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Écriture : Adapter en fanfic la technologie du canon Pokémon



Pour ce nouvel article sur l'adaptation réaliste des éléments du canon Pokémon dans une fanfic, après les institutions, on abordera cette fois l'aspect technologique de l'univers que nous connaissons. La technologie est concrètement “l’étude des techniques, des outils, des machines” : sous quelles formes se manifeste-t-elle, et quel est son impact sur le monde en question ? Notons que l'on développera surtout les technologies inédites, celles qui n'existent pas dans notre monde à nous, plutôt que d'aller se pencher sur le fonctionnement de la télévision Pokémon qui ne doit pas présenter beaucoup de différence avec la nôtre. À la manière des derniers articles, nous allons passer en revue ce qui existe chez nos amis Pokémon, et y apporter quelques pistes de réflexion et de développement. Avis aux amateurs de science !

Un constat simple pour commencer : la technologie du Pokémonde s'est particulièrement développée dans tout ce qui touche au concept même de Pokémon et de combats. De la Pokéball aux Centres Pokémon, on se rend compte que ce domaine bénéficie des technologies les plus avancées et sophistiquées. Logique : ces concepts définissent l’essence même de l’univers, et auront forcément, en retour, un fort impact sur le fonctionnement de celui-ci.

La Pokéball est par excellence le symbole de cette idée fondatrice. Elle donne leur nom aux Pokémon, les “monstres de poche”, permettant de se lier d’amitié avec ces créatures, de les transporter sans mal, de les envoyer au combat. Omniprésente tant dans l’animé que les jeux ou le manga, il s’agit aussi de l'objet technologiquement avancé le plus répandu dans les fanfics.

On connaît quelques détails quant à l’histoire de la Pokéball : dans l’animé, Fargas nous apprend qu’elles étaient autrefois produites à partir de noigrumes, de simples fruits (ce qui pose déjà un problème de réalisme). Le film 4 sur Celebi, prenant place environ quarante ans avant le début des jeux, introduit une sorte de Pokéball métallique, manuelle ; plus tard, on peut supposer que de grandes sociétés, comme la Sylphe SARL, ont adapté ce fonctionnement à des objets plus pratiques et légers, faciles à produire en grande quantité. Aujourd’hui, les perles d’une technologie inenvisageable pour nous sont produites en masse, et achetable dans n’importe quel magasin pour moins de cinq euros. C’est dire si l’impact de cette invention a pu être considérable dans un monde où humains et Pokémon avaient peut-être un peu plus de mal à cohabiter : son importance est tout simplement matérialisée par la très forte présence de l’objet, utilisé par tous.

Pourtant, qui ne s’est jamais demandé comment fonctionnaient ces fameuses Pokéballs ? Plusieurs théories ont été formulées par les fans à partir des quelques éléments visibles de l’objet (capteurs et fils sous la coque), mais concrètement, rien de réaliste ne pourra expliquer en totalité un tel phénomène. Cela suppose de pouvoir transformer un animal en énergie, donc de dématérialiser un être vivant, processus que l'on retrouve d’ailleurs en partie avec les téléporteurs et le PC.

On est également dans le flou concernant l’état des Pokémon enfermés dans les Pokéballs. Sont-ils conscients ? Comment peuvent-ils demeurer en vie ? Souffrent-ils de la faim, de la soif, de l’emprisonnement ? Leur corps est-il préservé du passage du temps ? Sont-ils enfermés sous leur aspect naturel rétréci, comme le suppose le manga, ou réduits à la forme de simple énergie, voire de code informatique ? Comment fonctionnent particulièrement les Soin Balls ou les Luxe Balls qui ont un effet notable sur le Pokémon capturé ? Ce sont autant d’éléments exploitables dans une fanfic, l’auteur est libre d’offrir sa propre explication — et dans un moindre souci de réalisme, l’objet étant déjà difficilement justifiable selon les normes de notre monde.

Les mêmes questions, à peu près, se posent pour le système de stockage du PC. Un ordinateur, cette fois, se charge de “contenir” des Pokémon attrapés, et un réseau régional permet à un dresseur d’accéder à ces créatures stockées depuis n’importe quel poste. L’objet du “PC” en lui-même donne à imaginer que les Pokémon stockés sont transformés en une série de code, ce qui pose quand même un problème conséquent d’énergie nécessaire pour recréer de la matière à partir de données informatiques. On peut aussi théoriser que les boîtes PC sont des lieux réels (Poké Loisir) dans lesquels les Pokémon sont “simplement” transférés par téléportation… bref, on peut imaginer beaucoup de choses.

Autre objet caractéristique des aventures Pokémon, lui aussi présent dans tous les canons : le Pokédex, une véritable encyclopédie portative capable d’identifier les Pokémon rencontrés par un Dresseur. D’un premier regard, son fonctionnement pourrait techniquement se rapprocher de certaines applications de notre monde, comme celles permettant de reconnaître une plante grâce à un simple visuel… mais le problème est que cette même application dispose d’abord d’une base de données étendue, ce qui n’est visiblement pas le cas du Pokédex.

Dans les jeux, on nous demande de parcourir la région justement pour le remplir : cela supposerait que l’appareil soit capable d’extraire des informations, taille, poids, nom, espèce ainsi que certaines caractéristiques, d’un Pokémon inconnu, simplement en le scannant ? Par quel moyen ? Existe-t-il tout de même une sorte de base de données pauvre, que se doit simplement d’enrichir le Pokédex grâce à une technologie plus performante ? Il serait difficile à croire que malgré la longue cohabitation des humains avec les Pokémon, il ait fallu attendre l’invention du Pokédex pour comprendre autant d’éléments sur ces derniers...

En élargissant un peu l’échelle à des dispositifs plus importants, nous avons aussi les Arènes qui posent question. Des combats Pokémon s’y déroulent tous les jours, causant de grands feux, des explosions, des raz-de-marée… Comment les murs et les toits des pauvres Arènes peuvent-ils rester en place sous ces déluges d’attaques ? Les arènes sont-elles construites à partir de matériaux ultra-résistants introuvables dans notre monde ? Toutes les questions relevées au sujet des Arènes s’appliquent d’autant plus aux Ligues Pokémon. Dans plusieurs jeux, notamment ceux qui se passent à Sinnoh et Unys, on observe que la Ligue est faite de pierres, à la manière de vieilles cathédrales. On peut encore une fois se demander comment elles résistent aux attaques... et de puissantes attaques, vu le niveau de ces établissements de combat.

De plus, au vu du nombre de dresseurs qui se rendent dans les Arènes et doivent franchir des épreuves intermédiaires avant d’affronter le Champion, on suppose naturellement que ces bâtiments sont de taille importante, particulièrement pour certaines. On peut donc imaginer que chaque ville possède son propre équivalent du Stade de France, à la manière des villes États-Uniennes et de leurs baseball stadiums gigantesques et coûteux. Comment entretenir tous ces bâtiments ? Peut-on imaginer que l’argent arraché aux dresseurs perdants sert à financer la création ou la réparation des Arènes ?

On pourrait aussi envisager que l’argent des dresseurs vaincus sert à entretenir le réseau des Centre Pokémon. Le monde Pokémon peut en effet se targuer d’un système de santé gratuit, qui pourrait servir d’exemple pour de nombreux pays du monde ! Mais d’où viennent les financements de ces machines sophistiquées qui soignent tous les Pokémon en un clin d’œil ? Il est à noter que les dessins animés et les jeux ne traitent pas de questions d’argent ; en revanche, l’animé et les cartouches abordent la santé des Pokémon de manières bien différentes. Là où les Infirmières Joëlle opèrent telles de véritables chirurgiennes sur le corps de Pokémon blessés, les jeux ont préféré montrer que les infirmières soignent les Pokémon à même leurs Pokéball, en les plaçant dans une machine. Ces soins prennent aussi en compte le manque de PP et les altérations d’état. Le choix de l’approche sera important pour décider quel degré de réalisme adopter dans une fanfic.

D’autres objets intrigants existent dans le monde des Pokémon, telles les CT et CS, qui pullulent dans toutes les Boutiques. En fonction des jeux, il est possible de réutiliser une CT à l’infini, ou possible de faire oublier une CS à un Pokémon sans avoir recours à un Effaceur de Capacité. Rappelons au passage que CT signifie Capsule Technique (TM pour Technical Machine en anglais), or ces objets ressemblent à des CD-ROMs. Comment parviennent-ils à enseigner une capacité à un Pokémon ? Est-ce une sorte de DVD d’apprentissage ou un espace de stockage de données que l’on peut “télécharger” dans son Pokémon quand celui-ci est sous forme dématérialisée ? Dans tous les cas, ces petites disquettes posent des problèmes de cohérence : comment se fait-il qu’un Caninos puisse apprendre Toxik au même titre qu’un Brutapode ? Pourquoi des Pokémon Vol tel Étouraptor auraient-ils besoin d’apprendre la capacité Vol ?

Là encore, on peut monter et exploiter de nombreuses théories pour répondre à ces questions dans une fanfic. Peut-être une CT modifie-t-elle l’ADN d’un Pokémon dématérialisé dans sa Pokéball, lui permettant d’apprendre Toxik même s’il ne sait, en temps normal, pas produire de Poison. Peut-être que la CT Vol transmet une technique particulière de vol aux Pokémon qui l’apprennent, leur permettant d’infliger des dégâts au parti adverse… ou d’économiser leurs muscles afin de porter quelqu’un sur leurs dos, tel Piafabec qui peut vous faire voyager à travers Kanto. (Pauvre Piafabec.)

Voilà pour ce qui est des dispositifs empreints de technologie dans le Pokémonde, mais ce n’est pas le seul élément que nous pouvons étudier. En effet, parmi les 800+ espèces de Pokémon connues, quelques-unes d’entre elles ont vu leur naissance directement influencée par l’Homme. Certaines se retrouvent donc carrément mi-êtres, mi-machines ; pour d’autres, c’est le processus de création qui pose question au niveau du réalisme.

Certains Pokémon donc, nous le savons, ont été créés de toutes pièces avec un objectif précis. Le cas le plus célèbre est bien sûr Mewtwo, mais d’autres créatures partagent son origine, comme Genesect. Bien des millénaires avant le début des jeux, les familles de Balbuto et Gringolem semblent compter parmi les premiers Pokémon artificiels, façonnés à partir d’argile et dotés d’une énergie encore inconnue à ce jour, qui n’est pas sans rappeler le mythe du golem dont ils sont directement inspirés. Cinq cents ans auparavant a été créée Magearna, qui peut être comparée à un automate, et au vu de son apparence si particulière, peut-être son créateur était-il un inventeur du calibre de Léonard De Vinci, qui aurait dessiné les premières ébauches de la Pokéball moderne. Plus récent, Morphéo est le résultat d’études climatiques et météorologiques, qui lui donnèrent la faculté unique de s’adapter aux différents environnements. Quant à Porygon et ses évolutions, ils ont peut-être vu le jour afin de seconder les scientifiques, voire les habitants, avec la naissance d’un réseau informatique et du Système de Transfert de Léo.

Le cas le plus extrême pourrait bien être Type:0, ou la première instance de Pokémon patchwork, à défaut d’une meilleure appellation. En effet, là où Mewtwo et Genesect ne se basent que sur une unique espèce à améliorer, l’apparence de Silvallié ressemble à un méli-mélo d’éléments de différentes créatures greffés sur un même corps (une sorte de chimère), afin de le rendre compétent dans n’importe quel scénario, chose directement reflétée par ses statistiques. Ce Pokémon a été créé dans le but d’être polyvalent en toute situation, ce qui peut se comprendre puisqu’il s’agit de l’arme censée défendre l’Homme contre des créatures qui lui sont inconnues — les Ultra-Chimères. Cependant, au vu de son Talent et de sa représentation dans l’animé, on pourrait aller jusqu’à supposer que Silvallié soit un cyborg, un savant mélange d’organisme vivant et de technologie, puisque ses différentes Mémoires semblent agir comme un logiciel informatique. Cela impliquerait donc que le Pokémonde (ou du moins la Fondation Æther à l’origine de ce projet) soit également à la pointe de la technologie génétique.

Il ne faut pas non plus oublier les Pokémon qui ont vu le jour en raison de l’activité humaine, sans que l’humanité n’ait délibérément souhaité leur existence. Des créatures comme Tadmorv et Miamiasme, par exemple, sont une conséquence directe de l’impact de la pollution des grandes villes et des zones industrielles. Il est aussi possible que d’autres espèces aient été influencées par une intervention indirecte de l’Homme : peut-être que le Motisma que nous connaissons aujourd’hui était un Pokémon radicalement différent avant l’avènement de l’électricité et du mobilier électrique (mais on peut aussi envisager qu’il s’agit d’un virus informatique avancé, ce qui le mettrait alors dans une catégorie plus proche de celle de la lignée des Porygon, et Porygon-Z en particulier).

D’autres créatures reflètent les capacités de la science du Pokémonde : dès les premières versions, les joueurs ont eu la possibilité de faire revivre des Pokémon considérés comme disparus, au travers du service de réanimation des Fossiles. À tel point qu’à l’exception d’OAC, chaque jeu principal possède un bâtiment dédié à cette activité ; mais la question de ce processus, encore largement théorique dans le monde réel, se pose. En effet, même en s’inspirant de l’extraction, séquençage et correction d’ADN de Jurassic Park, qui fut probablement à l’origine des fossiles dans les jeux en premier lieu, encore faut-il être certain que le fossile que l’on a entre les mains possède un tel fragment utilisable d’ADN. Dans le monde réel, la réanimation et le clonage d’un dinosaure reste de l’ordre de la fiction, car l’ADN retrouvé est trop sévèrement endommagé et en quantité bien trop insuffisante pour récupérer un génome complet d’une espèce disparue.

Mais au vu du succès des réanimations dans les différents canons, supposons que le monde Pokémon ait effectivement découvert une méthode fiable de ramener ces espèces à la vie. De nouvelles questions peuvent se poser alors : tous les fossiles peuvent-ils être réanimés ? Peut-on faire revivre des espèces actuelles, mais ayant aussi vécu en ces temps reculés, comme des Yanmega ou des Pokémon reptiliens ? Si oui, alors quelles seront les différences entre ces deux créatures, l’une ayant été gelée dans le Temps quand l’autre a évolué au cours des époques ? Pour reprendre l’exemple des Yanmega, il est possible que ceux-ci furent plus grands encore qu’à l’heure actuelle, si l’on suit l’évolution des insectes de notre monde.

Enfin, on peut également s’interroger sur le type d’origine de ces fossiles. Tous partagent le type Roche, mais avaient-ils effectivement ce type-là auparavant, ou bien est-ce un effet secondaire du processus de réanimation, ou encore le fait que leur ADN était fossilisé ? Ainsi, si l’on considère qu’Insécateur est une lointaine évolution de Kabutops, il n’est pas exclu de considérer que ce dernier était de type Insecte à la base, ou qu’Anorith et Lilia, deux fossiles établis dans les mers, étaient auparavant de type Eau. Et le sujet des fossiles pose la question d’un autre point important : ces Pokémon anciens ont-ils gardé leurs instincts d’antan, pouvant ainsi provoquer des soucis d’acclimatation au monde moderne ? Il y a de la matière à traiter à ce niveau-là encore.

Pour chaque Pokémon créé, ou recréé, artificiellement, le fait de réfléchir à ce qui fait la spécificité de l’espèce et de proposer du contenu original ne manquera pas de donner du poids à l’univers que vous développez dans votre fic, et souvent un soupçon de réalisme.

Tous les exemples donnés ci-dessus ne constituent en aucun cas une liste exhaustive. De nombreux autres appareils à la technologie avancée sont déjà apparus dans la saga, à l’instar de la Combinaison Booster, dotant entre autres les humains de capacités rivalisant avec les Pokémon les plus agiles, ou encore le Capstick des Rangers, qui leur permet d’effectuer des captures temporaires de Pokémon en vu d’en faire leurs alliés ou de les déplacer facilement.

L’auteur doit cependant faire attention à faire la distinction entre ce qui relève de la réalité et du gameplay. Ainsi, des gadgets comme le MemoryDex ou le ChercheVS paraîtraient décalés dans une situation réelle, puisque le premier peut être aisément remplacé par la mémoire des personnages, et le second devient complètement inutile à partir du moment où il suffit de parler à une autre personne pour s’accorder sur le fait d’effectuer ou non un combat.

Tout ceci amène à la question du développement technologique dans le monde de Pokémon. Toute culture est indéniablement influencée par son environnement, que cela soit d’un point de vue mythologique, économique ou même alimentaire. Il est donc logique de se demander dans quelle mesure la présence de créatures aux compétences surnaturelles a pu accélérer ou freiner le développement de certaines technologies...

Ainsi, avec la domestication de Pokémon volants, on peut envisager le fait que le transport aérien soit devenu une habitude très tôt dans les cultures, au même titre que la navigation. Cela sous-entend alors une mobilité bien plus conséquente au sein des différentes régions que ce qui pouvait se faire dans notre monde à une même période. Mais cela peut aussi signifier que d’autres technologies ne se sont pas ou peu développées, par manque d’intérêt. En effet, pourquoi créer un canon quand on a à sa disposition des créatures au potentiel destructeur bien établi et ne nécessitant que relativement peu d’entretien comparé à une telle arme ? De même, on peut supposer que le fonctionnement des Pokéballs soit le résultat d’une étude poussée sur le mécanisme de téléportation de créatures comme Abra, puisque l’idée de base de ces deux phénomènes est très similaire (dans les deux cas, il s’agit de transporter de la matière ailleurs).

Cette proximité avec les Pokémon peut alors avoir influencé les différentes industries. Ainsi, la recherche en matières ignifuges, notamment dans le textile et le bâtiment, a pu s’effectuer très tôt afin de ne plus craindre les accidents avec les Pokémon Feu, tout comme les édifices ont pu avoir été construits en prenant en compte les combats Pokémon à proximité et les puissantes attaques s’y échangeant (on peut considérer que les normes antisismiques soient plus pointues encore que dans notre monde). De plus, on peut aussi penser que la conscience écologique et/ou environnementale est arrivée relativement tôt (après tout, voir des amas de pollution prendre vie doit probablement provoquer une remise en cause assez brutale).

Se pencher sur d’autres œuvres présentant elles aussi un environnement différent du nôtre, tels que Avatar, Le Dernier Maître de l’Air et sa suite La Légende de Korra, ou encore My Hero Academia, peut d’ailleurs aider à comprendre comment les auteurs ont intégré les particularités de ces histoires (les différentes maîtrises élémentaires pour les deux premiers, les Alters dans le dernier) dans l’évolution technologique et l’état des sociétés représentées. Il sera par ailleurs intéressant de voir l’interprétation du monde Pokémon contemporain dans le film Détective Pikachu.

Le monde des Pokémon, qui présente tant d'innovations tenant de la science-fiction, semble pourtant bien proche du nôtre. Pourquoi ? Et bien parce que du côté quotidien, il semblerait que la technologie ne soit pas beaucoup plus avancée que celle que nous connaissons. Les habitants du Pokémonde vivent de manière somme toute assez semblable à la nôtre, bien qu'ils puissent garder dans leur jardin un dragon cracheur de feu de deux mètres de haut. Ils possèdent les mêmes appareils électroménagers que nous : vous pourrez facilement repérer réfrigérateur, lave-vaisselle, radio, télévision, caisse enregistreuse…

À croire que tout ce qui ne touche pas aux Pokémon n'a pas (ou peu) été développé. Il faut dire que les créatures en question sont d'excellentes solutions à pas mal de problèmes nécessitant dans notre monde l’aide de la technologie. Il n'y a pas vraiment besoin d'avions (sauf pour de très longues distances) quand le nombre de Pokémon pouvant porter, comprendre et être domestiqué par l’Homme est si élevé. De même, si des camions peuvent servir pour un déménagement, autant sauter sur son Tauros quand on a besoin d'aller faire les courses dans la ville d'à côté. Le Pokémonde semble d’ailleurs privilégier les solutions propres pour l'environnement : vous verrez beaucoup plus de gens à rollers ou à vélo que de voitures lors de vos aventures.

Les déplacements entre régions semblent se faire par avion, surtout en ce qui concerne les territoires insulaires, comme Alola ; mais on préférera souvent le bateau pour voyager d’un “pays” à un autre, c'est un moyen de transport plutôt largement répandu (mais le plus propice à des accidents : entre l'Épave d'Hoenn et le St-Anne du dessin animé…). À noter que d'autres méthodes de transport interrégional existent, comme le train magnétique qui relie Johto et Kanto ou le réseau de trains souterrains d’Unys.

L'un des aspects de technologie quotidienne plutôt développé par rapport à notre monde est celui des communications. Il semble assez facile en tant que jeune adolescent d'avoir un appareil se rapprochant d'un smartphone dernière génération ou apparenté. Du Pokématos à l'Holokit, on y rassemble même les fonctions (dans le désordre) de GPS, radio, gestionnaire de stats pour ses Pokémon, outil de communication en visioconférence, ou en visuel holographique (dépassant pour le coup de loin les capacités de nos chers téléphones !).

Cependant quelques détails étranges, certainement hérités des Pokémon, sont présents dans le canon. L'un des plus incompréhensibles : les téléporteurs. Qui ne sont d’ailleurs pas toujours placés aux endroits les plus judicieux. La Sylphe SARL est mentionnable pour en avoir installé dans ses locaux... tout en gardant un ascenseur. D’une autre façon, la Team Aqua peut se targuer d’en avoir éparpillé partout dans un repaire secret naturel, une grotte plus ou moins sous-marine… il y a de quoi se demander à quel point ce genre d’installation est simple, basique pour les ingénieurs du Pokémonde — et évidemment, comment ça fonctionne, mais comme tout ce qui nécessite dématérialisation, ce n’est pas facile à justifier rationnellement.

Enfin, il semble important de préciser que des différences de développement importantes existent au niveau géographique. Par exemple, à côté d’une ville d'une certaine taille comme Lavandia, qui reste somme toute classique, malgré son statut de point névralgique d'Hoenn, on peut trouver dans le même canon un lieu comme Larousseville, cadre du film consacré à Deoxys, où la technologie est omniprésente et ultra-développée. Ces différences sont même facilement visibles au sein d'une même région : entre autres exemples, il est difficile de croire que Rivamar et Verchamps sont des villes voisines. L'une est connue pour sa pluie, son marais et son port de plaisance, là où l'autre s’approvisionne en énergie par des routes de panneaux solaires et se distingue par un phare muni d’un ascenseur. Il est clair aussi qu'une Région comme Unys n'a pas le même développement que Rhode… on peut citer beaucoup de choses allant dans ce sens. En soi, ce n’est pas tellement gênant dans la mesure où l’on observe les mêmes phénomènes dans notre monde, et parfois à l’intérieur d’une même ville pour les pays en développement. Au contraire, cela sert d’indicateur social.

D’ailleurs, l’histoire des technologies du Pokémonde présente beaucoup d’écarts avec celui de notre monde. Outre les exemple de Golemastoc et Magearna évoqué plus haut, on peut citer le cas de l’Arme Suprême qui apparaît dans Pokémon X/Y. Créée par A.Z. il y a environ trois mille ans, celle-ci sert d’abord à ressusciter Floette, avant d’être convertie en arme de destruction massive et de provoquer l’émergence de la Méga-Évolution. À moins de concentrer votre fanfic sur les méfaits de la Team Flare, il y a peu de chance que vous soyez amenés à parler de cette arme, mais elle permet d’affiner votre réflexion sur la technologie du Pokémonde. En effet, le passé de Kalos ressemble à un cliché de J-RPG qui veut qu’il ait existé une civilisation très avancée technologiquement, aujourd’hui disparue. On peut imaginer que, dans le cas de Pokémon, cette civilisation antique ait prospéré jusqu’à devenir celle présentée dans les jeux et l’animé, ce qui expliquerait certaines bizarreries.

Jusqu’à présent, la question du développement technologique a été traitée dans le cadre d’un monde peuplé à la fois d’humains et de Pokémon, afin de correspondre à la majorité des canons Pokémon (jeux principaux, animé, manga). Cependant, pour un univers tel que celui de Pokémon Donjon Mystère, les interrogations et réponses ne sont pas les mêmes.

En effet, une société exclusivement composée de Pokémon n’a a priori pas évolué de la même manière. Les structures et habitations que nous pouvons y observer sont bien plus primitives que ce que l’on pourrait espérer trouver dans notre monde, même si elles semblent regorger d’astuces pour s’adapter aux diverses physionomies. Dans la série des Explorateurs, par exemple, nous avons un aperçu du fonctionnement de la Guilde Grodoudou, en particulier pour la mise à jour des panneaux d’affichage des missions et avis de recherche, ou encore pour le système de sentinelle à l’entrée.

Dans un tel contexte, c’est à l’auteur de se poser la question des besoins des Pokémon et des solutions à leur disposition. Quid de la nourriture si l’agriculture, ou du moins l’élevage, n’existe pas ? (La cueillette et les Gelées semblent être la principale source de nourriture, même si Les Portes de l’Infini montre la présence de champs de baies ou de graines ; mais qu’en est-il des espèces prédatrices comme Abo, Léopardus ou Manglouton ?) Quels outils possèdent-ils, si la maîtrise du fer n’est pas connue ? (Il existe effectivement des Épines de Fer et des Anneaux, mais ceux-ci demeurent bien sommaires quand on les compare ne serait-ce qu’aux créations des peuples antiques de l’Humanité.) Au vu de la grande diversité des rubans et autres foulards, peut-on supposer une maîtrise textile aussi poussée que celle des Humains ? On peut également noter l’existence d’objets inédits, comme les Orbes, qui semblent renfermer l’essence d’une capacité ou d’un Talent de Pokémon, ce qui peut laisser à supposer une certaine connaissance alchimique, ou à des enchantements. Ainsi, une Echaporbe peut faire penser à un Téléport, une Aversorbe à une Danse-Pluie ou encore une Détectorbe à une Clairvoyance.

Mais revenons aux séries principales, pour y creuser un peu les notions survolées. S'intéresser à la technologie du Pokémonde dans le cadre d'une fanfic implique aussi de se pencher sur certains aspects organisationnels et sociaux qui ne manqueront pas de donner une touche de réalisme à vos écrits.

Tout d'abord, on remarque que beaucoup d'innovations technologiques sont l'œuvre d'un seul savant, surtout dans les premières générations de jeux. Ainsi, on a le professeur Chen qui a inventé le Pokédex, Léo le système de stockage, mais aussi M. Devon et le PokéNav, Oryse et le synchro-jeu... Même Xanthin n'a besoin d'aide de personne pour concevoir la Combinaison Booster. Dans la réalité, ce ne sont pas des Géo Trouvetou isolés qui sont responsables du progrès technique et technologique, mais bien des équipes de chercheurs, voire des entreprises entières.

De même, il n'y a pas d'universités et peu d'instituts de recherche publics dans Pokémon. L'innovation provient donc d'individus travaillant seuls, d'entreprises détenant un monopole sur une région et d'organisations criminelles. Dans une fanfiction, pour étoffer l'univers du fandom, vous pouvez soit expliquer cet état de fait (faible population, pouvoir aux mains des grandes entreprises, espionnage industriel massif...) à condition que cela reste raccord avec la société décrite, soit décrire un monde de la recherche calqué sur notre réalité, mais peuplé de quelques génies solitaires (Prof. Chen et compagnie), comme on peut en trouver dans des univers de comics, par exemple.

Pour ce qui est de l'impact social du développement technologique, on a déjà évoqué les conséquences de l'invention de la Pokéball sur les habitudes des habitants du Pokémonde. Son impact a été énorme, provoquant l’apparition des arènes et des Ligues. La société de l'univers Pokémon est totalement centrée sur la capture, l'élevage et le combat des monstres de poche, elle ne peut plus se passer de Pokéballs. À titre de comparaison, c'est un peu comme notre monde avec Internet, on ne s'imagine déjà plus fonctionner sans. Or Internet a apporté son petit lot d'addictions, d’abus, de dysfonctionnements, il est possible d'envisager des choses comparables dans une fanfiction Pokémon, de façon à apporter des détails qui rendent l'univers plus dense.

On peut aussi voir les choses dans l'autre sens, de quelle manière l'organisation de la société affecte le développement des technologies ? Dans la mesure où des technologies futuristes (Pokéballs, téléporteurs...) côtoient des inventions plus passéistes (canne à pêche, vélo...), il convient de s'interroger sur les choix des habitants du Pokémonde de développer certaines technologies plutôt que d'autres.

En effet, dans un monde aussi dépendant des Pokémon, il convient d'assurer une certaine biodiversité et de ne pas détruire l'habitat de créatures rares par la construction de nouvelles infrastructures. Dans cette optique, on comprend mieux le choix des transports en commun (bateau, train...) pour les moyennes et longues distances, ainsi que l'absence quasi totale de routes goudronnées en dehors des villes. De même, le côté traditionnel de certaines villes va dans le sens d'une symbiose avec la nature (notamment Cimetronelle) malgré un niveau technologique très élevé dans certains domaines.

Bien sûr, cela demande aux auteurs de fic de réfléchir plus en détail sur l'univers des jeux, afin de décrire une société alternative à la nôtre qui soit cohérente. Néanmoins, comme pour tout autre aspect du canon, il reste possible de calquer le Pokémonde sur la réalité, mais alors les problématiques liées à la technologie et à ses abus que nous connaissons doivent impacter également l'univers Pokémon, quitte à le transformer. Dans tous les cas, viser le réalisme et la cohérence apportera toujours un plus à votre fanfiction.

D'ailleurs, en dépit du message écologique transmis par la licence dès ses débuts, il ne faut pas croire que le Pokémonde ne souffre pas des conséquences de son développement technologique. La pollution est évoquée dès la première génération, à travers un Pokémon comme Grotadmorv, puis plus tard avec Miasmax. Même si l'accent est mis sur les énergies renouvelables (les Éoliennes, la Centrale de Kalos), les villes et les usines rejettent malgré tout une masse importante de déchets, au point que les habitants d'Alola soient obligés de recourir aux Tadmorv locaux pour réduire la quantité de détritus.

Étrangement, la pollution n'est pas totalement décrite comme un fléau dans Pokémon. En effet, certaines créatures du type Poison en ont besoin pour se nourrir et, dans le cas de l'épave du Lavandia Sea, elle participe à l'apparition de mangroves à Hoenn. Il faudra en tenir compte si jamais vous abordez ce thème dans votre fanfic.

Enfin, parler de la technologie dans Pokémon amène aussi à se poser la question de l'éthique. On a vu à plusieurs occasions, dans les jeux et dans l'animé, que certains Pokémon pouvaient être utilisés comme source d'énergie (les Électrode du repaire Rocket ou Xerneas/Yveltal pour alimenter l'Arme Suprême). Or, on ignore comment fonctionnent les technologies futuristes de l'univers Pokémon, que l'on suppose gourmandes en énergie (dématérialiser un être vivant quand même !). Qu'est-ce qui empêche toute la société de s'appuyer sur l'exploitation de Pokémon de type Électrique, par exemple, pour pourvoir à ses besoins énergétiques ? On entre ici dans le cadre légal et les considérations morales qui ne manqueraient pas de donner du réalisme à votre récit.

Le point le plus important de la question concerne bien entendu l'utilisation de Pokéballs. Comment cautionner la production en masse d'un objet permettant l'asservissement de créatures intelligentes ? Pour que le questionnement ait plus d'impact, on peut aussi se demander dans quelle mesure serait-il possible d'enfermer un être humain à l'intérieur d'une Pokéball ? À priori, il n'y a aucune raison pour que la dématérialisation d'êtres humains soit impossible dans l'univers Pokémon, ce qui rend cette technologie si terrifiante.

Il est tout à fait envisageable d'imaginer, dans le cadre d'une fanfic, que la Team Rocket se lance dans le trafic d'êtres humains, en plus de celui de Pokémon, que ce soit dans une optique d'esclavagisme, de prostitution ou de prélèvement d'organes. Ou alors qu'un groupe de Pokémon se mette à capturer tous les humains, jugés trop faibles et trop cupides pour diriger le monde. On s'éloigne alors de l'univers enfantin, quoique jamais naïf, proposé par les jeux et l'animé, néanmoins il faut garder en tête toutes les possibilités offertes par l'utilisation de Pokéballs, y compris les usages les plus condamnables, pour potentiellement enrichir votre fanfiction. Cela peut se faire de deux façons, soit en dépeignant les pires abus permis par cette innovation technologique dans un récit assez sombre, soit en décrivant les mesures prises pour empêcher ces dérives. Outre un cadre juridique solide, cela peut aussi venir de mentalités plus évoluées que les nôtres, ce qui semble être le cas de la société du Pokémonde, ou par des solutions techniques, comme par exemple un système d'ouverture programmé des Pokéballs pour éviter qu'un Pokémon ne meure de faim au terme d’un trop long enfermement.

En conclusion, l’univers Pokémon se distingue en partie du monde réel de par ses avancées technologiques surprenantes, en lien avec la capture des Pokémon. Dans une fanfiction, être capable d’expliquer ces technologies, de les développer et les inscrire dans un cadre social précis fera se distinguer votre récit des autres productions du même genre. Ici, ce n’est pas tant le respect du canon que votre capacité à exploiter intelligemment les éléments à votre disposition qui saura faire la différence.


Par Icej, LunElf, Rodstar, Yûn et un anonyme

En réponse à une suggestion formulée il y a quelques mois, nous avons décidé de proposer, pour chaque article qui s'y prêtera, quelques propositions "d'exercices d'application" en lien avec certains thèmes abordés. Libre à vous de produire un petit texte sur l'un ou l'autre de ces sujets afin de mieux assimiler les choses ou de creuser une piste qui vous intéresse... vous pouvez aussi proposer d'autres idées, qui sait !

— Racontez les sentiments d'un Pokémon sauvage capturé dans une Pokéball (ou toute variante de votre choix), qui en découvrira donc l'intérieur pour la première fois
— Expliquez le fonctionnement mécanique du dispositif de l'Arène de votre choix
— Introduire une idée de technologie dans un univers Donjon Mystère (transport, communication...)
— Décrire les réactions suscitées par l'apparition de la première colonie de Tadmorv à Kanto
— Décrire la réanimation d'un fossile du point de vue du Pokémon lui-même


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