Résurrection
Bonnie se mit debout en équilibre sur la rambarde. Elle était face au vide laissé par la rivière qui tombait à pic.
- "Ne faites pas de chose que vous pourriez regretter" dit le policier le plus calmement possible.
Il s'approcha un tout petit peu plus.
- "Clyde donne-moi ta main" lui dit-elle.
- "Bonnie t'es sûre de ton coup ?"
- "Ne pose pas de question ! Viens !"
Clyde monta sur la rambarde, en restant toujours face au policier. Bonnie et Clyde était main dans la main. Clyde se retourna, sourit à Bonnie. Ils se laissèrent tomber.
Le policier se précipita à la rambarde dans l'espoir de les attraper mais il eut juste le temps de voir leur corps disparaître dans les remous éclairés par les puissants lampadaires du barrage. Il faisait nuit.
L'impact fut brutal. Leur corps fut ballotté par les remouds jusqu'à ce qu'ils en perdent toute notion d'endroits et d'envers, puis ils furent emportés par le courant.
Clyde se démena pour atteindre la surface. Une seconde de plus et il étouffait.
- "Bonnie ! Bonnie !" furent sa première réaction.
Clyde vit une tache noire loin devant lui. Il se mit à nager à toute vitesse pour la rattraper. Lorsqu'il fut à deux-trois mètres d'elle, Bonnie coula. Il piqua dans l'eau. en quelques secondes il la saisit, la remonta à la surface, se dirigea tant bien que mal vers la berge, sortit de l'eau, étala le corps sans vie de Bonnie sur le ventre, lui arracha son sac à dos, la retourna, se mit à genoux, mit sa bouche contre celle de Bonnie, lui insuffla de l'air, ouvrit le manteau de son amie, mit ses mains contre la poitrine de Bonnie au niveau du coeur, et lui fit un massage cardiaque.
- "Allez Bonnie, tu dois vivre ! Tu dois vivre !"
Il lui insuffla à nouveau de l'air, continua le massage cardiaque jusqu'à ce que...
De l'eau sortit de la bouche de Bonnie, elle toussa, il l'aida à se retourner, elle cracha encore de l'eau. Elle se redressa et se jeta dans ses bras.
- "Clyde..."
Elle se mit à pleurer. Il lui passa la main dans les cheveux.
- "Clyde j'ai froid, tellement froid."
- "Vite ! retire tes habits ils sont tout mouillé."
Il l'aida à se lever. Elle laissa tomber son gros manteau. Ensuite elle retira son pull, puis son t-shirt et même son soutien-gorge à toute vitesse.
Clyde n'osait pas la regarder. Elle était en face de lui. Il regardait droit devant lui. Elle enleva ses chaussures, ses chaussettes, son pantalon, tout.
- "Tu devrais aussi enlever tes vêtements, tu grelottes" dit-elle gentiment.
Il regardait toujours devant lui. Il retira tous ses habits. Ils s'étreignirent à nouveau. Clyde sentait l'intégralité du corps de Bonnie contre lui : jambes contre jambes, ventre contre ventre, poitrine contre poitrine, joue contre joue. Clyde sentait les tétons froids de Bonnie contre son torse. Il passait doucement ses mains sur le dos de Bonnie, sa nuque, le haut de ses cuisses, pour réchauffer sa peau, ses bras, ses fesses. Elle faisait la même chose. Puis il se regardèrent droit dans les yeux. Longuement. Ils s'allongèrent dans l'herbe et profitèrent de la vie.
Le soleil se leva. Bonnie et Clyde se levèrent aussi. Ils essorèrent du mieux possible leurs vêtements. Ils vérifièrent que rien ne manquait dans leur sac... Bonnie était encore faible. Clyde attacha le sac de Bonnie autour de sa taille et porta Bonnie sur son dos. Ils purent repartir.
Ils firent un bout de chemin avant de parler :
- "Clyde, merci" dit-elle à son oreille d'un ton qui exprimait la gaieté.
- "C'est rien, on est partenaire" dit-il en souriant.
- "Ca va plus loin que ça, on est liés."
- "A la vie à la mort."
- "A la vie à la mort" répéta-t-elle sereinement.
- "A ton avis, on est loin du barrage ?"
- "Je ne sais pas du tout. Le choc de la chute m'a assommé" répondit Bonnie.
- "Le courant est fort" dit Clyde en regardant la rivière. "On a dut dérivé sur une longue distance."
- "En tout cas on entend plus la chute d'eau."
Bonnie s'endormit sur ces mots. Clyde avait parcouru quatre kilomètres en longeant la rivière quand il tomba sur une chaumière d'où s'échappait une fumée blanche. Une petite vieille faisait son potager.
Clyde était exténué.
- "Bonjour madame, nous sommes des dre..."
- "Chut, ne dit rien. Suis-moi."
Ils pénétrèrent dans la maisonnette.
- "Installe ton amie ici."
Elle désignait son lit. Clyde déposa Bonnie délicatement et rabattit soigneusement la couverture. Clyde s'assit devant la cheminée. Il tendit les mains vers le feu.
La petite vieille lui apporta un bol de soupe.
- "Merci beaucoup pour votre générosité madame."
Elle ne dit rien. Elle retourna dehors.
Clyde dégusta son bol en vitesse. Il prit une chaise et s'assit en face de Bonnie. Il la contemplait. Elle était sereine. Sereine comme la mort. A cette réflexion, Clyde lui tâta le pouls. Il était régulier. Il décida de sortir, prendre l'air.
La personne qui les hébergeait momentanément était penchée sur ses carottes. Clyde engagea la conversation.
- "Dites, que fait une vieille femme perdue au milieu de nul part ?"
- "Elle s'occupe de ses légumes."
- "Vous ne manquez pas d'humour" dit Clyde en souriant.
- "Vous avez l'air si tendu pour une si jeune personne. Qu'avez-vous donc ?"
- "Vous lisez en moi comme dans un livre ouvert... Pourtant j'essaie de le cacher..."
Elle se contenta de sourire.
- "Je peux vous confier un secret ?" poursuivit le jeune homme. "Nous sommes recherchés par la police."
Elle gloussa.
- "Ah la jeunesse et ses bêtises..." se contenta-t-elle de dire.
- "Sommes-nous loin de la cascade ?"
- "Une quarantaine de kilomètres" répondit la vieille.
- "Et de Doublonville ?"
- "Autant."
- "N'empêche vous êtes loin de la ville, pour en revenir au sujet qui m'intéresse."
- "Je hais les villes. Tout y est si gris. J'ai choisi de retourner à la nature. La Nature... Si vous voulez vraiment échapper à la police je vous conseille de ne plus suivre le fleuve mais plutôt de couper à travers bois. Marchez de nuit, le dos à l'étoile du berger."
Ils restèrent toute la journée. Clyde aida la gentille vieille dame pour le potager. Bonnie se réveilla le soir. Ils prirent un solide repas. Elle leur donna des provisions. Ils la remercièrent chaleureusement et s'en allèrent.
Ils traversèrent la forêt sans encombre. Pas d'hélicoptère, pas de Caninos, pas de policier.
C'était la nuit, ils étaient aux portes de Doublonville. Ils se firent discret. Un journal était poussé par le vent. Clyde le ramassa. Il datait de la veille.
"Bonnie et Clyde sont toujours en cavale. Ci dessous, leur portrait-robot."
- "Ils nous ont plutôt bien réussi" dit Bonnie en comparant les portraits et les modèles.
- "Bon, on fait quoi ? On rentre chez nous ?" demanda Clyde.
- "La maison doit être gardée. On a qu'à aller chez Laforgue."
- "Tu sais où il habite ?" s'exclama Clyde surpris.
- "Oui je suis déjà allée chez lui... avant notre rencontre."
- "Okay, je te suis."
Ils parcoururent la ville en direction du quartier "Le Petit-Bourg" qui rassemblait toutes les propriétés de luxe. En passant devant une maison en construction, Clyde ramassa une brique.
Il y avait de nombreuses patrouilles de police pour se prémunir des voleurs. Le duo s'arrêta au coin de la rue qui menait chez Laforgue, en se maintenant dans l'ombre.
- "T'as vu, ya une voiture de flic devant sa baraque" remarqua Clyde.
- "Pauvre vieux. Au moindre faux-pas ils vont lui tomber dessus."
- "C'est quand même bizarre. Ils savent bien que c'est lui le commanditaire, pourquoi ne l'ont-ils pas arrêté ?"
- "On va aller lui demander" dit Bonnie en lui faisant en signe de la main.
Bonnie avait fait la courte échelle à Clyde et une fois sur le mur, il la hissa par dessus elle aussi.
- "Clyde sort ta brique, la maison est gardée par des Malosse."
Ils sautèrent à terre. Un des pokéchiens les attendait. Il sauta sur Clyde qui l'assomma au vol avec sa brique.
- "Pauvre petit, fais de beaux rêves" dit Clyde.
Ils coururent jusqu'à arriver sous le balcon. de la chambre de Laforgue qui était au deuxième étage. Ils escaladèrent le mur. Une fois sur le balcon, ils n'eurent qu'à pousser la porte-fenêtre pour entrer dans la chambre.
Laforgue dormait. Clyde ressortit une brique.
- "Réveille-le" ordonna Clyde.
Bonnie s'approcha de son chef, alluma la lampe de chevet, lui saisit le bras et le remua. Celui-ci sortit de son sommeil.
- "Hein ? Quoi ? Que me voulez-vous ? Ah ! C'est vous !"
- "En chair et en os" dit Bonnie. "Vous n'êtes pas heureux de nous revoir ?"
- "Non, à cause de vous les flics ne me lâchent plus. Le Triumvirat en personne m'a remonté les bretelles, où devrais-je dire m'a menacé à cause de votre..."
- "Notre ?" reprit Clyde en haussant le ton. "C'est vous qui nous avez envoyé dans cette mission-suicide !"
- "C'est vrai. Excusez-moi. Je savais que la police me surveillait depuis quelques temps déjà, mais j'étais loin d'imaginer que ça se passerai comme ça."
- "C'est pas grave" dit Bonnie. "Ce qui est fait est fait."
- "Mais maintenant les flics me font chanter. Ils veulent des noms en échange de ma liberté."
- "Ca c'est votre problème. On devient quoi nous dans l'histoire ?" demanda Clyde.
- "Administrativement vous ne faîtes plus parti de la Team Rocket. Vos pass ont été annulés. Faites vous donc oublier..."
- "Hors de question ! On récupère d'abord nos Pokémon" dit Bonnie d'un ton ferme. "Où sont-ils ?"
- "Pauvres enfants. Crocodil et Hypnomade sont morts. Airmure est dans le coma chez les grands brûlés. Mackogneur est dans le même hospice, sur une chaise roulante."
Bonnie avait les larmes aux yeux.
- "Et les autres ?" dit-elle en sanglotant.
- "Retenus prisonnier dans les arènes de Kanto. Demolosse est à Azuria, Togetic à Carmin, Feuforeve et Donphan à Safrania."
- "Faut qu'on aille les délivrer" dit Clyde d'un ton résolu.
- "Hors de question ! s'exclama Laforgue. "Je ne veux pas que vous m'attiriez encore plus de problèmes !!"
Clyde se leva, saisi le col du pyjama de son patron d'une main et de l'autre il le menaça avec une brique.
- "Nous irons les délivrer" dit Clyde en insistant sur chaque syllabe.
- "Je... je ne comprends pas. Ils sont remplaçables. Je... je pourrais facilement vous en procurer d'autres de la même espèce."
- "Vous n'avez pas l'air de comprendre : les Pokémon sont irremplaçables. Ils nous ont sauvé la vie et nous leur avons promis de venir les récupérer."
Clyde relâcha Laforgue et se rassit. Bonnie enchaîna :
- "Est-ce que notre maison est surveillée ?"
- "Oui."
- "Est-ce que le QG de la Team Rocket est infiltrable ?"
- "A quoi penses-tu Bonnie ?" demanda Clyde.
- "Impossible. C'est une vrai forteresse" dit Laforgue.
- "Boss, on prend des congés, on fait ce qu'on a à faire, on récupère nos Pokémon et ensuite on redeviendra vos gentils soldats. D'accord ?" demanda Bonnie.
Jules Laforgue réfléchi quelques secondes avant de répondre "D'accord".
Bonnie et Clyde ressortirent par la fenêtre. Dans le jardin, ils prirent des vélos qu'ils jetèrent par dessus le mur, puis ils pédalèrent tranquillement jusqu'à chez eux.
Il y avait une voiture de police devant leur maison. Ils passèrent par derrière et entrèrent par la véranda.
- "Clyde surtout n'allume pas la lumière !"
- "T'inquiète."
Ils quittèrent leurs vieux habits tout crottés, prirent une douche en vitesse, enfilèrent des habits sombres, et dévorèrent ce qu'il restait dans le réfrigérateur. Puis ils remplirent chacun de vêtements un sac de voyage. Enfin ils allèrent dans le garage et ouvrirent une trappe secrète qui se trouvait sous l'emplacement de la voiture, trappe dont ils extirpèrent : deux clefs (une chacun), un lance-grappin, une tige en fer qui ressemblait à une épée, des faux papiers et des liasses de billets. Ils mirent leurs sacs de voyage dans le trou, et refermèrent la trappe. Ils répartirent tout leur attirail dans deux sacs à dos. Clyde jet un coup d'oeil à son réveil : il était une heure. Ils ressortirent, réenfourchèrent leurs vélos et partir à l'opposé de la maison de Laforgue : la fabrique de Pokeball, QG de la Team Rocket.
Ils mirent trois quarts d'heure pour y arriver. Auparavant ils avaient fait une escale dans le parc en face de la banque et enfouirent leurs clefs au plus profond d'un bac à sable. Ils jetèrent leurs vélos dans un conteneur. Ils enfilèrent des gants et leur cagoule. Ils observaient le bâtiment. Il était énorme, une vieille construction, le toit en taule, les murs en ciment. Une entrée piéton, plus une entrée de garage. Bien sûr elles étaient fermées et grillagées. Des gardiens faisaient des rondes. Des caméras ornaient les murs. Nos deux voleurs se tenaient devant l'entrée du garage.
- "Regarde, il a un angle mort entre ces deux caméras" dit Bonnie en montrant celles qui était au coin des murs. "Si on marche furtivement dans cet axe, on ne nous verra pas."
Ils se mirent à courir et se planquèrent dos au mur.
- "Bon ba c'est cool, on fait quoi maintenant Bonnie ?"
- "On attend. On attend qu'une voiture sorte."
- "Il est deux heures du mat'. Tu crois vraiment qu'il y a quelqu'un à l'intérieur ?"
- "Espérons que "le crime ne dorme pas", ou qu'il ne s'est pas encore couché."
Une demi-heure plus tard, la porte s'actionna, une voiture sorti du garage. Ils se faufilèrent dans le parking alors que la porte allait se refermer, et ils se plaquèrent chacun contre un pilier. Ils inspectèrent le garage des yeux : vide, à l'exception de quelques voitures.
- "Y'avait un gardien la dernière fois ?" s'exclama Clyde à voix basse.
- "On a pas fait attention. Regarde discrètement ce qu'il fait."
- "Il lit son journal."
- "Essayons de voir où sont les caméras" dit Bonnie.
- "J'en vois pas."
- "Restons dans l'ombre."
Ils longèrent les murs jusqu'à avoir l'ascenseur en face d'eux.
- "Il y a une caméra qui pointe sur l'ascenseur."
- "Et je suppose qu'il y en a aussi une dans l'ascenseur" répondit Clyde. "On fait comment alors ? Je suppose qu'on ne prend pas l'ascenseur..."
- "Élémentaire mon cher. Sort de ton sac la tige en fer qui ressemble à une épée. Il faut qu'on agisse en quelques secondes. Tu prends cette tige, tu l'enfonces entre les deux mâchoires de la porte, et tu pousses le plus possible sur un côté. OK ?"
- "OK."
Clyde courut jusqu'à l'ascenseur, suivit les consignes de Bonnie. Elle courut à son tour à toute allure, je jeta dans la cage d'ascenseur et attrapa l'un des câbles au vol. Clyde fit de même. Il s'engouffra dans le vide, et attrapa un câble d'ascenseur à une main. La porte se refermait, il rangea la tige vite-fait dans son sac, et se cramponna à deux mains. Il faisait noir.
- "Bonnie t'es là ? On y voit rien là dedans."
- "Oui."
Sa voix venait d'en dessous.
- "Je suppose qu'on descend."
- "On descend" répéta-t-elle.
- "Où est l'ascenseur ?"
- "Au dessus de toi, Clyde."
- "Espérons que personne ne veuille s'en servir" déglutit-il.
- "Espérons-le... Clyde, surtout ne te laisse pas glisser. Tu risquerais de te cramer les mains." Ils descendirent jusqu'en bas, soit trente mètres dans le noir. Ils mirent pied à terre. La porte de sortie de l'ascenseur était à un mètre cinquante du sol.
- "Clyde, tu vas entrouvrir cette porte, et je vais monter sur tes épaules pour jeter un oeil."
Ils s'exécutèrent.
- "Fais chier, c'est plein de caméras ici" gémit-elle. "Nous serons obligatoirement vus."
L'accès à la salle d'équipement était entravé par des faisceaux lumineux de couleur rouge. Certains étaient statiques, d'autres balayaient le couloir en tout sens.
- "Euh Bonnie, tu as une idée pour passer ça sans nous faire repérer ?"
- "Qu'est-ce que tu crois, je suis une voleuse professionnelle, et une pro des rayons laser. Allez montons et agissons vite."Clyde réouvrit la porte et tout deux sortirent de la fosse de l'ascenseur. Le couloir était gris bleuté, un couloir de haute sécurité tout ce qu'il y a de plus banal.- "Accroupi-toi à un mètre des première rayons, face à eux."Clyde s'exécuta. Bonnie se positionna en entre Clyde et les rayons. - "Maintenant Clyde, tu vas entrecroiser tes mains, comme pour me faire la courte échelle."
Clyde se demandait où elle venait en venir, mais lui faisant absolument confiance, il ne posa pas de questions.
Bonnie posa ses mains sur les épaules de Clyde, puis cala un pied entre les mains de son ami.
- "Redresse-toi, et essaie de me projeter le plus perpendiculairement au sol possible.
Clyde se redressa avec force. Bonnie fut soulevée à plus de un mètre quatre-vingt du sol. Dos au sol, elle passa par dessus le rayon le plus haut. Une fois ses jambes passées, elle les balança de toute ses forces en avant, pour finir d'accomplir son salto-arrière. Comme un ressort, elle tomba au sol, (un rayon frôla sa tête) et rebondit aussitôt à nouveau en arrière, tout en vrillant, pour se retrouver parallèle au sol. Elle passa dans entre deux rayons, situés à un mètre soixante du sol. Elle réatterrit dos au sol, ses muscles étaient en feu, son corps formait un pont : son buste parallèle au sol, articulations des coudes et des genoux à la perpendiculaire de son buste. Deux rayons étaient sous elle. Un rayon laser venait vers elle, s'il avait été tranchant, elle aurait été coupé en deux parts égales. Elle fléchit un tout petit peu son genoux et son coude droit, juste assez pour avoir suffisamment d'élan, et pas trop pour ne pas toucher les rayons sous elle. Elle réussit à esquiver le rayon baladeur : elle se tenait sur le bras et la jambe gauche. Un autre rayon laser passerait au niveau de son ventre. Elle fut contrainte de faire une rondade sur une main, et elle se balança de côté. Elle enchaîna avec une autre rondade en plaçant ses mains entre les rayons lasers, elle joignit les jambes, s'appuya sur ses mains, et se poussa vers le mur sur lequel elle rebondit et ses jambes la propulsèrent en diagonale au milieu du quadrillage rouge, pour finir par une galipette, se relever et appuyer sur un interrupteur. Les rayons disparurent, et la porte de la salle d'équipement s'ouvrit. Clyde fonça, passa à côté de Bonnie, elle était ruisselante de sueur, elle reprenait son souffle à grand peine. Il parcouru les allées, jonchées de matériel en tout genre : uniformes, pokéballs vides, pokéballes pleines, du matériel de piratage de code de sécurité, des brouilleurs de radars, des jumelles... et des armes. Clyde mit dans son sac deux fusils à pompe et des dizaines de lots de cartouches.- "Bonnie, t'as trouvé les Pokémon que tu cherchais ?"
- "Nooon ! Pas de Dracollosse. Et je me vois mal faire le voyage à dos de Rapasdepic ou Roucarnage. Fais chiiier. Ils doivent être dans la salle V.I.P."Ils se rendirent devant cette salle. Le guichet était fermé. La porte étaient blindée.
- "Comment on fait pour l'ouvrir ?" demanda Bonnie.
- "Si tu veux on la fait exploser."
- "OK."
Clyde partit chercher une peinte plastique et un détonateur. Il revint à la porte et colla l'explosif.
- "Clyde, tu devrais peut être retirer la moitié du plastique. Tu as vu les dégâts que ça à fait la dernière fois..."
Il retira du plastique et enfonça le détonateur. Ils coururent se mettre à l'abri, dans le recoin du couloir. L'explosion les expulsa jusqu'à la porte de l'ascenseur. Il y avait des débris partout. Un peu de feu aussi. Ils étaient recouverts de poussière. Clyde aida Bonnie à se relever. L'alarme retentit. Il vit un bout de carton rouge dépasser d'un décombre. Intrigué, il le ramassa. C'était une place pour le ferry d'Oliville. Une table avait défoncé la porte de l'ascenseur.
- "On gicle !!!!" dit Clyde.
Ils se jetèrent dans la cage d'ascenseur. Clyde sortit de son sac son lance-grappin et en fit usage. Bonnie le serra dans ses bras et il la saisit d'une main par la taille. Il enclencha le bouton, ils furent remontés à une vitesse extrême jusqu'au dernier étage. Ils ouvrirent la porte. Sortirent. Et prirent l'escalier, descendirent jusqu'au rez-de-chaussée. Le gardien n'était plus là. Bonnie pénétra dans la loge et appuya sur la commande d'ouverture de la porte. Ils coururent jusqu'aux poubelles à l'extérieur. Une vieille voiture marron, toute sale, un peu cabossée étaient en évidence. Clyde tenta un coup de bluff. Il passa sa main sur la roue avant gauche, et en sortit une paire de clef.
- "Comment t'as sût ?"
- "Bonnie, tu as encore des trucs à apprendre" dit-il en souriant.
Ils montèrent à bord et s'en allèrent au sud de la ville. Prochain arrêt : la pension.
La pension était un peu en dehors de la ville. Une grande propriété avec au centre une grande maison du genre hôtel. Ils s'arrêtèrent prêt de la barrière de bois peinte en blanc qui délimitait le domaine de la pension. Puis ils enjambèrent cette barrière.
- "C'est vachement mal protégé ici."
- "Clyde, c'est une sorte d'hospice pour Pokémon. Qui irait voler un Pokémon qui ne peut plus combattre ?"
- "A par nous, je vois pas... Tout est éteint. Comment on les retrouve ?"
- "En regardant dans le registre (si il y en a un)."
Divers Pokémon dormaient dehors : des Tauros, des Ecremeuh, des Ronflex...
Bonnie et Clyde montèrent sur le perron, ouvrirent la porte-moustiquaire, puis poussèrent la porte, le tout sans faire le moindre bruit. Clyde sortit sa lampe de poche et inspecta l'entrée.
Sur sa gauche donnait la salle à manger, derrière elle, la cuisine. De l'entrée partaient deux couloirs qui menaient aux chambres du rez-de-chaussée et il y avait un escalier, qui à mi-hauteur se séparait en deux branches, desservant chacune des ailes. Au dessus de l'escalier, il y avait une énorme fresque qui représentait deux armées de pokémon hétéroclites qui chargeaient, et tissé en fil d'or marqué : "Puisse-t-il jamais recommencer." Sur la droite, une porte indiquait "PRIVE", sans doute la chambre des propriétaires, et à gauche de cette porte, un guichet, façon vieil hôtel, tout en bois. Bonnie passa derrière, et consulta le répertoire des entrées et sorties.
- "Clyde, ton Airmure est au 127. Et mon Mackogneur est au 014. On se rejoint ici dans cinq minutes."
Clyde monta au premier étage dans l'aile gauche. Il marcha tout au fond. La 127 était la dernière chambre. Il poussa la porte. Il entra. Il y avait quatre lits. Un dans chaque coin de la pièce. Il y avait un Noadkoko, un Reptincel, un Staross. Donc dans le quatrième était forcément le pokémon vol-métal. Il s'approcha de son lit. Sur le devant il y avait le dossier médical qui était suspendu. Clyde mit sa lampe torche dans la bouche, la serra avec les dents, prit le dossier, et le parcouru.
Sur la première page était marqué en évidence "Airmure". Il était expliqué que le feu avait pénétré à l'intérieur de sa cuirasse d'acier. Pour stopper sa progression, on avait dû lui arracher son armure, qui commençait à coller à la chaire fondue, en vue d'éteindre le feu de l'intérieur. Son armure avait agit comme une marmite, faisant augmenter encore plus la température du corps... Pour ne rien arrangé, Airmure, dans sa chute s'était brisé ses deux ailes, et on avait été obligé de l'amputer.
Ce qui expliquait pourquoi Airmure ne ressemblait pas à l'un de ses congénères mais plutôt à un morceau de viande carbonisée. Ce qui expliquait l'odeur de brûlé. Ce qui expliquait qu'Airmure était dans le coma. Ce qui expliquait tout l'appareillage autour du lit : assistance respiratoire, écrans divers signalant l'activité cérébrale, le rythme du coeur...
Des larmes coulèrent silencieusement le long des joues de Clyde.
- "Je t'ai promis que tu serais libre et je tiendrais parole. Tu es dans un état pire que la captivité, pire que la torture : on te maintiens en vie artificiellement. Bientôt tu vas rejoindre la réalité. Rassures toi : ceux qui t'ont fait ça le paieront."
Clyde coupa tous les instruments de mesure, ainsi que l'assistance respiratoire. Un bruit roque sortit de la bouche du Pokémon. Puis il se tût. A tout jamais. Clyde s'essuya les yeux et retourna au hall d'entrée.
Bonnie était dans la chambre de Mackogneur. Il était dans un lit en fer, à plat ventre, les deux jambes dans le plâtre. Il avait une camisole de force en côte de maille. Elle desserra les liens et réveilla son pokémon.
- "Mack... Mack..." dit-elle tout doucement... "C'est moi, c'est Bonnie... Tu t'en vas d'ici. retira ta camisole et entre dans ta pokéballe."
Bonnie ressortit de la chambre et rejoins Clyde qui l'attendait.
- "Ca n'a pas l'air d'aller" lui dit-elle.
- "J'ai euthanasié Airmure, il était dans le coma."
- "Ne restons pas ici plus longtemps."Ils sortirent de la pension, traversèrent la propriété et réenjambèrent la barrière.
Ils montèrent dans la voiture et conduirent jusqu'à chez eux.
- "Alors qu'est ce qu'on fait ? On a pas récupéré de moyen de transport."
Clyde sortit le pass-bateau de son sac.
- "On a une place pour le ferry d'Oliville. T'as qu'à la prendre."
- "Et toi tu fais quoi ?"
- "J'ai besoin de me changer les idées, de faire le point. Il m'est arrivé trop de trucs en un très court laps de temps. Je ferais le chemin à pied, par les routes réservées aux piétons.
- "Donc, on se sépare ?"
- "Oui. Toi tu t'occupes de Carmin, moi d'Azuria, et on se retrouve dans quatre mois jour pour jour à Safrania."
Ils se garèrent à un pâté de maison de chez eux. Ils prirent leurs sacs et sortirent.
- "Tiens Bonnie, je te laisse les clefs" dit il en les lançant.
Elle les rattrapa. et les mit dans sa poche. Ils pénétrèrent dans leur maison par l'arrière, allèrent directement dans le garage pour récupérer leur sac de vêtements. Ils ressortirent aussi sec. Une fois à la voiture, ils se firent leurs adieux.
- "Eh bien nous y voila. Toi tu pars à l'est, et moi à l'ouest, mais nous allons au même endroit. C'est bizarre "dit-il songeur.Ils s'étreignirent longuement, sans mot dire.
- "Prends soin de toi, ma petite Bonnie."
- "N'oublie pas de changer d'apparence."
- "T'inquiètes."
Ils s'embrassèrent, se lâchèrent, se retournèrent chacun vers leur destin, et s'y dirigèrent.