La Naissance de Reyginea [Pokémon A/I] de Milocéane

« Galégon, relève-toi ! Tu dois le battre, et tu le sais. Et toi, Séviper, attaque Crochet Venin ! »
Le Séviper planta ses crocs entre les écailles du dragon, qui d'un coup de queue l'envoya à l'autre bout du toit. Voyant le vide à quelques centimètres de lui, Séviper ne tenta pas de se relever.
« Je pensais que Susan avait mieux élevé ses Pokémon. Elle ne mériterait même pas d'en avoir, ils ne servent à rien. » Giovanni marmonnait, anxieux quant à l'issue du combat, qui pour l'instant était largement dominé par Rayquaza.
Le dragon ne tenait que par sa colère. Giovanni n'avait pas vu son œuf, caché derrières des rochers. Non, c'est lui qu'il voulait.
Après avoir rappelé Séviper et Galégon, il envoya Léviator. Combien de Pokémon avait-il, combien de temps ce combat allait encore durer ? Rayquaza, lui aussi, en était de plus en plus effrayé. Son premier Ultralaser l'avait beaucoup fatigué, et il se défendait plus qu'il n'attaquait. Mais il fallait qu'il gagne, pour sa descendance. Au moindre moment où Giovanni se retrouverait sans Pokémon, il le tuerait.

Susan observait la scène, immobile, depuis l'étage inférieur. Sirus, derrière elle, tentait de voir aussi, mais ne pouvait qu'entendre les grognements de Rayquaza et les cris de Giovanni. Soudain, quelque chose attira l'œil de Susan. Une lueur bleue entourait quelque chose de brillant dans un coin de la pièce. Giovanni ne pouvait pas le voir. Cela ressemblait à une opale de plus ou moins un mètre de haut. Mais impossible de deviner ce dont il s'agissait. Sirus prit la place de Susan pour tenter d'en savoir davantage, mais il n'apporta rien de convainquant. C'était très étrange. Le dragon ne se serait laissé attraper à aucune condition. Le plan de capture semblait perdu d'avance.

De l'eau. Toujours de l'eau. Encore de l'eau. Portés par le courant, Mathieu et l'Azurill dérivaient. Mais l'un comme l'autre s'affaiblissaient, et Azurill était bien trop petit pour pouvoir porter entièrement Mathieu. Constatant cela, il se força à reprendre la conversation, bien que n'ayant pas envie de parler.
« Écoute Azurill. Je sais que toi aussi, tu as peur. Mais si on ne fait rien, aucun de nous ne va s'en sortir. Alors, fais-moi un signe, dis quelque chose. Il faut absolument qu'on retrouve Léa et Lana.
— Azuuu... »
Le Pokémon paraissait complètement désorienté.
« Je crois qu'on ne va pas aller loin » fit Mathieu, dépité, baissant les yeux.
Soudain, un mouvement se fit sentir dans l'eau. Mathieu sentit quelque chose sous ses pieds, et dans un grand « Splatch », fut propulser hors de l'eau. Il retomba sur quelque chose de dur. Ouvrant les yeux, il découvrit le sol visqueux, bleu marine, d'une île minuscule.
« Waiiiiilmeeer »
Mathieu sursauta. Il n'avait pas un très bon souvenir de Wailmer. Azumarill réapparut à la surface de l'eau. Voyant le Wailmer, ses yeux s'écarquillèrent, et il sauta dessus. C'est alors que Mathieu se souvînt que Lana avait un Wailmer. Le Azurill semblait l'avoir reconnu. Lana ne devait pas être loin. Wailmer se mit à avancer à toute vitesse, Azurill sur son dos, et Mathieu essayant de s'y accrocher. Des vagues, toujours des vagues. Cela devenait fatiguant de s'accrocher à cette peau bleue glissante. Wailmer freina brusquement. Le bruit des vagues sur lesquelles surfait le Pokémon ayant cessé, on put entendre un sifflement très aigu. Mathieu releva a tête et aperçut un pêcheur dans une barque, sa canne à pêche à la main, soufflant dans une sorte de bâtonnet. Un appeau à Wailmer. C'est ce qui avait dû attirer le Pokémon. Il ne restait plus qu'à s'approcher un peu pour être sauvé. Seulement, Wailmer avait compris. Il ne souhaitait pas être pêché, et refusait donc d'avancer plus.
« Hé, monsieur ! Monsieur le pêcheur, vous pouvez m'aider ? »
L'homme se retourna un instant et regarda Mathieu avec surprise. C'est alors que celui-ci reconnu son vieil ami Raymond.
« J'arrive, mais... Qu'est-ce que tu fais seul, en pleine mer ? » Le pêcheur le fixa encore, intrigué, remontant ses lunettes sur son nez.
« C'est très long à raconter... Tu n'as pas vu le rayon de lumière ? répondit Mathieu, alors que Raymond se rapprochait de lui.
— J'ai eu un flash, mais j'ai cru que c'était la réverbération du soleil dans mes lunettes. Seulement, ensuite, des vagues plus grosses que les autres ont failli me faire chavirer. Que s'est-il passé ?
— Apparemment, le pokémon dragon de la légende, Rakya... Rya... Rayquaza ? S'est mis en colère, et a lancé un ultralaser en pleine mer.
— Ton raisonnement me paraît tiré par les cheveux... Tu n'aurais pas trop lu les Légendes d'Hoenn, avant de t'endormir ? Fit le pêcheur en rigolant.
— Mais non, je te promets, je n'ai jamais vu ça ! J'étais sûr une île, quand ce rayon est passé, en même temps qu'un cri très puissant. Au bout d'une ou deux secondes, le rayon qui écartait la mer s'est éteint et toute l'eau a englouti l'île. Heureusement que ce Wailmer et cet Azurill étaient là. »
Mathieu repensa soudain à Justin, puis à Léa et Lana. Il voulait aller les chercher. Il le devait.
« Pépé, il y avait deux filles avec moi, elles ont été elles aussi emportées, il faut les retrouver. Et mon Yanma aussi.
— J'ai toujours du mal à croire ton récit. Et pour les deux fillettes, comme pour ton Pokémon, je suis désolé, mais nous ne pouvons pas faire grand chose. L'océan est si grand, comment veux tu reconnaître ne serait-ce que l'endroit où tu as fait surface ? On ne peut qu'espérer pour eux. »
Alors c'était ça, le monde était bel et bien contrôlé par les Pokémon légendaires. Voilà qu'ils avaient même le droit de tuer. Lana et Léa ne pourraient jamais s'en sortir, même en ayant retrouvé l'autre Azurill et Justin.
S'asseyant dans la barque de Raymond, Mathieu demeura silencieux. Voyant cela, le pêcheur lui dit d'un ton réconfortant : « Allez, n'y pense pas, ils vont s'en sortir. On rentre à la maison. »