Ma mauvaise humeur...
Je me réveillai en grognant...
« Je vais les tuer, les écrabouiller, les écarteler, les faire souffrir... terriblement ! Haaaaaa ! »
Je me levai avec lenteur... Mes yeux, alors révulsés et la moue diabolique qui s'étalait sur mon visage, auraient effrayé n'importe qui... Sauf UNE latte de parquet rebelle, la seule, l'unique, toujours la même... La planche vicieuse ne dérogea pas à la règle et avec un plaisir tout particulier me fit trébucher, rompant ainsi mon élan vengeur. Je jurai. Je ne faisais que ça en ce moment. Ma fenêtre était déjà toute grande ouverte et mon ventre gargouillait comme à chaque fois que j'étais en colère. Je pris une grande inspiration et hurlai :
« C'est bientôt fini ce boucan ?! Oiseaux de malheur ! Volatiles stupides ! Ovipares dé-cé-ré-brés !!! »
Les quelques Roucool, Piafabec et Etourmi, plus qu'étonnés, me considérèrent un moment. Apparemment on ne peut plus choqués par tant de haine et pire... de vulgarité dès les premières heures du jour, ils se turent. Se regroupant en silence, ils grattèrent la terre à la recherche de vers ou autres bestioles tout aussi ragoutantes, leurs petits yeux vicieux roulant dans leurs orbites... Très fière de moi, je retournai dans mon lit, m'emmitouflant confortablement dans les draps de coton, afin de rattraper les quelques heures de sommeil qui me manquaient... J´allais fermer les yeux et m'envoler au pays des rêves... lorsqu'une une multitude de cris retentit à nouveau sous ma fenêtre.
Je ne les supportais pas. Pourquoi fallait-il que de telles choses existent ? Je soufflai. Dès que possible je quitterai cet endroit maudit. J'avais compris, encore une journée où faire une grasse matinée serait impossible. Saletés de pokémon, je vous hais TOUS.
Je m´habillai rapidement, rassemblai en natte mes longs cheveux roux, et descendis dans la cuisine. Ma mère y était sans doute. En effet, Cyrielle préparait le petit déjeuner. Son travail à la pension l´obligeait à dormir peu mais malgré cela, elle était toujours d´une beauté resplendissante.
« Bonjour ma chérie ! Lança t-elle en m´apercevant.
- B´jour...
- J'ai testé une nouvelle recette de gâteaux. Ils sont sur... Ah ! Ne touche pas ceux la, ils sont pour les pokémon ! » Dit-elle avec un large sourire.
Je retirai vivement ma main du plat à Poffins et fit la moue. Ils avaient même le droit à des biscuits... Quelle abération !
« Tu veux gouter à ceux qui sortent du four ?
- Non ! Merci... Ça ira.
- C´est dommage... Tu pourrais faire un effort pour être aimable, non ? Tu te souviens que tu dois m´aider aujourd'hui. On a beaucoup de travail avec l´arrivée du nouveau pokémon.
- J´ai horreur de m´occuper des ces bestioles ! Je préfèrerais cent fois travailler avec papa un mois entier dans la boue, la terre, sans voir la lumière du jour que d'avoir un contact d'une seconde avec... »
Le visage de ma mère s´assombrit imperceptiblement... Pour la première fois, je prêtai attention à cette petite ombre fugace qui barra son visage durant quelques infimes instants... Elle se détourna de moi et reprit ses activités, sans doute pour dissimuler sa tristesse : la Pension était toute sa vie. Je me mordis la lèvre. Mes parents s'étaient toujours tués à me faire comprendre que les Pokémon pouvaient être des vrais alliés, des amis, des confidents. Ce que je voyais, moi, c'est que des gens les utilisaient pour combattre, que les pokémon pouvaient tuer. Des machines de combat, et des outils... Voilà tout...
« Je reviens dans une heure, je vais me balader. »
Je me levai et entrepris d'enfiler mes chaussures. Un geste de la main de Cyrielle associé à un « Attends ! » ferme me fit lever la tête. Par politesse, je redressai mon buste et fis comme elle l'avait dit... J'attendis.
« Je crois que tu ne m'as pas comprise... C'est important que tu m'aides. C'était « convenu » comme ça rappelle t'en. »
En effet, quelques semaines auparavant, je lui avais promis de lui rendre un service si toutefois elle en avait besoin, à l'occasion de son anniversaire. En dépit de l'amour que je pouvais lui porter, je ne lui avais jamais rendu la pareille. Elle savait donc qu'elle pouvait compter sur mon soutien si c'était nécessaire. J'allais devoir honorer ma promesse.
« Je n'avais pas spécialement parlé de CE genre de service...
- J'ai le droit de choisir, n'est-ce pas ma chérie ? »
Elle se mit à chanter ce qui empêcha toute forme de contestation. Ma mère chantait toujours lorsqu'elle était heureuse. Bon, après tout, ce ne serait peut-être pas si terrible que ça.... Quoique... Il allait falloir les approcher, les toucher peut-être bien. Je n´en avais pas du tout envie... Un frisson assassin parcourut mon dos. Je me servis une tasse de café avant de sortir prendre l´air, à défaut de thé.