Aux portes du Crépuscule de Darkey

Lunreck esquiva de justesse les vagues d'ondes envoyés par les étranges silhouettes. L'Absol sentait une peur terrible l'envahir. Iris était en danger, pas de doûte. Les Damnés étaient de sortie, tout l'équilibre du monde allait être perturbé...
Une nouvelle fois, les spectres fondirent sur lui. L'Absol sentit les griffes atroces des monstres lui déchirer les flancs. Son sang se mit à goutter.
Lunreck avait toujours pensé que le jour où il mourrait, il le sentirait.
Et aujourd'hui, ce n'était pas le jour. Il le savait.
Il se mit à galoper et parvint à leur échapper. Il savait que s'il se mettait en pleine lumière du jour, il y'avait des chances pour que les Damnés abandonnassent la poursuite. Il frémit d'horreur en regardant ses pattes. Elles étaient couvertes de sang. Il se lècha et le goût acre lui fit horreur. Il se remit à courir...


Ils roulaient depuis plusieurs heures quand Adriano sentit de nouveau une certaine peur l'envahir. Il se demandait toujours ce que pouvaient être les ombres... Jamais il n'avait vu un phénomène pareil. Iris était également tendue. D'ailleurs, ils en discutaient:
- Vous croyez vraiment à ce que dit Lunel? demanda Iris. Vous croyez qu'il y'a de la magie derrière?
Adriano se contenta d'hausser les épaules:
- Vous savez Iris, dans le monde, il y'a tellement de choses étranges... De la magie, je ne sais pas si on doit appeler cela ainsi, mais des choses étranges et que nous ne pouvons pas forcément comprendre, nous autres pauvres mortels...
Iris appouva:
- Vous avez une façon de voir les choses beaucoup plus ouvertes que j'aurais pensé... Camélia est très bornée de ce côté-là. Pour elle, dés que ce n'est pas scientifique, ca ne vaut rien!
Adriano éclata de rire:
- Oh, la, la!!! Alors, il y'a bien des choses qui doivent lui paraitre sans valeur!
- C'est vrai... A part mes pouvoirs, bien sûr, mais ca, c'est autre chose...
Adriano eut l'air soudain grave:
- Je crois que beaucoup de gens s'effocent d'ignorer les choses qu'ils ne comprennent pas parce qu'ils en ont peur. Moi, je n'ai pas peur de l'inconnu, c'est peut-être pour cela que je l'accepte. Vous, vous baignez en plein dedans, depuis votre plus jeune âge, mais peut-être que
Camélia a toujours eu des vues plus rationnelles...
- Je pense aussi. Puis soudain, elle se décide à poser une question qui lui brûle les lèvres:
- Vous pensez que je suis... un monstre?
Adriano la regarda d'un air malicieux, ce qui d'habitude, n'était jamais bon signe chez lui:
- Hum... Les monstres ne sont -ils pas sensés être laids et terrifiants?
Iris fut stupéfaite par la réponse, et se demanda dans quel sens l'interpréter. Ils se regardèrent puis éclatèrent de rire. Mais stoppèrent vite, mal à l'aise. Elle se rendait compte qu'elle commencait à trouver Adriano sympatique. Adriano lui-même était un peu perturbé. Il devait éviter de se rapprocher d'elle ainsi. Elle était dangereuse, Lunel l'avait répété plusieurs fois.
"Lui, par contre, la considére vraiment comme un monstre," songea-il dégoûté.
Il dit soudain:
- J'ai un creux! Vous accepteriez un déjeuner offert par votre pire ennemi?
Iris a un sourire:
- Hum... De votre part, peut-être bien!
Ils allèrent donc dans le restaurant d'un petit village qui se révéla bonne adresse. Tout en picorant ses nouilles aux légumes, Iris dit:
- Ce qui m'inquiète, c'est de ne plus voir Lunreck. Je me demande ce qu'il est devenu depuis la dernière escarmouche... Je sais qu'il s'en est sorti, mais il a disparu...
- Il a peut-être trouvé une piste ou alors, il a fini par se faire avoir, répond son compagnon. Désolé si c'est le cas...
Ils ne dirent plus rien jusqu'à la fin du repas puis sortirent.
- J'aurais tant voulu que tout soit différent...
- De quoi? demanda Adriano.
- J'aurais voulu ne pas avoir hérité de... ces trucs... Chaque fois qu'ils s'activent, j'ai l'impression que je vais devenir folle...
Elle semblait sur le point de craquer, mais devant Adriano, elle ne le voulait pas. Le jeune homme ne l'avait jamais vue aussi vulnérable. Il se rapprocha d'elle et posa doucement une main sur son épaule:
- Iris...
Elle le regarda dans les yeux, sentit son coeur battre à tout rompre. Mais à cet instant...
Lunreck arriva, courrant vers eux, la fourrure déchirée, maculée de sang. Il paraissait terrifié. Iris se précipita vers lui et le serra contre elle:
"Lunreck? Qu'est-ce qu'il y'a?"
"Iris, il faut t'enfuir, Blackice aussi... Ils sont revenus!!!"
"Qui???"
"VITE!!!"
A cet instant, Adriano les vit, volant vers eux:
- Iris!!! Vers la voiture, vite!!!
Ils fuyèrent, Lunreck eut droit à une place sur la banquette arrière. Adriano écrasa le champignon. L'une des Ombres raya tout de même la portière arrière gauche de la Mercédés qui en avait déjà vu des vertes et des pas mûres.
- Oh, merde, ma bagnole a encore pris un coup... Lunel, mon pote, je te déteste!!!
Il fulminait. Iris aurait ri si la situation n'était pas si grave. Elle dit:
- J'espère tout au moins que les vitesses ne sont pas endommagées!!!
- En tout cas, si on s'en sort, je la ramène chez le concessionnaire et je file la facture au connard de service!
- Adriano! s'exclama Iris, choquée.
- Vous voyez, vous n'êtes pas la seule à donner des surnoms...
Iris le regarda mi-impressionnée, mi-choquée, puis pouffa de rire:
- Promis, je ne lui répéterai pas...
Mais la rigolade fut de courte durée. A peine les ombres enfin semées, une meute d'Absol de Sang surgit. Les deux sortirent donc du véhicule et appellèrent leurs pokémon à l'attaque.
- Givrali, go!!!
- A toi, Noctali!!!
Le Noctali d'Iris exécuta une superbe attaque Ball'Ombre qui en renversa trois sur le dos. Lunreck en égorgea deux autres. Le sang ruissella en vaguelettes sur le sol. Givrali exécuta une Onde Boréale. Adriano regarda au loin et blêmit:
- Ils sont à nouveau là!!!!
Cette fois, ils n'eurent pas le temps de s'enfuir. Givrali envoya un blizzard, mais cela ne les arrêta guère. Adriano sentit son coeur cogner. Que se passerait-il si...
L'attaque fut si fulgurante, si rapide que l'agent n'eut même pas le temps de comprendre ce qui venait de se passer. Il vit juste l'une des ombres s'abattre sur Iris. Celle-ci ressentit alors une douleur fulgurante à la poitrine et son sang macula la terre. Elle tomba au sol...
- IRIS!!!
Adriano voulut se précipiter à son secours, mais les affreuses créatures lui barraient le passage. Il ne pouvait qu'asssister impuissant à la scène. Mais quelque chose en lui sembla se révolter...
Une énergie pure, gigantesque, lui coula d'un coup dans les veines... Il leva le poing, et brusquement, un éclair noir jaillit et frappa les ombres...
Celles-ci émirent des cris effrayants avant de disparaître. Sans se préoccuper du phénomène bizarre qui venait d'arriver, il se précipita vers le corps d'Iris. Celle-ci respirait encore, le souffle court. Mais tout son corps était maculé de sang, elle était grièvement blessée. D'atroces griffures se voyaient sur le tee-shirt à présent déchiré. Poussé par un instinct inconnu, Adriano s'agenouilla et placa sa main sur les griffures. et brusquement...
Un flot de lumière jaillit de lui et d'un coup, toutes les coupures se refermèrent. Iris reprit connaissance... Et Adriano réalisa ce que ca signifiait.
- NOM DE...
Tremblant de colère et d'incertitude, il regarda ses paumes de mains avec effarement. Qu'avait-il fait? Pourquoi??? Iris était elle aussi stupéfaite devant ce qui venait de se passer. Elle aurait aimé dire quelque chose, mais les mots ne venaient pas. Et Adriano s'était détourné d'elle, furieux. Elle se rapprocha de lui:
- Ecoutez...
- Ne m'approchez pas!!!
Il tremblait et s'écarta vivement. Son visage avait une expression écoeurée.
- Vous... vous avez fait de moi... Un monstre!!!
Cette remarque atteignit Iris comme une banderille. Pour un peu, elle l'aurait giflé. Mais c'était pire que tout. Elle lui avait déjà difficilement pardonné leur dispute au bureau, mais là, il venait clairement d'exprimer sa pensée. Elle le regarda avec tout le mépris dont elle était capable, mais ne put s'empêcher d'avoir les larmes aux yeux. Adriano comprit qu'il avait été trop loin. Il la regarda s'éloigner, et sentit un goût amer emplir sa bouche. Mais comment expliquer autrement ce phénomène? Pas de doûte, elle l'avait contaminé. D'un autre côté, il ne fallait sans doûte pas lui en vouloir... Mais il était dégoûté. Dégoûté d'elle... et de lui-même.

Iris courut, en larmes au loin. Elle ne voulait plus avoir de contact avec Adriano pour au moins un temps... Lunreck la suivit dans son isolement,
tâchant de la consoler. Elle rejoignit un tas de rochers et s'effondra, en pleurs. Lunreck s'approcha d'elle et enfouit sa tête sous sa poitrine.
"Ne céde pas au désespoir..."
"Pourquoi faut-il que ma lutte contre les Absol de Van Mortis fasse de moi... Un monstre?"
"Ne dis pas cela, et surtout, ne laisse pas Blackice te blesser avec ses paroles."
"J'en ai rien à foutre de lui!"
"Menteuse!" Lunreck avait l'air malicieux.
"J'en ai rien à foutre! Strictement rien à foutre!"
Elle se leva d'un bond:
- Tu viens?
"Que veux-tu, Iris?"
"Finir le boulot. Savoir ce que Van Mortis a trafiqué."
"Sans l'aide de Blackice..."
Iris hôcha la tête et se mit en route d'un pas rapide. Lunreck la suivit de sa démarche de félin. Une porte, à peine entrouverte, venait de se refermer.