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L'Odyssée d'une légende de Thundercrow



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Informations

» Auteur : Thundercrow - Voir le profil
» Créé le 02/04/2025 à 08:00
» Dernière mise à jour le 02/04/2025 à 08:00

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Une amitié naissante
Je me réveillai avec une étrange sensation d’irréalité. L’espace d’un instant, en ouvrant les yeux sur le plafond blanc du Centre Pokémon, j’oubliai tout. Le combat de la veille. J’oubliai la peur qui m’avait tordu le ventre. J’oubliai le regard perçant de ce garçon aux cheveux bleus.

Mais très vite, tout me revint en bloc. Je poussai un soupir, laissant ma tête retomber contre l’oreiller.

Sorbier.

C’était grâce à lui que nous avions pu revenir saines et sauves. Sans lui, je ne sais pas comment ça aurait fini. Il nous avait ramenées ici après que les trois voyous aient pris la fuite. Sara n’avait pas cessé de remercier ce mystérieux homme, trop soulagée d’avoir retrouvé son Ptiravi. Moi, en revanche, j’avais eu du mal à aligner trois mots.

J’étais encore secouée. Mon premier vrai combat… et j’avais encore perdu. Griknot s’était battu avec tout ce qu’il avait. Mais moi ? J’avais hésité. J’avais eu peur. Et si Sorbier n’était pas intervenu… est-ce que j’aurais pu protéger Sara et son Ptiravi ?

Je n’aimais pas la réponse que mon esprit me soufflait. Je soupirai une nouvelle fois avant de me redresser. Inutile de ruminer plus longtemps.

À côté de moi, dans le lit voisin, Sara dormait encore, enroulée dans sa couverture. Elle avait un visage paisible, bien loin de l’expression de détresse qu’elle avait affichée la veille. Nous avions parlé jusqu’à tard dans la nuit.

Elle m’avait raconté son histoire, comme si ce combat l’avait rapprochée de moi. Elle venait de Floraville, un village où la vie était aussi douce que le parfum des fleurs qui s’y épanouissaient.

— Mes parents sont fleuristes, comme presque tout le monde là-bas, m’avait-elle dit avec un sourire triste. Mais moi… je voulais voir autre chose.

Elle m’avait expliqué qu’elle était fille unique, et que ses parents avaient eu du mal à accepter son départ. Mais malgré leurs réticences, ils l’avaient laissée partir avec son Ptiravi, un cadeau de sa mère.

— Je voulais prouver que je pouvais être une grande dresseuse, avait-elle murmuré en serrant son pendentif en forme de pétale entre ses doigts.

Mais après avoir perdu son Pokémon, elle s’était sentie complètement perdue. Comme si son voyage s’arrêtait là.

— J’ai cru que j’allais devoir rentrer chez moi. Que je ne valais rien.

Je n’avais pas su quoi répondre. Parce qu’au fond, je ressentais exactement la même chose. Et pourtant… Quand je l’avais vue sourire, soulagée, en berçant son Ptiravi après l’avoir récupéré… Je m’étais promis que je n’allais plus reculer. Ce n’était pas juste son combat. C’était aussi le mien.

Je sortis lentement de mon lit, essayant de ne pas réveiller Sara. J’avais mal dormi, mais une étrange excitation flottait dans l’air, me maintenant éveillée malgré la fatigue. J’enfilai mon manteau noir par-dessus mon haut beige, resserrant l’écharpe autour de mon cou. L’air du matin était toujours frais à Bonville. Avant de sortir, je jetai un dernier regard à Sara, qui dormait encore paisiblement, serrant son Ptiravi contre elle.

Je pris une profonde inspiration et quittai la chambre, me dirigeant vers le hall du Centre Pokémon. L’ambiance y était… particulière. Même à cette heure matinale, le Centre était vivant.

Quelques dresseurs discutaient à voix basse dans un coin, échangeant des plans de route et des anecdotes de voyage. Une machine bourdonnait doucement près du comptoir, servant du thé et du café à ceux qui en avaient besoin. L’odeur âcre du café fraîchement moulu flottait dans l’air, se mêlant à celle plus douce des baumes utilisés pour soigner les Pokémon.

Et là, au centre de tout ça, un spectacle inattendu.

— Voyons, Infirmière Joëlle, ce métier ne doit pas être de tout repos pour une femme aussi charmante que vous.

Je haussai un sourcil. Sorbier était appuyé contre le comptoir, un sourire en coin, les bras croisés, observant l’infirmière avec une lueur amusée dans le regard.

— C’est un travail que j’aime, Professeur, répondit-elle d’un ton poli, bien que légèrement crispé. Mais je suis certaine que vous le saviez déjà.

Sorbier rit légèrement, visiblement peu déstabilisé par la réponse.

— C’est vrai. On raconte que les Infirmières Joëlle sont les piliers du monde Pokémon.

Elle roula des yeux, mais je crus percevoir un léger sourire sur ses lèvres avant qu’elle ne tourne les talons pour s’occuper d’un autre patient. Sorbier, lui, me remarqua enfin et m’adressa un signe de tête.

— Ah, la voilà ! Il tira une chaise près de lui et tapota le dossier. Viens donc t’asseoir, jeune fille.

Je pris place, non sans lancer un regard à l’infirmière qui s’éloignait.

— Vous draguez toutes les Infirmières Joëlle de la région, ou c’est une spécialité de Bonville ? demandai-je avec un sourire en coin.

Sorbier haussa les épaules, un éclat rieur dans le regard.

— Que veux-tu, j’ai toujours eu un faible pour les femmes en uniforme.

Je secouai la tête, amusée. Puis son expression se fit plus sérieuse.

— Alors, comment s’est passée ta nuit ?

Je haussai les épaules.

— Mieux que je l’aurais cru.

Ce n’était pas totalement un mensonge. J’avais encore des doutes, encore des peurs, mais après la discussion avec Sara, je me sentais un peu moins seule.

Sorbier hocha la tête.

— Bien. Il faut savoir se reposer après une bataille.

Il croisa les bras et me détailla un instant, comme s’il évaluait quelque chose.

— Tu es une dresseuse intéressante, Cynthia.

— Je ne sais pas si "intéressante" est le mot… marmonnai-je.

— Ne sois pas si dure avec toi-même. Peu de jeunes de ton âge auraient eu le cran de faire face à ces voyous.

Je ne répondis rien. Parce qu’au fond… je n’avais pas eu l’impression d’avoir eu du cran. Sorbier changea de sujet.

— Sais-tu qui je suis ?

Je fronçai les sourcils.

— Vous avez dit hier que vous vous appeliez Sorbier. Mais à part ça…

Il hocha la tête, satisfait.

— Je suis Professeur Pokémon. Un titre encore récent pour moi, mais disons que cela fait des années que je voyage à travers Sinnoh pour étudier les créatures qui peuplent notre monde.

— Vous êtes un dresseur ? demandai-je, curieuse.

Il sourit, posant une main sur la table.

— Je l’ai été. Mais aujourd’hui, mon travail est d’observer, de comprendre, et surtout, d’enseigner.

Il marqua une pause, puis me fixa intensément.

— Et j’ai l’impression que toi, tu as beaucoup à apprendre. C’est pour ça que j’aimerai que tu deviennes mon élève.

Un frisson me parcourut l’échine. Je clignai des yeux, surprise.

— Votre élève ? répétai-je, comme si je n’avais pas bien entendu.

Sorbier hocha la tête, un léger sourire aux lèvres.

— Enfin, pas dans le sens académique du terme, précisa-t-il. Je veux dire que tu pourrais travailler avec moi, dans le cadre de mes recherches sur les Pokémon.

Je restai silencieuse un instant, essayant d’assimiler ses paroles. Pourquoi moi ? Voyant mon hésitation, Sorbier reprit, d’un ton plus léger :

— Tu as encore beaucoup à apprendre, c’est certain. Mais j’ai vu quelque chose en toi, hier. Tu as du potentiel.

Je baissai les yeux. Potentiel ? Je n’avais pas été capable de gagner un seul combat jusqu’ici.

— Je vais bientôt être rejoint par un autre chercheur, un jeune homme de Kalos du nom d’Augustin.

Il s’interrompit, cherchant une réaction chez moi. Je ne connaissais aucun Augustin, alors je haussai simplement un sourcil.

— Il m’aidera à approfondir mes recherches, notamment sur les liens entre les Pokémon et leurs dresseurs. Mais j’ai besoin d’un point de vue plus… terre-à-terre.

Il se pencha légèrement vers moi, un éclat malicieux dans les yeux.

— Et c’est là que tu interviens.

— Moi ? fis-je, toujours sceptique.

— Tu es une jeune dresseuse qui vient tout juste de commencer son voyage. Si tu acceptes, je veux que tu sois mes yeux et mes oreilles sur le terrain. Que tu observes, que tu prennes des notes, que tu me rapportes ce que tu vois et ressens.

L’idée me surprit, mais… elle n’était pas désagréable. J’avais toujours aimé étudier les Pokémon, leur comportement, leur histoire. Si j’avais grandi à Célestia, ce n’était pas pour rien.

Mais…

— Pourquoi moi ? finis-je par demander.

Sorbier sourit, l’air amusé.

— Parce que tu as l’air d’une personne qui ne se contente pas d’accepter les choses telles qu’elles sont. Et aussi parce que tu sembles avoir une soif de connaissance, même si tu ne t’en rends pas encore compte.

Je mordis l’intérieur de ma joue. Il n’avait pas tort.

— Mais il y a une condition, ajouta-t-il soudainement, me sortant de mes pensées.

— Une condition ?

Sorbier hocha la tête, son expression devenant plus sérieuse.

— Je veux que tu remportes ton premier badge d’arène. Par toi-même.

Mon estomac se noua immédiatement.

— Pourquoi ?

— Parce que si tu veux comprendre les Pokémon, il ne suffit pas de les observer. Il faut aussi apprendre à se battre avec eux, à créer un véritable lien.

Je crispai les doigts sur le bord de la table.

— Je ne suis pas sûre d’en être capable, avouai-je à demi-mot.

— Alors prouve-moi que j’ai tort.

Son regard était perçant, mais pas sévère. Il ne cherchait pas à me tester pour me voir échouer. Il voulait juste… voir jusqu’où j’étais prête à aller.

Je serrai les poings. Le premier badge. L’Arène de Charbourg. Je repensai à Griknot, blessé après notre combat contre Kadabra. À ma propre impuissance. Si je voulais être plus forte, si je voulais arrêter de douter… alors peut-être que c’était un défi que je devais relever.

Je relevai les yeux vers Sorbier.

— D’accord, soufflai-je enfin.

Sorbier eut un sourire satisfait.

— Voilà qui est intéressant.

Le reste de la discussion avec Sorbier s’était déroulé dans un calme relatif. Il n’avait pas essayé de me convaincre davantage, ni de me donner de longs discours sur l’importance de mon futur rôle. Il s’était contenté d’un simple hochement de tête en guise de conclusion, avant de me laisser réfléchir à tout cela par moi-même.

Mais maintenant que j’y repensais, en me promenant dans les rues de Bonville, cette idée ne me semblait plus aussi absurde qu’au premier abord.

Gagner mon premier badge…

J’avais encore du mal à croire que j’avais accepté un tel défi. Moi, qui avais toujours évité les combats Pokémon, qui n’avais encore jamais remporté de victoire.

Mais au fond de moi, je savais que j’en avais besoin.

Je repérai Sara assise sur une barrière en bois, près d’un champ en bordure du village. Elle caressait doucement la tête de son Ptiravi, qui roulait sur ses genoux en poussant de petits gémissements satisfaits. Je pris une inspiration et m’approchai.

— Bien dormi ? lançai-je en guise de salut.

Elle releva la tête, me fit un sourire fatigué.

— Comme une pierre.

Elle tapota la place à côté d’elle, et je vins m’asseoir à ses côtés. Un instant, nous restâmes silencieuses, observant les quelques villageois qui allaient et venaient autour de nous. Puis, je pris la parole.

— Ce matin, j’ai encore parlé avec Sorbier.

Sara tourna la tête vers moi, intriguée.

— Oh ? Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

Je passai une main dans mes cheveux, cherchant mes mots.

— Il veut que je travaille avec lui, expliquai-je enfin. Dans ses recherches sur les Pokémon et les dresseurs.

Elle haussa un sourcil.

— Toi ? Une assistante de chercheur ?

— C’est ce que je me suis dit aussi.

Elle rit légèrement, avant de reprendre d’un ton plus sérieux :

— Et tu vas accepter ?

Je hochai la tête.

— Je crois. Mais il y a une condition.

Sara attendit, curieuse.

— Je dois remporter mon premier badge d’arène par moi-même.

Elle siffla doucement.

— Charbourg, alors ?

— Oui.

Un silence.

Puis, je pris une profonde inspiration.

— Sara… Je vais devoir te laisser.

Elle tourna immédiatement la tête vers moi, surprise.

— Quoi ?

— Tu viens de Floraville, repris-je doucement. Ton chemin t’a menée ici, et si tu continues, tu iras vers Vestigion, puis Unionpolis.

Elle fronça les sourcils, comme si elle devinait où je voulais en venir.

— Moi, je vais en sens inverse.

Elle ouvrit la bouche, puis la referma, son regard se perdant dans le vide. Je savais que ça n’avait jamais été une option, de voyager ensemble. Nous venions de deux endroits différents, et nos routes se croisaient seulement pour un temps.

Mais…

— C’est vrai, souffla-t-elle enfin.

Puis, elle tourna la tête vers moi.

— Mais je viens avec toi.

Je sursautai légèrement.

— Quoi ?

Elle haussa les épaules, un sourire naissant sur ses lèvres.

— Tu crois que j’ai envie de continuer mon voyage toute seule après ce qu’on vient de vivre ?

Son ton était léger, mais je vis dans ses yeux une sincérité qui me toucha profondément.

— Voyager avec une amie, c’est quand même plus intéressant, non ?

Je la regardai un moment, surprise. Puis, lentement, je souris aussi.

— Oui… Ça l’est.