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Derkomai's Mask de weivern



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» Auteur : weivern - Voir le profil
» Créé le 24/11/2024 à 00:47
» Dernière mise à jour le 18/01/2025 à 16:17

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de shippings   Présence de transformations ou de change   Romance

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Toute Ponction mérite Chardon
Quatre heures du matin. Sacha déboulait à l’accueil des urgences et faisait sursauter les quelques malheureux qui s’étaient assoupis en attendant leurs familles ou amis.

- Dra ! Dracaudra, caufeu, dra, caufeu ! expliqua-t-il rapidement à l’agent d’accueil.

Il s’était tourné de trois-quarts, de sorte que la jeune fille haletant dans son dos et brûlante de fièvre soit bien visible. A peine émue, voire pas du tout, la femme attrapa un dossier et demanda :

- Documents d’identité ?

Sacha se figea. Il avait complètement oublié de prendre le pokédex de sa partenaire.

- Feu… caufeu, expliqua-t-il le regard suppliant.
- Alors nom, prénom, date de naissance devraient suffire, soupira-t-elle.
- Dracau, caufeudra, dra… Dracau ! se souvient-il. Caucau, feudra, dracau, énuméra-t-il lentement.
- Avec un « o » ou « au » pour caufeu ?
- Dra-

Oui, bon, ça va, excusez-le d’oublier de temps en temps son manque de vocabulaire humain.

- Cau… appela-t-il la jeune fille assortit d’un léger coup de museau.

Elle releva la tête, les yeux rougis, les paupières à moitié closes. Elle n’était pas dans son meilleur jour, mais elle devrait être capable de répondre au moins aux questions basiques.

- Dracaucau, caufeu dra, lui expliqua-t-il rapidement.
- Hum…
- Caufeu, l’encouragea-t-il.

Encore groggy, elle regarda tour à tour la secrétaire d’accueil derrière sa vitre et son dragon, fronça un peu les sourcils avant que son regard s’illumine. Oui Serena, c’est bien, se réjouit le métamorphosé.

- Quatre-vingt-treize.
- …
- Quatre-vingt-treize ans, nota machinalement l’agent dans un coin du dossier.
- Dracau ! reprit vite le métamorphosé.

Soit Serena ne faisait pas son âge, soit elle venait de citer les dernières statistiques de « chute per entrainement de danse » et Sacha penchait plus pour la seconde option quoique… non, aux dernières nouvelles Serena n’était pas une shinobi, donc définitivement la seconde option. Toujours est-il que si la jeune fille retenait les détails dont Sacha se serait bien passé, elle n’avait pas donné les réponses essentielles.

- Dra… gémit le métamorphosé.
- Trop de lumière, soupira-t-elle en remettant le nez dans les écailles du dragon.

Sacha se retint d’hurler. S’il pouvait encore parler tout serait tellement plus… Il zieuta une nouvelle fois la jeune fille dont l’état de conscience n’était pas bien brillant. A ce compte-là… Il la déposa avec précaution sur une chaise, faisant attention à ce qu’elle ne penche pas trop d’un côté ou de l’autre.

"Je te la confie."

L’alakazam qui attendait son dresseur et n’avait rien demandé reçut en plus une bassine en cadeau.

- Ala ?
"Ne t’en sépare surtout pas," fit gravement Sacha.

Un peu de fumée lui sortit des naseaux quand il retourna vers la secrétaire, bien décidé à en finir. Elle eut un petit mouvement de recul, glissant sa main sous le bureau à la recherche du gros bouton rouge. Mais elle se rendit vite compte qu’elle n’était pas la cible principale du dragon, contrairement à son bloc note et son stylo – et tout le monde savait que les stylos étaient une denrée précieuse à l’hôpital.

- Hey !

Elle ne protesta pas longtemps et pour cause : n’importe qui serait surpris en voyant un dracaufeu griffonner sur une feuille. Elle rehaussa ses lunettes, stupéfaite qu’il ne lui rende pas seulement des gribouillis mais bel et bien des mots (relativement) lisibles. Sans doute un de ces pokémons savants qu’on rencontrait dans les cirques, et celui-ci était d’autant plus impressionnant que ce n’était pas un type psy.

Les données rentrées, elle glissa les petits papiers dans une enveloppe avec les étiquettes et presque dans la seconde une infirmière venait chercher la jeune fille.

- Tu restes à l’accueil, prévint l’IDE.
- Dra ? C-cau caufeu ! refusa-t-il.
- Et moi je ne garde pas un dracaufeu sans dresseuse ici, rappela la secrétaire. En plus, si vous voulez des infos, il devrait pouvoir vous aider.

Nathalie n’avait aucune envie de lutter contre sa collègue, pas à 4h10 du matin. Elle fit rapidement entrer la jeune fille et le reptile dans la zone de triage, prit la température et… 39,5°C ? Et de très beaux frissons en prime.

- Qu’est-ce qui vous arrive ? demanda-t-elle alors que le reptile aidait sa dresseuse à s’allonger.
- Non ! gémit la jeune fille. Pas envie.
- Vous savez où vous êtes ?

Serena fronça les sourcils, ce qui rassura un peu Sacha de la voir encore capable de se concentrer.

- Au cimetière.

Le faux pokémon pâlit brutalement alors que la femme demandait :

- Vous en êtes sûre ?
- Hum… réfléchit la coordinatrice. Non, c’est pas ça.
- Alors où êtes-vous ?
- Au cimetière !

Si on pouvait éviter, se lamentait le métamorphosé en train de rapidement décrire les dernières heures sur son bloc note. A peine surprise, l’infirmière lut rapidement le mot, détailla une dernière fois la jeune fille et le dinamap qui affichait la tension.

Que ce soit bien clair, Sacha n’aurait jamais cru qu’il était possible de déshabiller quelqu’un en moins de cinq secondes. Sinon, vous pensez bien qu’il aurait sauté à travers le rideau dès l’instant où les deux aides-soignantes avaient montré le bout de leur nez.

- D-Dra… DRAAAAaaaaa !

Serena était en sous-vêtement, juste en sous-vêtement ! Déjà que tout à l’heure dans le bain… Et pourquoi n’avait-il pas encore fermé les yeux ?! Réfléchis Sacha ! C’est comme quand tu l’accompagnes en course et qu’elle te traine au rayon lingerie. La différence, c’est juste qu’au lieu d’être sur le présentoir, ils sont sur elle.

D’accord, c’était le raisonnement le plus foireux qu’il ait jamais eu, et il y avait de la compétition pourtant. Presque en larme, il releva péniblement ses ailes pour cacher sa vue. Si devenir un dracaufeu lui avait permis de mieux connaître sa partenaire, il ne demandait pas non plus à en apprendre autant sur elle. Et oui, peut-être qu’on allait lui dire que c’était sa faute, qu’il n’avait qu’à rester à l’accueil et il commençait à croire que cela vaudrait effectivement mieux. Mais retirez-lui sa princesse et le dragon reviendrez plus vite qu’une Vitesse Extrême.

- Dra Cau !

Au moins on avait mis une blouse à sa dresseuse, comme ça il pouvait les poursuivre dans les couloirs sans fermer les yeux (dommage qu’il ne s’en soit rendu compte qu’après s’être pris un chariot de nettoyage). Enfin, quand on disait couloir, cela ressemblait plus à une zone de stationnement où on entassait les brancards avec les gens dessus en train de vomir, gémir et bien sûr le grand classique : la mamie de quatre vingt cinq ans qui vous demandait si tout allait bien pendant qu’on lui recousait en catastrophe sa plaie du scalp - sans anesthésie bien sûr.

Au moins Serena eut le droit directement à son propre box. VIP grâce à son statut de super coordinatrice ? Sacha n’en était pas si sûr en voyant l’état de la pièce : vieux carrelage, plafond bas, luminosité d’une salle de prison, le robinet qui s’alluma alors que personne n’y avait touché (y avait des fantominus ici ?) et Serena au centre qui hoquetait douloureusement.

Sacha écarquilla les yeux, se rendant soudain compte de la terrible et fatale erreur qu’il avait faite, une erreur que Serena s’apprêtait à lui faire payer au centuple. Non, par pitié, il promettait de ne plus jamais grignoter avant le goûter. Tiens ! Il irait même jusqu’à ne manger qu’une… deux profiteroles pour le dessert ! Il se rattraperait, il se ferait pardonner, et plus jamais il ne commettrait l’absurdité, que disait-il le blasphème d’oublier l’objet le plus important, le plus vital, de toute la création : la sainte Bassine.

Je suis désolé, je suis tellement désolé, pleurait en silence le dragon dont le torse était aussi fichu que la blouse de la jeune fille. Il la maintenait péniblement assise, son odorat définitivement en deuil, quelqu’un pour l’aider ? Non ? Personne ? Il la souleva dans ses bras, la débarbouilla au lavabo maudit avant de se glisser à l’extérieur à la recherche d’une nouvelle blouse. Finalement, la chambre de Serena était peut-être bien celle d’une VIP, car, vous voyez, contrairement à celle d’en face, elle avait une porte.

En vérité, il s’agissait d’une sordide histoire où le verrou ne s’ouvrait plus que de l’intérieur, mais on s’était dit que ça passait, sauf qu’ici les gens avaient l’habitude de fermer les portes et… On avait eu la bonne idée d’y mettre justement le gars psychotique fort bourré avec comme voisin de chambre le papy confus. Comment dire qu’après trente minutes de réunion de crise à discuter, très sérieusement, sur quelle était la personne la plus maigre du service pour passer à travers le hublot de dix centimètres de diamètre, faire une pirouette et atterrir sur ses deux pieds à l’intérieur de la pièce, on s’était finalement résolu à dégonder la porte.

Toujours est-il que même si Sacha n’était pas au courant de toute l’histoire, l’apprendre ne l’aurait peut-être pas rassuré pour autant. Et voir cette femme qui courrait dans sa direction en hurlant comme si elle était poursuivie par Giratina lui-même (qui se révéla finalement être l’infirmière qui voulait juste lui faire une prise de sang) n’arrangeait rien.

Il avançait de plus en plus prudemment, caressant la tête de la jeune fille pour se donner un peu de courage avant de se rendre compte de son geste et de vite s’arrêter.

- Qu’est-ce que tu fais là toi ? entendit-il derrière lui.

Il sursauta. Le badge avec écrit Dr Dot sur sa blouse et surtout le fait qu’il possédait un stéthoscope - ce qui prouvait qu'il n'était pas un orthopédiste - était de bonne augure pour Sacha. Oh, n’allez pas croire qu'on n'aimait pas ce type de médecin, après tout, personne n’était aussi bon qu’eux avec les plaques, vis, clous et marteaux, et on pouvait toujours compter sur eux pour enlever la clef que le patient s’était enfoncé dans le bras pour se « détendre » durant sa permission, mais… Serena était un cas qu’il valait mieux ne pas leur laisser.

"C'est-à-dire que c’était plutôt mignon au départ sauf que depuis cette nuit ça ne l’est plus et je sais pas ce qu’il lui arrive et… et…"

Le médecin décrocha son téléphone, Sacha espérait que ce soit pour demander de l’aide ou l’avis de ses autres collègues mais…

- Oui, est-ce qu’on peut faire venir Tortank ?
- Dra ? s’étouffa le métamorphosé, se rendant soudain compte qu’il cachait sa dresseuse de son aile et que le médecin ne l’avait sans doute pas vu. Caufeu cau, caufeu ! essaya-t-il de rapidement s’expliquer.

Il s’emmêla sur qui entre ses ailes, ses bras, ses jambes ou sa queue devait s’écarter et s’étala sur le dos. Il gargouilla une plainte de douleur, priant pour que les secousses n’aient pas réveillé le troisième estomac inter dimensionnel de sa partenaire. Mais il aurait bientôt plus grave à s’occuper en entendant le sol trembler. Un tortank, ce n’était pas du petit pokémon… Bon, en vrai, son Dracaufeu en avait déjà vaincu un, et celui de Régis en plus, donc il n’était pas si désavantagé que ça pas vrai ? Pas vrai !?

Sacha déglutit et releva la tête, s’attendant à voir deux canons à eau braqués sur lui. Toutefois, il dû quelque peu descendre son regard, encore un peu plus bas, il y était presque, voilà… Il semblait au métamorphosé, d’après ses humbles souvenirs, que les tortanks ne ressemblaient pas tout à fait à celui qui se tenait en face de lui.

- J’avais dit Tortank… se crispa le médecin.

Le corps arrondi du petit pokémon se gonfla de vexation. Le pokémon tortue était en période de repos, et il était parfaitement capable de gérer un lézard… qui était quand même grand quand il se relevait sur ses deux pattes.

- Bon, tant pis, se résolut Dot. Marill, Hydrocanon !
- Ma, se prépara le pokémon avant de se tourner vers son chef. Riiii.
- Bulle d'O ?
- Mari…
- Trempette ?
- Ma ! se vexa le pokémon.
- Alors utilise Pistolet à O !

Le pokémon y mit toute sa puissance et éclaboussa le visage du dragon sans la moindre pitié. Alors ? C’était qui le Coloforce ? Cependant, le reptile résista à l’attaque et pire que tout elle ne semblait lui faire presque aucun effet.

"Tu n’as pas la moindre idée de ce que j’ai enduré jusque-là," grogna le faux pokémon. "Ton attaque n’est rien comparée à ce dont est capable Serena !"

Et elle en apporta la preuve dans la seconde qui suivit, faisant pousser un nouveau soupir de désespoir à Sacha alors que Marill fuyait en se bouchant le nez à l’autre bout du service. Désespéré, le métamorphosé prit des compresses qui trainaient sur le chariot et s’assit en tailleur pour essuyer la bouche de la jeune fille.

- Qu’est-ce que…

Le médecin venait enfin de remarquer la malade, et pas besoin d’être un expert pour deviner qu’elle passait un mauvais quart-d’heure. Il interpella l’infirmière qui sortait d’un box, Catherine qui pouvait enguirlander un agent de police parce qu’il avait osé poser un orteil dans le déchoc sans son autorisation. De quoi vous demander si elle n’avait pas été un jour infirmière de bloc : ne touchez jamais le stérile, jamais !

- Catherine, l’appela-t-il un ton doucereux. Tu saurais qui est cette patiente ?
- Celle qu’on t’a dit de voir rapidement, Atoc.

Ah… La confusion fébrile qui n’était plus dans son box. Au moins il l’avait retrouvée, et il pouvait ajouter vomissement à sa liste de symptômes.

- C’est ta dresseuse ?

Il s’était accroupi face au dragon, non sans une légère appréhension de ce qu’il pourrait faire. Mais Catherine était derrière lui sans doute en train de préparer une seringue de Loxapac, donc il se sentait en sécurité, peut-être même plus qu’avec un tortank.

- Dra.
- Tu veux qu’elle aille mieux ?

Il arrivait que les dracafeus ne soient pas très avenants auprès des dresseurs qu’ils n’estimaient pas, mais Dot ne pensait pas faire un pari très risqué quand le reptile n’affichait pas le moindre signe de colère malgré toutes les cicatrices de vomissures qui parcouraient son corps, et même sa joue.

- Dra…
- Je sais qu’on n’est pas très bien parti toi et moi, mais tu accepterais de la ramener dans son box que je l’examine ?

Sacha accepta docilement, sans se rendre compte sur le moment qu’examiner signifiait déshabiller – encore – sa dresseuse. Et le truc, c’est que Serena avait repris un peu d’énergie et la mettait à profit pour donner des coups de pieds au docteur. Le métamorphosé soupira, cela lui coutait de l’admettre mais en quelques heures il s’était comme qui dirait… habitué à la voir avec le minimum. Un peu comme un soldat aux journées rythmées par les bombardements, et de toute façon quand il fallait y aller… Mais Serena se montra plus douce avec lui que prévu, se blottissant dans ses bras dès qu’il approcha, et acceptant non sans quelques regards méfiants que le docteur fasse ses différents tests. Elle finit même par autoriser qu’il lui manipule la nuque quand Sacha lui caressa la tête en guise de réconfort.

Comment dire qu’en ce moment le métamorphosé sentait son cœur se gonfler. Tout ce qu’il se passait depuis plusieurs heures était parfaitement horrible, mais découvrir qu’il la rassurait quand elle était au plus bas avait quelque chose de merveilleux. Dommage pour lui, ça n’allait pas durer.

- Elle est méningée… Bon, est-ce que tu peux la surveiller le temps que je prépare le matériel.
- Dracau ?
- Euh… Eh bien… une ponction lombaire.
- Caufeu ?
- Tu vois la péridurale ?
"La quoi ?"
- C’est moins pire qu’une péridurale.

Sacha dévisagea le docteur et décida finalement de lui faire confiance. Car si c’était moins pire qu’une péri… péridu… périaqueducale (et le faux-pokémon comprenait que ce devait être compliqué de trouver un aqueduc), cette fameuse ponction long – vert ne devait pas être si terrible.

Il aida la jeune fille à s’assoir au bord du lit, mais cette fois il avait un peu plus de mal à la rassurer alors qu’elle se tortillait en murmurant :

- Veux pas.
"C’est pour t’aider à aller mieux," lui sourit-il gentiment.
- Hum… rechignait-elle encore.

Dans le dos de la jeune fille, Dot fit un petit signe pour prévenir qu’il était prêt à y aller, Catherine à côté de lui parée à aider sur n’importe quel front.

"Ça va bien se passer, je suis là," l’encouragea-t-il une dernière fois d’un bisou sur le front.

Hein ? Un bisou sur le front ? Depuis quand il faisait des bisous sur le front ?! Il l’aurait lâché sous la panique si elle n’avait pas crié. HEIN ? Serena s’agitait contre lui, bien décidée à se libérer, pleurant et criant de douleur. C’était pas censé être moins pire qu’une péridurite ?! Mais qu’est-ce qu’il faisait derrière ? Sacha passa la tête par-dessus l’épaule de la jeune fille, quelques flammes au bord des lèvres malgré lui alors que le médecin s’écriait :

- Elle se crispe !

Le métamorphosé vit la longueur de l’aiguille qui sortit du dos de la dresseuse avant que le docteur ne la replonge rapidement dans les muscles. Attendez, c’était pas une ponction long-vert mais une ponction vert-de-fer son truc !

- Méchant, gémit Serena.
"Pardon, pardon, pardon ! Mais juste encore un tout petit peu…"
- Je te déteste !
- J’y suis ! s’écria Dot.

Sacha ne pouvait cependant pas encore la lâcher tant que les soignants n’avaient pas rempli les tubes. Au moins Serena s’était un peu calmée bien qu’elle continuait de sangloter. Quand enfin ils eurent fini et qu’il se recula, elle lui lança un regard qui disait clairement qu’elle ne lui pardonnerait pas cette trahison. Et si ce n’était pas que la confusion ? Si vraiment après ça elle se mettait à le détester ?

'Serena, tu… tu ne le pensais pas vraim-"
- Je te déteste, réitéra-t-elle en gonflant les joues.

Ah… Ah ah ah. Elle me déteste, elle me…

Sacha fit le premier vagal de sa vie. Par chance il était à l’hôpital donc…

- Docteur, rappela Catherine.
- Est-ce qu’on peut juste passer les antibios, aller manger, et s’occuper de lui après ?
- Atoc, réitéra l’infirmière.
- Bien, soupira-t-il. Mais c’est toi qui appelleras la régul pour trouver un lit à la petite !
- Atoc.
- … J’aurais essayé.

***
Cela ne faisait que deux jours que Sacha et Serena avaient été accueillis dans le service de neurologie – après maintes discussions pour savoir si elle n’irait pas plutôt en infectiologie voir en USC – et le début avait été quelque peu difficile avec l’équipe. Un gros dracaufeu ne pouvait attirer que des ennuis, déjà qu’ils avaient réputation d’être difficilement contrôlables, si en plus sa dresseuse n’était pas en mesure de le contenir… Mais il avait vite surpris tout le monde, notamment en aidant pour porter la jeune fille ou en calmant quelques familles qui avaient décidé d’utiliser les couloirs comme ring. Sacha avait même voulu essayer d’aider pour la toilette, avant de se rendre compte de ce que cela impliquait et de vite quitter la chambre les joues rouges.

- Dracau, salua-t-il.
- Ah, euh, ouuuui ! Non, mais, faut pas me prendre pour…

Georgie (c’était ainsi que tout le monde l’appelait), était le résident de la chambre du bout du couloir. Et aujourd’hui il semblait en forme, se baladant par à-coups dans son fauteuil roulant à la recherche d’une compagnie quelconque. Sacha préférait le voir ainsi que contentionné aux quatre membres et réussissant quand même à passer sous le matelas.

- Caufeu ? proposa Sacha.
- Donne !

Georgie avait beau avoir les trois-quarts du cerveau grillé, sa reconnaissance du chocolat n’était en rien altérée. Sacha lui tendit un morceau, tandis que le vieil homme jetait un coup d’œil dans la chambre, ce que le métamorphosé n’appréciait pas vraiment. Georgie était très bien dans les couloirs, mais parfois il se comportait un peu… bref, il préférait qu’il reste loin de Serena, surtout quand toute l’équipe était à la relève.

- Feu, fit-il un dernier signe au vieil homme avant de retourner au chevet de sa dresseuse.

Ainsi endormie, on ne se doutait pas qu’elle avait déjà cassé quatre pousse-seringues et arrachés un bon nombre de perfusions. Le pire dans tout ça, c’est qu’il n’arrivait plus à la calmer.

Il posa la tablette de chocolat sur la table, abandonnant l’idée d’en manger ne serait-ce qu’un seul carré. Je te déteste ! C’était dit sous le coup de la fièvre, mais ça l’avait quand même atteint, et plus qu’il ne l’aurait imaginé. Il crispa ses mains l’une contre l’autre, sa queue s’enroulant autour de ses jambes.

Être comme son père et la faire souffrir, plus que jamais il le refusait, et cela parce qu’il le voulait. Je te déteste ! Sacha agrippa sa poitrine pour en atténuer la douleur. Il était encore fragile, il le savait, tout comme il savait que sans l’aide que lui offrait la pokéball, il aurait fui à la seconde où elle avait prononcé ces mots. Le métamorphosé souffla bruyamment, ne pas avoir dormi depuis presque quarante huit heures à cause de l’anxiété n’aidait pas à avoir des pensées positives, en plus de provoquer deux-trois hallucinations comme cet homme qui les observait à travers la fenêtre, un sourire sardonique qui révélait toutes ses dents et sa main qui pointait ce que Sacha savait être la porte de sortie. Ah, oui, ça c’était le patient de la treize et ses spasmes faciaux en fait, même s’il semblait sortir tout droit d’un cauchemar.

Sacha souffla une fois l’homme parti, mais il n’eut pas le temps de se reposer bien longtemps quand Serena leva la main, prête à saisir la perfusion. Il l’arrêta au dernier moment, les fins doigts au creux de sa paume avant qu’il ne les replace doucement sous les couvertures. Je te déteste ! Il écarta avec précaution les mèches qui collaient au front de la jeune fille, caressant inconsciemment sa joue au passage. Peut-être que dans un avenir proche il n’aurait plus besoin de la pokéball pour se rassurer, il travaillerait dans ce sens en tous cas.

Il retira sa main et la ramena contre lui, comme pour la punir d’avoir ainsi toucher la jeune fille sans sa permission. Il se demandait quand même où tout cela le mènerait parce qu’aux urgences…

Rah ! Pourquoi j’ai fait ça ! s’agrippa-t-il la tête. Ça avait été comme un réflexe, mais du genre dont il se serait bien passé. Et puis, déjà qu’elle s’agitait juste pour un petit bisou sur la joue… Enfin, qu’elle s’agite ou pas, il n’avait pas l’intention de recommencer, parce que c’était juste trop bizarre (et doux), et trop bizarre (agréable), sans oublier trop bizarre (si attrayant). Bref, s’il voulait s’améliorer il avait intérêt à recommencer et- Non !

- Rrraaaa, gémit-il.

Serena grimaça, faisant sursauter le métamorphosé. Avec tout le raffut qu’il venait de faire elle allait sans doute se réveiller. Le problème, c’est que depuis qu’elle avait cette Nemingite, elle était quelque peu… Disons que si on mettait Serena à côté de Clem et qu’on les écoutait toutes les deux parler, on pourrait sérieusement se demander qui des deux était la petite sœur.

- Hum… soupira-t-elle.

Elle s’était calmement assise dans le lit, frottant son œil avant d’observer avec curiosité la pièce et de froncer les sourcils.

- Dracaufeu ? se tourna-t-elle vers lui.

Serena semblait perdue, mais d’une manière différente de ces derniers jours. Il déglutit, attendant le fameux Je te déteste ! et autres joyeusetés dont elle l’avait gratifié à chacun de ses réveils. Sacha n’aurait jamais imaginé qu’elle ait la rancœur si tenace.

Toutefois, elle ne fit que gémir légèrement, se recroquevillant sur elle-même et tenant sa tête avant d’inspirer profondément.

- Je… Pourquoi j’ai l’impression de ne pas t’avoir dit des choses très gentilles ?

Pas que dire, mais carrément vomi. Toutefois, Sacha ne lui en tiendrait pas rigueur, pas après cette phrase construite avec sujet-verbe-complément et qui en plus avait du sens ! Le faux-pokémon se releva, ébahi, avant de pointer du doigt la jeune fille.

- Dracau ?
- Eh bien… Serena, répondit-elle comme si c’était la chose la plus évidente du monde.
- Dracaucau ?
- Au quoi ? Enfin, tu ne veux pas plutôt me dire pourquoi je suis dans une… chambre d’hôpital ? remarqua-t-elle la perfusion.

Pas dans un cimetière, ni dans un Wailord et encore moins dans un « esprit dessert », mais bel et bien dans une chambre d’hôpital. Il n’en revenait pas, et pourtant… Les C3G étaient officiellement la meilleure chose du monde, que disait-il de tout l’univers !

- Et ce ne sont pas mes vêtements… Dracaufeu ? s’inquiéta-t-elle.

Il tremblait, les pattes et les ailes repliées, les yeux fermés. Qu’est-ce qui t’arrive encore ? se désespéra la jeune fille.

- Drrrrrr DRACAU !

D’accord, elle ne pensait pas qu’un jour elle rencontrerait quelqu’un criant plus fort et sautant plus haut de joie que Sacha, et pourtant il était bien en face d’elle.

- A-Attends Dracaufeu, quoi que tu penses faire ce n’est pas…

Il s’était écroulé dans le lit et avait emmené la jeune fille avec lui. Elle entendit le sommier grincer alors que le reptile s’enroulait autour d’elle, ses rires ne s’arrêtant plus tandis qu’il lui caressait le dos, les cheveux, et toutes ses écailles vibrantes de bonheur dès qu’elles effleuraient la jeune fille. En bref : beaucoup trop à supporter dès le réveil pour Serena.

- D-Dracaufeu ! Tu ne peux pas connaître Câlinerie, tu n’es même pas censé pouvoir l’apprendre ! s’égosilla-t-elle après avoir péniblement repoussé une aile.

A ce niveau, on pourrait même parler de Câlin G-Max dont Serena risquait bien d’en ressentir les effets additionnels si elle ne se dégageait pas rapidement. En plus, avec toute la passion dont le pokémon faisait preuve, elle sentait son nouveau vêtement se relever petit à petit et…

- Serena ?

Le vieil homme se frotta les yeux, mais cela ne fit pas partir l’image de : Dracaufeu, gros pokémon feu, collé dans le lit à sa dresseuse dont la blouse s’était relevée jusqu’au niveau des hanches. Pas qu’il ait l’esprit mal tourné et il ne doutait pas qu’il y avait une explication tout à fait logique mais…

- Ah… souffla Serena complètement mortifiée.
- Cau-Cau ! se réjouit Sacha de montrer au champion que son amie allait bien. Dracau ?

Elle avait à nouveau le visage rouge et il s’inquiétait qu’elle ait un nouveau pic de fièvre.

- Aaaaaah…
- Dra ? posa-t-il sa main sur le front de la jeune fille.

Ah Dracaufeu, pokémon si innocent qui ne remarquait pas quand il déshabillait à moitié sa dresseuse et qui bien sûr le faisait pile au moment où le champion d’arène de Lavandia décidait de lui rendre visite. Vraiment, ce Dracaufeu, elle l’aimait bien mais parfois…

- KYAAAAH !

***
- Hum-hum ! toussota Voltère pour la dixième fois.

Le champion ne savait toujours pas par quoi commencer malgré que la visite lui ait laissé un peu de temps pour y réfléchir. Serena étalait le beurre sur ses tartines d’un air pincé et le pokémon feu s’était replié dans un coin, il faisait bien. Serena ne s’énervait pas facilement, mais à ce moment, Voltère avait vraiment cru que la gifle allait partir et il n’était pas sûr que le pokémon soit tout à fait tiré d’affaire.

- Dire qu’à une époque tu as cru qu’il pourrait s’enfuir.

La tartine craqua entre les doigts de la jeune fille. Finalement, le champion allait peut-être rejoindre le reptile dans la zone de survie et y rester.

- C’est surtout que ces derniers temps il est un peu… Je crois qu’il a besoin qu’on revoie correctement les limites.

Sacha releva le museau. Il avait juste fait un petit craquage émotionnel, ça arrivait à tout le monde.

- Il était juste très enthousiaste de te revoir en forme, essaya de concilier le papy.

Voilà, exactement, il était juste très…

"Trèèèèès enthousiaste de la serrer dans ses bras," roucoola Posipi.

Bien sûr, les autres pokémons de Serena ne pouvaient pas rester en dehors des heures de visites, donc Voltère les amenait avec lui à chaque fois qu’il passait, et aujourd’hui n’avait pas fait exception à la règle. Et si au départ l’attention des pokémons s’était d’avantage portée sur la dresseuse, certains lapins électriques commençaient à s’intéresser au reptile.

"J’ai pas réfléchi," se défendit le métamorphosé.
"On a vu ça," confirma le bleu.

Sacha se recroquevilla sur lui-même, non sans avoir vérifié que Serena mangeait bien tout ce qu’il y avait sur son plateau.

- Et puis, je crois qu’il n’a pas beaucoup dormi ces derniers temps donc il doit être un peu désinhibé.

Serena s’arrêta de manger et tourna la tête vers le dragon dont elle avait soigneusement évité le regard jusque-là. Il était vrai qu’on discernait d’énormes poches sous les yeux du reptile et ses écailles étaient un peu pâles.

- D’ailleurs Dracaufeu, ajouta Voltère, tu ne préfèrerais pas aller te reposer au calme ?
- Caufeu ! s’indigna-t-il.

Sacha se sentait au contraire en pleine forme et prêt à repartir pour quarante-huit nouvelles heures.

- Pourquoi tu es toujours si… se désespéra la jeune fille.

En réalité, elle commençait un peu à s’en vouloir de s’être fâchée. Visiblement, le pokémon avait passé des moments difficiles, s’étant retrouvé seul pour la porter aux urgences. Un détail que Voltère aurait préféré que la dresseuse n’apprenne pas, mais qu’il avait dû finalement aborder.

Dans tous les cas, si Serena allait bien maintenant avec peut-être une chance de sortir de l’hôpital d’ici deux à trois jours si le travail avec la kiné se passait bien, c’était bien grâce à l’initiative du reptile.

Toujours est-il qu’elle trouvait qu’il prenait un peu trop ses aises avec elle dernièrement. Et puis, sa phobie du déshabillage n’avait-elle pas un peu diminué ? Lui qui d’habitude serait sorti en courant de la chambre, il s’était contenté d’observer sans comprendre la jeune fille pendant quelques minutes avant de soudain sembler se souvenir de ce qui le terrifiait habituellement et de lui-même baisser la blouse.

Pas que ça la gênait, parce que c’était un Dracaufeu donc il n’y avait évidemment aucune raison d’être gênée, mais en ce moment elle aimerait bien qu’il soit un peu plus… distant ? Pas au point de la quitter ou d’arrêter de dormir ensemble non plus, mais juste qu’elle n’ait pas l’impression… C’est un dracaufeu, se sermonna-t-elle.

Un dracaufeu qui passa toute l’après-midi à l’encourager tandis qu’elle titubait dans les couloirs, ne restant jamais loin des fois qu’elle tomberait. Tu es vraiment trop… se répétait-elle à chaque pas qu’elle faisait. Beaucoup trop…

- Dracau ?

Il lui demandait si elle allait bien alors qu’il s’était presque brisé le museau en se prenant pour un tapis de chute. Mais à quoi il jouait à la fin ?! Serena se releva vivement, et dût à nouveau compter sur son dragon pour lui attraper les épaules avant qu’elle ne retombe vers l’avant.

- Cau, souffla-t-il de soulagement alors qu’il tenait toujours la jeune fille contre lui.

Le pire pour Serena, c’était peut-être qu’aucun soignant n’était choqué de voir le dracaufeu, cette créature réputée par excellence pour sa fierté, se comporter ainsi. Et pour cause, Dracaufeu qui faisait tout pour sa dresseuse adorée n’était plus une surprise pour personne.

- Des limites, des limites, des limites, répétait Serena assise en tailleur sur le lit, un carnet dans une main et un stylo dans l’autre.
- Dracau ?
- Il est temps qu’on reprenne les bases, lui expliqua-t-elle, parce qu’actuellement…

Il l’interrompit en entendant le chariot rouler dans le couloir et se dépêcha d’aller chercher le plateau repas, vérifiant que ce n’était pas non plus trop chaud bien qu’il valût mieux ne pas trop lui faire confiance là-dessus.

- C’est ça le problème, grimaça la jeune fille quand il posa son repas devant elle.
- Caufeu ?
- Parce que tu es un dracaufeu ! s’écria-t-elle. Et un dracaufeu ça montre son affection en crachant ses flammes sur son dresseur, pas en le prenant dans ses bras.
- Dra ? s’étonna-t-il.
- Bon, d’accord, peut-être qu’on peut éviter le Lance-Flammes, mais tu pourrais faire autre chose pour me dire que tu m’apprécies.
- Dradra ?
- Ça devrait être à toi de le savoir… se plaignit-elle. Tiens, autre chose sur lequel on doit revenir, renchérit-elle en commençant à écrire sur son calepin. Un dracaufeu ça… ça ne fait pas de bisous. Quelques léchouilles tout au plus.

Elle regarda toute fière son calepin, le mot « bisou » barré et « léchouilles » écrit en gros avec inscrit juste à côté en petit « mais pas trop souvent non plus. »

- Tu comprends mieux ?

Il détailla la feuille avant de relever le museau un peu perdu. Les dracaufeus ne savaient pas lire non plus et cela au moins il le respectait plutôt bien (surtout parce que c’était écrit en kalosien).

- Draaaaa, bailla-t-il.
- Bon, c’est décidé, on va faire une liste. Des idées ?
- Dra.
- Très bien : les dracaufeus n’utilisent pas Câlinerie.
- Feu…
- Et ils ne font pas traîner le museau dans le cou de leur dresseuse, même inconscient et à moitié noyé. Tu vois quand tu veux !

Ce n’était pas tout à fait ce qu’il avait dit. Mais c’est que le repas de Serena allait refroidir !

- Et… hum~hum, hum ! Je n’ai pas besoin de ton aide pour manger ! retira-t-elle vivement la cuillère de sa bouche.

Tout est à revoir, toutes les limites sont à revoir. Comment j’ai fait pour ne pas le remarquer plus tôt ? Elle continua de parler au dragon de tout ce qu’il devait faire ou ne pas faire, les consignant à chaque fois dans sa liste jusqu’à ce qu’elle fasse une dizaine de pages.

- Est-ce que tout est clair pour toi maintenant ?

Ronflement.

- Parfait, alors si tu as compris je compte sur toi pour…

Il s’était endormi. Assis par terre, son épaule contre le lit, sa tête pendant mollement vers le sol. Il avait passé presque deux jours à veiller sur elle, et ce n’était que maintenant qu’il en subissait le contrecoup. Avoue que tu l’as fait exprès, soupira-t-elle.

Elle lui caressa l’arrière des cornes, provoquant un petit sourire de contentement chez le dragon. Bon, pas le choix, ils reparleraient de tout cela un autre jour.

Serena zieuta l’armoire à côté de son lit, Voltère lui avait ramené ses affaires, notamment son pyjama, et elle en avait assez de sa vieille blouse jaunâtre. Elle se mit sur la pointe des pieds, attrapa du bout des doigts le premier morceau de tissu qu’elle perçut et le tira, entrainant au passage l’enveloppe qu’on avait posée juste en dessous.

Il n’y avait cependant rien de bien intéressant à l’intérieur. Ce n’était que ses papiers d’entrée, des étiquettes froissées et… des post-it ? Elle retira un à un les petits carrés de papiers, les étala sur le lit avant d’examiner avec précaution les cursives mal assurées et les majuscules à peines plus lisibles que leurs minuscules contreparties.

Faire la cuisine, s’essayer à la couture, donner un coup de patte pour le ménage et la lessive, danser, toutes ces choses que ce genre de pokémon aurait pourtant fui à la seconde où elle aurait évoqué l’idée. Dracaufeu était différent des autres, elle l’avait encouragé en ce sens c’est vrai, mais il avait toujours été différents des autres. Et si, en vérité, il l’était encore plus qu’elle ne l’avait pensé, un nouvel élément à ajouter au constat de tout ce qu’il ne devrait et n’était pas censé faire.

- Les dracaufeus n’écrivent pas, murmura-t-elle.

Elle se recula. Evidemment ! Evidemment qu’il ne pouvait pas, parce que c’était au-delà de bizarre ou d’imiter ! Il y avait forcément quelqu’un qui l’avait aidé, quelqu’un qui par chance la connaissait, mais qui était trop pressé pour rester, quelqu’un…

Elle écarquilla les yeux, se disant que c’était impossible mais se dépêchant de sortir de la poche de son manteau la lettre qu’elle avait reçu il y a peu. Ses mains tremblaient quand elle compara les formes des lettres, leur inclinaison, l’empreinte unique incrustée sur le papier. Il y avait des différences, mais si on gardait en tête que les post-it avaient été écrits à la va-vite… Serena inspira profondément, peu importe comment ou pourquoi :

C’est l’écriture de Sacha.