Ame de Pokémon de Yamiyo

« Laboratoire du Nord, 11 novembre 1954.

Aujourd'hui, à peu près quatre ans après l'Expérience, environ douze ans après le début de nos recherches, nous avons enfin eu la preuve que tout cela n'a pas servi à rien. Les prototypes ont enfin montré qu'ils n'étaient pas complètement humains. Leurs gènes de Pokémon que nous leur avions implantées ont refait surface devant nos yeux.

C'était ce matin. Nous faisions une petite pause dans la pièce voisine de celle où les prototypes se trouvaient, et soudain nous avons entendu des grognements furieux. Evidemment, nous nous sommes précipités à leur source, et nous avons découvert le prototype 18 en train d'effectuer une transformation. Nous n'avons alors pas osé intervenir immédiatement et nous sommes contentés d'observer.

Ses oreilles s'étaient déjà allongées et étaient devenues jaunes et pointues. Sa peau devenait petit à petit jaune, elle aussi, et formait des pointes à certains endroits, comme le bas du visage. Une sorte de collerette blanche apparut au niveau de son cou. Pour une raison que nous ignorions, il semblait dans une grande fureur et grognait sans cesse en direction des autres prototypes. Parmi ces derniers, certains avaient l'air complètement indifférents à ce spectacle, et d'autres montraient de la crainte. Quant à nous, nous étions dans un état entre la surprise, l'excitation et la joie. Seul Harshness réalisa qu'il fallait faire quelque chose et s'approcha près de la cage du prototype furieux. Il s'agenouilla près de lui. Tout d'abord, celui-ci l'ignora, puis sembla se calmer. Sa morphologie redevint peu à peu humaine, et il s'effondra, sans doute d'épuisement, sur le sol dur de la cage. Le seul son qu'on entendait alors était sa respiration saccagée.

Mais cela avait énervé les autres cobayes, et certains d'entre eux subirent à leur tour des transformations, mais partielles, pas aussi importantes.

A présent, c'est sûr, ce sont bel et bien des chimères, fusions entre humain et Pokémon.

Nous avons bel et bien réussi. »


« Laboratoire du Nord, 20 novembre 1957.

Cela fait à présent un peu plus de trois ans que les chimères se sont transformées pour la première fois. Depuis j'ai tiré quelques conclusions.

Tout d'abord, j'ai remarqué qu'elles se transforment lorsqu'elles éprouvent certaines émotions très fortes. Celles-ci varient selon les prototypes, mais ceux qui reviennent le plus souvent sont la colère et la peur. Peut-être aussi que ce sont les seules émotions qu'elles sont capables d'éprouver dans l'état où elles se trouvent.

Ensuite, j'ai compris que le niveau de transformation du sujet dépendait surtout du niveau qu'avait atteint son émotion. Si celle-ci était plutôt faible, la chimère ne subit que des transformations mineures : ses oreilles poussent, et des zones plus ou moins grandes se recouvrent de poils. Au contraire, si le sentiment est fort, la transformation est beaucoup plus importantes : il ne reste alors d'humain dans le sujet que la silhouette. Je pense que la transformation peut être complète, mais cela ne s'est encore jamais produit.

J'ai également remarqué que les émotions causant la transformation correspondaient au caractère du Pokémon fusionné avec le sujet. Cela varie donc selon les chimères.

En conclusion, d'après mes recherches, voici ce qui se passe lors d'une transformation :
En tout premier lieu, le sujet éprouve une émotion plus ou moins forte. Cela affecte ses gènes de Pokémon qui prennent alors le dessus et font subir une transformation plus ou moins complète selon le degré sentimental. Le sujet ne reprend sa forme humaine seulement lorsqu'il se calme, lorsque qu'il n'éprouve plus rien. »

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« C'est dommage que cela s'arrête déjà, tout de même... soupira Harshness. »

Son Grahyena se mit à grogner férocement en direction d'Eliott, qui ne broncha pas. Toute son attention était portée sur l'homme. Il avait l'air dans une fureur extrême. L'homme soupira à nouveau.

« C'est aussi dommage que je n'aie pas le droit de te blesser... Maîtrise-le, Grahyena. »

Le Pokémon déposa doucement la tête de William sur le sol : il avait bien comprit qu'il ne devait surtout pas le blesser. Puis il commença à s'approcher lentement de la chimère, et cette dernière se tint prête. Mais cela n'était qu'une feinte : soudain, il se mit à aller tellement rapidement qu'on aurait pu croire qu'il avait disparu. Il réapparut derrière Eliott, et, celui-ci n'ayant pas pu le temps de réagir tellement il avait été pris par surprise, lui sauta dessus, le plaquant ainsi au sol. Harshness soupira encore une fois.

« Trop simple... »

Mais l'homme aimait les défis : soudain, il présenta ses deux mains gantées, les paumes tendues en direction des deux garçons, les dix doigts écartés.

« Dix jours. Vous avez dix jours pour fuir. Passé ce délai, je me remettrai à votre recherche. »

Eliott écarquilla les yeux. Le scientifique qui était censé les rapporter le plus rapidement au Laboratoire venait de leur accorder un délai supplémentaire. Qu'est ce qu'il lui était passé par la tête pour qu'il agisse ainsi ? Le garçon s'en inquiéta un peu, bien sûr, mais le soulagement et la joie dominèrent ce sentiment. Le Grahyena relâcha alors sa prise pour rejoindre son maître. Ce dernier soupira encore.

« Voilà que je parle tout seul... »

Apaisé, épuisé, Eliott regagna sa forme humaine avait de sombrer dans l'inconscience. Il n'avait pas à se presser. Ils avaient tout de même dix jours...

Ou plutôt, seulement dix jours...

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Dans une ville voisine, Harshness, toujours accompagné de son fidèle Grahyena, se maudissait sans répit. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Il était censé ramener les prototypes le plus rapidement possible au Laboratoire, et voilà qu'il raccourcissait le temps dont il disposait. Si jamais Head apprenait cela, cela pourrait bien mal se passer pour lui...

Harshness sourit. Qu'il était bête, il suffisait de ne rien dire. En attendant, il avait encore au moins une dizaine de jours pour s'amuser un maximum. Après tout, il avait encore plus de deux mois devant lui... Le Grahyena, ayant comprit les intentions de son maître, grogna de plaisir et d'excitation.