La Naissance de Reyginea [Pokémon A/I] de Milocéane

Silence. Pendant quelques secondes, le temps sembla s'arrêter. Puis, depuis l'endroit où le dragon avait plongé, quelques remous apparurent sur la mer, et se dispersèrent comme une onde autour de cette zone. De la vapeur émanait de la mer. Petit à petit, les lumières rouges de Tentacool apparurent, suivies de Wailmer et Magicarpe. Les Pokémon s'éloignaient de Rayquaza à grande vitesse.

« Attention ! Tous les Pokémon viennent vers nous !
— Justin, vole, il ne faut pas que les Tentacool t'attrapent ! »
La libellule s'envola juste à temps, mais les Pokémon méduses vinrent s'accrocher au Wailmer. Sa dresseuse le remarqua tout de suite.
« Oh, s'il vous plaît, est-ce que quelqu'un a un antidote, ou une guérison ? — Papa, toi au moins, tu as toujours ça sur toi !
— Euh, à vrai dire... C'est resté dans l'hélicoptère...
— Oh non, qu'est-ce qu'on va faire... Wailmer, tiens bon... »
Lana caressa la peau du Pokémon, dans l'espoir de lui donner du courage. Les Magicarpe et Tentacool continuaient de filer près d'eux.

Le professeur Chen épluchait son Pokédex à la recherche d'informations qu'il aurait oubliées sur la mort des dragons, tandis que le caméraman, anxieux, regardait l'horizon.
« Bon, ben, visiblement, on n'est pas encore morts, dit-il en sortant sa caméra des sa housse, je vais en profiter pour filmer mes derniers instants. À la postérité.
— Aucun intérêt. Vos cassettes finiront au fond de l'océan de toute manière.
— Mossieur le maître de la Ligue, peut-être que ça n'a pas d'intérêt pour vous, mais c'est ce que j'ai fait toute ma vie, alors si je peux encore y consacrer mes derniers instants, je serais ravi de le faire. »
Peter se tut, et fixa l'endroit où le dragon légendaire avait plongé.
Il aperçut alors les centaines de Pokémon marins qui fonçaient sur eux.
« Et merde. Dracolosse, attaque hâte, le plus que tu peux ! »
Le professeur Chen, bousculé, l'interrogea : « Euh Peter, qu'est-ce que tu fais ?
— J'essaie de nous sauver !
— Mais je croyais que vous veniez de faire vos...
— Je n'ai jamais dit adieu à personne, et je ne compte pas commencer aujourd'hui. »

À présent, l'eau bouillait sous la mer, et le courant s'accentuait. La capacité spéciale de Rayquaza ne modérait plus le climat, aussi se mit-il aussitôt à pleuvoir. Mais l'océan se réchauffait encore.

« Qu'est-ce que j'ai fait... Qu'est-ce que j'ai fait... »
Giovanni marmonnait ces mots, seul entouré de rochers, blessé, et face à cette « chose ». L'inquiétant objet se mit soudain à rougeoyer et à émettre des vagues de chaleur, qui devinrent rapidement insupportables pour le chef Rocket.
« Mais c'est pas possible ! Qu'est-ce que c'est que ce truc ! »
La température intense du semblant de rocher le rendit presque mou, et translucide. Cette fois-ci, c'était certain : il s'agissait bien d'un œuf. Giovanni pouvait deviner une forme de serpent à l'intérieur, mouvements de plus en plus rapides.
Suffoquant, l'homme s'allongea, les vêtements brûlants lui collant à la peau, et attendit sa fin.

Les Pokémon encore présents dans la zone où l'eau chauffait en souffraient beaucoup.
« Maman, il faut qu'on s'en aille !
— On ne peut pas, le Wailmer se Lana s'affaiblirait trop... »

L'air commença alors à chauffer également, ainsi que la pluie. Les Goélises, qui n'étaient pas touchés jusque là, cherchèrent immédiatement à s'enfuir.

Les gouttes chaudes qui les trempaient ne faisaient qu'appeler la panique de Seko et les larmes de Léa.
Les Goélise arrivèrent en masse.
« Justin, protège-toi, attention ! »
Le Pokémon libellule esquiva quelques Goélise, mais la pluie et la chaleur inhabituelles, ainsi que son aile mutilée, le désorientaient. Un des Pokémon oiseaux s'écrasa sur lui, lui crevant un peu la chitine, et brisant ses ailes.
« Non ! Justin ! Je vais te sauver, viens avec moi ! »
Les larmes coulaient sur le visage de Mathieu. Helledelle fonça sur le Yanma et parvint à ramener le Pokémon gravement blessé sur le dos de Wailmer. Le jeune garçon se jeta sur lui, qui bourdonnait très fort, et sanglota devant la plaie de son Pokémon.
« Maman, on n'aurait pas dû venir. Je ne sais même pas bien m'occuper de mon Pokémon, à cause de moi il va mourir !
— Mais non, ne t'inquiète pas, on trouvera un centre Pokémon pour le soigner...
— Tu parles... »
Le bourdonnement s'était arrêté.

Les vagues devinrent plus grande, la pluie plus forte, et des ouragans commencèrent à se former dans la baie d'Algatia, normalement si paisible.

Le professeur Seko, plus angoissé que d'habitude, dit d'un ton ferme :
« Bon. On ne peut rien faire face à ça, on est perdus. Je ne vois qu'une seule solution. Caméléo, Manterre, Varanbony, go !
— Hein ? C'est quoi ces Pokémon ?
— Ce sont des Pokémon tout juste créés en laboratoire, tout ce que je sais d'eux c'est qu'ils ont l'attaque Abri, cela pourrait nous protéger. Mettons-nous au centre de ces trois-là, et vite. »
Léa et Mathieu ne pouvaient s'arrêter de pleurer. Lana parvenait à se retenir, faisant confiance à son père.
« Allez Mathieu, laisse Justin, c'est fini, il faut absolument te sauver. Viens au centre. »
Le garçon se traîna au milieu du triangle formé par les trois Pokémon.
« Attaque Abri ! »
Une aura de protection se forma autour de chacun des trois Pokémon, et s'agrandit. Mais elle n'était pas assez grande pour englober tout le monde. Raymond s'en retira alors.
« Je ne suis pas aussi utile que vous tous. Je ne suis qu'un vieux pêcheur de Magicarpe, je ne mérite pas autant d'être sauvé. Allez, tiens Mathieu, ma Méga Canne est à toi !
— Mais... Mais Pépé, qu'est-ce que tu fais ?
— Ben, je vous sauve. Tu vas pas en plus me critiquer !
— Non, mais euh... »
Le garçon se remit à sangloter.
« J'en ai marre, tout va mal, je veux me réveiller... »
Tous le regardèrent, attristés.
« Bon, on recommence. Attaque Abri ! »
L'aura se fit plus puissante, presque suffisante, mais Nathalie et Seko l'empêchaient encore d'être fermée, même en se baissant. Ils se regardèrent, puis Seko dit :
« Les enfants, vous seuls vous allez rester dans la bulle d'Abri.
Mathieu ne t'inquiète pas, ta mère va réussir à s'envoler avec Helledelle.
— Papa, qu'est-ce que tu fais ?
— Lana, tiens, je te donne mon Pokédex. À partir de maintenant, c'est toi qui dirige mon labo. Je t'ai déjà montré comment fonctionnaient les machines qui s'y trouvent, tu y arriveras sans problème.
— Mais... Mais ! Ne pars pas, papa ! »
Elle se précipita pour retenir son père, mais Mathieu lui attrapa le bras.
« Hé, tu vas pas nous laisser toi aussi hein. S'il te plaît Lana, reste avec nous. C'est ta dernière chance ! »
Il la pris dans ses bras.
L'aura s'épaissit encore, de telle sorte que que les trois Pokémon et les trois enfants furent enfermés à l'intérieur. Mathieu vit sa mère s'envoler à dos de Helledelle, aussi rapidement qu'une étoile filante. Seko, hors de l'Abri, restait à côté, regardant sa fille d'un air désolé.

L'œuf fut percé. La pointe du bec ayant traversé la coque de pierre, le long corps brillant du dragon bleu s'ensuivit. La dernière vision, brouillée, qu'eut Giovanni fut celle d'un petit Rayquaza de trois mètres de long, et de couleur bleue.
En réalité, celle que l'on nommera Reyginea avait une sorte de crête, à la façon de certains dinosaures, les tricératops ; et des rayures brunes parcouraient son corps turquoise.
L'énergie que Rayquaza avait perdue en mourant avait fait naître Reyginea. C'était maintenant à elle de contrôler le ciel et le climat.

Rayquaza était mort. Plus rien ne retenait son énergie. Son corps en exhala une immense et puissante onde.

À la surface, des vagues de plusieurs mètres apparurent soudain sur la mer brûlante.

Les trois enfants, prisonniers et protégés dans leur bulle, fermèrent les yeux.

« Vole, Helledelle, vole vite, comme tu l'as toujours fait ! »

Trop de chaleur et d'énergie sortait du corps du Pokémon, trop petit pour la contenir.

Explosion.

« Dracolosse, fonce ! Va le plus loin possible, sauve-nous ! »
Agrippé aux pattes du Pokémon, le professeur Chen encourageait également le Pokémon.
Le caméra man filmait encore, accroché à la queue de Dracolosse. Mais une main ne suffisait pas à le retenir, et le souffle de l'explosion le projeta vers les vagues.
Le Maître Pokémon et le professeur ne s'en aperçurent pas.
Ils sentaient la chaleur et le souffle de plus en plus forts.

Projeté par le souffle sortant de la mer, Mathieu se sentit voler. Puis tout le quitta, et le vide s'installa, le temps s'arrêta. Silence.