Chaleur...
Dans une paisible et grande forêt, un grand nombre de pokémon étaient rassemblés autour d'un autre pokémon.
Un Marill leva la tête. Une faible lumière commençait à entrer dans la clairière, signe que le Soleil, un peu timide, venait de faire son apparition et qu'il amenait le Matin avec lui. Les autres pokémon levèrent aussi la tête, pour être témoins de cette lumière vive qui éclairait peu peu les arbres de la forêt.
Soudain, un craquement se fit entendre. Tout le monde reporta son attention sur le pokémon et l'objet qui était près de lui. Plus précisément, une Pyroli femelle et un oeuf. L'oeuf d'une couleur rouge feu teintée de jaune clair par endroits, bougeait sur place. Il semblait appartenir à la Pyroli, qui attendait apparemment son éclosion, avec tous les autres pokémon.
Des Noarfang, des Hoothoot, des Cornebre et d'autres pokémon volants étaient perchés sur les arbres. Des Chenipan, des Rattata, des Fouinette et toutes sortes de pokémon terrestres restaient sur l'herbe d'un beau vert émeraude. Tous n'attendaient qu'une seule chose.
Tout à coup, l'oeuf bougea de plus en plus. Des fissures apparurent, et l'oeuf finit par s'ouvrir. Un Evoli en sortit. Les pokémon le regardèrent avec une indéniable envie de le toucher, de le caresser même, tellement il avait l'air doux et mignon.
Un Fouinette prit la parole.
-Faut-il lui donner la Pierre Feu tout de suite ?
Il était de tradition chez les évolutions d'Evoli que :
-si deux mêmes évolutions d'Evoli s'accouplent, le bébé Evoli évolue en la même forme que ses parents, de gré ou de force. (Exemple : si deux Mentali s'accouplent, on fera en sorte que l'Evoli devienne un Mentali)
-si deux évolutions différentes d'Evoli s'accouplent, l'évolution du bébé Evoli ne soit pas choisie que par l'Evoli lui-même.
La Pyroli fit "non" de la tête.
-Il faut attendre plusieurs mois avant de faire évoluer un Evoli, encore plus s'il doit évoluer en Mentali ou en Noctali. Il faut d'abord qu'il se souvienne d'avoir été un Evoli, dit-elle en léchant affectueusement son petit protégé.
-Mais pourquoi ? s'étonna un Rattata.
La Pyroli le regarda droit dans les yeux, ce qui effraya un peu le rongeur mauve.
-Si tu étais devenu un Rattatac dès ta naissance, et que tu ne t'en souviennes pas... Si on te disait que tu étais un Rattata avant, est-ce que tu nous croirais ? Est-ce que tu t'en souviendrais ? Non. Tu ne te souviendrais pas de ta forme d'origine, et ce serait assez triste. Voilà pourquoi il est important que cet Evoli ait pleinement conscience de ce qu'il était avant d'évoluer. Je vais l'appeler... Shoki.
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Mon nom est... Shoki. Ah, vous le saviez déjà ? Excusez-moi, je ne savais pas...
Beaucoup me disent que je suis trop poli, mais je ne peux pas m'en empêcher... On me dit aussi que je suis trop timide. C'est vrai... je n'ose jamais parler aux pokémon que je ne connais pas. Mais cela ne dérange pas trop ma mère. Elle m'aime comme je suis. J'adore ma maman. J'aime surtout quand elle me blottit sous son abondante fourrure bien chaude... ça faisait du bien... Même si j'avais ma propre fourrure, je préfèrais celle de ma mère. Ah au fait, je suis un Pyroli, vous ne le saviez pas je pense ? On m'a donné une Pierre Feu lorsque j'avais cinq mois. Avant j'étais un Evoli. Mon évolution m'importait peu. Ca faisait plaisir à ma mère, c'était l'essentiel.
J'avais à présent dix mois selon le système d'âge des humains.
J'étais devenu un peu moins timide.
Dans la Grande Famille des Evoli, les petits pouvaient quitter le logis familial s'ils le souhaitaient, mais seulement à partir d'un an. Moi, je ne voulais pas quitter mon habitat. Je ne voulais pas laisser tomber ma mère.
J'avais un an et deux mois.
Alors que je me promenais dans une rue de la grande ville, je rencontrai un jeune garçon. Il avait l'air perdu.
-Mince... comment je vais faire pour rentrer chez moi maintenant ? Ma mère n'a pas tort quand elle dit que j'ai un sale sens de l'orientation..., grommelait-il.
Je me souviens de lui. Je l'avais déjà vu lors d'une de mes nombreuses promenades. Il parcourait toujours la ville avec sa mère. Il a dû s'égarer.
Je fus pris d'une soudaine envie de l'aider. Etrange... mes amis m'avaient toujours dit qu'il fallait faire attention aux humains, mais celui-là... je sentais qu'il ne me ferait aucun mal.
Je m'approchai de lui.
-Oh, un Pyroli ! s'étonna le garçon.
Il s'accroupit et me caressa. Ca faisait encore plus de bien que d'être blotti sous la fourrure de maman...
-Toi aussi tu es perdu ? Bienvenue au club... Au fait, je m'appelle Taiki !
Je fis "non" de la tête. Je n'étais pas perdu ! Je fis quelques pas dans une direction, pour lui faire signe de venir avec moi. Taiki sembla me comprendre.
- ... D'accord, je te suis !
Je m'élançai donc vers une maison, Taiki devant presque courir pour rester à ma hauteur.
Au bout de quelques minutes, nous arrivâmes à la maison de Taiki. Je les avais vus tellement de fois rentrer ici, lui et sa mère... j'étais un peu étonné que le jeune garçon ne se souvienne plus du chemin. Il devait avoir une mémoire de Ramoloss.
-Ouah, tu as trouvé le chemin de ma maison ! s'exclama Taiki. Merci beaucoup Pyroli !
Je fis encore une fois "non" de la tête et écrivis mon prénom sur la terre.
-S-H-O-K-I... Shoki ? Pas mal comme nom ! dit Taiki en riant. Je t'appellerai toujours comme ça alors, si on se revoit ! Pour te remercier de m'avoir aidé...
Il fouilla dans une poche de son pantalon et en sortit un biscuit. Il enleva l'emballage, et me tendit le petit gâteau.
-Allez, tu peux le manger, je n'ai pas mis de poison dedans !
Je reniflai le biscuit, puis le mangeai. Il était délicieux.
Taiki me caressa la tête.
-Bon, j'y vais, à bientôt j'espère !
Et il partit vers sa maison. Je restai quelques minutes, assis là, ressentant un sentiment que je n'éprouvais jusqu'à présent que pour ma mère et mes amis pokémon...
-Que t'arrive-t-il Shoki ? Tu as l'air préoccupé, me dit ma mère.
Je fus sorti de mes pensées par ses paroles.
- ... Rien maman. Rien du tout.
En réalité, je pensais au garçon, Taiki. Je n'arrêtais pas de penser à lui. C'était vraiment étrange...
Je remarquai soudainement que les arbres devenaient de plus en plus foncés. Le soleil devait aller se coucher, privant la végétation de sa douce lumière. Cela voulait dire aussi que l'Après-Midi s'en irait et que le Soir ferait son apparition. Du violet commençait à se répandre dans le ciel orangé. Bientôt, des étoiles apparaîtraient... c'est le moment que je préfèrais.
Le lendemain, j'allai me promener à nouveau dans la ville. Mais, comme si j'étais possédé, je me dirigeai vers la maison de Taiki. Pourquoi, pourquoi je voulais aller chez lui ? Aucune idée... je n'en savais rien...
Je m'arrêtai enfin, à deux mètres de la porte.
Tout à coup, celle-ci s'ouvrit, ce qui me fit sursauter. Le jeune garçon apparut. Il me regarda de ses yeux d'un bleu profond.
-Shoki ! s'exclama-t-il de contentement.
Il referma la porte et me caressa, comme il en avait l'habitude avec moi. J'avais l'impression que de la chaleur émanait de ses mains, comme la fourrure de maman...
-Je suis si content que tu sois venu me rendre visite !
Il fouilla encore une fois dans sa poche et me donna un biscuit.
-Il est aux pépites de chocolat cette fois-ci, c'est encore plus bon que l'autre biscuit que je t'avais donné !
Je le mangeai avec voracité, comme si je n'avais rien mangé depuis des jours.
-C'est bon hein ? dit Taiki en souriant.
J'approuvai vivement de la tête.
-Viens, allons nous balader dans ville ! Avec toi, je suis sûr de ne plus me perdre !
Cette journée avait été magnifique à mes yeux. Inoubliable. Formidable. S'être promené avec Taiki m'avait procuré un grand bonheur. Oui, on était amis.
La nuit tombait, mais avant de nous coucher, ma mère me dit :
-Tu t'es fait un nouvel ami, n'est-ce pas ?
Je m'étonnai. Je n'avais pas raconté à maman tout ce qui s'était passé avec le garçon.
- ... Comment le sais-tu ?
-Je t'ai vu en train de te promener avec lui dans la Grande Ville.
Je restai silencieux une fraction de seconde.
-Ah...
-Tu avais l'air... heureux. Vraiment heureux.
Je la regardai. Nous étions en-dehors du terrier, et le vent de la nuit agitait élégamment notre fourrure. Encore plus celle de ma mère, qui était d'une beauté inégalable.
-Chaque année, des enfants partent en voyage initiatique...
-Je le sais, l'interrompis-je.
Taiki m'en avait parlé.
"Chaque année, les enfants qui ont 10 ans ou plus, peuvent partir en voyage intiatique, afin de devenir de bons dresseurs Pokémon. Pour cela, avant de partir, ils doivent aller voir le Chercheur Pokémon de leur région (le Prof. Chen pour Kanto, le Prof. Orme pour Johto, le Prof. Seko pour Hoenn et le Prof. Sorbier pour Sinnoh) pour prendre un pokémon qui sera leur tout premier pokémon."
C'était à peu près ce qu'il m'avait raconté, en rajoutant qu'il partirait demain. Quand il m'avait dit "tout premier pokémon", je tressaillis, comme pris d'une décharge électrique. Pourquoi ? Je ne le savais pas moi-même...
En fait... si. Tout à coup, c'est comme si j'avais tout compris. Je voulais être son premier pokémon. Je serai son premier pokémon. Quand je regardai ma mère droit dans les yeux, celle-ci sembla tout de suite comprendre.
-Tu peux y aller, Shoki. Sache... que je ne t'oublierai jamais. Je serai toujours à tes côtés, dans ton coeur. Et tes amis aussi.
Elle m'enveloppa un bref instant de sa queue, pour que je ressente une dernière fois sa douce chaleur...
Des larmes coulèrent.
Avant de m'en aller, je réveillai tous mes amis pour leur dire au revoir. Je pleurai plus d'une fois.
Puis, je m'élançai droit vers la maison de Taiki, dans la nuit étoilée. J'avais presque l'impression que la Lune me suivait du regard avec un sourire bienveillant.
Arrivé à la maison, je griffai la porte. Celle-ci s'ouvrit et je fus ébloui par la lumière.
- ... Shoki ?! s'exclama Taiki.
Il me prit dans ses bras et referma la porte. Elle se referma... sur mes souvenirs d'Evoli, sur les souvenirs de ma mère, sur les souvenirs de mes amis pokémon... Mais ils étaient tous à mes côtés, je le sais, je le sens. Tous ensemble, nous accompagnerons Taiki. Oui, ensemble.
FIN