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Pokémon : L'étoile d'Arkephyr de Arkephyr



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Informations

» Auteur : Arkephyr - Voir le profil
» Créé le 21/08/2023 à 18:12
» Dernière mise à jour le 21/08/2023 à 18:12

» Mots-clés :   Aventure   Drame   Région inventée   Romance

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[J] Boom médiatique
– Tout le monde se souvient de son rôle ?

Je hoche la tête d'un air affirmé. Nous avons répété le scénario jusqu'à trois heures du matin, et rien n'a été laissé au hasard.

– Je me pointe à dix heures précises aux bureaux d'AFI TV... je récapitule en croisant le regard de Thomas. Seule et sans Pokéball.

– Et je vais à l'arène, comme d'habitude, sans même savoir ce que vous complotez... ronchonne Alice en nous foudroyant du regard.

J'adresse un sourire d'excuse à ma petite sœur. Elle est rentrée tard de son travail hier soir, et nous n'avons pas eu le courage de tout lui réexpliquer depuis le début.

Michael et elle se sont d'ailleurs violemment disputés à ce sujet. Cet idiot lui a dit qu'on n'avait pas besoin d'elle pour mener à bien notre projet, et qu'elle ne ferait que nous gêner si d'aventure elle s'en mêlait. Alice l'a très mal pris, et lui a répondu qu'il ferait mieux de se rhabiller, plutôt que de se donner des airs de caïd en caleçon.

Ces deux-là ne se sont plus adressés la parole de la soirée. Ma sœur s'est enfermée dans sa chambre en claquant la porte, et elle a refusé d'ouvrir lorsque Michael a voulu s'excuser après s'être rendu compte qu'il s'était comporté comme un crétin.

Bref, bonne ambiance.

– Je regagne le Repaire pour préparer les phases deux et trois du plan... soupire le Maître avec ennui. En utilisant le Téléport d'Abra pour ne pas me faire intercepter par les autorités.

Ce dernier fourre les mains dans ses poches avant de se tourner vers son frère.

– Finalement, il n'y a que toi qui ne fais rien... lâche-t-il avec un sourire narquois.

Thomas lui répond par un haussement d'épaules.

– Je coordonne le projet... répond-il sur le ton de la conversation. Que veux-tu... C'est ça, être chef.

Michael lève les yeux au ciel d'un air faussement excédé. Lui et moi savons pertinemment que Thomas est frustré de ne pas pouvoir quitter l'appartement, mais notre cher terroriste est activement recherché par les autorités et ne dispose pas du réseau d'influence de son frère.

Même si ça le rend malade, il n'a pas d'autre choix que de rester sagement à l'abri.

– Sois prudente, d'accord ? murmure Alice en me prenant dans ses bras. Je n'ai pas envie de te retrouver comme la dernière fois.

Ma sœur se plante ensuite devant Thomas avant de plonger ses yeux améthyste dans les siens.

– Je te tiendrai pour responsable s'il lui arrive quelque chose... prévient-elle avec sérieux. Je ne te pardonnerai pas une deuxième fois.

Mon ami hoche la tête d'un air entendu. Je sais qu'il ne prendra pas le moindre risque me concernant, mais j'espère que son côté protecteur ne portera pas préjudice à la réussite de notre entreprise.

Nous ne pourrons pas faire tomber la Team Fusion sans nous exposer d'une manière ou d'une autre.

– Tu ne me fais pas un bisou d'amour pour me souhaiter bonne chance ? demande Michael d'un ton mielleux en voyant Alice prendre le double des clés de l'appartement pour sortir.

– Non... répond-elle de but en blanc sans se retourner. On en reparlera quand tu seras devenu moins con.

Je laisse échapper un léger soupir tandis que ma sœur pose son casque sans fil sur ses oreilles avant de quitter l'appartement pour rejoindre son arène.

Aucune autre championne ne lui arrive à la cheville. Bien qu'elle ne soit pas la plus forte en termes de puissance brute et de palmarès, elle est de très loin la plus impliquée dans le développement du dressage de Pokémon au sein de la Ligue.

Les combats d'arène ne représentent qu'une toute petite partie de son travail. Alice donne chaque jour des cours et propose même des stages aux adolescents désireux de se lancer dans un voyage initiatique.

Elle est une alliée précieuse dans le combat contre la politique répressive de Steve Erzat.

– Je l'aime de plus en plus... commente Michael et vérifiant son smartphone. On y va ?

Je prends une profonde inspiration avant d'acquiescer calmement. Le rôle que je vais devoir jouer aujourd'hui nécessite une bonne dose d'assurance et de sang-froid.

– C'est parti... je souffle en plaçant mon oreillette à gauche. Tu sauras faire fonctionner l'ordinateur ?

Thomas laisse échapper un soupir agacé.

– Tu me l'as expliqué cinq fois... répond-il avec patience. Je sais bien que j'ai vécu comme un ermite itinérant pendant dix ans, mais j'ai quand même connu l'eau courante et l'électricité.

Un mince sourire se dessine sur mes lèvres. J'ai toujours été particulièrement minutieuse dans l'élaboration de mes plans. C'est une qualité que nous partageons tous les deux, avec ce petit côté exaspérant qui nous va si bien.

– Je couvre tes arrières... assure mon ami avec un léger hochement de tête. Tu peux compter sur moi.

Il ne m'en faut pas plus pour partir l'esprit tranquille. Malgré tout ce qui nous est arrivé, je conserve une confiance aveugle en Thomas. Marianne aura détruit beaucoup de choses, mais elle n'a jamais pu venir à bout du lien qui nous unit.

– On se retrouve ici dans deux heures... dis-je en échangeant un regard avec Michael.

Ce dernier acquiesce avant de décrocher une Pokéball de sa ceinture. Si tout se passe comme prévu, il est possible que nous soyons débarrassés de la Team Fusion d'ici la fin de la semaine.

Je quitte l'appartement avec un pincement au cœur, songeant que c'est la première fois depuis longtemps que je laisse mes Pokémon derrière moi. Je déteste cette sensation de vulnérabilité que cela me procure, mais je me rassure en me disant que je ne suis pas tout à fait seule.

"Tu m'entends ?" demande la voix de Thomas depuis mon oreillette.

– Affirmatif... je réponds en m'engageant dans l'avenue principale. La localisation est fonctionnelle ?

Mon ami ne répond pas tout de suite. Je ne peux m'empêcher de sourire en l'imaginant galérer avec le matériel informatique ultramoderne de mon père.

"C'est bon..." grommelle-t-il au bout d'un moment. "Je vois ton point sur la carte. Et... Waouh ! La caméra est activée. Je vois à travers tes yeux ! C'est incroyable !"

Mon amusement s'estompe pour laisser sa place à une tristesse amère. L'incendie du centre commercial a brûlé une moitié de mon visage, et mon œil droit a été sévèrement touché. Quand mon père a appris la nouvelle, il a tout de suite mobilisé les meilleurs chirurgiens pour m'opérer, mais c'était déjà trop tard.

Mes cicatrices ont été atténuées autant que possible, et mon œil a été remplacé – avec mon accord – par une prothèse oculaire équipée d'un microsystème de géolocalisation et d'une caméra. J'ai longtemps pensé que ces ajouts me permettraient de coincer Steve ou Marianne si je les confrontais directement, mais je n'en ai jamais eu l'occasion.

– On réduit nos échanges au maximum... je préviens en approchant de ma destination. Si je remue les lèvres toute seule et sans raison, ça va paraître suspect.

"C'est noté."

Une structure des plus singulières s'élève alors dans le paysage urbain comme une flèche lumineuse au cœur d'une masse grise. Les lignes épurées de l'architecture, combinées à une utilisation astucieuse du verre et du métal, créent un ensemble qui respire la modernité sans pour autant tomber dans l'ostentation.

La façade principale est une composition de surfaces vitrées alternant avec des panneaux en métal, créant un jeu de textures visuellement captivant. Les grandes fenêtres reflètent les nuages en mouvement et les éclats du soleil, leur donnant une apparence changeante tout au long de la journée. L'édifice semble presque vivant, réagissant aux variations de la lumière et de l'atmosphère environnantes.

"C'est difficile de croire qu'une telle merveille puisse abriter un torchon pareil..." maugrée Thomas dans mon oreille.

J'acquiesce silencieusement et entre d'un pas déterminé dans les bureaux d'AFI TV.

Les immenses baies vitrées laissent filtrer une lumière vive qui inonde le hall d'accueil, créant des jeux d'ombres sur les murs immaculés. Mes talons hauts résonnent sur le sol en marbre, ajoutant une cadence feutrée à l'ambiance sereine du bâtiment.

Mon regard balaye rapidement la scène pour offrir à mon ami un aperçu de l'environnement. Deux agents de sécurité sont postés à l'entrée et se tiennent parfaitement immobiles, et plusieurs journalistes et autres employés discutent avec animation sur des sièges minimalistes disposés sur les côtés de l'immense salle.

Je m'approche du comptoir d'accueil, où une réceptionniste élégante et souriante m'accueille avec professionnalisme.

– Bienvenue à AFI TV, dit-elle d'une voix chaleureuse. Comment puis-je vous aider ?

C'est le moment ou jamais de me lancer. J'ai répété cet échange plus de vingt fois avec Thomas, et je compte bien donner ma meilleure prestation.

– Je viens vous livrer le scoop du siècle... je déclare en me mordant doucement la lèvre inférieure.

La jeune employée fronce légèrement les sourcils. Je reste de marbre et conserve une attitude confiante tandis qu'elle me détaille des pieds à la tête pour évaluer le sérieux de ma proposition.

Je ne me fais pas de soucis pour ma crédibilité, car c'est ma petite sœur qui m'a aidée à m'apprêter ce matin. Avec son sens inné du style, elle a parfaitement su saisir l'importance de ce rendez-vous et a sélectionné un joli tailleur bleu marine ajusté à ma silhouette.

– Nous avons une rubrique sur notre site internet dédiée à cela... me fait remarquer la réceptionniste. Vous pouvez nous soumettre vos photos et vidéos directement en ligne.

Tout se passe comme prévu. J'adopte aussitôt une mine confuse et me triture les mains avec nervosité.

– C'est-à-dire que...

Je lance un regard inquiet par-dessus mon épaule et m'approche de mon interlocutrice de manière à ce que personne ne puisse entendre notre échange.

– Je ne peux pas prendre ce risque... je souffle dans un murmure à peine audible. Cette information pourrait vraiment tout changer.

Je plante mon regard dans celui de la jeune femme et adopte cette fois-ci mon air le plus grave.

– C'est à propos de Thomas Gray... dis-je en remuant à peine les lèvres. Le criminel que tout le monde recherche depuis dix ans. Il m'a transmis un enregistrement qui prouve son innocence et révèle l'existence d'un groupe de terroristes infiltrés dans nos institutions.

La réceptionniste semble hésiter un instant. Elle s'efforce de conserver un visage impassible, mais je note que ma révélation l'a mise quelque peu mal à l'aise. Elle croise d'ailleurs brièvement le regard des deux agents de sécurité postés à l'entrée, comme pour leur signaler de se tenir prêts à intervenir.

"Elle fait certainement partie de la Team Fusion..." déclare mon ami en écho à mes propres pensées.

Nous avions bien évidemment envisagé ce cas de figure. Je reste donc stoïque et m'autorise même à pincer les lèvres avec impatience en attendant qu'elle daigne réagir.

– Vous avez l'enregistrement sur vous ? finit-elle par demander en plissant les yeux.

J'esquisse un sourire timide en songeant que tout se déroule exactement selon le scénario que nous avions imaginé.

– Je l'ai caché dans un endroit sûr pour être certaine qu'il ne se retrouve pas entre de mauvaises mains... je réponds en secouant légèrement la tête. Si ça se trouve, vous êtes vous-même membre de ce mystérieux groupe !

Je laisse échapper un rire pour ponctuer ma plaisanterie qui n'en est pas vraiment une, et mon interlocutrice affiche malgré elle un sourire crispé qui ne trompe personne.

– Je ne suis pas sûre de tout comprendre... dit-elle d'un ton hésitant. Madame ?

– Ombreval... je réponds sans l'ombre d'une hésitation. Juliette Ombreval.

– Eh bien, Madame Ombreval... Qu'attendez-vous de nous de notre chaîne de télévision, exactement ?

Mes prochains mots seront décisifs. Si je me montre suffisamment convaincante, alors nous pourrons enfin avoir une chance d'anéantir une bonne fois pour toutes la Team Fusion.

– Je veux une rencontre... je déclare calmement. Une rencontre filmée en direct, dans un endroit discret où personne ne pourra nous trouver. Thomas Gray sera avec moi. Michael Gray aussi. Ils vous donneront les preuves et vous accorderont peut-être même une interview exclusive.

La réceptionniste demeure silencieuse, réfléchissant probablement à la suite qu'elle doit donner – ou non – à ma requête.

– Je dois en parler à ma direction... lâche-t-elle finalement avec une certaine méfiance. Je vous invite à patienter dans le hall en attendant mon retour.

– Attendez... je souffle au moment où elle se retourne pour s'éloigner de son poste. Si je ne suis pas rentrée chez moi dans une heure, ou si vous ne donnez pas suite à ma requête, les preuves seront diffusées dès ce soir sur les réseaux sociaux, et vous perdrez le bénéfice de l'exclusivité.

C'est là mon ultime coup de poker. La jeune femme marque une pause, puis hoche la tête d'un air entendu avant de se rendre auprès de ses supérieurs.

Je choisis un siège isolé et m'installe après avoir récupéré un magazine people que j'ouvre d'un geste machinal pour parcourir distraitement les pages.

"Tu as été parfaite..." me félicite Thomas.

Je réprime mon envie de sourire et fais mine d'être particulièrement intéressée par un article mettant en avant une célébrité de la mode.

– Rien n'est encore joué... je murmure en laissant courir mon index sur la page, comme si j'étais en train de lire. Tu es sûr qu'ils mordront à l'hameçon ?

Je ne compte plus les fois où je lui ai posé cette question au cours de ces dernières heures. Baser un plan d'une telle envergure sur un simple bluff est complètement dingue.

"Certain..." confirme mon ami avec assurance. "Marianne m'a vu glisser ma main dans ma poche au cours de notre dernier échange. Elle ne voudra prendre aucun risque."

Thomas est un grand malade. Même dans une situation désespérée, il a laissé croire à son ennemie qu'il enregistrait leur conversation. Et dans la mesure où il s'agit de l'une des rares fonctionnalités des Pokédex de l'époque, celle que l'on nomme l'architecte de la Team Fusion pourrait bien se laisser prendre au piège.

L'attente est cependant plus longue que prévue. La réceptionniste a été remplacée depuis plus de quarante minutes par un jeune homme boutonneux qui doit avoir le statut de stagiaire, et j'en viens à me demander si elle n'a pas été liquidée pour ses mauvaises décisions.

C'est donc presque avec soulagement que je la vois revenir vers moi, un sourire de circonstance figé sur ses lèvres minces.

– C'est entendu, Madame Ombreval... dit-elle d'un ton affirmé en me présentant une carte de visite. Vous serez contactée par ce numéro pour convenir du lieu et de la date du rendez-vous.

Je m'apprête à la remercier lorsqu'une secousse vient faire trembler les murs du bâtiment. Le phénomène me paraît immédiatement suspect, mais la surprise qui se lit sur le visage de mon interlocutrice n'est pas feinte – pas plus que celle des autres personnes présentes dans la pièce.

"Il y a eu une explosion..." m'indique Thomas d'une voix tendue. "Ça... Ça vient de l'arène, je crois."

Mon sang ne fait qu'un tour. Je récupère la carte d'un geste vif sans me formaliser des bonnes manières et quitte le bâtiment au pas de course pour rejoindre ma sœur au plus vite.

– Je n'ai pas mes Pokémon... je souffle d'un air désemparé en portant inutilement ma main à ma ceinture.

"Je peux te les amener..." intervient mon ami. "Je vais prendre Dracaufeu et..."

– Ne bouge pas ! je crie d'un air presque hystérique. Ne bouge pas de l'appartement, s'il te plaît.

L'arène n'est pas loin, et je distingue avec horreur une fumée noirâtre qui s'élève dans la même direction.

Je trouve rapidement un vélo en libre service et me met à pédaler comme si ma vie en dépendait. Je manque de me faire écraser à deux reprises, mais je poursuis ma course effrénée sans jamais me retourner, totalement indifférente aux klaxons et aux flots de jurons lancés par les automobilistes.

La Team Fusion n'a pas commis la moindre exaction depuis l'attentat du centre commercial. Même si leurs agents se sont infiltrés partout, ils ont toujours mis un point d'honneur à ne jamais se faire remarquer dans la capitale et à rester discrets.

Pourquoi vouloir s'exposer ainsi ? Serait-ce une tentative d'intimidation, pour nous montrer qu'ils ont le contrôle de la situation ? Ont-ils décidé de me faire payer mon audace, après avoir révélé de la sorte mon identité ?

– Pas ma sœur... je lâche d'un ton suppliant en accélérant de plus belle. Pas Alice, par pitié...

La vue du bâtiment en flammes me glace le sang. L'arène a été éventrée par la violence de l'explosion, et il ne reste déjà plus que des débris incandescents contre lesquels se battent les pompiers.

J'abandonne mon vélo à quelques mètres du périmètre de sécurité établi par les forces de l'ordre, puis me mets à courir sans relâche vers le cœur du drame pour retrouver ma petite sœur.

Des bras puissants me retiennent au dernier moment, et je me retrouve alors immobilisée par un homme bourru en uniforme.

– On se calme, ma petite dame... dit-il en plongeant son regard dans le mien. Vous n'avez pas le droit d'accéder à cette zone.

– IL Y A MA SŒUR À L'INTÉRIEUR ! je hurle à plein poumons en essayant de me dégager. Laissez-moi y aller !

Le pompier maintient fermement son emprise pour m'empêcher de bouger.

– Est-ce que votre sœur est la championne de l'arène ? demande-t-il d'un ton grave.

Je hoche la tête en silence. Je sens le froid m'envahir peu à peu malgré l'intensité des flammes, et mon corps se met à trembler comme une feuille sans que je puisse l'en empêcher.

Un voile de tristesse recouvre alors brièvement les yeux du pompier, et mon univers tout entier s'effondre lorsqu'il m'annonce l'inéluctable.

– Je suis désolé... murmure-t-il d'une voix éteinte. Elle n'a pas survécu.