Recueil Team Rocket de Comité de lecture

PARTY ROCK
ETERNITY

(n.d.a. Ce O-S n’est pas vraiment une song fic, je trouvais juste le titre et le personnage cool…
Mais allez écouter PARTY ROCK ETERNITY, cette musique est trop chouette. Vraiment.)

Un cri retentit, comme une chanson solitaire hurlée dans le vide. Il transperça le calme de la nuit qui tombait sur Azuria. Un appel à l'aide et à la passion que seule une jeune âme peut exprimer.
Et en bas des escaliers, un autre cri répondit, bien plus agacé.
« Melody, baisse d'un ton, s'il te plaît. Les voisins vont encore se plaindre !
- Désolée Mamie…
- Et viens m'aider à mettre la table !
- Oui… »
La jeune fille descendit et s'exécuta à contrecœur, tout en mâchant sa sucette pour passer ses nerfs. Ceci fut, malheureusement, remarqué par sa grand-mère.
« Qu'est-ce que j'ai dit à propos des sucreries ?
- Quoi ? C'est les miennes.
- Oui, mais j'ai dit pas de bonbons avant de manger ! Sinon tu vas prendre trop de sucre et pas assez de muscle ! Et ce n'est pas ce que tu veux, n'est-ce pas ?
- Ouais, ouais. »

Elle roula des yeux, mais remit la sucette dans son emballage et la fourra dans sa poche.
« Tu ne devrais pas crier comme ça… Je suis inquiète et c'est mauvais pour mon petit cœur, tu sais ? En plus, tu vas faire mal à ta jolie voix.
- Je criais pas, je chantais…juste un peu fort, tu vois ? Et puis, tu crois pas que je devrais utiliser ma "jolie voix" ?
- Toi alors… Toujours à vouloir avoir le dernier mot…
- Allez, Mamie !
- Tu t'arrêtes pour ce soir, n'est-ce pas ? Tu dois être en forme pour demain…
- Demain… d'accord. Je te promets de ne pas faire de bruit ce soir. Parce que tu as raison, j'ai besoin de ma voix pour le concert !
- Ce n'est pourtant pas toi sur scène…?
- Les concerts ne sont pas marrants si le public ne chante pas ! Tu connais rien de rien…
- Parle un peu mieux à tes aînés, jeune fille ! »

Melody se hâta de finir ses corvées et remonta à sa chambre aussitôt le repas fut fini. Du tiroir de sa commode, elle sortit une enveloppe. Celle-ci contenait un billet d’aller-retour à bord du Train Magnétique et un ticket de concert. C’était son cadeau pour son seizième anniversaire, le seul qu’elle avait demandé. Son impatience ne cessait d’augmenter.

Elle soupira en s’effondrant dans son lit. Ses grands-parents étaient des personnes sympathiques et honnêtes, mais depuis les années qu’elle habitait chez eux, elle n’avait pas réussi à s’acclimater à leur manière de vivre. Quand elle vivait encore avec son père, il ne lui refusait jamais rien, elle était sa chouchoute, sa princesse. Le seul souvenir de lui qui restait dans cette maison était une vieille photo de famille datant de sa toute petite enfance. Alors qu’ils avaient déshérité leur fils, les grands-parents de Melody lui disaient souvent qu’elle lui ressemblait. Ils partageaient les même cheveux bleu clair et leurs yeux azur perçant.

La jeune fille tendit la main vers le fond du tiroir et attrapa un morceau de papier froissé, une page de journal. Avec précaution, elle le déplia. À la une, les photos de l’arrestation des membres les plus haut-placés de la Team Rocket après leur assaut sur la Tour Radio de Doublonville, l’opération ayant échoué à rassembler l’ensemble de leurs membres, et surtout à convaincre leur boss de reprendre la tête de l’organisation. Giovanni, le fondateur, n’était jamais revenu.

Durant des jours et des nuits, elle s’était demandé ce que cela signifiait pour elle. Tous ses privilèges étaient dus aux actions criminelles de la Team Rocket. Même si, au début, elle avait détesté ceux qui avaient mis son père dans une telle situation, elle devait admettre qu'ils avaient fait ce qui leur semblait juste. Elle avait songé à essayer de vivre une vie plus simple, moins exubérante. Mais finalement, son ancien train de vie lui manquait terriblement. Et ce simple cadeau d'anniversaire avait déjà été beaucoup demander à ses gardiens. Elle rangea ses affaires, éteignit la lumière et se coucha. Les yeux fermés et avec une grande respiration, elle se concentra sur le lendemain. Oui, elle avait choisi quelle était la vie qu’elle désirait depuis bien longtemps. Elle devait être honnête avec elle-même. Demain serait un nouveau jour.



Le lendemain arriva, et avec lui, une excitation qu’elle peinait à contenir. Le matin, elle faisait les cent pas dans sa chambre, vérifiant périodiquement qu'elle n'avait rien oublié dans son sac. Ses Poké-Balls ? Son billet de train ? Celui du concert ? Sa tenue du soir ? Ce CD avec lequel elle avait tant répété ? Tout y était. En début d'après-midi, son grand-père l’emmena à Safrania dans sa vieille voiture poussiéreuse. Pendant tout le trajet et en attendant sur le quai de la gare, il lui inculqua sans s'arrêter les mesures de sécurité nécessaires pour qu'elle ne se mette pas en danger. Elle acquiesça à tout ce qu'il disait, puis lui fit un dernier signe d'adieu avant de monter dans le train.

Le paysage défilait si vite à travers les fenêtres qu’il en devenait impossible à discerner. Melody s’occupait en mangeant des bonbons à sucer. Elle avait réglé son Pokématos - loin d'être le dernier modèle, mais le dernier que son père lui avait acheté - sur la station Johtonienne de la Chronique Pokémon et avait branché son casque. Elle ne tarda pas à la capter. La douce présentatrice, Lula, annonça l'invité spécial de l'après-midi, un certain Silver. Melody se mordit la lèvre. Elle connaissait bien ce nom. Le fils de Giovanni, qu’elle avait croisé quelque fois, au détour d’une réunion secrète. Il avait disparu avec son père au moment de la dissolution de la Team Rocket, puis les avait combattus lorsqu’ils avaient tenté de se reformer, trois ans plus tard. Les rumeurs racontaient qu'il n'était pas apprécié à l'époque en raison de sa mauvaise attitude, mais avec le temps, les gens s'étaient montrés compréhensifs à son égard et avaient reconnu le courage qu'il fallait pour s'opposer ainsi à son passé. À présent, il continuait à traquer les dernières poches de résistance.
Après avoir décrit ces exploits, Lula poursuivit :
« Merci d’être notre invité pour cette édition spéciale. En effet, aujourd’hui, cela fait exactement dix ans que Giovanni a prononcé la dissolution de la Team Rocket suite à sa défaite face à la légende vivante elle-même, Red. Cependant, cela n’a pas marqué la fin des activités de l’organisation, car depuis, de nombreuses personnes ont tenté de reformer la Team Rocket, et leur fondateur est, à notre connaissance, toujours en fuite.
- Oui, c’est bien ça.
- Et à l’occasion de cet anniversaire, nous allons revenir sur l’histoire de cette organisation criminelle hors du commun, comment elle a réussi à tant monter en pouvoir à Kanto, les conditions qui ont mené à sa fin, mais également son état actuel, et les signes auxquels les citoyens doivent être attentifs pour éviter qu’une nouvelle organisation comme celle-ci se remette en place.
- En effet, ce problème n’est pas présent qu’à Kanto et Johto. On a souvent entendu parler de teams agissant dans différentes régions, et si jusqu’à présent, elles ont toujours été arrêtées après une forte période d’activité, nous ne sommes jamais à l’abri qu’une nouvelle se forme, et qu’elle soit suffisamment puissante pour se défendre même face aux plus puissants adversaires… C’est pour ça qu’il faut faire attention aux signes avant-coureurs.
- Tout un programme, en effet. Commençons alors par... »
L’émission fut coupée dans son élan par l’annonce de l’arrivée en gare du train.

Melody sauta hors du wagon et entra dans la ville. Elle sourit pour elle-même. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pu passer du temps dans une si grande ville. Doublonville n'était pas aussi grande que Safrania, mais elle semblait charmante. Elle jeta un coup d'œil à une carte interactive de la ville sur un panneau d'affichage. Il y a tant de choses à faire dans un endroit comme celui-ci. Si elle en avait les moyens, elle irait faire du shopping dans le centre commercial comme elle le faisait à Céladopole, ou peut-être "mettre quelques pièces dans la machine qui brille" comme elle disait petite quand son père l'emmenait au casino. Elle fronça les sourcils. Non, si elle essayait d'y aller, elle serait probablement mise à la porte parce qu'elle n'était pas en âge. En y portant plus d'attention, elle se rendit compte que l'avenue principale était bloquée et que les gens étaient encouragés à emprunter les Souterrains pour aller du nord au sud et vice-versa. C'était là que le concert allait avoir lieu, elle en état certaine.

Mais avant que cette nuit de rêve n’arrive, elle devait d'abord rencontrer quelqu'un. Elle se rendit aux Souterrains. C'était une galerie marchande respectable, avec des gens qui proposaient leurs services de coiffure pour Pokémon, ou bien qui vendaient différentes marchandises inhabituelles. Mais comme dans la ville d'en haut, c'est quand on commence à chercher dans les petites ruelles qu'on peut trouver des choses intéressantes. Au détour d’un couloir peu fréquenté, elle trouva une série de portes d’entrepôt numérotée. Elle les longea, jetant des coups d’œil en arrière, jusqu’à trouver celle qu’elle cherchait. Elle frappa à la porte. Pendant de longues secondes, elle attendit, entendant le grondement à l'intérieur, puis quelqu'un sortit enfin. C'était un jeune homme, pas plus âgé qu'une vingtaine d'années, aux longs cheveux bleu nuit lui tombant autour d’un visage marqué de cicatrices. Une voix derrière lui cria :
« C'est une salle privatisée ! »
Ce à quoi l'homme secoua la tête avec un rictus.
« Ne vous en faites pas, les gars. C'est une invitée. »

Melody entra dans la pièce. Il n'y avait que cinq personnes, toutes habillées de façon plus punk les unes que les autres, affairées à entretenir leurs instruments de musique. Ils s’interrompirent pour la fixer du regard.
« Eh bien tout le monde, je vous présente Melody, qui va faire partie de notre spectacle… unique en son genre de ce soir.
- C'est en attendre beaucoup de moi…
- Eh bien, c'est toi qui as eu cette idée.
- Vrai. Je vais y arriver ! »
Celui qui s'était présenté à la porte avait une aura de chef de la troupe. Il continua :
« Bon, on s'est un peu parlé par message, mais une présentation en bonne et due forme ne fait pas de mal. Je m'appelle Mickael. Voici Kayla à la batterie, Ren à la guitare, Liam à la basse et Lana au clavier. Et bien sûr, je suis le chanteur principal du groupe.
- Ravie de vous rencontrer tous.
- Je voudrais te dire quelque chose » dit la dénommée Kayla. « Nous étions tous ensemble avant que tu nous contactes avec ton petit plan. PARTY ROCK ETERNITY, c'est le groupe que nous avons créé à la sueur de notre front, avec nos larmes et notre sang, et on n'a pas l'intention de s'arrêter en si bon chemin. Et même si on partage tes idées, si ça ne marche pas ton truc, on va pas se mettre en quatre juste pour ton petit plaisir. Compris ?
- Clair comme de l’eau de roche. »

Mickael lui fit signe de venir et lui indiqua le fond de la pièce, où se trouvait un vestiaire improvisé. Melody le remercia et alla se changer. Pour toute intimité, elle ne disposait que d'un rideau et d'un paravent, mais c'était suffisant. Elle déballa son sac. Soudain, tout était devenu tellement réel. Elle ne rêvait pas, elle n'en parlait pas par message interposé. C'était réel, après tous les obstacles, les doutes et les décisions, elle était là où ses choix l'avaient menée. Elle ricana en se regardant dans le miroir. Oh, combien ses grands-parents auraient méprisé de la voir dans cette tenue. Ses bottes de cuir lui montaient jusqu'aux genoux, mais sa robe était courte, très courte et elle y avait fait des entailles qui laissaient entrevoir sa peau dans des zones provocantes. Elle se tenait au chaud avec une veste blanche pelucheuse, arborant des symboles de poison sur les manches pour une touche rebelle. Elle attacha ses cheveux en longues couettes et les coiffa d'une casquette. Si ce n'était que cela, peut-être que ses aînés auraient juste peur d'une mauvaise phase. La goutte d’eau qui pourrait bien faire déborder le vase, c'était le grand "R" rose vif en gras qui trônait fièrement sur la poitrine de la jeune femme.
« Papa… je viens pour faire ce que tu n'as jamais pu faire. »


Elle sortit de sa cachette, montrant sa nouvelle tenue.
« Voilà qui est bien mieux ! Alors, maintenant, c'est quoi le plan ? »
Mickael ricana.
« C'est super, la mini-boss. Eh bien, tout le réseau de petites poches de ce qui reste de la Team Rocket sait que nous avons besoin d'aide ici… Ils n'ont qu'un ordre : attendre le signal et prendre d'assaut la Tour Radio.
- Et c’est quoi le signal ?
- La coupure.
- La coupure ?
- Tu sais… ça serait dommage qu'on pousse un peu trop sur la consommation d'énergie pendant le concert et que ça coupe l'électricité d'une partie de la ville.
- Pigé. Et moi, qu'est-ce que je fais ?
- Eh bien, tu n'as pas dit que tu voulais envoyer un message ? Comme ton père a essayé, en vain ?
- Ouais…
- Les sbires sont juste là pour faire diversion. Il y a des escaliers de secours derrière la tour, généralement surveillés par des caméras de sécurité. Mais si l'électricité est coupée, tu devrais pouvoir entrer. Trouve ton chemin jusqu'à la station de transmission d'urgence, celle-ci coupe toutes les autres si tu l'utilises. Ensuite, quand le courant sera rétabli, la scène sera à toi… Pour ce qui est du plan d'évasion, je te laisse jusqu'au début de la mission pour y réfléchir par toi-même. »

Melody réfléchit un instant, réalisant l’ampleur et l’importance de sa tâche.
« Une fois que j'ai fait mon coup, je suis toute seule…
- T'as un peu besoin de faire tes preuves, baby.
- Je vais te montrer ! Tu ne sais pas à qui tu parles !
- Oh, si, je le sais. C'est pour ça que je suis dubitatif. Impressionne-moi.
- Je vais tous vous impressionner ! »

Mickael roula des yeux, Mi-amusé, mi-expaspéré par le tempérament de la jeune fille. Il ordonna aux membre de sa bande de se préparer à sortir et rappela à Melody avant de partir :
« Tu peux vaquer à tes occupations ici comme tu veux. Personne d’autre n’a le droit de rentrer ici de toute façon. J’espère pour toi que tu vas faire des étincelles ce soir. »
Il claqua la porte, laissant la Boss-en-devenir de la Team Rocket seule avec ses pensées.

Melody faisait les cent pas dans la salle de stockage, se mordillant le pouce. Elle avait besoin d'un plan, d'une échappatoire. Entrer était déjà une épreuve, et elle allait bénéficier de conditions favorables. Mais une fois qu'elle aurait accompli sa tâche, elle aurait la sécurité et la police à ses trousses, sans pouvoir s'échapper. Sans parler d'un certain dresseur d'élite qui avait une dent contre la Team Rocket.
Elle s'arrêta net. Finalement, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à lui. Elle croqua dans une sucette. Non, elle ne pouvait pas laisser le passé l'arrêter. C'est lui qui devait se rendre compte d’à quel point il avait eu tort de renier son héritage. Elle s’effondra sur une chaise avec un soupir. Au fond d'elle-même, les paroles du chef de Party Rock Eternity étaient une possibilité terrifiante. Et si, comme son père, elle parvenait à s'emparer de la tour, pour ensuite être remise à sa place, sans aucun avenir en vue ?
Non. Non, elle n'allait pas échouer. Elle ne pouvait pas échouer. Quoi qu'il en coûte, elle devait réussir. Et si elle ne pouvait compter que sur sa seule force, alors il en serait ainsi.


La nuit était tombée et la lumière des projecteurs du concert étaient visibles partout à Doublonville, y compris dans la ruelle derrière la tour de radio. Melody tapotait du pied avec impatience. Des gardes faisaient leur ronde, l'obligeant à rester cachée jusqu'à ce que le signal soit envoyé. Malgré tout, elle espérait qu'ils s'écarteraient du chemin le moment venu.
Elle s'arrêta de bouger. Elle avait entendu des bruits de pas qui se rapprochaient. Quelqu'un arrivait. Elle resta immobile, croisant les doigts pour que ce soit suffisant pour que cette personne ne regarde pas dans sa direction. Soudain, le noir. Elle manqua de sursauter. C’était le moment ! Mais à son grand désespoir, les gardes sortirent leur lampes torche dès que la coupure se déclara. Dans un mouvement de panique, celui qui s’était rapproché d’elle s’était retourné, puis éloigné. Son champ d’action se libérait. Elle observa les lieux. Certains agents de sécurité étaient rentrés dans le bâtiment, d’autres s’étaient regroupés pour discuter de la marche à suivre. Melody se mordit la lèvre. Une ouverture, il lui fallait juste une ouverture. Ses yeux s’illuminèrent quand elle aperçut un garde communiquer via talkie-walkie, son visage montrant de plus en plus la panique. Il s’exclama :
« On a besoin de nous à l’avant. Toi, et toi là. Vous gardez les escalier de secours.
- Mais chef, les gens vont devoir sortir…
- Je sais, vous pouvez laisser les gens sortir, mais ne laissez personne entrer !
- Chef, qu’est-ce qu’il se passe ?
- Des gens sont en train de profiter de la panne de courant pour entrer par effraction dans les studios. Allez, on y va !
- Chef, oui chef ! »

Melody jubila. Plus que deux à éliminer avant de pouvoir passer. Elle devait s’y prendre stratégiquement pour ne pas tirer encore plus la sonnette d’alarme. Elle laissa une de ses Poké-Ball rouler au sol. En un clic et un flash de lumière, le Pokémon se libéra. Les gardes, pris de surprise, se précipitèrent vers la source de l’incident.
« Qui va là ?! Seul le personnel est autorisé ici ! »
Ils braquèrent leur lampes torches dans le recoin, mis la lumière se dispersa dans un voile d’obscurité. Dans le noir, ils virent deux yeux rouges et un sourire mesquin briller. Ils n’eurent le temps que d’entendre une voix murmurer « Hypnose… » avant de s’effondrer au sol.
La jeune fille éclata de rire.
« Mais quels idiots ! »
Elle regarda derrière elle.
« Bien joué Ectoplasma ! Allez, viens par là, on a une bandes d’autres vilains à endormir. »
Son Pokémon lui fit un vague signe de la main, tout en grognant. La dresseuse gonfla des joues, bien trop habituée à ce genre de comportement de sa part. Elle sortit de son sac une barre de chocolat, la déballa et la laissa tomber à côté de son Pokémon qui n’en fit qu’une bouchée.
« Si t’en veux plus, il va falloir que tu soit réactif quand j’aurai besoin de toi… Allez, tu peux retourner faire dodo dans ta Ball. »
Ectoplasma ne se fit pas dire deux fois et disparut aussi vite qu’il était apparu. Sa dresseuse soupira, se demandant pourquoi elle avait voulu de ce gros balourd de Pokémon dans son équipe. Elle secoua la tête. Certes il n’était pas le Pokémon le plus simple à gérer, mais il avait aussi de nombreux atouts pour lui. Et surtout, étant le premier Pokémon qu’elle avait capturé, il était aussi le plus fort…
Melody eut un pincement au cœur en repensant à la première fois qu’elle l’avait rencontré. Elle était partie dans une escapade secrète de nuit, pour tester l’un des « jouets » qu’elle avait gardé de son père. Un Scope Sylphe permettant de voir les fantômes qui se cachent. Elle avait entendu les rumeurs sur les Pokémon Spectre qui pullulaient à Lavanville autrefois, mais, coincée dans sa petite maison d’Azuria, elle ne pouvait pas s’y rendre. Choisissant un lieu plus accessible, elle s’était rendue dans le passage souterrain qui passait sous Safrania du nord au sud jusqu’à Carmin-sur-Mer. Elle espérait trouver des esprits farceurs, et ça n’avait pas manqué. Un Spectrum l’avait attaquée, lui faisant perdre tous ses repaires. Elle avait cru voir les échappatoires du tunnel s’étendre à l’infini, l’empêchant pour toujours de sortir de cet endroit. Son coup de chance avait été de réussir à le soudoyer avec les friandises qu’elle portait en permanence avec elle. Elle avait fini par prendre note que le Pokémon, farceur et flemmard, avait un goût particulier pour le chocolat et veillait à toujours en avoir sur elle au cas où il aurait besoin d’un coup de motivation.

L’agitation de l’autre côté de la Tour Radio rappela Melody à la réalité. Elle ramassa en vitesse la Poké-Ball et fila dans les escaliers de secours avant d’être repérée. Les échafaudages métalliques résonnaient sous chacun de ses pas et elle n’avait pour repaire que les loupiotes vertes des sorties de secours. C’est alors qu’elle se rendit compte d’un imprévu. Avec l’assaut des sbires par l’avant, certains employés tentaient de fuir par l’arrière. Si sa simple présence était déjà suspecte, le fait de remonter vers le haut plutôt que de fuir l’était encore plus. Retenant un juron, elle s’arrêta sur un palier et se faufila à l’intérieur. Il ne lui restait plus qu'à attendre que la vague de gens descendant à l'extérieur soit passée.
La lumière se ralluma faiblement. Melody sursauta. C’était bien trop tôt. Elle se retourna vers la porte vitrée. Le reste de la ville était toujours plongé dans l'obscurité.
La réalisation la frappa : un générateur de secours. La tour devait en avoir un en cas de panne. Il fallait qu'elle monte, et vite. Et pour ça, elle avait besoin de ces personnes en dehors de ses escaliers. Les rouages s'enclenchèrent dans sa tête. Une idée se forma dans son esprit. Une idée dangereuse puisqu’elle risquait d’entrer en contradiction avec l’assaut massif de la tour en parallèle. Mais si elle ne parvenait pas au sommet, tous ces efforts n’auraient servi à rien.

Elle prit une grande respiration et s’accroupit au sol. Les mots d’un homme à la mine patibulaire, ne cessant recoiffer dans ses cheveux violets comme si à tout moment il allait paraître devant un public, lui revinrent en tête.
« Ces bestioles, c’est merveilleux. Ça pue, ça met des détritus partout et en cas de danger, ça explose. Personne va s’approcher d’eux, c’est parfait pour distraire. Et je vais t’apprendre un truc gamine. Lorsqu’ils lâchent des Gaz Toxik, c’est lourd, ça reste par terre. Tu peux rester en hauteur, et admirer le carnage. Mais si jamais t’as besoin t’enfumer quelqu’un au dessus... »
Là voilà, sa solution. Elle fit rouler l’un de ses Poké-Ball d’où s’échappa un Pokémon dans une brume opaque de gaz.
« Smogogo... » murmura-t-elle, surveillant encore la sortie. « J’ai besoin que tu fasses Purédpois. Un max de Purédpois. »
Le Pokémon fit jaillir de ses orifices un brouillard noir qui s’éleva jusqu’au plafond, comme une épaisse fumée de flamme. Une odeur de brûlé lui pinça le nez. À ce moment-là, elle savait que sa stratégie allait aboutir. Quelques secondes plus tard, l’alarme incendie se déclencha. Melody fit signe à Smogogo de se diriger de l’autre côté de l’étage, vers les escaliers intérieurs. Si elle ne pouvait pas passer par l’extérieur, elle forcerait son chemin par l’intérieur, dissimulée par le brouillard de son Pokémon et le passage libéré par la double panique de l’attaque et du supposé incendie.


Elle s’engouffra dans le passage vers l’étage supérieur. Sur ses gardes, elle vérifiait à chaque passage de ne pas être repérée. Le personnel avait renoncé à utiliser les sorties usuelles et se précipitait vers celles de secours. Les attaquants étaient plus dispersés, certains fuyant vers les étages inférieurs par peur de la fumée, d'autres avançant malgré les dangers. L'étage suivant présentait un embranchement. Elle devait franchir une porte verrouillée par une clé magnétique, et maintenant que l'électricité était revenue, elle avait raté son opportunité. Et elle avait fait fuir tous ceux qui avaient un pass. Elle n'avait pas connaissance d'un autre moyen de désactiver les portes, mais s'il en existait un, sa meilleure chance était le bureau du directeur, au sommet du bâtiment.

Elle grimpa les escaliers en toute vitesse. Arrivée au dernier étage, elle s’apprêtait à forcer la porte quand elle entendit un bruit. Une voix. Quelqu'un était resté dans le bureau. Elle se calma pour écouter et identifier s'il s'agissait d'un ennemi ou d'un allié. C'était la voix d'un vieil homme, paniquée.
« Oui, oui, je ne sors pas de cette pièce... Mais il y a le feu quelque part... Non, je préférerais ne pas avoir à faire face à ces criminels à nouveau... par hélicoptère, vous dites ? »
Melody en était sûre, c'était le directeur. C'était donc une occasion à ne pas manquer. Elle demanda l'aide d'un autre de ses Pokémon. Un magnifique Corboss au plumage sombre comme la nuit apparut. Elle plaça son doigt devant sa bouche dès qu'il l'aperçut. Elle fit un signe autour de son oreille, puis vers la porte. Ce Pokémon avait reçu un entraînement pour une compétence très spéciale. Elle savait que ce même type avec le Smogo avait utilisé l'aide d'un Cornèbre pour l'assister dans une partie défaillante de sa routine de déguisement, par ailleurs impressionnante. La personne qui avait entraîné ce Pokémon était un autre haut gradé de la Team Rocket, qui avait tendance à être le plus proche de ses sbires. Elle avait entraîné son propre Pokémon en suivant cette voie, bien qu'elle ait fait l'erreur de le faire évoluer, le forçant à revenir sur une grande partie de ses progrès.

« J'ai peur pour mes employés… Ils ne sont pas retenus en otage ? … C'est bien, c'est bien… Bien sûr, je préférerais que vous les fassiez tous arrêter... Oui je comprends, protéger les gens passe avant tout... Je n'arrive pas à croire que l'événement d'il y a sept ans soit en train de se reproduire… Pardon ? … Non, je ne pense pas qu'ils avaient un chef… Juste une bande de voyous qui veulent vivre une gloire passée… Bien sûr, je serai prudent… Non, personne n'est encore arrivé en haut, mais il y a beaucoup de bruit, je pense qu'ils se rapprochent… J'ai cru entendre quelqu'un, mais il ne s'est rien passé… Oui, bien sûr, j'ai verrouillé ma porte… Attendez, qu'est-ce que vous voulez dire, l'hélicoptère ne peut pas s'approcher ?… attaqué par les airs ? … c'est inquiétant... Je vais attendre, je vais attendre, mais s'il vous plaît, venez vite… Silver, vous dites ?… Heureusement qu'il est ici aujourd'hui… Oui, j'ai confiance en ce garçon pour se battre et me rejoindre… Je vais l'attendre, ne vous en faites pas… Que je reste en ligne ?… Oui, oui, bien sûr… Je serai en alerte. »

Melody serra les dents. Évidemment que Silver n’allait pas rester inactif en voyant l’assaut. Elle devait espérer qu’il soit suffisamment ralenti par la masse de sbire pour qu’elle puisse l’éviter. Elle n’était pas certaine de faire le poids s’ils devaient s’affronter. Son Pokémon croassa doucement, avant d’articuler : « Silver ? » avec une imitation impressionnante du jeune homme. La dresseuse grinça des dents. Son obsession pour Silver revenait pour lui porter chance. Elle s’éloigna de la porte et se pencha vers son Pokémon.
« Monsieur le directeur, je viens vous aider. »
Le Corboss retourna près du bureau à répéta la phrase, toujours en imitant la voix du jeune homme.
« Silver, c’est vous ?
- Je viens vous aider, je viens vous aider.
- J’arrive. »
Melody se tendit prête à jeter une Poké-Ball. Le déclic de la poignée résonna. La porte s’ouvrit en grand. Avant même que le directeur n’ait pu réagir, il avait reçu un projectile dans l’estomac. La Poké-Ball jetée s’ouvrit et en un instant, le vieil homme se fit enrouler par un Arbok. Le souffle coupé et la bouche recouverte, il ne put appeler à l’aide. La dresseuse s’approche sur combiné qui était resté pendant.
« Silver est déjà arrivé, Monsieur ? »
Melody fit signe à son Corvaillus de s’approcher, puis pointa du doigt leur prisonnier. Avec un sourire, elle affirma, couvrant le micro.
« Je vais très bien, le garçon a été efficace. Pas besoin d’envoyer plus d’aide. »
Puis elle plaça le téléphone devant le bec de son Pokémon, et avec une voix vaguement similaire à celle du directeur, il répéta :
« Je vais très bien, le garçon a été efficace. Pas besoin d’envoyer plus d’aide. »
Elle raccrocha et regarda le directeur qui tentait désespérément de se débattre. Un sentiment d'exaltation s'empara d'elle. Elle tenait la vie de cet homme dans sa main. Elle était vraiment une force contre laquelle il fallait lutter. Elle ferma les yeux. Non, c'était faux, sa mission n'était pas encore terminée. Avec un ton doucereux, elle s’adressa à son Arbok :
« Relâche le Monsieur… mais fais-lui ton joli Regard Médusant avant. »
Le directeur s’effondra au sol, incapable de bouger. Melody s’approcha. Elle essayait de capter l'énergie d'une femme qu'elle admirait. La femme la plus haut placée de l'histoire de la Team Rocket. Certains disaient qu'elle était plus proche de Giovanni qu'une simple relation professionnelle. Melody ne se souciait pas des ragots, tout ce qui l'intéressait, c'était qu'elle était son modèle et qu'elle voulait suivre ses traces.

Elle toisa le pauvre homme à terre tout en caressant le cou de son Arbok.
« Bah alors, ça retient pas ses leçons ? Moi, je vais prendre ça… »
Elle tira de la poche de sa veste la carte magnétique dont elle avait besoin, puis d’un pas traînant, elle s’approcha du bureau pour récupérer les clés de la pièce. Elle attrapa le téléphone et le lança à son Pokémon. Celui-ci n’en fit qu’une bouchée, sectionnant le fil. Elle se retourna ensuite et passa la porte avec un clin d’œil.
« J’ai entendu que vous aimiez bien votre bureau, vous serez pas embêté en y restant prisonnier. »
Elle rappela ses Pokémon, claqua la porte et la ferma à double tours. S’y adossant, elle laissa échapper un soupir de soulagement nerveux. Pourtant, elle n’avait pas de temps à perdre. Si elle se reposait trop, elle se ferait rattraper. Le passage qu’elle avait vu plus tôt était le seul accès à la deuxième moitié de la tour, si par malheur elle se faisait intercepter avant de l’atteindre, c’en était fini d’elle.

Elle se précipita dans les escaliers, croisant au passage de nombreux sbires. Des bruits de batailles acharnées résonnaient en bas. Melody poussa un soupir. Il fallait qu'elle descende encore un étage. Au bout de l'escalier, elle découvrit une salle devenue une véritable zone de guerre. Plusieurs personnes s'acharnaient contre une seule. En voyant, au milieu un flou, des cheveux rouges et une tenue sombre, elle sut de qui il s'agissait, et qu'elle ne pouvait pas se permettre de se joindre à ce combat.
Les bureaux dispersés de partout constituaient une bonne couverture. La sortie par laquelle elle était arrivée était bloquée, mais la porte magnétique était intacte. Elle n'avait qu'à se faufiler et à se précipiter vers la porte assez vite pour ne pas se faire prendre. Certainement, elle en était capable. À pas feutrés, elle passa d'un abri à l'autre, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus le moindre. Elle bondit jusqu'au lecteur de cartes. La porte s'ouvrit, lentement, très lentement. Elle tenta de se glisser à l'intérieur.
« Hé, toi !
- Et merde… »
Elle se retourna pour voir Silver qui la dévisageait.
« Qu'est-ce que tu fais ?!
- Ce que t’aurais dû faire… Smogogo, Gaz Toxique ! Et s'ils s'approchent trop près… fais tout péter ! »
Sans demander son reste, elle s'élança vers le sommet.

Elle monta les escaliers en courant, à bout de souffle. Il n'y avait personne. Les gens avaient fui, épargnés par la horde qui ne pouvait accéder à ce côté de l'immeuble. Encore un peu plus haut, encore un peu plus haut. Lorsqu'elle arriva enfin au sommet, elle faillit hurler de rage. À travers la vitre d'une cabine radio, la station d'urgence, elle pouvait voir quelques personnes rassemblées. Saisissant l'une de ses Balls, elle l'envoya contre le mur en hurlant :
« Démolosse ! »
Le Pokémon surgit en rugissant. Melody se retourna vers la vitre. Heureusement, elle était si insonorisée qu'ils ne l'avaient pas entendue, et étaient trop concentrés pour l'avoir vue. Elle épila à l’intérieur.
« … c'est vraiment inquiétant. D'autres personnes sont peut-être encore coincées à l'intérieur. La Team Rocket est revenue, mais leur objectif est encore… »
Perdant patience, elle ouvrit la porte d'un coup de pied.
« Hé, vous ! Cette station est à moi maintenant. Dégagez.
- Vous… Vous êtes l'une d'entre eux ! On ne vous laissera pas…
- Dégagez. De. Ma. Vue. »
Démolosse grogna, des flammes fumant de sa bouche, tendu sur ses pattes comme s'il était prêt à bondir au premier ordre de sa dresseuse.
« Ah, on fait moins les malins d’un coup ? »
Les civils se précipitèrent hors de la pièce. Melody s'accroupit pour caresser son Pokémon et lui murmura à l'oreille :
« Chasse-les d'ici, ok mon grand ? Et puis, sois un bon garçon et protège la porte. »
Le Pokémon jappa joyeusement, puis s'élança dehors. Melody regarda par la fenêtre, ravie de les voir s'enfuir, terrorisés.

Elle s'assit sur le fauteuil du présentateur, ses doigts caressant la console. C'était le moment. Elle avait le pouvoir, c'était son moment, à elle et à personne d'autre. Elle sortit son CD de sa poche. Elle s'était tellement préparée pour cet instant précis. Et si elle voulait être au plus brillant de tous les instants, elle devait être accompagnée d'un partenaire très spécial.
« Viens, Persian »
Le Pokémon apparut à ses côtés, svelte et suffisant, se blottissant contre sa jambe. Il avait été son tout premier Pokémon, alors qu'il n'était encore qu'un Miaouss. Ses grands-parents n'auraient accepté qu'un bon Pokémon domestique pour lui servir d'animal de compagnie. Elle l'avait choisi. Elle se demandait parfois s'ils savaient ce que cela signifiait pour elle. Après tout, le Pokémon préféré de Giovanni était lui aussi un Persian. Pourtant, Miaouss étant un Pokémon très commun, cela ne fit pas sourciller grand monde.
Persian fourra son nez dans le sac de Melody et récupéra quelques feuilles de papier dans sa bouche.
« Merci, tu es un ange. Viens par là. »
Elle positionna le micro, prit une grande inspiration et appuya sur le bouton de diffusion. Persian se dressait sur les pattes arrière, s’accrochant au rebord de la table, montrant les fiches à sa dresseuse comme un prompteur.

« Bonsoir à tous ! Je suis ici, en direct de Doublonville et j’espère dans tout Johto, pour vous présenter une nouvelle émission. Ça s'appelle "La Team Rocket prend le pouvoir !"et ça remplace tous vos programmes préférés. Ahah. Mais ne vous inquiétez pas, je suis sûre que vous apprécierez… Enfin, si vous choisissez de rejoindre nos rangs. Sinon… eh bien, bonne chance à vous. Je suis Melody, je suis la Boss de la Neo Team Rocket, et je serai votre hôte à partir de maintenant ! Alors, par où commencer ce nouveau règne… Pourquoi pas avec un peu de musique ! »

Elle envoya la musique à fond. C'était une vieille démo de PARTY ROCK ETERNITY, non-raffinée, qu'ils l'avaient laissé utiliser. Elle avait écrit les paroles elle-même et essayé de la peaufiner comme elle le pouvait. Le résultat était encore bancal par endroits. Mais rien de tout cela n'avait d'importance au moment où elle ouvrit la bouche. Sa voix était un cri de pure émotion. De la rancœur, de la rage, de l'égoïsme.
C'était une chanson de quelqu'un qui écraserait n'importe qui sur son chemin vers le sommet, et qui pourtant ne souhaitait rien d'autre que l'approbation de ses pairs.
C'était une chanson pleine de confiance en soi, masquant des insécurités.
C'était une chanson de libération du passé et de déni de l'avenir, de profit du présent avant tout, sans se soucier des conséquences.
Pour quelqu'un d’autre, une seule personne ici, c'était la chanson d'une jeune âme perdue, qui avait désespérément besoin d'aide et qui avait pris la mauvaise direction à chaque intersection. En ce sens, c'était une chanson très humaine.
C'était la chanson de Melody.


Alors qu'elle chantait, Persan lui gratta la jambe. Agacée, elle le regarda. Il sauta sur le côté de la fenêtre, montrant un combat qui se déroulait à l'extérieur. Le chant de Melody devint de plus en plus énervé et déchaîné, juste avant qu'elle ne fasse une pause musicale. Dès que celle-ci arriva, elle posa le micro.
« Prends le sac et les autres. Je sais que vous pouvez tous vous battre seuls. »
Persan hocha la tête et attrapa le sac avec sa gueule. Melody était confiante. Elle avait bien entraîné ses Pokémon, avait rempli son sac d'objets qu'ils pouvaient utiliser seuls et Persian était un leader. Elle pouvait compter sur eux plus que sur n'importe qui d'autre.
Avec ses partenaires qui s'occupaient du sale boulot, elle se plongea corps et âme dans la fin de sa chanson. Lorsqu'elle eut terminé, le prix de ses efforts lui tomba dessus. Elle était essoufflée et transpirait de tous les côtés. Mais elle était heureuse
« Alors, qu'est-ce que vous en pensez tous ? C'était amusant, non ? Préparez-vous pour la suite ! Bientôt, la Néo Team Rocket régnera sur cette ville, cette région, et un jour sur le monde ! Et maintenant… »

Elle se retourna subitement en entendant quelqu’un rentrer dans la salle. Persian était revenu. Il portait des marques des blessures sur tout le corps, pour encore hors d’état de combattre mais il ne tiendrait pas plus longtemps. Il avait ramené avec lui le sac dans lequel se trouvaient toutes les Poké-Balls de ses autres Pokémon. Tous K.O. Melody se crispa. Ses ressources étaient limitées, elle ne pourrait pas soigner toute son équipe en vue d’un combat. Sa seule sortie était là où un adversaire l’attendait. À moins que…
Melody croqua dans l’une de ses sucettes. C’était un plan risqué, mais elle n’avait guère d’autres choix.
« Persian, j’ai besoin que tu me fasses gagner du temps. Juste un peu. On va s’en sortir. »
Le Pokémon eut un air inquiet pour sa dresseuse, mais fila, comme elle le lui avait demandé. Melody se mit à la tâche et soigna seulement deux de ses Pokémon. Elle n’avait pas besoin de gagner ce combat à la loyale. Elle n’avait même pas besoin de gagner ce combat. Seulement de se sortir de cet endroit sans menottes aux poignets.

Elle sortit de la salle. Les lumières bleues et rouges des voitures de police en contrebas se reflétaient sur les vitres, tandis que les projecteurs éblouissants des hélicoptères brillaient au-dessus. Le dos tourné à la fatalité qui l'attendait, elle faisait maintenant face à celui qui avait réussi à monter. Bien qu'elle ne l'ait pas vu en face depuis des années, elle ne pouvait pas ne pas le reconnaître.
« Silver... ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus
- C'est bien toi ... Melody ?
- Alors, tu te souviens de moi ! Je suis tellement contente ! »
Elle jeta ses mains en l'air en signe de bonheur, ce qui provoqua un mouvement de recul vers Silver.
« C'est assez difficile d'oublier ... ma seule amie d'enfance ... Mais pourquoi ?
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi essaies-tu de ramener la Team Rocket ? Toi plus que quiconque devrait être...
- Assez ! »
Melody tapa du pied en l'interrompant, et s'avança pour être en face de lui.
« Les meilleurs moments de ma vie, c’était quand mon père était avec moi ! J'avais tout ce que je voulais ! Et c'est toi qui as trahi ton propre père et qui as combattu l'organisation qu'il a travaillé si dur à créer !
- Est-ce que tu entends ce que tu dis ?... Est-ce que tu es satisfaite d'un bonheur acheté avec de l'argent sale ?! Au moins, mon père a décidé d'abandonner cette voie. Peut-être que c'était un signe de faiblesse, ou peut-être que sa conscience s'était enfin éveillée. Dans tous les cas, il a fait le choix qui s'imposait et, même si c’était difficile à accepter au début, je sais maintenant que c'était pour le mieux. Et je me battrai pour protéger d'autres personnes des gens qui veulent revenir à cette époque...
- Tu es vraiment un idiot... Si tu avais choisi de rester avec nous, tu serais au sommet de la nouvelle Team Rocket... Mais maintenant... »
Elle se retourna, dégaina une Poké-Ball et la lança sur Silver. Réagissant à la vitesse de l'éclair, il fit de même. Son féroce Dimoret, malmené par le combat précédent mais toujours debout, sortit ses griffes tout en faisant face au Démolosse de Melody.

« Très bien, si tu ne veux pas dialoguer… Griffe Acier ! »
- Fais-le fuir ! Hurlement ! »
Le Pokémon de Silver était rapide et frappait fort. Démolosse encaissa le coup, puis poussa un cri si puissant que son adversaire s'enfuit à l'intérieur de sa propre ball.
Alors que son Pokémon était remplacé par un autre, son Alakazam, Silver remarqua :
« Tu ne pourras pas fuir ce combat et tu le sais !
- Tu n'en sais rien. Hurlement encore ! »
Avant qu'il ne puisse donner un ordre à son Pokémon nouvellement envoyé, Silver fut obligé de le changer une fois de plus. Cette fois, c'est son Nostenfer qui apparut. Melody sourit.
« Tu ne m'auras pas deux fois ! Poison Croix ! »
Démolosse prit un autre grand coup, le mettant dans une situation périlleuse. Melody prit une inspiration. Silver portait ce Pokémon dans son cœur. Après tout, un Nosferalto avait besoin d'attachement pour évoluer. Mais pour elle, c'était une nuisance à éliminer.
« Lance-flammes ! Fait-en un bûcher ! »
Son Pokémon cracha un jet ininterrompu de flammes, assaillant son adversaire sans lui laisser le temps de riposter. Nostenfer tenta vainement quelques attaques Lame d’Air, mais succomba sous le feu incessant. Épuisé, Démolosse rendit l’âme à peine son attaque finie.

« Tu es forte, je dois l’admettre…
- Merci… Mais on va en rester là.
- Je ne te laisserai pas partir comme ça !
- Ah oui ? »
Elle lui fit un clin d’œil avec un sourire en coin forcé, avant de lancer une Poké-Ball à travers la fenêtre derrière elle. La vitre se brisa net sous le choc. Melody écarta les bras, ferma les yeux et, sous le regard horrifié de son adversaire, se laissa tomber en arrière.


Le vent sifflait dans ses oreilles tandis qu'elle tombait. Elle aussi avait confiance en ses Pokémon, ses partenaires, ses meilleurs amis. Des griffes s'enfoncèrent dans ses épaules et la soulevèrent. Son Corboss était sorti de sa Ball et avait volé à son secours. Espièglement, Melody tira la langue, regardant Silver qui la fixait depuis la fenêtre brisée, encore trop choqué pour réagir. La lumière des projecteurs de la police était comme les spots du spectacle le plus destructeur qui soit, et elle en était la vedette. Les hélicoptères commencèrent à la prendre en chasse. Elle maintenait les pattes de son Pokémon alors qu'il slalomait entre leurs assaillants. Ils se rapprochaient de plus en plus d'elle. Soudain, l'un d'eux se mit en déroute puis un autre. Melody plissa les yeux. Les vitres de l'hélicoptère étaient brouillées par une pâte visqueuse et brune.
« En-dessous de toi ! »
Melody baissa les yeux pour apercevoir Mickael qui lui faisait un signe de la main sur le dos de son Scorvol.
« Merci ! Mais je croyais que tu avais dit…
- Tu m'as convaincu, je dois avouer que c’était culotté. Et je ne suis pas le seul… Suis-moi !
- J'ai compris !
Il se rua sur le toit de la gare, elle derrière lui, tirant sporadiquement des Bombe Beurk sur les patrouilles qui osaient s'approcher trop près. Après leur atterrissage, Mickael lui tendit un objet qu’il portait suspendu à la taille. Un haut-parleur.
« Une dernière déclaration à faire avant le grand départ ?
- Le grand départ ?
- On gère ça. Toi, fait-nous un départ en beauté !
- Okay ! »

Melody attrapa le haut-parleur et se retourna vers la foule qui s’était amassée, tous les regards tournés vers elle. Elle inspira, puis déclara à pleins poumons :
« Faites passer ce message à toute la ville, à toute la région, au monde entier et plus loin dans la galaxie : la Team Rocket est de retour, et elle est là pour rester ! Et moi, Melody, je l'emmènerai vers des cieux qu'elle n'a jamais vus auparavant ! »
Elle échangea un regard avec Mickael. Il comprit ce qu'elle voulait dire. Et maintenant ? Elle voyait les sbires s'enfuir dans la gare barricadée, encerclée par les autorités.
« Ils vont tous se faire arrêter...
- Eh bien, il y a mieux comme endroit pour piéger quelqu'un que celui où sont casés des véhicules à grande vitesse.
- Mais les rails sont bloqués par... »
Elle réalisa. La scène. Les rails étaient bloqués par la scène du concert de PARTY ROCK ETERNITY.
« Vous aviez prévu de… ?
- Le moyen le plus simple que nous avions pour mettre en place la scène était de la tracter en train…Mais ce serait dommage si…
- Si vous gardiez le train ?!
- Exactement !
- On va … On va détourner le Train Magnétique ? !
- Tu n'es pas la seule à vouloir marquer les esprits ce soir.
- Alors comment on fait ça ?
- Nous deux ? On saute.»

Juste au moment où il dit cela, une locomotive retentit. Melody empoigna la main de Mickael et tous deux sautèrent sur un wagon qui venait de s'accrocher à la scène, qui s'était elle-même repliée en mode transport. Le train, dont la moitié était déjà sortie de la gare, se mit en marche et accéléra à un rythme impressionnant. Les deux retournèrent au plus vite à l'intérieur du train.



Melody se promena dans les couloirs, voyant des visages inconnus la féliciter, l'appeler Boss, et des visages plus familiers, d'anciens membres de la Team Rocket qui restaient fidèles à l'organisation, comme le propriétaire du casino de Céladopole, dont les Abra aidaient les dernières personnes qui n'avaient pas sauté dans le train à s'enfuir.
Quelqu'un lui donna un coup de poing dans l'épaule. Kayla se tenait là, le sourire aux lèvres.
« Tu t'es bien débrouillée aujourd'hui.
- Merci... Vous aussi, vous avez fait encore mieux que moi.
- Crois-moi, sans toi comme distraction, on n'aurait pas pu le faire.
- Et sans vous, je n'aurais pas eu d'échappatoire.
- Alors j'espère que nous pourrons travailler ensemble à l'avenir.
- Moi aussi. »
Melody marqua une pause, pensive, avant de demander :
« Où est-ce qu'on va ?
- Nous avons des cachettes dissimulées dans le Mont Argenté. On attend que le train passe dans le Tunnel Argenté, puis on fait exploser l'entrée et la sortie avec nos Voltor-mine et on sort par les issues de secours.
- J'aime bien ce plan.
- Et après ça... eh bien, Mickael décidera.
- Moi ? »
Le chef du groupe questionna avec une pointe d'humour avant d'ajouter :
« Je serais flatté, mais maintenant notre chef c'est Miss Melody ici présente. »
La principale intéressée ne put s'empêcher de sourire.
« Merci... Mais je serai très heureuse de t'avoir comme bras droit. Et tous tes partenaires aussi.
- C'est un plaisir de collaborer avec toi. Mais je pense que tout le monde ici veut savoir ce qu'on va faire ensuite. »

Melody resta silencieuse quelques secondes, les bras croisés, les yeux fermés. Puis, dans un élan, elle croqua une sucette avec espièglerie. Elle demanda le canal pour envoyer une annonce à tout le train, que Kayla lui donna. Elle se concentra une dernière fois, et en toute confiance, elle déclara :

« Bonsoir à tous ! Vous pouvez tous être fiers ce soir, car vous êtes restés fidèles à la cause. Nous allons rejoindre notre nouvelle base. Et après ça, nous allons nous reconstruire pour faire ce que la Team Rocket a toujours fait de mieux. Prendre tout ce qu'on désire, peu importe les moyens. Et tout le monde ici fera partie de notre règne pour faire de nos vies une éternelle soirée, pour laisser libre cours à nos passions ! »