Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Derkomai's Mask de weivern



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : weivern - Voir le profil
» Créé le 21/12/2024 à 11:23
» Dernière mise à jour le 15/02/2025 à 18:35

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de shippings   Présence de transformations ou de change   Romance

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Rouge comme une Pivoine
Atalante avait beau ne pas être une grande fan de lecture, elle ne boudait jamais son plaisir quand il s’agissait d’investir les locaux des Editions Lavandia. Cela tenait en grande partie au fait qu’ils avaient toujours pour elle des petits gâteaux, un siège attitré et bien sûr, la possibilité de lire le Quotidien avant qu’il ne sorte le lendemain auprès du grand public.

Assis à son bureau, le rédacteur en chef glissait son doigt le long de sa tempe, la tête légèrement tournée de côté pour que son œil valide ne rate pas le moment où sa jeune invitée en aurait terminé avec sa lecture.

- Pas mal, non ? demanda-t-il de son timing toujours si précis.

Atalante replia avec précaution le journal, la première de couverture consacrée au Grand Festival saurait à coup sûre attirer l’attention, que ce soit auprès des fans invétérés ou des simples curieux. Le directeur des Editions Lavandia savait toujours quels étaient les bons titres, les bonnes photos et ce talent avait sans aucun doute contribué à la popularité de la Top Coordinatrice et à rendre réelle la vision qu’elle avait des premières parties de concours.

- Excellent, comme toujours, confirma-t-elle.

La fierté qui anima le vieillard se dissipa au moment où il se releva, s’appuyant sur la canne qui compensait son membre boiteux.

- Bien, dit-il.

Il clopina jusqu’à la jeune fille, reprenant son journal avec le dédain d’un homme qui savait qu’il ne faisait que s’accrocher au peu qu’il lui restait. Atalante compatissait, elle qui connaissait bien la réputation du vieillard autrefois connu comme le reporter le plus chevronné de son époque, le traqueur de scoop qui n’avait jamais reculé face u danger.

- Fichu Horton, grommela-t-il en jetant les feuilles sur son bureau.

Ce Horton lui avait pris son œil, et de manière plus indirecte sa jambe. Rendez-vous compte, des décennies à crapahuter dans les endroits les plus périlleux du monde, à survivre au crash d’un avion et à l’attaque d’un Onix en furie avec à peine une égratignure, tout ça pour finalement se faire avoir de la manière la plus bête et inévitable qui soit. Le pire dans cette histoire était que son agresseur n’avait ni couteaux, ni mains, ni crocs et encore moins des griffes, en fait il n’avait même pas cette chose simple et évidente d’exister par lui-même. Et non, s’il vous plaît, ne foncez pas tête baissée sur ces histoires de psychiatries à double ou triples personnalités, car Horton se résumait à quelque chose de beaucoup plus simple (n’importe quel bouquin médical vous le dirait) : être le croque mitaine des soixantenaires à un âge auquel ils ne devraient pourtant plus y croire. Et si les monstres n’étaient pas confinés sous le lit des enfants, cela signifiait que les rêves aussi pouvaient s’échapper et atteindre le cœur d’une adolescente.

- J’aimerais cependant changer une partie si tu me le permets.

Le rédacteur ne dit rien tandis qu’elle tournait les feuilles jusqu’à pointer du doigt, niché dans un coin de page, la photo de la gagnante du concours de Lavandia assortit de la légende : ‘On ne l’attendait pas.’

- Les gens aiment voir les concurrents qui se débattent, haussa-t-il les épaules bien que lui-même doutait sérieusement de la plaisanterie glissée par un de ses assistants.

A vrai dire, il ne miserait pas la moindre pièce sur la kalosienne tant il savait que les concurrents qui restaient à cette période étaient des coordinateurs tout juste passables qui se disputaient les restes d’un Grand Festival déjà perdu.

- Moi, je l’attends, sourit Atalante d’un air songeur.

Le rédacteur effleura à nouveau sa tempe et ne put s’empêcher de glisser un regard vers la barrette incrustée d’une Méga Gemme.

- Tu n’en as pas encore fini ? demanda-t-il ennuyé.
- On a tous nos croyances, Horton, rappela Atalante.

Il tressaillit, c’était lui-même qui avait demandé à ce qu’on l’appelle par ce surnom, comme pour conjurer le mauvais sort.

- Effectivement, admit-il. Mais je ne pense pas qu’elle soit celle que tu espères, même de loin.

Atalante esquissa une moue d’ennui sans toutefois pouvoir complètement contredire le vieil homme, surtout vu comment Serena semblait ailleurs durant le dernier concours. Et, la Top Coordinatrice devinait que l’absence du reptile sur scène y était pour beaucoup – uniquement de la scène puisqu’il avait bien fait parler de lui en hurlant dans les gradins pour réveiller sa dresseuse. Ce dracaufeu faisait toujours des choses surprenantes et Serena semblait y répondre à chaque fois, quoi de plus normal vu comment elle tenait à son pokémon, parfois au point…

- Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ?

Un moment, le vieillard sembla croire que la sénilité avait atteint Atalante en premier pour parler ainsi toute seule.

- Je repensais juste à ce que Liseron disait, s’empressa-t-elle d’expliquer. Ça avait l’air de lui tenir à cœur, mais ce n’était pas si bizarre que ça, enfin je veux dire il y a plein de dresseurs qui mangent avec leurs pokémons donc…
- Avec ou à la même table ? s’enquit Horton.
- Ça revient au même, non ? demanda Atalante quelque peu surprise de l’écho qu’on lui donnait.

Les dents légèrement jaunies du rédacteur apparurent. Il leva un doigt rabougri comme un professeur sur le point de rabrouer un mauvais élève.

- Voyons Atalante, ton oncle ne vous a-t-il pas un jour emmené à la bibliothèque de Joliberges ?
- Peut-être.
- Aucune idée tu veux dire, soupira Horton. Liseron s’est toujours montré plus attentif que toi, mais tu pourrais au moins te souvenir des Contes Populaires, dit-il avant de réciter de sa voix grave : Il fut un temps où certains Pokémon étaient très proches des humains. Un temps où humains et Pokémon mangeaient à la même table. Un temps où aucune différence ne permettait de les distinguer.

Sacha aurait justement bien voulu qu’il n’y ait aucune différence entre un dracaufeu et lui pour que la coordinatrice cesse de le dévisager pendant qu’il mangeait en compagnie des autres pokémons, loin de la table. Ce n’était peut-être pas la solution idéale pour la convaincre, mais il n’avait malheureusement pas grand-chose d’autre à proposer.

"Qu’est-ce que…"
"Les dracaufeus partagent leurs repas," déglutit Négapi la patte dans la gamelle du faux-pokémon.

Sacha fusilla du regard le lapin bleu. A cause de son aversion des croquettes, Serena mettait toujours plus de temps à lui confectionner ses repas, et elle ne prenait jamais son bras qui l’élançait comme excuse pour y mettre moins de soin.

"Non !" gronda Sacha en levant la gamelle en l’air loin du lapin.
"Ah, voilà, ça, ça fait dracaufeu," complimenta Posipi.

Sacha se renfrogna. Si ça faisait dracaufeu alors cela sous-entendait que tout le reste était… Mais Serena l’avait toujours trouvé un peu étrange, donc il ne comprenait pas pourquoi elle semblait si soudainement certaine de qui il était vraiment, il n’avait pourtant rien fait de spécial. Oui, bon, rien de spécial à part peut-être ce mini bisou de rien du tout, et il tenait à rappeler que c’était elle qui était la première à s’étonner qu’il ne fasse pas de… Un bisou, on pouvait compter ça comme une léchouille, non ?

Sacha sentit sa flamme se ratatiner, l’envie soudaine d’apprendre Tunnel lui effleurant l’esprit. Il devait bien y avoir un moyen de se rattraper, même si pour cela il devait mettre son côté humain de côté. Et cela tombait bien puisque c’était exactement ce qu’il cherchait à faire ! Un peu de fumée lui sortit des narines. Certains sacrifices, bien que difficiles, devaient être faits, et d’autant plus quand il s’agissait de Serena !

L’engouement du faux-pokémon (on pouvait difficilement le nommer autrement), ne laissait pas indifférent les autres pokémons, particulièrement Goupelin qui avait un mauvais pressentiment et qui, peut-être à cause de ses nouveaux pouvoirs psychiques, le transmis à sa dresseuse. En fait, pas besoin de pouvoirs psy quand votre gros reptile de feu vous dévisageait avec la tête de celui qui croyait avoir trouvé une bonne idée alors que tout le monde sentait la catastrophe.

Serena déglutit et se recroquevilla sur elle-même. Au moins le métamorphosé avait réussi son coup dans le sens où Serena ne comprenait pas qui de Sacha ou de Dracaufeu pourrait bien s’approcher d’un pas aussi décidé, claquer ses mains contre la table avant de planter son regard dans le sien, baisser la tête vers elle et… La jeune fille se leva précipitamment et remit vite de la distance.

- Qu’est-ce qui te prends ? trembla-t-elle.

Il tordit son long cou vers elle tandis que d’autres dresseurs les observaient avec curiosité. Sacha était bien décidé à lancer la plus grande attaque Léchouille de l’histoire pokémon, chose que Serena n’était pas mentalement, physiquement et psychologiquement prête à subir, surtout en imaginant le visage du garçon du Bourg Palette.

- Tu ne fais que t’enfoncer, tu t’en rends compte ? hoqueta-t-elle.

Elle s’était comportée avec lui tout ce temps comme s’il était un vrai pokémon parce qu’évidemment elle croyait que c’était le cas, sauf que… Serena glissa la main dans sa poche, effleurant le papier froissé.

- C’est toi qui l’as écrite, pas vrai ?

Serena avait beau le lui coller sous le museau, le métamorphosé reniait toute affiliation à son œuvre. C’était Sacha qui l’avait écrite, à Alola, il y avait même le timbre pour le prouver !

- Caufeu.
- Alors comment tu expliques ça ?!

Les explosions prenaient souvent des tons orangés ou rouge, mais cette fois ce fut bel et bien un jaune fluo criard qui le souffla sur place. Sacha entrouvrit la bouche, les yeux écarquillés alors que Serena secouait la preuve de sa culpabilité.

- Tu m’as bien assuré que tu m’avais amené seul, et je ne pense pas que ma date d’anniversaire soit si facile à deviner. Ah, et autre chose : ce n’est pas mon écriture.

Hébété, Sacha coula un regard vers la lettre qu’elle tenait encore dans son autre main, comprenant soudain d’où Serena tenait ses certitudes.

- La seule chose qui me fait encore douter à présent, c’est bien le fait que tu m’aies menti tout ce temps et que tu continues à le faire même maintenant, avoua-t-elle.

Serena s’était rassise et d’un geste épuisé avait repoussé les papiers sur la table. Ses autres pokémons les observaient sans dire un mot, et elle préféra les ramener pour ne pas qu’ils assistent à ce qui allait suivre, en particulier Posipi et Négapi qui durant toute la scène mâchonnaient leurs dernières croquettes (finalement volées au métamorphosé) comme s’il s’agissait de pop-corn.

- Tu trouvais ça drôle de te faire passer pour un pokémon ? demanda-t-elle les larmes aux yeux. Au moins, j’espère que je t’ai bien amusé.

Elle savait que ce n’était pas le genre de Sacha, du moins elle l’avait toujours cru, mais à présent elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer que chacun de ses rires, chacun de ses sourires durant son voyage ne faisaient que se moquer d’elle. Était-ce pareil à Kalos, est-ce que le garçon dont elle avait toujours cru en la gentillesse ne faisait que jouer avec elle, s’amusant de la petite Serena qui rougissait, qui avait rassemblé tout son courage au moment de leurs adieux pour remonter vers lui.

- Ne me touche pas !

La mine profondément affligée du faux-pokémon la fit vaciller. Il se moquait et la protégeait, il riait quand elle réussissait et s’énervait quand les autres disaient du mal d’elle ou qu’il n’arrivait pas à l’aider, il lui mentait et à la sortie du Tunnel il… Que cherchait-il à la fin ? Pourquoi n’avait-il rien dit plus tôt ? Pourquoi tout simplement n’avait-il pas demandé de l’aide ? Parce que oui, être un pokémon pouvait être amusant un temps, surtout pour Sacha, mais pousser la blague aussi longtemps…

Serena sursauta. Qu’est-ce que Dracauf… Sacha lui faisait encore ? Il n’en avait pas assez avec sa transformation en pokémon, il fallait en plus qu’il lui fasse un numéro de télékinésie.

- Arrête ça ! se releva-t-elle.
- Dracau ! Dracaudra ! s’empressa-t-il de jurer qu’il n’y était pour rien.

Serena blêmit avant de secouer la tête et de dire :

- Oui, bien sûr, les gens se transforment en pokémon alors pourquoi pas des stylos qui volent tout seul !

Elle baissa la tête et poussa un cri effrayé quand le mini-missile faillit la toucher. Serena l’observa s’immobiliser bien droit au-dessus de la table, le plastique semblant légèrement osciller comme si de minuscules vagues le parcouraient. Elle jeta un coup d’œil au faux-pokémon qui de toute évidence paraissait aussi perdu et étonné qu’elle. Alors quoi ? Un fantôme ? En plein jour ?!

- Tu n’en as pas assez ?! s’exaspéra-t-elle en se tournant vers celui qu’elle avait si longtemps considéré comme son pokémon.
- Dra…

Le stylo était descendu, sa pointe effleurant et tournoyant sur le jaune des feuilles, guidé par une main invisible.

- Aaaah ! se réfugia-t-elle derrière le dragon toute tremblante.

L’objet retomba comme soudain privé de vie, roulant un peu sur la table, l’encre bavant sur le bois.

- Ce… Ce n’est pas drôle, gémit-elle. Rien de tout ça n’est drôle.
- Dra ! Drrrrracau ! protesta-t-il.
- Alors qui ? Tu vas aussi me dire que c’est un fantôme qui…
- Qu’est-ce que tu fais Alakazam ?! s’écria un dresseur.

Serena se figea alors qu’elle remarquait le pokémon, une cuillère encore légèrement teintée de rose dans chaque main.

- Dra ! s’écria Sacha, reconnaissant clairement celui qui avait gardé pour lui la sacro-sainte-bassine (certaines choses ne s’oubliaient pas).
- Tu le connais ? balbutia Serena.

Le pokémon psy grattait sa joue et marmonnait quelques excuses à son dresseur. Et si la jeune fille était trop loin pour entendre ce que le dresseur disait, elle voyait en revanche très bien ce qui entourait son bras. Un plâtre, le genre qu’on vous faisait aux urgences et qui devait être en place depuis un moment vu le nombre d’inscriptions qu’on avait consigné dessus, un dresseur qui était allé aux urgences avec un alakazam, Dracaufeu qui lui avait dit qu’il avait rencontré un alakazam…

Elle tituba vers la table et après quelques secondes pour s’assurer que le stylo ne rebougerait pas, se pencha vers le Post-It. A ce moment, elle se souvint de la fois où elle était allée au cirque et avait rencontré un de ces pokémons savants, un symbios de mémoire, capable d’écrire quelques phrases tant que celles-ci n’étaient pas trop compliqué.

Serena prit entre deux doigts le papier jaune et le rapprocha de ses yeux, un « Salut ! » désormais inscrit juste en dessous de sa date de naissance, avec ce même côté maladroit et tremblant qu’on retrouvait dans la lettre de Sacha. Elle releva la tête, observa longuement son reptile qui avait rejoint l’alakazam pour lui demander elle ne savait trop quoi.

- Ah… souffla-t-elle en se tenant le front.

Alakazam. C’était Alakazam qui avait transcrit les mots du reptile pendant que son dresseur se faisait plâtrer le bras. C’était lui qui avait aidé Dracaufeu et c’était bien pour cela que ce dernier était en train de foncer vers lui pour le remercier.

"Rends-moi la bassine !"

Avec beaucoup d’entrain d’ailleurs, tellement qu’Alakazam avait l’air de ne plus savoir où se mettre face à cet accès de reconnaissance et qu’il répondait tout gêné :

"Je l’ai jetée."
"Tu l’as quoi ?!"

Donc… Sacha écrivait aussi lisiblement qu’un pokémon. Serena secoua la tête, reprenant rapidement le calepin où elle avait consigné tout ce qui lui rappelait le garçon chez le pokémon. Brice avait beau dire que quand quelqu’un vous manquait on avait tendance à le reconnaître dans n’importe qui ou n’importe quoi, et cette tendance ne devait pas s’améliorer quand on s’inquiétait pour ladite personne, mais Serena ne pouvait pas croire que c’était à ce point. Elle voulait dire, toutes les fois où elle avait ressenti des choses bizarres pour son pokémon, ce n’était pas qu’elle qui imaginait des choses, c’était aussi Dracaufeu qui était Sacha et comme il était Sacha forcément elle… Elle aurait projeté les choses à ce point ?

Elle s’avança vers le dragon, les jambes encore tremblantes et le Post-It plié dans sa main. Le métamorphosé se tût immédiatement quand elle passa devant lui et demanda à Alakazam :

- C’est toi qui as écrit ça ?
- Kazam, confirma-t-il.

Serena ne savait plus quoi dire, dévisageant son pokémon qui se dandinait sur place sans comprendre ce qui passait par la tête de sa dresseuse. Une sensation qu’il devait avoir depuis plusieurs jours en vérité vu tout ce dont elle l’avait accusé. Elle grinça un peu des dents, en fait que Dracaufeu soit Sacha aurait résolu bien des questions, notamment sur ce qu’il devenait en ce moment.

- Serena ?
- Ah ! bondit-elle en arrière.
- Un appel pour toi, indiqua l’infirmière Joëlle quelque peu vexée par la réaction de la jeune fille.
- M-Merci, mais si vous pouvez lui dire que rappellerai plus tard, bégaya-t-elle.
- Je ne pense pas que ça puisse attendre, elle avait l’air très pressée de te parler.
- Elle ? Flora ?! comprit-elle soudain.

Elle fonça vers les visiophones et son intuition se révéla plus que juste. La coordinatrice d’Hoenn semblait toute excitée et ne perdit pas de temps pour crier en voyant son amie :

- Je l’ai retrouvé !

La tête de Serena lui tournait. Elle ne pensait que Flora tomberait aussi vite sur le dresseur, et vu son grand sourire il devait aller parfaitement bien… comme le lui avait assuré le Professeur Chen en somme.

- Il… Il va bien ? demanda-t-elle quand même.
- Bien sûr qu’il va bien, pouffa Flora. C’est juste que notre Sacha a décidé de faire une grosse session d’entrainement au Mont Lanakila, et qu’il n’a pas choisi de le faire à côté du chemin touristique.

Flora ne put s’empêcher de trembler en repensant aux tempêtes de neige qu’elle avait traversé. Heureusement qu’elle avait un bon guide avec elle qui de surcroit avait justement rencontré le garçon et l’avait accompagné dans son ascension, lui rendant encore régulièrement visite.

- Alors c’était bien un devoir d’école, murmura Serena.
- Désolée.
- Ce n’est rien. Je suis contente de savoir qu’il va bien, même si j’aurais préféré l’entendre de lui.
- Ne t’en fais pas, je lui ai bien fait comprendre que ça ne se faisait pas de disparaitre sans rien dire, et il a bien compris que tu attendais impatiemment son appel, finit-elle avec un clin d’œil.
- Ce n’était peut-être pas obligé de préciser le « impatiemment », mais… Merci.

Flora eut un petit sourire avant de dire plus sérieusement :

- Alola va tenir sa toute première ligue, et j’ai l’impression que cette fois pourrait vraiment être la bonne, lui aussi doit le sentir d’ailleurs.
- Je vais devoir attendre encore un peu alors, comprit Serena.
- Il n’y a pas beaucoup de Centres Pokémons dans les parages, et je peux comprendre qu’il pense avant tout à manger, soigner ses pokémons et dormir vu les journées qu’il s’impose. Je sais ce que c’est, et je sais à quel point dans ces moments on a besoin de s’isoler du reste.

Serena se mordilla l’intérieur de la joue, comprenant très bien ce que son aînée sous-entendait.

- Je n’attends pas forcément à ce qu’il me réponde tout de suite, on peut faire comme avant et…
- Mais peut-être que lui ne pourra pas. Il a bien fait attention d’éviter toutes les questions sur le sujet et j’ai l’impression que c’était juste tellement confus dans sa tête qu’il a préféré tout simplement le mettre de côté pour pouvoir pleinement se concentrer sur son rêve. Et je pense que si vous deviez vous revoir maintenant…
- Ce serait compliqué.
- Sans doute.

Serena soupira. Alors au final, son idée qu’il l’évitait n’était pas totalement infondée. Ça faisait un peu mal de l’entendre et en même temps… elle savait très bien ce qu’elle risquait.

- Tu voudras bien lui dire bonne chance de ma part ?
- Promis.
- Et que la prochaine fois qu’on se voit, ce sera en tant que Maître d’Alola et Top Coordinatrice d’Hoenn.
- Hum… Là je vais être obligée de t’arrêter, parce que ce sera moi la prochaine Top Coordinatrice.

Leur léger rire détendait l’atmosphère sans pour autant réussir à totalement dérider le métamorphosé. Flora avait rencontré Sacha à Alola sauf qu’aux dernières nouvelles il était ici, enfin, lui et Sacha étaient la même personne, donc forcément qu’il était ici !

Il remarqua soudain la fille aux cheveux violets qui se tenait dans un coin de l’écran, un sourire aux lèvres comme si elle venait de jouer un mauvais tour, et ce n’était pas le pokémon qui sautillait sur sa tête qui dirait le contraire. Sacha plissa les yeux, ce qu’il avait pris initialement pour un Pikachu maigrichon était en réalité un bout de chiffon qu’on avait cousu et décoré pour qu’il ressemble grotesquement à la mignonne boule de poil.

- Bon, je vais te laisser. Le décalage horaire ça fatigue mine de rien, j’ai l’impression de tout le temps dormir éveillée, plaisanta Flora.

Sacha sentit une goutte de sueur sur sa tempe, il se demandait si cette fameuse impression pourrait être plus réelle qu’elle le pensait, au point de lui permettre de voir un dresseur qui ne devrait pas être là et un Pikachu… Sacha glissa à nouveau un coup d’œil vers l’étrange déguisement qui semblait rire à présent, une grande griffe noire dissimulant une partie de son torse.

- Dracaufeu ? l’appela Serena.
- Dra ! se dressa-t-il au garde à vous.
- C’est juste… Je suis désolée pour ce qu’il s’est passé, tu n’as rien dû comprendre.
- Dracau, dracaudra, acquiesça-t-il vivement. Caufeu… dit-il quand même pour la rassurer.

Serena grimaça. Peut-être que le dragon ne considérait pas cela comme grave, mais pour elle ça l’était. Elle s’était clairement montée un film à cause de son anxiété et du fait que le garçon lui manquait et au final c’était Dracaufeu qui avait dû tout encaisser. D’accord, la fièvre n’avait pas aidé, mais ça faisait déjà depuis quelques temps qu’elle faisait des… confusions, y compris les fois où elle avait l’impression de ressentir pour lui…

Dans tous les cas elle devait se reprendre : Dracaufeu faisait ce qu’il voyait dans les films, Dracaufeu voulait juste aider sa dresseuse, Dracaufeu la regardait avec la même douceur que n’importe quel autre personne ou pokémon qu’il considérait comme un ami. Voilà, si elle arrêtait de tout surinterpréter, de vouloir à tout prix le revoir en lui maintenant qu’elle savait qu’il allait bien, alors elle en arriverait à cette unique et simple conclusion : Dracaufeu était un pokémon, un peu bizarre certes, mais rien de plus ou de moins qu’un pokémon avec lequel elle avait bien l’intention de renverser les pronostics du Grand Festival !

Horton se réveilla doucement. Comme à son habitude, il avait travaillé à son bureau la moitié de la nuit avant de s’y endormir. Il secoua ses doigts pour les dérouiller et fit grincer sa jambe dans son cotyle, faisant au passage tomber une partie de sa paperasse. Il grimaça en se baissant, récupérant les feuilles une à une jusqu’à retomber sur la photo de cette Serena. Il la regarda un temps, se demandant si cette petite pourrait vraiment faire un jour la une des journaux comme semblait le pressentir Atalante.

- Pas convaincu, haussa-t-il les épaules.

Et pourtant, Serena devrait bientôt réapparaitre dans le Quotidien et nombre de ses concurrents. Pas avec son visage en première page, il est vrai, mais faisant bel et bien parti du nouveau fait-divers qui allait bientôt secouer Hoenn. Le genre que les gens s’arracheraient dès la sortie, parce que tout le monde voudrait savoir ce qu’il s’était passé et d’autant plus…

Si ça saigne.