Analyse de fic : "La comptine [O-S]" de Sanaito

One-shot posté par Sanaito en 2010, modifié et réécrit plusieurs fois, "La comptine" est un récit touchant sur lequel nous allons nous attarder aujourd’hui.

La comptine figure parmi les premiers écrits de Sanaito sur le site. Comme pour ses deux autres one-shot, le récit est narré à la première personne par un Pokémon très attaché à sa dresseuse. L'ajout de l'ancienne version en chapitre bonus permet de voir le travail entrepris par l'auteure pour enrichir son histoire et justifier au mieux sa chute.

La fanfic est plutôt classique au premier abord : l’histoire d’un Pokémon et de sa jeune dresseuse dans leur vie de tous les jours. Le point de vue de Mentali rend les choses d’emblée plus intéressantes. À travers ses yeux de Pokémon domestique, ce dernier montre son attachement à sa dresseuse, ainsi que son incompréhension du fonctionnement de la société humaine. Il a une vision simpliste, un peu naïve, mais assez claire des choses pour nous transporter avec lui et évoquer ses relations avec sa jeune dresseuse. Ses remarques intérieures sur les télévisions et autres gadgets qui le dépassent peuvent tirer un sourire.

Tout le début de la fic, ainsi, est tout simple et attendrissant, de façon à créer une attente d'un évènement perturbateur ; tout est amené dans ce but, l'appréhension de la fin de l'histoire, car les choses ne peuvent pas si bien se passer... Et c'est vers la fin du one-shot que la vision du Mentali, jusque-là seulement transmetteur d'un ton enfantin, crée un malaise chez le lecteur, lorsqu'un décalage s'opère entre l'innocence du Mentali et de sa dresseuse et la réalité de la situation.

Toute la fanfic tourne autour d’une comptine, une sorte de louange de la fillette envers son Mentali, qui montre dès le départ l'attachement des deux personnages l’un à l’autre. Ces quelques paroles seront répétées plusieurs fois comme pour marquer cette relation soudée tout du long du récit, ou pour bercer les lecteurs, jusqu’au boom final ; et vous verrez bien qu’elle n’est pas là que pour l’esthétisme…
En effet, ce fil rouge ne sera modifié qu’à la toute fin de l’histoire, pour une raison qui vous paraîtra évidente et qui permet de poser deux morales à tout ceci : on peut prendre conscience de ses erreurs, et on ne doit pas oublier les personnes qui nous sont chères. Cette comptine finale montre que la dresseuse a évolué, et que la naïveté de la jeunesse reste désormais derrière elle.

Si ce one-shot n’a rien d’original en soi, il parvient quand même à nous rapprocher des personnages grâce au style simple et fluide, et aux scènes heureuses desquelles nous sommes régulièrement témoins. Et, bien entendu, passé la première partie d’exposition calme et un brin mélancolique, les ennuis arrivent ; mais nous vous laissons découvrir ça par vous-mêmes, car toute l’histoire est construite pour arriver à ce moment.
Malgré une apparente candeur, le texte parvient à brasser quelques thématiques d'actualité dans le comportement des personnages adultes. Les réflexions du Mentali, qui compare la société humaine à celle des Pokémon, offrent matière à cogiter sur la violence de notre monde.

Dans la production de Sanaito, ce texte figure parmi les premiers qu'il a publié sur le site. Sa réécriture aura sans doute permis à l'auteur d'affiner son style, puisqu'il décroche le panthéon à deux reprises pour ses one-shots suivants, écrits en 2012.

Le message universel que laisse cette petite histoire vous donnera probablement envie de la lire ; allez-y, ça ne coûte rien et ça ne vous prendra que quelques minutes de votre temps, pour un moment agréable et riche en émotions.



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