(Première partie)
Avis aux âmes sensibles : cette histoire s'ouvre sur une scène d'une violence rare…enfin pas si rare que ça pour quiconque a vu plus de 3 épisodes « Pokémon » dans sa vie :
- PII-KA-CHUUU !!!
- AAAAAARGH !!
- BAOUM !
- ( A la ouane, à la tou, à la tri…) Une fois d'plus, la Team Rocket s'envole vers d'autres cieuuuux !
( Ting ! )
( NDLA : vous avez compris ou vous voulez un dessin ? )
Cela faisait maintenant trois ans que Sacha avait commencé son apprentissage Pokémon. Après avoir participé aux Ligues Indigo, Orange et Johto, il prenait un peu de repos à Bourg-Palette, le point de départ de son aventure. Il se remémorait encore les émotions qu'il avait éprouvées six mois auparavant : sa joie lorsqu'il avait remporté la finale de la prestigieuse Ligue Johto, sa stupéfaction quand il avait su qu'il était ex æquo avec Régis, sa motivation lors du combat à six contre six qui devait les départager, son ahurissement lorsque les deux Pokémons restants, Pikachu et Noctali, étaient tombés K.O. au même moment. Dans son premier match officiel contre son rival, lui, Sacha, avait fait match nul. Finalement, lui et Régis ( qui semblait également tomber des nues ) avaient dû partager le titre de champion de la Ligue. D'abord vexé comme un pou, il avait admis qu'à long terme, c'était très bien ainsi : depuis cette date, les deux garçons avaient plus de respect l'un pour l'autre et se voyaient souvent, bien qu'une rivalité formelle subsiste entre eux deux.
Voyant que Fargas séchait toujours sur le mystère de la GS Ball, le trio avait passé les six derniers mois à voyager chacun de son côté, en se donnant rendez-vous à Bourg-Palette ; aucun d'eux ne s'était engagé dans un quelconque championnat, même s'ils menaient régulièrement des combats pour éviter de rouiller.
Chemin faisant, Sacha n'avait pas capturé de nouveau Pokémon, mais avait par contre retrouvé et recueilli plusieurs anciens membres de son équipe : Papilusion, largué par sa fiancée, Carapuce, qui avait trouvé un successeur pour le remplacer dans son gang, Roucarnage, resté aux alentours du Bourg-Palette, et Dracaufeu, qui s'était entraîné un moment dans une vallée dédiée à ses congénères. Dans son village natal, il passait maintenant beaucoup de temps dans le parc du Professeur Chen, avec eux et d'autres qu'il n'avait pas pu voir souvent, comme Grotadmorv, Tauros ou Scarhino.
Pierre et Ondine n'avaient pas non plus perdu leur temps : dès la fin de la Ligue, ils s'étaient rendus dans leur ville d'origine, pour voir leur famille et leur arène. Celles-ci marchaient bien, celle d'Azuria étant tenue par les trois sœurs d'Ondine, et celle d'Argenta par Opale, la sœur la plus âgée de Pierre et par son père. Ils avaient également chassé un peu et ajouté de nouveaux membres à leur équipe. Ainsi, Ondine avait capturé au large de Cramois'île un magnifique Lokhlass ; de plus, son Hypotrempe, qu'elle entraînait depuis son retour à Azuria, avait récemment évolué en Hypocéan. De son côté, Pierre avait apprivoisé un jeune Rhinocorne dans un parc de Parmanie ; son Racaillou avait fini par évoluer en Gravalanche ; mais sa plus grande fierté était sans aucun doute ( et au grand dam de Sacha ) un splendide Ptéra, qu'il avait attrapé dans les montagnes, après des recherches basées sur celui qu'ils avaient pu voir lors d'une chasse au fossile.
Sacha regarda une dernière fois le trio infernal disparaître au loin, puis se retourna vers Pikachu.
- Génial Pikachu, tu les as carrément éjectés !
Pikachu sourit et fit un « Pika ! » de satisfaction.
Ondine sourit également puis demanda :
- C'était leur combientième visite de la semaine, là ? La quatrième, non ?
- Mmm… Moi j'aurais dit cinq. Pierre, tu veux parier qu'ils reviennent demain ? ajouta Sacha en se tournant vers son aîné.
- Pas preneur, répondit l'intéressé d'un ton moqueur.
Appuyé contre une barrière, Régis avait suivi la bagarre d'un air absent. Il fit alors remarquer :
- Vous avez l'air habitués. Vous rencontrez ces losers si souvent que ça ?
- Sûr, même le dimanche et les jours fériés, dit Ondine.
Régis se détacha de la barrière :
- Décidément, tu n'as pas de chance, Sacha. Si ces bouffons te collent au train depuis que tu as commencé ton voyage, je comprends mieux que tu aie souvent eu du retard sur moi à cause d'eux. A cause aussi de mon incontestable supériorité, bien sûr…
- Je m'en fiche, répliqua Sacha. Les battre me permet toujours de m'entraîner.
Ondine prit le ton piquant qui indiquait qu'elle allait lancer une vanne :
- Et puis, si on avait du retard, c'est pas plutôt parce qu'on était à pied, et que toi tu roulais en Porsche, bien calé entre tes Pom-pom girls ?
Régis rougit légèrement et tous éclatèrent de rire.
Non loin de là, un mélange de bras, de jambes, de cheveux bizarres, de poils et de griffes se reçut plutôt rudement dans les branches d'un arbre. Une fois dépêtrée de ses compères, la grande Jessie fit la chose pour laquelle elle semblait la plus douée : râler. Contre les morveux, contre ses complices, contre son Qulbutoke qui était sorti entre-temps (« Encore pire que le Psykokwak de cette peste ! »). Quand elle se fut un peu calmée, c'est-à-dire après une bonne demie-heure, elle affirma d'un ton péremptoire :
- Ce n'est que partie remise. La prochaine fois…
- S'il y en a une, l'interrompit une voix nasillarde à ses pieds. Si on fait encore partie de la Team Rocket d'ici là.
- QUOAA ?! Qu'est-ce que tu raconte encore Miaouss ?
- Y a que moi qui réfléchis ici ou quoi ? Cela fait combien de temps que nous n'avons pas rapporté de Pokémon au Boss ( à part Togépi, mais on l'a même plus ) ?
- Euuuuh…hésita Jessie, une grosse goutte lui coulant sur la nuque. †a doit faire dans les…trois ans.
- Depuis qu'on a rencontré ce gamin et ses copains, compléta sombrement James. Jessie, tu ne penses pas qu'on pourrait l'expliquer au Boss ?
- Tu rigoles !? Lui dire que nous ne sommes pas capables de battre des gosses ? rugit la furie. Tu veux nous faire vir…
Miaouss la coupa à nouveau :
- Qu'on le dise ou pas, ça ne fait plus une grande différence. Tu crois qu'il apprécie qu'on foute en l'air tous ses robots ?
Jessie l'empoigna par la peau du cou et lui cria dans les oreilles :
- Arrête de tout critiquer sale bestiole ! Tu vas finir par nous démoraliser !
- Je dis les choses comme elles sont, répliqua le félin qui commençait à sortir ses griffes.
- Et moi je suis déjà démoralisé, soupira James.
Les deux autres lui décochèrent un regard meurtrier. Les trois compères étaient en pleine empoignade, lorsque soudain……………………………………………………………………
Bip bip !
Le trio s'arrêta net, en arrêt sur image.
- C'est pour nous ? demanda Miaouss d'un air incrédule.
Jessie lâcha le cou de James.
- Décroche, mais décroche ! le pressa-t-elle en trépignant, alors que, haletant, il essayait de reprendre une couleur normale.
Il finit par sortir de ses vêtements un talkie-walkie, marqué d'un « R » rouge. Ils n'avaient jamais eu l'occasion de s'en servir, et cherchaient depuis un moment un prétexte pour essayer ce nouveau gadget. Il enclencha le haut-parleur, puis décrocha.
- James, équipe 34, articula-t-il en prenant un air blasé de professionnel du portable.
Une voix sèche et presque métallique qu'ils ne connaissaient que trop bien retentit dans l'écouteur :
- Vous êtes convoqués tous les trois au QG après-demain. Je me fous de savoir où vous êtes ou si vous avez une mission. Alors magnez-vous !
Puis l'homme raccrocha. James détacha lentement son oreille de l'appareil et regarda Jessie et Miaouss, qui faisaient à peu près la même tête que lui. Ils avaient raison de tirer la gueule. Le ton du Boss montrait bien qu'une fois là-bas, il n'allait pas leur offrir des fleurs.