Le Destin d'Aron
- Réveille-toi Alex!
Il était à peine quatre heures du matin lorsqu'il ouvrit un oeil vers son réveil, avant d'apercevoir les traits eux aussi fatigués de sa mère, qui lui secouait gentiment l'épaule.
- Allez, debout, il va y avoir une naissance!
Cette fois-ci il ouvrit complètement les yeux et se leva en sursaut, enfilant en vitesse sa salopette bleue qu'il gardait pour aller à l'étable. La tradition voulait que chaque enfant de la famille ait une petite Ecremeuh sous sa responsabilité dès qu'il atteignait ses huit ans. Cela faisait des dizaines de jours qu'il attendait ce moment avec grande impatience. Il suivit sa mère en bas des escaliers et descendit les marches de pierre qui menaient à l'étable. Il traversa à la hâte le local où était stocké le lait et rejoignit son père auprès de la future mère. L'Ecremeuh était couchée dans la paille, l'air inquiet. Son maître était accoupi auprès d'elle, lui caressant vigoureusement le cou.
- C'est la première fois qu'elle va vêler, elle m'a réveillé il y a une heure déjà. Cela ne devrait plus durer très longtemps, viens vers moi Alex.
Il s'accroupit auprès de lui et caressa à son tour l'Ecremeuh. Il sentait des soubressauts d'inquiétude et de douleur sous le cuir du bovidé. Lorsque les contractions reprirent, elle se mit à beugler, d'un râle long et fort. C'était à présent tout son corps qui tremblait. Alex était en même temps terrifié et en admiration devant le spectable qui débutait. Après quelques minutes, le bébé commençait à sortir, encore emballé dans la poche visqueuse et veinée. La mère s'essouflait et beuglait de plus en plus abruptement. Alex sentit la transpiraton mousseuse qui se formait sous ses doigts, les muscles tendus à l'extrème, la douleur intense. Son père se leva.
- Elle a de la peine, nous devons l'aider à mettre bas.
Il invita son fils à se lever et tous deux allèrent près du petit prêt à naître. Seules les pattes arrières étaient visibles. L'agriculteur prit son couteau et perça la poche, d'où sortit le liquide amniotique. Du sang se répandit aussi sur le sol. Il prit une patte du petit et cala une de ses bottes sur le bord de la stabulation. Son fils prit l'autre patte et ils tirèrent ensemble pour aider la mère. Alex tirait de toutes ses forces, essayant d'abréger les souffrances de l'animal. Ses mains étaient gluantes sous le liquide et le sang et il était difficile de garder prise. Après plusieurs contractions et beaucoup d'efforts de l'Ecremeuh et des humains, le petit sortit d'un coup, en s'étalant sur le sol. Le père d'Alex lui enleva les restes de poche, liquide et sang des narines et de la bouche pour qu'il puisse respirer. Après quelques secondes d'hébétement, le fils alla vers le petit et le prit dans ses bras, se salissant partout. Son père lui montra comment le sécher avec de la paille pour qu'il ne prenne pas froid. Alex caressait le petit qui découvrait le monde, sa mère se retourna pour le sentir et lui lécher la tête et les oreilles.
La mère d'Alex, qui avait assisté à la scène annonça à son mari:
- C'est un petit mâle, nous ne pouvons pas le donner à Alex.
Le fils entendit les paroles et enserra le veau de ses mains, collant son visage à celui du petit. Son père le regarda dans les yeux pour lui annoncer la nouvelle, mais le garçon avait le regard déterminé.
- Je ne veux pas d'un autre, papa!
Son visage était tracé de sang coagulé qu'il s'était fait en s'essuyant le front sous l'effort. Il avait de la paille éparpillée dans ses cheveux brun clair et il serrait toujours le veau dans ses bras. Devant tant de détermination, son père ne put aller contre sa décision.
- Très bien, c'est ton petit veau, il faudra t'en occuper jusqu'à qu'il devienne adulte.
Alex cria de joie et caressa encore plus le petit Tauros. Son visage était illuminé de bonheur. Il était si heureux qu'il chantonnait pour le petit.
- Et lorsqu'il deviendra adulte? Sermonna la mère d'Alex à son mari
- Espérons qu'il se lasse d'ici là...
La mère lui fit un regard plein de reproches avant d'aller vers son fils pour le féliciter et lui nettoya le visage avec son mouchoir. Le père quant à lui contrôla l'état de santé de l'Ecremeuh, une pointe d'inquiétude à l'esprit. Il espéra que son fils ne s'attache pas à la bête au destin tragique.
-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.
Cela faisait déjà trois mois qu'Alex avait son petit Tauros. Au grand dam de son père, il vivait une quasi symbiose avec l'animal. Chaque après-midi après l'école, il courrait vers la stabulation des petits et sortait le Tauros qu'il avait surnommé Aron (« C'est un nom très fort » avait-il dit à la famille). Il lui avait mit une corde au cou pour pouvoir le promener partout avec lui. Souvent, il mangeait près de lui dans la stabulation et plusieurs fois sa mère était venue le chercher, endormi dans la paille. Il lui avait même acheté un bandana rouge qu'il avait noué autour d'une de ses pattes. Lorsqu'il parlait, c'était toujours de Aron, lorsqu'il dessinait, c'était tout le temps Aron et lorsqu'il rêvait, c'était encore de Aron.
- Il me saoule avec son Tauros! Maugréa sa soeur qui avait quatorze ans.
- Toi aussi tu étais comme ça au début... commenta la mère.
Le père se tut mais n'en pensait pas moins. En effet, leur fille s'était occupée avec acharnement de sa petite Ecremeuh durant plusieurs semaines avant de s'en lasser et de s'en occuper de moins en moins au profit de ses copines, ses séances d'habillage et de maquillage et de ce genre de trucs que le père ne comprenait pas vraiment. A présent elle ne venait plus à l'étable car elle trouvait que « c'était dégueu et ça schlingue ». Il avait essayé de la raisonner sur le sens de la nature avant d'abandonner devant son refus catégorique d'ouvrir son esprit.
- Mais je ne serai pas comme toi!
Alex regardait sa soeur avec un regard fulminant. Elle ne répondit même pas et poussa simplement un soupir. Enervé, il quitta la table pour aller retrouver son ami.
- Je te dis que ça lui passera, répondit le père à sa femme au regard furieux.
Elle baissa les yeux et son regard s'adoucit.
- Pauvre bête tout de même...
La fille prit la parole avec son ton désinvolte habituel.
- Offrez-lui la dernière console et il oubliera cette bête!
Ce qu'ils firent, Noël approchant à grands pas.
-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.
Dans la stabulation des veaux, tous les Tauros miniatures observaient Aron. Ils ne manquaient pas de lui faire des remarques sur son comportement trop humanisé. Souvent, ils se battaient car Aron défendait sa condition et son maître.
- T'as vu ton air imbécile avec ta corde et ton mouchoir à la patte! Lui lança un de ces compagnons.
- Alors c'était bien la petite promenade avec maman? Nargua un autre.
Au début, Aron se vexait et les défiait. Sa condition physique excellente et l'amour inconditionnel qu'il portait à son maître lui faisait gagner tous les combats. Lassé, il restait à présent dans son coin, n'écoutait plus ces remarques et classait ses camarades dans la rubrique « stupides ». Seul pour lui comptait le retour de son maître. Il se couchait face à la porte en ruminant, le dos tourné aux autres pokémon.
Les Tauros commencèrent une autre discussion. En effet, régulièrement, certains des plus vieux d'entre eux partaient et personne ne savait ni où ni pourquoi. Les spéculations allaient bon train, du mieux au pire. Certains parlaient d'une étable remplie d'Ecremeuh bien roulées et d'autres disaient que c'était pour les tuer et les manger. Lorsqu'ils demandaient aux Ecremeuh de leur dire, personne ne leur répondait. Mais aucune de leur supposition ne collait à la vérité qui les attendait.
-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.
A présent Aron avait une année et demi. C'était une bête magnifique, musclée et au poil brillant. Son cuir était épais et ses pattes étaient fortes et galbées. Il était à sa place habituelle et attendait le retour de son maître, qui ne venait plus depuis des semaines. Mais il restait serein, il savait que son maître avait un empêchement et viendrait dès qu'il le pourrait.
Les autres Tauros avaient dépassé le stade de l'agressivité et essayaient de faire revenir Aron à la raison. Mais celui-ci les ignorait toujours et refusait de participer à leurs jeux ou même à leurs discussions. Il restait là, toute la journée à ruminer, en attendant son maître qui ne viendrait plus. La mère d'Alex venait parfois lui caresser le museau et lui donner de l'herbe qu'elle arrachait à la main juste à côté, l'air triste. Elle voyait bien que Aron attendait avec une patience trop dévouée son maître et qu'il ne s'intégrait pas aux autres Tauros.
Le lendemain aux aurores, un camion vint chercher quatre bêtes. Aron faisait partie des Tauros choisis pour quitter l'exploitation. Le père aidait à charger les bêtes, mais le Tauros refusait de sortir de sa stabulation.
- Avance Aron!
Le père tapait sur le cuir de la bête qui restait immobile devant le portail ouvert. Il prit un bâton pour lui frapper les jarrets, mais le pokémon ne fléchissait même pas et fixait l'entrée de l'étable.
- C'est pour aujourd'hui ou pour demain!? Cria le chauffeur du camion
Excédé, le père frappa Aron dans les pattes, avec toute la force qu'il disposait. Aron commença à bouger car la douleur était trop forte mais essaya de s'échapper au lieu d'aller dans le camion. A ce moment-là le père pris une fourche et ne lui laissa pas le choix, lui piquant les pattes et les cuisses à chaque faux pas. Le pokémon souffrait et le sang coulait de ses plaies et il n'eut d'autres choix que d'entrer dans le camion. Loin de son maître. Loin de sa vie. Loin de sa raison d'être. Ce n'étaient pas les plaies qui le faisaient le plus souffrir, mais son esprit qui le torturait, couché dans ce camion sombre et dont les vibrations du transport l'amenait de plus en plus loin de ses espoirs.
Les autres Tauros avait peur de où ce camion les amènerait, après tant de spéculation c'était à leur tour de quitter la ferme pour un destin qu'ils ne pourraient découvrir que le moment venu. Ils se tenaient près les uns des autres pour se réconforter et se tenir chaud.
- Aron viens auprès de nous, nous devons nous serrer les coudes, appela un des Tauros
Malgré la tristesse énorme qui remplissait son coeur, Aron ne voulut pas rejoindre ses congénères. Il n'était pas comme eux et n'avait pas besoin de leur pitié. Il leur tourna le dos et continua de lécher les plaies qui étaient atteignables, laissant les autres sécher et former une croute. Malgré tout, il gardait une trace d'espoir de revoir son maître, là où le camion les emmenait.
-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.
Après une trentaine de minutes ils arrivèrent à destination et furent amenés dans une stabulation dont le sol était parsemé de copeaux de bois fins. Des humains s'occupèrent d'eux, leur amenant à manger et à boire, mais jamais ils ne parlaient aux Tauros. Ils se limitaient au strict nécessaire pour que les bêtes aient ce dont elles avaient besoin. Cet état dura trois jours, trois jours durant lesquels les Tauros attendaient la raison de leur venue. Aron restait toujours dans son coin et ne parlait pas à ses camarades, qui tentaient toujours de le raisonner. A bout de nerfs, il avait mordu l'un deux et depuis ils se tenaient tous à distance.
Des bruits de foule leur parvenait aux oreilles. Quelque part, dehors, des gens, beaucoup de gens, se rassemblaient. En même temps tétanisés et grisé par la peur de ce qui allait arriver, ils attendaient, sachant à présent que le moment était venu. Les portes de l'étable où ils étaient s'ouvrirent, laissant apparaître une cour de forme ronde à ciel ouvert, elle aussi recouverte de copeaux de bois. Les pokémon virent les gradins qui le bordaient remplis d'humains. Un homme était au centre et portait des habits très colorés. Sur les côtés, des hommes sur des Galopa portaient un attirail de piques et attendaient. Les Tauros se consultaient, aucun ne comprenait ce qu'il se passait. La tension était palpable. Un homme vint auprès des pokémon et libéra l'un des leur dans la cour. Il referma la clôture et immédiatement, l'un des hommes sur les Galopa fonça en criant sur le Tauros. Celui-ci déguerpit en sens inverse, transis de peur. L'homme jeta un premier pique sur le côté de l'animal, qui laissa échapper un cri de douleur, avant de se retourner pour charger le Galopa. La peur avait fait place à la furiosité, et les hommes continuaient de lui lancer les piques décorés pour l'occasion de rubans multicolores. A eux trois ils encerclaient le Tauros, ne lui laissant aucun répit et augmentant sa fureur bestiale.
A ce moment l'homme aux habits colorés vint auprès du pokémon. Le Tauros le chargea, laissant exprimer sa colère. Mais il ne rencontra que du vide, l'homme esquivait chacune de ses charges. A ce moment il comprit qu'il devait se mesurer à cet humain et que seul l'un deux serait victorieux. Il laissa toute sa fureur s'exprimer et chargea avec toute sa force. Les hommes aux Galopa continuaient de lui envoyer des piques qui lui arrachaient le cuir et laissaient des plaies béantes et saignant abondamment. L'homme esquivait toutes ses charges, semblant danser à côté du pokémon. Le public criait et hurlait à chaque virée, amenant une ambiance hypnotique à la scène morbide. A bout de forces et après plusieurs longues minutes de combat, le Tauros se laissa tomber au sol. L'homme leva les bras au ciel, sous les acclamations de la foule, avant de prendre le couteau à sa ceinture pour l'enfoncer dans la gorge de l'animal et mettre fin à ses souffrances.
Dans le parc intérieur, les autres Tauros était tétanisés par le spectacle. Il y avait en eux un mélange entre la peur bestiale de cet humain qui avait terassé l'un des leurs, et le désir de le venger qui bouillonnait dans leur sang. De ce mélange naissait une excitation intense, qu'ils assouvissaient en frappant les barreaux avec leurs pattes et leur tête. Seul Aron n'éprouvait pas cette excitation et regardait les événements, sans bouger. Jamais il n'attaquerait un humain et s'abaisserait à se donner en spectacle comme son camarade. C'était pour lui une logique implacapable, qu'il avait appris et déduite avec son maître. Il fut cependant paralysé de peur, lorsqu'il vit les autres Tauros passer l'un après l'autre dans l'arène. Chacun se donna de son mieux pour son dernier combat, mais la fin fut à chaque fois la même. L'avant dernier Tauros, qui tomba près du parc où était Aron, lui lança un dernier mot avant de succomber.
- Meurt en vrai Tauros, tu es un pokémon et pas un humain...
Malgré ses convictions bien ancrées, l'échine d'Aron se mit à trembler.
-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.-.
Ce fut à son tour d'entrer dans l'arène. Aron s'avança calmement jusqu'à arriver à quelques mètres de l'homme aux habits colorés. Il tentait de canaliser sa peur et regardait les différents humains. A ce moment un des hommes aux Galopa lui envoya une pique qui lui saigna le flanc. Le Tauros baissa la tête sous la douleur mais ne changea pas de position. Il ne voulait pas céder à la fureur qui émergeait face à cette douleur et à ses instincts bestiaux. Il leva la tête vers le public, qui se calmait peu à peu, abasourdi par les réactions du pokémon. Une autre pique lui transperça les côtes, faisant couler un flot de sang chaud qui léchait son ventre avant de tomber sur le sol. Aron continua de fixer le public et il vit Alex et son père, dans les gradins du milieu.
Un soulagement intense lui parcoura le corps et il s'avança dans la direction de son maître, aveuglé par cette vision qu'il attendait depuis si longtemps. Il atteignit le bord de l'arène et fixait le jeune garçon. Le public à présent chuchottait de part et d'autre et face à cette réaction, l'homme aux habits colorés fit signe aux hommes aux Galopa de redoubler leur travail. Aron reçut trois piques en même temps, la douleur était si intense que ses pattes arrières fléchirent et il tomba sur le côté. A ce moment la foule recommença à crier et le pokémon distingua les paroles d'Alex dans ce brouhaha de mille voix.
- Vas-y grand Tauros, offre nous du spectacle!
A ce moment-là, les craintes de Aron furent confirmées. Dans les yeux de son maître qu'il avait fixé, il n'y avait plus de lueur. Son maître ne l'avait pas reconnu. Ses espoirs furent anéantis en une parole, une phrase, une seconde. Il laissa tomber le haut de son corps dans les copeaux, son esprit jouant avec le néant alors qu'il recevait une nouvelle série de piques. Le haut de ses côtes était si criblé que son cuir se déchirait, dévoilant sa chaire nue, rouge et brillante. Ses forces l'abandonnaient et il refusait de se lever malgré la douleur. Sa raison d'être n'était plus.
Alors qu'il fermait ses paupières sous le sang qui s'accumulait au niveau de son front, il sentit une main qui lui saisit les cornes et les secoua avec violence. La mère d'Alex tentait de réveiller Aron pour qu'il ne meurt pas ainsi mais puisse au moins affronter une dernière fois sa destinée. Elle continua de pousser la bête pour que le pokémon n'abandonne pas.
- Bats-toi Aron.
C'était comme si une lumière éclatante était venue éclairer son esprit. Il vit dans sa tête les scènes de sa vie avec Alex et son bonheur, avant de passer en boucle sur la dernière phrase de son camarade Tauros. « Meurs en Tauros, tu es un pokémon et pas un humain ». Il se leva péniblement, le sang zébrant à présent tout son corps, et fit face aux hommes de l'arène. Il vit un couple de piques se diriger vers lui, et avant d'être touché, il fit ses adieux à sa vie, à Alex, à l'humanité. Les piques l'atteignirent à la cuisse, et Aron le pokémon apprivoisé, n'était plus.
Dans un hurlement terrifiant, le Tauros chargea les Galopa. Sa rage était si énorme que l'écume bouillait autour de sa bouche et de ses narines. Il était si rapide qu'il arriva à rattraper un Galopa et à le charger par l'arrière, le faisant chuter lourdement. Il enfonça ensuite ses cornes dans le ventre du pokémon feu, le déchirant sur une vingtaine de centimètres. Le public était en extase devant le retournement de situation et jubilait des fresques du Tauros. Celui-ci se tourna alors vers l'homme aux habits colorés et le défia en grattant le sol de sa patte avant. L'humain prit alors une pique en main et attendit la charge du pokémon. Dans une dernière gerbe d'adrénaline, le dernier retranchement de sa bestialité si longtemps oubliée, il chargea.
La mère d'Alex pleurait et laissait couler les larmes sur ses joues blanches. Jamais elle ne put savoir si c'était des larmes de joie ou de tristesse qui avait animé ses yeux ce jour-là. Le pokémon avait chargé de toute sa puissance mêlée de ses derniers espoirs l'homme aux habits colorés. Sa vie se résumait à cette dernière attaque, qui en honorerait la fin. Il atteignit l'homme à la cuisse, la transperçant à l'aide d'une de ses cornes. Mais l'homme ne fléchit pas et lui enfonça la pique au travers du cou. Il se dégagea et pressa la plaie, restant sur ses gardes. Le Tauros s'effondra, la respiration coupée, pour rendre ses derniers instants. La foule se leva et fit une ovation à l'homme aux habits colorés ainsi qu'au Tauros combattif, mais le pokémon n'entendait plus rien.
Dans ces derniers instants de lucidité, il ne regretta pas son choix. Sa vie avait été basée sur de faux espoirs et il la terminait en regardant en face sa vraie destinée. « Je me suis battu et je suis mort en Tauros » et le sang lui inonda les yeux.