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Conte de sorcières de MissDibule



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Informations

» Auteur : MissDibule - Voir le profil
» Créé le 18/03/2024 à 16:22
» Dernière mise à jour le 18/03/2024 à 16:22

» Mots-clés :   Aventure   Conte   Famille   Galar   Médiéval

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Chapitre 1 – Le lys s’épanouit dans la forêt
L’arbre millénaire veillait sur le village forestier. Tout autour de lui, en parfaite symbiose, d’immenses champignons aux mille couleurs illuminaient les alentours d’une aura mystique. D’autres, plus petits, pavaient la voie aux pas feutrés des passants. La douce lumière des demeures se mêlait à leurs éclats colorés. Ces lueurs chatoyantes éclairaient le paysage sylvestre, plongé dans une perpétuelle pénombre. De minuscules lucioles brillaient telles des constellations dans l’air du soir.

Lily contemplait la scène d’un œil émerveillé. Venait-elle de traverser les pages des livres de contes que sa mère lui lisait autrefois ? Elle pourrait presque le croire. La féérie de ce lieu irradiait comme un doux feu de cheminée, qui se propageait dans tout son être. Les yeux clos, elle huma l’air. Des taches de couleurs vives s’imprimèrent sous ses paupières, tandis que l’odeur de mousse lui emplissait les narines.

La magie de la forêt s’insinua en elle. Elle était sous son charme. Ses prunelles fascinées virevoltaient d’une merveille à l’autre, telles une nuée de papillons butinant de fleur en fleur. Elle aurait voulu embrasser du regard la forêt tout entière. Chaque éclat de vie que son regard attrapait participait à l’harmonie mystérieuse de ces bois enchanteurs.

Soudain, une voix surgie des profondeurs rompit le charme.

— Lily ?

Arrachée à sa rêverie, la jeune fille se tourna vers sa mère dans un état second. Ses yeux glissèrent sur son visage. Elle la regarda sans la voir.

— Lily, tu m’écoutes ? Je suis ravie de voir que Corrifey te plaît, mais nous avons encore beaucoup d’affaires à décharger, et il serait plus poli de ne pas trop faire attendre ce charmant gentleman. Surtout avec toutes les fleurs…

Lily avisa la charrette et son conducteur. Le vieux bois fatigué ployait sous leurs valises, mais ce n’était rien face aux dizaines de pots de fleurs colorées qui les entouraient. Lily se rendit alors compte qu’elle avait quitté cette carriole à peine quelques instants plus tôt. Pourtant, il lui semblait que des années entières s’étaient écoulées. Comme si le village était emprisonné dans une capsule intemporelle de féérie.

La mère de Lily n’en resta pas là.

— Tu peux prendre quelques pots de fleurs, s’il te plaît ?

Troublée, Lily hocha la tête, incapable de prononcer le moindre mot. Elle ne comprenait pas comment sa mère pouvait balayer d’un revers de main la beauté magique de cet endroit. Elle attrapa deux pots de fleurs au hasard dans la charrette : un cactus en fleur et un bouton d’or. Distraite, elle ne manqua pas de se piquer avec les aiguilles du petit cactus.

Sa mère l’observait d’un air amusé.

— Eh bien, moi qui pensais que le déménagement te rendrait triste, je m’étais bien trompée ! J’ai l’impression que tu aimes déjà notre nouveau chez-nous !

Lily planta ses yeux bruns dans ceux de sa mère et sourit.

— Oui. C’est…

Elle ne sut pas comment terminer cette phrase. L’ineffable beauté de Corrifey lui demeurait insaisissable. Alors, les mots de Lily s’envolèrent dans l’atmosphère, coupés par une voix grave. Celle de leur chauffeur, qui venait de poser au sol la dernière plante en pot entreposée dans son véhicule, une grande aubépine au corps robuste.

— Ce sera tout, mesdames ? demanda-t-il d’un ton poli.

— Oui, merci beaucoup. Voilà pour vous, répondit la mère de Lily en lui tendant une poignée de billets.

Puis il souleva son chapeau pour les saluer et remonta dans sa carriole. D’un coup de rênes précis, il ordonna à ses Galopa d’avancer. Lily les regarda s’éloigner, les yeux rivés sur les élégants équidés. Elle songea que leur crinière étincelante aux couleurs pastel se fondait parfaitement dans la féérie de Corrifey.

Une fois la carriole partie, Lily leva les yeux vers leur nouvelle maison. Sa nouvelle maison. Elle la trouvait charmante, avec ses petites fenêtres accueillantes. Le colombage en bois foncé déployait ses arabesques sur le torchis blanc des murs robustes. Tache de couleur bienvenue sur cette toile monochrome, le lierre qui rampait sur la façade complétait ce joli tableau pastoral.

Le sourire aux lèvres, Lily franchit le seuil de son nouveau foyer.

***
Assise au bord de la fenêtre du salon, Lily étirait ses muscles endoloris. Elle n’aurait jamais pensé qu’un déménagement puisse être aussi épuisant.

— Qu’est-ce que c’est agréable d’avoir de l’espace ! s’exclama Rose, sa mère, qui émergeait de l’autre côté de la pièce.

Elle avait les joues rosies par l’effort, et ses cheveux blonds étaient souillés de terre autant que son tablier vert, mais elle affichait un air radieux qui ravit Lily. Elle ne se souvenait pas avoir jamais vu sa mère aussi rayonnante. Elle acquiesça.

— Oui, c’est vrai que c’est grand ! Ça change de notre petite maison de Chister. Tu vas pouvoir ouvrir ta boutique sans avoir peur de manquer de place pour tes précieuses fleurs.

— Oui, et la plus précieuse de toutes, c’est toi !

À ces mots, Rose sourit à pleines dents et se précipita sur sa fille pour l’enlacer. Lily sursauta.

— Maman, tu vas me salir… tenta-t-elle.

Mais c’était peine perdue. Alors, Lily céda à l’allégresse de sa mère et la serra dans ses bras. L’embrassade dura d’éternelles secondes, qui se perdirent dans l’aura mystique de Corrifey. Puis Rose plongea son regard bleu dans les yeux bruns de Lily, et posa les mains sur les épaules de sa fille.

— Ma petite chérie… Comme tu as grandi. Dix-sept ans… Seigneur Arceus, comme le temps passe vite. Te voilà devenue une jeune femme. Et malgré tout, tu restes avec ta vieille maman…

L’émotion dans sa voix était palpable. Lily émit un petit rire.

— Arrête maman, quarante ans, ce n’est pas vieux !

— Tu verras quand tu auras cet âge-là ! répliqua sa mère.

Lily leva les yeux au ciel, amusée. Puis un mouvement au-dehors attira son attention. Elle regarda par la fenêtre. Une femme passait devant chez eux. Lily s’apprêtait à détourner le regard, mais ce qu’elle vit la figea sur place. Durant un fugace instant, elle crut avoir rêvé. La femme avait déjà disparu, mais son image brûlait encore la rétine de Lily.

Elle coupa court à la conversation avec sa mère, et s’exclama :

— J’ai bien envie de visiter Corrifey ! Je vais me promener. À tout à l’heure !

Puis elle s’élança vers la porte d’entrée telle un ouragan, sous le regard médusé de sa mère. Mais elle ne s’en soucia pas. Elle ne pensait qu’à une seule chose : rattraper la femme qu’elle avait vue par la fenêtre. Ce ne fut pas difficile. Elle avançait à pas lents et mesurés dans le petit village, d’une démarche solennelle.

Lily s’approcha, poussée par la curiosité. Son imagination lui avait-elle joué des tours, tout à l’heure ? Elle voulait en avoir le cœur net. Elle n’était plus très loin de la mystérieuse femme.

Non, elle n’avait pas rêvé.

C’était une jeune femme aux traits fatigués. Sa délicate robe à volants roses voletait dans la brise du soir. Ses yeux noirs comme la nuit ne se reposaient jamais, balayant sans cesse les environs. Lily ne pouvait pas détacher les yeux de ce visage.

Ou plutôt, de la chevelure qui encadrait ce visage. Très longue, elle arborait un doux bleu pastel, qui se fondait vite en rose pâle au niveau des épaules. À la vue de ces couleurs surnaturelles, un étrange sentiment naquit en Lily. Comme si l’apparence de cette femme était dérangeante et naturelle à la fois.

L’inconnue sentit le regard appuyé de Lily et interrompit sa marche pour se tourner vers elle. Gênée, Lily prit aussitôt une teinte écrevisse. Elle se rendit compte que ses propres habits étaient maculés de terre : elle devait avoir l’air d’une souillon. C’était plutôt elle qui faisait tache dans le beau décor de Corrifey.

Malgré tout, la femme lui adressa un sourire chaleureux, et poursuivit sa route comme si de rien n’était. Lily la regarda s’éloigner, fascinée par cette apparition. Elle était certaine d’avoir aperçu une véritable fée, comme celles de ses contes préférés.

— Bah ça alors, qu’est-ce qui lui est arrivé, à la p’tite Morgana ?

Cette voix tonitruante décontenança Lily, qui se retourna aussitôt. Une femme rondelette d’un certain âge, vêtue d’une toque et d’un tablier blancs, venait d’émerger de la bâtisse en face de la maison de Lily, d’où s’échappait une délicieuse odeur de pain.

La boulangère, à n’en point douter.

— Que voulez-vous dire ? s’enquit Lily, les yeux pétillant de curiosité.

La boulangère fronça les sourcils et la regarda comme si elle s’adressait à une parfaite idiote :

— M’enfin, me dis pas que t’as pas vu, p’tite ! Ses cheveux, y’sont d’venus bleus ! Et roses ! Surtout roses, en fait, d’ailleurs.

— Vous voulez dire qu’ils n’ont pas toujours été comme ça ?

L’expression de la boulangère s’intensifia.

— Bien sûr que non ! Y’z’ont toujours été aussi bruns que les miens ! T’en connais beaucoup, toi, des gens avec les cheveux de toutes les couleurs ?

— Euh n-non, mais…

L’embarras s’empara de Lily. Expliquer à la boulangère qu’elle avait pris cette femme pour une fée ne plaiderait pas vraiment en sa faveur. Elle s’empressa donc de changer de sujet.

— Qui est-ce ? demanda-t-elle plutôt.

Elle brûlait de connaître la réponse à cette question.

— C’est Morgana, la guérisseuse du village. Enfin, au départ, je crois qu’elle est… raaah, je déteste les mots compliqués. Hum… Ah oui, c’est ça, alchimiste ! Elle vit dans un coin plutôt reculé d’la forêt. Mais elle vient de temps en temps soigner les villageois malades. C’est une brave fille, même si j’arrive pas trop à la cerner. Je m’demande c’qui lui est arrivé pour finir avec une tête pareille.

Lily trouvait au contraire les cheveux de Morgana magnifiques. La beauté des couleurs pastel contrastait avec ses pupilles d’encre. Elle ne l’avait aperçue qu’un bref instant, mais elle ne risquait pas d’oublier cette vision. Une alchimiste… Elle se demandait en quoi pouvait bien consister cette profession. Elle se promit de chercher dans ses livres plus tard.

— Je vois. Merci pour ces explications, Madame, répondit Lily.

— Madame ? s’esclaffa la boulangère. Pas de ça avec moi ! Appelle-moi donc Ruth.

— D’accord, eh bien, merci Ruth. Je passerai vous prendre un scone à l’occasion !

Les prunelles brunes de Ruth s’illuminèrent et elle éclata d’un rire franc et joyeux :

— Ah, avec plaisir, ma p’tite…

— Lily.

— Lily ! Tu vas voir, ce sont les meilleurs scones de tout Galar.

— Je n’en doute pas, répondit Lily en souriant. Bonne soirée à vous !

— Bonne soirée, petite. Oh et…

— Oui ? fit Lily, qui commençait à se diriger vers sa nouvelle maison.

— Bienvenue à Corrifey.

Lily sourit de plus belle.

Elle était désormais convaincue d’avoir plongé au cœur du plus beau des contes de fées.

Mais les contes de fées sont souvent plus sombres que ce que l’on imagine.