Chapitre 59: Dyptique final: Retour éternel
Antoine courut au chevet de sa petite amie. Mais elle était désormais très mal en point. Je le rejoignis au plus vite, accompagné par Pierrick et Cynthia.
"Aurore, Aurore, regarde-moi, fit le jeune homme, les larmes au bord des yeux. Tu vas t´en sortir."
Trop mal en point... Beaucoup trop. Les blessures sur le corps d´Aurore disaient le contraire. Sa poitrine avait été broyée et son bras droit faisait un angle bizarre avec son torse. Elle crachait du sang et ses yeux ne réagissaient plus.
"Oh, la fifille est mal en point ? fit derrière nous la voix de Jupiter.
-Toi, la sorcière, ta gueule, répliqua Antoine avec une grande colère dans la voix.
-Tut tut, pas de mots aussi vulgaires, je crois que nous en sommes à un partout après tout, Saturne de notre côté et Aurore du tien.
-Jupiter, comme te l´a si gentiment dit Antoine, FERME TA SALE GUEULE DE VIPERE ET CREVE !"
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L´injonction de Lilian ne sembla pas troubler la commandante le moins du monde.
"Sinon quoi ? J´ai tout perdu que je sache.
-Il n´y a pas de sinon, continua le maître. C´était juste un avant-gout de ce qui va t´arriver.
-Et tu comptes me mettre hors course comment ? Si tu te sers d´un des pokémons légendaires, il sera obligé de débloquer mes pouvoirs et là je te cueillerai au vol. Alors je crois que je suis intouchable.
-Tu as toujours été nulle en calcul ou c´est juste que t´as décidé de terminer ta vie en disant des conneries ?"
Jupiter afficha un rictus d´horreur. elle venait de se rendre compte qu´elle avait oublié un détail crucial. Il n´y avait pas deux légendaires à notre cause, mais trois.
"Regigigas, attaque Surpuissance !"
Du fin fond de la salle, un jet d´énergie flamboyant traversa la grotte de long en large, et alla se ficher exactement au niveau du nombril de Jupiter. Elle ne semblait pas se rendre compte de ce qui s´était passé. L´air hébété, elle regarda son ventre, médusée... Du sang coulait maintenant de sa bouche.
"J´ai rien senti !"
Tout de suite après, son torse se sépara de ses jambes en une coupure nette et alla s´écrouler à côté.
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Mars s´était recroquevillée au fond de la grotte dans un cri de stupeur. Ses pouvoirs bloqués, Saturne mort puis maintenant Jupiter, et ses pokémons au tapis l´avaient rendu aussi faible qu´une enfant de cinq ans. Elle était désormais innofensive.
"Professeur, arrêtez le temps, et vite !"
Instinctivement, j´accédai à sa requête en une demi-seconde montre en main. D´ailleurs, en parlant de montre, je consultais la mienne. Plus que...
"5 SECONDES ?
-Et oui, professeur, cinq secondes, mais rassurez-vous, je sais comment faire. Tout d´abord, en figeant le temps, nous permettons à Aurore de rester dans un état à peu près viable. Ensuite, je compte sur vous...
-Pour faire quoi ?
-Pour sauver Aurore, évidemment.
-Mais comment ? C´était elle qui réparait les chairs...
-Oui, mais à cinq secondes de la fin du monde, j´ose espérer que vous êtes suffisament entraîné pour empécher ça de se produire. Si j´ai mis fin à la vie de cette garce de Jupiter, ce n´était pas seulement par désir de vengeance. C´est que, une fois elle morte, vous serez libre d´utiliser votre pouvoir.
-Tu veux dire...
-Oui, professeur, je veux dire remonter le temps."
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Même si nous avions théoriquement autant de temps que nécessaire à notre disposition, il était vital de réagir vite, et surtout de réagir comme il faut.
"Bon, nous ne serons que tous les deux sur ce coup là, je m´occupe du vortex et vous d´Aurore, c´est bon ?
-Ca me va, mais dis-moi, que comptes-tu faire ?
-Trouver cet... du calme Lilian ou sinon, tu vas le tuer sur place... Trouver Hélio et lui faire dire comment détruire le vortex.
-Tu crois que c´est possible ?
-Je n´en sais rien, mais toujours est-il que si quelqu´un doit savoir quelque chose, c´est lui. Ah, un dernier détail, faites attention de ne pas vous faire voir par votre double. Tant que l´instant présent ne sera pas passé, c´est a dire.... c´est à dire 23 h 59 minutes et 55 secondes, il ne doit absolument pas vous voir. Celà créerait un paradoxe temporel qu´il serait impossible de résorber.
-En parlant de paradoxe, tu n´as pas peur que modifier le passé ait des conséquences sur le futur ?
-Ca en aura, je le crains, mais je vous expliquerai ça plus tard. Pour le moment, dépéchez-vous de nous renvoyer dans le passé, j´aurais besoin d´un petit quart d´heure, le temps de retrouver Hélio."
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Il était donc temps pour moi de gravir une nouvelle étape dans mon initiation au pouvoir des légendes. Pour me détendre, je faisais la conversation avec Lilian. Comme la dernière fois, je mis ma montre à terre pour pouvoir avoir une idée du temps que nous avions parcouru.
"Tu comptes faire quoi d´Hélio ?
-Professeur, vous avez vu comme moi la couleur de son aura, vous savez qu´il est pourri, ce type.
-Son aura... Tu veux dire, la trainée de lumière qu´on laisse quand tu nous téléportes ?"
Je repensais effectivement à la couleur noire de cette aura que nous avions vu, juste avant de forcer le coffre de la Team Galaxie. Il semblait être écrit que Hélio allait nous trahir et nous n´avions pas su le lire à temps.
"Bon, on y va, fis-je comme pour me redonner du courage."
Me relevant, je me mis en position pour remonter le temps. Après l´avoir accéléré, le faire revenir en arrière ne semblait pas plus dur. Après tout, pour moi, cela ne représentait qu´un quart de tour de cadran en arrière. La représentation de la montre allait m´aider une fois de plus.
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En quelques secondes, je parvins à faire ce que n´importe quel autre être humain n´aurait pas pu arriver à accomplir après une vie de travail. La montre recula de 15 minutes et j´arrêtais le temps sur vingt-trois heures quarante-quatre minutes et cinquante-cinq secondes précise.
"C´est bon, je crois qu´on est arrivé, fit Lilian avec un air bizarre.
-Tu te sens bien Lilian ?
-Oui, oui, c´est juste que pendant que vous aviez le regard fixé sur votre montre, j´ai pu voir tout ce qui s´était passé revenir en arrière. Un peu comme une cassette vidéo quand on appuie sur le bouton retour. Et croyez-moi, ca fait bizarre quand c´est la vraie vie qui bouge comme ça.
-C´est vrai que la permière fois que j´ai avancé le temps, la grotte n´a pa du bouger beaucoup, vu qu´il n´y avait personne dedans. Désolé pour les sensations.
-Ne vous inquiétez pas pour moi. Bon, une fois que vous aurez retrouvé Aurore, et que vous l´aurez prévenue, lancez-moi ça."
De son sac, il ressortit le pistolet à fusées de détresse.
"Il est chargé, ne vous inquiétez pas. Quand vous appuierez sur la détente, ce sera le signal pour vous téléporter près de moi.
-Compris, je préviens Aurore, je lance la fusée et tu t´occupes de tout après.
-Exact. Autre chose ?
-Oui, bonne chance.
-... Bonne chance à vous aussi."
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Presque inconsciement, je brisais le lien qui empéchait au temps de filer à nouveau. Mon don devenait de plus en plus naturel. Lilian parit d´un côté moi de l´autre.
Arrivait maintenant la phase critique, arriver à prévenir Aurore sans la déconcentrer de ce qui se passait sur le champ de bataille (car à ce moment précis, il n´y avait pas encore eu cette victoire de nos forces). Je m´aperçus, non sans surprise que les combats des sbires s´étaient arrêtés. Ils savaient que quelque soit le gagnant, la faction des perdants aurait à se rendre dans les plus brefs délais. Le combat était donc inutile (merci mon dieu, enfin des gens qui ont compris ça).
Comment prévenir Aurore ?Je savais qu´il était possible de lui parler en pensée, mais pour celà, (caches-toi Sorbier, ou ton double du passé va te voir !) il fallait attendre la fin du combat. Ce qui me laissait grosso modo entre deux et trois minutes pour lui expliquer avant que la Tyranocif lance son attaque mortelle. Autant dire pas assez. A moins que... Si j´arrivais à lui parler juste après qu´elle ait lancé le combo de la dernière chance, j´aurais peut-être un peu plus de temps.
Comme si un mauvais esprit avait écouté mes pensées (j´y croyais de plus en plus à ce mauvais farceur qui nous poursuivait), j´entendis une musique qui m´était étrangement familière.
"On pense à la même chose, les garçons ?
-Je crois que oui, puce.
-J´en suis même sûr, comme on est galants, on te laisse annoncer la suite.
-Dans ce cas, Torterra...
-...Simiabraz...
-...Pingoléon..."
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La suite allait se jouer très vite. Tout le monde était hypnotisé par la beauté et la violence de l´attaque. Il fallait agir. Silencieusement (bien que, vu le tonnerre de sons produit par le combo, cette précaution fut inutile), je me glissais derrière Aurore et je la pris par surprise, tout en lui baillonnant la bouche de ma main.
"Mffff... MMMM, hein ? professeur ?"
Bien que je n´entendes rien à cause du bruit de l´attaque, je réussis sans problème à lire ces mots sur les lèvres de ma jeune amie. Je l´attirais derrière un rocher.
"Qu´est ce que... Mais je croyais... Mais vous étiez à côté de moi ?
-Oui, c´est un peu compliqué figures-toi. Je ne suis pas le Sorbier que tu connais, je viens de quelques minutes dans le futur.
-Comment ? Vous voulez dire que...
-On a pas le temps pour les explications, là, je te dirais tout quand on en aura fini avec ce fichu vortex. L´essentiel, c´est que tu me croies.
-Après tout ce que je vous ai vu faire, professeur, je veux bien croire que vous veniez d'où vous voulez..."
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"A vrai dire, vous pourriez même venir d´une autre planète que la nôtre, ca ne me changerait rien.
-On a pas le temps pour ces blagues... Si on ne fais rien, tu...
-Je ?
-Tu vas mourir dans... 10 minutes et 23 secondes, mais ton destin sera joué d´ici environ cinq minutes"
Un silence succéda à ma phrase. L´attaque semblait s´être terminée.
"Quoi ? Je vous écoute.
-Bon, celui dont tu dois te méfier, c´est le Tyranocif. Tu m´entends, le Tyranocif.
-Euh oui,... Mais il n´y a aucun Tyranocif dans le coin...
-Pour le moment... Pour le moment, il n´y en a aucun, mais si tu te rappelles ta classification pokémon, tu le verras venir. Toujours est-il que...
-Oui, que dois-je faire ?"
Déjà des voix de l´autre côté du rocher appelaient Aurore.
"Arrête de m´interrompre par pitié, j´ai peu de temps. Une fois que tu sauras d´où vient le danger, trouve un moyen de protéger tout le monde par un pokémon ou une attaque, ou n´importe quoi. Maintenant, va... Et débrouilles-toi pour qu´aucun membre de notre groupe ne vienne me trouver ici."
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Aurore sortit de derrière le rocher.
"Tu faisais quoi ? entendis-je dire par Lilian.
-Euh,... (assure Aurore, assure ou tu vas nous plonger dans un paradoxe temporel pire que la pire des morts) J´avais cru voir une ombre, j´ai pensé à quelqu´un qui tentait de nous prendre par derrière.
-Et alors ?
-Rien, fausse alerte, ils sont tous muets comme des tombes à l´autre bout de la grotte."
Je respirais enfin un grand coup. Maintenant, tout allait se jouer ici. Tout se répéta comme une cassette vidéo que l´on visionne. Même caché derrière mon rocher, je situais les évènements aux bruits qu´ils produisaient. Antoine qui demande aux chefs de se rendre. Ymphect qui sort de sa ball, qui évolue. Et la phrase critique...
"Maintenant, mon beau, attaque Ultralaser, comme tu sais si bien les faire !"
Et, chose bizarre, je m´entendis tenter de dire "Attention !" mais je fus coupé par l´attaque.
L´Ultralaser produisit un rayon lumineux dont je pus voir les reflets sur un mur rocheux à ma droite. Maintenant, tout allait se jouer.
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"Aurore, ça va ? fit la voix d´Antoine."
... Répond Aurore, réponds ! Dis lui que tout va bien... Dis lui bon sang. Dis-moi que je n´ai pas fait ça pour rien...
"C´est bon, juste un peu de poussière sur les vètements.
-Comment as-tu su que ca devait se produire ? m´entendis-je dire. Même moi je n´ai pas eu le temps de te prévenir.
-J´ai réfléchi. Son attaque ne pouvait conduire qu´à une chose, il voulait faire des dégâts parmi nous. Et des dégâts humains. du coup, j´ai envoyé Blizzaroi juste devant moi et c´est lui qui a absorbé tout le choc.
-Tu es très rapide pour réagir, ma fifille, fit la voix un peu troublée de Jupiter.
-Mon petit doigt me dit des choses très utiles de temps en temps, fit mon ancienne assistante d´un ton fort, comme si elle voulait que quelqu´un d´autre que le petit groupe qui s´était battu, devait entendre ce qu´elle disait.
-Les mauvaises herbes sont les plus coriaces à ce que je vois, fit la commandate dépitée…
-Toi, la sorcière, ta gueule!"
Je me pris à sourire. Il y´avait des choses qui ne changeraient pas dans cette réalité et c´était tant mieux.