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Rédemption de Lilalou



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» Auteur : Lilalou - Voir le profil
» Créé le 15/12/2002 à 20:41
» Dernière mise à jour le 15/12/2002 à 20:41

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(Seconde partie)
Touc…Touc…Touc…
La courbe de l'électrocardiogramme montait. Descendait. Montait. Descendait. Lentement, certes. Mais elle bougeait encore, toujours, depuis quatre heures que l'appareil était branché. Le tintement du témoin sonore se mêlait au ronronnement de l'assistant respiratoire.
L'une des deux personnes au chevet du lit finit par prendre la parole :
- Son rythme cardiaque a légèrement accéléré depuis tout à l'heure.
L'autre personne se tourna vers son équipière et demanda, tentant d'adopter un ton neutre :
- Ce qui veut dire ?
Jessie s'autorisa un (très) léger sourire :
- C'est bon signe. Au moins ce crétin n'est pas tombé dans un coma dépassé.
- Hmm… C'est vrai que s'il n'avait pas tant insisté, il ne serait pas là.
James contempla un instant Miaouss, toujours évanoui, un masque plaqué sur la figure. Puis il reprit :
- En fait, nous ne serions pas là non plus.
- Pff…Tu crois vraiment que nous n'aurions pas pu gagner sans lui ?
- Eh bien… Je n'en sais rien. Mais, ( James se tourna vers le lit voisin ) Smogogo était dans un tel état… Même les morveux n'y étaient jamais allés aussi fort. En plus, c'était aussi de ma faute. (….) Je crois…heu…que je n'aurais pas pu envoyer un autre pokémon au combat.
Instinctivement, James rentra la tête dans les épaules. Mais rien ne vint ; en temps normal, Jessie lui aurait déjà fait deux bosses, ou l'aurait au moins engueulé au point de faire trembler les vitres. Surpris, il releva les yeux ; elle n'avait pas changé de position et regardait droit devant elle, comme si elle n'avait rien entendu. Mais quelques secondes après, elle eut un petit rire de gorge.
- Alors toi aussi…
- Qu… ? ! Tu n'aurais pas pu…
- Ca me fait mal de l'admettre, mais non, je n'aurais pas continué. Je devais avoir perdu la tête. Une combattante de la Team Rocket ne peut se permettre de tels sentiments.
- Et un combattant encore moins ! D'ailleurs, nous ne pouvons nous permettre aucun sentiment.
- C'est clair.
- Évident.

Un nouveau silence, un peu plus pesant, fut rompu lorsque la porte de la chambre s'ouvrit. Jessie et James se retournèrent d'un bloc, pour faire face à un homme qui tenait deux paquets sous son bras. Il s'éclaircit la gorge :
- Heu… Jessie et James, de l'équipe 34 ?

- C'est nous.
- Vos nouveaux uniformes, fit-il en leur tendant ses deux colis.
- Nouveaux uni… ? Mais en quel honneur ? bredouilla James. A ses côtés, Jessie semblait également prise au dépourvu.
Sans s'en soucier, le Rocket continua :
- On m'a également chargé de vous dire que, en tant que lieutenants, vous constituerez désormais l'équipe L15.
- Lieutenants ? ! s'exclama Jessie.
L'homme cligna des yeux, puis les fixa d'un air suspicieux, comme s'il craignait de s'être trompé de personne. James finit cependant par reprendre ses esprits :
- Oh, d'accord… La promotion…
La récompense promise par Giovanni leur était complètement sortie de la tête.
Se ressaisissant à son tour, Jessie reprit son ton autoritaire habituel :
- OK, pose ça. Et Barre-Toi !
Elle le poussa dehors sans ménagement et claqua la porte.
- Feh… Comment ai-je pu oublier ça ? reprit-elle.
- Peut-être parce qu'on faisait plus attention au bâton qu'à la carotte, répondit James avec un sourire. On ne se battait pas pour gagner, mais pour ne pas perdre.
- Oh, ferme-la. ( Elle lui donna un léger coup pour la forme ) Peut-être que TOI tu pensais ainsi, mais MOI, je n'avais que la victoire en tête !
- Ah bon. Même quand t'es tombée à genoux à la défaite d'Arbok ? James se garda cette fois de penser tout haut.
Son regard se posa sur Arbok, dans le lit à côté de Smogogo ; leurs deux pokémon avaient repris conscience une heure après le combat et se reposaient à présent. L'état de Miaouss, toujours évanoui, était beaucoup plus préoccupant. Enfin… préoccupant parce que c'était un pokémon expérimenté, qu'il serait dommage de perdre. Oui, comme il l'avait dit tout à l'heure, le sentimentalisme n'avait aucune place dans l'Organisation. Oui. (…) Aucune.


Jessie se pencha pour déballer les paquets et en sortit des uniformes noirs, des bottes et des gants blancs avec une rayure rouge. Peu après, elle sortit des toilettes dans sa nouvelle tenue et demanda d'un ton léger :

- Alors, de quoi j'ai l'air ?
James, qui était sur le point d'aller se changer à son tour, lui jeta un coup d'œil… et fit une grimace. Il le regretta aussitôt, car Jessie s'avança vers lui d'un air menaçant, les murs tremblant sur son passage.
- Ca veut dire quoi cette réaction ? fit-elle d'un ton doucereux, s'approchant de plus en plus.
- Que… glups… que tu-tu as l'air de-dee… Cassidy. Mais c'est plutôt flat- PAF ! VLAM !
James se trouvait à présent encastré dans le mur du couloir, une empreinte de semelle sur la face.
- Pourquoi j'ai répondu ça ? J'dois être maso… pensa-t-il en s'affalant lamentablement par terre.
Encore fulminante, Jessie réexamina sa tenue ; en effet, ils portaient désormais le même grade que leurs rivaux. Le dépit remplaça la colère et elle soupira. James, voyant que l'orage était passé, se releva puis alla s'habiller. En revenant dans la chambre, il se rendit compte qu'il se sentait mal à l'aise, comme si sa peau répugnait à toucher le tissu. Quand il l'eût rejointe au pied du lit de Miaouss, Jessie le regarda d'un air songeur :

- Finalement, je crois que je comprends pourquoi Miaouss a refusé d'évoluer. Je ne me doutais pas que ça pouvait être si dur…
James resta silencieux, mais approuvait les paroles de sa partenaire. Avec cette promotion, cette « nouvelle peau », c'était toute une étape de leur carrière qui étaient relégués à l'arrière-plan, lorsqu'ils étaient de simples équipiers. A cette époque, eux trois avaient sans cesse voulu devenir plus puissants ; ils comprenaient maintenant que cela impliquait de se hisser au niveau de ceux qu'ils haïssaient. Quelques heures après le pokémon, les deux humains ressentaient le même malaise.

La porte s'ouvrit de nouveau, et une fonctionnaire en tailleur noir entra dans la pièce et fit un rapide salut.

- Lieutenants, vous êtes convoqués immédiatement à la Réserve Pokémon.
- C'est pourquoi ? grommela Jessie.
- En raison de votre récente montée en grade, vous pourrez y choisir un nouveau pokémon parmi les captures récentes.
Les deux compagnons se regardèrent un instant. Puis James haussa les épaules :
- De toute façon, ce n'est pas parce qu'on reste ici que Miaouss se réveillera. Autant sortir un moment…
Jessie acquiesça et ils emboîtèrent le pas à la femme.

La Réserve Pokémon n'avait rien d'un parc naturel : c'était un immense hangar souterrain, de près de quatre kilomètres carré, dans lequel étaient entassées des milliers de cages. Et derrière la plupart des barreaux d'acier se terraient les pokémon les plus divers.
C'était la première fois que Jessie et James y pénétraient, bien qu'à leurs débuts, ils y aient envoyé nombre de captures. Ils en restaient bouche bée, et déambulaient dans les allées, un peu perdus. Ils commençaient à stresser, sentant les regards des prisonniers tournés vers eux ; des regards exprimant la peur, la folie, la supplication et la haine.
Soudain, James pila à un carrefour ; Jessie le bouscula, puis vit ce qui l'avait arrêté : au bout de l'embranchement, Butch et Cassidy dirigeaient des manœuvres. Bien qu'elle eût envie d'aller les narguer, Jessie préféra s'abstenir et continua son chemin : ils étaient responsables de cette section, et seraient trop contents de voir que cela les impressionnait.
Ils finirent par rencontrer un employé assez servile pour accepter de les guider et de les conseiller. Alors qu'ils marchaient, des cris de souffrance et de colère les firent sursauter. Leur guide les regarda d'un air condescendant, genre « Ah, c'est sûr, il faut être habitué. ».
- Il s'agit de notre unité de redressement. Ici sont envoyés les sujets difficiles et agressifs. Nous en sommes très satisfaits, même les pokémon les plus têtus finissent par comprendre qui est le maître.
Les deux amis eurent un sourire convenu, qui s'effaça dès que l'employé leur eut tourné le dos pour continuer la visite. Ils eurent un frisson lorsque les hurlements retentirent à nouveau.


Ils arrivèrent finalement dans une pièce un peu en retrait, dans laquelle étaient entreposés de gros registres et plusieurs ordinateurs, sur lesquels plusieurs Rockets travaillaient déjà.

- Ici sont recensés tous les pokémon de la Réserve. Espèce, lieu de capture, niveau estimé, emplacement dans la Réserve, etc… Vous trouverez sûrement ce que vous cherchez comme cela.
James commença par perdre une bonne heure à expliquer les manœuvres basiques à Jessie ( « La deuxième touche du clavier, c'est pas B, mais Z. », « Non ! Le lecteur de CD-ROM n'est pas un porte-tasse ! », « La souris reste sur le tapis, c'est pas une télécommande ni une pédale ! » * ). Puis il s'installa à un autre poste et commença ses recherches.

- Recherche > Types > Eau
Carapuce / Carabaffe / Tortank / Kokiyas / … / Magicarpe
- Magicarpe ? ! Ah non, j'ai déjà donné ! Voyons plutôt les types Feu… Tiens, un Caninos…
De son côté, Jessie s'était retrouvé devant une longue liste de numéros ID **.
- M****, je ne sais plus comment on retourne à la carte générale ( elle veut dire « le menu principal » ). Et je m'en fous moi, de ces numéros ! (…) Tiens, celui-là me rappelle quelque chose… Voyons, je crois qu'en bippant avec le Rattata ( « cliquer avec la souris » arg ), je peux avoir des infos sur le pokémon…

Une minute plus tard, deux chaises se renversèrent bruyamment. La porte s'ouvrit à la volée et les deux lieutenants se précipitèrent vers une partie du bâtiment qu'ils auraient voulu éviter par dessus tout : le centre de redressement. Quand ils arrivèrent hors d'haleine, les employés les saluèrent et un responsable s'avança vers eux :
- Lieutenants Jessie et James ? On m'a dit que vous deviez choisir un pokémon. Cependant, je vous déconseille de venir en chercher ici ; ceux-là sont encore de fortes têtes, que nous n'avons pas fini de mater.
Jessie s'avança :
- Peu importe, je – HEY !
Elle fit un bond en arrière et évita de justesse un jet de feu parti d'une des cages. Aussitôt, l'homme courut vers un pupitre de commande… et manqua de trébucher sur une longue langue rose sournoisement sortie d'une autre cage.

- Encore ces deux-là… ils vont le regretter ! maugréa-t-il en poussant deux boutons.
Aussitôt, les cages furent illuminées d'éclats électriques, et les deux créatures hurlèrent à pleins poumons. Lorsque l'électrisation cessa, on les entendit s'effondrer.
- Comme vous le voyez, poursuivit calmement le responsable, ces bestioles sont des vicieuses.

Encore secoué, James demanda néanmoins d'une ton faux :
- Je n'en doute pas. Où donc les avez-vous trouvés ?
- Pff… Celui-là a été fauché à un gamin qui tentait de l'échanger. L'autre vient d'une propriété de richards, avec un palais en guise de niche. Leurs précédents propriétaires les ont trop maternés, on voit le résult- AAANNGH ! ! !
L'homme était à présent un peu gêné pour parler : James lui serrait juste un peu trop le cou, tandis que le pied de Jessie s'était délicatement enfoncé dans ses bijoux de famille. Ils le laissèrent généreusement s'écrouler en gémissant, puis, devant les autres assistants pétrifiés, ils s'approchèrent des cages. Chacun ouvrit une porte et prit dans ses bras un pokémon en piteux état : Jessie, l'Excelangue qu'elle avait un jour échangé par erreur ; James, le Caninos qui lui tenait compagnie dans le château de ses parents. Sans un mot, ils tournèrent les talons.

Les deux compères étaient encore assis dans la chambre de l'infirmerie, qui comptait à présent deux nouveaux pensionnaires. De nouveau, ils se rendaient compte de quelque chose : ils avaient beau essayer de se le cacher, leurs pokémon et Miaouss comptaient vraiment pour eux ; peu leur importait que ces sentiments ne soient pas en accord avec les lois de la Team.
Dans quelques heures, Miaouss, Excelangue et Canaille se réveilleraient. Miaouss se ferait féliciter plus ou moins indirectement par ses coéquipiers, et en profiterait pour faire quelques remarques sur leur nouveau look ( « T'as VRAIMENT du bol d'être déjà blessé… » Devinez qui c'est ^^ ).

Silencieux à son bureau, Giovanni réfléchissait. On venait de lui faire deux rapports.

Le premier parlait de l'avant-poste J3. De ce côté-ci, tout semblait en ordre. Aussitôt arrivé au QG, il avait envoyé des équipes empêcher le déblaiement du tunnel en y envoyant des bombes chargées de déchets toxiques, empêchant à la fois machines et pokémon de s'y frayer un chemin. De plus, la foudre avait grillé les circuits des ordinateurs présents et effacé les fichiers : la police ne pouvait rien trouver contre eux. Certes, cet échec lui avait coûté beaucoup d'argent, simplement à cause d'une installation électrique défectueuse. Mais cela valait mieux que la désintégration de sa Mafia personnelle.
Le second rapport concernait les événements survenus dans la Réserve. Après le combat de l'avant-veille, Jessie et James avaient quitté la salle sans son accord, et voilà qu'ils se donnaient en spectacle par ( cette pensée lui semblait presque grotesque ) attachement à des pokémon. Tous deux étaient pourtant dans la Team depuis assez longtemps pour connaître les erreurs à ne pas faire, et savaient qu'ils n'étaient pas pour l'instant en position de la ramener.
Giovanni valorisait le courage et la défiance… chez ses adversaires, pas ses subordonnés. Maintenant qu'ils avaient atteint un assez bon niveau, il allait devoir se débrouiller pour garder un contrôle sur eux ; ils n'étaient pas encore assez forts pour constituer un danger, mais mieux valait éviter les mauvaises surprises.
Quelque chose d'autre l'irritait : leur dernier coup et leur match lui avaient prouvé qu'ils étaient encore capables de réussite. Alors, pourquoi avaient-ils perdu trois ans, ne rapportant aucun capture et se confondant de temps à autre en excuses vagues et embrouillées ? D'après certains rapports, dont ceux de Butch et Cassidy, des gosses s'étaient plusieurs fois mêlés de leurs affaires ; il pouvait difficilement croire que des groupes qualifiés se fassent écraser par des gamins. Mais si jamais c'était le cas… il faudrait s'occuper sérieusement de ces éventuels gêneurs.

Par interphone, il ordonna de convoquer les équipes L7 ( Butch et Cassidy ) et L15 : cette fois, ils allaient devoir lui donner de vraies explications.