L'appât du gain de Lantian

Finn et Tempête se posèrent à l’entrée de la ville. Le ciel était d’un gris inquiétant, presque noir. De toute évidence, la dernière éruption du mont Chimnée avait été exceptionnelle par son intensité. Il régnait dans la ville une atmosphère lugubre, comme un avant-goût de fin du monde. Il n’y avait pas un bruit, pas un mouvement, pas un être vivant, qu’il soit humain ou Pokémon, ne s’était aventuré à l’extérieur. La gorge de Finn commençait à le gratter et Tempête se mit à toussoter, incommodé par l’air ambiant. Finn sortit de son sac une casquette ainsi que des lunettes Sable et se tourna vers Tempête :

- Comment tu trouves ? On ne me reconnaîtra pas comme ça non ?

Le dragon le fixa d’un air dubitatif, se demandant quelle nouvelle idée était encore en train de passer par la tête de son dresseur.

- Je veux en savoir plus sur ce qui se passe ici et je n’ai qu’une confiance très limitée en ce que dit mon père. Mais si on sait qui je suis, le personnel du centre Pokémon ne va rien me dire, pensant que je viens marcher sur leurs plates-bandes et que je les prends pour des incapables. Alors moi, je ne suis qu’un touriste et toi, et bien… Tu n’es pas là. Parce qu’un dresseur se baladant avec un Drattak transportant une sacoche médicale, ça ne court pas les rues !

Finn rappela Tempête dans sa Poké Ball malgré son grognement de contestation et se dirigea vers le centre Pokémon.

- Allez. C’est à toi maintenant Mystik, murmura Finn en dirigeant une Poké Ball vers le sol.

Une Kirlia en sortit. Elle affichait un large sourire et sautillait sur place, toute excitée à l’idée de jouer un rôle. Après quelques secondes, l’entrain laissa place au dégoût. Elle se mit les mains sur son visage afin de signaler à son dresseur que l’air extérieur était irrespirable et qu’il était temps d’entrer.

L’intérieur était déjà plus animé mais ce n’était pas non plus l’affluence des grands jours ce qui étonna Finn. Il y avait bien une femme et son Spinda qui attendaient sur une banquette, ainsi que deux infirmières et un Grodoudou à l’accueil. Finn commençait à se dire que son père s’était bien fichu de lui ! Si les Pokémon tombaient comme des Ninjask comme il le prétendait, le centre serait plein à craquer.

- Bonjour. Pourriez-vous jeter un œil à ma Kirlia ? demanda Finn à l’accueil.

Les deux infirmières le dévisagèrent. Après de longues secondes de silence, celle de droite daigna lui adresser la parole :

- D’où venez-vous ? On ne vous a jamais vu ici, demanda-t-elle avec un air inquisiteur.
- Je reviens du désert. J’y suis allé pour entraîner mon Pokémon et après nous allons explorer le site météore.
- Mais vous êtes complètement inconscient ! hurla-t-elle.
Vous ne regardez pas les informations ? Vous n’êtes pas au courant qu’il y a eu une très grosse éruption du Mont Chimnée qui a rendu les Pokémon malades ?!
- Oh vous savez, je viens de Vermilava. Des éruptions, j’en vois depuis ma naissance donc ça ne m’inquiète pas trop. De toute façon, ça n’a pas l’air d’être si grave que cela. Sinon, vous seriez complètement débordées.

Les deux infirmières se regardèrent à nouveau, l’air gêné. Finn sentait qu’il avait mis le doigt sur quelque chose. Il devait continuer à jouer les ingénus.

- Confiez-moi votre Pokémon, Grodoudou et moi allons l’ausculter, s’exclama l’infirmière restée muette jusqu’ici.

Finn fit un signe de la tête à Mystik pour lui indiquer de les suivre et se tourna vers l’infirmière restante, encore plus mal à l’aise depuis que sa collègue l’avait lâchement abandonnée pour ne pas avoir à répondre à la question de leur nouveau client.

- En réalité… C’est loin d’être terminé, admit-elle.
Les Pokémon sauvages à l’est et à l’ouest de la ville sont toujours aussi mal au point mais nous avons eu pour consigne de ne pas nous en occuper.
- Quoi ? Pourquoi donc ? s’écria Finn qui sentait la colère monter en lui.
- Nous avons découvert qu’à l’intérieur de la ville, aucun Pokémon n’était malade. À l’extérieur par contre, ils tombent tous malades, ainsi que leur dresseur.
- Mais ils ne l’ont pas dit aux informations ! Ils prétendent que la situation est sous contrôle !
- Les autorités locales ne veulent pas de mauvaise publicité pour la ville donc officiellement, le volcan est responsable et il faut juste attendre que le nuage de cendres s’en aille.
- Et officieusement ?
- Officieusement, les habitants sont vivement invités à ne pas se rendre en-dehors de la ville car c’est trop dangereux pour eux et pour leurs Pokémon.
- Et les Pokémon sauvages dans tout cela ? Vous espérez qu’ils guérissent seuls par miracle ? Vous priez Jirachi tous les soirs ?

L’infirmière ne lui répondit pas et fit semblant de chercher quelque chose dans ses papiers. Finn était complètement hors de lui mais restait silencieux pour ne pas se donner en spectacle. Il attendit que Mystik revînt et ne laissa même pas l’infirmière lui faire son bilan de santé qu’il connaissait parfaitement de toute façon.

Mystik avait la capacité de lire les émotions des gens, alors elle n’eut aucun mal à sentir que son dresseur était bouleversé. Elle lui sourit pour essayer de le détendre mais ce n’eut aucun effet.

- Ce n’est pas de ta faute. Tu as fait ce que j’attendais de toi, la rassura Finn.
Je crois que j’ai compris ce qu’il se passe ici mais je dois confirmer ma théorie en allant au site Météore.

Finn fit rentrer Mystik dans sa Poké Ball et quitta le centre Pokémon. Il décida de se rendre seul, à pied, dans cette caverne qu’il s’était pourtant jurer de ne jamais revisiter. Cela aurait été plus rapide d’y aller sur le dos de Tempête mais il ne voulait pas courir le risque que celui-ci tombât malade à son tour.

Il prit la route de l’ouest. Après une demi-heure de marche, l’air devenait plus respirable. Cependant, Finn était inquiet de ne pas avoir encore croisé le moindre Pokémon. Il n’avait pas entendu de Nirondelle chanter, ni de Séviper siffler, pas même un Barloche s’amuser dans l’eau. S’ils étaient tous tombés malades comme le craignait Finn, il était parfaitement logique que tous ces Pokémon ne s’aventurassent pas près des chemins de randonnées de peur de ne pouvoir se défendre en cas d’attaque.
Il arriva enfin devant l’entrée de cette grotte qu’il redoutait tant. Tant de souvenirs lui venaient en mémoire rien qu’en regardant cette ouverture dans la roche. Il respira profondément et entra.