La ville assiégée
- Ah, merde!
Adriano pestait en voyant l'endroit où Lunreck s'apprêtait à les conduire. En effet, ils allaient pénétrer tout près d'une zone proprement déconseillée et l'agent se voyait mal attaquer une base militaire à lui tout seul... mais il ne l'avourait jamais devant sa protégée déjà insupportable. Cette dernière s'inquiétait également.
"Lunreck? Tu es sûr de ce que tu fais?"
"Pas le choix, si tu veux savoir..."
"Okay..."
"Je vais faire l'éclaireur, si tu veux... Moi, s'ils me tirent dessus ce ne sera pas bien grave..."
L'Absol de Sang disparut donc à la vue des deux agents. Ils descendirent de la voiture. Iris se sentit soudain nerveuse. Plusieurs minutes s'écoulaient... et Lunreck ne revenait toujours pas...
- Qu'est-ce qu'il fait? demanda Adriano un peu agacé.
- Attendons un peu...
Iris sentait cependant sa tention monter d'un cran. D'un coup, le ciel s'était voilé, une brise glaciale flottait. Et cette brise amenait des effluves... inquiétantes...
Brusquement, Iris sentit la violente odeur âcre caractéristique lui frapper les narines. Elle était fraîche, puissament musquée... et presqu'en même temps, elle capta des émotions diverses et emplies de violence... Le besoin impérieux de tuer... La soif de sang, la folie... elle pâlit.
ILS étaient là!
Très près...
Affamés...
Elle recula d'un pas.
Adriano réagit:
- Iris? Ca va?
Elle le regarda et murmura:
- Ils sont là...
- Quoi??? Comment...
- Parce que je les sens, merde!!!
Adriano comprit immédiatement et se précipita au volant de sa voiture, suivie par sa compagne. Iris le regarda affolée:
- Ils vont attaquer la ville!!! Foncez vite!!!
- Bordel!
Il accéléra et fit demi-tour pour rejoindre la ville. Iris regarda derrière:
- Et merde, ils nous ont répérés!
En effet, le périmètre était déjà encerclés depuis un petit moment... Derrière chaque colline, ils se cachaient... et leur instinct leur soufflait de se débarrasser des deux gêneurs qui étaient venus sur leur territoire...
Mais cela, Iris, le comprit assez vite;
- Attendez! dit-elle brusquement. On est entrain de les rabattre vers la ville!
Adriano la fusilla du regard:
- Vous êtes entrain de me dire qu'on a toute la bande sur le dos???
- Voyez vous-même!
En effet, depuis la fenêtre, Adriano pouvait voir les Absol de Sang courir par dizaine vers la voiture.
- Mais... Combien sont-ils???
Iris eut un léger soupir:
- Je ne peux pas dire exactement, mais assez nombreux que je me sente oppressée! Ils ne sont que violence...
Ses lèvres tremblaient.
L'agent s'efforca de garder son calme. Il commencait à sentir ses nerfs à vif et Iris l'effrayait. Elle semblait prête à s'évanouir. Elle sentait chaque intention de ces créatures et cela la rendait folle. Chaque fois, elle avait l'impression de perdre un peu de son humanité...
VLAN!
Une Ball'Ombre frappa le côté de la voiture, la faisant tanguer. Adriano jura:
- Sales bêtes!!!
Iris blêmit:
- Ils vont bousiller la caisse, ca va être vite fait...
- Quoi??? Vous osez dire caisse??? Ma Mercédès, une caisse???
- Vous croyez que c'est le moment??? rétorqua-elle d'un ton furieux.
Ils se fusillèrent du regard... et à cette instant, une dizaine de Ball' Ombre combinées leur arrivèrent dessus.
- ATTENTION!!! hurla la jeune fille.
Adriano donna un coup de volant vers la gauche. Il parvint à esquiver l'attaque mais il était furieux:
- Ils ne nous lâcheront pas d'une semelle, il faut faire quelque chose!!!
- Se planquer et attaquer! répliqua Iris d'un ton furieux.
Mais une autre boule les toucha et Adriano perdit le contrôle et rentra en plein dans une barrière rocheuse.
- PUTAIN!!!
Bloqués, ils sortirent en vitesse, ce qu'espèraient bien entendu leurs poursuivants et gimpèrent quatre à quatre dans les rochers.
- Elle ne ressemble plus à grand chose, maintenant, commenta Iris d'un ton moqueur.
- Fermez-la, porte-poisse!!!
Déjà, il dégainait son révolver et lançait la pokéball de Givrali. Un Absol de Sang bondit... et une balle lui transperca le poitrail. Adriano n'avait pas volé sa réputation de tireur. De plus, il s'entraînait avec acharnement; le seul endroit où ces créatures étaient vulnérables, c'était cet endroit. Il fallait leur tirer directement en plein coeur, sous peine de voir leur régération soigner leurs blessures. Pendant ce temps, Iris ne chômait pas. Elle venait d'appeller son Noctali à l'attaque. Celui-ci lanca aussitôt des Ball'Ombre sur la meute, mais celle-ci ne se décourageait pas.
- Ils sont trop nombreux! dit Adriano. Il faudrait un miracle...
- Lunreck!!! cria Iris.
Enfin, ce dernier apparut. Il était déjà couvert de blessures mais toujours prêt à combatre. Il se jeta au millieu de la mêlée et ce fut une bataille de crocs et de griffes. Noctali et Givrali lui prêtèrent main-forte. Adriano continua de tirer sur ceux qui arrivaient...
Mais il savait qu'en cas de manque de réflexe, il pouvait mourir. Et là, ce faillit être son cas.
Il tirait sur un individu de la meute qui s'apprêtait à lui bondir dessus... et pas de détonation, juste un déclic.
Il venait d'épuiser ses munitions.
- Et merde!!!
l'Absol de Sang lui bondit dessus de manière si rapide qu'il n'eut pas le temps de réagir. Deux secondes après, Adriano sentait une douleur fulgurante a la gorge, son sang couler, un étau d'acier l'étrangler. Givrali, voyant son maître en détresse, lanca une attaque Laser-Glace sur le pokémon Ténébres qui fut projeté loin en arrière. Mais l'agent agonisait...
- Adriano!!!
Iris, par chance, avait vu l'horreur, et sans hésiter une seconde, elle fonça.
"Pourvu qu'il ne soit pas encore trop tard!!!"
Elle s'agenouilla vivement et plaqua sa main contre la gorge déchirée du jeune homme.
Une lumière blanche jaillit, et la blessure cicatrisa d'un coup à une vitesse alarmante, tandis qu'Iris sentait une douleur vive lui remonter du bras jusqu'à l'épaule. Ce n'était guère étonnant, chaque fois qu'elle faisait ca, plus la plaie était grave, plus c'était douloureux. Comme si c'était elle qui prenait le mal infligé par la créature à sa victime. Enfin, la blessure disparut totalement. Mais Adriano ne revenait pas à lui.
- Oh, non, il est mort???
Elle colla son oreille contre la poitrine du jeune homme et entendit finalement les battements. Ouf! Il était vivant. Mais pourquoi se sentait-elle si soulagée alors qu'elle le haïssait?
A cet instant, Lunreck arracha la gorge de celui qui devait être le chef... et d'un coup, les autres se dispersèrent et s'enfuirent. Iris resta un instant le souffle court. L'odeur du sang lui donnait des nausées. Adriano reprit à cet instant connaissance:
- Putain!!! Saloperie de bestiole...
- Si vous râlez, c'est que vous êtes bien vivant! dit Iris en souriant d'un air moqueur.
Adriano la regarda:
- Attendez, c'est vrai, ca? Pourquoi je ne suis pas mort après m'être fait arracher la gorge par un monstre assoiffé de sang?
Iris a un petit rire:
- Vous avez eu la chance d'avoir le porte-poisse à vos côtés!
Adriano se leva d'un bond:
- Vous voulez toujours avoir le dernier mot, pas vrai? Je suppose que je devrais vous remercier, mais vous-même vous ne vous donnez jamais la peine de le faire quand c'est mon tour...
Iris haussa les épaules:
- On dit toujours qu'il vaut mieux une franche insulte que des paroles hypocrites!
Ils se regardèrent encore un court instant, puis Lunreck apparut près d'Iris. Elle lui caressa doucement l'échine:
"Comment te sens-tu?"
"Ca va... Mais il ne seront pas en fuite longtemps..."
"On va retourner en ville. On verra le reste plus tard."
Iris regarda à nouveau Adriano:
- On les a mis en fuite mais ils reviendront probalement à la nuit tombée. Nous devrions retourner à la ville et avertir...
Adriano eut l'air désemparé:
- Mais comment voulez-vous expliquer aux habitants qu'ils vont probablement essuyer une attaque cette nuit???
Iris baissa la tête:
- C'est vrai... Mais on ne peut pas laisser faire ca...
Adriano n'hésita pas:
- On appelle le boss!
- C'est la seule chose à faire, répondit Iris.
Adriano prit son portable et composa le numéro. Patrick Lunnel décrocha au bout de deux sonneries:
- Allô?
- Monsieur Lunel? Les Absol de Sang frappent encore! Il nous faudrait une unité commando!
- C'est si terrible que ca? Vous ne pouvez pas arranger le problème à vous deux?
- Impossible!!! On a failli y laisser notre peau, prochain assaut, on sera submergés!
- D'accord! Où êtes-vous?
- Mooneria, c'est au sud!
- Je vois... Ne bougez pas!
- Ca risque pas...
Il se sentit soulagé quand il raccrocha. Il alla rejoindre Iris. Celle-ci caressait la fourrure de Lunreck d'un air un peu absent.
- Il raconte des choses interessantes? lanca l'agent d'un ton moqueur.
Iris le fusilla du regard:
- Ne vous moquez pas, c'est un conseil...
Adriano eut un petit rire:
- En attendant, allons voir un peu ce que ces sales bestioles psychopates et complètement folles ont fait à ma Mercédès...
Ils allèrent vers la voiture et constatèrent les dégâts. Le phare droit était cassé et le pare-choc était à moitié décroché.
- Bon sang, j'ai tout le pare-choc défoncé...
- Vous avez plus qu'à la porter au garage, commenta Iris. Franchement, elle a plus rien d'exceptionnel tout d'un coup... C'est juste un petit tas de feraille...
- Iris, fermez-la!
- C'est demandé si gentiment...
Adriano eut l'air boudeur et Iris retint un bref éclat de rire. Elle adorait faire tourner en bourrique son garde du corps forcé. Ils s'installèrent à nouveau dans la voiture et Adriano parvint difficilement à faire redémarrer la voiture.
- Ouf, elle fonctionne...
- Peuh, le moteur a l'air d'avoir fait un infarctus!
- Iris, encore un mot et vous et votre clebard dégénéré faites la route à pied!
Lunreck émit un grognement, n'appréciant pas d'être traité de "clebard dégénéré" mais Iris le caressa entre les oreilles pour qu'il se tienne tranquille. Finalement, ils arrivèrent à la ville alors que la nuit allait tomber. Autour, les collines semblaient s'animer. Iris sentit à nouveau la tension monter en elle. Lunreck grogna à nouveau.
Ils descendirent. Le temps semblait d'un coup s'être suspendu. Et soudain, Iris les sentit à nouveau. Odeur âcre et musquée...
Avides de vengeance...
Sadiques...
Elle blêmit.
- Vous les sentez, pas vrai? dit Adriano d'un air inquiet.
- Oui... et ils sont...
Les deux agents regardérent au loin et Iris murmura soudain:
- Ils sont des centaines... Ils sont là... et ils attendent!!!