Écriture : Écrire un One-Shot

“One-Shot” : kézako ?

Les One-Shots (O-S pour les intimes), comme leur nom l’indique, sont de courtes fictions composées d’un seul chapitre. C’est un format qui plaît généralement aux lecteurs, car l’histoire est courte et donc plus rapide à lire qu'une fanfic à chapitres ; avec ce format-ci viennent avantages et inconvénients. À tous les amateurs d’écriture, voici quelques petites pistes et conseils pour vous aider dans votre rédaction !

Les One-Shot sont utiles puisqu’ils permettent de pointer un projecteur sur un événement particulier, ou une action particulière. De cette façon, souvent, les O-S les plus percutants sont ceux qui parviennent à se focaliser sur une intrigue principale qu’ils exploitent à fond pendant quelques pages avant de se terminer sur une fin soigneusement préparée et anticipée.

Par nature court, le One-Shot comporte ainsi plusieurs avantages sur les formats à chapitres multiples. Déjà, on peut remarquer qu’il est propice aux exercices de style. En effet, lorsqu’on rédige un O-S, on ne s’enchaîne pas à une histoire : une fois l’unique chapitre composant celle-ci achevé, vous n’avez plus à continuer à écrire. Rien à reprendre, à perpétuer, ça offre pas mal de liberté : on peut ainsi écrire beaucoup d’O-S, comme autant d’entraînements qui permettent d’apprendre à mieux rédiger, à affiner sa propre manière d’écrire.

Le One-Shot laisse aussi la possibilité de s’exercer par exemple aux descriptions : un texte de format court peut n’être que la description d’un paysage. Ou bien, on peut s’entraîner à utiliser un point de vue externe et non omniscient (le narrateur ne sait rien, il est étranger aux personnages et ne fait que décrire ce qu’il voit). Il est possible de s’essayer au comique, au tragique, au lyrique, voire au satirique : tout est permis, et vous n’aurez pas à continuer pendant des mois sur votre lancée comme avec une fic longue, d’où l’intérêt !

En revanche, l’exigence d’un lecteur vis-à-vis d’un O-S est importante, plus que pour une fic longue où beaucoup d’éléments (intrigue, personnages) sont à considérer. Ce genre de texte doit être efficace, percutant et réfléchi. Des paragraphes superflus qui servent à gonfler le nombre de mots sont à proscrire : il vaut mieux un texte très court mais poignant qu’un texte superficiel et redondant.

Un O-S est donc par nature l’expression d’un choix, le choix de l’auteur d’exprimer une chose en particulier. Que ce soit la douleur d’un personnage, que ce soit une histoire émouvante, que ce soit le récit d’un anniversaire joyeux, tout part d’une intention. L’auteur veut parler d’une chose, et il en parle dans ce format ayant moins de contraintes que d’autres. Voilà pourquoi on pourrait croire que certains One-Shot sont indigents : c’est que l’auteur fait des choix, et parfois il choisit de privilégier la forme au détriment du fond. Tout est une affaire d’équilibre, et c’est à l’auteur de trouver cet équilibre.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, si le One-Shot peut être écrit complètement au feeling dans la cadre d’un exercice de style, il ne faut surtout pas sous-estimer la planification à apporter à une histoire courte. Pour une fanfic longue, il suffit parfois juste de déterminer le début, la fin et la trame principale du récit pour se lancer : les idées peuvent venir au fur et à mesure de l'écriture pour combler l'action entre deux passages importants. Ça ne s’applique pas à un One-Shot.

Il vous faut donc de concevoir une histoire qui ne sera pas trop longue afin de tenir en un seul chapitre (bien qu'il existe des O-S qui font la taille d'une fanfic courte) ; le scénario est plus compact, souvent concentré dans le temps. Le développement de personnages nombreux et d'un univers foisonnant n'est pas vraiment possible dans ce format qui convient bien à ceux qui ont du mal à créer des fonds d'histoires intéressants.

Ici, l'auteur doit surtout mettre l'accent sur l'enchaînement harmonieux des événements, puisque la moindre incohérence sautera tout de suite aux yeux des lecteurs. C'est notamment le cas dans les nouvelles à chute, où il faut placer habilement tout au long du texte les éléments qui participeront à l'effet final. Il ne faut pas que la révélation de fin sorte de nulle part. De manière globale, chute ou non, il est important de bien travailler la fin d'un O-S. Effectivement, il ne s'agit ni de l'expédier, car vous voulez poster cette histoire au plus vite, ni de donner une sensation d'inachevé aux lecteurs en laissant certains détails en plan.

Il est aussi conseillé de faire intervenir peu de personnages. Comme il a été dit, les O-S ne sont pas adaptés pour une pléthore de protagonistes. Un nombre réduit de personnages permet de les développer davantage, en dépit du format court, moins pour montrer leur évolution que pour peaufiner leur background, car un changement profond de mentalité sur un seul chapitre pourrait sembler rapide, superficiel ou mal amené.

Puisque votre récit est court, n'hésitez pas à travailler correctement votre style, les lecteurs sont bien plus sensibles à votre façon d'écrire que dans une fanfic longue où les multiples personnages et intrigues accaparent davantage leur attention. D’ailleurs, comme dit plus haut, le format est très adapté aux exercices de style : pour ceux qui veulent cultiver une belle plume, cela peut être l'occasion de se lancer des challenges. Et comme pour les fics à chapitres, veiller à respecter les règles de grammaire et de conjugaison (cf. numéro précédent) : les erreurs ont tendance à se voir au milieu d’un petit texte.

Vous avez peut-être remarqué la difficulté de proposer un article tutoriel sur les O-S ; ceux-ci peuvent prendre des formes très différentes, il serait ambitieux de donner la marche à suivre pour chacune d'elles. En effet, on peut trouver toutes sortes de textes en un chapitre, dont voici une liste non-exhaustive :
– Song-fics
– Poème, chanson
– Nouvelle à chute
– Pilote de fic longue
– Histoires appartenant à un univers étendu (préquel...)
– Récit s'attardant sur un élément très précis du canon
– Exercice de style et autres textes sans histoire
– ...

Les song-fics occupent une place à part, puisqu'elles possèdent leur propre mot-clé. Une song-fic est une histoire basée sur une chanson : ses paroles, la rythme de sa mélodie, son ambiance... Elle n'a pas obligation de tenir en un seul chapitre, mais le format O-S se prête bien à l'écriture de song-fic. Bien entendu, il faut que les paroles s'accordent avec votre récit, mais celui-ci doit apporter un plus et pas se contenter de raconter exactement la même histoire que la chanson choisie ou son clip. De même, il y a des choix à opérer – insérer les paroles dans le texte, les traduire, ajouter un lien vers le morceau – en fonction de l'effet désiré sur les lecteurs. Si vous voulez montrer que votre fic et la chanson s'alimentent l'une l'autre, l'ajout de paroles (traduites au besoin) sera inévitable. Il faudra alors utiliser les balises pour les différencier du reste du texte.

Pour les textes poétiques, vous ne pourrez pas toujours laisser libre cours à vos élans lyriques, car pour valider, la modération attend des poèmes écrits qu'ils gardent une forme relativement classique (rimes, rythme, versification, mise en forme...). Pour le fond, tâchez de ne pas trop vous éloigner du fandom.

Si votre One-Shot s'inscrit dans un univers plus grand que vous développez, les remarques seront les mêmes que pour une fic classique. Pensez néanmoins à décrire les personnages que vous mettez en scène, même s'ils se retrouvent dans une, ou plusieurs, autre(s) de vos fics, car comme son nom l'indique, le One-Shot est une histoire en un coup. Il se doit d'avoir son unité propre, sinon il n'a pas de légitimité, vous pouvez l'ajouter en chapitre bonus d'une fic longue.

Dans le cas d'un exercice de style, pensez à expliciter votre démarche aux lecteurs, si celle-ci est floue ou peut être mal comprise.

Pour finir, le One-Shot est un format que l'on recommande aux débutants. Avec peu de personnages, une intrigue courte et des enjeux assez limités, l’O-S leur permet d'apprendre à construire une histoire et de se familiariser avec les mécanismes scénaristiques. En outre, la popularité de ces textes courts parmi les lecteurs augmente les chances d'avoir des retours en commentaires et d'échanger afin de s'améliorer. Et le fait de pouvoir travailler son style est un plus non négligeable !



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