La goelise et le persian [...] de Delcatty

Zorbas descendit rapidement le long du tronc du maronier, traversa la cour de l'immeuble à
toute vitesse en évitant de se faire remarquer par les malosses ou les absols vagabonds,
sortit dans la rue, s'assura qu'il n'y avait pas d'automobiles, traversa et courut
jusqu'au Cuneo, un restaurant italien-shinnoh du port.

Deux persians qui reniflaient une caisse à ordure le virent passer.

- Eh mon pote, tu vois ce que je vois? Quel joli p'tit gros! miaula l'un des pokemons.

- Ouais, mon vieux. Comme il est noir, c'est pas une boule de graisse, c'est une boule de
goudron.

- Où tu vas p'tite boule de goudron? demanda l'autre.

Même préoccupé par la mouette, Zorbas n'était pas disposé à laisser les provocations de ces
deux voyous.
Alors, il s'arrêta, hérissa les poils de son dos, utilisa une Feinte, puis sauta sur le couvercle de la poubelle.
Lentement, il étira une patte de devant, sortit une griffe longue comme une allumette et
l'approcha de l'un des museaux des provocateurs.

- Elle te plaît? J'en ai neuf autres du même modèle, tu veux les essayer? miaula-t-il très calmement.

Le voyou qui avait la griffe sous le nez avala sa salive avant de répondre sans quitter la
griffe des yeux.

- Non chef. Quelle belle journée! Pas vrai?

- Et toi, qu'est-ce que tu en dis? demanda Zorbas à l'autre chat.

- Moi aussi je dis que c'est une bien belle journée, idéale pour se
promener, un peu fraîche peut-être.

Cette affaire réglée, Zorbas reprit son chemin jusqu'à la porte du restaurant.

A l'intérieur, les garçons préparaient les tables pour les clients de midi.
Le persian miaula trois fois et attendit, assis sur le seuil.
Peu après, Secrétario, un Chaglam de gouttière très maigre avec seulement deux
moustaches (au lieu de quatre), une de chaque coté du nez, s'approcha de lui.

- Nous regrettons beaucoup, mais si vous n'avez pas réservé, nous ne pouvons pas vous
acceuillir.
Nous sommes complet, miaula-t-il en guise de salut.

Il allait ajouter quelque chose encore, mais Zorbas le coupa:

- Je dois miauler avec Colonello. C'est urgent !

- Urgent! Toujours des urgences de dernière minute.
Je vais voir ce que je peux faire, mais c'est bien parce qu'il s'agit d'une urgence, miaula
Secrétario, et il rentra dans le restaurant.

Colonello était un Chaffreux d'un âge indéterminé.
Certains disaient qu'il avait le même âge que le restaurant qui l'abritait, d'autres
soutenaient qu'il était encore beaucoup plus vieux.
Mais cela n'avait pas d'importance, car Colonello avait un étrange talent pour conseiller
ceux qui avaient des problèmes, et même s'il ne résolvait jamais aucune difficulté, ses
conseils réconfortaient.
Par son âge et son talent, Colonello était une autorité chez les pokemons du port,
même pour les demolosses sauvages qui semaient la terreur partout où ils allaient.
Secrétario revint en courant.

- Suis-moi. Colonello va te recevoir, exceptionellement.

Zorbas le suivit.
Passant sous les tables et sous les chaises de la salle, ils arrivèrent à la porte de la cave.
Ils descendirent en sautant les marches d'un escalier étroit et, en bas, trouvèrent Colonello,
la queue dréssée, en train d'examiner les bouchons des bouteiolles de champagne.

- Porca miseria! Les rattatas ont rongés les bouchons du meilleur champagne de la maison.
Zorbas, caro amico, salua Colonello qui avait l'habitude de miauler des mots en italien.

- Excuse-moi de te déranger en plein travail, mais j'ai un problème grave et j'ai besoin de tes
conseils, miaula Zorbas.

- Je suis là pour ça, caro amico. Secrétario !
Sers à mi amico un peu de ces lasagnes alforno qu'on nous as données ce matin, ordonna Colonello.

- Mais vous les avez toutes mangées ! Je n'ai meme pas pu les sentir, se plaignit Secrétario.

Zorbas remercia en disant qu'il n'avait pas faim et raconta rapidement la tumultueuse arrivée
de la goelise, son état lamentable et les promesses qu'il avait été obligé de faire.
Le vieux pokémon écouta en silence, puis il réfléchit en caressant ses moustaches et finalement
miaula avec énergie.

- Porca miseria ! Il faut se débrouiller pour que cette pauvre goelise puisse reprendre
son vol.

- Oui, mais comment? demanda Zorbas.

- Le mieux, c'est de consulter Jesaitout, indiqua Secrétario.

- C'est exactement ce que j'allais sugérer.
Pourquoi faut-il toujours qu'il m'enlève les miaulements de ma bouche, celui-là? protesta
Colonello.

- Oui? C'est une bonne idée. Je vais allez voir Jesaitout, approuva Zorbas.

- On va y aller ensemble. Les problèmes d'un pokémon chat du port sont les problèmes de tous
les pokémons chats du port, déclara solennellement Colonello.

Les trois pokémons sortirent de la cave et coururent à travers le labyrinthe des cours des
maisons alignées en face du port jusqu'au temple de Jesaitout.