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La voix de l'aura, Tome 4; Épopée d'Isaac de MARC2750



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Informations

» Auteur : MARC2750 - Voir le profil
» Créé le 25/10/2024 à 04:45
» Dernière mise à jour le 25/10/2024 à 04:45

» Mots-clés :   Action   Amitié   Aventure

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Chapitre 15 : L’ombre de chacun


Les jours passèrent, puis je décidai d’aller discuter avec mon père. J’avais le goût de voyager un peu et je me demandais où je pourrais aller avec Kévin. Je m’approchai du centre de commande des Gardiens de l’aura où il était, puis je le sentis s’énerver à un tel point que j’avais peur.


Je cachai ma présence, comme mon père m’avait appris depuis que Ben était revenu à Célesta pour étudier. J’avançai doucement dans le corridor. J’entendis un objet lourd tomber au sol avec force, puis quelques cris de peur.


– Ça ne va pas la tête ! cria Serge. Tu sais combien coûte ce matériel. J’entendis mon père grogner de rage.


– Du calme, Lucas. Commenta Dominique inquiète.


– Il l’a traité de monstre. Dit-il doucement en colère. Ils pensent que nous sommes tous des monstres ! Hurla-t-il en colère.


– Ce ne sont que des idiots. Lança Serge aussi fort. Ne les écoutez pas, ils ne valent pas la peine de prêter attention à leur divagation. J’entendis mon père respirer fort, puis il se calma. Je m’approchai plus près pour regarder par le cadre de la porte.


Une énorme télévision était au sol en mille morceaux, les autres écrans étaient encore allumés sur ce qu’ils écoutaient. Sur l’écran, il y avait deux images, une à côté de l’autre. Une de moi pendant le concours pokémon pendant que mon armure noire était activée et l’autre était une photo de la ville d’Horris juste après que mon père avait utilisé la voix de l’aura. Je me souvenais… ou plutôt Ben se souvenait de ce combat. Mon père avait été incroyable. Ces sensations, sa détermination, son courage, mais également son désespoir, car il pensait y rester ou d’échouer contre son adversaire.


Cependant, l’image montrait les dégâts que son attaque avait faits ; la rue dévastée, toutes les vitres étaient éclatées. Les bâtiments brulés ou en partie détruits par le souffle de son attaque. Quand on n’y avait pas assisté, on pouvait penser qu’il avait essayé de détruire la ville.


– Regarde. Continua Serge. Ils montrent les dégâts que ton pouvoir a provoqués. Cependant, ils ne parlent pas pourquoi, ni contre qui tu as protégé la ville. Non, le monde entier en utilisant ton pouvoir.


– Et que tu as passé à deux doigts d’y rester si Jasper ne t’avait pas sauvé. Ajouta Dominique.


– C’est vrai. Ils étaient absents. Ils ne savent pas ce qui s’est passé. Et ton fils, ils ont juste peur de son apparence, un guerrier des ténèbres. Ils ont encore peur du noir.


– Plein de pokémons vivent dans la nuit et les ténèbres, ça ne fait pas d’eux des monstres. Continua doucement Dominique. Je me souviens d’un Noctali que tu avais connu… heee… c’était quoi déjà. Dit-elle en réfléchissant.


– Darkness. Répondit fièrement mon père. Elle était les ténèbres dans le jour, mais la lumière dans la nuit. Elle était incroyable, son pouvoir était les ténèbres les plus obscures et terrifiantes, pourtant elle était celle qui protégeait ceux qu’elle aimait le plus, réconfortante et chaleureuse.


Il s’approcha d’un écran et toucha doucement mon image en se rappelant ces souvenirs.


– Plutôt étrange comme technique. Commenta Serge avant de se pencher pour regarder les débris au sol. Deux choses sont sûres, dit-il en ramassant un morceau. Cette folie de monstres et de pokémon terrifiants va disparaitre aussi vite que ça l'a apparue. Mon père émit un léger son, comme moi, je ne croyais pas qu’il avait raison.


– La deuxième, c’est que tu vas devoir me payer un autre écran. Mon père se tourna vers lui, je me cachai dans le corridor.


– Je vais t’en payer un nouveau. Dit-il amusé, mais je sentais qu’il était inquiet et tourmenté en réalité.


Je commençai à respirer rapidement. Tout était ma faute et de celle de mon père. Il avait révélé la voix de l’aura au monde entier et leur avait dit que certains pokémon l’utilisaient pour faire le mal. Et moi! J’ai perdu le contrôle et tué Ben… ma blessure me faisant si mal que je recommençais à avoir du mal à respirer. Je devais partir, je ne voulais pas que mon père me voit ainsi.


Je m’appuyai contre le mur, une douleur intense traversa mon ventre. Sans le vouloir, je griffai la surface du mur dans un spam qui produit un son qui se répercuta dans le corridor silencieux. Je ne voulais pas le voir, j’espérais qu’il ne m’ait pas attendu. J’essayai de respirer le plus doucement possible.


– Qu’est-ce qu’il y a, Lucas ? Demanda Dominique, il eut un moment de silence.


– J’avais cru entendre quelque chose… ce doit être le vent. Dit-il songeur.


J’attendis quelques secondes, puis je me dépêchai de retourner vers ma chambre, le plus loin possible de mon père. Je marchai d’un pas lent vers ma chambre, mon cœur battait déjà si fort et si rapidement. J'avais l’impression qu’il allait exploser. J’avais du mal à respirer, toute ma concentration était pour cacher ma présence, je ne voulais pas le voir. Pas dans cet état.


J’arrivai finalement à ma chambre, je marchai avec difficulté jusqu’à mon lit. Je m’assis dans le fond de celui-ci contre le mur. Je tendis une main tremblante devant moi pour faire apparaitre une sphère d'aura. Je me concentrai sur son aura bleue et de caché ma présence.


J’étais tellement concentré que je me calmai rapidement. Du moins, c’était ce que je croyais avant de réaliser qu’il était presque le matin. Je m’allongeai sur mon lit, je ne savais plus quoi penser de tout ça. En revanche, j'avais la mauvaise impression que ce n’était pas passager, que tout ce remous était uniquement le début. La douleur revint rapidement, je devais arrêter de penser… me concentrer sur ma respiration… je finis par m’endormir.


– Isaac ! Cria Kévin en rentrant dans ma demeure. Je me redressant doucement quand il rentra dans ma chambre.


– Tu dormais… je suis désolé. Dit-il avec remords de m’avoir réveillé, je secouai la tête.


– Ce n’est pas grave. Je lui dis doucement, encore endormit. Je bâillai un bon coup pendant qu'il grimpa sur mon lit et s’assit près de moi. Il semblait vraiment heureux.


– Qu’est-ce que te rend si heureux aujourd’hui ? Je lui dis amusée en voyant qu’il avait du mal à contenir sa joie et voulais m’en parler.


– Hier soir, j’ai rencontré une magnifique Chartor. Dit-il tout excité. C’était incroyable, son corps si chaud !


– Tu t’es bien amusé à ce que je vois.


Il se mit à me décrire sa nuit passée comme à chaque fois. Ça ne me dérangeait plus depuis longtemps qu’il me parle de ces aventures avec des femelles. Au début, c’était gênant, je n’avais jamais connu ce dont il me parlait. Cependant, lorsque les choses devinrent plus sérieuses avec Alice, je comprenais exactement ce qu’il ressentait.


Même s’il n’avait pas connu encore l’amour comme celui que je vivais… comme j’avais connu avec Alice. Je sentais au fond de lui l’énorme plaisir, la passion, la compassion et l'amour qu’il avait envers les autres pokémons. Il termina finalement sa longue histoire pendant que je préparai quelque chose à manger.


– J’ai une bonne nouvelle pour toi. Je lui dis quand il mangea quelque chose, ses oreilles se dressèrent sur sa tête et il agita la queue. Je veux partir en voyage et tu viens avec moi. Il poussa un petit cri surpris, mais enthousiaste.


– Vraiment ! Cria-t-il, je répondis d’un hochement de tête. Génial ! Chloé va être super contente de repartir en voyage.


– Kévin… il me regarda. Chloé ne viendra pas.


– Pourquoi !? Dit-il surprit.


- Elle est avec les Gardiens de l’aura maintenant, elle est déjà bien occupée avec eux et elle aime travailler chez les Gardiens. Il agita la tête.


- Mais sans Chloé, ce n’est pas pareil. Dit-il tristement en regardant la table avant de revenir sur moi. Et Solène ? Qu'en pense-t-elle ? Que Chloé ne vienne pas ? Demanda-t-il doucement.


- Solène ne vient pas non plus. Je lui répondis calmement.


- Pourquoi ? Répliqua Kévin un peu en colère.


– Depuis… la mort de Ben… je réussis à dire. Nos pokéballs sont désactivées et Solène n’a jamais vraiment aimé marcher toute la journée. Elle préfère rester dans sa pokéball durant le voyage et elle préfère rester à Célesta.


Il s’endossa dans sa chaise, attristé. Il ne parla pas pendant un moment, puis il me regarda, les larmes aux yeux.


– Alors c’est vraiment fini… notre groupe. Il était tellement malheureux que ça me déchira encore plus le cœur. Moi aussi, j’aurais encore aimé voyager avec tout le monde, mais sans Ben et sans Alice… ç'aurait été trop dur pour moi.


– Chloé et Solène vivent toujours à Célesta, elles ne vont pas disparaître. On va juste voyager de temps à temps, juste nous deux. Toi et moi. Je lui dis en nous pointant. Il était encore hésitant, je sentais bien qu’il n’aimait pas cette situation.


– Kévin, je suis sûr que tu aimerais repartir en voyage plutôt que de rester tous les jours ici. Ses oreilles se dressèrent doucement sur sa tête. Je savais bien qu’il adorait découvrir les merveilles des humains. Cependant, il hésitait toujours.


– On va visiter plein d’endroits incroyables. Je me penchai vers lui de l’autre côté de la table. Tu vas rencontrer plein de magnifiques et charmantes femelles. Il essaya de rester passif, mais il sourit.


– D’accord. Dit-il charmé par l’idée de partir en voyage. Où veux-tu aller ? Tu y as déjà pensé ?


– Pas vraiment, je voulais demander à mon père s’il connaissait certains endroits remarquables à visiter. Il sauta au sol et poussa un cri enthousiaste en pointant la porte.


– Allons voir ton père. Cri-t-il toujours dans sa lancée avant d’ouvrir l’entrée. Allez, Isaac. Me dit-il en colère, car je n’étais toujours pas sortie de mon appartement.


Je le guidai jusqu’à mon père qui était dans sa chambre. Mon père nous attendait, comme à son habitude, il semblait toujours savoir ce qui se passait dans Célesta. Il s’endossa sur son bureau en face de l’entrée, puis nous fit signe de rentrer. Kévin alla s’asseoir sur le lit et nous observa avec excitation.


– Je suis heureux de vous voir tous les deux. Quelle est la raison de votre visite aujourd’hui ? Demanda-t-il intrigué par l’excitation de Kévin.


– Moi et Kévin, on veut partir en voyage. Il sourit, comme s’il attendait cela depuis un moment. Je ne sais pas où exactement, tu as quelque chose à nous conseiller.


Il me regarda un moment, ses yeux étaient étranges à chaque fois que je les regardais. Je voyais qu’ils étaient vieux, très vieux, comme fatigués d’avoir vu beaucoup de choses. Cependant, par moments, le tourment et le désespoir traversaient ses yeux quand il était en colère. Quand il était de bonne humeur, je voyais la joie de vivre et même de la fierté quand il me regardait. Comme en ce moment. Il jeta un coup d’œil à Kévin avant de répondre.


– Ta mère m’a parlé d’un festival dans la ville de Rélic sur le continent de Val.


– Quelle sorte de festival ? Demanda immédiatement Kévin intrigué, ce qui amusa mon père, mais il resta étrangement hésitant.


– C’est un festival pour les dresseurs et leurs pokémon. Dit-il doucement, Kévin perdit son enthousiasme d’un coup, je portai ma main sur mon ventre. La douleur de la lame revint me traverser avec intensité.


– Je sais que vous n’avez plus de dresseurs. Commença calmement mon père. Cela ne vous empêche pas d’aller visiter la ville et de participer à certaines activités. Cependant, les festivités principales sont des compétitions et des épreuves que le dresseur et son pokémon doivent traverser.


Kévin me regarda, je le voyais du coin de l’œil. Je me tournai vers lui, il ne savait pas trop quoi penser. Il voulait y aller, mais tout comme moi, il était bouleversé. Un festival pour les dresseurs… Était-ce une bonne idée d’aller là-bas alors que…


– Isaac. M’appela doucement Kévin, sortant de ma réflexion. J’aimerais y aller.


– Tu es sûr ? Je dis la gorge serrée en repensant à Ben.


– Je veux voir ce festival. Dit-il avec un peu plus d’entrain. Je sais que Ben n’est plus là, mais j’aimerais voir les autres dresseurs, je veux les voir avec leurs pokémon. Je serrais plus fort mon ventre où la lame traversait ma chair.


– Vous pouvez profiter des activités et des spectacles pour le public. Sans oublier que vous pouvez apprécier de regarder le festival. Encouragea mon père, mais je n’étais pas certain de vouloir. Je regardai Kévin et il hocha la tête pour que j’accepte.


– D’accord. Je fini par dire, Kévin retrouva immédiatement le sourire et poussa un petit cri amusé. Mon père prit un objet sur son bureau.


– Prend ceci, Isaac. Il ouvrit une boîte et me donne un bracelet comme celui que des gardiens de l’aura utilisaient pour communiquer. Tu pourras communiquer avec la centrale à tout moment et revenir quand tu le souhaites.


– Je vais en avoir un aussi ? Exclama Kévin tout en sautant du lit pour venir voir le bracelet à mon bras gauche. Mon père rit.


– Non Kévin, j’en avais qu’un seul pour vous deux. Kévin fit une tête mécontente.


– De toute façon, je ne crois pas qu’il t’aurait bien fait, Kévin. J’ajoutai pour le réconforter. Il ronchonna quelque chose puis il regarda mon bracelet en souriant.


– C’est vrai. Dit-il amusé. Ce n’est pas du tout ma couleur.


Mon père se mit à rire, suivi par nous deux. Je discutai avec mon père des futurs voyages, ce qui rendit Kévin impatient pour nos prochains voyages. Kévin sortit de la pièce en premier. Quand je m’apprêtais à sortir, mon père me tira par le bras.


– Je peux te parler quelques secondes, dit-il tout en me faisant signe de revenir au centre de la pièce. Je m’avançai au centre de la pièce avant de regarder mon père. Il tourna dans la pièce nerveusement.


– Qu’est-ce qu’il y a ? Je demandai inquiet. Il se retourna vers moi.


– Rien de grave. Dit-il rapidement en me voyant inquiet. J’aimerais que tu viennes me voir quand tu vas revenir… j’ai quelque chose d’important à te montrer.


– Tu ne peux pas me le montrer tout de suite ? Il semblait encore plus nerveux.


– Non, je ne veux pas t’embêter. Si je te le montre, tu ne profiteras pas de ton voyage.


– Tu as dit que c’était important.


– Oui, mais cela peut attendre. Je voulus répondre, mais Kévin cria dans le corridor.


– Isaac ! Qu’est-ce que tu fais ! Je me retournai vers la porte avant de revenir sur mon père qui me fit signe de sortir.


– Pense à venir me voir. Dis mon père quand je sortis de sa chambre.


– Isaac !


– J’arrive, Kévin ! Je lui criai amusé pour qu’il se calme.


Je me demandais ce que mon père voulait me montrer, je le voyais rarement nerveux. La dernière fois, c’était quand il m’avait demandé de partir en voyage avec Benjamin alors qu’il était nerveux de me laisser partir. En y repensant, il était vraiment inquiet de me laisser partir. Mes souvenirs étaient un peu flous à cause que j’avais très peur. Cependant, je me souvenais que c’était ma mère qui avait réussi à le convaincre de me laisser réellement partir, même si c’était son idée.


Je rejoignis Kévin impatient de partir, je préparai tout le matériel pendant qu’il dormait. Au matin, il était surexcité de visiter une autre ville humaine, surtout de voir un festival. Il poussait à tout moment des petits sons d’excitation, je crois qu’il ne s'en rendait pas vraiment compte, ce qui m’amusait.


Nous prîmes le service de téléportation pour nous rendre à Rélic. Il nous téléporta au sud de la ville, dans la plaine qui longeait la route et la ville. Kévin regarda autour de lui.


– Pourquoi ne nous as-tu pas téléportés dans la ville ? Demanda-t-il contrarié de devoir marcher pour aller en ville.


– Ordre de nos supérieurs. Commença le Natu. Toute téléportation directement dans la ville est proscrite pour la durée du festival.


– Pourquoi ? Demanda Kévin. Je lui donnai une petite tape sur la tête.


– C’est trop dangereux. Je lui dis, il secoua la tête pour me dire qu’il ne comprenait pas. Il y a beaucoup de monde dans la ville, Kévin. Imaginez si un pokémon se téléporte en plein milieu de la ville. Il risquerait de se téléporter dans quelqu’un.


Juste idée donna des frissons au pokémon électrique, puis il désigna la route qui se dirigeait vers la ville.


– Allons-y. Dit-il avec enthousiasme, plus que nous approchions du centre de la ville, plus il y avait du monde. Au point que parfois, nous avions du mal à marcher. Kévin grimpa sur mes épaules.


– Qu’est-ce que tu fais !


– Je veux une meilleure vue. Dit Kévin amusé avant de poser sa main sur ma tête et de se dresser sur mon épaule.


– Tu pourrais demander avant. Je lui dis en essayant de l’attraper, mais ce n’était pas évident. Descends de là ! Je lui criais quand il frôla mon oreille, ce qui me donna un frisson dans tout le corps.


– Aller Isaac. Dit-il en se penchant près de ma tête, à ma droite. Ben me laissait toujours monter sur ses épaules. Me mentit-il, je savais qu’il ne demandait jamais l’autorisation à Ben quand il sautait sur ses épaules.


Je restai immobile dans la foule qui circulait autour de nous, j’avais de la difficulté à respirer. Les souvenirs de Ben étaient douloureux, trop douloureux, je n’aurais pas dû venir ici. C’était une mauvaise idée.


– Isaac. Souffla doucement Kévin, ce qui me fit sursauter. Je tournai doucement la tête vers lui, il était triste. Ben me manque aussi. Juste ces mots me transpercèrent le ventre de bord à bord, il colla sa tête sur la mienne.


– Tu te tortures, Isaac. Ben est mort… c’est triste, mais il ne reviendra pas… arrête de te torturer autant. Dit-il désespéré. Je tournai dans la ruelle la plus proche et m’endossai contre le mur. Kévin resta sur mon épaule.


– Il faut passer à autre chose, Isaac, tu ne peux pas rester dans le passé comme ça. Dit-il avec plus de fermeté. C’est… Ça ne te ferait pas de bien. J’avais du mal à respirer et à penser, Kévin appuya de nouveau sa tête contre moi.


– Respire calmement. Dit-il d’un murmure. Doucement.


Il continua à m’encourager à respirer doucement, puis je réussis à me calmer. Depuis que j’étais sorti de ma cellule, tout le monde me disait les mêmes choses. Arrêter de penser au passé, d’avancer, d’arrêter de me torturer avec mon passé, mais de l’entendre de Kévin. Mon meilleur ami était encore plus dur à accepter qu’il avait raison.


– Je sais… mais je n’y arrive pas… Je dis en pleurant, désespéré. Kévin frotta son visage contre ma tête sans toucher à mes oreilles, il savait que je détestais que quelqu’un les touche. Il attendit que j’arrête de pleurer pour me redresser.


– Pardonne-moi, Kévin. Il me tapota la tête doucement pour me réconforter.


– Ce n’est pas grave. Tu avais un lien particulier avec Ben et une grande affinité avec l’aura. Je ne peux pas imaginer à quel point sa disparition t’a affecté. Il marqua une pause. Je veux que tu me promettes quelque chose. Dit-il plus sévèrement.


– Quoi ?


– Je veux que tu me promettes… que tu me promettes. Il sauta devant moi et me regarda d’un air sérieux, presque fâché.


– De vivre.


– Arrête de vivre dans le passé, profite de ta vie. Tu m’as dit que tu vivrais bien plus longtemps que tout le monde. Tu vas voir beaucoup de gens mourir, des amis, des connaissances. Mais, je veux que tu vives. Il se mit à pleurer, mais ce n'étaient pas ces larmes, mais les miennes qu’il versait.


– Je veux que tu te fasses de nouveaux amis, je ne serais pas toujours là. Dit-il la gorge serrée. Puis… puis promets-moi que tu trouveras un jour… pas obligé que ça soit tout de suite… mais un jour… que tu trouveras quelqu’un… quelqu’un que tu aimerais comme Alice t’aimait.


– Non… je gémis en fermant les yeux. Je ne voulais pas l’oublier.


– Isaac ! Cria Kévin contre moi. Tu ne peux pas te voiler la face pour toujours. Je veux que tu vives pleinement.


– Tu ne peux pas me demander ça. Je lui dis désespéré en me laissant tomber au sol contre le mur. Il s’approcha de moi en se plaçant entre mes jambes.


– Je t’en supplie, ne me demande pas ça. Je répétai désespéré.


– Je sais que c’est dur. Mais, promets-moi qu’à partir de maintenant, tu vas profiter plus de la vie. Il se blottit contre mon ventre. Promets-le-moi. Je passai mon bras autour de lui. Lorsque j’arrêtai de pleurer, je le repoussai doucement pour le regarder.


– Tu crois vraiment… ce que tu dis. Il prit quelques profondes respirations avant de me répondre.


– Oui. Je pense chaque mot. Je pris un moment pour donner ma réponse.


– D’accord, Kévin, je te le promets. Je dis la gorge serrée, mais pour lui, c'était suffisant. Il se lava le visage et attendit que je fasse de même.


– Maintenant. Dit-il avec entrain. C’est le moment de s’amuser un peu. Je me levai et il sauta sur mes épaules de nouveau.


– Hey ! Descends de sur moi. Je l’avertis, il émit un son contrarié.


– Allez, Isaac, je veux voir ce qui est autour de nous. Il y a tellement de monde qu’au sol, je ne vois rien. Dit-il en me suppliant, je soupirai, puis je hochai la tête.


– Très bien, mais fait attention.


– Je te promets de ne pas toucher tes oreilles. Dit-il amusé avant de souffler sur l’arrière de mon oreille. Je bougeai la tête rapidement en grognant, ce qui le fit rire et je ris par la suite.


Nous explorâmes la ville. C’était impressionnant le nombre de personnes. Il n’y avait pas que des dresseurs, mais beaucoup de civils et de pokémons sauvages. Des enfants comme des personnes âgées, chacun circulait dans les rues. Toute la ville était le festival en réalité. À chaque coin de rue, il y avait soit des artisans, soit des artistes de rue ou encore des activités pour les pokémons et leurs dresseurs.


Au début de l’après-midi, ils annoncèrent le début de la compétition. C’était simple, il y avait une multitude de petits défis entre le dresseur et son pokémon et chacun d’eux leur rapportait des points et celui qui terminait avec le plus de points rapportait. Tout cela sur trois jours de compétition.


Les défis étaient des plus surprenants, certains étaient des tours d’habilité. Déplacer ou lancer des objets sur des cibles. Il y en avait certaine que le pokémon devait coordonner ses attaques au même moment que son dresseur actionnait un levier ou différents mécanismes. Ce qui demandait une grande coopération et confiance entre les deux. Il y avait aussi des épreuves de parcours ou de tir que le pokémon était aveugles et son dresseur devait lui dire où tirer ou marcher pour réussie l’épreuve.


Chacun s’amusait énormément dans ces défis, puis il y eut des défis de groupe. Des compétitions sportives, deux pokémons avec leur dresseur qui s’opposaient à un autre dresseur. Je n’avais jamais vraiment assisté à ce genre d’activité sportive, humain contre pokémons, mais je savais que beaucoup de personnes aimaient cela. Kévin ne croyait pas ce qu’il voyait, un homme maitrisa le Colosinge de son adversaire seulement avec sa force. Il le plaqua au sol pendant que ses pokémons reprenaient avantage de la partie.


Il y avait aussi des combats d’escrime, de lutte entre pokémon, mais également entre dresseurs et pokémon. Une des dernières épreuves était un combat au hasard entre trois pokémons et leur dresseur. Ils étaient tirés au hasard qui combattrait, cela pouvait bien être un pokémon comme un humain et ils devaient affronter celui qui était choisi en face d'eux. Tous les coups étaient permis, du moins dans le raisonnable. Si c’était deux pokémons c’était un duel des plus simples entre les deux, mais si c'était un pokémon contre un humain, ce qui arriva très peu, les deux combattaient comme un combat pokémon.


Un jeune homme affrontait un Cerfrousse en combat singulier. Le pokémon était mal à l’aise de s’en prendre à un humain, mais l’homme essayait à plusieurs reprises de le plaquer au sol. D’un coup, il agrippa les bois du pokémon et le bascula avec force sur le côté. Dès qu’ils touchèrent le sol, il se dépêcha de passer ses bras autour du cou du pokémon pour le maintenir au sol.


– Libère-toi ! Cria son dresseur, le Cerfrousse se débâtit sans réussir à se dégager. Tout le monde encourageait les participants.


- Extrasenseur. Lança le dresseur, son pokémon hésita. Une aura violette parcourut ses bois, puis l’humain fut repoussé avec force et le pokémon en profita pour se relever. L’homme se releva et se plaça en position de combat.


J’étais impressionné de voir des hommes tenir tête à des pokémons, j’avais l’impression de revoir Ben me combattre. Même s’il n’avait aucune chance contre moi, il en aurait eu une contre un autre pokémon. Voir contre les maîtres de lame, il aurait eu une chance de gagner.


L’homme fonça sur le pokémon qui le repoussait avec ses pouvoirs psychiques, mais il n’abandonna pas. Il continua de l’attaquer sans réussir à l’approcher. Kévin hurlait à pleins poumons pour les encourager.


– Courage, n’abandonne pas. Je criai avec force à travers la voix de l’aura.


L’humain se releva une seconde fois et s’avança avec le pokémon qui essaya de le repousser de nouveau avec ses pouvoirs. L’homme plaça ses bras devant lui comme s’il combattait un vent violent, puis réussit à attraper les bois du pokémon coupant sa concentration, surpris par le geste.


Il poussa un cri et propulsa le pokémon au sol, ce qui l’assomma sous le choc. L’arbitre déclara l’humain vainqueur avant qu’il ne se laisse tomber au sol, épuisé par son combat. Il était rare de voir des humains battre des pokémons en duel de la sorte. Toute la ville explosa de joie devant l’exploit.


Malgré son exploit, cet humain ne gagna pas le festival, mais une jeune dresseuse avec ses pokémons. Kévin était complétement émerveillé par l’animation de la ville qu’il venait de vivre, sans parler qu’il m’avait laissé seul plusieurs fois pour se promener avec des femelles qu’il avait rencontrées.


Quand nous retournâmes à Célesta, Kévin ne tenait pas en place. Il parlait à tout le monde ce que nous avions fait et vu. Pour ma part, je ne faisais que le suivre, amusé de l’entendre encore et encore parler du festival. Je le raccompagnais dans sa chambre puis partit voir mon père quand il s’endormit.


– Une vraie boule d’énergie. Commença mon père amusé.


– Oui. Je lui répondis, moi aussi amusé en pensant à Kévin. Il me fit signe d’approcher quand il se dirigea vers son armoire.


– Je vais te montrer quelque chose d’important. Ce n’est pas capital, ni une question de vie ou de mort. Dit-il amusé comme s’il voulait détendre l’atmosphère, mais c’était lui qui était nerveux.


– Qu’est-ce que tu veux me montrer ? Je lui demandai doucement. Il me regarda un instant puis tira un livre de son armoire. Il le sera contre son torse comme si c’était un objet extrêmement important. Il s’approcha de moi puis prit un moment avant de le tendre vers moi.


– Ce livre est… est vraiment important pour moi. Dit-il inquiet, je ne l’avais jamais vraiment vu dans cet état, il était presque terrorisé, mais par quoi ? Me donner le livre ou ce que j’allais y découvrir.


- Fais attention, il n'y a pas de copie de ce livre.


– Qu’est-ce que c’est ? Je lui demandai en ouvrant le livre.


Je sentais la protection d’aura autour du livre, mais malgré cela, il semblait extrêmement vieux. Je tournai les premières pages, j’avais l’impression que si je ne faisais pas attention, les pages allaient se briser. Il y était écrit à la main, l’écriture était grossière, mais très lisible.


– Un livre que mon dresseur a écrit. Dit-il doucement, je fus surpris.


– Warlyok Haltir ? Je demandai subitement. Il hocha la tête et s’approcha de son étagère.


– Il a écrit deux livres et j’en ai écrit un autre peu de temps après ta naissance.


– C’est quoi ces livres ? Je dis plus qu’intrigué qu'inquiet devant son hésitation.


– Mon aventure avec mon dresseur. Dit-il doucement. De ma naissance à sa mort. Termina-t-il tristement.


– Sa mort. Je répondis dans un souffle, je n’étais plus certain de vouloir le lire.


– Il y a beaucoup de choses importantes que tu dois apprendre à travers ces livres. Dit-il comme s’il avait lu mes pensé. Ça serait trop compliqué de te les expliquer sans les avoir lus.


– Quelles choses ? Je lui demandai, il secoua la tête.


– Lis les livres et quand tu auras terminé, je répondrai à toutes tes questions. Je n’aimais pas cette situation, il me cachait quelque chose et j’avais un mauvais pressentiment.


– Il y a certaines… certaines vérités écrites dans ces livres qui seraient préférables de ne pas montrer à n’importe qui. Dit-il en avertissement.


– Comme ? Je demandai, il fronça les sourcils en émettant un grognement. Il ne voulait vraiment pas parler des livres tant que je ne les avais pas lus. Je hochai la tête et m’apprêtai à partie en examinant le livre.


– Fais attention au livre, je t’en prie. Dit-il inquiet. C’est l’un des derniers souvenirs que j’ai de mon dresseur. Je m’arrêtai, je comprenais parfaitement ce sentiment.


– J’y prendrai soin. Je dis doucement.


Je sortis et me dirigeai vers la cafétéria. J’avais faim, je n’avais rien mangé depuis un moment. Je m’installai à une table et déposai le livre devant moi. Qu’est-ce que j’allais découvrir ? Pourquoi mon père était-il si nerveux à me montrer son contenu ? Il m’avait déjà raconté plusieurs histoires de son passé.


Qu'il avait fait, un concours pokémon, qu’il avait participé à des combats d’arène pour faire la league pokémon également l'époque où il avait été champion d’arène. Qu’est-ce qu’il avait de plus qu’il ne m’avait pas parlé ? Je n’aimais pas cette sensation, c’était comme si un sombre nuage d’ombre planait au-dessus de ces livres. Je n’aimais vraiment pas ça.


Je tendis la main vers le livre après avoir mangé quelque chose et commençai à lire. Je ne croyais pas ce que je lisais, il parlait de la naissance de mon père, qu’il était aveugle. Comment il l’avait entraîné, puis ces premiers pokémons.


– Qu’est-ce que tu lis ? Demanda quelqu’un qui s’assit devant moi en me faisant sursauter. Je regardai autour de moi, il y avait beaucoup de monde. Je regardai l’heure, j'avais passé toute la nuit et une partie de la matinée à lire le livre. Je regardai ma sœur.


– Alors ? Insista-t-elle. Je plaçai un petit morceau de papier dans la page où j’étais rendu avant de lui répondre.


– Père t'a déjà demandé de lire un livre en particulier ? Elle me regarda surprise, puis réfléchit.


– Oui, plusieurs. Répondit-elle, puis désigna le livre sur la table. Mais jamais celui-là. Tu avais l’air très absorbé par ce qui était écrit.


– Il y a de quoi ! Je répondis avec enthousiasme, je tournai vers elle le livre et l’ouvris à la première page. Regarde ! C’est son dresseur qui l’a écrit.


– Sans blague ! Elle se pencha au-dessus du livre pour lire les premières pages. Père ne m’a jamais parlé de ce livre.


– Il m’a demandé de le lire, lui et deux autres.


– Deux autres ? Je hochai la tête. Pourquoi ?


– Il a dit que j’apprendrai des choses importantes.


– Quelles choses ?


– Tu crois vraiment qu’il me la dit. Elle sourit.


– Je déteste quand il fait ça.


– Agir toujours comme s’il savait tout ?


– Qui contrôle tout. Dit-elle amèrement. Elle avait raison, bien souvent, j'avais l’impression qu’il savait tout et qu’il contrôlait tout ce qui se passait.


- De quoi parle le livre ? demanda-t-elle.


– Les aventures de papa, dans les moindres détails. Je lui dis enthousiasme. De sa naissance, ces entraînements, ces défaites comme ces victoires par les yeux de son dresseur.


Elle m’écoutait déjà plus, dès qu’elle avait commencé à lire, elle avait oublié tout ce qui l’entourait. Je regardais autour de moi, il y avait de plus en plus de monde et des curieux s’approchèrent pour voir ce qu’elle lisait.


– On devait aller dans un endroit plus calme. Je lui dis par télépathie, elle leva la tête et regarda autour d’elle.


– Allons à la bibliothèque. Dit-elle en se levant, je la suivis et une fois dans la bibliothèque, elle s’installa à la table au centre. Il n'y avait pratiquement personne sauf notre frère dans cette pièce. Parfois, mon père et Jasper venaient et quelques humains qui avaient le droit. Je sentais la présence de mon frère dans une des allés concentrer sur ses livres. Il n’avait sûrement pas remarqué notre présence.


Elle se mit à lire à voix haute, c’était impressionnant d’écouter l’histoire de mon père. Elle lut pendant presque une heure sans arrêt puis je pris sa place en continuant où elle avait arrêté. Notre frère s’approcha de nous et je déposai le livre sur la table.


– Pourquoi tu t'arrêtes ? Lança Ryla contrariée, je lui fis un signe de tête pour qu'elle se retourne vers Warlyok.


- Salut, Warlyok. Dit-elle doucement.


– Vous avez dit mon nom plusieurs fois. Dit-il confus. Qu’est-ce que vous lisez ?


– Un livre que papa m'a demandé de lire, il raconte l’histoire de notre père.


– Son histoire ?


– Sa naissance. Commença ma sœur. Comment il a grandi, ces entraînements, ces combats ! Commenta-t-elle avec enthousiasme, mon frère semblait intriguer.


– Tu veux le lire aussi ? Je lui demandai.


– Je peux ? Dit-il anxieux.


– Bien sûr. S’écria ma sœur, puis elle se leva pour le faire assoir sur une des chaises de la table. Je plaçai le livre devant lui à la première page. Il toucha la feuille délicatement puis le tira vers lui. Il observa la couverture et la reliure avant de revenir sur ce qui était écrit.


– C’est vraiment incroyable. S'éclama-t-il avec admiration.


– Tu n’as même pas lu une ligne. Commenta Ryla. Il s’apprêta à lire quand il se retourna vers Ryla.


– Tu es sûre que tu devrais être ici ?


– Pardon ?


– Les Gardiens de l’aura… tu n’as pas de mission ou d’entraînement aujourd'hui ? Je vis la panique l’envahir.


– Non ! Non, c'est pas vrai ! Elle se leva d’un bon. Il est quelle heure ? Cria-t-elle en regardant son bracelet comme le mien.


- Ce n’est pas vrai. Hurla-t-elle, elle se dirigea vers l'escalier, mais se retourna vers nous, puis vers l’escalier.


– Arrgg… Isaac, tu veux m’attendre avant de continuer à lire. Dit-elle en me suppliant du regard.


– Je vais attendre que tu reviennes. Je lui dis pour la rassurer. Je vais lire avec Warlyok jusqu’au moment où tu étais rendu.


– Merci ! Cria-t-elle surexcitée de pouvoir connaître la suite, puis elle fonça droit vers la sortie de la bibliothèque.


Warlyok se mit à lire, il tournait rapidement les pages. Je savais qu’il lisait beaucoup, mais de le voir tourner les pages aussi vite, c'était impressionnant. Cela lui prit moins d’une heure pour rejoindre là où je m’étais arrêté avec Ryla. Il déposa le livre sur la table, mais n’arrêtait pas de le fixer. Tout comme moi, il avait vraiment le goût de continuer de le lire.


– Je vais m’entraîner. Je lui dis, je ne pouvais pas rester plus longtemps avec ce livre sans avoir le goût de le continuer.


- Tu veux venir ? Il regarda le livre sur la table, puis les étagères derrière lui.


– D’accord. Dit-il doucement, lui non plus, il ne pouvait plus penser à autre chose qu’à ce livre.


Nous montâmes dans la salle privée des Gardiens de l’aura, il y avait plusieurs personnes qui s’entraînaient dans un coin de la pièce. Je m’avançai sur l’un des terrains et Warlyok me suivait de près.


– Tu veux faire quoi ? Demanda mon frère, il semblait ne pas trop savoir quoi faire. Il devait s’entraîner rarement.


– On va faire des exercices de basse, puis on fera un petit combat ? Ça te va ? Il hocha la tête.


Je me plaçai en position de combat, puis il prit place. Je lui montrai différents enchainements pour s'échauffer, qu’il fit sans problème. Puis, après un certain temps, je l’attaquai. Il était vraiment rapide, mais manquait cruellement d’entraînement. Ses coups étaient très prévisibles et manquaient un peu de précision.


Il me montra de nouveau ses techniques, sa technique ‘Moi d’abord’ était déroutante. Normalement, ces coups étaient bien plus faibles, mais quand il l’utilisait, il brisait à chaque fois mes lames. C’était impressionnant, mais très agaçant de ne pas pouvoir contrer l’attaque.


Sa technique Tricherie m’impressionnait le plus. J’étais incapable de la bloquer ou de la dévier, cette sensation ! J’avais l’impression que tout mon corps se rebellait contre moi d’un seul coup. Je n’imagine pas quelqu’un comme Néron réagirait devant ce genre de technique.


Mon père vint nous espionner, il était content que j’aie fait sortir mon frère de ses livres. Après un temps, il vint s’entraîner avec nous, à deux contre un. Mon père était vraiment fort, il arrivait à suivre nos mouvements. Mais, on réussit tout de même à le malmener. Warlyok utilisa sa technique ; Moi d’abord, pour parer l’attaque Griffe d’ombre de mon père, mais contrairement à notre affrontement, la technique de mon père ne se brisa pas.


Je fonçai sur lui avec une lame d’aura et il la bloqua à main nue, mais je voyais qu’il était très concentré et qu’il avait de la difficulté. Il nous repoussa, puis le combat continua jusqu’à tant que Warlyok demande d’arrêter à bout de souffle.


Je l’amenai dans les bains chauds de la ville. Ils n’existaient pas au début de Célesta. C’était une idée de plusieurs humains, ils utilisaient les canalisations de la ville pour remplir plein de petits basins en pierre. Les pokémons feu et autres qui maitrisaient des attaques feu venaient s’entraîner contre ces bains pour les réchauffer, puis l’eau s’écoulait dans d’autres pièces pour permettre aux personnes de se détendre dans l’eau chaude.


Cette idée évitait d’utiliser trop d’énergie pour chauffer l’eau. Je regardais mon frère, je ne savais pas de quoi discuter avec lui. Je ne l’avais jamais vraiment connu, j’étais partie en voyage alors qu’il avait à peine une semaine. Quand j’étais revenu, il passait tout son temps dans ces livres. Il était mon frère, mais c’était comme un étranger en même temps.


– Tu t’en sors avec la bibliothèque ? Je lui demandai, il me regarda un moment. Je crois qu’il ressentait la même chose que moi.


– Il y a beaucoup de livres. Répondit-il aussi mal à l’aise que moi, puis il eut un très long silence insupportable, je ne savais vraiment pas quoi parler avec mon frère.


– Je réalise que je ne te connais vraiment pas… je lui dis, surpris par mes propres paroles. Je le regardai, il détourna le regard. Tu viens d’utiliser la voix de l’aura sur moi ?


– Désolé… Je crois que je vais retourner à la bibliothèque. Il voulut se lever, mais je le poussai dans le bassin d’eau que l'on partageait.


– Tu ne t’enfuiras pas. Je lui dis un peu amusé. Je n’y croyais pas, il avait utilisé ces pouvoirs sur moi pour que je lui parle et maintenant, il voulait partir.


– On est frères et je ne connais rien de toi, sauf que tu aimes les livres. Il me regarda, il ne savait pas quoi répondre. Parle-moi de toi. Je lui dis avec un peu de courage.


– Tu veux savoir quoi ?


– Ce que tu fais ? Ce que tu aimes ?


– Je travaille à étudier les livres et à transcrire ceux-ci. Dit-il puis, je vis qu’il adorait ça, juste le mentionner, il souriait.


– Tu as des amis ? Il me regarda perplexe. Des personnes avec qui tu t’entends bien ? Je précisai.


– Ceux qui viennent dans la bibliothèque.


Je fus un peu surpris et choqué. Autre que la famille, il y avait très peu de personnes qui avaient le droit de rentrer dans la bibliothèque principale. Il n’avait aucun contact avec d’autres personnes ni pokémons.


– Tu restes vraiment enfermé tout le temps dans la bibliothèque ? Il haussa les épaules, je m’endossai sur le rebord du bassin pour le regarder. Comment pouvait-il vivre de cette manière ? Juste imaginer de ne parler à personne me mettait mal à l'aise.


– Dis Isaac. Demanda-t-il doucement, gêné.


– Oui ?


– Cette année… pendant plusieurs jours, je me suis senti bizarre. Je fus surpris, il me partageait quelque chose d’intime, comme moi avec Néron.


– Bizarre comment ? Je lui demandais, mais j’avais déjà une petite idée de ce qu’il me disait.


– J’avais chaud, très chaud, par moments, j'avais la tête qui tournait. J’avais… il était gêné de me le dire. J’avais souvent des érections. J’essayai de rester sérieux, c’était un moment important dans sa vie.


– Ce que tu as ressenti est parfaitement normal. Il fut un peu surpris de ma réponse. Tu as ressenti pour la première fois les effets de la saison pour notre espèce.


Je le regardai pensif, il n’avait pas encore deux ans. Normalement, père nous parlait de la saison à notre deuxième anniversaire. Son évolution précoce avait dû faire en sorte qu’il ressente les effets de la saison. Le regarder me faisait étrange. Quand on le regardait, il semblait vieux et calme, mais il n'était qu’un jeune pokémon.


Il me posa plein de questions sur la saison et comment je réagissais à elle. Je lui expliquais que contrairement aux autres espèces de pokémon c'étaient les mâles de notre espèce qui étaient plus affectés par la saison.


Par la suite, il me demanda des détails sur ma relation avec Alice. Il était curieux, ce qui était tout à fait normal à son âge. Je lui demandai s’il avait quelqu’un qui l’intéressait, mais il fit non de la tête. Je me dis qu’il était tout de même encore jeune, malgré qu’il soit un Lucario.


Nous passâmes le reste de la journée ensemble et Kévin vint nous rejoindre. Il ne lâcha pas mon frère une seconde en lui parlant de tout et de rien. Il fut choqué d’apprendre qu’il n’avait presque pas visité de villes de sa vie, alors il se mit à lui décrire toutes les villes qu’il avait vues. Warlyok retourna dans la bibliothèque pour nous attendre, alors que ma sœur tardait à revenir. Elle était partie toute la journée pour son entraînement en ville avec les Protecteurs. Les Gardiens de l’aura n’avaient pas de terrain d’entraînement représentant une ville et elle avait réussi à faire un accord pour utiliser leur terrain d’entraînement.


Ma sœur revint dans la soirée, mais n’avait pas terminé son travail. Je l’entendais au bout du corridor, près du centre de commande. Je la sentais impatiente de me rejoindre. Quand elle put quitter, elle courra presque vers moi.


– On y va ? Dit-elle pressée de partir en tirant sur mon bras pour que je la suive. Allez dépêche-toi.


Je lui parlai de ce que Warlyok m’avait parlé sans rentrer dans les détails. Elle fut amusée que j’aille jouer le rôle de grand frère avec lui et me promit de ne rien dire. Elle comprenait que pour nous, c'était plus compliqué la saison que pour elle, et ne chercha pas plus de détails.


Elle se précipita sur le livre et nous pressa pour que l'on s’installe autour de la table. Warlyok nous attendait et il ne fut pas surpris de voir notre sœur aussi excitée de lire la suite. Elle commença à lire alors que l'on n’était même pas encore assis.


L’histoire de notre père était impressionnante, toutes les épreuves que lui et ses compagnons avaient traversé. Puis Warlyok commença l’histoire dans la forêt Éternelle. Je comprenais pourquoi mon père était si révolté quand je lui avais dit que je voulais l’aider. Ce pokémon était vraiment dangereux, si la description de Warlyok était correcte, il était clair qu’il utilisait la voix de l’aura en plus d’être un pokémon chromatique… j’osais à peine imaginer l’étendue de son pouvoir… par chance, il n’était plus.


Chacun à notre tour, nous continuâmes de lire. Plus on avançait, plus l’histoire devenait intéressante, mais également plus, nous avions de questions. Surtout, pourquoi notre père était aveugle ? Qu’est-ce qui s'était passé pour le rendre ainsi ? Nous étions impressionnés par les combats de notre père durant les arènes pokémons.


Surtout à la fin du livre, quand il affronta Lionel le Lucario, je n’avais jamais réussi à battre mon père en duel. Cependant, mon père avait la voix de l’aura, contrairement à ce Lionel qui était… normal. Mon père n’utilisait pas encore pleinement son potentiel comme moi avant que je m’éveille complètement à l’aura. Lui non plus ne s'était pas réveillé.


Nous arrivâmes au bout du livre tard dans la nuit, j’étais impressionné par la vitesse à laquelle nous l’avions lu. Mon frère et ma sœur me pressèrent pour que j’aille chercher le deuxième livre. Je rejoignis rapidement la chambre de mon père, mais il était absent. Il était dans la chambre de notre mère.


Je m’approchai de son étagère et je regardai les deux livres qui restaient, l’un était vieux alors que l’autre était plus récent. Je replaçai doucement mon livre et retirai le deuxième de l’étagère. J’étais impatient de lire la suite, mon père allait participer à la League pokémon. Il m’en avait souvent parlé, mais de le lire par les yeux de son dresseur, c’était une chose bien différente.


Je m’arrêtai dans une cafétéria pour récupérer de l’eau et des bais pour les apporter dans la bibliothèque. Ryla m’arracha presque des mains le livre et commença immédiatement à lire avant même de s’assoir.


Juste entendre histoire, j’avais l’impression de vivre moi-même son combat. Je lisais leur voyage pour voir notre grand-mère. C’était la première fois que j’entendais une histoire à propos de ma grand-mère. Mon père me disait comment elle était, mais jamais, il n’avait dit comment il l’avait rencontrée.


Je m’arrêtais de lire quand Ryla s’enfuit et que Warlyok demanda à Lucas pourquoi. Je regardai les deux autres aussi confus que moi.


– Pourquoi elle s'est enfuie ? Demanda Ryla, je secouai la tête.


– Continu. Lança Warlyok. C’est en continuant que l'on découvrira pourquoi. Il avait raison, si l'on voulait comprendre ce que cette histoire montrait, on devait la lire jusqu’au bout. Je jetai un coup d’œil à Ryla et elle hocha la tête.


Je repris ma lecture, mais plus je lisais, plus j'étais perdu. Ils se faisaient poursuivre et cet affrontement me rappelait ce qui s'était passé quand je m’étais éveillé. J’avais du mal à lire, je ne comprenais pas ce qui se passait dans le livre. Pourquoi ils l’attaquaient et pourquoi le Lucario voulait mon père.


- ‘’Je vais te montrer les souvenirs de Ryla, tu vas comprendre tout une fois terminé. Elle posa sa tête contre mon front et tous basculèrent autour de moi. Je m’écroulai sur le sol dans mon sac de couchage.’’ Je terminai pour regarder ma sœur, elle était perturbée, tout comme moi. Elle ne comprenait pas ce que se passait.


– Pourquoi tu t’arrêtes ? Dit-elle rapidement. Continue !


– Le prochain chapitre s’appelle Ryla, je crois que ce sont les souvenirs de Ryla… notre grand-mère. Je lui tendis le livre. Tu devrais le lire.


Elle était nerveuse, elle allait rentrer dans les souvenirs de sa grand-mère et découvrir le vrai secret. Elle commença à lire, puis quand elle prononça à haute voix, Maître Néron, elle s’arrêta.


– Maître Néron ? Demanda-t-elle, je haussai les épaules et Warlyok fit non de la tête pour signifier que lui non plus, il n’avait jamais entendu le nom de notre grand-père de cette façon.


Elle continua de lire, Ryla rencontra ce Néron, mais ses propos me perturbaient. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Ryla lisait de plus en plus en colère puis elle déposa avec force le livre sur la table en poussant un cri de rage.


- Ce n’est pas possible ! Hurla-t-elle en se levant, elle marcha de long en large de la table en poussant des sons enragés.


– Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Warlyok sans comprendre.


– Ce sont des mensonges ! Cria-t-elle contre lui en désignant le livre. Néron n’est pas ce Lucario ! Warlyok avait peur, il ne comprenait pas la rage et la colère que Ryla avait. Elle poussa un grognement puis continua de faire les cent pas pour se calmer.


– Lever une armée et tuer tous les hommes, ce n’est pas notre grand-père ! Hurla-t-elle désespérée.


– Warlyok. Je l’appelai pour qu’il me regarde, j’avais du mal à respirer. Père, t'as surement déjà parlé de notre grand-père Néron ?


– Oui, il m’a dit qu’il était un héros de guerre et que c’était un grand pokémon. Sa réponse énerva encore plus Ryla.


– Tu es jeune, mais pour nous. Je lui dis en désignant Ryla et moi. C’était bien plus qu’une histoire. Tous les jours, il nous disait comment il était, qu’il avait combattu côte à côte avec les hommes pendant la Grande Guerre. Que même si l’histoire n’avait pas retenu son nom, qu’il était un grand pokémon.


Il ne répondit rien, il ne faisait que me regarder et regarder Ryla. Ryla poussa un cri agacé.


– Pourquoi il nous fait lire ces mensonges ! C’est clair que ce n’est pas Néron. Dit-elle en colère en s’appuyant sur la table et en désignant le livre. Il eut un profond silence.


– Je ne crois pas. Commença, Warlyok. Ryla lui jeta un regard qui le figea sur place, elle lui faisait vraiment peur.


– Ryla ! Je lui lançai. Laisse-le parler. Je lui dis, puis je fis signe à Warlyok de parler.


– Je ne crois pas que ça soit un mensonge… Je veux dire pourquoi notre père aurait demandé de le lire et pourquoi son dresseur aurait écrit de tels mensonges ? Il secoua la tête. Je pense que tout ce qu’il y a dans ce livre est vrai… je crois. Ryla explosa de colère.


– Ils nous ont menti ! Hurla-t-elle en repoussant une chaise qui fit un énorme boucan dans la pièce vide. Warlyok poussa un cri de surprise.


– Qu’est-ce qui te prend ? Commenta Warlyok terrifié par sa réaction. J'avais de la difficulté à respirer, mais j’essayai de garder mon calme pour Warlyok.


– Depuis le début, depuis toujours, ils nous ont menti. Hurla-t-elle hors de contrôle.


– Ryla calme-toi. Je lui criai en me levant. Elle me défia du regard, puis je lui fis signe de regarder Warlyok. Il était terrifié de voir sa grande sœur hurler de la sorte.


– Désolée. Dit-elle, puis elle recommença à faire les cent pas devant la table.


– Je ne comprends pas. Gémis Warlyok, qui ne comprenait plus rien et qui était encore terrifié par la colère de sa grande sœur.


– Néron le grand, Néron le héros. Lança Ryla. Depuis toujours, ils nous ont raconté des histoires sur notre grand-père. Un Grand Lucario, un pokémon exceptionnel qui a sauvé de nombreuses vies pendant la Grande Guerre. Dit-elle avec admiration, puis sa colère revint et elle poussa un cri agacé. Tout comme moi et Warlyok elle ne savait plus quoi penser de tout ça ! Ça l’énervait.


Warlyok nous regardait un après l’autre, il ne voyait pas les choses comme nous deux. Toute notre enfance, notre père et les autres utilisateurs de la voix de l’aura nous racontaient que Néron avait été un grand pokémon. Cependant, si c’était le même que dans le livre, ça ne se pouvait pas. Il tendit la main vers le livre pour le prendre, mais Ryla poussa un cri contre lui.


– Ne le touche pas ! Cria-t-elle.


– Je veux savoir. Répliqua-t-il en provocation. Je veux savoir si c’est bien notre grand-père et pourquoi il est si différent de ce que père nous a dit. Il me lança un regard pour l’appuyer. Il avait raison et si ce n’était pas le même Néron… non, je savais au fond de moi que c’était le même et Ryla aussi. C’était pour ça qu’elle était en colère. Tous ces rêves venaient d’exploser. Pour elle, c'était un grand pokémon, un vrai héros, pas… ce monstre que décrivait le livre.


– Il a raison. Je dis à Ryla. Si l'on veut comprendre, il faut le lire.


J’avais peur, c’était ça les choses importantes qu’il voulait que je sache ? Ou avait-il encore pire plus loin ? Ryla nous regarda puis récupéra sa chaise avant de reprendre la lecture.


Elle était toujours en colère quand elle lisait, puis à peine quelques paragraphes plus loin, elle arrêta de parler. Cependant, je la voyais qui lisait la suite, ses mains se mirent à trembler de colère. Elle lança le livre de toutes ses forces contre l'étagère la plus près.


– Il nous a menti ! Hurla-t-elle de fureur avant de foncer vers la sortie. Qu’est-ce qui s’était passé ? Qu’est-ce qu’elle avait lu ? J’allai rapidement récupérer le livre et revins sur la table le plus vite possible pour retrouver la page.


– Là ! Lança Warlyok qui s’était approché de moi pour regarder aussi. Je lus rapidement ce qu’elle avait dicté, puis continuai quelques lignes plus loin. Non, ce n'était pas possible! Ma respiration s’accéléra, je n’entendais plus rien d’autre que mon cœur battre avec force dans ma tête. Je laissai tomber le livre sur la table.


– Ce n’est pas vrai. Non, ce n’est pas possible. Je dis désemparé par ce que je venais de lire. Mon père était né par le viol de Néron sur Ryla ! Non ! Je refusais de croire cela, c'était impossible !


Je me précipitai à toute allure vers la chambre de mon père. Je me fichais de bousculer les gens sur mon passage, je devais voir mon père IMMÉDIATEMENT ! Quand j’arrivai dans le corridor, j'entendais, Ryla hurler contre mon père.


– Tu nous as menti ! Hurla-t-elle. Comment tu as pu me faire ça ! J’arrivai devant la porte, elle le menaçait du doigt en hurlant de rage. Mon père essaya de la calmer comme ma mère.


– Qu’est-ce qui se passe ? Demanda-t-il.


– Comme si tu ne le savais pas ! Hurla-t-elle contre lui. Tu nous as menti !


– Ryla calme-toi. Dit doucement ma mère, mais elle ne l’écoutait pas. La colère de Ryla me paralysa dans l’entrée. J'étais incapable de parler, n'y de réfléchir.


– Tu le savais et tu ne nous l'as jamais dit. Cria-t-elle désespérée, mon père voulut la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa avec force.


– Ne me touche pas ! Hurla-t-elle.


– Je ne comprends pas. Dit-il inquiet. Dis-moi ce qui se passe.


– Ce qui se passe ! Cria-t-elle, depuis toujours, tu m’as menti. Cria-t-elle en pleurant, puis elle chercha le courage de le dire à voix haute.


- Tu ne m’as jamais dit que tu étais née par le viol de Néron avec Ryla.


Mon père baissa le bras, son visage se décomposa. Il tourna la tête vers moi, puis s’endossa contre son bureau.


– Je vois. Dit-il dans un murmure, ma mère s’approcha de lui pour le prendre par un bras.


– Je crois qu’il est temps que tu leur dises toute l’histoire. Dit-elle doucement.


– Tu le savais ! Hurla ma sœur contre ma mère, elle regarda sa fille sans bouger.


– Je crois que tu dois avoir une conversation de père à fille… elle me regarda. Et, de père à fils. Elle se tourna vers lui pour l’embrasser. Je t’aime.


Il ne répondit pas, mais elle dut tirer sur son bras pour se dégager de sa main. Il ne me regarda pas, ni Ryla, mais fixait le plancher devant lui sans bouger. Ryla émit des sons agacés. Quand ma mère quitta la pièce, elle me toucha doucement le bras et elle me fit signe de rentrer dans la pièce.


Ryla poussa des grognements et des gémissements enragés, elle ne se contrôlait plus en faisant les cent pas dans la petite chambre.


– Répond ! Hurla-t-elle contre mon père immobile. J'avais toujours du mal à respirer, mais je voyais bien que mon père n’était pas dans son état habituel. Une profonde tristesse et de terreur planait autour de lui, mais Ryla était trop survoltée pour le sentir.


- Ryla ! Je réussis à l’appeler.


– Quoi ! Cria-t-elle contre moi, je désignai notre père, toujours le regard absent. Elle le regarda un moment et se calma.


– Est-ce vrai ? Je demandai terrifié par la réponse, il leva les yeux vers moi. Il n'avait pas besoin de dire de réponse, ça se lisait dans ses yeux.


– Oui. Dit-il dans un souffle.


– Tu nous as menti ! Hurla Ryla. Mon père se leva d’un bond de son bureau.


– Ça suffit ! Hurla-t-il désespéré. Il respirait rapidement et cherchait à se calmer. Ryla ne bougea plus de pouces. C’était la deuxième fois que je le voyais dans cet état, mais cette fois il se mit à pleurer.


– Je sais que c’est dur à entendre, mais oui, Néron a violé ma mère pendant des jours et des jours. Et, je suis née de cet acte. Ryla ne le supporta pas plus longtemps.


– Pourquoi ! Cria-t-elle en pleurant en se laissant tomber au sol près du lit. Pourquoi tu ne nous l’as pas dit. Pourquoi il a fait ça ? Gémit-elle.


Mon père s’approcha d’elle pour la consoler. Cependant, elle le repoussa en criant de ne pas la toucher avant de ramener ses genoux contre elle. Elle était en état de choc, je ne savais pas quoi faire. Mon père recula pour lui laisser le plus d’espace possible et s’appuya de nouveau sur son bureau.


Il attendait que Ryla arrête de pleurer. Je m’assis sur le lit près de ma sœur. Il leva enfin les yeux sur nous puis pris plusieurs inspirations pour trouver le courage de nous parler.


– Tout ce que je vous ai dit sur mon père est vrai et tout ce que vous avez lu dans ce livre est aussi vrai. Je secouai la tête.


– Comment ? Je lançai complètement mélangé.


– Mon père, était un héros de la Grande Guerre, mais il était aussi… ce monstre dans cette histoire. Ces deux histoires se sont passées à plusieurs centaines d’années d’intervalle. Dit-il, mais je voyais qu’il refusait de parler du sujet.


– Arrêta ça ! Hurla Ryla paniquée. Arrête d’ignorer le sujet et dis-nous la vérité ! Cria-t-elle contre lui sans bouger du sol. Mon père détourna la tête, il respirait rapidement comme s’il avait de la difficulté à respirer.


– Très bien. Dit-il doucement. Pendant la Grande Guerre, Néron, son frère et Jasper. Comme beaucoup d’autres pokémons et humains ont combattu. Ils ont tué des centaines de pokémons et d'humains et ont surement vu et senti des milliers d'entre eux mourir. Ryla ne bougea pas, elle l’écoutait avec attention, tout comme moi.


– Après la guerre, le cœur et l’esprit de Néron étaient fragiles, mais il récupéra doucement avec l’aide de sa famille et de ses amis. Cependant, un jour… celle qu’il aimait fut tuée. Il se tourna vers moi, j’avais peine à respirer et la douleur à mon ventre était intense.


– Tué par des humains et leur pokémon. Pris d’une folie meurtrière, il tua ceux qui avaient attaqué sa partenaire, mais il ne s’arrêta pas là. Il voulait tuer tous les humains pour lui avoir enlevé celle qu’il aimait.


– Dans le secret, il se rebella avec d’autres contre les premiers protecteurs. Il tua tous les utilisateurs de la voix de l’aura. Ceux qui réussirent à s’enfuir, il les traqua. Jasper et Isaac étaient les derniers en vie après un certain temps.


– Quoi ! Je criai surpris. Je ne comprends pas. Il me regarda pour que je m’explique.


– Il y a plein d’utilisateurs de la Voix de l’aura à Célesta. Mon père prit une profonde inspiration pour trouver le courage de me révéler.


– Ma mère n’était pas la seule. Dit-il simplement, ce fut un choc, mais une évidence en même temps. Au fond de moi, je savais déjà la réponse, mais je refusais de la voir. Toute notre famille était le fruit des abus sur d’autres pokémons par Néron.


Ryla gémie, elle cacha son visage contre ses genoux et plaqua sa main contre ses oreilles. Je l’entendis rapidement murmurer quelque chose, ce n’est pas vrai ! Répéta-t-elle en boucle. Je n’étais plus capable de respirer. Comme ma sœur, je ne voulais pas en entendre davantage. Mon père attendit longtemps avant de continuer.


– Jusqu’où vous avez lu le livre. Demanda-t-il doucement, Ryla était incapable de répondre. Il me regarda pour avoir une réponse.


– Au chapitre de Ryla… encore au début. Je réussis à dire, il hocha la tête.


– Quand Warlyok m’annonça que le Lucario qui m’avait attaqué était mon père et comment j’avais été conçu… je refusais de le croire. Depuis toujours, je croyais que mon père ressemblait à ma mère. Un grand et noble pokémon, d’apprendre ce qu’il avait fait à ma mère et aux autres pokémons m’avait profondément bouleversé… comme pour vous.


– C’était comme si le monde venait de s’écrouler, je ne savais plus où mettre les pieds, mais j’avais quelque chose d’inestimable pour me soutenir et me guider. Ma famille ; mon dresseur, mon meilleur ami et tous ceux qui voyageaient avec moi. Sans eux, je n’aurais jamais réussi à avancer dans la vie et à surmonter toutes les épreuves que j’ai vaincues.


Mon père se leva et s’approcha de Ryla pour l’aider à se relever. Il la regarda droit dans les yeux un moment puis se tourna vers moi.


– Peut-être que mon père était un monstre à cette époque, mais avant, il était un grand pokémon. Il était d’une grande noblesse et aidait son prochain, mais il a tout perdu, il a sombré dans sa folie. Il regarda de nouveau Ryla.


– Tu es forte, je sais à quel point c’est dur pour toi… pour vous. Dit-il en me jetant un coup d’œil. Je t’ai choisi pour être chef des Gardiens de l’aura parce que je savais que tu étais assez forte pour le faire. Que tu avais assez de compassion pour les comprendre et aider les gens. Il marqua une pause.


– Montre-moi que tu es forte, ne laisse pas tes émotions te détruire. Elle frotta ses yeux, puis le regarda en colère.


– Qu’est-ce qui est arrivé à Néron ? Dit-elle mécontente, mon père recula et tourna la tête vers le mur du fond. Je sentais la douleur et la tristesse l’envahir.


– J’ai fait ce qu’il fallait faire. Dit-il submergé par les émotions.


– Comme sur le continent de Val ! Comme dans la forêt éternelle ! Provoqua Ryla, mon père se tourna rapidement vers elle.


– Tu ne peux pas comprendre. Cria-t-il désespéré. Je ne pouvais plus le raisonner, sa folie l’avait rongé au plus profond de lui.


– Tu l'as tué ? Je demandais apeuré, il se tourna vers moi, puis des larmes se mirent à couler de ses yeux.


– Oui. Dit-il doucement sans honte, mais également sans satisfaction. Vous ne pouvez pas comprendre. Dit-il doucement en secouant la tête.


– Explique-nous. Répliqua Ryla, mon père secoua la tête. Tu n’as pas le droit de nous le cacher. Cria-t-elle, mon père serra les poings.


– Réponds-moi. Hurla Ryla.


– J’ai tué mon père ! Hurla le chef de Célesta. Je l’ai tué de mes propres mains ! J’ai senti sa vie disparaitre en même temps que son emprise sur les pokémons qu’il contrôlait ! Son visage devint triste.


– Au dernier moment, il m’a parlé. Il était perdu dans ses souvenirs et regardait le sol devant lui.


- Warlyok ne l’a pas remarqué, mais Néron m’a parlé juste avant de mourir. Il leva les yeux vers Ryla qui le défiait toujours du regard.


– Il m’a dit que trois mots ! Trois mots que je n’oublierais jamais, trois mots qui brisèrent mon âme et mon être d’un seul coup. Il marqua une pause devant Ryla qui semblait terrifiée.


– Merci… mon fils. Mon père se mit à pleurer, je ne pouvais pas m’empêcher d’être entraîné par ses émotions. Au moment où je l’ai tué, il est redevenu celui qu’il était. Le grand et magnifique Néron, le héros. Il m’a remercié de l’avoir libéré de sa folie. Moi, son fils. Dit-il submergé de nouveau par les émotions.


Il se retourna et posa les deux mains sur son bureau en essayant de reprendre le contrôle de ses émotions. Il nous laissa le temps de reprendre nos esprits puis il se tourna vers nous.


– Terminer de lire les livres. Dit-il plus détaché. Je répondrai à toutes vos questions, sans mensonge, sans cachoterie. Il nous regarda à tour de rôle, puis tourna la tête vers l’entrée de sa chambre.


– Tu souhaites parler, Warlyok ? Je me retournai rapidement vers l’entrée, mon frère apparu dans le cadre de la porte et essuyant son visage. Il essaya de dire quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa bouche, puis il secoua la tête en serrant le livre fort entre ses bras.


– Prenez une pause pour réfléchir. Déclara mon père. Vous avez tous le temps pour lire. Il se dirigea vers la sortie quand Ryla l’agrippa par le bras, il se tourna vers elle, mais elle était incapable de le regarder en face. Elle le tira d'un coup pour se blottir contre son torse.


– Je suis désolée. Dit-elle dans un petit gémissement. Mon père ne répondit rien, il lui frictionna le dos puis la fit assoir à côté de moi sur le lit. Il lui caressa le visage avec sa main pour qu’elle le regarde.


– Je t’aime, ma grande. Dit-il d’un ton affectueux, puis il me regarda et regarda Warlyok. Sans qu’il ait besoin de le dire, je savais qu’il nous disait la même chose. Lorsqu’il se leva, Ryla me prit la main. Père s’approcha de mon frère et s’arrêta à sa hauteur.


Il prit doucement mon frère dans ses bras pour le réconforter, même si pour lui, c'était moins dur, car il n’avait pas été bercé aussi longtemps que nous deux des histoires de notre grand-père. Il était attristé de nous voir dans cet état. Après un instant, il le repoussa et le poussa doucement vers le milieu de la chambre avant de partir.


Warlyok s’approcha de nous, puis il s’assit à côté de Ryla. Elle lui prit la main aussi. C’était la première fois que je la voyais avoir besoin du soutien de ses frères, elle avait toujours été forte et fonceuse. Cette fois, je ne la voyais pas comme la chef des Gardiens de l’aura autoritaire et agressive. Je la voyais comme ma sœur qui avait besoin de son frère pour la réconforter. Elle tira le bras de Warlyok contre son ventre puis appuya sa tête contre mon bras, elle resta un moment dans cette position.


Je ne savais plus quoi penser, mon père avait été conçu dans un viol comme tous ceux de ma famille. C’était dur à concevoir, il y avait tant de pokémons qui maitrisaient la voix de l’aura à Célesta. Jasper m’avait dit qu’il y avait peu de chance que mes enfants avec Alice aient la voix de l’Aura, alors tous ces enfants qu’il avait eus… il avait dû avoir des centaines de femelles de captif, voire plus. Cette réalité me glaça le sang, j’aurais pu devenir comme lui ! Perdre complètement la tête et essayer de détruire l’humanité pour ce qu’elle avait fait à Alice.


Ryla se redressa, ce qui me fit sortir de cette spirale de pensée terrifiante. Elle lâcha ma main, mais pas celle de Warlyok. Je crois qu’elle savait que Warlyok ne voulait pas la lâcher. Il était encore jeune et ces révélations l’avaient beaucoup perturbé.


– Et maintenant. Laissa échapper mon frère doucement sans nous regarder. Que fait-on ?


– Je dois retourner avec les Gardiens de l’Aura. Commença Ryla pas très convaincue. Il la regarda, puis il me regarda.


– J’ai besoin de prendre l’air. Je dis avec la douleur au ventre, je me levai doucement.


– Pour le livre ? Demanda-t-il inquiet. Je voulus répondre, mais ma gorge se serra. Ryla s’avança vers la porte et s’arrêta pour nous regarder.


– J’ai besoin d’un peu de temps pour réfléchir. Dit-elle doucement. Garde le livre. Dit-elle en retrouvant son autorité de chef des Gardiens de l’Aura. Warlyok hocha la tête puis se tourna vers moi quand Ryla quitta la pièce. Je me levai à mon tour.


– Garde-le avec toi. Je lui dis doucement.


– Vous allez le terminer ? Demanda-t-il presque tristement.


– Je ne sais pas Warlyok… Je voulus lui dire autre chose, mais je ne savais pas quoi penser et encore moins quoi dire.


- À plus tard. Je dis incapable de dire autre chose.


Je partis en marchant doucement, j’avais tellement mal au ventre. J’avais beaucoup de difficultés à marcher et à respirer, j’avais besoin de Kévin. Je grimpai avec difficulté la tour ouest jusqu’au sommet. Je m’endossai contre le rempart et appelai Kévin au travers de la voix de l’Aura. Je le suivis avec impatience, puis il arriva enfin en haut de la tour.


– Isaac, je te cherchais. Cria-t-il en me voyant, puis s’approcha en courant paniqué. Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il inquiet, il se plaça près de moi et me toucha le bras.


– J’ai besoin de te parler. Je lui dis doucement, malgré la douleur et la confusion, il s’assit contre moi en regardant l’autre côté de la cour au sommet de la tour.


– De quoi tu veux me parler ? Demanda-t-il doucement.


Je lui parlai du livre et de ce qu’il contenait, des aventures de mon père, les arènes et la league pokémon. Il était attentif et admiratif devant mon histoire, puis je lui parlai de Néron et de ce qu’il avait fait. Il ne dit pas un mot, comme pétrifié par ce que je disais.


– Je ne sais plus quoi faire ? Je gémis en suppliant Kévin de m’aider. Il bougea enfin, il regarda ses mains un moment.


– C’est affreux… Comment un pokémon peut penser faire ça… dit-il en colère. Il mériterait d’être enfermé, pour toujours. Cria-t-il en colère. Je fus surpris de sa réaction, sa relation avec les femelles était magnifique. Il les aimait, mais avec un respect profond et sincère.


– Il ne vit plus depuis longtemps. Je lui dis doucement, je lui racontai ce que mon père m’avait révélé qu’il l’avait tué et les derniers mots qu’il lui avait dits.


– Wow… dit-il doucement. Il a tué son propre père… dit-il tristement. Je ne crois pas que j’aurais été capable de le faire… même avec tout ce qu’il a fait, je ne crois pas avoir le courage de le faire.


Le courage ? Je ne comprenais pas.


– Qu’est-ce que tu veux dire ? Je lui demandai intrigué. Il tourna finalement la tête vers moi.


– De quoi ?


– Tu as dit avoir le courage de le faire. Il hocha la tête.


– Tu as dit qu’il leva une armée pour tuer les humains et qu’il savait tout de ce qui s’était passé entre Néron et sa mère. Il s’est dressé contre son propre père pour protéger les humains et les pokémons. Il est allé même jusqu'à lui ôter la vie pour les protégés. Dit-il tristement, mais en même temps avec admiration. Il secoua la tête.


– Je n’aurais jamais été capable de le faire. Je le regardai à travers l’aura, il était sincère. Il trouvait mon histoire extrêmement triste, mais il avait de l’admiration pour le courage dont mon père avait fait preuve.


– Comment l'a-t-il vaincu ? Demanda-t-il soudainement avec plus d’entrain.


– Quoi ?


– Comment ton père l'a battu ?


– Je ne sais pas.


– Pardon ? Dit-il en colère. Ton père s'est battu contre son propre père et surement contre toute son armée. Tu dois continuer de le lire.


– Kévin… je…


– Non ! Dit-il mécontent, il se plaça devant moi. Écoute-moi, Isaac. L'histoire de ton père est incroyable. Tu ne peux pas changer ce qui est écrit, mais tu peux apprendre. Ton père veut que tu comprennes ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait. C’est pour ça qu’il veut que tu le lises.


Comme toujours, il avait raison. Mes émotions étaient tellement chaotiques que je ne voyais pas l’évidence. Il voulait que j’apprenne plus sur son passé et le passé des utilisateurs de la Voix de l’aura pour mieux la comprendre.


– Pourquoi il ne nous a pas parlé avant ? Je lui dis un peu en colère. Kévin parut surpris.


– Ce n’est pas ce qu’il fait présentement ?


– Il me demande de lire son passé, il refuse de répondre à mes questions.


– Parfois, tu es si aveugle. Dit-il amusé. Tu me rappelles quand tu avais rencontré Alice. Tu étais tellement perdu dans tes émotions que tu ne voyais pas celles qu’elle portait pour toi. J’émis un son agacé, je n’aimais pas quand il plaisantait sur le sujet que j’avais perdu beaucoup de temps avant de lui dire que je l’aimais.


– Kévin.


– Oui pardon. Dit-il en s’excusant. Ton père est terrifié, il a peur de ta réaction. De la réaction de ses enfants en apprenant ce qu’il a fait. Je fermai les yeux et secouai la tête.


– Mon père a peur ? Je demandai doucement.


– Oui ! Dit-il comme une évidence. Tu vois l’aura de toute la ville, tu ne vois pas qu’il est terrifié ?


Je fermai les yeux pour me concentrer, mon père était avec ma mère dans leur chambre. Il était nerveux, il faisait les cent pas dans sa chambre en discutant avec ma mère. Il s’agita en parlant, je sentis sa peur faire surface. Ma mère s’approcha de lui et lui pris la main en lui parlant, il se calma immédiatement. Kévin avait raison, il était apeuré de notre réaction devant son passé, de ce qu’il avait fait. J’ouvris les yeux pour regarder Kévin.


– Comment le savais-tu ? Je lui demandai surpris.


– J’ai croisé ton père plutôt. Il m’a salué en souriant, mais je sentais qu’il avait peur de quelque chose. Sur le coup, je ne savais pas, mais quand tu m’as parlé de ce qu’il vous avait dit et comment il avait réagi, j'ai compris.


Je l’invitai à s’asseoir de nouveau près de moi. Je lui grattai la tête puis le remerciai. Comme toujours, il savait quoi me dire pour me réconforter. Nous marchâmes le reste de la journée ensemble, il me parla des pokémons qu’il avait rencontrés et toujours du festival. Dans la soirée, nous allâmes nous entraîner avec mon escouade des Gardiens de l’aura.


Lorsque Kévin s’endormit finalement, j’essayai de parler à ma sœur, mais elle refusa de me parler. Les jours qui suivirent, j’essayais toujours de lui parler, mais elle m’évitait. Dès qu’elle me voyait, elle partait et dès que je lui parlai, elle me répondait qu’elle ne voulait pas me parler ou qu’elle était occupée.


Je participai à une mission de sauvetage sur le continent de Garac sur le mont Clay. Des chercheurs s'étaient égarés dans les tunnels et certains, c'était effondré. Lorsque je revins à Célesta, j’essayai de nouveau de parler à ma sœur, mais elle m’ignora complètement. Elle ne me laissait plus le choix, je devais la forcer à m’écouter et je n’aimais pas cette idée.


J’attendis le soir, puis je fis sortir les gens un à un d’une salle d’entraînement et détournai ceux qui venaient s’entraîner ici vers une autre salle d’entraînement grâce à la voix de l’aura. J’invitai Ryla à s’entraîner, je n’aimais pas contrôler les gens, mais elle ne me laissait vraiment pas le choix.


Je me cachai près de l’entrée, derrière des mannequins en bois, en cachant ma présence. Elle rentra dans la pièce et fut surprise de voir qu’il n’y avait personne. Elle s’avança dans la pièce et je profitai pour sortir de ma cachette et fermer les portes de la salle. Elle se retourna en sursaut quand je fermai les portes.


– Isaac ? Dit-elle surprise, elle regarda autour d’elle alors que son visage devint colère. Tu as osé utiliser la voix de l’aura sur moi ! Hurla-t-elle contre moi.


– Tu ne m’as pas laissé le choix. Je lui répliquai en colère. On doit parler, il faut terminer le livre. Elle secoua la tête.


– Sans moi ! Elle s’avança vers moi. Laisse-moi passer.


– Non, pas tant qu’on aura discuté. Je la repoussai de la porte, elle poussa un grognement puis essaya de me frapper. Je déviai son coup et la frappai avec mon pied en la repoussant avec forte-paume. Elle s’écrasa au centre de la pièce.


– Je t’en supplie, écoute-moi. Je dis désespéré en m’approchant d’elle, elle se releva rapidement.


– Je ne veux pas parler. Dit-elle amèrement.


– On doit parler. Je dis en insistant.


– Je ne veux pas parler ! Cria Ryla en essayant de me frapper avec sa main gauche. Je levai le bras droit pour bloquer le coup et la frappa droite dans son épaule gauche avec mon autre main. Elle recula de quelques pas et me regarda d’un air enragé.


– Laisse-moi sortir ! Dit-elle en me menaçant.


– Non, tant qu’on n’aura pas discuté. Je dis en plaçant en position de combat, car je voyais à travers d’elle qu’elle essayerait de passer en force.


– Laisse-moi partir. Dit-elle d’un ton agressif, un mot après l'autre.


– C’est important, on doit finir de lire le livre. Elle chargea contre moi.


– Je ne veux plus ne rien savoir de ce livre ! Hurla-t-elle hors d’elle en m’attaquant. Elle avait un style de combat bien différent de Warlyok ou de mon père.


Elle savait qu’elle était bien moins forte physiquement que mon père et moi alors, elle avait appris un style basé sur la manipulation de l’énergie du corps. Ses mouvements étaient circulaires, elle utilisait l’énergie de mes mouvements pour riposter. Elle pivota sur elle près de moi en agrippant mon bras droit. Une fois derrière moi, elle appliqua une pression pour m’obliger à me pencher. Elle poussa mes jambes pour me faire tomber au sol avec facilité.


Elle repartit en vitesse vers la porte. Sans me relever, je fis apparaitre Vibraqua. Je tournai sur moi pour me mettre sur le dos en même temps que de lancer l’eau. Elle effectua une grande courbe avant de percuter Ryla par sa droite.


– Argg… Ryla percuta du matériel d’entraînement, je me relevai.


– Tu crois être la seule à souffrir. Je lui criai en la désignant. Pour moi aussi, c'est dur !


– La ferme ! Cria-t-elle en se relevant.


– Pourquoi tu ne veux pas continuer de lire ? Je lui demandai doucement en m’approchant.


– La ferme ! Hurla Ryla en m’attaquant de nouveau.


– Pourquoi ! Je criai en la repoussant de nouveau. Elle ne me répondit pas, j’évitai une attaque puis la plaquai au sol. Elle poussa des cris de rage en pleurant.


– Père veut qu’on apprenne plus sur son passé pour qu’on progresse et de ne pas faire les mêmes erreurs qu’il a faites. Elle arrêta de se débattre, je relâchai mon emprise autour d’elle, mais restai à genou au-dessus.


– Il y a tant de choses que je veux apprendre sur la voix de l’aura et sur notre famille. Je lui dis doucement. Elle tourna la tête vers moi, elle me regarda et dans ses yeux, je voyais de la détresse.


– Je ne veux pas continuer de le lire. Réussit-elle à dire.


– Pourquoi ? Je lui dis dans un murmure. Elle glissa ses mains sur le bas de son ventre.


– C’est trop, je ne peux pas supporter d’entendre ce qu’elle a subi. Gémis ma sœur en pleurant, je m’assis à côté d’elle et elle se redressa doucement.


– Kévin m’a dit qu’on ne peut rien changer au passé, rien changer à cette histoire. Il dit que je dois continuer pour mieux comprendre pourquoi notre père se bat. Elle garda le silence un moment avant de répondre.


– S’il voulait vraiment nous le dire. Dit-elle sèchement. Il aurait pu nous le dire avant. Je ris à moi-même, ma sœur me regarda dérouter.


– J’ai dit la même chose à Kévin. Je lui avouai en me couchant sur le dos pour regarder le plafond. Il dit que papa était terrorisé de nous le dire, qu’il avait trop peur de notre réaction, puis plus il attendait, plus il a été tourmenté par notre réaction.


- Quoi ? Papa terrifié ? Dit-elle surprise.


– Imagine que tu dois annoncer à tes enfants que leur héros et leur grand-père à violer sa mère et il est né de cet acte. Je marquai une pause. Je serais aussi terrifié que lui.


– Qu’est-ce qu’on va apprendre ? Demanda-t-elle inquiète.


– La vérité. Je lui dis doucement. La vérité sur le passé de notre père, sur la voix de l’aura et sur Célesta. Elle se leva, je la regardai toujours coucher au sol.


– Je ne sais pas. Dit-elle nerveuse.


– Pourquoi ? Je lui dis en me redressant pour la regarder.


– Je n’aime pas ça, j’ai un mauvais pressentiment. Je comprenais parfaitement son sentiment, j’avais le même pressentiment depuis le début. Ryla se frotta les bras puis elle me tourna le dos pour se diriger vers la porte. Je me levai et elle s’arrêta en ouvrant la porte.


– J’ai besoin de réfléchir… bonne nuit Isaac.


Je la regardai partir, je pris quelques secondes pour replacer le matérielle d’entraînement qu’on avait renversé en se battant. Je jetai un dernier coup d’œil à la salle avait de partir pour aller me coucher.


Le lendemain, je croisai Ryla dans la cafétéria. Elle me regarda un moment sans savoir quoi répondre puis elle retourna discuter avec des chefs d’escouade. J’attendis deux jours avant que Ryla décide de revenir me voir, elle s’approcha de moi doucement.


– Tu veux aller à la bibliothèque ce soir ? Dit-elle doucement.


– Tu es prête à connaitre la suite ? Je lui demandai un peu inquiet, elle hocha doucement la tête. On va t’attendre.


Elle repartit rapidement, il ne restait que mon frère à convaincre. Dès que je terminai mes tâches, je me dirigeai vers la bibliothèque. C’était étrange, il était plus actif que d’habitude et aussi n’arrêtait pas de se promener d’un côté à l’autre de la pièce.


– Isaac ! Cria-t-il content de me voir, à peine j’avais passé la porte. Il s’approcha de moi en vitesse, il me regardait en bas des marches alors que j’entamais la première marche.


– Warlyok, qu’est-ce qui se passe ? Je lui demandai surprit, il ne tenait pas en place, sa queue s’agitait dans tous les sens. Il était vraiment content de me voir.


– Je t’attendais. Depuis qu’il avait évolué, c’était la première fois que je le voyais dans cet état, surexcité comme un enfant. Il avait dans son regard l’étincelle du jeu et de la rêverie. Il tourna autour de moi sans être capable de s’exprimer correctement. Je ne comprenais pas un mot de ce qu’il disait rapidement.


– Warlyok, parle moins vite, je ne comprends pas. Je répondis amusé par l’euphorie qu’il dégageait. Il marcha vers une table et montra trois livres sur la table.


– J’ai lu et relu l’histoire de père. C’est juste incroyable, il était aveugle et il arrivait à se battre. Ses compagnons avaient des capacités hors norme, comment ? Il se tourna vers moi.


– Je veux comprendre, je veux connaitre la suite, je veux savoir comment père a battu Néron. Je fus sous le choc, il voulait savoir comment il avait tué son propre père. Je ne savais pas quoi répondre, n’y penser.


– Je… ce n’est pas ce que je voulais dire. Dit-il en voyant ma réaction. C’est vrai, son histoire est vraiment triste, mais… Il me montra de la main la pièce. Comme plusieurs des livres que j’ai lus, beaucoup parlent de la Grande Guerre, des atrocités qu’il y avait, mais également de l’espoir et de leur conviction dans ce qu’ils faisaient.


– Il y a aussi beaucoup de livres qui parlent d’aventure, de romance, de tragédie. Je crois qu’on doit apprendre de nos ancêtres de leur aventure, de leur douleur, de leur courage.


– Kévin disait qu’on ne peut changer ce qui est écrit. Je dis doucement. Et, que je peux apprendre de cette histoire.


– Il a parfaitement raison ! cria-t-il surexcité de nouveau, puis il chercha quelque chose du regard. Ryla n’est pas avec toi ? Elle va venir ? Demanda-t-il inquiet.


– Elle va venir, laisse-lui le temps. Je lui répondis doucement, il marcha de long en large entre les tables, impatient de reprendre la lecture de l’histoire de notre père.


– Tu as lu des livres intéressants ? Je lui demandai pour qu’il arrête de marcher d’un côté à l’autre de la pièce, ce qui commençait à me rendre nerveux à mon tour. Il s’arrêta, surprit, puis réfléchit un moment avec un sourire.


– Oui.


Il me parla des livres qu’il avait lus et qu’il avait aimés. Il y avait autant de biographies que de livres d’éducation. Il y avait de la poésie comme de la science-fiction. Il me dit qu’il avait lu qu’une petite partit. Pourtant, déjà, je voyais qu’il était impressionné par la quantité de savoir que la bibliothèque pouvait contenir.


Je m’assis à la table pour l’écouter parler de ce qu’il avait lu. Il parlait fort sans s’en rendre compte tellement qu’il aimait me parler de ces livres. Il marchait un peu devant moi en gesticulant tout en parlant, puis s’arrêta tout à coup.


– Ce qui est vraiment dommage, c'est qu’il manque près de mille ans d’histoire… les histoires les plus récentes remontent à la Grande Guerre.


– Ce n’était pas hier. Je répliquai.


– Père et les humains essayent de remplir ce qui manque. La technologie, l'histoire, la médecine et toutes les autres choses qui manquent.


– C’est un gros travail, tu crois être capable de tout gérer ? Il continua de sourire.


– J’ai tout le temps. Dit-il amusé, il adorait ces livres, cette bibliothèque et sa vie de bibliothécaire. J’allais répondre quelque chose qu’il se tourna rapidement vers l’entrée. Ryla venait de rentrer, immédiatement Warlyok s’approcha des marches pour attendre sa sœur.


Ryla descendit doucement les marches en regardant Warlyok, surprise.


– Ryla ! Dit-il impatient, Ryla rit doucement.


– Qu’est-ce qui t’arrive ? Demanda-t-elle amusé par son frère, il lui prit la main et l’entraîna vers la chaise près de moi.


– On t’attendait. Dit-il avec entrain, Ryla ne comprenait plus trop ce qui se passait et me regardait pour avoir des explications.


– Depuis un moment, il veut continuer l’histoire de notre père et il nous attendait avec impatience. Son sourire s’effaça, mais Warlyok ne le remarqua pas, il récupéra le bon livre et l’ouvrit devant Ryla.


Elle était terrifiée, je le voyais dans ses yeux… Elle posa doucement la main sur la page où nous avions arrêté. Même si elle avait décidé de venir, elle avait encore peur de connaitre l’histoire de notre grand-mère, de connaitre les terribles secrets de notre famille. Warlyok réalisa enfin son erreur quand il fut rendu de l’autre côté de la table en face de moi.


– Je… je peux continuer de lire si tu le veux. dit-il doucement.


Ryla baissa les yeux sur les lettres écrites dans le livre, elle se mit à respirer rapidement. Après un moment, elle hocha la tête pour que Warlyok récupère le livre. Elle se leva de sa chaise et nous tourna le dos. Je savais qu’elle ne partirait pas, mais qu’elle était incapable de montrer sa vulnérabilité devant nous.


Warlyok me regarda inquiet et coupable. Je regardai un instant Ryla. Elle prit ses deux bras, l’un dans l’autre, comme pour se réconforter. Je fis signe à Warlyok de commencer. Ce que Ryla, ma grand-mère, avait subi et ressentit était terrible. Je n’arrivais même pas à concevoir de tel sentiment, la peur, la confusion, l’espoir et le désespoir qu’elle avait vécu en portant l’œuf de mon père.


Je comprenais mieux pourquoi elle avait paniqué en voyait mon père pour la première fois. Lorsqu’il termina ce chapitre, Ryla prit un moment avant de revenir s’assoir près de moi. Je voyais bien sûr son visage qu’elle avait pleuré et moi aussi. La suite était aussi incroyable que le tournoi de la league. Le concours pokémon, je l’avais vu en vidéo, mais décrit par Warlyok, c’était stupéfiant.


Sa vie dans l’arène pokémon, je me souvenais qu’il m’avait déjà parlé et qu’il avait été champion d’Arène. Cependant, Il ne m’avait jamais expliqué son rôle exact dans l’arène. Puis ce fut le début de la guerre, je fus surpris de voir qu’il n’avait toujours pas évolué.


Sa rencontre avec les dirigeants des protecteurs me fit un choc, comment pouvaient-ils s’opposer à la grande armée de Néron avec que quelques dresseurs et leur pokémon, aussi forts soient-ils. Ryla fut impressionnée par le courage de la famille d’Evan, de faire front devant un si terrible ennemi qui les avait chassés de leur maison.


J’avais le cœur serré en lisant la bataille finale de mon père contre le sien. J’avais de la difficulté à voir à quel point cela avait été dur pour mon père de le faire. Et, Jasper ! Il avait tout perdu, sa maison, sa famille, ses meilleurs amis. Cependant, il avait continué de se battre contre son meilleur ami. L’idée de combattre Kévin ne m’était jamais venue à l’esprit. Pauvre Jasper, il avait tellement dû souffrir.


Ryla lit le dernier livre que mon frère avait apporté. On voyait comment Célesta avait grandi par les mains de mon père. Chaque personne qui venait s’ajouter comme habitant était un peu plus d’espoir de voir le monde en harmonie entre pokémons et humains.


– Adam… s’arrêta ma sœur après son enterrement. Papa, m’a parlé de lui.


– Moi aussi. Je lui dis tristement.


– Père a écrit qu’il le considérait comme son fils. Continua Warlyok tristement.


– J’ai rencontré son père, Nayan, à Hydroville, un peu avant le concours pokémon. Je leur dis, puis j’expliquai rapidement ce qui c’était avec lui.


– Les humains ont peur de nous ? Demanda Warlyok, surpris, mais Ryla ne répondit rien. Sérieusement ? Insista-t-il.


– Tu n’as jamais lu un livre qui parlait de la peur que les humains avaient pour les pokémons ? Ou que certains pokémons terrorisaient les humains au point que les Protecteurs ont dû intervenir.


Il réfléchit un instant puis réalisa la triste vérité, les humains avaient et ont toujours peur des pokémons. Surtout, plus maintenant que jamais. Nous gardâmes un moment le silence. Je tapotai doucement le livre, je voulais vraiment savoir comment cette histoire se terminait, comment il avait réussi à sortir avec notre mère.


Je repris ma lecture, c’était amusant de voir Yan venir à Célesta pour la première fois et sa rencontre avec Ester. Je fus étonnamment surpris d’apprendre que Ryan avait blessé mon père. Warlyok fut terrorisé par le Percian qui s'était infiltré dans la ville, c’était amusant de le voir ainsi.


Le soleil était déjà levé depuis un moment, mais nous ne pouvions pas arrêter de lire. Warlyok s’arrêta soudainement quand notre père s’enfuit dans sa chambre après avoir compris que notre mère pourrait autant souffrir que lui.


– Pourquoi arrêtes-tu ? Demanda Ryla surprise, mais Warlyok devint triste d’un seul coup.


– Qu’est-ce qu’il y a ? Je lui demandai inquiet, il me regarda puis regarda Ryla.


– Je viens de réaliser que maman n’est pas comme nous… qu’elle n’a pas la voix de l’aura… Je secouai la tête.


– Maman possède la voix de l’aura. Je lui répliquai un peu dérouté.


– Mais il est écrit qu’elle est normale… je veux dire qu’elle n’a pas la voix de l’aura. Dit-il en montrant le livre. C’était vrai, dans le livre, il parlait de Diana comme d'une Lucario qui n’avait pas la voix de l’aura, mais depuis toujours, je sentais qu’elle avait le même pouvoir que moi.


– Je ne comprends pas. Lâcha Ryla mécontente. Elle a la voix de l’aura, je le sais.


– Mais il est écrit. Insista Warlyok, Ryla leva la main pour lui signifier qu’elle comprenait.


– Je sais, je sais ! Répliqua Ryla, elle appuya sa tête entre ses mains en émettant un son agacé. Je l’avais vu faire ça quelquefois quand elle avait de la difficulté à prendre une décision importante ou quelque chose la tourmentait.


– Mère a la voix de l’aura ou non ? Insista Warlyok confus. Ryla poussa un grognement pour que Warlyok arrête.


– Ryla ? Je lui demandai.


– Je ne sais pas ! Hurla Ryla en se levant. Je ne sais pas ! Cria-t-elle hors d’elle, en nous tournant le dos.


– Mais… commença Warlyok, mais Ryla poussa un cri agacé pour le faire taire. J’attendis un moment avant de parler.


– Et si on lui demandait tout simplement ? Ryla se retourna vers moi.


– Tu as tout à fait raison. Dit-elle avec empressement. Je vais la chercher.


– Attend ! Je vais l’appeler, il vaut mieux qu’elle vienne ici. , Non ? Je lui demandai doucement. Elle regarda Warlyok qui hocha la tête.


– D’accord. Dit-elle puis attendit en m’observant.


Je me concentrai sur l’aura de la ville. Même avec tous ces gens, il ne m’était pas difficile de trouver l’aura de ma mère. Elle était si douce et réconfortante. Elle était en train de discuter avec quelqu’un, alors j'attendis un moment avant de lui parler par télépathie.


– Maman. Je dis doucement, elle sursauta.


– Isaac ! Tu m’as fait peur. Dit-elle amusée.


– Désolé.


– Qu’est-ce qui se passe pour que tu m’appelles de la sorte ? Demanda-t-elle doucement.


– On aimerait te poser quelques questions.


– À propos du livre ?


– Pas vraiment, on voudrait savoir un peu plus sur toi. Je la sentis surprise de ma requête.


– Oui, bien sûr. Tu veux que je t’apporte quelque chose à manger? Je regardai Warlyok et Ryla, nous lisions depuis déjà un moment.


– Avec plaisir, on t’attend à la bibliothèque. Je coupai ma connexion avec elle, puis je regardai ma sœur qui me fixait toujours.


– Elle va venir. Je lui dis doucement, mais je voyais bien qu’elle était toujours tourmentée et nerveuse.


Ryla marcha dans la pièce, regardant au hasard des livres qu’elle trouvait sur des étagères. Warlyok décida aussi de marcher un peu dans la bibliothèque. Il semblait incapable de se concentrer sur les livres qu’il prenait et les reposait immédiatement. Je décidai de monter à l’étage supérieur pour regarder la salle d’en haut.


Il avait encore tant de choses que je ne comprenais pas, pourquoi mon père était si tourmenté. Alors que maintenant il vivait pleinement sa vie et était si heureux, qu’est-ce qui s'était passé entre temps ? Ma famille, tous ces pokémons qui étaient nés dans la folie de Néron. Il avait combattu tant de frères et de sœurs et il avait dû en tuer certains…


Je ne crois pas avoir le courage de faire la même chose que lui, j’ai déjà affronté Ryan et les autres utilisateurs de la voix de l’aura. Ils étaient vraiment puissants, imaginer faire un combat à mort contre eux me glaçait le sang. J’ignorais comment mon père y arrivait.


Je regardai mes mains tremblantes, j’avais déjà enlevé la vie à des pokémons pour protéger Ben et mes amis. Chacun me hantait et surtout celle de Benjamin… je recommençais à avoir du mal à respirer, la douleur était intense.


Ma mère rentra enfin dans la pièce, elle me regarda un moment, tristement. Elle sentait mon tourment, je la rejoignis pour descendre au centre de la pièce. Je descendis les marches une à une avec elle. Elle prit mon bras de sa main libre et me présenta le plateau de l’autre. Elle cherchait à me remonter le moral, je regardai ce qu’elle nous avez apporté.


Il y avait plusieurs biscuits, petits gâteaux et des baies. Je pris un biscuit en la remerciant. Dès qu’elle mit le pied à l’étage du bas, Warlyok se précipita sur le plateau pour manger les gâteaux qu’elle avait apportés.


– Wow ! Merci. S’exclama Warlyok la bouche pleine.


– Doucement, mon grand, tu vas t’étouffer. Averti-t-elle à mon frère. C'était vraiment déroutant d’être avec lui. Un moment, il était sérieux et calme, et la seconde d’après, je jurais de voir un enfant de son âge.


Elle déposa le plateau sur la table près du livre avant de regarder Ryla qui s’approchait de nous.


– Vous n’avez pas encore terminé les livres ?


– Non. Répondit Ryla.


– On a quelques questions à te demander. Je lui dis doucement avant que Ryla lui demande à sa façon ; sec et autoritaire de lui donner des réponses.


– Je suis là pour ça. Je l’invitai à s’asseoir autour de la table. Ryla se plaça à ma gauche alors que mon frère était en face de moi avant de tirer le plateau de nourriture devant lui. Ma mère s'assit près de Warlyok en face de Ryla.


– Que veux-tu savoir ? Je ne savais même pas comment formuler ma question.


– Dans ce que père a écrit, il parle de toi… que tu es une Lucario… normale… sans le pouvoir de la voix de l’aura.


– Oui, c’est vrai.


– Pourtant, tu possèdes la voix de l’aura. Je continuai doucement.


– Oui, où veux-tu en venir ? Demanda-t-elle, perdue.


– Je ne comprends pas comment c’est possible. Je lui dis un peu désemparée, elle s’endossa dans sa chaise puis regarda Ryla.


– Je suis née sans ce don… du moins, je crois…, c'est compliqué.


– Ce n’est pas compliqué. Lança Ryla impatiente. Tu l’as ou non ?


– Je l’ai. Répliqua ma mère.


– Comment c’est possible ? Demanda Warlyok doucement.


– Je crois que j’ai appris à utiliser la voix de l’aura.


– Appris ? Demanda Warlyok, mais Ryla semblait mécontente.


– Oui, j’ai appris à utiliser l’aura comme Lucas. Dit-elle amusée.


– On ne peut pas apprendre. Lança Ryla mécontente. Ma mère se tourna vers elle.


– Ryla… écoute attentivement, ce que je vais te dire, c’est parfaitement la vérité. Elle marqua une pause avant de commencer.


- Depuis toujours, comme ceux de notre espèce, je ressens l’aura et les émotions des gens. Je pensais avoir atteint un haut niveau dans la maitrise de l’aura, mais c’est à ce moment-là que j’ai rencontré votre père. Au début, je ne ressentais pas sa présence, mais dès qu’il me laissa la sentir, j’ai tout de suite comprise qu’il était beaucoup plus fort que moi. Juste sa présence était pesante ou enivrante selon son humeur.


– Le jour qu’il m'a montré ce qu’il ressentait m’a complètement ouvert les yeux… Il me manquait quelque chose… quelque chose dans ma maitrise de l’aura. Je voulais comprendre ce qu’il me manquait et ce que lui avait. Chaque fois qu’il se connectait avec moi, je ressentais toujours cette chose qui me manquait. Quelque chose de si évident, si près, mais que je n’arrivais pas à saisir.


– La nuit où il avoua ses sentiments pour moi, ce fut comme un déclic en moi, mais je n'arrive toujours pas à décrire c'était quoi. Comme si au plus profond de moi j’avais compris ce qu’il me manquait pour vrai. Tout le monde resta silencieux, puis Ryla émit un grognement.


– Je n’ai jamais entendu parler d’un pokémon qui apprend la voix de l’aura. Dit-elle agacée avant de regarder mon frère. Il fixait la table sans répondre. Warlyok ?


– Je n’ai jamais lu quelque chose sur le sujet. Dit-il doucement avant de regarder les étagères autour de lui. Mais, j’ai encore beaucoup de livres à lire.


– Tu crois que c’est possible ? Je demandai à Warlyok, même si je croyais ce que ma mère me disait.


– Je crois que oui. Dit-il plus résolu.


– Vraiment ? répondit sèchement Ryla, qui ne semblait toujours pas croire notre mère.


– On sait que le don est héréditaire. Commença Warlyok. Jasper nous l'a dit, mais il y a longtemps, les parents des parents des parents et plus loin. Le premier qui avait le don… il est né avec ? Ou, a-t-il découvert le secret de l’aura ?


– Un pokémon qui a une forte sensibilité avec l’aura et qui cherche au plus profond la nature profonde de l’aura pourrait apprendre la voix de l’aura. Il a peut-être appris à d’autres comment l’utiliser. Termina Warlyok.


– Comme toi. Dit-il à ma mère.


Personne ne répondit, tout le monde médita sur ces paroles. Ma mère était la preuve même qu’un pokémon pouvait apprendre à maitriser la voix de l’aura. Cependant, je ne comprenais pas trop ce qu’elle me disait à propos de ce qui lui manquait et avait trouvé. Peut-être que c’était parce que j’étais née avec ce don que je ne comprenais pas.


– Vous êtes rendu où ? Demanda ma mère pour briser le silence et changer de sujet en pointant le livre ouvert. Warlyok poussa le livre devant elle.


– Père, c'est enfermé dans sa chambre après avoir discuté avec Léa à propos de Phaly. Ma mère se redressa d’un coup.


– Ho ! Je vois. Elle parut gênée d’un seul coup, elle nous regarda surprise par ses émotions, puis elle se ressaisit.


– Cette partie de la vie de Lucas est très importante. C’est à ce moment-là qu’il réalise qu’il ne peut pas vivre dans la peur de son futur. Mais aussi de ne plus souffrir de son passé. Dit-elle doucement en nous regardant un à un, mais elle dit sa dernière phrase pour moi. Je portai la main sur mon ventre qui me faisait souffrir.


– Sa peur du futur ? Demanda Warlyok, Ryla et moi détournâmes la tête. Nous savions exactement ce que ça signifiait. Ma mère se tourna vers mon frère doucement sur sa chaise et le regarda avec compassion.


– Personne n’est éternel. Dit-elle doucement presque dans un murmure, mon frère fut envahi par la peur. Ma mère tendit la main pour prendre son visage.


– Je ne veux pas que tu meures. Gémit-il doucement, mais ma mère lui sourit.


– Mon grand, même si je vis aussi longtemps que votre père, un jour ou l’autre, je partirais, comme votre père ou chacun de vous. On ne peut pas aller à l’encontre de la nature, on nait, on grandit puis on meurt un jour. L’important, c'est ce que nous laissons derrière nous.


Malgré ses paroles, il ne semblait pas être réconforté. Elle l’embrassa sur la joue puis se leva.


– Vous comprendrez mieux en terminant de lire son livre.


Elle repartit de la pièce en nous faisant un signe de la main. Ryla se leva quand notre mère fut partie.


– Je vais prendre une pause. Dit-elle doucement. On continuera ce soir. J’étais de son avis, la discussion avec notre mère m’avait complètement chamboulé, je devais en parler avec Kévin.


J’approuvai son idée, puis Warlyok accepta à contrecœur. Je partis rejoindre Kévin et discutai de ce que j’avais lu avec lui. Il était du même avis que ma mère, je devais continuer de lire le livre.


- On doit vivre notre vie. Lança Kévin. Ta mère a raison, tu ne peux pas rester tourmentée par le passé.


– Je sais, Kévin. Je fais des efforts… je lui dis un peu désespéré. Kévin grogna mécontent.


– Tu n’as pas oublié ta promesse !


– Bien sûr que non. Je soupirai.


– Tu veux faire quoi aujourd'hui ? Je voulais juste distraire mon esprit pour penser à autre chose pour l’instant.


Nous alliâmes aider sur le quai à décharger et à charger un bateau qui venait d’arriver. Plus je réfléchissais à ce que ma mère m’avait dit, moins je comprenais. Je devais vraiment lire la révélation de mon père, peut-être que son expérience m’aiderait à mieux comprendre.


Je raccompagnai Kévin dans sa chambre et j’attendis qu’il s’endorme pour partir. Mais, je profitai un instant pour le regarder dormir. Contrairement à moi, il dormait souvent et surtout, il n’était pas tourmenté de cauchemars comme les miens. Je lui caressai doucement la joue avant de partir. Il émit un son amusé et se tourna dans son lit.


Je pris le courage qui me restait et redescendit vers la bibliothèque. Warlyok et Ryla m’attendaient avec impatience pour continuer l’histoire de mon père. Je ne me sentais pas assez bien pour continuer de lire. Ryla commença la lecture avec difficulté. C’était étrange de voir mon père si démunit par ses émotions, mais ce qui me perturbait le plus, c’était ce qu’il ressentait était en partie ce que je ressentais.


Quand Ryla lit les lettres, la gorge serrée par l’émotion, j’avais du mal à respirer. Non, parce que j’avais mal par la lame qui me transperçait, mais parce que je réalisais enfin à quel point mon père avait souffert. Pendant plus de 200 ans, il avait été tourmenté par son passé et terrorisé par son avenir. Personne ne pouvait vivre ainsi aussi longtemps.


Il avait vu tant de personnes mourir et toute sa famille disparaitre. Sans parler qu’il n’avait jamais vu le visage de son meilleur ami ni de ses compagnons. J’avais du mal à respirer. Je lui avais hurlé qu’il ne pouvait comprendre ma douleur, mais il avait connu bien pire.


Il reprit espoir, étrangement, je comprenais aussi, Kévin et les autres me disaient exactement la même chose. Je les écoutais, mais je n’avais jamais compris. L’histoire de mon père me redonna courage et espoir. Il s’était libéré des chaînes de sa peur et je devais faire autant.


On avait presque terminé le livre, il restait la bataille à Val. Les souvenirs de Ben revinrent comme une vague géante dans mon esprit. Il l’avait regardé par sa fenêtre, le début du combat. Quand tout le monde s’écroula au sol sauf mon père, il était sorti aider les gens à se mettre à l’abri avec ces parents. Le pouvoir de mon père était incroyable aux yeux de Benjamin, mais triste.


Je ressentais la résolution de mon père, celle qu’il ne survivrait pas à son attaque. Il venait juste de découvrir la vie qu’il était prêt à se sacrifier pour sauver, celle de tout le monde. Du pur courage. Quand le combat fut terminé, Ryla n’était plus capable de lire la suite et me tendit le livre. Je ne pouvais pas non plus le lire, c’est alors que Warlyok prit doucement le livre et continua de lire.


Je me reconnaissais exactement dans ce dont mon père avait rêvé, la peur, le désespoir, puis l’espoir qu’il était toujours vivant. Je me demandai si c’était vraiment un rêve ou qu’il avait vraiment vu ses compagnons. Le pouvoir de l’aura était très vague et puissant… Ryla fut émue quand Warlyok termina avec mon père qui pleurait devant la naissance de son premier enfant ; Ryla.


– Père avait déjà prévu de t’envoyer voyager avec un dresseur. Termina Warlyok après avoir tourné la dernière page du livre. Je ne répondis pas tout de suite.


– Je me souviens de cette journée. Je dis un peu amusé, puis je regardai Ryla qui me sourit.


– Oui, tu n’arrêtais pas de pleurer. Dit-elle en se moquant.


– Néron n’arrêtait pas de me faire peur. Je répliquai, elle se mit à rire, puis moi aussi pendant un moment.


– Et maintenant ? Demanda Warlyok.


– Il a tellement de questions que je me pose. Je dis doucement. Ryla hocha la tête, d’accord avec moi. Juste quand je me levai, mon père franchit la porte de la bibliothèque. Jamais au monde, je ne pourrais pas me tromper avec son aura.


– Je vous dois beaucoup d’explications. Dit-il un peu gêné en descendant les marches. Personne ne répondit, puis il nous fit signe de nous assoir de nouveau à la table. Il s’installa à la place où se trouvait ma mère plutôt.


– Je voulais que vous compreniez mieux pourquoi je suis ici à Célesta. Comme votre mère l’a dit, j’ai eu beaucoup de difficultés à accepter… qui j’étais et quelle était l’étendue de mes pouvoirs.


– Je suis venu à Célesta pour mieux comprendre la voix de l’aura, mais aussi pour trouver des réponses que je cherchais. Il parlait doucement comme s’il ne voulait pas nous brusquer.


– La folie de Néron a touché beaucoup de personnes, il y a eu beaucoup d’enfants qui ont la voix de l’aura. Comme Léa m’a fait comprendre, beaucoup d’entre eux ont juste été manipulés par la folie de Néron, mais peuvent toujours faire de grandes choses en ce monde. Il marqua une pause.


– Je ne sais pas quoi ajouter, vous avez lu toutes mes pensées et mes décisions dans ce livre. Dit-il doucement avant de nous regarder.


– Tu crois… commença Ryla gênée. Tu crois qu’on trouvera une personne comme toi et maman ? Il sourit à la question, je portai ma main sur mon ventre en pensant à Alice.


– Le monde est vaste et nos vies longues, vous trouverez une partenaire ou un partenaire. Dit-il en regardant sa fille. Qui vous aimera et vous supportera comme Diana le fait pour moi.


- Dans peu de temps ou dans deux siècles, vous surmonterez vos craintes et trouverez de nouveau un partenaire qui voudra partager votre vie. Dit-il à mon intention, je ne voulais pas oublier Alice ! Je voulus me lever, mais je restai assis à ma chaise, comme paralysée. Il utilisait la voix de l’aura pour m’obliger à l’écouter !


– Tu crois qu’elle ou il pourrait devenir comme nous, comme mère ? Demanda doucement Warlyok au désespoir de voir quelqu’un qu’il aimait disparaitre. Sa question balaya d’un coup ma colère.


– Je ne vous mentirai pas, je n’en sais rien. Dit-il découragé. Votre mère avait soif de connaitre les secrets de l’aura. J'ai réalisé à Célesta que les pokémons qui côtoyaient des pokémons avec la voix de l’aura… changeaient.


– Changeaient ? Demanda Ryla intriguée. Mon père réfléchit quelques secondes avant de répondre.


– Dans le passé et maintenant, j'ai remarqué que ceux avec qui j’ai partagé mon don ont développé des… caractéristiques ou des talents que les autres n’avaient pas. Votre mère est un bon exemple ; elle n’est pas née avec la voix de l’aura, mais la possède maintenant.


– Tu parles de ton équipe avec qui tu as voyagé ? Demanda Warlyok.


– Oui. Répondit mon père.


– De quoi vous parlez ? Je réussis à dire, mon père toucha le premier volume du doigt.


– Mes compagnons pendant mon voyage avec Warlyok, mon dresseur, ont tous développé des capacités inhabituelles… pas exceptionnelles comme nous, mais assez pour se faire remarquer. Je secouai la tête pour lui dire que je ne comprenais pas.


– D’accord, prenez Jack Frost. Au tout début, il avait de la difficulté avec Vibraqua. Quand je lui ai montré l’aura qui nous entourait, il a été capable d’utiliser Vibraqua avec facilité. Puis, au fur et à mesure qu’il méditait avec moi ou que je lui montrais l’aura qui nous entourait, il devint plus fort. Ses sens se sont développés au point qu’il ressentait l’eau autour de nous comme s’il sentait l’aura pour nous.


– Evan devint plus fort que ceux de son espèce. Sparks raffina ses sens et développa sa technique de Reflet. Darkness utilisa l’aura pour se protéger alors que son espèce ne maitrisait pas l’aura normalement. Martel… elle retrouva assez d’énergie pour vivre plusieurs années de plus.


– Votre mère recherchait tellement à s’améliorer dans la maitrise de l’aura qu’elle transcenda ses aptitudes normales pour apprendre la voix de l’aura. J’ignore si ça sera le cas de votre partenaire, mais ça sera difficile.


Personne ne répondit, je ne savais pas quoi penser. Mon père venait de nous révéler toute sa vie et j’en comprenais une grande partie, mais il y avait certaines choses que je ne comprenais pas. Pourquoi me choisir pour lui succéder ? Depuis ma naissance, il le pensait, parce que j’avais la plus grande sensibilité pour l’aura ? En quoi ça faisait de moi un meilleur chef ?


Malgré tout… son histoire m’avait fait ouvrir les yeux sur certaines choses. Je ne pouvais pas vivre éternellement dans mon passé… Ben était mort… Alice disparut… je devais avancer pour eux. Comme les compagnons de mon père, je savais qu’ils ne voulaient pas me voir me torturer avec leur disparition… même si c’était difficile.


Warlyok lui posa des dizaines de questions sur sa vie, comment était son rôle de champion, comment était l’époque avant de venir à Célesta. Il lui demanda tout ce qu’il avait vu depuis la mort de Néron, les endroits qu’il avait visités. Mon père lui répondit avec fierté et amusement à ses questions. Quand Warlyok fut enfin satisfait, nous repartîmes tous de la bibliothèque sauf Warlyok qui retourna au travail.


Je me sentais étrangement moins tourmenté, je profitai plus de la vie et de la compagnie de Kévin pendant mes voyages. Cependant, il m’arrivait encore de penser à Benjamin et la douleur revenait toujours.


Les jours devinrent des semaines, puis les semaines des mois. Le temps filait si rapidement que je ne le voyais plus vraiment. Kévin m’apporta pour ma fête les deux sabres en bois. Il m’expliqua qu’il avait été discuté avec les parents de Ben pour les avoir. Je les plaçais au-dessus de la cheminée de ma chambre. Lorsque je me sentais mal, je m’installais devant pour repenser au bon moment avec lui.


Néron revint à Célesta avec Mary. Néron avait évolué et Mary était devenue une Jungko. À peine quelques mois après son arrivée, il y avait un enfant. Un Arcko mâle, mais il n’avait pas la voix de l’aura. Léa et Phaly, eux aussi un enfant, un Négapip mâle avec la voix de l’aura, Félix.


Après quelques années, Solène quitta Célesta et ce fut la dernière fois que je la vis. Les parents de Chloé eurent un quatrième enfant, un Farfuret mâle, mais il ne maitrisait pas la voix de l’aura. Il partit rapidement de Célesta pour vivre dans le lieu natal de sa mère et nous n’entendîmes plus parler de lui. Chloé perdit la vie pendant une opération des Gardiens de l’Aura. Elle protégea la vie d’une fillette humaine, mais sa blessure était trop grave.


Sous le conseil de ma mère, je trouvai une occupation de mes nuits ; la musique. J’appris à jouer de tous les instruments au monde, mais je préférais le piano. Kévin passa des heures à m’écouter jouer, quelquefois il passa presque la nuit complète à m’écouter avant de tomber de sommeil.


Un jour, Kévin se comportait bizarrement. Il était troublé par quelque chose et extrêmement distrait et perdu dans ses pensées.


– Quelque chose ne va pas ? Je lui demandais. Kévin ! Je lui dis plus fort pour le réveiller.


– Hmm ? Quoi ? Tu me parlais ? Dit-il distrait.


– Qu’est-ce qui t’arrive ? Il me regarda un instant avant de regarder l’horizon en haut de la tour ouest.


– J’ai croisé ma fille sur les docks. Dit-il troublé.


– Quoi ! Je lui dis content, mais je perdis rapidement ma bonne humeur en le voyant si perturbé.


– Elle était juste là. Dit-il en pointant quelque chose dans le vide perdu dans ses souvenirs. Elle était ravissante, je voulais aller la voir, lui parler, puis elle s'est tournée vers moi. J’étais pétrifié, dès que j’ai croisé son regard, j’ai compris qui elle était. Dit-il en tremblant des mains qu’il regardait.


- Je ne savais pas comment réagir, elle m’a regardé un moment puis m’a souri en me faisant un petit signe de la main avant de repartir avec son dresseur.


– Tu es certain que c’était elle ? Il hocha la tête.


– C’était comme si, au fond de moi, je savais qui elle était. Qu'elle était une part de moi et elle ressemblait à sa mère. Je crois qu’elle m’a reconnu, elle aussi. Moi, son père.


– Tu es allé lui parler ? Je lui demandai, il secoua la tête. Pourquoi ?


– Je l’ai abandonné avant même sa naissance, et si elle m’en voulait ? Qu’est-ce que je pourrais lui dire ? Dit-il terrifié.


– Si elle t’a reconnu et qu’elle t’en voulait, elle ne t’aurait pas souri. Il ne réagit pas, puis sourit.


– Elle était heureuse avec son dresseur, c’est tout ce qui compte. Dit-il avec espoir. À cet instant, il me faisait penser à mon père quand il parlait de nous.


- Elle était vraiment ravissante, comme sa mère.


Je continuai mes voyages avec Kévin, mais il semblait davantage fatigué qu’avant. Il me demandait de plus en plus de prendre des pauses pendant nos voyages. Un jour, il me dit qu’il ne pouvait plus voyager. Je ne compris pas sur le coup, mais je réalisai qu’il devenait vieux, contrairement à moi, son corps vieillissait. Son pelage avait grisonné et il avait perdu son énergie que j’aimais tant en lui.


– Comment ça, tu pars ! Je lui hurlai dessus, paniqué. Il refusa de me regarder. Regarde-moi !


– Je vais partir. Répéta-t-il doucement, dos à moi.


– Kévin ! Je le contournai pour le regarder, mais je me figeai sur place. Il était en train de pleurer. Il se tourna rapidement pour que je ne le voie pas.


– C’est mieux que je parte. Dit-il à désespérer.


– Pourquoi ? Je réussis à dire la gorge serrée. Kévin émit un gémissement.


– Arrête Isaac. Dit-il désespérer. Tu sais très bien pourquoi je dois partir. Il se tourna vers moi en colère.


– Kévin, j’ai besoin de toi. Je lui répliquai, sa colère disparut d’un coup, puis je sentis la nostalgie l’envahir.


– Tu ne changeras jamais… Il s’approcha de moi et je me penchai à sa hauteur. Je ne veux pas que tu souffres pour moi.


– Je ne veux pas que tu partes. Il prit une profonde inspiration.


– J’ai aimé chaque seconde passée avec toi, Isaac, mais c’est le temps de se séparer. Dit-il tristement, il ne voulait pas partir en réalité. Si j’utilisai la voix de l’aura, il resterait.


– Tu n’as pas intérêt à utiliser tes pouvoirs sur moi. Dit-il mécontent, je détournai la tête, je ne pouvais toujours pas lui cacher quelque chose. Il se blottit contre mon ventre.


– N’oublie pas ta promesse, ne reste pas seul. Adieux, Isaac. Dit-il avec compassion, il resta dans mes bras jusqu’à tant que je réponde.


– Adieu Kévin. Je dis à contrecœur, il me repoussa doucement avant de récupérer un petit sac de provisions. Il s'approcha d’un Alakazam qui le transporta loin de moi sans qu’il me regarde une dernière fois.


Kévin avait raison, c’était un peu plus facile de lui dire adieux comme ça que d’attendre qu’il meure à Célesta. Je retournai dans ma chambre doucement, j’étais seul maintenant, Kévin était parti… J'observai les deux lames en bois sur mon mur. J’avais si mal. Mon père rentra dans ma maison. Il s’approcha seulement de moi en se plaçant à côté de moi. Il me tira doucement la tête pour l’accoter contre lui.


Il ne me dit rien et je ne voulais pas qu’il me parle, je voulais juste sa présence. Il resta près de moi le reste de la nuit, jusqu’au moment où je m’endormis. Je me réveillai dans mon lit, mon père s'était assoupi près de moi. C’était la première fois que je le voyais dormir.


Félix chercha à me réconforter, je l’aimais bien, il avait l’énergie de l’aventure de son oncle. Toujours prêt à aider les autres et à foncer tête baissée dans la bagarre. Les années passèrent à une vitesse folle. Félix et moi, on devint de bons amis, puis quand sa mère partit, je l’aidais du mieux que je pouvais.


Néron eut un deuxième enfant, une Arko femelle, Isabelle, qui avait la voix de l’aura. Néron était très fier d’elle et elle partit même avec une dresseuse, puis, quand Mary décéda, Néron ne fut plus le même. Il était tellement triste que personne ne réussit à lui remonter le moral sauf sa fille, et depuis ce jour, il fut surprotecteur avec elle. Au point qu’il ne voulait plus la laisser seule un instant quand elle quittait Célesta. Étrangement, n’importe quelle personne normale aurait perdu patience, mais sa fille aimait la présence de son père et le laissait faire.


Le plus dur fut pour ma sœur, elle rencontra un Braségali qui faisait partie des Gardiens de l’aura. Ensemble, ils eurent quatre enfants, quatre jeunes Riolu mâles, mais aucun n’avait hérité de son don. Sentant la différence, ils partirent rapidement de Célesta pour explorer le monde et revinrent peu voir leurs parents. À la mort de son partenaire, Ryla était en colère et révoltée. Surtout contre notre mère ; elle lui reprochait de ne pas avoir réussi à faire connaitre la voix de l’aura au père de ses enfants.


Elle ne lui parla pas pendant des semaines, c’était vraiment triste. Warlyok lui ne trouva pas celle qui était faite pour lui. Il sortait uniquement pour la saison, puis ses relations ne duraient pas plus de quelques semaines. Je ne crois pas qu’il ait eu des enfants, du moins, aucun avec le don.


Célesta fut rénové, ou plutôt, modernisé, d'un bout à l'autre. Mur par mur fut remplacé par des matériaux plus solides et plus modernes, mais mon père voulut conserver l'apparence qu'elle avait. Ce fut un travail colossal et extrêmement long ; réseaux électriques et informatiques, réseau d'eau, chauffage et climatisation. Sans oublier les ascenseurs et les locaux d'artisans et de scientifiques.


Les différentes bibliothèques modernisées, sauf la bibliothèque principale où Warlyok travaillait. Surement par peur de détruire les protections de la pièce. Les cuisines et cafétéria, les salles d'entraînement, les locaux des Gardiens de l'Aura. Même les sous-sols avaient été complément rénovés et avaient de nouvelles installations. Célesta avait complètement changé.


Le monde allait de plus en plus mal, une faction fanatique qui se faisait appeler les libérateurs cherchait à convaincre les gens que les pokémons étaient dangereux et qu’ils devaient quitter nos villes. Aux tous débuts, ce n’était qu’un petit groupe que personne n’écoutait, mais après un siècle, leur présence inquiétait mon père. Après deux siècles, ils étaient devenus très dangereux pour l’équilibre entre pokémons et humains.


La situation devint critique quand plusieurs membres des Libérateurs devinrent les maires de grandes villes. Ils proposèrent une rencontre de tous les dirigeants du monde pour voter une loi contre les pokémons dans les villes. C’était une vraie catastrophe !


Mon père se rendit à cette assemblée, étant chef de Célesta, il avait le droit d’y participer. Aucun média ne supervisa l’événement, ils ne voulaient pas que le peuple se rebelle avec la décision qu’ils prendront, surtout s’ils entendaient le discours de mon père.


Tout le monde était réuni dans les salles d’entraînement et les cafétérias avec des téléviseurs en attendant le verdict. Quatre heures passèrent, il devait avoir plus de 70 % des votes pour prendre une ou l’autre des décisions. Mon père sortit le premier du bâtiment, à son expression de colère et de désespoir, je compris ce qu’ils avaient choisi. Il refusa de parler de ce qui s'était passé entre ces murs. Il dit simplement : ils sont trop apeurés pour comprendre que les pokémons et les humains doivent vivre ensemble, qu’un a besoin de l’autre.


Tous les pokémons durent quitter les villes, ce fut le début d’une profonde déchéance. Les humains devinrent agressifs envers les pokémons, surtout ceux qui s’infiltraient dans les villes. Les humains comme les pokémons qui transgressaient les nouvelles lois étaient sévèrement punis.


Évidemment, les Protecteurs, les arènes et tous les dresseurs furent dissous. Ceux qui voulaient toujours vivre avec leurs pokémons déménagèrent à Célesta, la seule ville qui refusa de se soumettre à ces lois abominables. Le pire n’était pas encore arrivé.


Les pokémons commencèrent à être irrités par la persécution des humains et leur peur envers les pokémons ne faisait que monter. Certains pokémons attaquèrent les voyageurs et les moyens de transport, ce qui ne fit qu’envenimer encore plus leur conflit. C’était épouvantable, rien n’allait plus, la tension était de plus en plus intense.


Seulement quinze ans avaient passé depuis les nouvelles lois que tout Célesta était en panique un matin. Je me précipitai dans le centre de contrôle pour voir ce qui se passait. Mon père poussa un cri de rage en frappant avec force la table près de lui, je regardai le téléviseur.


– La ville côtière de Fueru sur le continent Tyrel fut complètement balayée par une énorme vague. Cria le commendataire. Nous avons les images en direct de la ville.


Les images étaient prises par un drone qui survolait la ville. Toutes les rues et les plaines autour de la ville étaient recouvertes d’eau. La plupart des bâtiments étaient détruits par la force de la vague. La caméra zooma sur des personnes qui fuyaient la ville à la nage, mais ils se firent rattraper par des pokémons eau.


– Ce n’est pas croyable, des pokémons attaquent les survivants. En quelques secondes, les humains qui fuyaient furent exterminés par les pokémons. Le drone remit une vue d’ensemble sur la ville. De nombreuses explosions parcouraient la ville et tous les bâtiments tombèrent l’un après l’autre. C’était tout simplement affreux, la colère monta en moi.


– On part immédiatement ! Hurla Ryla avec force, je sentis à travers la voix de l’aura sa panique.


Mon père ne réagit pas. Je regardai le téléviseur, il n’avait déjà plus rien à sauver là-bas. Comme je le pensais, ma sœur ne trouva aucun survivant, ce qui lui donna un coup dur.


Une semaine plus tard, une autre ville côtière se fit détruire sans que personne réagisse. Mon père était au bord du désespoir. Il essayait de raisonner les humains, mais aussi les pokémons… sans succès. La troisième ville fut la ville de Coriche. Ryla fonça droit à Coriche pour secourir le plus de personnes possible. Elle arriva à temps cette fois pour aider plusieurs survivants, contrairement au nombre de personnes qui furent prises dans cette attaque.


Je ne pouvais plus supporter cette situation. Le lendemain de la troisième attaque, l’humanité déclara littéralement la guerre aux pokémons. Mise à mort à vue ! Qu’ils avaient déclaré !


Mon père s’enferma dans sa chambre avec ma mère. À part dans son livre, c’était la deuxième fois qu’il fermait sa porte. Je ne savais plus quoi faire, je marchais de long en large de Célesta quand je sentis la présence de mon père disparaitre d’un coup juste quand il sortit de sa chambre.

Intrigué de cet évènement, je me dépêchai de me rendre à l’entrée de Célesta. Je me doutai qu’il allait sortir de la ville. Je débouchai par un escalier du côté ouest où j’aperçus une personne enveloppée dans une cape bleu foncé. C’était mon père, je ne sentais pas sa présence. Il regarda de chaque côté puis fonça vers la sortie.

Il ne m’avait pas vue dans l’ombre des escaliers, je le suivis à distance dans la cour intérieure, puis il se dirigea vers le service de téléportation. Je me cachai entre des arbres et attendis qu’il parte pour m’approcher. J’attendis que le Kirlia réapparaisse pour lui parler.

– Où est parti mon père ? Je lui demandai avec autorité. Il fut surpris.

– Désolé, il m’a demandé de ne le dire à personne. Je grognai contre lui, ce qui lui fit peur. Il m’a ordonné de ne le dire à personne. Dit-il paniqué.

– Où est-il parti ? Je lui dis en menaçant. Il se secoua la tête et voulut partir, mais j’invoquai une lame d’aura pour le menacer.

– Tu vas me dire où il est parti. Je lui dis d’un ton menaçant en utilisant la voix de l’aura. Il se paralysa de peur puis hésita avant de me répondre.

– Il est parti à Millepied sur le continent de Goric. Sa ville natale ? Je pensai.

– Amène-moi là-bas. Je lui ordonnai à travers la voix de l’aura en faisant disparaitre ma lame.

– C’est une ville humaine. Répliqua-t-il paniqué, je lui lançai un regard mauvais en grognant, puis il accepta de me transporter.

Il faisait nuit sur ce continent. Le soleil était couché depuis un petit moment, je regardai autour de moi, je me trouvais aux limites de la ville. À quoi je pensais ! J’étais un pokémon et si quelqu’un me voyait ! Mon père avait apporté sa cape, ce n’était pas pour rien. Je m’avançai doucement dans la ville en évitant la route principale. J’aperçus une maison avec les lumières allumées. Je ne pouvais pas rentrer dans ce village sans me faire voir et je ne pouvais pas rester dans l’ombre, je devais rejoindre mon père !

Une idée explosa dans mon esprit, l’ombre. Je tendis mon bras gauche devant moi, puis j’activai mon armure des ténèbres. Je le voyais à peine dans la noirceur de la nuit. Avec mon armure, je pourrais traverser le village sans me faire voir. J’évitai les maisons encore éclairées, puis continuai à marcher. À quoi je pensais ? J’ignorais où était parti mon père. Je ne pouvais pas le chercher au hasard de la sorte.

Je gravis un petit pont au-dessus d’une rivière, je m’arrêtai au centre pour regarder autour de moi. C’était étrange de revenir dans un village d'humains alors qu’ils nous avaient tous chassés de leur territoire. Mes réflexions se brisèrent quand je vis une forme sombre tourner un coin. C’était mon père, je ne sentais pas la présence de cette forme. Je me dépêchai de la suivre pour ne pas la perdre de vue. Il suivit un chemin qui se transforma en chemin de terre avant de pénétrer dans une forêt.

La silhouette s’arrêta devant les premiers arbres puis rentra. Je la suivis en vitesse pour m’arrêter devant l’entrée de la forêt. Il y avait un chemin, puis un peu plus loin des marches en pierre. Je m’avançai dans le chemin en désactivant mon armure avant d’être complètement épuisé.

Je gravis doucement les marches…Millepied, la ville natale de mon père et ces marches me rappelaient quelque chose, mais je n’arrivai pas à mettre le doigt dessus. Le chemin serpentait dans la forêt, puis j’attends mon père parlé.

– Je t’en supplie, reviens à Célesta. Dit-il doucement.

– Non, je dois rester ici. Dit une voix mélodieuse, mais tristement. Je m’arrêtai sur les dernières marches, mon père discutait avec un Mew… non, c'était une femelle.

– Jasper et toi, vous êtes les derniers de votre espèce. Dit-il plus insistant. Jasper peut avoir des enfants, mais tu es la dernière Mew. Votre espèce va disparaître.

– Je te remercie de te soucier de moi, mais je ne peux pas partir, je dois protéger cet endroit.

– Sara, tu ….

– Lucas ! Dit-elle plus fort, elle se retourna vers moi. Nous avons de la visite. Mon père se tourna vers moi, surpris de me voir.

– Isaac, que fais-tu ici ? demanda-t-il doucement.

– Et toi ? Je lui répondis un peu en colère qu’il se soit échappé de Célesta sans avertir personne. Il ne répondit rien, mais il se tourna vers Sara. Elle m’observa en tournant autour de moi.

– Je suis contente de te revoir. Dit-elle amusée, je secouai la tête.

– Je vous ai déjà raconté ? Elle poussa un petit son amusé, puis son apparence changea et devint une Arcko. Je me rappelais ce pokémon, ce regard et ce bracelet qu’elle portait au bout de sa queue.

– Je vois que tu te souviens maintenant. Dit-elle amusée.

– Vous êtes le pokémon qui m’a aidé quand j’étais perdu. Je dis doucement.


Néron et Ryla m’avaient laissé en arrière et je m’étais perdu dans la forêt. Du moins, c’était ce que je pensais. C’était alors que cette Arcko était apparu et m’avait accompagné vers mon frère qui me cherchait.

– Vous êtes Sara, la sœur de Jasper. Elle reprit sa forme, initiale et me regarda.

– Oui.

– Sara. Continua mon père. La guerre est imminente, tu ne peux pas rester ici.

– Je ne laisserai pas quelqu’un détruire cet autel. Dit-elle mécontente. Mon père l’observa un moment avant de soupirer.

– Très bien… sois prudente, je n’aimerais pas annoncer à Jasper de tristes nouvelles. Dit-il doucement. Elle s’approcha de lui et lui toucha doucement la joue avant de partir dans la forêt. Mon père se tourna vers moi.

– Partons. Dit-il dans un murmure.

- Non ! Je lui répliquai. Qu’est-ce qui se passe exactement ? Pourquoi les humains nous détestent tant ! Pourquoi ils ont rejeté les pokémons ! Pourquoi tu es ici ! Qu’est-ce qui va arriver au monde ! Je criai contre lui dans tous mes états. Mon père me regarda un moment avant de me répondre.

– Ils ont peur de nous. Dit-il désespéré. Ils sont terrifiés par les pokémons, par l’inconnu et la puissance que nous, pokémons, possédons. Il s’avança devant l’autel.

– Tu as remarqué cette atmosphère, si calme et si paisible. Je regardai autour de moi, il avait raison. Il n’avait pas un son, l’air vibrait de douceur et de calme.

– Sara a construit cet autel en mémoire de nombreuses vies disparues, humaines et pokémons, durant la Grande Guerre. Elle avait utilisé le cri de l’aura, mais elle fut la seule à survivre… Ce que j’ai compris, c'est qu’il avait un humain avec elle, mais il avait sacrifié son énergie quand elle avait utilisé le cri de l’aura.

– Depuis, elle vit ici… seule. Quand ta sœur est née, j’ai réussi à la convaincre de venir vivre à Célesta avec son frère et sa famille. Cependant, la guerre est déclarée.

– La guerre entre les pokémons et les humains. Je dis terrifié par l’idée. Mon père hocha simplement la tête.

– Rien de bon ne sortira de cette guerre… autant pour les humains que pour les pokémons.

– Qu’est-ce qu’on peut faire ? Je lui demandai avec espoir.

– Rien. Répondit-il découragé. N’y l’un, n’y l’autre, veulent m’écouter ou ouvrir les yeux sur ce qui arrive. Les humains ont besoin des pokémons autant que les pokémons ont besoin des humains.

Il me fit signe d’approcher, puis nous repartîmes à Célesta. La guerre avait commencé et rien n’allait l’arrêter, sauf la destruction d’un ou de l’autre. Célesta me parut pour la première fois extrêmement silencieuse et une tension y régnait. Qu’est-ce qu’il allait arriver à ce monde ? Seule la question me glaça le sang de terreur, je savais déjà au fond de moi comment tout cela allait finir.

La guerre des espèces avait commencé.