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Les Trois Mondes de Raidemo



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Informations

» Auteur : Raidemo - Voir le profil
» Créé le 07/12/2005 à 15:29
» Dernière mise à jour le 07/12/2005 à 15:29

» Mots-clés :   Absence d'humains   Absence de poké balls   Aventure   Présence de poké-humains

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Les trois empereurs (Ch. 1)
Chapitre 1 : Le Roi Guerrier

Les senteurs du bois frais enveloppaient le palais entier. Des odeurs fortes pour certaines, mais aphrodisiaques le plus souvent, plongeant les locataires dans des transes flegmatiques. Un calme limpide, enivrant se dégageait des couloirs éclairés par quelques rayons filtrés au travers des planches de bois épaisses. Un bois clair, presque gris, qui avait formé le corps des grands arbres immortels de la vallée boisée qui les entourait. Le parquet sombre de l'ébène enlaçait de ses ombres les silhouettes aux reflets multiples. Le silence, serein, baignant dans sa quiétude fut rompu. Un pas seul résonnait à cette heure matinale, un pas formé de claquements secs sur le sol obscur. Les talons rigides du général percutaient le bois lisse dans un tic-tac insistant. Le son même du Temps infini précédait l'arrivée du souverain des Ténèbres.

Les reflets noirs annonçant la venue du général se répandirent dans la pièce. Ils s'insinuèrent, se perdirent, enveloppant de leurs lianes abjectes les meubles aux arômes épicés. L'empereur ne se pressait pas. Son corps élancé et musclé aux contours de saurien continua sa besogne avec autant de soin que possible. Il fixa la dernière sangle de son armure sur ses hautes épaules, avant de lever la tête vers le monstre agenouillé. Deux pierres ovales, d'un jaune agressif formaient son regard fixe, acerbe comme celui d'un reptile. Ses poignets ornés de lames aiguës et de griffes recourbées – mais dont la teinte verdâtre achevaient la concordance de cette comparaison – s'ouvrirent pour accueillir le soldat.
_ General Astaroth (sa voix douce, apaisante contrastait avec son allure cruelle) que me vaut cette visite on ne peut plus precoz ?
_ Seigneur Asmo, entama la voix profonde du monstre maléfique. Pardonnez-moi de vous déranger en cette heure, mais j'ai là des nouvelles qui devraient vous intéresser.
_ Sont-elles si importantes qu'il vous faille m'interpeller dans ma propre chambre ?
Le teint pâle du soldat, qui faisait ressortir ses yeux jaunes cerclés de noir, vira subitement au rouge. Il baissa un peu plus la tête vers son casque au métal vert posé devant lui.
_ Il est vrai, Seigneur… que mon audace est grande d'en juger ainsi.
L'empereur émit un claquement de langue. Les quelques servantes présentes quittèrent la pièce, emportant les dernières tâches auxquelles elles s'affairaient. Seul le conseiller demeura auprès du souverain. Son épiderme couvert de pointes verdâtres sembla frémir lorsque le général entama ses courbettes pour remercier le seigneur de son indulgence.
_ Les Brûlants reculent sous les assauts des troupes de Volants, reprit-il avec un sourire. Le souverain Abdiel a prit la tête d'un de nos bataillons, hier. Ses attaques répétées ont fait flancher la défense des Combattants. Leurs frontières reculent peu à peu.
_ Ainsi nos troupes avancent sur le Royaume des Combattants. C'est une bonne chose, si.
_ Seigneur, annonça le soldat. Je vous propose les services de mon peuple pour cette bataille. J'irais moi-même, avec un bataillon écraser les derniers êtres de ces races inférieures.
Sa voix se perdit dans un souffle venimeux, tandis que la haine consumante s'infiltrait dans sa gorge. Le grand guerrier à l'armure cuivrée sembla réfléchir.
_ Sire, s'interposa soudain le conseiller. Ce n'est pas raisonnable ! Si les Obscurs partent aux devants des Brûlants, les frontières qui nous séparent des Aquas ne seront plus protégées !
Le général partit d'un rire piquant. Ses longues oreilles s'abaissèrent de chaques côtés de son crâne allongé pour exprimer un sentiment de dégoût.
_ Ces imbéciles de lourdauds amphibies ont bien trop peur des hommes de l'empereur Asmo ! Ils n'oseront jamais tenter une attaque si proche du Royaume des Plantes !
_ En efecto, reprit l'empereur, je ne pense pas que les Aquas soient une réelle menace pour l'instant. Faites donc General.
Astaroth sourit, dévoilant une dentition lactée. Il salua humblement son roi, puis tourna les talons. Cependant, avant d'avoir atteint la porte, le soldat se ravisa et lança un dernier regard au seigneur.
_ Une dernière chose Seigneur, je tenais également à vous signaler qu'un messager a été intercepté prés des frontières des Brûlants. Malgré la séance de torture, il ne nous a pas révélé le nom de son employeur, ni le contenu du message.
Son regard s'assombrit en glissant vers le conseiller.
_ Nous savons seulement que le traître venait du palais.
Le monstre à la peau couverte d'épine l'observa à son tour, impassible. Son visage à demi caché sous un casque végétal ne laissait ressortir aucune émotion. Astaroth haussa finalement les épaules et quitta la pièce sur une dernière politesse.
_ Bonne journée, Altesse.

Les tentacules chaotiques s'effacèrent en même temps que le démon malveillant. Ses pas retentirent un long moment après que la porte ne se soit refermée sur le soldat à la chevelure ivoirine. Asmo laissa échapper un petit rire sardonique en contemplant son conseiller qu'aucune menace ne pouvait atteindre. Il fouilla dans un buffet aux reflets orangés et en sortit deux verres translucides. Puis une bouteille renfermant un liquide dont la salubrité restait à prouver. Il remplit les deux verres et tendit l'un d'eux au végétal humanoïde qui hocha la tête dans un remerciement. L'empereur but une gorgée. Séphiroth l'observa, son verre crissant légèrement entre ses doigts cornés. Les rayons brûlants traversaient les vitres claires, cherchant desespéremment à griffer son dos nu, raclant, hurlant en silence. Mais le conseiller resta de marbre. Son épiderme couvert d'une fine couche de corne le protégeait, l'empéchant de ressentir cette douleur abject, durciçant même un peu plus sa peau sombre. L'empereur releva la tête. La totalité du liquide s'était évaporé, ainsi que le sourire du reptile.
_ Un traidor dans mon palais…
La colère manifeste du souverain laissait transparaître son accent du Sud-Ouest de l'Europe. Une voix éraillée se muait en graillant jusqu'aux oreilles du conseiller.
_ Dis-moi Séphi, penses-tu qu'il serait sage… de pardonner cette infidélité ? Comment font los Dioses pour savoir gracier ces enfants infidèles ? Devrais-je moi aussi être clément auprès du bastardo qui me reniât ?
Ses pupilles rétractées en deux lames fines et inquiétantes se fixèrent sur le monstre épineux. Le conseiller offrit à ce regard reptilien ses yeux morts, aussi insensibles que sa peau cuirassée. L'empereur sembla se calmer. Son sourire réapparut, plus féroce que jamais. A nouveau il partit d'un rire sec, puis tendit son verre.
_ Tu as ma confiance Séphi, quoi qu'en dise ce Demonio d'Astaroth…

Un soleil cuisant. Des odeurs fortes. Décidément il est des choses dont jamais on ne peut s'habituer. Séphiroth rejoignit rapidement les dédales obscurs du palais de bois. Il aimait les ténèbres et l'humidité qui lui rappelait les terres de son peuple d'origine. Cette journée ensoleillée n'était pas faite pour lui. Il resterait ici jusqu'à ce que les cors retentissent, et que les gémissements du vieil arbre templier ne parviennent à lui en longeant les couloirs moisis. Ainsi, loin des regards, loin des odeurs agressives, il pourrait réfléchir. La silhouette oppressante du général apparut dans son esprit. Il savait. Convaincre l'empereur ne lui serait pas difficile. Depuis maintenant trois ans, aucun de ses conseils ne valaient ceux du souverain des Ténèbres aux yeux d'Asmo. Ses paroles n'avaient plus aucune valeur bien que l'empereur ne tente de le persuader du contraire. Si seulement le message était passé…
Des bruits de pas se firent entendre. Ils résonnaient dans le long couloir sombre. Les ombres d'un groupe de soldats habillés d'armures noires et brillantes se dessinèrent dans l'obscurité des murs froids. Les hommes d'Astaroth. Il ne lui avait donc pas fallut longtemps pour rappeler l'empereur à ses côtés.
Le monstre végétal tourna la tête vers les soldats qui s'étaient glissés derrière lui dans un silence mortuaire. Un Farfuret au regard remplit du sang de ses nombreuses victimes s'avança. Séphiroth le connaissait sous le nom d'Uzziel ; le lieutenant d'Astaroth, tueur à ses heures perdues.
_ Hum, soupira le conseiller (son visage inexpressif sembla vouloir afficher un sourire) je pensais avoir plus de temps, qui sait, pour tenter une dérobade…
_ Désolé Séphi, prononça le Farfuret d'une voix sépulcrale. Je n'ai rien contre toi, mais tes idées idylliques ont fini par te perdre.
_ Et toi Uzziel ? La seule vue de ton souverain ne t'apporte-t-elle pas les mêmes nausées qu'à tout ce peuple à la confiance érodée ? Ses paroles vénéneuses ont contaminé l'empereur Asmo. Astaroth tire les ficelles d'un conflit qui finira par tous nous emporter.
Le lieutenant ne répondit pas. Il fit signe aux soldats qui le suivaient. Les monstres encerclèrent le conseiller qui les suivis sans histoires vers le donjon souterrain. Les grilles d'acier datant des temps anciens se refermèrent sur le monstre dont les bracelets de métal saignaient la peau ombragée. Les Obscurs tournèrent les talons. Seul le lieutenant aux oreilles allongées entendit les dernières paroles du traître.
_ Ne rêve pas Uzziel. Personne ne sortira vainqueur. Si les guerres continuent, toute race sera annihilée… comme autrefois.
Les échos insondables de ses serments s'évanouirent enfin dans l'air pourri des geôles.