L'Empire des Sapsballs de Afuldye

" - Au secours !!!! Un troupeau de Rhinocornes fonce par ici ! Prévenez le village !!! Ils vont tout piétiner !!!
- Aria, viens vite, il faut rentrer à la maison !
- Aria ? Où est-elle ?
- ARIA !!! ARIA !!! OU EST-TU ?
- Il faut la retrouver !!! Vite !
- Les Rhinocornes !!! Trop tard, il faut s'abriter !
- Non ! Je ne partirais pas sans l'avoir retrouvée !!!
- Oh mon Dieu ! Elle dort là ! ARIAAAA !!!
- NOOOOON !!! Les Rhinocornes... »


Aria se réveilla en sursaut. Elle avait le souvenir confus d'un rêve mouvementé. Un mot lui revint en tête : Rhinocorne. Elle comprit aussitôt que ce rêve n'était qu'un fragment de souvenir du jour où, il y avait de cela 10 ans, elle s'était fait charger par un troupeau de Rhinocornes sauvages. Plusieurs mois après l'incident, elle s'était réveillée d'un long coma, et le médecin qui s'occupait d'elle lui avait annoncé sans ambages qu'elle ne remarcherait jamais.
Ce souvenir lui était particulièrement douloureux. Encore en pleine torpeur, Aria se rendormit.
Dans un demi-sommeil, la jeune fille sentait une étrange chaleur l'envelopper. Au fur et à mesure que son cerveau sortait des zones brumeuses de la nuit, elle se fit la réflexion qu'une telle chaleur était anormale. Puis, elle se rendit compte que sa tête reposait sur un coussin doux et chaud. Complètement réveillée par ce détail, elle ouvrit les yeux tout en se redressant, et s'aperçut… qu'elle était couchée sur un Typoni !!! Elle se remémora ce qu'elle savait sur ce pokémon.

Typoni : Poulain de feu. Préévolution de Ponyta. Les Typoni sont extrêmement rares à l'état sauvage, et les approcher peut s'avérer dangereux : leur mère n'est souvent pas loin, et peut se montrer extrêmement agressive envers les étrangers au troupeau.

Etre une excellente élève lui aurait servi au moins une fois dans sa vie. Elle regarda le poulain, et se dit qu'elle était sauvée : bien qu'elle soit seule et sans son fauteuil dans une forêt inconnue, ce Typoni était révélateur de la présence de son dresseur ! Aucun pokémon non dressé ne pouvait être si familier avec un être humain. Rassérénée, elle se préparait à appeler, quand son regard fut attiré par un détail insolite qui ressortait sur le sol nu et aride de la forêt : Une grosse chaîne en fer. La suivant des yeux, elle constata qu'elle aboutissait à un gros piège à loup refermé sur l'une des jambes du poulain. Le Typoni était enchaîné ! Mal à l'aise, elle essaya de se convaincre que c'était le cheval d'un chasseur de fourrures de laporeille qui s'était pris dans l'un des pièges de son dresseur par mégarde. Mais elle ne put s'empêcher de relever que la région ne semblait pas rassembler les caractéristiques habituelles du milieu de vie de ces rongeurs : absence de petite végétation et de racines, forêt de sapins, sol dur et caillouteux…. Non, décidément quelque chose n'allait pas.
Tant bien que mal, elle se traîna jusqu'au socle enterré auquel la chaîne était soudée. Elle écarta la terre, et constata avec effroi que la pièce métallique portait le sceau de la Lazer !!!
Il fallait qu'elle parte d'ici au plus vite, sans quoi elle se retrouverait dans les griffes des bandits ! Affolée, elle cherchait le moyen de se tirer de ce pétrin, car elle était contrainte de ramper. De plus, elle vit le poulain lui lancer un tel regard de détresse qu'elle ne put se résoudre à l'abandonner à la cupidité des contrebandiers.
Elle examina attentivement l'objet de la captivité du poney. L'instrument fonctionnait globalement comme un piège à loup, mais il fallait une grande poigne pour l'ouvrir, et Aria n'avait pas la musculature nécessaire. Avec rage, elle se dit qu'un coup de pied aurait suffit à libérer le pauvre animal…
La jeune fille, tenace, n'abandonna pas pour autant. Elle prit la plus grosse pierre qu'elle pouvait porter, et l'abattit à plusieurs reprises sur le loquet du piège. Haletante, trempée de sueur sous l'effort, elle se demandait si son idée était si bonne que cela : le vacarme était assourdissant. Enfin, dans un grincement sinistre, celui-ci s'ouvrit. D'un bond, le poulain fut hors des mâchoires d'acier. Il lança un regard reconnaissant à Aria, tandis qu'elle examinait sa jambe. Elle était en piteux état, et avait l'air fracturée. La jeune femme maudit intérieurement l'avidité des braconniers.

Tous les deux formaient un couple assez hétéroclite : la jeune fille, se traînant comme elle le pouvait, et l'équidé, la suivant clopin-clopant. Aria en aurait rit, si la situation n'avait pas été aussi désespérée. Soudain, elle entendit des paroles, tout autour d'elle :

"L'piège était par-là, allons voir si l'fugitif a été capturé !
- Ce maudit canasson le paiera !!! Cette saleté m'a envoyé une ruade !
- Björg le matera ! C'est not' meilleur éleveur !
- Oui, il saura le rendre docile. Mais auparavant, il va tâter de mon fouet !
- Silence vous deux ! Il ne s'agirait pas de se faire repérer ! Les habitants de Gabître poussent parfois jusqu'ici."

Les voix étaient très proches et semblaient appartenir à 3 personnes distinctes. Avisant un genre de terrier à quelques mètres d'elle, Aria fit signe au Typoni, qui montrait les signes d'une évidente panique, de le suivre silencieusement. Ce conseil était inutile, l'animal semblant ne plus vouloir s'éloigner d'elle. Précédée du quadrupède, elle se coula dans le tunnel, qui se révéla beaucoup plus profond qu'elle ne l'avait estimé au premier abord. Elle espérait qu'elle n'avait pas laissé une traînée trop visible derrière elle…. Elle s'installa aussi confortablement qu'elle pouvait dans le trou, et tendit l'oreille.

" Qu'est-ce que ? ... ?
- Qu'est-ce qu'y t'arrive ?
- Le piège n'est plus dissimulé ! Ca veut dire qu'il a été déclenché ! Et regarde ces traces, tout autour ! Un pokémon n'aurait pas pu se sortir du piège tout seul ! Il faut qu'il ait été aidé !!!
- Bah ! L' pokémon aura été trop rapide, l'aura sauté avant qu'les mâchoires se r'ferment. Et pis, regard', y a pas d'trace de pas humains !"

Etrange, pensa Aria, elle n'entendait plus la troisième voix, celui qui semblait être le chef, et qui, plus tôt, avait intimé aux autres l'ordre de se taire. De plus, les hommes n'avaient à l'évidence pas fait attention au sang resté sur le piège. A moins qu'ils ne l'aient pas nettoyé depuis sa précédente...utilisation. Aria déglutit avec effort.

" Où reste donc Marcus ?
- Je suis là ! J'examinais les alentours. "

Le chef s'appelait donc Marcus, pensa Aria. Bizarrement, au moment où il avait pris la parole, elle avait sentit Typoni trembler. Elle le caressa d'une manière qu'elle espérait rassurante, et écouta la suite de la conversation.


" Alors ? Vous avez trouvé quoi ? Demanda Marcus.
- Le bourrin s'est barré ! Lui répondit celui qui semblait avoir une dent contre Typoni.
- QUOI ? Impossible !
- Ben si, regard', le piège est déterré ! Par cont', y a pas d'traces d'sabots."

Aria classa les trois personnages. Marcus : le chef. Celui qui avait une dent contre Typoni. Et enfin, celui qui semblait le plus calme et tempérait l'avis des autres, mais qui, paradoxalement, parlait à 100 à l'heure en avalant la moitié des mots.

" C'est pas normal…..
- Mais si chef ! Imagine qu'y se méfiait et qu'il a lancé hâte ! Ou qu'y passait au galop.
-Mouais… Ça reste à éclaircir… De toutes façons faut qu'on rentre.
-Marcus…
-Quoi ?
-T'as une sapsball à ta ceinture !!!!
-… !!! Merde ! J'ai oublié de l'enlever !!!!
-L'chef va etr' furax !!!
-… Pas si personne lui dit…COMPRIS ???
-Pas de problème Marcus ! Personnellement je n'ai rien remarqué.
-Et toi Stéphane ?
-Rien vu. Qu'est-c'qu'on attend pour rentrer ?"

Sur ces mots, ils s'éloignèrent. Aria poussa un soupir de soulagement. Mais il lui restait un problème de taille à résoudre : Comment rentrer ? A moins qu'elle ne réussisse à atteindre Gabître… Mais c'était précisément la direction prise par la Lazer…
En s'appuyant sur un caillou affleurant, la jeune fille le délogea, et glissa avec lui jusqu'au fond du terrier. Elle ne voyait plus rien, il faisait complètement noir. Soudain, elle vit une lueur se rapprocher par là d'où elle venait et elle comprit avec soulagement que c'était Typoni.
Le poulain lança une petite attaque « allumette », et Aria put voir autour d'elle. Elle en eut le souffle coupé : c'était immense et grandiose ! Une vraie caverne souterraine ! Elle avança de quelques mètres, mais renonça rapidement : courbaturée et endolorie comme elle l'était, elle ne pouvait se traîner davantage. Elle s'endormit. Dans son sommeil tourbillonnaient tour à tour Typoni, la Lazer, la mystérieuse « sapsball », Cerro, ...