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Recueil Team Rocket de Comité de lecture



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» Auteur : Comité de lecture - Voir le profil
» Créé le 01/09/2024 à 15:16
» Dernière mise à jour le 03/09/2024 à 14:11

» Mots-clés :   Fanfic collective   Organisation criminelle

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La vie d'un sbire, par ShiroiRyu
— Ah… Encore une journée bien remplie ! Heureusement que tu étais là, Raymond.
— Je n’ai fait que mon travail, Clémentine.
Deux jeunes adultes, tout habillés de noir, discutaient dans une pièce de petite taille. La chambre de Raymond plus précisément. Un bureau, un placard pour ranger les vêtements, un lit, une table de chevet, cela avait plus l’apparence d’un endroit où vivait un étudiant qui avait besoin d’une bourse pour pouvoir étudier.
— Oui mais grâce à toi, on commence à être repérés par les supérieurs, c’est une excellente nouvelle. Nous avons encore eu des compliments de leur part sur notre dernière pêche.
— Hmm hmm… Ce n’est pas grand-chose. Il a été difficile de faire qu’ils acceptent de nous mettre ensemble car nous sommes des amis d’enfance mais… c’est une bonne nouvelle, oui.
— Tu n’as pas l’air très heureux, Raymond. Pourquoi ?
Âgée d’une vingtaine d’années comme lui, Clémentine s’installa à côté de l’homme tout juste sorti de l’adolescence. Boucles noires, visage souriant, yeux saphir pétillants d’une légère malice, elle avait tout d’une future femme fatale qui saurait jouer de ses charmes si nécessaire suivant la situation. Les courbes de son corps, contenues dans une tenue noire qui moulait davantage ce dernier, ne faisaient que renforcer cette idée.
— Oh, tu le sais très bien. J’ai encore un peu de mal avec ce travail mais… je ne voulais pas te laisser y aller seule, Clémentine.
— Et c’est pour ça que je te remercie chaque jour, Raymond. Sans tes connaissances sur les pokémons, que cela soit par rapport à leurs faiblesses ou façon de vivre, nous n’aurions pas un aussi haut taux de captures que les autres ! Toi, tu t’occupes du côté intellectuel, moi du côté menace sur les autres non ? On fait une fine équipe !
Un soupir quitta les lèvres de l’homme, ses yeux émeraude baissés en direction de ses mains qu’il avait jointes ensemble, tournoyant ses doigts avec inquiétude. Derrière ses lunettes, il paraissait hésitant. Si l’une était d’une beauté qui pouvait couper le souffle de nombreuses célébrités, lui était d’une petite taille, pas bien musclé mais avec un visage toujours doux et souriant, la gentillesse émanant de tous les pores de sa peau. Il arborait la même tenue noire que Clémentine, un R rouge bien visible au niveau du poitrail sur le haut en tissu.
— Tu as sûrement raison, c’est moi qui me cause plus de tort qu’autre chose. Pardon. Dans les faits, à part répondre aux ordres de nos chefs, le reste du temps, c’est plutôt tranquille comme métier. Nous sommes payés à la mission et aux objectifs mais c’est partout ailleurs.
— Je t’adore, Raymond !
Elle ne lui laissa pas la possibilité de continuer à parler. Venant l’étreindre chaleureusement, la jeune femme le garda contre elle pendant plusieurs minutes, Raymond rougissant à tout cela. Sincèrement, où est-ce qu’il s’était trompé avec elle ? Il pensait qu’en restant à ses côtés après la mort de leurs parents respectifs, il lui aurait évité un avenir comme ça mais… il avait complétement échoué.
— Tu devrais me laisser seul, Clémentine. Une femme et un homme dans une même chambre, cela peut causer de nombreuses rumeurs.
— Ooooh ? Comme quoi donc ? Je ne vois pas de quoi tu parles.
Et la voilà féline comme une Miaouss d’Alola. Elle jouait parfaitement le jeu de la fille ingénue, minaudant délicatement dans ses bras jusqu’à ce qu’il finisse par la séparer de lui, poussant un léger soupir. Ce n’était pas drôle.
— La Team Rocket est très à cheval sur ça, comme partout. Les relations entre les employés sont interdites.
— Tu as toujours été trop sérieux sur ces points, Raymond mais soit… tu ne sais pas ce que tu rates !
Il rétorqua que si dans un petit sourire timide. C’était même pour ça qu’il se faisait violence avant de l’emmener jusqu’à la sortie de sa chambre. Elle l’embrassa sur les joues, lui-même répondant par un sourire tendre. Quelques minutes plus tard, il était allongé sur le lit, pensif, regardant la table de chevet à côté de lui.
Aucune trace de pokéball, aucune présence de pokémon. Dans la Team Rocket, il était hors de question d’avoir un lien avec un pokémon. Du moins, au grade où ils étaient. La raison était simple : ne pas s’attacher ne serait-ce qu’au moindre de ses créatures qui allaient être revendues aux personnes les plus offrants, que cela soit pour des combats, des expériences ou autres sévices qu’il ne valait mieux pas envisager. Dans le cas où ils pouvaient gravir les échelons, alors, ils auraient plus de choix, plus de possibilités qui allaient s’offrir à eux. Capturer un pokémon sauvage pour le dresser et le mettre au pas, avec un mental proche de la Team Rocket … ou alors prendre l’une des créatures qui avaient été « entraînées » pour cela depuis des années.
Ah… Aucun pokémon pour eux. C’était aussi en partie pour cela qu’ils avaient suivi cette voie, que lui avait décidé de suivre Clémentine pendant toutes ces années. Ils ne pouvaient compter que l’un sur l’autre et rien de plus. Des orphelins, voilà ce qu’ils avaient été. La cible parfaite pour être de nouvelles recrues dans la Team Rocket. Et c’était pourquoi il était ici aujourd’hui. Il ferma les yeux, se plongeant dans des rêves dans lesquels il savait qu’il n’était pas autorisé, que cela soit par rapport à Clémentine mais aussi au monde qui l’entourait.


— C’est du bon boulot, tous les deux. On sent que vous êtes habitués à fuir l’autorité. Continuez comme ça et vous serez dans la prochaine promotion.
— Il n’y a pas de quoi, chef Edgar !
— Clémentine, ma mignonne, tu es sûre de ne pas vouloir discuter avec moi en privé ?
— Non merci ! Le bilan, je préfère le faire avec mon compagnon de groupe. C’est sympathique de votre part de penser à moi néanmoins !
Cela faisait maintenant déjà une demi-année qu’ils étaient dans la Team Rocket. Avec ça, ils commençaient peu à peu à se forger une place parmi les pions lambdas. Parfois, il y avait des échecs, mais jamais ils ne finissaient attrapés. De toute façon, être attrapé par la Justice était juste le premier clou du cercueil que la Team Rocket préparait pour soi.
— Raymond ? Est-ce que tu viens ? On a notre bilan à faire, toi et moi !
La jeune femme à la chevelure noire avait pris la main du jeune homme dans la sienne, la serrant délicatement pour l’emmener ailleurs, loin des regards envieux des autres membres et sbires de la Team Rocket. Nul ne tentait de la contredire ou de l’en empêcher. Car malgré les apparences, Clémentine était teigneuse et violente. Elle n’hésitait pas à utiliser les poings et les armes pour arriver à ses fins. L’appel de la rue et la survie dans un milieu aussi inhospitalier n’avait pu se faire qu’à ses conditions. Entre sa force et le cerveau de Raymond, ils formaient un duo parfait, elle et lui.
— Aaaaaah ! Qu’est-ce qu’ils sont vraiment lourds à me draguer !
— C’est normal, Clémentine. Tu es la nouvelle étoile montante de la Team Rocket. Bientôt, tu ne seras plus un simple sbire mais…
— Hey ! Nous sommes deux ! Je ne suis pas seule quand je fais mes missions.
— Pourtant, c’est toi qui fais la majorité du travail, il ne faut pas se mentir.
— Tu es la tête, je suis les poings ! Il faut que tu arrêtes de te dévaloriser, Raymond.
Une nouvelle fois, elle exécute sa mine boudeuse et si mignonne. Elle sait que cela fonctionne à chaque fois sur Raymond et le jeune homme détourne le regard. Elle est la seule personne qui arrive à le convaincre qu’il vaut mieux qu’il ne le croit. Pour autant, c’est si compliqué pour lui d’avoir confiance en lui.
— Aaaah. Monter en grade ! Dis-moi, tu as une idée de pokémon que tu aimerais avoir avec toi, Raymond ? Genre, tu veux en élever un dès le début ou non ?
— Je crois que oui. Ce n’est pas que je n’apprécie pas les pokémons de la Team Rocket mais… ils sont vraiment très dangereux et donc, en avoir un en qui je mettrais toute ma confiance, je crois que ça me rassurerait bien plus.
— Pareil que toi ! Même si ça sera plus de travail, ce n’est pas la même sensation que d’avoir un pokémon déjà tout préparé. Hmm… Qu’est-ce que je pourrais prendre tu crois ?
— Sincèrement ? Un pokémon qui aime beaucoup la bagarre. Peut-être un Machopeur ?
— Hey ! Je n’ai rien contre ça mais tu as vu à quoi ils ressemblent ? Je ne fais pas de culturisme, je suis une jeune femme frêle et douce.
— Tu peux répéter ça à la dernière personne à qui tu as cassé le nez ? Sinon, tu pourrais voir pour un Kungfouine ?
Il donnait des idées, comme ça, tentant de voir si elle se sentait concernée ou intéressée par tout ça. Quand il lui présenta le pokémon via son téléphone portable, elle s’exclama avec ravissement, venant l’étreindre avec joie pour bien lui faire comprendre que ça lui plaisait. Un pokémon à elle, qui évoluait en une magnifique créature adepte des arts martiaux, c’était tout elle !
— Et maintenant, pour toi. Hmm… Un pokémon intellectuel ! Peut-être psychique ! Il serait tout le contraire de ce que je suis et de mon futur pokémon. C’est quoi les pokémon avec un gros cerveau ?
— Alakazam ? Si tu parles d’eux, ça ne sera pas facile d’en avoir un. Les Abra sont des pokémon qui aiment fuir le danger.
— Non non ! Je parle d’un pokémon bizarre, avec des pattes qui font des couleurs différentes.
— Des Lewsor donc. Pourquoi pas ?
Il était vrai qu’il s’agissait d’un pokémon très intelligent, aux capacités psychiques développées. Un peu comme la majorité des pokémon psychiques en réalité. D’accord, eh bien ! Ils avaient leurs propres pokémons à aller chercher maintenant. Ils devaient juste en parler à leur supérieur pour qu’ils acceptent ces choix. Oui, comme partout dans chaque entreprise, criminelle ou non, il y avait des procédures à suivre. Ah… Tout n’était qu’une question de légalité et de point de vue.
Les jours passèrent et ils eurent l’autorisation d’aller chercher les pokémons désirés. Comme auparavant, les gradés la Team Rocket leur demandèrent s’ils préféraient des pokémon déjà entraînés … ou récupérés chez d’autres dresseurs mais Clémentine leur signala que rien ne valait le fait de commencer depuis les bases. Qu’ils leur prêtent un pokémon pour les captures et ça sera amplement suffisant !
Les combats ne furent pas très compliqués en soi. En même temps, Raymond s’était juste massé le front en voyant comment Clémentine avait réussi à convaincre la Kungfouine de bien vouloir la suivre. Le pokémon de la Team Rocket n’avait guère été utilisé, contrairement aux poings et pieds de la jeune femme. Cela avait suffit à faire se décider le pokémon sauvage à suivre cette humaine aussi brutale et agile que lui.
De son côté, il fallait reconnaître que cela avait été un peu plus compliqué que prévu. En même temps, lui avait décidé de faire à l’ancienne et de profiter des forces et faiblesses du pokémon emprunté ainsi que de son adversaire pour obtenir la victoire. Cependant, le Lewsor avait été un adversaire tout aussi malin que lui. Heureusement, tout avait été terminé pour le meilleur plutôt que le pire.


— Tu en fais une mine, Raymond. Qu’est-ce qui ne va pas ?
— Tu le sais parfaitement, Clémentine ! Tu… Tu as… Tu as…
Le jeune homme ne termina pas sa phrase, les mots ne voulant pas quitter sa bouche. La femme à la chevelure d’onyx à ses côtés le regardait de ses beaux yeux bleus, interrogative avant de finalement déclarer :
— C’était nous ou eux. Je n’allais pas prendre le risque que tu sois blessé ou même pire, capturé ! De plus, les ordres sont les ordres, Raymond. Nous ne sommes plus de simples pions dans la Team Rocket. Nous sommes au-dessus des autres ! On montre la voie à suivre aux nouvelles recrues maintenant. Elles comptent sur nous pour les protéger !
— Et en face, ces policiers et gardes ne faisaient que protéger les pokémons des citoyens.
— Ce n’est pas la première fois qu’on fait ça. Toi comme moi, on savait depuis le début que ça se passerait ainsi hein ? Fallait juste que ça arrive à un moment ou à un autre. On ne va pas pouvoir revenir en arrière et faire comme si de rien n’était ! Le plus important, c’est que nous puissions vivre de ce que nous accomplissons … comme auparavant ! Mais cette fois-ci, nous ne sommes pas des déchets aux yeux des autres, comme tous ceux et celles qui nous regardaient comme des pokémons sauvages dans le passé ! Vu qu’ils ne nous considèrent comme des moins que rien, on fait la même de notre côté !
— Tu ne… ressens rien en ayant tué un homme qui ne faisait que son devoir ? Et son pokémon, lui aussi, il… il nous regardait… comme si nous étions… des monstres.
— Raymond, ce n’est pas l’heure de raconter n’importe quoi. Nous sommes des membres de la Team Rocket. Les bons sentiments envers une société qui nous a rejetés à chaque fois, c’est tout simplement impossible. On a juste fait le dernier pas qui montre qu’il n’y aura pas de retour. De toute façon, on ne comptait pas quitter la Team Rocket hein ? Hein ? Raymond ?
— Non… Clémentine. On ne quitte pas la Team Rocket.
C’est la règle première de l’organisation criminelle … et sûrement de toutes les autres. Ce qui rentre… ne sort jamais. Ou alors, c’est dans un sac poubelle… ou d’une balle dans la tête… ou dévoré par les pokémon sauvages et affamés. Rien qu’à cette idée, il commençait à avoir l’estomac qui se retournait dans tous les sens.
— J’aime mieux ça. Sans toi, la Team Rocket ne serait pas pareille. D’ailleurs, tu veux savoir une chose ?
Elle se rapprocha de lui, collant ses lèvres contre son oreille droite, lui chuchotant avec un ton bien trop mielleux et tendre pour ne pas être sincère :
— Vu que nous sommes montés en grade, nos espaces de vie sont personnels… et isolés. Rien n’empêcherait d’aller discrètement dans la chambre de l’un ou de l’autre, un soir et de discuter des « projets du lendemain » pendant quelques heures.
Piquant un violent fard, Raymond commença à bredouiller, tournant son visage vers Clémentine qui lui fit son plus beau sourire avant de déposer un rapide baiser sur ses lèvres et de l’étreindre une nouvelle fois.
— Raymond, tu es tout pour moi. La Team Rocket n’est qu’un outil pour nous permettre d’être heureux, qu’importe si c’est au détriment des autres.
— Mais… Avec ce que nous faisons, toi et moi, je… nous aurions pu…
— Non, on ne nous laisserait pas cette chance. Ce monde n’a pas désiré de nous. Nous sommes des outils pour la Team Rocket et inversement. Acceptons ça… car ils nous ont accepté. Nos capacités sont à leur service et inversement.
— Nous ne sommes que des outils pour eux.
— Comme partout, Raymond. Mais au moins, nous savons comment aussi les utiliser.
Il fit une petite mine de dépit, regardant Clémentine, encore gêné par ce qui s’était passé. Elle était forte, très forte. Mais lui ? Il ne savait pas s’il aurait autant de force mentale que la jeune femme aux cheveux noirs. Il poussa un léger soupir, n’osant plus prendre la parole.
— Alors… Si tu veux, je peux venir te chercher ce soir ? Ou venir te voir ce soir, qu’est-ce que tu en penses, Raymond ?
— Je ne sais pas… si tu te fais repérer, comment est-ce qu’ils vont réagir ?
— Ce n’est pas mon problème et ça n’a pas à l’être. Je suis seule maîtresse de mon destin et tu l’es aussi.
Pourquoi ? Comment est-ce qu’elle faisait pour être aussi puissante ? Comment est-ce qu’elle’ arrivait à ne pas déprimer ? Ou se détester pour ce qu’elle avait fait ? Est-ce qu’elle était totalement plongée dans la criminalité ? Sans possibilité de revenir à la normale ? Il continuait de la regarder, la tête penchée sur le côté, chuchotant :
— Je veux bien que tu viennes ce soir.
— Ooooh ? Vraiment ? Tu le veux vraiment, Raymond ?
Elle cligne des yeux, une gêne se dessinant sur ses joues avant de se donner des petites claques dessus devant un jeune homme qui se demandait ce qu’elle faisait. Sans crier gare, elle se jeta sur lui, lui offrant un baiser bien plus passionné et langoureux, les secondes s’écoulant jusqu’à ce qu’elle finisse par retirer ses lèvres, prenant une profonde respiration.
— À ce soir alors, Raymond.
Ce fût l’unique phrase qu’elle lui lança avant de disparaître de la pièce. À gauche comme à droite, le jeune homme observait voir s’il n’y avait pas de caméra de sécurité. Comme ils avaient pris du galon, il n’y avait pas d’inquiétude à avoir pour le côté privé. Cependant, dans les couloirs menant aux chambres, il y avait des chances que ça soit le cas.
— Ah… Même pour ça, elle prend les devants.
Venant se coucher sur son lit, il regarda le plafond pendant quelques secondes, observant ce dernier. Ah… Clémentine qui va venir ce soir. Il sait parfaitement ce qui va se passer et rien que le fait d’y penser lui produisait des petits papillons dans l’estomac. Les yeux clos, il s’était plongé dans un profond sommeil.
— Raymond ? Raaaaayyymond ?
Hmm ? Pourquoi est-ce que son corps était aussi lourd ? Depuis quand est-ce qu’il dormait ? Lentement, il ouvrit ses yeux avant de s’exclamer :
— Qu’est-ce que… Clémen…
L’empêchant de terminer sa phrase, elle l’embrassa une nouvelle fois avant de rigoler, venant s’enfouir sous la couverture à ses côtés. Ayant dormi par-dessus les draps sans s’en rendre compte, il se demandait s’il venait de rêver avant qu’elle ne lui chuchotât doucement :
— Tu sais… Il fait très froid si tu n’es pas avec moi, Raymond.
Vite vite vite ! Comme contrôlé par une force supérieure, le jeune homme vint se débarrasser rapidement de ses vêtements sous les petits éclats de rire discrets de Clémentine. Peu de temps après, il était avec elle, la demoiselle à la chevelure onyx se nichant contre lui, commençant de nouveaux baiser sur chaque parcelle de son corps, baisers rendus par Raymond. Ce fut la première nuit d’une longue série, pas vraiment discrète mais quand l’efficacité primait sur le reste, les questions ne se posaient guère.


— Clémentine, enfuyons-nous, toi et moi.
— Qu’est-ce que… tu racontes là ?
Deux années, deux longues années qu’ils étaient dans la Team Rocket. Si Clémentine avait encore monté en grade, lui-même n’était maintenant plus qu’un subordonné bien que tous le considéraient comme le bras droit de la jeune femme. La raison à cela était simple : contrairement à lui, elle n’hésitait plus à tuer, qu’importe ce qui se plaçait entre elle et leur cible. Couchés dans un même lit, les yeux bleus de son amante posés sur lui, Raymond reprit :
— Nous avons dépassé une certaine ligne ces dernières semaines. Auparavant, nous nous en prenions qu’aux forces de l’Ordre mais là… Nous avons blessé voire tués des pokémon et personnes innocentes !
Rien qu’à l’évocation de tout cela, le jeune homme était parcouru par des tremblements. Les corps sans vie de plusieurs enfants, même si cela n’avait été qu’un accident non désiré, il ne pouvait pas les oublier. Il n’avait pas été responsable de ça mais ça ne changeait en rien à l’évènement.
— Il n’y a pas de retour en arrière, Raymond. On ne peut pas. C’est impossible. Tu es tout ce que j’ai avec Sily.
Sily. Sa Shaofouine. Sa pokémon avait évolué depuis le temps et il en était de même pour Krisaor, son Lewsor devenu Neitram. Les deux pokémon n’étaient pas présents dans la pièce, bien rangés dans leur pokéball. Ces moments d’intimité étaient les seuls instants où Raymond se laissait aller au désespoir. Sur le terrain, il ne laissait rien paraître, parfaitement insensible, comme le serait un robot dénué d’émotions. Tout le contraire de ce qu’il incarnait à ce moment précis.
— Raymond, je ne te laisserai pas partir. Sans toi, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Nous devons accepter… ce que nous sommes devenus. Dès le moment où nous avons rejoint la Team Rocket, il n’y plus d’autres possibilités. Et surtout, si d’autres personnes t’entendent, tu serais le prochain sur la liste pour traîtrise ? Est-ce que tu veux vraiment ça ?
— Je veux juste une vie tranquille et paisible pour toi et moi. On ne peut même pas envisager de parler d’avenir… puisque nous ne savons pas ce qui peut nous attendre demain.
Se nichant contre sa poitrine, le jeune homme laissa échapper quelques sanglots, Clémentine lui caressant tendrement le dos, le regard perdu dans le vide. Il n’y avait rien à faire. C’était déjà surprenant que Raymond tienne aussi longtemps dans ce monde.


— Raymond, je suis désolée… mais je ne peux pas te laisser continuer ainsi. Notre taux de réussite ces dernières missions a étrangement diminué. Tu es le seul responsable de tout ça. Tu pensais vraiment que je n’aurais pas remarqué que tu aidais certains citoyens à fuir ?
— Clémentine… J’en ai assez. J’en ai juste assez ! Je ne veux pas continuer comme ça !
— Sily, empêche son Neitram de faire quoi que ce soit. Vous autres, c’est personnel … mais ça va être vite réglé.
Ils n’étaient pas seuls. D’autres membres de la Team Rocket étaient présents, au beau milieu d’un terrain vague, là où justement plusieurs véhicules les attendaient après avoir réussi leur dernier coup. Un coup qui avait eu quelques échecs, avec une capture de plusieurs membres de la Team Rocket et moins de pokémons volés que prévu. L’unique et seul responsable de cet échec était le jeune homme qui était entouré par les sbires et leur cheffe.
— Pourquoi est-ce qu’il a fallut que tu gâches tout, Raymond ? Tu n’étais pas satisfait de la vie que tu avais à mes côtés ? Les gradés de la Team Rocket ne sont pas stupides. Tout le monde est au courant de notre relation. La Team Rocket n’empêche pas ce genre de sentiments… tant qu’ils ne vont pas à l’encontre de notre mission. C’est là où tu as commencé à faire n’importe quoi.
— Je n’ai pas fait n’importe quoi. J’ai sauvé des vies innocentes. J’ai peut-être été abandonné et j’ai fini orphelin mais ça ne doit pas être une raison pour que d’autres souffrent comme moi j’ai souffert !
— Imbécile… Un pur imbécile. Avec ton cerveau et ton intelligence, tu devrais pourtant savoir te montre raisonnable mais… bon…
— Contrairement à toi, j’ai une éthique, Clémentine. Tu m’as menti.
— Non, je ne t’ai pas menti. Je ne peux pas te laisser partir. C’est pourquoi je dois être la seule à mettre un terme à ta vie. Si je montre ne serait-ce qu’une preuve de faiblesse, je finirais comme toi. Je ne peux pas me le permettre.
Le cliquetis d’une arme de poing que l’on recharge, le bruit des pas d’une personne qui se rapproche. Il devrait avoir peur à cet instant et pourtant, jusqu’à la fin il lui faisait face. Dans un murmure, il déclara :
— Finalement, nous ne sommes pas mieux que les autres. Nous nous sommes plains mais nous avons cherché la facilité. Je crois que j’aurais préféré finir ma vie dans la rue si cela m’avait permis de garder la femme que j’aime.
— Cette vie aurait été bien courte, Raymond. À vivre comme des Rattatas, tu n’as jamais envisagé de voir plus grand que moi. Adieu.
Une unique balle, bien ciblée et calibrée au niveau du front du jeune homme. Le corps de Raymond s’effondre au sol, le trou dans son crâne ne laissant aucun doute sur ses chances de survie.
— Vous pouvez vérifier mais ça ne changera rien. Laissez son cadavre ici. Le prendre avec nous ne me laissera pas de bons souvenirs. Nous rentrons.
Pour autant, plusieurs membres de la Team Rocket s’étaient rapprochés du corps de Raymond, commençant à se moquer de lui jusqu’à ce que plusieurs crachats ne lui tombent dessus. Au moment où l’un des sbires tenta de donner un coup de pied dans le visage du jeune homme, ce fut celui de Clémentine qui vint le frapper avec violence, le renvoyant sur ses compagnons.
— Raymond ne connaissait pas les frontières, il semblerait que vous aussi. C’est peut-être mon ex mais je ne vais pas vous laisser le défigurer, compris ?! ON RENTRE ! MAINTENANT !
Elle venait de hurler un ordre à ses compagnons, la Shaofouine revenant auprès de lui. Il n’y avait aucune trace du Neitram, montrant par là qu’elle-même s’était sûrement débarrassée du pokémon du jeune homme de son propre côté.

——

— C’est donc toi qui seras celui qui va m’arrêter ?
— Krisaor a stoppé la balle avant qu’elle n’atteigne mon cerveau. Pourtant, elle m’a laissé une profonde cicatrice sur le front.
— Cela fait combien d’années que tu tentes de me suivre ?
— Après ce qui s’est passé, j’ai compris que si je voulais pouvoir protéger le plus de monde, il me fallait rejoindre ceux qui servaient la justice.
— Ah ! Ils étaient donc vraiment en manque de personnel pour prendre ta personne traîtresse dans leurs rangs ?
Elle était encore plus belle que dans ses souvenirs mais elle se montrait moins depuis plusieurs assauts. Elle coordonnait les attaques en retrait, n’agissant personnellement que lorsque cela était nécessaire, face à une résistance plus forte que prévue… comme aujourd’hui.
— Non. Je travaille avec eux… mais je ne suis pas avec eux. Comment est-ce que je pourrais avoir confiance en autrui après ce que tu m’as fait ? Ne perdons pas plus de temps. Sily a l’air impatiente de vouloir se battre contre Krisaor.
— Tu ne t’interroges pas sur ta survie, n’est-ce pas ?
Pour toute réponse, il plongea dans son mutisme. Il savait parfaitement de quoi elle parlait, ce n’était pas pour autant qu’il acceptait ça. Elle lui avait offert une voie de sortie, il savait qu’elle lui avait permis de vivre … hors de la Team Rocket, en le faisant passer pour mort. Une main posée sur son front, il vint gémir légèrement en sentant la cicatrice sous ses doigts. Normalement cachée par ses cheveux, elle était visible lorsqu’il les relevait.
D’un claquement de doigts, il avait demandé à Krisaor de se mettre en position, les doigts du Neitram s’illuminant avant de projeter avec facilité la Shaofouine sur le côté, la faisant s’évanouir comme si de rien n’était. Fatiguée par les précédents combats durant la mission, elle n’aurait été d’aucune utilité. Pour autant, Clémentine avait déjà d’autres pokéballs en main, les sphères rouges et blanches disparaissant pour atterrir dans celles de Raymond.
— Inutile. Tu vas me suivre bien gentiment. Pour toi, il n’y a pas de rédemption.
— Comme avec toi, n’est-ce pas ? En fin de compte, à t’entendre et à te voir, tu me donnes l’impression que tu es retourné au point de départ. Dormir dans la rue, c’est donc la seule chose qui te correspond donc.
— Tu peux parler autant que tu le désires, ça ne changera rien à la situation. Est-ce que tu es prête à te rendre ?
— HORS DE QUESTION ! Me rendre et puis quoi encore ?! Après toutes ces années pour arriver à cette position, tu crois que je vais abandonner du jour au lendemain ?! Je n’ai peut-être plus de pokéballs mais j’ai toujours mon arme et…
Avant même qu’elle ne puisse utiliser son pistolet, l’arme s’enraya au même instant où les yeux verts du Neitram devinrent roses, Raymond étant à la hauteur de Clémentine. Il vint prendre son bras, ayant un léger rictus comme s’il comprenait l’erreur qu’il venait de commettre. La jeune femme avait toujours été douée, très douée, dans tout ce qui était combat de rue avec des ersatz d’arts martiaux.
— Je ne peux pas échouer à la fin !
Il s’était écrié ça, réfléchissant à toute vitesse à ce qu’il allait faire en réponse à la réplique physique qu’elle allait lui faire. Pourtant, rien n’arriva et Clémentine s’effondra au sol, fauchée par le coup de pied qu’il avait donné. Normalement, elle aurait pu l’éviter avec aisance alors pourquoi ?
— Ça n’a… jamais été pareil… sans toi. J’imagine que je paye le prix de mes actes.
Un profond soupir d’acceptation. Les yeux bleus de la jeune femme se fermèrent, prête à se faire capturer par celui qu’elle avait aimé et désiré. Non, qu’elle aimait encore plus aujourd’hui. S’il avait tout accompli pour réussir à la capturer, elle ne pouvait que se soumettre et accepter son choix.
— Fais ce que tu veux, Raymond. De toute façon, je ne suis qu’un engrenage dans la machine qu’est la Team Rocket. Sans moi, elle tournera encore et encore, inlassablement. On ne pourra pas l’arrêter.
— Ce n’est pas à toi ou à moi de décider ça. Nous ne sommes que de simples personnes. Il est temps pour toi de dormir. Krisaor.
Le Neitram se dirigea vers Clémentine, celle-ci se retrouvant plongée dans un profond sommeil dont elle n’allait pas s’extirper avant un long moment. Récupérant la Shaofouine évanouie, le jeune homme s’était alors mis en route pour s’éloigner de cet endroit au plus vite.


— Hmm… La Team Rocket est terminée… grâce aux efforts joints de la police … et de quelques dresseurs qui n’ont même pas atteint l’adolescence ?
Toutes les chaînes de télévision de la région passaient en boucle les dernières nouvelles. Bien que les plus haut-gradés de la Team Rocket avaient réussi à fuir, l’organisation criminelle, en elle-même était terminée. La majorité des sbires et des officiers étaient sous les verrous pour un long moment mais… cela ne le regardait pas.
— C’est fou quand même. À chaque fois que je reviens ici, je me dis à quel point tu es un maniaque de la propreté, Raymond.
La porte d’entrée s’était ouverte pour laisser passer une jeune femme à la chevelure noire, tenant des sacs de courses, accompagnée par une Shaofouine. Rapidement, Raymond était venu auprès d’elle pour récupérer les sacs, épaulé par son Neitram.
— Les données sur quelques membres de la Team Rocket ont mystérieusement disparu, empêchant les autorités de remonter jusqu’à eux. Pour les bas-gradés, c’est l’occasion pour eux de démarrer une nouvelle vie.
— Je ne sais pas s’ils auront la même chance que moi d’avoir quelqu’un d’aussi tenace que toi malgré les apparences… mais j’espère que ça sera le cas pour eux. Pour ma part, je crois que j’ai assez donné.
La jeune femme vint étreindre Raymond par derrière alors qu’il avait terminé de ranger les courses, l’embrassant dans le cou. Il l’avait emmenée, loin de tous et de toutes, dans une autre ville, éloignée du reste du monde. La Team Rocket n’avait pas sévi là-bas, elle n’était pas à la mode, à la pointe de la technologie mais… c’était suffisant pour eux deux. Un petit travail, une vie tranquille, un toit et un passé qu’ils allaient oublier. Parfois, le Destin pouvait décider d’offrir à certains une seconde chance et ils venaient de l’attraper. Maintenant, c’était à eux de tout faire pour ne pas la gâcher.