ne cessera jamais de me divertir. C'est en partie pour ça que je fais l'effort conscient d'être de plus en plus gay à chacune de mes apparitions en public, c'est franchement des grosses barres et je vous recommande à tous.tes (écriture incursive tmtc) d'essayer au moins une fois.

Bref, ça rigole ça rigole, mais ça va nulle part, tout ça. Oui, c'est vrai. Mais j'pense que c'est aussi important de poser des bases comme ça, aussi konn soient-elles. Et c'est dont après cet aparté qu'on en arrive au vrai sujet :
Vous savez qu'en vrai la première pride c'était une révolte ? C'est à dire avec des gens dans les rues qui s'en vont, dans la bonne humeur et en brandissant toutes les couleurs de l'arc-en-ciel qu'ils ont volés à dieu, casser des trucs et tabasser des gros cons ? Là, d'aucun partisan d'un certain goblin s'en viendraient dire "on voit de quel côté est la violence" d'un ton condescendant qui ne traduit en vérité aucune supériorité morale, mais plutôt une hypocrisie et une ironie ridicule. Ce à quoi je répondrais "oui". Et le truc, c'est que même appropriée par le spectre du capital, la pride continue d'exister. Elle aussi spectre de ce qu'elle fût. Un peu comme un écho dans le temps qui dirait sans arrêt "On est encore là, vous ne pouvez pas nous faire taire, et il suffit d'un mot de travers pour qu'on revienne à nouveau brûler vos précieuses voitures et tabasser vos enfants".

Sauf que vous savez quoi, il y en a qui ont pris gout à cette journée, à ce mois où ils ont le droit d'exister. Si, si, j'vous jure. Et du coup, cet esprit de révolte qui habitait un instant, maintenant il habite des gens. Vous savez, des êtres humains. Des êtres humains qui, même s'ils sont différents et ne partagent pas vos valeurs républicaines (par exemple ils n'ont pas une fixation sur ce que font les autres de leurs zizis respectifs), sont déjà là parmi vous. Des gens qui se battent pour eux et pour tous les autres dans leur situation, des gens qui se battent pour avoir le droit d'exister sans craindre pour leur vie, des gens qui se battent pour qu'enfin les gâchis d'oxygène en tout genre ferment leur gueule.
Alors ouais, c'est pas cool quand quelqu'un vient vous dire "eh, ça me met vraiment mal à l'aise cette blague, tu pourrais arrêter de la faire s'il te plait ?" (Imaginez l'audace !), mais c'est mieux qu'un pavé lancé à grande vitesse en direction de votre occiput protubérant. Et pour assurer mes arrières, le premier qui invoque "ouiiiii mais la liberté d'expression blablabla, pourquoi j'ai pas le droit de dire que vous êtes des erreurs de la nature en paix blablabla" je le fume en direct sans aucune sommation. Oui, en effet Jean-liberté, tu as le droit de dire tout ça. Mais ça ne te protège pas des conséquences. De la même manière, les autres ont le droit de te répondre que tu n'es qu'une pathétique excuse à l'humanité, qu'ils n'ont pas envie de t'écouter ni même de te voir, et qu'ils préféreraient que tu disparaisse de la manière de ton choix (c'est ça l'inclusivité bb).

Voili voilou. Je trouve ça catastrophique qu'on doive encore avoir cette discussion en l'an de grâce 2022 (z'avez vu, j'ai même révisé ma bible et mon vocabulaire de droite pour montrer que quand même, je suis un peu comme vous ahah). Maintenant, à vous de découvrir si c'est que d'la gueule, ou si y'a quelque chose qui se cache là-dessous.

Des bisous. Non, vous méritez pas. Pas bisous. Gifle.
Article ajouté le Lundi 06 Juin 2022 à 12h22 |
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Les enfants du paradis
La tour s'en allait se tenir par-delà les nuages, invincible, au sommet fantasmé, invisible. On y montait à tout jamais, se demandant quel Paradis attendait là-haut. On y montait à tout jamais, oubliant après chaque marche la précédente. Les escaliers de marbre blanc se mêlaient aux murs d'albâtre jusqu'au prochain palier, puis au suivant, et celui d'après, aussi immaculé. Un vide blanchâtre, infiniment profond, seulement guidé par les chants et les rires de quelques jeunes voix bien plus haut.
Il n'y avait pas d'entrée à la Tour du Paradis. Peut-être même n'avait-elle seulement pas de base. Pourtant, quelque-part, elle était. Surement. Les Voix n'en avaient que faire. Leurs Enfants courraient les uns après les autres dans les escaliers, sans jamais tomber. Ils hurlaient et jouaient et riaient et chantaient et pleuraient, même. Parfois, on ôtait les bandages qui couvraient leurs yeux tués par le blanc pour sortir de leurs orbites étoilés quelques parchemins. Puis, entre deux jeux, on leur en faisait la lecture. Inlassablement. Chaque jour. Pour l'éternité.

Ou du moins, c'est ainsi qu'allait l'histoire des Enfants du Paradis.

Jusqu'au jour où, venue de nulle part sur les conseils d'un oiseau sur son épaule, une nouvelle paire d'yeux fit son entrée au royaume céleste. Rêve se tenait là, au milieu de l'immensité éblouissante. Les escaliers étaient là. Un plafond loin à l'horizon était là également. Sans attendre, et sans ailleurs où aller, la jeune femme entreprit l'ascension des kilomètres de marches qui s'étendaient déjà devant elle. Le bruit de ses bottes sur le marbre résonnait pour en faire un battement régulier, à la fois sourd et cristallin, fascinant. Un son alien, preuve d'une vie mortelle dans un paradis habitué aux seules envolées de ses anges.
Chaque pas plus lourd que le précédent, une marche après l'autre, seulement pour découvrir, alors que le prochain étage semblait enfin à portée, que son souffle se faisait lent, autre chose que l'attendu plafond de marbre. Une épaisse nappe cotonneuse, douce, tendre, absolument pure. On y entre sans même le voir, pour se perdre dans les volutes blanchâtres et les eaux en suspension. On y respire mal, il y fait froid et humide. Parfois, quand l'étoffe se teint de noir et se déchire, des éclairs silencieux s'en vont danser, pour se retrouver, en quête d'un ailleurs à frapper. La Tour du Paradis avale les sons et la violence, laisse ces quelques nuages orageux piégés entre ses murs.
Après une poignée de minutes, on termine de traverser la nappe. Toujours loin du sommet, Rêve observait le nuage juste à ses pieds. Comment c'était-il retrouvé là ? L'y avait-on enfermé ? Qu'était-il, le crime du roi des cieux ? Ou, plutôt, de quelle bonté doit-un nuage faire preuve pour trouver sa place aux côtés des anges ? La jeune femme souriait, époussetant ses frusques pour les dégager de ce qu'elle pensait y trouver. A ses côtés, l'oiseau agitait lui aussi ses plumes blanches, trempées. D'un regard complice, le corbeau et la rêveuse s'accordaient une pause bien méritée.

Rêve déposa délicatement ses bottes à côté d'elle, sur la marche où elle s'était assise. Les pieds dans la brume, elle sentait les aléas de l'air et de l'eau caresser ses jambes, s'en aller et s'en revenir doucement à l'image de la houle des plages de son enfance. La mer remplacée par un nuage, l'horizon remplacé par les murs aveuglant de la tour. Les coudes sur les genoux et la tête dans les mains, Rêve lança un regard amusé à son corbin compagnon.

"Hé, tu crois qu'il y a des poissons là-dedans ? Ça se trouve, y'a même des méduses !"

A ces mots, le corbeau se mit de nouveau à battre des ailes et à croasser, l'air paniqué. Son cris trahissait toute la terreur du monde, éveillée à l'idée des étranges créatures sans cœur et sans forme au fond des océans. Les ailes encore mouillées, le vol hésitant et l'allure se confondant avec celle des hauts murs, Noir s'en alla piailler et tournoyer plus loin, au-dessus de la mer brumeuse. De là, en tout cas, il ne voyait aucune méduse.
Les échos des rires et des cris donnaient leurs couleurs aux marches et aux murs de marbre inlassablement ternes, pour faire de la tour, au moins pendant quelque secondes, un petit au-delà mortel.
Et quand les échos se taisent, que le silence reprend la place qui lui est due dans l'au-delà, la Tour du Paradis redevient l'enfer froid et inhospitalier qu'elle essayait de cacher à ses anges. Un courant d'air glacial, venu de nulle part, pressa Rêve à retirer ses pieds de l'eau cotonneuse devenue bien fraiche. Quelque cristaux se formaient ça-et-là juste en dessous, d'autres tombaient d'innombrables nuages encore bien plus haut. La neige tombait doucement sur les mains de la jeune femme qu'elle portait à son visage pour essayer de les réchauffer. Une épaisse nappe de vapeur quittait ses lèvres, glissait entre ses doigts et s'en allait s'évanouir dans l'air tout autour. Grelottante, la voyageuse et son compagnon reprirent leur ascension du paradis, dans l'espoir d'y trouver d'ici quelque marches autre chose que ce soudain hiver.

Une montée terriblement longue. A passer de nuages en nuages, de blizzards en orages et d'orages en canicules. Noir étendait ses ailes autour des épaules nues de la rêveuse pour la protéger quelque temps du froid et de la pluie. Et les deux continuaient. Toujours aucune trace des anges des légendes. Toujours aucun de ces cris, de ces rires et de ces chants. Les escaliers continuaient eux aussi. Chaque marche plus blanche que la précédente, jusqu'à un Eden fantasmé, dont parlent les livres.
Après combien d'heures, combien de jours, les deux voyageurs arrivèrent-ils enfin au second palier ? A une poignée de mètres à peine, un plafond de marbre, froid, dur. Les yeux de Rêve s'illuminèrent alors que Noir repris son envol de plus bel vers le sommet. Sautant les marches deux à deux, laissant sa joie exploser en autant de rires, de souffles coupés et de cris enjoués à son ami à ses côtés. Finalement, elle traverse l'épais pas de marbre et arrive, non sans un infini soulagement, au Paradis.

Une plaine d'herbe verte s'étendait à perte de vue. Tout autour, un ciel d'un bleu parfait. Plus loin dans la plaine, une petite maison. L'une de ces vieilles fermes qui jonchaient encore les campagnes, perdue dans le temps. Le vent balayait l'herbe, la laissant danser à son gré, pour en faire l'un de ces paysages que les artistes passaient leur vie à essayer de capturer. Plus qu'un incroyable paysage, un instant fantastique, magnifique, comme sorti du plus calme des rêves, où aucun mal n'a sa place.

"Tu trouves pas ça malsain toi ?"

Tout l'engouement de Rêve s'était rapidement envolé quand elle posa les yeux sur la vérité devant elle. Un frisson lui traversa l'échine comme ses yeux se perdaient dans un horizon bien plus familier que les étendues de blanc. Une voix presque inquiète, qui ne portait plus jusqu'au sommet, mais seulement jusqu'à Noir, perché sur son épaule. Seulement quelques croassements en réponse, eux aussi bien bas.
Les deux restèrent planté là une poignée de minutes, absolument immobiles, à observer les moindres détails du monde devant. Et plus les minutes passaient, plus les moindres erreurs dans cette travestie d'existence devenaient monstrueuses. L'horizon étrangement statique semblait avoir été peint à même les murs de la tour. Les mouvements de l'herbe bien trop réguliers, et tous dirigés inexplicablement vers la maison plus loin, sans tenir compte de la direction du vent. Une odeur de sel portée par ce même vent, mêlée à un air épais, inconfortable. La fumée qui s'échappait de la maison, plus loin, refusant de s'élever plus haut et conservant toujours la même forme, comme un autre accessoire posé là, sans raison. Les fenêtres de la bâtisse, d'ailleurs, ne laissaient rien entrevoir. Entièrement noires, mattes.

Enfin, quitte à avoir fait le chemin jusqu'ici, autant continuer, songea Rêve. D'un pas décidé, elle entama sa marche vers l'habitation plus loin. Même la texture et le son de l'herbe au contact de ses bottes semblaient faux. Et, alors que la porte s'approchait, elle s'ouvrit.
Du vide à l'intérieur apparu une première silhouette, rapidement suivie de trois autres. Les quatre rigoureusement identiques, pas bien hautes, entièrement blanches, à l'allure vaguement humaine, le regard masqué par quelques bandelettes tachées de rouge, comme l'étaient leurs mains et leurs pieds. Quand la dernière fût sortie, la porte se referma d'elle-même derrière elle, visiblement dans un fracas mais sans un bruit, comme si le son appartenait seulement au vide de l'intérieur. Même si la porte resta silencieuse, toute Eden s'en retrouva bientôt engloutie sous le son des rires et des chants dont parlaient les légendes.

Bientôt, la maison vide, la voyageuse et l'oiseau, les enfants et la tour elle-même. Rien n'avait changé. Était-ce comme ça que tout avait toujours été ? Quelques observateurs venus d'ailleurs qu'une éternité avait appris aux anges à ignorer ? Le sang des plaies mal bandées traînait derrière eux sans qu'ils ne s'en plaignent, sans sécher, sans tâcher l'herbe et sans remplir l'air de cette ignoble odeur de fer. Ils se passaient balles et mots imaginaires sortis de sous leurs robes ruinées sans jamais voir, parlaient en des langues qu'eux seuls connaissaient sans jamais dévoiler leur sourire.
Dans les sons des anges, le ciel semblait se décoller des murs et s'élever vraiment. Lentement, une réalité invoquée depuis les mensonges. Un décors de théâtre rendu vraisemblable par l'arrivée des acteurs sur scène ? Ou, peut-être, la manière dont elle avait toujours été, mais seulement révélée par la présence de ceux pour qui elle était faite ?

Depuis combien de temps Rêve et Noir étaient-ils là ? Et l'escalier par lequel ils étaient arrivé, où était-il maintenant ? Caché dans les hautes herbes qui poussaient à vue d'œil ? Perdu dans la nouvelle marre où un ange s'imagine pêcher ? Perché au sommet de l'arbre où un autre dort ? Un arbre et une marre. Ils avaient toujours été là. Comme la vieille pendule sans aiguille au-dessus de la porte de la maison. On entendait son incessant tictac dans les feuilles doucement bercées par le vent. Et malgré les tours invisibles, jamais elle ne sonnait.
Rien n'avait changé. Et rien ne changerait jamais. Un Paradis parfait, invitant parfois un heureux élu à observer ses anges pour une poignée d'éternité, attendant sagement entre partout et nulle part, tout le temps et jamais, que de nouveaux enfants s'y perdent, pour continuer de l'élever. Toujours plus haut.
Depuis combien de temps Rêve et Noir étaient-ils là ? Et l'arbre où un ange dormait, comment le retrouver au milieux des centaines d'arbres de la luxuriante forêt d'Eden ? Et la marre où l'autre péchait, pourquoi s'en contenter alors qu'une magnifique plage de sable fin donnait juste là sur le plus bel océan que la voyageuse, dans toutes ses errances, n'avait jamais vu ? Ça aussi, ça avait toujours été là. Rien n'avait changé et rien ne changerais jamais au Paradis. Même quand les eaux avaleront les plaines, que les arbres perceront les cieux de marbre pour laisser un soleil devenu bien trop proche brûler la terre et transformer Eden en un désert fantastique, rien ne changera. La perfection du Paradis ne mourra jamais. Ses anges continueront de danser, de chanter, de jouer et de rire et attendant de nouveaux camarades. Ils continueront de saigner pour faire de leur monde imaginaire une réalité éphémère. Pour que tous les battements de la pendule se ressemblent, pour vaincre l'aveuglant vide caché sous les nuages loin en contrebas, pour que jamais rien ne change.
Depuis combien de temps Rêve était-elle là ? Depuis combien de temps ses yeux saignaient-ils, battus par l'immobile infini devant elle ?

Sans prévenir, les poumons de nouveaux remplis d'air, les pupilles asséchées hurlantes de douleur alors que les serres d'un corbeau blanc venaient broyer l'épaule de la rêveuse. Noir hurlait à Rêve de reprendre ses esprits, tuant les échos des anges et, encore une fois, invoquant une nouvelle vie mortelle aux pays des morts heureux. Ses croassements faisaient flétrir les arbres, brûler les fleurs, tomber les animaux fantasmés et s'effondrer le ciel sur les pleurs monstrueux des anges. Un nouveau chant. Celui de la peur, de la tristesse, du mal insidieux qui tord les intestins comme tant de vers oubliés par la pluie.

Rêve et Noir se tenaient là. Le sang de la voyageuse coulait, lui, le long de son être, sur ses vieilles frusque, jusqu'à ses pieds pour teindre le sol de marbre juste en dessous. Autour d'eux, plus rien d'autre que le vraie visage de la Tour du Paradis, un palier blanc, et les anges en pleurs. Quelques enfants sans repère dont le jeu venait de s'écrouler et sans yeux pour voir la réalité de leur demeure. Leurs sanglots se tordaient parfois en rires, en mots ou en hurlements, tant ils ne savaient pas comment faire, tant ils ne comprenaient pas l'invraisemblable et indicible horreur du sentiment qui venait de s'abattre sur leurs épaules épargnées par le malheur. Doucement, le corbeau se tût, accompagné par le soupire soulagé de la rêveuse. Les mains toujours tremblantes, elle essayait d'essuyer ses larmes pourpres mais ne parvenait qu'à les étaler davantage le long de ses joues déjà rougies.

"Il est temps de rentrer à la maison, d'accord ?"

Les mots de la rouquine résonnaient, s'en allaient jusqu'au sommet et s'en revenaient, accompagnés cette fois par les réponses des maîtres des lieux. A qui appartenait cette minuscule voix, entremêlée dans les mots de la voyageuse, terriblement douce et enivrante ? Était-ce celle des diables ou des dieux, cachés bien loin au sommet du Paradis, qui brûlait de rage désormais ? Les anges hurlaient de plus belle alors que cette seconde voix s'immisçait entre chaque son, volant aux mots leur sens et aux échos leur liberté, travestissant chaque vérité en quelque mensonge vicié.

"Le mal. Où est-il en ces lieux ? Laissez vivre nos enfants à l'abris de votre monde d'horreur et de son malheur."

La voix monocorde, inhumaine, étrangement chaude, semblait murmurer aux oreilles de Rêve chacune des peurs du monde. Elle s'en allait invoquer les guerres, les maladies, la famine, la mort. Elle priait qu'on la laissa élever ses enfants loin du chaos, là où la tristesse ne pouvait jamais les atteindre. Bannir le Cauchemar de l'existence pour offrir une vie parfaite. Une volonté louable, vraiment, songeait Rêve. La jeune femme souriait.

"Les diables de la surface sont bien trop cruels, bien trop vils. Laissez-nous. Retournez-y et oubliez-nous."

La voix continuait. Invoquant cette fois la colère, l'oisiveté, l'orgueil, la jalousie, le mensonge, chacun des torts des Hommes qui font parfois l'enfer d'une vie.
Peu à peu, tous les maux du monde envahissaient la Tour. Une figure sombre portait au loin une montagne de corps putréfiés, accompagnée d'autres silhouettes enchaînées, peignant les murs du paradis d'un rouge cailleux et visqueux. Des grumeaux se déchiraient des visages hurlants, appelant à l'aide dans toutes les langues de la surface jusqu'à ce que la peinture les fige dans l'horreur et la peur. Une conscience éphémère, arrachée aux abysses un instant pour hurler la douleur d'être en vie, rendue si vite aux ténèbres sans plus de raison. Était-ce ça, l'existence imaginée par les effrayés ?

Les figures noires, purulentes, agonisantes, hurlantes, vomies par les visages de pierre sculptés par les millions d'esclaves de la Mort, s'agglutinaient bientôt autour de la Rêveuse. Elle souriait, encore.

"Parfois…parfois…Il vaut peut-être mieux s'entourer de diables à qui l'on peut parler. Vos enfants iront bien, ils viennent du paradis, après tout."

Les mots de la voyageuse portaient une douce chaleur encore inconnue des êtres de la Tour. Lentement, elle leva la main vers l'une des monstruosités à ses côtés. La même chaleur. Une minuscule flamme. Du bout des doigts, un nouveau cœur battant et une myriade de couleurs offertes à la maudite silhouette. Un autre diable, au visage infiniment doux, cachant ses horribles cornes et ses sabots fendus derrière la façade d'un prudent Cauchemar. Un animal au pelage d'encre jappait déjà à ses pieds, en direction du corbeau sur l'épaule de Rêve. Une tendre caresse, un sourire réciproque et, sans un bruit, le mirage s'évapora.

"Je pense que vous avez raison. Là-bas, les diables pleurent, les diables meurent. Mais parfois, les diables rient et les diables aiment. Pourtant...ce chaos…Il a des airs d'espoir."

L'échos dans les hauteurs hurla de plus belle. Jurant son éternel défiance, son mépris des fameux monstres de la surface et son inébranlable volonté de protéger à jamais ses anges. Le visage tordu par un rictus vainqueur, Rêve leva la main vers les hauteurs, pointant les cieux du doigt. Juste derrière elle, les ailes du corbeau s'ouvraient et s'étendaient, dévoilant mêlées là quelques plumes violacées, magnifiques. L'oiseau criait de nouveau, un hurlement cristallin pour noyer les mots et bannir les mensonges de l'écho.

"Et je prendrais sa beauté à n'importe laquelle de vos hideuses perfections."

Une lumière éclatante, incroyablement douce et réconfortante, pourtant emplie d'une violence jamais vue. Une lumière pure, assez pour éblouir les aveugles, invoquée depuis les ailes devenues gigantesques du corbeau blanc, dirigée à l'invincible éternité au-dessus. Une explosion. Un souffle retentissant. Un nuage de poussière et des tonnes de débris. Mais, pour la première fois, une lumière véritable, chaude et réconfortante, traversant les étages et chaque nappe grisâtre sur son chemin pour s'abattre sur les anges.

La tour s'en allait de tenir par-delà les nuages, invincible, au sommet fantasmé, invisible. On y montait à tout jamais, se demandant quel Paradis attendait là-haut. On y montait à tout jamais, contemplant entre les marches et contre les murs le ballet des vignes et du lierre, de la craie et de la peinture. Chaque pallier comme autant d'œuvres d'art témoins des milliers de vies qui s'y succédaient, rempli des rires et des chants de quelques jeunes voix.
Il y avait une entrée à la Tour du Paradis. Un œil tout au sommet pour permettre au Soleil d'inonder la verdure et de réchauffer les cœurs, et pour permettre aux étoiles perdues dans les yeux des anges aveugles de rentrer chez elles. On raconte que les anges y recueillaient les enfants abandonnés, pour leur donner au moins le temps de quelques années un doux repos au loin des affres de la surface. Une prison devenue orphelinat. Un enfer devenu, vraiment, Eden.

Ou du moins, c'est ainsi qu'allait l'histoires des Enfants du Paradis.

***
Vieux texte que j'ai dans les cartons depuis un sacré bout de temps. Je l'aime encore plutôt pas trop mal même s'il est en vérité très moyen, alors pourquoi pas le partager au moins pour l'exorciser. Y'a pas de neuf à montrer, dernièrement. Les choses vont de pire en pire alors j'ai pas trop de temps ni d'énergie à consacrer à tout ça. J'veux essayer de m'y remettre, j'en ai besoin.

Des bisous.
Article ajouté le Jeudi 12 Mai 2022 à 21h49 |
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The next one's "Lesson 5"!

The shortest route was a detour...

Pouet pouet. Sale journée, hein ? Y'en a des comme ça, où on a l'impression que rien ne va. Souvent elles s'accompagnent de semaines ou de mois dans le même état. J'aime pas ça. En vérité j'ai à peine l'énergie pour écrire cet article, alors pour une fois j'vais devoir faire rapide, désolée.
Tout un tas de mauvaises nouvelles, de sources de stress et de merdes qui s'accumulent en un rien de temps, ça a le don de tuer ma motivation, et j'me retrouve à végéter comme une larve devant des séries toute la journée. J'ai binge deux saisons de Bungo Stray Dogs depuis hier. C'est vachement bien, mais j'aurais aimé faire autre chose de mon week-end.

Malgré tout, la p'tite flamme de la révolution continue de brûler. J'ai croisé une manif féministe hier en allant me promener, c'était bonnes vibes, même sous la pluie. Ça me fait du bien de voir que je suis pas la seule à me battre à mon échelle. Il y a quelque chose qui attend de l'autre côté de l'horizon, alors il s'agit peut-être de lever les voiles, et de partir à la recherche de se qui se cache là où le soleil se couche…

And when I'm there I will rejoice, I'll sing out loud til I have no voice!
My own flag of freedom I will hoist!
I just want to be where no one goes!

Des bisous.
Article ajouté le Dimanche 24 Avril 2022 à 21h14 |
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The ultimate evil who eats everything away...

the criminal known as Time

***

Contrairement à ce que laissaient croire les histoires, contrairement à ce que laissaient croire les colonnes blanchâtres et les odeurs alléchantes, le village perdu dans les montagnes, une fois que l’on s’y trouvait vraiment, apparaissait bien morne. Les bâtisses tenaient branlantes sans fondations sur quelques poutres rongées, leurs murs éventrés s’en laissaient chanter le vent au travers en notes dissonantes, et tuer de ses morsures les dormeurs oubliés. Entre les tuiles brisées, des nids restaient pleins d'œufs en morceaux mais vides de vies, soufflées elles aussi par un voleur nommé Temps.
Les légendes sont des reliques, des vestiges malmenés par la parole d’époques et de lieux qui furent. Rêve ne le savait que trop bien, elle n’était pas la première à les chercher, ces moments offerts à l’imaginaire. Elle ne serait pas la dernière non plus. Ça, au moins, savait toujours la réconforter. Était-ce cette réalisation, vacuité silencieuse, espoir tardif, cimetière des rêves, qui poussa les voyageurs à chérir tant les trophées de leur aventure ? Alors, au milieu des débris et des fantômes, devenir pilleur de tombes plutôt que souffrir le désespoir d’une épopée futile. Rêve ne le savait que trop bien, ça aussi. Elle se trouvait peut-être là, la folie qui s’était emparée des témoins d’Âtre-Terre. Il se trouvait peut-être là, le secret. Préserver la légende, faire d’elle un monument inébranlable et bannir, à tout prix, que l’on ne s’en vienne l’observer.

Noir prit son envol pour scruter le village depuis les cieux. Aucune maison, aucune place, aucun banc, aucune rue n'était épargné. Partout la nature avait repris ses droits sur les laides constructions de la main sapiente. Les chemins pavés dessinaient de là-haut de longues balafres grises cousues d’un fil de mauvaise herbe, reliant de gros éclats dans la terre et dans la pierre. Les maisons effondrées depuis des générations ne cachaient plus rien sous le lichen et sous la poussière, tout ce qui s’y trouvait un jour devait déjà avoir rejoint la terre, ou s’être volatiliser dans les bagages d’un pillard. Dans le silence, Rêve s'interrogeait.
Quelqu’un devait bien avoir construit ces murailles en ruines, un jour. Elles devaient être murs imposants, enduits ou peints, décorés ou placardés, percés de hautes fenêtres ou d’étroites lucarnes. Elles devaient abriter de la pluie et de la neige enfants curieux et vieillards cacochymes. Il devait y avoir chambres et cuisines agencées aux goûts de chacun, des endroits où l’on se reposait et où l’on aimait, des endroits où les familles se retrouvaient, sucraient les fraises cueillies dans les jardins juste derrière, où l’on ignorait, béni par la magnificence de l’instant, l’insidieux ravage de Temps tapi dans chaque battement de cil.

Pourtant, dans la désolation, Rêve et Noir pouvaient toujours sentir l’irrésistible odeur du pain chaud et voir, au loin, la longue langue de fumée s’échapper de quelque four immortel. Sûrement, on devait encore vivre dans les ruines.
Un sourire chassa les mornes pensées de la Rêveuse alors qu’elle pressa le pas, en direction de la source. Noir continuait de guetter depuis les airs, s’assurant discrètement qu’aucun piège ne se dressait sur le chemin. Là-haut, Noir devinait la fumée s’échapper d’une cheminée de brique rouge, miraculeusement sauvée au milieu des décombres. Droite contre un mur moins chanceux, au bord d’une autre de ces routes d’herbe et de racines. Il ne voyait personne dans les ruines, pourtant. Seulement l’ombre de la cheminée, projetée plus bas par un soleil couchant s’éclipsant doucement derrière les montagnes. Du sol, Rêve n’en voyait pas beaucoup plus. Les rues se croisaient toutes en carrefours de lierre et de mousse humide, identiques sans les rares fleurs qui perçaient ça et là entre les herbes folles. Au pied du four de brique, rien. Les restes d’une habitation, grande d’une quinzaine de pas tant en long qu’en large, la carcasse d’un lit, des pieds ornés de table ou de chaise, de vieilles draperies décolorées, dévorées par les insectes et, dans le foyer, quelques vives flammes.
Elles dansaient, rendues folles par un bûcher de bois et de paille, sous une grille d’acier où étaient posés deux larges miches en train de lever.

“Tu vois, je t’avais dit qu’on mangerait !”

***

Morceau d'un conte que j'avais oublié de poster y'a un moment déjà. J'aime bien la vibe. Plein de p'tits défauts dont je me rend compte que maintenant mais grosse flemme de les corriger, et puis c'est plus authentique comme ça. Voila voila, des bisous.
Article ajouté le Vendredi 15 Avril 2022 à 23h22 |
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The Witches' Ball

My brother was a violonist, you know?

J'ai envie d'écrire des trucs mais j'ai aussi pas beaucoup d'énergie pour les jolies images et les grands discours ce soir, alors on va faire ça vite. Promis.

Wesh. Votre sorcière préférée est toujours perdue dans son brouillard, mais il est beaucoup moins pesant depuis quelques jours. Je vois la fin des grosses pressions et des grosses obligations de taf, ça me laisse l'esprit libre pour penser à d'autres trucs, et j'dois avouer que ça fait un bien fou.
Pendant la semaine j'ai pris le temps de mettre à jour les aides de jeu de mon jdr, ça fait plaisir d'avoir enfin ça dans un format qui soit propre et facile à lire. C'est largement pas suffisant et ça doit toujours s'accompagner d'une session zéro à chaque fois parce qu'il y a physiquement pas la place sur un A4 recto/verso pour tout faire tenir. Mais au moins ça donne une idée globale, c'est déjà ça.
J'ai recommencé à streamer aussi, c'est ouf comme c'est agréable come hobby. C'est con et même s'il y a virtuellement personne qui regarde, c'est un bon prétexte pour me pousser à varier un peu mes horizons et à arrêter de jouer aux trois mêmes jeux en boucle. Et puis mine de rien c'est un super média pour rencontrer des gens stylés. On prévoit de streamer du jeu de rôle avec quelques copains dans les semaines à venir d'ailleurs. Va falloir que je prépare des assets pour ça, c'est ça me hype grave.

En vérité c'est incroyable comme finir mon taf ça m'a redonné l'énergie pour plein de trucs. J'ai repris le montage d'une vidéo que je voulais faire depuis longtemps, l'écriture d'une autre. J'ai bossé du chara design parce que j'ai envie de commissionner des artwork de Yumeko et de son moulin. Good vibes en général.

Et même si parfois les nuits sont encore pleines de solitude et qu'elle commence à se faire pesante, j'me dis qu'elles sont là seulement pour me prouver qu'il peut y avoir un demain de l'autre côté, et c'est tout ce qui compte. Trop de choses à faire, trop de choses à voir, à penser, à découvrir et à créer pour laisser une poignée de démons aigris prendre le pas sur le cœur qui bat. Et puis, après tout, c'est aussi un peu ça le rôle des sorcières, vous croyez pas ?

Des bisous.
Article ajouté le Dimanche 03 Avril 2022 à 21h10 |
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The night's for fooling around

Just keep on night walking until you fell satisfied for today

70h de jeu sur Elden Ring en une semaine, c'est pas mal dit donc. Je l'ai fini la nuit dernière. C'était vraiment top, plein de choses à dire, de l'excellent et du correct, de l'incroyable et du potentiel. Ça me rappelle quand j'ai découvert Dark Souls pour la première fois, un peu. Le feeling est super différent parce que là j'y viens avec déjà dix bons milliers d'heures au compteur, mais ça a réussi à scratch that itch, comme on dit dans la langue de Jay-Z.

Ouais, bref, ça fait un bail. C'est la faute du jeu-vidéo. C'est la faute du jeu en général. Mais c'est aussi parce que je le veux bien, alors ça va. Sur un coup de tête cette semaine j'ai aussi repris le design d'un jeu de plateau qui parle de yokai et de folklore, peut-être que j'en partagerais un peu quand j'aurais un système qui tient la route. C'est plutôt en bonne voie, mais il me reste encore quelques dynamiques à trouver pour que ça soit intéressant à long terme. Et puis quand je fais pas ça, je continue mon worldbuilding pour tuer le temps. Plus ça avance et plus j'me dis que ça ne sera jamais terminé, mais en vérité c'est aussi pour ça que j'adore toujours autant ça, c'est confortable et sans limite, ça prend la forme que je veux et ça me laisse coucher sur la papier toutes les idées mortes qui m'embrument l'esprit parfois. Faudra que j'en partage davantage un d'ses quatre. Montrer un peu plus de Reah, montrer un peu de Cobalt et d'Améthyste, montrer un peu plus de Rêve et de Cauchemar, puis de tous les autres et de tout le reste.

Ouais. Tranquillement. Puis y'a une grenouille dans mon téléphone qui me rassure quand ça va pas, alors on garde la tête levée et on fait un pas devant l'autre. Si la nuit est belle, c'est aussi parce qu'elle mène à demain. Des bisous.
Article ajouté le Dimanche 06 Mars 2022 à 23h52 |
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Y'a des gens qui pensent que l'être humain il est mauvais.
Qu'il est méchant qu'il changera jamais parce qu'il est mauvais. Mais si les gens pensent ça, on va droit vers la guerre et si on va droit vers la guerre y'a plus qu'à faire ses prières alors pense pas ça. Pense pas qu'l'Homme est mauvais. Il est bon comme moi.
Article ajouté le Jeudi 17 Février 2022 à 21h49 |
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Mange-Soleil

but they believe, they believe...

***
La Bête s’était présentée au Roi un soir. Sous les traits d’un vieillard demandant simplement le couvert et le logis pour la nuit, elle fut jetée hors du Palais sans même un morceau de pain rassis pour faire taire sa faim.
Le lendemain, la Bête se présenta de nouveau au Rois. Cette fois, sous les traits d’une vieille sorcière demandant simplement quelques vivres et un endroit où passer la nuit à l’abri des intempéries. Les gardes royaux s’occupèrent une nouvelle fois de la jeter hors du Palais, seulement avec une vieille pomme rongée par les vers.
Le jour d’après, la Bête s’avança de nouveau jusqu’au trône. Aidée par son repas de la veille, c’est sous l’apparence d’un homme d’âge mûr aux allures de guerrier qu’elle se présenta. Comme les jours d’avant, elle demanda de quoi manger et un endroit où dormir. Mais, plutôt que de la jeter dehors, on lui offrit plutôt un petit paquetage avant de la raccompagner aux portes de la demeure royale.
Toujours tiraillée par son insatiable famine, la Bête demanda le jour suivant une autre audience. Sous les airs d’un magnifique jeune prince couvert d’étoffes aux couleurs rares et de parures étincelantes, elle se présenta comme l’héritier d’un pays lointain, en pèlerinage pour trouver une compagne. Surpris et charmé par les manières et les incroyables richesses du jeune homme, le Roi ordonna qu’un banquet soit tenu en son honneur, et que la plus belle chambre du palais soit préparée.
On prépara la table pour le banquet, invitant en urgence les meilleurs cuisiniers et pâtissiers de toute la capitale, dévalisant les réserves de tous les boulangers, bouchers et poissonniers des environs, mettant à sec les caves, pour un repas d’exception. Toute la soirée durant, et jusqu’au petit matin, on se succéda pour présenter à table les mets les plus rares et les plus raffinés.
Et la Bête mangeait. Elle avalait goulûment, sans jamais s’arrêter, tous les plats devant elle. Le repas continua ainsi des jours durant. Bientôt, alors que les réserves s’amenuisaient et que le Roi se faisait de plus en plus inquisiteur quant aux véritables intentions du prétendu prince, le masque tomba.
Les atours du prince enflaient, se déchiraient peu à peu pour révéler un corps gonflé, difforme, rendu monstrueux par les os et les muscles qui grouillaient sous la peau. Ses bras bouffis, remplis par le gras, les huiles et les sauces, ne parvenaient plus à atteindre la table juste là. Toutes ses articulations, transformées en autant de gueules béantes, suintaient cette mélasse sombre qui s’échappait déjà de sa bouche. Des langues visqueuses en sortaient pour s’enrouler mollement autour des objets de son appétit, et s’en retournaient se cacher dans le vide d’où elles étaient nées.
Bien sûr, on tenta d’appeler les gardes royaux pour faire sortir le monstre du palais. Mais ces chevaliers, aussi, devinrent délicieuses collations. Puis les serviteurs, les conseillers du roi, les cuisiniers. Bientôt, il ne resta plus d’autre âme dans toute la capitale et dans tous le royaume que celle du Roi, et celle de la Bête.
On raconte que la Bête est toujours assise à la table du Roi, et dévore toujours, depuis une éternité, tous les plats qu’on lui apporte, dans l’espoir d’un jour calmer son appétit immortel.

Ou, du moins, c’est ainsi qu’allait l’histoire du Banquet du Mange-Soleil.

***
Cauchemar et Blanc avaient trouvé la table du fameux banquet sans vraiment la chercher. Cela faisait maintenant deux semaines qu’ils la longeaient, portés par la curiosité morbide de ce qui les attendait à l’autre bout.
La table, folle dans son allure, s’étendait à perte de vue. Quelques pieds richement taillés, hauts de quelques mètres, se succédaient à intervalles réguliers pour supporter la colossale tablette de bois massif. Des gravures partout contaient elles aussi l’histoire du Mange-Soleil, détaillant précisément les courbes et les éclats de chaque met dans l’estomac de la bête, les atours de leurs cuisiniers et les moindres imperfections de leurs ingrédients.
Parfois un bras noir coulait le long du bois, serpentant dans les ruisseaux gravés et s’en allait attraper l’un des plats posés juste au dessus. Des yeux voyageaient à travers ces membres visqueux, observant les alentours à la recherche de nouveaux goûts à découvrir en dehors de la Table. Sans prévenir des griffes acérées s’en étendaient parfois pour attraper les oiseaux qui volaient bien plus haut, ou les taupes et les vers qui osaient essayer de se faufiler bien en dessous. Les deux acolytes avaient appris à éviter leurs assauts et à s’en débarrasser, au moins assez pour pouvoir se reposer en paix et voler des provisions sur la table sans craindre de finir en nourriture à leur tour.
Des plats venus du monde entier se succédaient, certains même que l’on croyait seulement l'œuvre de vieux contes pour enfants ou d’autres légendes oubliés de pays et cultures disparues. Au moins cela rendait le voyage bien agréable, songeait Cauchemar en souriant au renard à ses côtés.

Comme tous les soirs, le voyageur entreprit d’escalader l’un des pieds de la table pour aller chercher de quoi manger. Blanc molement couché sur une épaule et les bottes bien serrées, il était temps de monter. Une ascension d’une dizaine de mètres, aidée par les profondes entailles et gravures formant autant de prises idéales. Une ascension rapide, mais toujours interrompue çà et là par les immenses lances de chair noire. Rien que Blanc ne pouvait contenir, mais un effort que le renard était bien las de fournir.
Une fois au sommet, la même vision. Des plats, saladiers, assiettes et couverts gigantesques, à l’échelle de la Table, remplis de quantités absolument scandaleuses de nourriture. Une vaisselle à l’allure antique posée à côté de simples bols de terre, ardoises chaudes ou coutellerie moderne, des bouteilles de cristal venues des quatre coins du monde, aux couleurs exotiques qui laissaient la lumière danser dans l’alcool et s’écraser sur la Table en des myriades spectaculaires de couleurs encore jamais vues. Une page entière de l’histoire et des cultures du monde, parfaitement préservée depuis une éternité, toujours resplendissante, pour apaiser la faim dévorante du roi de l’oisiveté. Une infinie tristesse parcourait Cauchemar à cette idée. Blanc, lui, bien moins fou que son compagnon, avait déjà jeté son dévolu sur l’un des colossaux bols fumants qui se dressaient à quelques mètres de là. Une autre épopée pour le renard, que le rêveur n’avait aucune envie d’entreprendre. Les assiettes étaient déjà une corvée à atteindre, alors il n’allait certainement pas se risquer à grimper là-dedans.
Le fumet des viandes rares se mêlait aux douces odeurs des fruits, des légumes et des liqueurs sans jamais teindre les fragrances toutes aussi fines des milliers d’autres plats. Le tout s’en allait créer, en plus d’un voyage à travers le temps et le monde entier, une formidable aventure des sens, réveillant des souvenirs enfouis au plus profond de l’âme et endormis par des millénaires d'errances de corps en corps et de vies en vies. D’où venait cette irrésistible attirance pour les airs les plus étranges et les familiers inconnus de créatures encore fumantes ? Sous les traits de quel prédateur, au cours de quel âge et de quel monde avait-on déjà goûté à tout cela ? Pendant combien de temps, pour que l’être s’en souvienne encore ?
Cauchemar avait rejoint, guidé par l’insondable faim de ses souvenirs, une ardoise brûlante habillée d’un pavé rouge, saignant, fumant, tiré du flanc de quelque colossale bête. Armé de couverts à sa piètre taille d’Homme, le voyageur découpa sans aucune difficulté une part à sa faim. Un repas bien mérité, après une énième journée à errer à l’ombre du banquet. Un repos bien mérité, alors que le lointain continuait de s’étendre, à jamais identique.

Le soir puis la nuit passèrent. Sans encombre. A l'abri, adossés à l’un des pieds de la Table, les regards perdus dans les ombres tout autour, l’homme et le renard discutaient, comme à leur habitude.
La brise nocturne soufflait les herbes et les branches en une cacophonie tout aussi familière qu’inquiétante, interrompue parfois par les mouvements maladroits des innombrables tentacules du Mange-Soleil. Les rivières d’étoiles aux confins du regard étaient encore hors de leur portée, mais les yeux qui dansaient au creux de la chaire, comme hypnotisés par les lumières du firmaments, semblaient oublier, au moins le temps d’une nuit, les plaisirs terrestres de leur éternel repas. Un regard empli d’une rage triste, d’un orgueil silencieux, infiniment solitaire, né d'une irrésistible envie.
Quand la lune s’invitait pleine au zénith, les bras noirs s’étendaient vers les cieux. Pour des minutes aux allures d’éternités, les chaires difformes s’étiraient, de plus en plus haut, jusqu’à briser le cou de ceux qui osaient les observer, en quête d’un nouveau goût à attraper. Et quand les bras s’en retombaient, immanquablement trop courts pour rejoindre l’objet de leurs désirs, ils s’en allaient tristement en quête d’un lac ou d’une mare, pour essayer de l’atteindre ici. Le lendemain, sûrement, la Bête serait-elle assez grande pour rejoindre les cieux, ou suffisamment forte pour arracher le reflet piégé dans les eaux.

Aux premières lueurs du jour, on grimpa de nouveau le domaine de la Bête pour y trouver de quoi attaquer une énième journée de marche. Un minuscule grain de raisin, de la taille de Blanc, suffirait. Un premier repas rapidement interrompu par une étrange vision à l’horizon. Entre les assiettes et les bols, naviguant maladroitement, évitant les armées de couteaux et les forêts de fourchettes, une silhouette se mouvait. Minuscule elle aussi, trahie par les réflexions éblouissante du voile blanc qui trainait jusqu’à ses pieds.
D’un regard, les deux compagnons s’accordèrent à laisser leur curiosité vagabonder. Une course pour atteindre ce premier horizon et la vie qui s’y cache. Une poignée de minutes à s'essouffler contre la démesure de toutes les choses de la Table, pour finalement rejoindre ce mirage manifestement humain.
L’allure d’une jeune femme, à vue de nez du même âge que Cauchemar. Une crinière d’un blanc parfait, la peau mate, hâlée par le voyage, couverte d’une robe elle-aussi immaculée. Une robe de mariée, de dentelle et de soie, comme celles portées dans ces contrées loin au nord. Un voile cachait ses traits et s’en allait danser le long de son dos, puis se reposer doucement sur le sol juste en dessous. Une apparition singulière, mais qui le devenait bien plus encore à mesure que l'œil s’y attardait.
Des pieds fendus en sabots, un couple de queues constellées de noir caché sous la robe et trainant doucement derrière le voile, quelques taches brunes et blanches parsemées ça et là sur tout le corps, un oeil rouge, à la pupille en croix, au dos de la main et, enfin, une petite corne rougeâtre au milieu du front, coupant le voile en deux. Une humanité rapidement remise en question par un sourire amusé du voyageur. Il était bien la dernière personne à avoir une quelconque légitimité à ce sujet, songeait-il. Blanc lui lançait le même regard, un de ceux-là, moqueurs, qui parlaient sans rien dire d’hôpitaux et de charité.
Les yeux de la marcheuse, d’or et de plomb, restaient fixés sur l’horizon. Sans se soucier de la nouvelle compagnie à ses côtés, elle continuait d’avancer. Cauchemar n’insista pas. Pas un mot, pas un geste, seulement un coup d'œil rendu au fainéant encore posé mollement sur son épaule.
Arrêté, interdit en silence comme pour ne pas troubler davantage la procession solitaire, l’homme et le renard regardaient la figure disparaître de nouveau derrière l’horizon. Une vision mourante, qu’il ne convenait pas de sauver. Elle n’appartenait qu’à elle-même, au-delà des considérations du voyageur, au-delà de ses craintes et de ses questions. Et alors que sa curiosité hurlait à Cauchemar de courir à sa poursuite, de lui demander qui elle était, ce qu’elle faisait là seule et les autres centaines d'interrogations qui se bousculaient dans son esprit, sa raison lui disait que là n’était pas sa place.

“Tu crois que le prince a enfin trouvé sa princesse ?”

Cauchemar murmura doucement à Blanc, laissant les sons mourir avant d’atteindre l’horizon emporté par la jeune mariée. Et, au retour de la table nue au loin, le rêveur reprit sa route.

Une autre semaine à vaincre pas après pas la désolation de la Table. Une autre semaine à écouter les complaintes de la Bête alors que la Lune refusait toujours de l'enlacer en retour. Une autre semaine à découvrir les saveurs et les parfums de l’infini, rendus bientôt répugnants face aux souvenirs de cette vie encore bien sienne d’une simplicité si réconfortante. Une autre semaine à contempler l’image de la mariée brûlée dans son esprit.
Et chaque jour, la Table s’en devenait plus sombre, la vaisselle bientôt couverte du miasme noir laissé par le maître des lieux, les plats laissés à pourrir à moitié terminés. Au paysage habituel venaient se mêler les premières bestioles que le Mange-Soleil ne daignait avaler. Des mouches. Des nuées colossales de mouches perdues dans le marasme visqueux, léchant les salives nauséabondes de la Bête et les restes oubliés par l’ennui et la paresse. Un bourdonnement sourd, insupportable, accompagné par un mur de noir constellé de rouge, écrasé sur les carcasses et les charognes.
Et chaque jour, la Table s’en devenait plus sombre, l’air bientôt rempli des pleurs et des cris de la Bête, de plus en plus audibles à chaque pas. Les sons gras d’un millier de mâchoires condamnées à ne jamais rester closes. Les sons d’une vie de gourmandise aux allures d'orgueilleuse luxure menée d’un trône de paresse. Le déchirement des chairs, le craquement des os, la déglutition des eaux pour couvrir les sanglots de la solitude.
Vautrées salement à travers la table, les bras de la bête n’avaient même plus la force de se lever. Leurs yeux balayaient les cieux et les plaines frénétiquement à la recherche d’une cure à leur peine, emplis de larmes bien trop claires et bien trop belles. Il n’y avait rien. Il n’y avait plus rien. Plus une âme, plus une plante, plus un roc pour divertir la bête autrement. Rien. Le monde ici n’était plus qu’un vaste désert de terre morte, retournée jour après jour à la recherche du moindre ver, dépouillée du moindre brin d’herbe, vidée de la moindre goutte d’eau. Rien d’autre qu’un soleil hurlant, cuisant, invincible. Fatiguées, apathiques, les gueules aussi restaient béantes, laissant leurs langues pendre dans la bile malade qu’elles suintaient sans jamais s’arrêter.
Et comme la Bête semblait mourir, la Table mourrait avec elle. Un monde entier à l’agonie, perdant forme et raison au rythme des rires d’une Lune moqueuse.

Jusqu’à la nuit où, dans un effort démesuré de la Bête pour finalement rejoindre les cieux, un hurlement déchirant s’en retentit jusqu’au bout de la Table et bien au-delà. Elle pouvait presque la toucher. Là, du bout de ses doigts impossibles, elle aurait juré sentir le doux confort de sa peau de pierre encore vierge. Elle aurait juré humer la poussière céleste une fraction de seconde et découvrir un véritable nouveau monde, un monde où rien ni personne n’avait jamais posé pied, un monde qu’aucun esprit n’avait jamais réussi à imaginer la grandeur et la beauté. Elle y était presque. Peut-être la nuit prochaine. Ou celle d’après.
Réveillés par l’horreur invoquée depuis les ténèbres, Blanc et Cauchemar, encore groggy par le sommeil, reprirent de plus belle leur course à la recherche de la Bête. Autour d’eux, un incendie gigantesque, magnifique. Les yeux de la Bête pleuraient des larmes aux couleurs de tous les plaisirs du monde alors que ses gueules hurlaient les langues les plus belles de l’existence en quête de mots pour dire sa souffrance. Brûlée par les serpents de flammes dansants sur son être tout entier pour illuminer les cieux et rendre la Table à la terre, la Bête tombait doucement en cendre. Ses bras s’écrasaient inanimés depuis le firmament et dessinaient dans leur chute un chemin depuis les étoiles vers son corps véritable.
Dans la pluie de cendre et de poussière, dans les nuages de fumée, dans l’odeur carbonisée d’une mort attendue depuis déjà bien trop longtemps, et même dans l’effroyable cacophonie du chant des flammes et des cris, la Table n’avait jamais été aussi belle. Était-ce ce dont les générations qui s’étaient certainement succédées à sa construction rêvaient secrètement ? Dans les volutes et les tornades rougeâtres des flammes, on voyait presque les gravures s’animer et vivre pour devenir autant d’âmes revêches, finalement libérées de leur horrible labeur. Des centaines d’Atlas portant chacun le poids de leurs cultures et de leurs peuples, forcés de les offrir en sacrifice à un monstre venu d’un autre temps. Portée par le feu, une révolution éclatante. Une fulgurance spectaculaire traversant les âges pour mettre fin à la tyrannie de l’usurpateur.

Le bout de la Table n’était plus très loin. Le brasier à l’horizon se faisait de plus en plus grand, les cris et les pleurs s’étaient tus. Plus aucune convulsion. Plus aucun sursaut. Plus aucun regard vers les cieux et plus aucune rage dirigée contre la misérable terre. Les pieds de la Table s’effondraient un à un, emportant avec eux les éternités de leurs histoires.
Rapidement, une vision à laquelle les deux voyageurs n’osaient plus rêver. Un horizon libéré, seulement masqué ici par le trône de la paresse. Gigantesque lui aussi, à l’échelle de la Table. Décoré des mêmes motifs et des mêmes richesses, décoré des mêmes flammes et des mêmes cendres à présent. Un trône pour le roi des rois, un trône vidé de son tyrant. L’aspect de la Bête avait déjà rejoint la poussière quand le Rêveur arriva là où tout avait commencé.
Un autre siège, perdu au centre de l’assise du premier, bien plus convenable à un Homme véritable, avant que les idoles de la faim ne s’emparent de son esprit. La Bête, sous ses traits les plus vrais, assise de travers, portait les atours du prince de la légende. Quelques habits de soie du bout du monde, brodés de fils d’or, pour cacher une peau bleuie, rendue malade par des années d’excès. Une tignasse grisâtre, crasseuse, coupée au milieu du front par une corne rouge, pour cacher ses yeux morts, bientôt teinte de rouge par le flot de larmes qui s’écoulait déjà le long de ses joues boursouflées.
Vision viciée d‘un mariage princier, les atours de cérémonie déchirés et tachés, la Bête était-elle Homme ou l’Homme était-il Bête ? Une question bien sotte, balayée d’un sourire, alors que la jeune mariée, penchée au dessus de son époux, un bras entier dans sa gorge, en dégagea lentement un coeur noir d’encre suintant sang et bile. Le corps sans vie de la Bête s’écrasa contre le sol.
Cauchemar et Blanc observaient à bonne distance, interdits par l’étonnante beauté, l’étonnante délicatesse avec laquelle la jeune femme portait le coeur à son visage. Sous le voile, quelques douces lèvres s’ouvraient pour révéler une forêt de crocs, terrifiants et terriblement doux. Ses yeux brûlaient de joie alors que le sang dansait sur sa langue, que chaque bouchée semblait tuer la Bête encore davantage.
Quand le cœur ne fit plus, l’autre voyageuse laissa son voile retomber sur son visage et, comme si de rien n’était, reprit sa route. Dans les ruines du Banquet du Mange-Soleil, à travers le désert imposteur. Sans attendre son reste, et comme plus tôt, elle disparut au loin, emportant l’horizon avec elle.

Le Rêveur et le renard à ses côtés reprirent eux aussi leur route, à sa suite. Parfois, sa silhouette apparaissait à l’horizon avant de repartir aussi vite. On la voyait s’arrêter pour cracher dans le sable, y déposer les graines de ce qui fut un jour, pour rendre au Monde ses couleurs volées. Des dunes naissaient en une poignée d’heures les lacs, les arbres et les chemins d'antan. Pourtant, le nouvel ancien monde restait condamné au silence, alors que les chants et les vies n’étaient plus endormies dans le sable, mais déjà jetées à la recherche des étoiles au fil des siècles pour satisfaire la faim de la Bête.

Finalement, Cauchemar et Blanc partirent en quête d’autres histoires, en emportant de la Table la couronne de la véritable Bête. Laissant derrière eux le désert, et Sélène, pour réparer les erreurs du monstre qui ne souhaitait que l’aimer.

***
P'tite histoire courte écrite l'année dernière. Je l'aime encore bien, et comme j'ai pas de nouveau matériel intéréssant à partager cette semaine, ça devra suffire. Voila. Des bisous.
Article ajouté le Vendredi 11 Février 2022 à 22h22 |
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The fire has been lit

Thank you once again for the invitation...

Ça va, vous ? Pour une fois j'ai vraiment l'impression d'aller. C'est plutôt cool. Un week-end prolongé la semaine passée pour me reposer et jouer à Legends, et un week-end cette semaine chez un copain à boire des coups et à raconter des konneries. J'avais besoin de ça, je crois. En vérité, je pense que c'est pas encore suffisant et que je vais continuer à me taper une sale dette de sommeil et de repos pendant encore quelques temps, mais j'ai au moins le mérite d'avoir retrouvé un peu de ma motivation pour faire des trucs.

Niveau écriture ça avance. Pas beaucoup, pas tant que ce que je souhaiterais, mais ça avance, et c'est déjà pas mal. Une page c'est mieux que vingt mots. Et même vingt mots c'est mieux que rien du tout, alors j'vais pas m'en plaindre. Surtout que ce qui sort de mes doigts depuis deux semaines me plait plutôt bien, pour une fois (cf. les extraits que j'ai posté dans les quelques articles en dessous). J'ai toujours l'impression d'être salement rouillée, et j'ai pas envie de mettre ça sur le dos de mon taf' qui me force à travestir ma plume pour l'adapter à un cahier des charges et des considérations plus mercantiles. Y'a de ça, hein, sans aucun doute, mais c'est aussi quoi qu'il arrive un exercice intéressant, et la vérité c'est que j'écris aussi pas mal pour moi entre deux commandes, pour éviter de m'encrouter. Oh, d'ailleurs, hier soir au bar un pote m'a dit qu'il aimait beaucoup même mon style aseptisé pour le travail et que ça lui avait donné envie d'essayer d'apprendre à écrire à son tour. C'est con mais ça me fait hyper plaisir et j'ai ride cette high toute la soirée. Good vibes.

Autrement, je continue de dessiner un p'tit peu quand l'envie me prend. Je continue de produire des assets de stream, des concepts et des pages de ref pour ensuite aller contacter des artistes et commissionner des artworks qui font plaisir. Ce qui est rigolo avec ça, c'est que même si c'est un hobby que j'apprécie beaucoup, c'est encore rien d'autre que ça, un hobby. Et du coup, ça réussi à toujours me mettre la banane quand j'me pose pour sketch des conneries et que j'essaye de come up avec des idées de design. Et y'a des copains que ça fait sourire autant que moi et qui m'encouragent, alors ça aussi ça fait plaiz'.

Et puis voila. La routine continue d'essayer de s'insinuer jours après jours et c'est une mission du quotidien de pas la laisser faire. Avec ce week-end et ce qu'il y a de prévu pour la semaine prochaine, je suis en bonne voie, en tout cas. Avec un peu de chance je devrais pouvoir poster un autre texte soon. On verra. D'ici là, j'vais continuer de faire de mon mieux.
Des bisous.
Article ajouté le Lundi 07 Février 2022 à 00h24 |
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Légendes Pokémon Arceus point com
Comment ça se prononce ? Art-ces-usse ? Art-ké-usse ? Art-keuse ? Art-sus ? Tout pété comme titre.

Mais franchement c'est bien.
Article ajouté le Lundi 31 Janvier 2022 à 12h52 |
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