Rêves de loup... de Yamiyo

En effet, Tsuki commençait à comprendre. Commençait, seulement, car il restait encore beaucoup de choses qu'elles ne comprenaient pas. Son Maître lui avait expliqué la plupart, mais elle ignorait encore beaucoup et ne voyait pas quels liens il fallait établir entre ses connaissances.

Elle se leva. Il fallait qu'elle parle à son Maître. Mais elle fut stoppée par un hurlement.

...

Ookami avait peur. La réaction de Tsuki à la vue de cette marque au sang tracée sur son dos voulait sans doute dire qu'il y avait quelque chose là-dessous. Une histoire. Pourquoi Tsuki avait-elle fui ? Après tout, il ignorait tout de son passé. Avait-elle déjà eu affaire à cette marque par le passé ? Mais surtout...

Quelle était cette marque ? Et que voulait-elle dire ?

Soudain, la terre se mit à trembler fort, très fort, mais s'arrêta assez rapidement. L'Absol frissonna. Cela aussi ne présageait rien de bon.

...

Groudon hurlait, déversant ainsi dans la grotte toute sa rage, sa haine et sa douleur. Le dinosaure avait l'impression qu'un immense combat se déroulait à l'intérieur même de lui. Il avait mal au cœur. Comme si... quelqu'un prenait possession de lui. De son corps, de son âme, de son esprit. Mais Groudon luttait de toutes ses forces contre cette entité inconnue. Et cela durait...

Soudain, le Légendaire s'immobilisa, la tête penchée, les bras ballants. Il releva lentement son lourd crâne, le regard vaporeux, comme s'il venait de se réveiller d'un long sommeil de plomb. Il examina la paroi de la caverne sans vraiment la voir, ne distinguant que des formes floues. Puis, d'un coup, il se mit à secouer la tête, comme pour se débarrasser de sa fatigue. Il la leva, les yeux brillants d'une nouvelle lueur malveillante.

Sur le mur de la grotte, il traça alors un rond. Puis quatre petits traits autour.

Ce n'était pas la première fois que ce signe avait été gravé à Atanalopolis.

...

L'ombre semblait concentrée, les yeux clos, le visage renfrogné.

« ... Je vois... Il a agi de cette façon, alors, faisons de même. »

Gardant sa concentration, l'ombre tendit un bras vers un des fantômes qui flottaient au-dessus de leurs tombes respectives.

« Toi... Occupe-toi... De Kyogre. »

Le fantôme du père d'Ookami hocha solennellement la tête avant que sa silhouette ne s'efface du décor, parti obéir à son Maître. L'ombre eut un sourire crispé.

« Tu pensais nous avoir... comme ça... Yuurei ? »

...

Ookami eut soudainement comme un choc, comme si on lui avait brisé le cœur en mille morceaux. Il avait l'impression que tout son univers s'effondrait, ainsi que le monde entier. La première personne à qui il pensa fut Tsuki. Que se passait-il ? Il savait quelque part au fond de lui qu'elle avait une explication à lui donner. Il voulait courir auprès d'elle, où qu'elle puisse se trouver, bien qu'il ne sache pas où chercher. Mais il n'en eut pas le temps.

De visions s'étaient misse à l'assaillir brutalement. Des visions d'horreur. Du sang, la destruction, des visages apeurés et criant à l'aide au milieu de rochers qui s'effondraient. Et au milieu de ses cris, une voix. Glaciale, tranchante comme l'acier. Et une silhouette pâle comme un revenant. Cette voix parlait, l'Absol l'entendait, mais il ne la comprenait pas. Il ne comprenait plus qu'un seul mot, et la voix le prononça.

« ... fin... »

Ookami s'effondra sur le sol, les yeux plissés, tenant sa tête avec ses pattes avant, et appuyait de toutes ses forces, comme pour la compresser afin de faire sortir toutes ces visions effrayantes. Il se mit à hurler de tout son souffle. Hurler à l'aide, comme ces cris qui résonnaient sans cesse dans sa tête. La vois glaciale ne prononçait plus qu'un seul et même mot, ou du moins c'est ce que le loup comprenait.

« ... fin ... fin... fin... »

Le pauvre Absol croyait devenir fou, mais c'est alors que toute redevint calme. Un chant doux et apaisant avait remplacé la voix glaciale, et des rires joyeux avaient succédé aux cris. Ookami reconnut la voix de son amie Noctali qui chantait, stoppant ainsi son cauchemar. Le sang, les espaces détruits et la silhouette avaient disparu. Tout était blanc et pur, scintillant presque.

Ookami ouvrit les yeux, et vit la renarde à côté de lui qui continuait de chanter de sa douce voix, le visage apaisant. Il la contempla longuement, et restait presque en extase à l'écoute de ces sons purs, ces notes qui semblaient pouvoir éloigner tout cauchemar. Il n'avait jamais entendu de tel chant. Pouvait-il ne jamais se terminer...

Au bout d'un certain temps, Tsuki stoppa finalement. Selon elle, le danger était écarté... pour l'instant.

« Tsuki...
- Je sais, Ookami. Je sais tout. Maintenant, il faut aller rapidement à la ville où tu es né. Il s'y passe des choses alarmantes.
- Mais... comment ? Comment le sais-tu ?
- J'ai écouté les cris de tes visions. J'ai compris ce qui se passait. Maintenant, il faut y aller. Et vite. »

Ne cherchant pas plus d'explications, le loup suivit la Noctali qui le pressait. Il ignorait encore ce qui se passait à Atanalopolis...