Ookami
...
Le louveteau se promenait dans un bâtiment qui semblait vide... Cela lui sembla étrange... Pas de poursuite ?... Un rêve tranquille ?... Car c'en était un, il en était sûr... Sinon, où serait passée Tsuki ?... A moins qu'elle n'essaie de lui jouer un tour... Mais où était-il ?... Il ne connaissait pas cet endroit... Il essaya de rassembler des souvenirs, histoire de savoir comment il était arrivé ici... Il n'en trouva aucun... Sa mémoire... Perdue... Ou bien n'était-ce pas lui qui était ici, à marcher dans ce grand bâtiment vide ?... L'odeur de la mer lui chatouilla les narines... Il était dans une ville sur la côte... Dehors, il entendit des voix... Mais pourquoi ?... Pourquoi personne n'allait-il dans cet étrange bâtiment ?... Pourquoi était-il seul dans cette bâtisse inquiétante ?... Soudain, il n'eut plus qu'une envie... Sortir d'ici... Coûte que coûte... Pour... vivre... Il avait un mauvais pressentiment... Une voix dans sa tête lui disait de s'enfuir d'ici au plus vite... Mais cette voix... Il la reconnaissait... Etait-ce celle de... Tsuki ?... Elle était aussi dans cet étrange rêve ?... A l'idée de retrouver la renarde, ses pattes se mirent à taper le sol à intervalles de moins en moins espacés... Sortir d'ici... Vite... Vite... Une secousse fit s'arrêter le louveteau... Les murs s'étaient effondrés devant lui, lui bloquant le passage... Il fit demi-tour, espérant trouver une autre échappatoire... Autour de lui, les pierres du plafond et des murs tombaient... Il sauta sur une pierre... Au moment où il allait s'échapper de la construction qui s'écroulait lamentablement, une pierre tomba sur sa queue, le privant ainsi de toute liberté... Il était bloqué... Il essaya de se dégager du rocher... Il eut à peine le temps de voir une aura bleue entourer la pierre qu'il sentit un choc sur la tête... Puis du noir... Plus rien...
...
Le louveteau sortit de son sommeil. Encore un rêve... Il entendit des sanglots étouffés dans les buissons. Il s'y dirigea... et trouva la renarde en train de pleurer doucement. Il s'allongea à ses côtés, et lui lécha le museau. Elle se jeta sur lui et l'enlaça fort. Il ne comprenait pas et se retira de son étreinte. Apparemment calmée, elle sécha ses larmes. Elle se releva et lui fit signe de la suivre. Le petit loup ne se fit pas attendre. Il eut l'impression de marcher pendant des heures. Tsuki, elle ne semblait pas fatiguée. Elle continuait de marcher. Le louveteau trouva cela étrange. Il n'aurait jamais imaginé qu'ils auraient pu marcher si longtemps sur cette île. A moins qu'il ne l'ait pas encore explorée entièrement ? Ils finirent par arriver sur une colline. Mais ce n'était pas celle sur laquelle il était déjà monté. Il regarda le paysage autour de lui. Cet endroit lui était totalement inconnu. La plaine s'étendait à perte de vue. Pas la moindre trace de la ville. Le soleil se couchait à l'horizon.
« Que fait-on ici ?
- Tu le sauras bientôt. Assieds-toi. »
Ils s'installèrent et les minutes passèrent. Soudain, une forme floue se fit voir devant eux. La forme devint plus nette. Une espèce de jeune fille bleue, avec une robe blanche et des cornes orange, se fit voir devant eux. Elle scintillait sous la lumière faible du soleil. Tsuki se prosterna devant elle, et le louveteau sentit qu'il devait faire la même chose. La renarde murmura son nom « Kirlia ».
« Je vois que tu as tenu ta promesse, Tsuki.
- Comme promis, Kirlia, je suis venue ici à la tombée du jour avec Ookami - Kun.
- Ookami. Sais-tu pourquoi tu te nommes ainsi ? »
Le louveteau secoua la tête de gauche à droite.
« Mon nom est Ookami ? Pas Ookami - Kun ? »
Kirlia ria doucement.
« Kun est une marque d'affection. »
Ookami rougit fortement. Voilà ce que son nom avait de spécial. Kun. Une marque d'affection. Il jeta un regard vers la renarde. Un petit sourire à la fois timide et coquin s'était dessiné sur sa bouche et ses joues s'étaient délicatement teintées d'un rouge vif, visible malgré son pelage noir. L'aimait-elle ?
« Et que signifie Ookami ?
- Loup. Ecoute-moi. Ce nom est spécial. Ce n'est pas qu'un nom, c'est une marque.
- Une marque ?
- Oui. A présent, tu n'es plus un louveteau. Tu es devenu adulte. »
Et, sans ajouter un mot, Kirlia utilisa son Téléport, laissant Ookami et Tsuki au sommet de la colline, seuls. Ils restèrent à cet endroit longtemps à méditer les paroles de la jeune femme psy. Un adulte... Un loup... Plus jamais on ne l'appellerait « petit »... Plus jamais... Tsuki, elle, continuait de se questionner sur la cause pour laquelle on l'avait envoyée vers Ookami. Ses rêves étranges avaient-ils un rapport avec sa « mission » ? La renarde laissa cependant cette pensée de côté. Elle n'en était pas encore là. Pour l'instant, elle n'avait pas à se soucier de sa mission. Elle la saurait tôt ou tard. On la lui expliquerait bien un jour... Pour le moment, elle était là, sur le sommet d'une colline à des heures de marche d'où ils étaient partis et... avec Ookami. Ce loup lui produisait un effet qu'elle ne saurait expliquer. C'était si étrange...
Tsuki se leva enfin, et commença la route du retour. Ookami la suivit aussitôt, sortant de ses pensées. Le voyage lui sembla beaucoup plus court qu'à l'allé, mais sans doute sa réflexion l'occupait tellement qu'il ne vit pas le temps passer. Il pensait à tout et à rien. Les paroles de Kirlia, son passé, ses rêves, Tsuki... Tsuki... Il l'aimait bien... C'était sa première véritable amie... Il n'en avait jamais eu jusque là... Où bien ne s'en souvenait-il plus ?
Ookami et Tsuki finirent enfin par arriver à la ville. Mais ce n'était plus une ville... C'était un champ de ruines. Des cadavres, partout sur le sol, cette odeur de brûlé, des pleurs d'enfants que l'on aurait épargné, et une odeur de Pokémon. Celui qui avait fait ce massacre devait être incroyablement puissant, même invincible... Qui ? Qui ? Ookami ne vit qu'un être au monde capable de faire une chose pareille. Mais comment était-il arrivé ici ? Il n'aurait pas pu traverser la mer... Au sud de la ville, un long passage en terre permettait la circulation, tout fraîchement construit, pour passer par l'océan sans se mouiller. La voilà, la manière dont le coupable de ce massacre était parvenu ici ! Mais était-il encore là, où était-il reparti ? Ookami et Tsuki se regardèrent, angoissés.