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The ultimate evil who eats everything away...

the criminal known as Time

***

Contrairement à ce que laissaient croire les histoires, contrairement à ce que laissaient croire les colonnes blanchâtres et les odeurs alléchantes, le village perdu dans les montagnes, une fois que l’on s’y trouvait vraiment, apparaissait bien morne. Les bâtisses tenaient branlantes sans fondations sur quelques poutres rongées, leurs murs éventrés s’en laissaient chanter le vent au travers en notes dissonantes, et tuer de ses morsures les dormeurs oubliés. Entre les tuiles brisées, des nids restaient pleins d'œufs en morceaux mais vides de vies, soufflées elles aussi par un voleur nommé Temps.
Les légendes sont des reliques, des vestiges malmenés par la parole d’époques et de lieux qui furent. Rêve ne le savait que trop bien, elle n’était pas la première à les chercher, ces moments offerts à l’imaginaire. Elle ne serait pas la dernière non plus. Ça, au moins, savait toujours la réconforter. Était-ce cette réalisation, vacuité silencieuse, espoir tardif, cimetière des rêves, qui poussa les voyageurs à chérir tant les trophées de leur aventure ? Alors, au milieu des débris et des fantômes, devenir pilleur de tombes plutôt que souffrir le désespoir d’une épopée futile. Rêve ne le savait que trop bien, ça aussi. Elle se trouvait peut-être là, la folie qui s’était emparée des témoins d’Âtre-Terre. Il se trouvait peut-être là, le secret. Préserver la légende, faire d’elle un monument inébranlable et bannir, à tout prix, que l’on ne s’en vienne l’observer.

Noir prit son envol pour scruter le village depuis les cieux. Aucune maison, aucune place, aucun banc, aucune rue n'était épargné. Partout la nature avait repris ses droits sur les laides constructions de la main sapiente. Les chemins pavés dessinaient de là-haut de longues balafres grises cousues d’un fil de mauvaise herbe, reliant de gros éclats dans la terre et dans la pierre. Les maisons effondrées depuis des générations ne cachaient plus rien sous le lichen et sous la poussière, tout ce qui s’y trouvait un jour devait déjà avoir rejoint la terre, ou s’être volatiliser dans les bagages d’un pillard. Dans le silence, Rêve s'interrogeait.
Quelqu’un devait bien avoir construit ces murailles en ruines, un jour. Elles devaient être murs imposants, enduits ou peints, décorés ou placardés, percés de hautes fenêtres ou d’étroites lucarnes. Elles devaient abriter de la pluie et de la neige enfants curieux et vieillards cacochymes. Il devait y avoir chambres et cuisines agencées aux goûts de chacun, des endroits où l’on se reposait et où l’on aimait, des endroits où les familles se retrouvaient, sucraient les fraises cueillies dans les jardins juste derrière, où l’on ignorait, béni par la magnificence de l’instant, l’insidieux ravage de Temps tapi dans chaque battement de cil.

Pourtant, dans la désolation, Rêve et Noir pouvaient toujours sentir l’irrésistible odeur du pain chaud et voir, au loin, la longue langue de fumée s’échapper de quelque four immortel. Sûrement, on devait encore vivre dans les ruines.
Un sourire chassa les mornes pensées de la Rêveuse alors qu’elle pressa le pas, en direction de la source. Noir continuait de guetter depuis les airs, s’assurant discrètement qu’aucun piège ne se dressait sur le chemin. Là-haut, Noir devinait la fumée s’échapper d’une cheminée de brique rouge, miraculeusement sauvée au milieu des décombres. Droite contre un mur moins chanceux, au bord d’une autre de ces routes d’herbe et de racines. Il ne voyait personne dans les ruines, pourtant. Seulement l’ombre de la cheminée, projetée plus bas par un soleil couchant s’éclipsant doucement derrière les montagnes. Du sol, Rêve n’en voyait pas beaucoup plus. Les rues se croisaient toutes en carrefours de lierre et de mousse humide, identiques sans les rares fleurs qui perçaient ça et là entre les herbes folles. Au pied du four de brique, rien. Les restes d’une habitation, grande d’une quinzaine de pas tant en long qu’en large, la carcasse d’un lit, des pieds ornés de table ou de chaise, de vieilles draperies décolorées, dévorées par les insectes et, dans le foyer, quelques vives flammes.
Elles dansaient, rendues folles par un bûcher de bois et de paille, sous une grille d’acier où étaient posés deux larges miches en train de lever.

“Tu vois, je t’avais dit qu’on mangerait !”

***

Morceau d'un conte que j'avais oublié de poster y'a un moment déjà. J'aime bien la vibe. Plein de p'tits défauts dont je me rend compte que maintenant mais grosse flemme de les corriger, et puis c'est plus authentique comme ça. Voila voila, des bisous.
Article ajouté le Vendredi 15 Avril 2022 à 23h22 | |

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