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Conte de sorcières de MissDibule



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Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 17/04/2025 à 14:46
» Dernière mise à jour le 17/04/2025 à 14:48

» Mots-clés :   Aventure   Conte   Famille   Galar   Médiéval

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Chapitre 10 – La mousse montre le chemin
Il s’écoula des minutes entières avant que Lily ne puisse reprendre son souffle. Suffoquant sur le sol terreux, en proie à une terrible crise d’angoisse, l’adolescente agrippait sa gorge de ses mains. Ses respirations rauques et saccadées semblaient ne jamais vouloir se calmer. Soudain, l’urgence de la situation la saisit au corps. Tout son être se figea. Comme un ballon de baudruche qui éclate, elle se releva et fonça vers la chaumière de son amie.

Ou plutôt, son ancienne amie. Elle doutait que Morgana la considère encore comme telle. Lily sentit les larmes perler au coin de ses yeux, mais elle se mordit aussitôt la lèvre pour les empêcher de couler. Pleurer pouvait attendre. Elle devait agir.

Lorsque la porte en bois de la maisonnette s’ouvrit, une avalanche de sensations déferla sur la jeune fille. Il régnait dans l’air une odeur viciée et putride. Une explosion de couleurs criardes souillait l’établi de l’alchimiste. Lily ne céda pourtant pas à sa curiosité naturelle, qui l’incitait à observer ce spectacle aussi chaotique que fascinant. Elle se mit plutôt à ouvrir tous les placards avec frénésie.

Elle trouva bientôt ce qu’elle cherchait : des sphères en verre, toutes teintées d’une couleur différente, entreposées dans un bocal. Les Crystalides fabriquées par Morgana. Lily s’en saisit et parcourut la pièce à la recherche d’un sac. Elle trouva bientôt la sacoche de l’alchimiste au pied de l’établi, dans laquelle elle fourra le bocal au milieu du bazar que contenait déjà le sac.

Puis elle passa la bandoulière de la lourde sacoche sur son épaule avant de sortir en trombe de la chaumière. Que faire maintenant ? Il lui fallait un plan, et vite. Les chevaliers de l’Inquisition emmenaient Morgana à Chister, la grande ville la plus proche de Corrifey. Comment se rendre là-bas rapidement, toute seule ? Elle n’avait pas de temps à perdre, sinon Morgana…

Les cristaux de larmes se reformèrent dans ses yeux, plus violents encore. Comment avait-elle pu abandonner Morgana au moment où elle avait le plus besoin d’elle ? Elle ne s’était jamais sentie aussi lamentable de toute sa vie. Est-ce que tout était perdu ?

— Non, tout n’est pas perdu. Il y a un moyen.

Lily sursauta d’effroi au son de cette voix qui lui était inconnue. Elle tourna la tête dans tous les sens à la recherche de son propriétaire, fébrile.

— En bas, indiqua la voix.

L’adolescente baissa les yeux, et se retrouva face à un petit Pokémon au pelage noir, cerclé d’anneaux dorés, qui la fixait de son regard rouge sang.

— Toi…

Lily le reconnut aussitôt : c’était lui qui l’avait aidée lors de son escapade nocturne. Son mystérieux ami.

— Qui es-tu ? voulut-elle savoir.

— Je m’appelle Moony. Mais je préfère Nini. C’est comme ça que mes amis m’appellent, répondit la créature d’un ton détaché.

Un Pokémon venait de se présenter à elle. Elle savait pourtant très bien que les Pokémon ne parlaient pas. Était-elle en train de devenir folle ?

— Non, tu n’es pas folle, la rassura Nini.

— Tu peux lire dans les pensées ? s’enquit la jeune fille, les yeux écarquillés.

La situation lui échappait un peu plus à chaque seconde.

— Pas exactement. Mais les questions attendront. Nous n’avons pas de temps à perdre si nous voulons sauver ton amie.

« Les questions attendront »… Comme toujours, l’adolescente en avait pourtant un bon millier à poser, et Moony semblait l’avoir anticipé. Comme s’il la connaissait déjà. Il savait qui était Morgana, et qu’elle voulait la sauver. Comment ? Elle rêvait de le savoir, mais Moony avait raison : les questions devraient attendre.

— Je dois me rendre à Chister le plus vite possible, mais comment faire ? Jamais je ne pourrai rattraper l’Inquisition à pied…

— Qui a parlé d’y aller à pied ? Sers-toi de ça ! lui intima Nini en tendant la patte vers un petit objet accroché à la sacoche de Morgana par une ficelle.

Lily s’en saisit. Il s’agissait d’un sifflet rose et blanc nacré. De délicates et minuscules perles incrustées dessus formaient un nom : Aster. Mais bien sûr ! La jument était une vieille amie de Morgana, elle n’hésiterait pas un instant à aider Lily à la sauver. Cependant, un problème demeurait…

— Mais… Je ne sais pas monter… avoua piteusement Lily en laissant retomber le sifflet dans le vide.

— Eh bien, il va falloir apprendre, répliqua Nini d’un ton pragmatique.

Puis il fourra le sifflet dans sa bouche et souffla le plus fort qu’il put. Le sifflement retentit dans toute la clairière, effrayant les Minisange perchés sur les branches d’arbres, qui s’enfuirent à tire-d’ailes. La forêt recouvra ensuite un calme effrayant. À chaque seconde qui s’écoulait, l’angoisse de Lily croissait. Et si Aster ne venait pas ?

Mais enfin, elle l’entendit. Le bruit régulier de la terre frappée par de puissants sabots.

Lorsque la belle jument surgit des fourrés, Lily en eut le souffle coupé. La majestueuse licorne de ses contes de fée préférés venait de surgir des pages jaunies pour prendre vie sous ses yeux. La licorne de légende qui n’acceptait de se montrer qu’à une jeune fille au cœur pur. Elle avait aujourd’hui l’insigne honneur d’être l’heureuse élue. Malgré les circonstances sombres, Lily sentit une pointe de joie poindre dans sa poitrine. Peut-être était-elle réellement l’héroïne d’un conte, tout compte fait.

Aster la salua d’un signe de tête, avec déférence. Dans une autre situation, la jeune fille aurait pu se laisser entraîner par sa rêverie et saluer à son tour l’équidé d’une exquise révérence. Mais la situation ne se prêtait pas vraiment au romanesque.

— Aster ! Comme je suis contente de te voir ! s’écria-t-elle en caressant les naseaux d’Aster.

Mais la jument fut peu réceptive à cette affection. Elle balayait le regard à la ronde, une lueur d’inquiétude dans ses beaux yeux bleus.

— Je sais que tu la cherches, intervint soudain Nini. Et nous aussi. C’est justement pour cette raison que nous t’avons appelée. Morgana a été enlevée. Nous avons besoin de ton aide pour aller la secourir.

L’océan turquoise se déchaîna soudain dans les yeux d’Aster. En un éclair, la jument comprit ce qu’on attendait d’elle. Elle hocha la tête, et se coucha sur le ventre pour permettre à Lily – et Moony aussi, apparemment – de monter sur son dos.

— Ah oui, précision importante : Lily n’est jamais montée à dos de Galopa, l’informa Nini, qui se roulait déjà en boule sur la croupe d’Aster.

Cette dernière poussa un hennissement, signe qu’elle avait compris.

— Accroche-toi, conseilla Nini à Lily, alors que lui-même était allongé paresseusement, comme sur un fauteuil.

L’adolescente, peu à l’aise, saisit les crins pastel d’Aster entre ses doigts, inquiète à l’idée de lui faire mal. Mais lorsque la jument s’élança au galop et qu’elle manqua de basculer dans le vide, la jeune fille balaya ses craintes et se cramponna à la crinière d’Aster comme si sa vie en dépendait.

La jument fonçait déjà vers le village, inarrêtable, bringuebalant sur son dos une Lily tétanisée et un Nini imperturbable, toujours pelotonné sur la croupe de leur monture, brillant d’une aura rose fuschia. Bien que terrifiée, la téméraire cavalière réussit à s’armer de tout son courage pour crier : « Morgana se trouve à Chister ! Tu sais comment t’y rendre ? »

La Galopa hennit de plus belle, et hocha la tête. Lily sentait dans cette cavalcade effrénée la détermination d’acier d’Aster : elle souhaitait sauver Morgana autant qu’elle-même. Cette pensée la réconforta. Mais, se laissant ainsi aller à la décontraction, elle faillit tomber de sa monture. Un sursaut de frayeur l’en empêcha, et elle reporta toute son attention sur la chevauchée chaotique.

Ils arrivaient à Corrifey. Lily se figea soudain de terreur. Sa maison se trouvait près de l’entrée du village. Aster allait forcément passer devant pour se rendre à Chister. Elle pria très fort le dieu Arceus que sa mère se trouve à l’intérieur, en train de s’occuper de ses fleurs.

Mais ce n’était pas le cas. Rose, sans doute inquiète de ne pas voir sa fille revenir d’une livraison pourtant simple, se dirigeait droit vers la boutique de Mrs. Lovebird. Ainsi, lorsque la jument aux crins pastel arriva en trombe dans Corrifey, elle fonça droit sur Rose, qui marchait au milieu du chemin. La mère de Lily s’écarta au dernier moment, apeurée.

Elle s’apprêtait à sermonner la personne qui avait failli la renverser, quand elle vit s’éloigner la cavalière peu assurée d’Aster. Non, ce n’était quand même pas…

Lily ?

Avant que Rose ne puisse réagir, les trois compères, lancés au galop, s’engouffrèrent dans la sombre forêt de Lumirinth.

De son côté, la jeune Lily était mortifiée. Sa mère l’avait forcément vue. Elle avait même failli la renverser ! Des larmes lui montèrent aux yeux. Qu’était-elle en train de faire ? Sa quête était une pure folie. Mais elle ne pouvait pas laisser Morgana mourir sans rien faire. Non, elle ne pouvait pas. Encore moins après l’avoir trahie de la sorte.

Le cœur scindé en deux, elle laissa retomber ses larmes sur le lit de mousse que sa monture piétinait. Elle ne pouvait plus faire marche arrière. Rien ni personne ne pourrait empêcher Aster de sauver sa vieille amie. Résolue, Lily se laissa porter par la détermination de la jument. Elle avait enfin réussi à trouver un équilibre précaire sur le dos de sa monture.

Son esprit, en revanche, n’avait jamais été plus instable. Il ruminait des milliers de questions emmêlées. La plus tenace était bien sûr la plus importante : comment allait-elle sauver Morgana, elle, une gamine impétueuse de dix-sept ans ? Si elle avait eu assez de présence d’esprit pour emporter avec elle les Crystalides, elle n’avait pas de plan précis.

— Ne t’en fais pas, intervint soudain une voix. Tu n’es pas seule. On va t’aider.

Lily se retourna vivement vers Nini, roulé en boule derrière elle. Elle fronça les sourcils.

— Encore à lire dans mes pensées ! Qui es-tu, à la fin ?

— C’est vrai, il me suffit de te regarder pour savoir ce que tu penses, concéda Nini sans toutefois répondre à la question. Je te connais bien, voilà tout.

— Et comment est-ce possible ? On ne s’était jamais parlé avant aujourd’hui. Ah, et d’ailleurs, ça non plus, ça n’a rien de normal, une humaine et un Pokémon qui discutent, railla-t-elle.

En son for intérieur, elle avait conscience d’être injuste. Elle passait sa frustration sur le pauvre Nini, qui ne méritait pas un tel traitement ; malgré son aura de mystère, il passait son temps à essayer de l’aider. Mais la situation lui semblait si désespérée que les mots lui avaient échappé.

— Je comprends ta colère, répondit Nini d’un ton doux. Je te promets de répondre à tes questions en temps et en heure. Pour l’instant, concentrons-nous sur le sauvetage de ton amie. Tu veux bien ?

Le sérieux de sa voix déstabilisa Lily. Pour la première fois, il ne prenait pas les choses à la légère. Ses prunelles rouges luisaient d’un éclat bienveillant qui poussa la jeune fille à lui faire confiance. Son visage se détendit, et enfin, elle arrêta de regarder en arrière. Elle planta ses yeux bruns sur l’horizon.

— D’accord ! Mais tu as intérêt à vider ton sac !

— Compte sur moi.

Plus personne ne parla durant le reste de la chevauchée. Seule la mousse piétinée par les sabots d’Aster venait rompre le silence. Lily commençait à suer à grosses gouttes sous son gilet de laine déjà humide quand enfin, elle vit un paysage urbain aux teintes orangées se découper derrière la cime des arbres.

Son cœur battait si fort qu’il résonnait dans ses oreilles. Ils arrivaient à Chister, son précédent lieu de résidence. Son ancienne vie refit soudain surface en elle, comme si la magie anesthésiante de Corrifey avait enfoui ses souvenirs. Mais elle n’avait pas le temps pour les réminiscences.

Elle leva les yeux, intimidée. Face à elle se dressait l’immense cathédrale de Chister, fleuron de l’Inquisition. Ses deux tours gothiques la surplombaient de toute leur superbe. Surmonté de pointes hérissées, le bâtiment ressemblait à un géant de pierre prêt à les dévorer, ses amis et elle. Elle tressaillit, mais l’image de Morgana brutalisée par les chevaliers lui revint soudain en mémoire.

— C’est ici, déclara-t-elle avec force. Aster, pose-moi à terre, s’il te plaît.

La jument s’allongea, et bientôt ses deux passagers retrouvèrent la terre ferme. Lily scruta la cathédrale. Ses épaules pesaient une tonne, et ses jambes flageolaient comme si elles ne la maintenaient debout que grâce à sa volonté seule.

— C’est tellement gigantesque… Encore plus que je ne le croyais… Comment allons-nous la retrouver dans ce labyrinthe ? désespéra la jeune fille.

— Regarde ! lui intima Nini, la patte pointée vers un attroupement de personnes devant le bâtiment. Je crois que ce sont des touristes venus pour une visite guidée. Mêle-toi à leur groupe !

Lily se tourna vers le groupe. Il était si dense qu’en effet, avec sa silhouette menue, elle s’y infiltrerait sans mal. Mais elle remarqua aussi le panneau planté devant l’entrée de l’église, qui stipulait qu’aucun Pokémon de compagnie n’était autorisé à pénétrer dans le bâtiment.

— Mais… et vous deux ? Je ne vais pas vous laisser tous seuls !

— Ne t’en fais pas pour nous. On va voir ce qu’on peut faire pour t’aider depuis l’extérieur. Je suis très débrouillard, tu sais ! se vanta Moony.

Lily voulut protester, mais elle dut admettre que c’était vrai : jusqu’ici, c’était Moony qui l’avait toujours aidée, et non l’inverse. Il veillait sur elle, sans qu’elle sache pourquoi. Et l’heure était venue de lui faire confiance une nouvelle fois.

— D’accord. On se voit tout à l’heure.

— À la bonne heure ! Allez, file ! Va sauver ton amie !

L’adolescente acquiesça et se dépêcha de se mêler au groupe de visiteurs. Lorsqu’on la fixait un peu trop, elle offrait son plus beau sourire et baissait la tête, soudain occupée à lisser les plis de sa jupe violette toujours détrempée. Avec ses cheveux encore dégoulinants et ses habits humides, elle n’avait pas vraiment fière allure. Terrifiée à l’idée qu’on la démasque, la jeune fille transpirait à grosses gouttes.

Quand les lourdes portes en bois de la cathédrale s’ouvrirent enfin sur la nonne chargée de la visite guidée, il sembla à Lily qu’une année entière s’était écoulée. Mais ce qui s’offrit à ses yeux valait bien l’attente : un plafond de pierre aussi haut que les arbres de Corrifey, et des vitraux majestueux aux couleurs tout aussi vives et éclatantes que les champignons du village féérique.

La nonne qui trônait au centre du vestibule parachevait cette vision paradisiaque. Sous sa coiffe, on ne distinguait que de grands yeux de jais et des lèvres de rose, mais ces éléments suffisaient pour constater qu’elle était d’une beauté irréelle.

— Bonjour, chers visiteurs ! Je suis Sœur Iris. Ravie de vous rencontrer. Je serai votre guide durant cette visite de la cathédrale de Chister, la plus ancienne demeure galarienne de notre Dieu Arceus Tout-Puissant. Je suis certaine qu’Il est ravi de votre visite.

Sans même s’en rendre compte, Iris s’inclina avec déférence. Subjuguée, l’assemblée ne laissa pas échapper un seul mot. Lily aussi était sous le charme. Mais elle se rappela bien vite sa mission, et se concentra uniquement sur le discours de la nonne : il fallait qu’elle en apprenne plus sur cet endroit.

— Nous commencerons la visite par les geôles.

« Les geôles ? En toute logique, c’est là qu’ils détiennent Morgana ! » songea Lily.

— Par ici, s’il vous plaît, claironna Iris avec un sourire étincelant.

Le cœur gonflé d’espoir, Lily se précipita à la suite de ses voisins. Iris les dirigea dans un dédale de couloirs de pierre. Malgré tous ses efforts pour essayer de retenir le chemin qu’elle empruntait, Lily se retrouva bien vite perdue, tant les corridors tortueux se ressemblaient tous.

— Nous voici arrivés aux geôles, annonça Iris au détour d’un énième couloir. C’est ici que nous détenons ceux qui ont péché. Car même si le Dieu Tout-Puissant est miséricordieux, il ne lui est pas toujours possible d’accorder son pardon. C’est pourquoi le devoir de l’Inquisition est de châtier les hérétiques pour les purifier en Son nom.

Lily frissonna. Comment pouvait-elle raconter des horreurs pareilles avec un air aussi angélique plaqué sur le visage ? Soudain mal à l’aise, elle scruta les cellules du mieux qu’elle put, dans l’espoir d’apercevoir Morgana. Elle devait se hisser sur la pointe des pieds voire sautiller, car ses nombreux voisins obstruaient son champ de vision. À chaque coup d’œil réussi, son désarroi grandissait : l’alchimiste n’était visible nulle part.

Soudain, la porte en bois située de l’autre côté du long couloir carcéral s’ouvrit avec fracas, faisant sursauter toutes les personnes présentes. Lily distingua deux chevaliers en armure lourde, qui s’avancèrent vers son groupe ; leur pas régulier s’accompagnait de secousses métalliques, comme lorsque sa mère faisait tinter ses casseroles pour préparer le déjeuner.

Tout le monde retint son souffle ; même Sœur Iris interrompit ses explications. Les deux gardes s’arrêtèrent devant la cellule la plus éloignée d’eux, que Lily ne pouvait même pas voir.

D’autres cliquetis : on déverrouillait la cellule.

— Allez, suis-nous, sale sorcière ! s’écria un chevalier avec véhémence.

Le cœur de Lily rata un battement. « Sorcière » !

Telle une danseuse étoile, elle reprit son ballet. Elle s’éleva sur ses pointes de pied au point de faire craquer ses os et leva le menton à s’en rompre le cou. Comme aucun de ses voisins subjugués ne souhaitait s’écarter, elle finit par sauter sur place pour mieux voir. Tout ce qu’elle réussit à entrapercevoir avant que la lourde porte ne se referme fut un fugace éclat rose et bleu.

C’était tout ce dont elle avait besoin.

Il fallait qu’elle franchisse cette porte à tout prix. Mais comment se séparer du groupe sans être repérée ? La jeune fille avisa la sacoche qui pendait sur sa hanche. Mais bien sûr !

Alors qu’Iris reprenait la parole, Lily s’efforça d’adopter la posture naturelle de celui qui cherche quelque chose dans son sac. En réalité, elle passait frénétiquement en revue tout ce que la sacoche contenait. Quand, enfin, ses doigts rencontrèrent l’objet de son salut, elle poussa un soupir de soulagement.

Elle serra la petite sphère bleu pâle dans sa main, puis elle s’écria sans crier gare :

— Brume !

Soudain, le couloir s’emplit d’un épais brouillard blanc bleuté. Tandis que la confusion s’emparait de l’assemblée, Lily, elle, lâcha la Crystalide qui commençait déjà à fondre et fonça droit devant elle, bousculant sans vergogne ceux qui se dressaient sur son chemin. La brume était si épaisse qu’elle ne voyait qu’à un mètre devant elle, aussi manqua-t-elle de percuter de plein fouet son objectif : la porte des geôles.

Une porte qui refusa de s’ouvrir.

Une porte verrouillée.