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Rédemption de Lilalou



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» Auteur : Lilalou - Voir le profil
» Créé le 15/12/2002 à 20:41
» Dernière mise à jour le 15/12/2002 à 20:41

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(Première partie)
L'ébahissement des policiers n'avait d'égal que celui des Rockets postés en haut du flanc Ouest qui avaient assistés à la scène. Cassidy murmura d'une voix blanche :
- Ces… abrutis… ont réussis un coup pareil…
- En tous cas, cela nous arrange, répondit Giovanni qui s'efforçait de garder un visage impassible. Puisqu'ils les ont neutralisés, nous avons le temps de passer par là avant que…
La fin de sa phrase mourut sur ses lèvres. Sidérés, lui et ses deux adjoints virent le duo installer en un temps record un micro et deux énormes enceintes. L'instant d'après, ils eurent les tympans presque défoncés par 120 décibels de :
- NOUS SOMMES DE RETOUR…- POUR VOUS JOUER UN MAUVAIS TOUR…- AFIN DE PRESERVER LE MONDE DE LA DEVASTATION…- AFIN DE RALLIER TOUS LES PEUPLES A NOTRE NATION…- AFIN D'ECRASER L'AMOUR ET LA VERITE…- AFIN D'ETENDRE NOTRE POUVOIR JUSQU'A LA VOIE LACTEE…- JESSIE ! –JAMES ! – LA TEAM ROCKET, PLUS RAPIDE QUE LA LUMIERE ! – RENDEZ VOUS TOUS, OU…
Enlevant les mains de ses oreilles, Butch se rendit compte que la quasi-totalité des policiers, attirés par ce boucan, venaient de faire irruption dans la clairière pour prêter main forte à leurs camarades prisonniers. James, que leur arrivée avait interrompu et que Jessie entraînait déjà, eut encore le temps de beugler, furieux :
- J'AI PAS FINI !
…avant de lâcher son micro et de filer ventre à terre.



Dix secondes après, ils arrivèrent hors d'haleine dans le cratère… et se retrouvèrent entourés par leurs « collègues » furibards, dont les oreilles sonnaient encore.
- Mais qu'est-ce que vous avez foutu bande de tarés ?! hurla Cassidy. Vous les avez tous ameutés par ici !!!
L'air légèrement ( enfin, peut-être plus que légèrement ) mal à l'aise, Jessie et James encaissaient ce torrent d'insultes sans mot dire. Giovanni finit par intervenir :
- Cassidy, ça suffit ! Comme tu le dis si bien, les flics vont arriver ! Alors préparez-vous plutôt à vous battre !
Les Rockets finirent par s'écarter de Jessie et James. Mais alors que ceux-ci s'avançaient pour rejoindre les autres, leur chef leur lança un regard froid :
- Vous deux, restez là. A moins que vous estimiez ne pas en avoir assez fait…
Le rouge leur montant aux joues, les deux complices baissèrent la tête ; James en profita pour glisser à Jessie :
- Mais que fait-il ? S'il a échoué…
- …alors nous ne pourrons jamais expliquer aux autres - et surtout au Boss - que tout était prévu d'avance, conclut-elle. Tu connais des prières efficaces ?
Levant la tête vers le ciel, elle fut presque aussitôt éblouie par une lueur ; n'osant pas en croire ses yeux, elle scruta le ciel, puis cria :
- James, regarde ! Il arrive !
- Génial ! J'ai toujours dit qu'il allait réussir !
Tournant la tête pour voir ce qui les excitait à ce point, la Team Rocket vit Jessie et James faire des signes frénétiques à … un énorme hélicoptère de police, qui les éclairait de son projecteur. Butch explosa de rage :
- Bande de traîtres ! Vous avez décidé de déserter ou quoi ?!
Ses rivaux se retournèrent alors vers lui d'un air étonnamment calme :
- Ne dis pas n'importe quoi.
- Regarde plutôt qui est aux commandes, dit James.
Ils plissèrent des yeux en direction du pare-brise ; et alors que l'appareil était presque à terre, Giovanni reconnut enfin la silhouette derrière la vitre. Après l'atterrissage, la porte s'ouvrit et une voix déclara :
- Bienvenue sur Miaouss Airlines ! Si vous voulez bien vous donner la peine…
- Nom de… ! C'est ce matou mité qui pilotait ! s'étrangla Cassidy.
- Si tu veux, il peut redécoller tout de suite, lui rétorqua Jessie.



Dès que la Team entière fut en sécurité dans l'engin, Miaouss décolla, James à ses côtés dans le poste de commande.
- Dis-moi, les Caninos sont bien neutralisés ? demanda le Pokémon.
- Avec le Para-spore, ils feront moins de flammes qu'un briquet, le rassura son compagnon. De ton côté, tout s'est bien passé ?
- Impec ! Avec tout le boucan que vous avez fait, les gardes des hélicos ne savaient plus où donner de la tête. J'ai eu tout mon temps pour saboter les autres avant d'« emprunter » celui-ci ! Piloter des tas de robots, ça m'aura au moins servi à ça !



Assis près de la porte de la cabine, Giovanni avait entendu le dialogue entre ses deux sbires. Quelle ironie… Être sauvé par ceux dont il voulait se débarrasser. Ces trois-là l'étonneraient toujours. Se sentir acculés les avait forcés à développer un nouveau potentiel. Cependant, si grand qu'il fût, l'exploit qu'ils venaient de réaliser ne pouvait effacer les trois ans qu'ils avaient perdus. Il allait devoir sérieusement reconsidérer leur situation…



En regardant l'hélicoptère tournoyer une dernière fois au-dessus d'eux, comme pour les narguer, les policiers enrageaient. Ces bandits n'avaient pas fini de les faire courir. Soutenue par un de ses équipiers, l'agent K-You de Céladopole soupira :
- Jessie et James… Nous croyions qu'ils s'étaient calmés ; apparemment, ils ont repris du poil de la bête.



Le soleil du matin réchauffait doucement le Bourg Palette. Sacha descendit lentement l'escalier, la marque de l'oreiller encore sur la figure. En entrant dans la cuisine, il salua distraitement Pierre, qui préparait le petit déjeuner.
- Et bien mon vieux, t'as une drôle de tête ! L'orage t'as empêché de dormir ?
- Un peu ça, oui. En plus, ces temps-ci, je fais des rêves bizarres… Mais je ne m'en souviens jamais. (…) Ah, salut Ondine.
- Salut les gars.
Ondine s'étira, puis bâilla et s'assit. Elle aussi avait eu un peu de mal à dormir ; elle avait été réveillée plusieurs fois par des cauchemars ces temps-ci, mais n'en avait pas parlé. Ce devait être passager, et elle n'avait pas envie que Sacha se moque d'elle.
La radio diffusait maintenant les actualités ; Pierre, qui écoutait d'une oreille, dit soudain :
- Sacha, Ondine ! Écoutez un peu !
- …aurait dû permettre l'arrestation d'une partie des membres du redoutable gang. Cependant, deux d'entre eux ainsi que leurs Pokémons ont réussi, par un plan très audacieux, à blesser et immobiliser une partie des forces de l'ordre, puis à évacuer le reste des membres de la Team Rocket à bord d'un des propres hélicoptères de la police…
- C'est vraiment frustrant, commenta Ondine. Quand on pense qu'ils ont failli les avoir…
- Oui, sans leurs deux « collègues »… A mon avis, ce pourrait bien être Butch et Cassidy, s'ils ne sont plus en prison…fit Pierre.
- Sans doute, l'approuva Sacha. Un « plan audacieux », ça leur ressemble bien…
La radio continuait :
- Nous vous mettons surtout en garde contre les deux Rockets qui ont opéré ce coup spectaculaire et sont bien connus des services de police, sous les noms de Jessie et James. Leur description…
A l'énoncé des noms, Ondine et Pierre avait tressailli, et se regardaient d'un air incrédule. Sacha quant à lui avait avalé son jus d'orange de travers ; quand il eût fini de tousser, il se retourna vers ses deux amis :
- Eux ?! Quand je pense à la rouste qu'on leur a flanqué hier… Finalement, ils n'ont pas complètement perdu la main…



Loin de là, dans une petite ville près des montagnes du Nord de Johto, quelques clients discutaient dans un café. Assis au fond de la salle, un homme semblait écouter ce qui se disait. Le Miaouss à ses côtés ne semblait pas moins attentif.
Le patron alluma la télévision accrochée près du comptoir pour le JT du matin. Un reportage sur l'opération manquée contre la Team Rocket attira l'attention des clients, y compris celle de l'homme et de son Miaouss. Celui-ci poussa un miaulement discret, qui ressemblait à un commentaire. L'homme fit alors une réponse que personne à part le Pokémon félin n'entendit :
- Hé oui, ils sont encore actifs, ces humains manipulateurs, violents et égoïstes, qui ont, à cause de cela, failli causer la destruction du monde.
Le Miaouss eût un sourire ironique, puis émit un « Mii Miaaa. » que l'homme traduisit par : « Tout toi, quoi. »
Il sourit à son tour : - Fuh… Ca, c'était avant. J'ai pu changer, en partie grâce aux autres… et à toi.
- Je crois que je n'aurais rien pu faire, si à deux reprises, je n'avais pas rencontré mon… « frère ». Ce n'est que lorsque je me suis retrouvé confronté à lui que j'ai commencé à me poser des questions…
- Tandis que moi, je me suis laissé emporter par ma haine, continua silencieusement l'homme.
Reportant son attention, il cligna des yeux :
- En parlant de ton « frère »…
Le Miaouss regarda à son tour l'écran, et parut salement surpris. La photo d'un autre Miaouss s'y affichait, tandis qu'une voix off disait :
-… dernier Pokémon, et non le moindre, est un Miaouss sachant parler et marcher sur deux pattes. Sournois, rusé et voleur, ce Pokémon a réussi à saboter huit hélicoptères de police et à dérober le dernier pour transporter ses maîtres. Bien qu'on ne connaisse pas bien ses capacités de combat, il doit donc être considéré comme très dangereux…
Alors que le reportage prenait fin, l'homme se retourna vers le Pokémon qui restait muet.
- C'est lui, pas de doute. D'ailleurs, ils ont aussi parlé des deux gars qui l'accompagnaient les deux dernières fois. (…) Désolé pour toi, mais ce Miaouss me dégoûte. Il sert les seuls hommes qui me font encore douter sur les humains en général ; il les aide à capturer d'autres Pokémons ; et pour finir, il les imite de manière grotesque. Pffff… ton « original » me semble bien mal engagé…
Le félin sembla se décoincer, mais garda un air abattu :
- Pourtant… il m'avait semblé intelligent… et sympa. Nous nous sommes d'abord méfié l'un de l'autre, mais ensuite nous avons tous les deux compris que… que tout cela ne rimait à rien.
- Hmm… Peut-être… Mais au contact de ces humains, il a fini par dériver, comme j'ai failli le faire moi-même. De toute façon… tu sais bien qu'il est encore trop tôt pour nous décider. Un jour prochain, sans doute… Mais pas maintenant…
Le Miaouss acquiesça en silence. Puis il suivit l'homme qui s'était levé ; ils sortirent du café, puis du village. Ils ne reviendraient pas prendre de nouvelles avant un bout de temps. Après un bout de chemin, ils quittèrent la route pour se mettre à l'abri des regards. Là, le Miaouss regarda son compagnon arrêter l'hologramme qui lui donnait une apparence humaine. Puis ils s'envolèrent vers les profondeurs de la montagne.



Allongée sur la pelouse du parc du Professeur Chen, Ondine était songeuse. Pour une fois, ce n'était pas à Sacha qu'elle pensait. Celui-ci s'était un moment entraîné à tenir sur le dos de Roucarnage et Dracaufeu en vol ; après avoir atterri et félicité ses Pokémons, il marchait maintenant vers elle avec Pierre ; ils s'assirent à ses côtés.
- Ondine, à quoi penses-tu ?
- A la Team Rocket. Le reportage de ce matin m'a rappelé une chose : il n'y a pas que les cinq que nous connaissons qui en font partie. C'est une organisation étendue partout, et pas seulement spécialisée dans le vol de Pokémons.
- Hmm… C'est vrai qu'on a tendance à l'oublier. Ils doivent être mêlés à divers trafics…
- Oui… Ils ont beaucoup de pouvoir et d'influence. Mais quand je pense à cela, je me rappelle qu'à l'origine, je suis une championne d'arène. Cela veut dire que moi aussi j'ai du pouvoir ; que je pourrais faire quelque chose pour changer cette situation, au lieu de me contenter d'écarter de mon chemin les trois que nous connaissons…
- Je crois comprendre ce que tu veux dire, continua Pierre. Au lieu d'agir seulement lorsqu'ils viennent à nous, tu voudrais les attaquer la première ?
- Ouais… Évidemment, je fantasme. Agir seule contre tout un réseau est une idée complètement folle…
Sacha, resté silencieux, réagit alors :
- Seule ? Depuis quand es-tu seule ? Tu as le champion des ligues Orange et Johto avec toi ! Je ne la trouve pas folle ton idée, crois-moi !
- Et moi aussi, je suis champion d'arène ! s'écria Pierre. C'est vrai qu'en tant que maîtres, nous pouvons faire plus de choses que la plupart des gens…
Ondine regardait ses deux camarades avec des yeux admiratifs ; depuis quelques temps, ils menaient une vie trop tranquille ; elle avait oublié comment Sacha, et Pierre aussi, pouvaient s'engager pour une cause. Mais son enthousiasme retomba plus vite qu'un soufflé au fromage :
- Bon, ben maintenant qu'on est trois ados contre une organisation criminelle internationale, y'a plus de problèmes…
Sacha et Pierre se turent d'un coup, arrêtés en plein élan. La mine déconfite, ils s'allongèrent à côté d'Ondine. Même s'ils avaient beaucoup d'expérience pour des adolescents de 13, 14 ou 17 ans, ils ne devaient pas se faire d'illusions. Lorsque l'aventure venait à eux, ils relevaient le défi, mais là ils ne savaient même pas par où commencer.
Cependant, Sacha essayait toujours de trouver une solution au problème posé par son amie. Peut-être pourraient-ils obtenir de l'aide des champions d'autres arènes, du Conseil des Quatre ou de la Ligue Pokémon ? Plus il y pensait, moins il se sentait capable d'y arriver. Il était champion, mais un champion de treize ans seulement ; il se sentait trop jeune pour négocier avec des adultes. Et pourtant, Ondine avait raison : être champion donnait des droits, mais aussi des responsabilités. En tant que champion, il devait s'engager contre ceux qui maltraitaient les Pokémons… Ces réflexions s'entremêlaient dans sa tête, et au final, il n'était pas plus avancé.
- Ah, si Papa était là… C'était un homme génial, et un grand Maître Pokémon. Lui saurait quoi faire…
Il ferma les yeux lors de l'évocation de ce père mort avant sa naissance, puis laissa ses pensées vagabonder. Il repensa au rêve bizarre qu'il avait fait cette nuit : il y avait des tas de Pokémons, dans une grande arène ; le plus étrange, c'est qu'il les voyait tous en double ; il y avait même deux Miaouss, et… deux Pikachus. Il finit par abaisser la visière de sa casquette, tout en pensant :
- C'que ça peut être idiot parfois les rêves…



Jessie, James et Miaouss marchaient côte à côte dans le dédale de couloir du QG, vers le bureau du Boss. Avec leur exploit de la veille, ils avaient leur tête dans tous les journaux, qui ne tarissaient pas d'éloges sur eux ( « plan audacieux », « sournois, rusés », « très dangereux »… Jessie envisageait de commencer un dossier de presse ). Et pourtant, ils ne se sentaient pas totalement rassurés lorsqu'ils frappèrent enfin à la porte. Dès qu'ils furent entrés, leur chef se tourna vers eux, une expression indéfinissable sur le visage ; il commença par :
- Je dois d'abord vous féliciter pour votre prestation d'hier soir…
Mais en voyant leurs visages se détendre, il continua sèchement :
- … même si elle ne compense pas les trois ans que vous avez gâchés. Je consens néanmoins à vous donner une chance de vous racheter. Demain soir, vous ferez un match Pokémon contre deux adversaires. Si vous gagnez, vous obtiendrez une promotion ; si vous perdez… ce sera le renvoi définitif.
Jetant un œil à ses subordonnés, il vit que Jessie et Miaouss étaient tendus comme des cordes à violon ; quant à James, il paraissait sur le point de s'évanouir. Satisfait de son effet, il poursuivit :
- Bien sûr, vos adversaires jouent également pour une promotion. Cependant, eux ne risquent pas le renvoi ; ils ont définitivement prouvé leur utilité à l'organisation. ( Jessie se mordit la lèvre) Vous allez les voir ; je crois que les présentations sont inutiles…
Une autre porte s'ouvrit, et Butch et Cassidy entrèrent dans la pièce d'un air arrogant.
- Cassidy ! cria Jessie.
- Et Boutche ! renchérit James.
Butch fit un gros effort pour ne pas étriper James devant son patron, tandis que Jessie explosait :
- Mais pourquoi eux ? Pourquoi ces -
Giovanni la fit taire du regard :
- Parce qu'ils comptent parmi les meilleurs dresseurs de la Team. Sur ce…
Il leur fit signe de quitter les lieux, chaque groupe par sa porte. Alors qu'il fermait la leur, la main crispée sur la poignée, James eût le temps de l'entendre rajouter d'un ton moqueur :
- J'attends demain soir avec impatience…