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Mais quelle différence ? de Ashenere



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» Auteur : Ashenere - Voir le profil
» Créé le 21/08/2023 à 12:31
» Dernière mise à jour le 21/08/2023 à 12:31

» Mots-clés :   Amitié   Unys

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Lux & Nix
L'album photo leur avait offert une piste : Nora et Ori n'hésitèrent pas plus longtemps. Les deux amis se saisirent de leur sac à dos et se précipitèrent vers la sortie de la ville, à l'ouest, en direction de la Forêt d'Empoigne. Le soleil éclatant disparut bientôt sous le couvert des arbres feuillus. Nora frissonna. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'était pas venue ici. Le silence étrange de ces bois lui rappela les souvenirs de sa shasse aux Ptiravi.

À chaque fois, c'était Lux qui l’avait guidée entre les arbres. À chaque fois, il utilisait son flair pour retrouver son ami. À chaque fois, l'endroit changeait, les arbres semblant se mouvoir autour d'eux et pourtant, jamais il ne se perdait.

Mais, aujourd'hui, il n'était pas là.

Il ne fallut pas longtemps à Nora, Ori et Nix pour ne plus très bien savoir par où ils étaient rentrés, et par où ce sentier, qui disparaissait sous les feuilles mortes, allait les conduire. La forêt autour d'eux fourmillait de vie. Les cris des Poichigeon et le bruissement des Larveyette rythmaient cette douce matinée. Ils errèrent ainsi un long moment avant de se retrouver dans une petite clairière obscure, pleine de ronces et d'arbres morts. C'était un cul-de-sac.

— Retournons sur nos pas, je n'ai jamais vu cet endroit de la forêt. Je ne pense pas que…

Nora ne put terminer sa phrase. La terreur envahit soudain son visage. Des Venipatte les encerclaient. C'était leur territoire et ils ne semblaient pas apprécier ces intrus. Le petit groupe tenta de fuir, mais les Pokémon étaient trop nombreux : le combat était inévitable.

Toutefois, Nora n'avait pas de Pokémon. Et Ori n'avait que Nix, qui comme son ami Ponchien, n'était pas un grand amateur de combat. Toutefois, ce jour-là, Nix avait une raison de se battre. Son ami était ici, quelque part dans cette forêt, et il n'allait pas laisser quelques vulgaires insectes le détourner de son objectif. Sans même l'intervention d’Ori, il enchaîna les attaques Charge et Morsure, et parvint à intimider suffisamment leurs adversaires pour leur permettre de s'échapper. Néanmoins, il n’en sortit pas indemne, incapable d’esquiver la nuée de Dard-Venin ennemie. Ori profita alors d’une occasion pour attraper Nix dans ses bras et se mit à courir en suivant Nora. Par habitude, il chercha d’une main sa Pierre Stase, pour éviter que le petit Évoli ne se transforme en Mentali. C’est à cet instant qu’il s’aperçut qu’il l’avait laissée tomber dans la Grotte Tréfonds et que, choqué par ses actes et pressé par les flots, il avait oublié de la récupérer. Tandis que sa panique prenait le dessus, une réalisation plus dure encore le fit vaciller. Le combat était terminé, ils couraient depuis plusieurs minutes, et Nix n’évoluait pas. Depuis des années, chaque combat se terminait par une lumière éclatante, bien vite interrompue par la présence de la Pierre Stase. Pas aujourd’hui. Une main de glace enserra son cœur, tandis qu’ils couraient sans se retourner, sans regarder où ils allaient.

De toute façon, ils ne savaient pas où ils allaient. Ils avançaient à l'aveuglette dans cette forêt immense sans aucune lueur pour les éclairer. Soudain, Nora aperçut un éclat, un regard de feu au milieu des fourrés. Un regard qu'elle n'avait vu qu'une seule fois, il y a très longtemps. Incrédule, elle se lança à la poursuite de ces yeux incandescents. Ori, voyant son amie bifurquer brusquement, cria pour lui demander où elle allait. Elle ne répondit pas et Ori n'eut d'autre choix que de la suivre, un Nix affaibli dans ses bras.

Nora n’entendait pas les cris d’Ori, ne voyait pas le sentier disparaître sous ses pieds, ne sentait pas les branches fouetter son visage. Tout ce qui comptait, c'était ce rouge qui s'enfuyait. Comment était-ce possible ? Pourquoi était-elle là ? Comment courait-elle aussi vite ? Était-ce vraiment elle ? Non, là-dessus, il n'y avait pas de doute : ce regard, c'était le sien. Au bout d’un moment, une clairière jaillit devant Nora, et elle put enfin voir ce qu'elle traquait depuis de longues minutes.

Ce n'était pas elle. En tout cas, pas vraiment.
C'était un Pokémon juché fièrement sur quatre pattes.

Un vert émeraude couvrait son pelage, et dans son regard, on lisait la douceur et une pointe d’amusement. Ce regard grenat qui, dix ans plus tôt, appartenait à une vieille Muciole, dans une cabane au fond des bois. Celle qui leur avait donné des œufs, des pendentifs, qui avait tant façonné leur vie et qui avait disparu, en un instant. Il ne fallut pas longtemps à Nora pour reconnaître la créature qui l’avait guidée, la véritable apparence de la vieille sorcière. Ses cornes recourbées avaient marqué une trace distinctive sur un immense rocher qu'elle avait pris en photo avec son Posipic, dix ans auparavant. Ce rocher marqué par les Lames de la Justice : les légendaires Cobaltium, Terrakium et… Viridium. Le Pokémon légendaire lui sourit et se retourna vers le centre de la clairière.

Nora suivit son regard et distingua un immense rocher couvert de mousse, autour duquel jouaient un Ptiravi chromatique, d'un rose plus doux que la normale, et un Ponchien, à peine plus pâle que la normale. Il était là. Elle entendit Ori arriver derrière elle, s'écrier devant l'incroyable Pokémon et lâcher une exclamation incrédule lorsqu’il reconnut la vieille sorcière. Viridium, son rôle accompli, les salua d’un hochement de sa gracieuse tête avant de disparaître d’un bond dans les fourrés.

Lux, alerté par l’agitation, s'était redressé. Nora s'approcha, pas après pas, terrifiée à l'idée qu'un mouvement brusque le ferait s'enfuir au loin et qu'elle ne le retrouverait jamais. À quelques pas de lui, elle tomba à genoux, les yeux brillants.

— Lux, je t'en prie, attends. Je suis tellement désolée. Je…

Elle n’avait pas réfléchi à ce qu’elle allait lui dire. Nora avait consacré tous ses efforts des dernières quarante-huit heures à retrouver Lux, mais, une fois face à son Pokémon, elle comprit que cela ne suffirait peut-être pas pour le ramener. Les événements des derniers jours lui revinrent à l’esprit et elle sut qu’avant les excuses, elle devait des remerciements à son partenaire.

— Lux, tu m'as sauvé la vie face à ce troupeau de Tauros. Tu es resté à mes côtés à l'hôpital tout ce temps. Merci. Tu as toujours été à mes côtés, dans toutes nos shasses, dans ces longues heures sans sommeil. Peu importe le climat, peu importe les dangers que nous affrontions, et, à chaque déception, à chaque invisible, tu me voyais dépérir et devenir plus amère.

Le regard froid de Lux confirmait les mots de Nora. Comment avait-elle pu être assez stupide pour ignorer cela tout ce temps ? Elle se mordit la lèvre de frustration et continua.

— Je n'ai pas été une bonne dresseuse, je n'ai pas été une bonne amie. Quand tu as évolué, je t'en ai voulu. Je t'en ai voulu pour quelque chose que tu ne peux pas changer, pour quelque chose qui n'a pas d'importance. Je sentais au fond de moi que c'était ridicule, que c'était mesquin, mais à chaque déception, ça revenait. J'ai fini par perdre de vue le plus important. Si je suis allée si loin, si j'ai affronté tant de défis, si j'ai découvert tant d'endroits, c’est grâce à toi. Grâce à ton flair, ton intuition, ta présence rassurante à mes côtés.

Lux restait impassible devant la tirade, observant la jeune femme devant lui, celle qu'il avait tant aimée depuis le jour où il avait ouvert les yeux pour la première fois. Nora ferma les siens, éreintée.

— Lux, je comprendrais si tu ne me pardonnes pas tout de suite. Je comprendrais que tu restes ici, dans cette forêt, avec tes semblables. Je n'ai pas le droit de te demander de revenir avec moi, pas après la façon dont je me suis comportée avec toi, pas seulement l'autre soir, mais toutes ces années. Mais, s’il te plaît, implora-t-elle, ne t’en vas pas. Reste dans cette clairière et laisse-moi revenir te voir de temps en temps. Laisse-moi une chance de me racheter.

Elle ne voulait pas pleurer. Elle ne voulait pas juste hurler "reviens", même si tout son corps ne voulait rien exprimer d’autre. Elle voulait lui laisser le choix, le choix d'avoir une meilleure vie, une vie sans elle.

Une bourrasque la renversa. Un poids sur son torse qu'elle avait presque oublié, et une langue rugueuse, léchant son visage. Elle l'enlaça et le serra si fort. Ses larmes coulaient en même temps que les aboiements de Lux résonnaient à ses oreilles. Puis, les coups de langue cessèrent et tandis que le poids sur son torse devenait plus lourd et que ses bras avaient plus de mal à entourer la fourrure, un halo intense les entoura.

Un aboiement puissant fit trembler la forêt, quand la lumière se dissipa et que le puissant Mastouffe apparut enfin. Il bondit en arrière pour ne plus écraser sa dresseuse. Nora put alors admirer celui qu’elle appellerait désormais, et pour le reste de sa vie, son “plus beau shiny”. Son partenaire avait bien grandi et sa fourrure grise traînait à présent jusqu’au sol. Le pelage bleu foncé d’un Mastouffe ordinaire se drapait, chez Lux, d’un vert sombre qui faisait écho aux forêts qui avaient marqué son histoire : du Bois du Serment où il était né, à cette Forêt d’Empoigne où sa dresseuse l’avait enfin accepté. Mais c’étaient la crête qui ornait son front et ses deux longues moustaches qui subjuguèrent Nora. Là où ses congénères arboraient un poil couleur crème, sobre et doux, Lux exhibait avec fierté un doré éclatant.

— Tu es magnifique, murmura Nora et ce fut son tour de se jeter sur lui.

Lux resta droit, frottant sa tête contre son amie tandis qu’elle l’enlaçait et que le Ptiravi sautillait pour célébrer sa nouvelle forme.

Ori tenait toujours Nix dans ses bras et souriait, ému, face au soulagement et à la joie de Nora. Mais quelque chose d’autre attira son attention, au fond de la clairière, derrière le grand rocher. Un Pokémon au pelage brun et au corps orné de feuilles vertes les observait. Une fine poudre l’auréolait et les grands yeux qui trônaient dans son doux visage ne laissaient que peu de doute quant à son identité.

— Nix, c’est elle, souffla Ori. La dernière Évolition. Un Phyllali chromatique.

Le petit Évoli, épuisé par son combat, dirigea avec difficulté son regard vers le Pokémon au loin. Il frémit, se redressa, prêt à sauter, mais quelque chose le retint. Il leva le regard vers son dresseur, soucieux de l’expression qu’il allait découvrir sur son visage.

Ori souriait. Il avait pris sa décision à l’instant même où ils avaient croisé le regard enflammé de Viridium. Il se mit en marche en direction du rocher, frôla Nora et Lux qui relevèrent les yeux de leur étreinte, intrigués, et s’accroupit près de la Pierre Mousse. Puis cherchant ses mots, il s’adressa au petit Évoli dans ses bras.

— Nix. Tu es mon partenaire depuis près de dix ans. J’ai eu la chance, à tes côtés, de photographier des Pokémon si rares et merveilleux que j’en ai oublié le plus important. On est partis shasser les Évolitions pour que tu puisses choisir celle qui te plairait le plus. Pas celle qui serait le shiny le plus incroyable, ou celle dont les couleurs seraient les plus chatoyantes. Tu ne pourras évoluer qu’une fois et tu garderas cette apparence toute ta vie. C’est à toi de faire ce choix, pas à moi, et je l’avais oublié. Je te demande pardon. Peu importe que tu choisisse de toucher cette pierre maintenant, de rester un Évoli ou d’évoluer dans vingt ans !

Ori reprit son souffle, avant de continuer.

— L’important pour moi, c’est de continuer à explorer le monde à tes côtés, de continuer à shasser des chromatiques, et à t’enfiler tes petits chaussons quand le sol est trop froid ou trop chaud ou trop humide ou…

Nix pouffa et Ori remarqua que sa petite tête était noyée de larmes, mais qu’un sourire naissait au milieu des perles. Le petit Évoli sauta sur l’épaule de son dresseur et se frotta longuement contre lui. Puis lorsqu'il fut sûr de son choix, il s’approcha de la grande Pierre Mousse. Loin du froid glacial et de la fournaise des volcans, une Évolition invisible et cachée dans les bois. Après tant de voyages, c'était finalement à Unys, leur région natale, que se cachait ce qu'ils avaient cherché ensemble pendant dix longues années.

Sans quitter Ori des yeux, Nix tendit la patte vers le rocher.






Nora courait partout, Lux sur ses talons. Cela devait faire quinze fois au moins qu’elle repassait devant chaque cadre, vérifiait l’éclairage, en ajustait certains, pour ensuite les remettre à leur place d’origine quelques secondes plus tard. Elle était même allée voir le traiteur qui, habitué aux artistes, ne s’était pas trop étonné que cette jeune femme échevelée vienne lui demander si le pétillant de Jaboca “pétillait bien” avant l’arrivée des invités.

Dans le hall de la grande galerie d’art de Volucité, Ori discutait avec le champion d’arène local et peintre reconnu, Artie. Les grandes feuilles de Nix se frottaient contre les jambes de son dresseur.

— Eh bien, mon cher Ori, votre amie bouillonne d’impatience on dirait, remarqua celui-ci en suivant les allers-retours de la jeune femme.

— Ha ha oui, Nora veut que tout soit parfait, s’amusa Ori. Quand elle n'est pas en train de shasser, elle ne supporte pas de rester sans rien faire.

Il la regarda ajuster, encore une fois, le cadre central (un portrait de Lux et Nix) et se retourna vers Artie.

— Cette exposition est très importante pour nous. Merci encore de nous avoir donné l’occasion de l’organiser.

— Nul besoin de remerciements voyons. La photographie, art de lumière, permettant d’éclairer les vies de nombreux Pokémon, de faire rayonner notre amitié avec ces créatures toujours plus loin ? Vous n’auriez pu me proposer plus belle inspiration !

Bientôt l’heure de l’ouverture survint et les premiers visiteurs firent leur entrée. Nora et Ori les accueillaient, les remerciant de leur venue. Quand ils virent une famille rentrer avec de jeunes enfants, Nora s’approcha.

— Bonjour et bienvenue à l’exposition “Couleur du rejet : les Chromatiques sauvages”. Je tiens à vous informer que certaines des photographies exposées montrent des Pokémon blessés ou malheureux, qui risquent de choquer les plus sensibles.

— Comment ça, blessés ? demanda le père, interloqué. Je croyais que c’était juste une exposition sur les Pokémon avec une couleur différente non ?

Nora se lança alors dans une explication de l’impact de leur couleur sur la vie des shiny sauvages, leur apprit la différence entre visibles et invisibles et termina en leur tendant un prospectus.

— Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, le site web de l’association Poussière d’espoir, que j’ai co-fondée, contient des témoignages de dresseurs ayant recueilli des chromatiques ainsi que le résultat des études menées sur le sujet. Cette exposition nous permet de sensibiliser plus de gens sur ce sujet et de financer nos actions de recherche et de protection des chromatiques.

Les parents discutèrent encore un peu avec Nora, avant de promettre de revenir plus tard, seuls. Elle se retourna alors à la recherche d’Ori et le vit devant deux cadres côte à côte, une caméra et un micro pointés sur lui.

— À gauche, expliquait-il à la journaliste d’Unys News, le Tauros chromatique de Kanto, avec son vert éclatant. Il est seul et blessé. À droite, le Tauros de Paldea, noyé dans son troupeau. La différence de couleur est bien plus subtile, et c’est cela qui fait toute la différence.

— Comment pouvez-vous affirmer que ce rejet est un comportement commun à tous les Pokémon et non spécifique aux Tauros ou à quelques espèces ?

— Tous les clichés de l’exposition montrent des Pokémon chromatiques invisibles et visibles. Au total, ce sont près de cent espèces recensées, sans aucune exception. Les chromatiques visibles sont toujours rejetés, et même ceux dont les espèces ne vivent pas en meute sont abandonnés par leurs propres parents. Sans parler des Pokémon qui sont chassés par d’autres et pour lesquels leur couleur devient un désavantage environnemental. Prenez ce Chrysacier, un peu plus loin. En temps normal, leur vert se fond dans le feuillage de l’arbre auquel ils s’accrochent. Mais là…

Ori tendit la main vers la photographie, suivi par le caméraman, montrant un Chrysacier d’un rouge éclatant, incapable de se mouvoir, et posé sur une branche un peu plus haute, un Roucarnage affamé. La journaliste, troublée, se força à reprendre ses questions.

— Vous avez donc fondé l’association Poussière d’espoir avec Mlle Nora Stonas, dans le but de secourir ces chromatiques invisibles ?

— En effet, c’est le but premier de l’association. Rechercher, protéger, comprendre les chromatiques. Je tiens d’ailleurs à remercier le projet ShinyDex qui nous a soutenu dès le premier jour et qui nous a mis en contact avec de nombreux shasseurs professionnels et amateurs qui ont contribué à cette exposition.

Nora se rapprocha et intervint.

— L’association a aussi pour objectif de rappeler les risques d’une shasse intensive pour les écosystèmes et les Pokémon. Par exemple, certains éleveurs peu scrupuleux affirment que les chromatiques ont plus de chance d’avoir des petits chromatiques, ce qui a été réfuté par de nombreuses études. De la même façon, certaines méthodes de shasse comme celle du Poké Radar, que j’ai moi-même utilisé plus jeune, sont dangereuses car elles demandent de capturer un grand nombre de Pokémon de la même espèce sur un court laps de temps. Ces Pokémon sont parfois relâchés plus tard, loin de leur habitat naturel et rencontrent de grandes difficultés pour s’adapter.

Nora et Ori répondirent ainsi à de nombreuses questions tout au long de la journée, et lorsque le soir, dans leur chambre d’hôtel de Volucité, ils se reposèrent enfin, une grande satisfaction s’empara d’eux. Les derniers mois avaient été une course effrénée, pleine de formulaires, de discussions téléphoniques, de planification. Nora, le regard perdu sur les lumières de la grande ville, rompit le silence épuisé.

— Tu sais, je crois que j’ai compris pourquoi la vieille Muciole, enfin, Viridium, nous a donné ces œufs.

— Ah oui ? Pourquoi ? s'interrogea Ori.

— Parce qu’on ne capture pas de Pokémon. On ne les sort pas de leur environnement, on se contente de les observer, de saisir leur image comme personne ne les voit jamais.

Elle inspira, promena son regard sur Lux et Nix, allongés l’un contre l’autre, et tandis qu’un rubis rouge flamboyait quelque part dans les bois, elle formula ce qui les unissait depuis si longtemps.

— Nous ne sommes pas des dresseurs Ori. Nous sommes des photographes.