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The thirty-four inside me...

I can hear their voices now...

***

Les longues journées d’une fin d’été laissaient doucement leur place aux soirées orangées à l’aube de l’automne. Il y faisait encore bon sous les frondaisons, comme les feuilles tapissaient d’en bas le ciel en camaïeux ajouré et protégeaient les yeux des éclats d’or couchant. C’est dans ces terres que venaient au creux de l’année nicher les voyageurs à becs, sur le chemin de leurs détours natals. On croyait, par delà les mers, là où aucun bateau ne pouvait mener quelqu’yeux dans ces recoins, qu’ils mourraient à l’approche des premières chaleurs et que d’autres profitaient du sol fertile pour pousser entre les racines et monter au jour, plus tard, à travers un tapis de feuilles mortes. Et quand les nobles de là-bas paradaient avec orgueil leurs oiseaux en pot, prêts à montrer le bout de leurs plumes apparaître avec les perce-neiges, les n’importe-qui d’ici se réjouissaient seulement du retour des chanteurs colorés.

L’un de ces vagabonds volatiles s’en trouvait de retour, à l’aube du départ de ses compères, porté sans instincts. Plutôt, perché sur l’épaule de l’ermite façon gargouille, il les voyait préparer leur envol d’un œil amusé. Le sien, de voyage, venait de prendre fin. La rouquine sous ses serres pestait déjà, comme à son habitude, que les ailes du corbeau pouvaient le porter et qu’il n’avait rien à faire là. Noir s’en amusait bien, et ne prenait son envol que pour éviter les éventuels efforts de Rêve pour l’attraper, entre soupirs agacés et rires sincères. Pas besoin de voler toute l’année derrière le soleil pour cet oiseau là.
C’est sur les conseils de quelques autres bourlingueurs que Rêve avait trouvé le chemin. Comme elle s’y attendait, le secret du village caché était bien gardé. Ceux de retour de cet endroit, comme terrassés par la fascination, s’accrochaient à leur savoir comme un dragon des livres pour enfants à son trésor. Ils montraient avec fierté les tableaux, les parures et cartes glanés là, mais devenaient presque mutiques à la moindre question. Sur les routes, on refusait même d’échanger des semaines de vivres pour un simple indice, préférant plutôt à la survie d’autres curiosités de valeur équivalente. Alors, pour satisfaire l’avarice dévorante de ces reptiles à peau d’Homme, Rêve donna de ses propres trésors et Noir de ses précieuses plumes. Un perle de pluie d’un pays où il ne pleut pas, le souffle d’un poisson, un morceau de racine d’une montagne, une poignée de cheveux d’un marais. Rien d'irremplaçable, rien d’inestimable. Vraiment, Rêve et Noir aussi gardaient précieusement leur fortune. Des dragons de conte, sûrement étaient-ils les Rois.

On leur indiqua, les dents serrées et le regard fuyant, la direction des arbres mauves et l’odeur de pain chaud. Plus loin, alors que le son des foyers et des fours s’en venait se perdre dans les fourrés couleur lavande, on intima aux voyageurs le pic en forme de serre et la porte couverte de mousse. Branlante, rongée par les insectes, à la peinture écaillée et remplacée par les courses de vert du lichen, la porte se tenait en effet bien là, à l’entrée d’un sentier invisible serpentant entre les rocs et les chaos. D’ici on pouvait déjà goûter les brioches et le levain tant les sens s’en rendaient en éveil. Noir claquait du bec et l’eau montait à la bouche de Rêve.
Si proche, enfin, si proche.

Quelques enjambées pour passer au-delà des précipices, de longues secondes d’hésitation avant de franchir les gouffres les plus acérés, la peur au ventre quand un pied glisse sur la pierre mouillée et menace d’emporter le corps entier en contrebas. Rêve passa un bras sur son visage pour le dégager de la sueur, soufflant soulagée à pleins poumons que ses vieilles jambes la portaient encore.
De sa flegme habituelle, la jeune femme se posa doucement au bord de l’abime juste en dessous. Solidement vissée sur une corniche bien trop étroite, le dos droit comme un i contre la paroi de la falaise, et les pieds balancés candides dans le vide. La destination n’était plus très loin, sans aucun doute, mais Rêve appréciait toujours, au pas de ses expéditions, s’arrêter pour penser, déjà, à sa destination suivante.

“Hé, t’aimerais voir quoi, après ? demanda la rêveuse, les yeux dans les hauteurs.
- Un coin plus plat, avec d’autres trucs que des feuilles et des cailloux à becqueter, répondit Noir perché sur une racine grimpante.
- T’inquiète, on arrive bientôt. J’vais nous trouver d’quoi manger.
- J’espère bien !”

Les deux compères échangèrent un rire sincère. Noir n’était pas du genre bavard, d’habitude. Alors, s’il daignait parler, c’est que la faim devait vraiment le tirailler, songea Rêve un sourire aux lèvres.

“J’aime bien quand tu parles, reprit-elle en observant toujours les cieux.
- C’est si rare que ça ? s’interrogea le corbeau.
- Non…enfin, si, mais…Rêve baissa la tête pour perdre son regard dans le vide en dessous.
- Mais ? s’enquit Noir.
- Tu lui ressemble beaucoup, tu sais ?”

***

C'est le week-end. Trop bien. Mes cernes ont des cernes, il est tard. Faut faire dodo.
Des bisous.
Article ajouté le Samedi 22 Janvier 2022 à 01h23 | |

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